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et interface homme-machine
L ’accident de Three Miles Island (TMI) aux États-Unis en 1979 a montré le rôle
fondamental de l’homme dans la conduite d’une installation nucléaire.
Depuis cette date, de très nombreuses études ont été menées pour trouver la
meilleure organisation possible concernant les documents, les équipes et les
moyens de conduite.
On rappelle qu’à Three Miles Island, tous les moyens nécessaires pour éviter
l’accident étaient disponibles, mais que par suite d’informations ambiguës, erro-
nées ou contradictoires, les opérateurs n’ont pas su quoi faire.
La démarche engagée consiste à assurer une défense en profondeur en utili-
sant l’ensemble des moyens à disposition. Vis-à-vis d’un accident, cette défense
en profondeur permet de faire intervenir successivement :
— les systèmes de régulation associés aux spécifications d’exploitation et aux
alarmes qui permettent de détecter la sortie du domaine normal de fonctionne-
ment et de prendre les mesures correctives (automatiques et manuelles) per-
mettant un retour rapide dans ce domaine ;
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Suite à l’émission d’une alarme, la conduite s’appuie sur des pro- — l’opérateur « eau-vapeur » conduit et surveille le circuit
cédures séquentielles de type I (I pour incidentelles) dans lesquel- secondaire ; il règle la température primaire via les circuits de refroi-
les, l’état de repli est spécifié ou obtenu à partir des spécifications dissement du secondaire (générateurs de vapeur) ou système de
techniques d’exploitation. La conséquence en est généralement une refroidissement du réacteur à l’arrêt ;
remise en état de l’installation avant de redisposer le réacteur en — les agents rondiers effectuent les actions demandées en local
production. (restaurations de fonctions, manœuvres de vannes manuelles...) ;
— le cadre technique superviseur règle la bonne application des
consignes et surveille la disponibilité des systèmes importants ;
Alarme (suivie ou non d’un diagnostic) Þ procédures I Þ État — l’ingénieur de sûreté peut demander un changement de consi-
de repli Þ Réparation et redémarrage. gne si l’état de la tranche le nécessite.
Une procédure GPO définit les états standards (arrêt à froid, À l’origine, les procédures étaient fondées sur une pure appro-
arrêt à chaud, attente à chaud, ...). che événementielle. Le retour d’expérience de l’accident de
Des procédures pour les opérateurs GP et GS (primaire et « Three Miles Island » a montré la nécessité d’une évolution. Cette
secondaire), qui à partir des différents états possibles, présen- évolution s’est traduite sur les tranches REP françaises par une évo-
tent l’enchaînement des consignes particulières se rapportant lution des règles de conduite événementielles et aussi par une
aux différents matériels et circuits. Elles fixent la disponibilité refonte plus globale dite par états.
requise des circuits. Elles prescrivent et décrivent les opérations À ce jour, les paliers 900 MW utilisent encore pour l’essentiel
à réaliser sur l’ensemble des circuits et matériels concernés l’approche événementielle et les tranches des paliers 1 300 MW et
(conditions préalables aux manœuvres, manœuvres à effectuer, 1 400 MW utilisent l’approche par état. Cette dernière approche
contrôle de la bonne exécution des manœuvres...). est en passe d’être généralisée à l’ensemble des paliers.
Des procédures particulières F qui précisent les procédures Le RNR utilise une approche événementielle adaptée aux spécifi-
de mise en service et d’arrêt, les cas de fonctionnement particu- cités de la filière.
lier.
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— des documents proposant un type de conduite à adopter selon Les principes retenus pour élaborer les procédures de conduite
l’événement : procédures de type A et H. sont de :
— diagnostiquer l’état du circuit primaire (par le biais des mesu-
res de puissance nucléaire, inventaire en eau, marge à la saturation),
Des procédures de type A en cas de brèche (A1.1 pour les l’état du circuit secondaire (par le biais du niveau d’eau et de l’inté-
petites brèches primaires, A1.2 pour les grosses brèches primai- grité des générateurs de vapeur), l’état de l’enceinte (par le biais de
res, A2.1 pour les ruptures de tuyauterie vapeur extérieur la pression et de l’activité enceinte) ;
enceinte, A2.2 pour les ruptures de tuyauterie vapeur dans — définir les moyens d’action disponibles ;
l’enceinte, A3 pour les ruptures de tube de générateur de — élaborer des priorités dans les engagements d’objectifs (sous
vapeur, A10 pour les brèches primaires RRA connecté). criticité, maintien/restauration de l’inventaire en eau, évacuation de
Des procédures de type H en cas de perte de fonctions redon- l’énergie résiduelle...) en définissant l’état de repli visé ;
dantes (H1 pour les pertes de la source froide, H2 pour la perte — réaliser des actions de conduite correspondant à l’objectif prio-
totale de l’eau alimentaire, H3 pour la perte des diesels avec ritaire.
perte du réseau et, H4 pour la perte à long terme des systèmes
d’aspersion et d’injection de sécurité suite à une brèche pri- La figure 1 présente de façon synthétique ces principes.
maire).
