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Cours - Approches Historiques Et Contemporaines de La Résolution de Problème
Cours - Approches Historiques Et Contemporaines de La Résolution de Problème
PROBLEMES
Les premiers travaux sur la résolution de problèmes ont été menés chez l’animal, et la
conception dominante était que la découverte de la réponse résultait d’un apprentissage
progressif et non intentionnel par essais et erreurs, ne faisant intervenir ni la perception, ni la
compréhension des contraintes du problème ou de la situation. Les études de THORNDIKE
sur l’apprentissage associatif chez l’animal illustrent cette conception. THORNDIKE étudia le
comportement de résolution d’animaux placés dans des puzzle-boxes dans lesquelles la
découverte de solution consiste à utiliser un dispositif (par exemple appuyer sur un bouton ou
tirer sur une ficelle, pour s’échapper de la cage ou obtenir de la nourriture).
Les résultats de ces observations ont été interprétés par l’auteur comme la manifestation
d’un apprentissage par essais et erreurs, et par réussite accidentelle. La résolution de
problèmes est envisagée comme un processus dans lequel les réponses inadaptées sont
éliminées (stamped out) laissant place aux réponses adaptées (stamped in).
La caractéristique des puzzle-boxes étudiés par THORDIKE est que le dispositif qui
permet d’atteindre le but est caché et que l’animal ne peut envisager la découverte de solution
autrement que par tâtonnement et tentatives apparemment désordonnées. Dans ces dispositifs,
la découverte de solution se fait par approximations successives et est guidée par le
renforcement sélectif des tentatives qui sont les plus proches du but. La résolution de ces
problèmes n’apparaît donc pas très intelligente.
Les gestaltistes ont ainsi mis l’accent sur l’influence de la représentation interne du
problème sur le processus de découverte de solution. Selon cette approche, découvrir la
solution consiste à envisager le problème sous un nouvel éclairage et à passer d’une structure
(le problème) à une autre (la solution) par une réorganisation qui concerne essentiellement le
champ perceptif. Cette réorganisation au caractère brusque, dénommée “ insight ” est la
preuve selon les gestaltistes, que la découverte procède bien d’une restructuration et non une
élimination progressive des erreurs comme le prétendent les behavioristes.
En clair, sans nier le rôle de l’expérience passée dans la découverte de solution, les
gestaltistes ont insisté sur l’effet négatif des apprentissages antérieurs et des habitudes établies
par l’expérience. Ils ont ainsi distingué les apprentissages par mémorisation qui contribuent à
l’expression de la pensée reproductrice, des apprentissages par compréhension qui favorisent
le développement de la pensée productive. L’apprentissage par compréhension a un effet sur
le transfert à long terme. Ce qui caractérise la pensée reproductrice c’est qu’elle consiste à
appliquer des solutions connues et le transfert d’apprentissage se fait essentiellement par
mémorisation, alors que la pensée productive se manifeste par des solutions créatives dans des
situations jamais rencontrées auparavant et procède par compréhension et restructuration du
problème.
Les effets des apprentissages antérieurs et des habitudes ont été interprétés comme un
frein à la découverte de solutions créatives et responsable des phénomènes de fixation. Une
première source de fixation est liée à la fixité fonctionnelle des objets. La fixité fonctionnelle
désigne le fait qu’un objet utilisé dans un contexte donné est attaché à cette fonction et peut
difficilement être utilisé dans une autre fonction requise pour la solution du problème.
Autrement dit, l’utilisation préalable d’un objet dans une fonction habituelle empêche de
découvrir une nouvelle façon de s’en servir. Une autre source de fixation est liée aux effets
d’attitude ou rigidité du comportement défini comme la conséquence des effets de
“ l’Einstellung ” qui désigne une certaine attitude prédisposant immédiatement l’individu à un
type d’acte conscient ou moteur. Ainsi pour LUCHINS, les conséquences de l’habitude et des
apprentissages antérieurs font partie des déterminants des comportements rigides et sont un
frein à la pensée créative.
Bien que l’on ait reconnu l’enrichissement apportée par la théorie de la forme dans la
description de la résolution de problèmes, ce courant a fait l’objet de nombreuses critiques. La
principale critique repose sur la nature “ vague ” et non formalisée de la théorie qui la rend
difficile à tester expérimentalement. Une autre critique est que cette approche ne propose pas
une théorie des processus qui explique comment la restructuration de la situation, c’est-à-dire
le changement de représentation, s’opère.
Ce n’est qu’à la fin des années soixante que l’étude de la résolution de problèmes est à
nouveau investie en psychologie. Ce regain d’intérêt a été suscité par la conception nouvelle
de la résolution de problèmes proposée par NEWELL et SIMON (1972). Contrairement à
l’approche gestaltiste, les auteurs se sont centrés sur le processus de recherche de solution,
l’objectif principal étant d’identifier, de décrire et de modéliser par programme informatique,
les heuristiques générales de résolution de problèmes chez l’humain.
Le premier principe stipule que tout système adaptatif régule constamment les
différences entre l’état dans lequel il se trouve et l’état qu’il veut atteindre en réalisant des
actions qui réduisent toute différence détectée. Le second principe affirme que tout processus
ou comportement complexe peut être représenté comme une structure hiérarchique de
processus élémentaires simples entremêlés.
Dans la nouvelle perspective proposée par les auteurs, il s’agit de décrire comment le
sujet psychologique individuel “ l’homo quotidianus ” et non plus le sujet épistémique de la
connaissance rationnelle, utilise ces connaissances dans l’élaboration de procédures, de
savoir-faire, quand il est confronté à des situations problèmes. Dans ce contexte théorique, la
résolution de problèmes est envisagée comme l’application de structures à l’assimilation
d’ “ univers de problème ” et comme « l’occasion d’éviter les processus fonctionnels quand le
sujet applique ses connaissances à des contextes particuliers ».
Pour résumer, la résolution de problèmes initialement conçue dans le cadre des théories
behavioristes comme une activité relevant de l’apprentissage par renforcement des liens entre
stimulation et réponse adaptée, a peu à peu été envisagée comme une activité finalisée
complexe dans laquelle la représentation mentale de la situation occupe une place
prédominante. Les premiers travaux menés par le courant gestaltiste ont eu une grande
influence sur ce nouveau point de vue en insistant sur le rôle négatif des habitudes et des
apprentissages antérieurs dans la découverte de solution par créativité. Mais c’est sans doute
l’approche du traitement de l’information initiée par NEWELL et SIMON qui a marqué un
tournant décisif dans la conception de la résolution de problèmes. En développant des
modèles computationnels capables de formaliser la représentation mentale et de simuler les
comportements de sujets humains, les auteurs ont ouvert une nouvelle voie dans l’étude de
cette activité. Dans une autre perspective, les travaux d’INHELDER et de l’école de Genève
ont apporté un nouvel éclairage en se centrant sur le rôle des connaissances, des schèmes