Inventaire
en eau Primaire Injection de sécurité
La procédure SPI permet à l’ingénieur de sûreté de faire une
surveillance permanente de l’état de la chaudière et si néces- Eau alimentaire
saire de demander l’application de la procédure U1 (abandon de de secours
la procédure événementielle en cours) ; Marge à saturation
La procédure U1 définit les actions requises en fonction de Aspersion
Générateur
l’état de la chaudière et de la disponibilité des fonctions. Niveau de vapeur
enceinte
d’eau
......
Gravité
ECP 4
IRRA 2 ou A10
Problèmes
thermohydrauliques
ECP 2 ou ECP 3 ECPR 2
H1.1 ou H1.2
Incidents de systèmes ECP 1 ECPR 1
ou perte de systèmes
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Pour des raisons pratiques, le traitement des accidents pour Catégorie Type de défaut Couleur
les états « primaire ouvert » continue à être assuré par une
approche événementielle. 1 défaut nécessitant une action immédiate de rouge
l’opérateur en moins de 10 min
Ce choix tient au fait qu’il est pratiquement impossible de prédé- 2 défaut nécessitant une action différée de jaune
terminer l’état de l’installation. Par analogie, c’est un peu comme le l’opérateur
trafic au sol des avions sur un aéroport.
3 défaut traité automatiquement ou change- blanc
ment d’état automatique pour informer
l’opérateur
sous-saturation
Saturation
140 ¡C Inventaire
∆Tsat en eau
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une action néfaste pour la sûreté en cas d’ordre intempestif peuvent rence américaine (il s’agissait alors, pour l’ingénierie française de ne
être neutralisées par le panneau de repli. Les commandes du pan- pas s’écarter du modèle) la totalité du parc 900 MW (paliers
neau de repli sont prioritaires sur celles de la salle de commande CP1/CP2) soit 32 centrales a, à des variantes architecturales près, la
principale. même salle de commande (figure 4).
■ Le local de crise est un local mis à disposition des équipes de Sa conception date de 1972 ; le choix, remis en cause pour le
crise lors d’un accident. Cette équipe de crise comprend des experts palier 1 300 MW, d’un pupitre principal, où sont rassemblés tous les
extérieurs à la centrale. Elle est mise en place quelques heures après moyens de commande et d’informations nécessaires à la conduite
le début de l’accident. L’équipement de ce local permet aux équipes normale (depuis l’état d’arrêt chaud jusqu’à la pleine puissance) et
de prendre connaissance des principaux paramètres de la tranche. d’un panneau « arrière » regroupant commandes et informations
Ces équipements permettent également de communiquer avec les nécessaires lors des opérations de démarrage depuis l’état d’arrêt à
autres centres de crise implantés à Paris (direction EDF, IPSN, DSIN, froid et en situation accidentelle ainsi que celle des auxiliaires géné-
et FRAMATOME). Il faut souligner qu’aucune commande n’est pos- raux, résulte de deux considérations.
sible depuis ce local.
La première est une référence à l’organisation des salles de
commande des centrales thermiques à flamme française (disposant
3.2 Salles de commande d’un pupitre principal et d’un tableau arrière), organisation à
laquelle l’exploitant était habitué et dont il était satisfait.
1970-1999 : il se sera écoulé près de 30 ans entre la mise en ser- La seconde est que l’on privilégiait, (comme dans une centrale
vice du premier réacteur français de la filière à eau sous pression thermique à flamme) la conduite normale, les interventions des opé-
(Chooz A) et le dernier (Civaux 2). La démarche de conception des rateurs après un accident n’étant pas finement analysées (les analy-
salles de commande, les normes et règles applicables, les exigences ses d’accidents portaient sur les accidents de dimensionnement,
de sûreté, ont considérablement évolué durant cette période ; l’er- aux événements initiateurs bien identifiés).
gonomie, la prise en compte du « facteur humain », totalement ab-
sentes jusqu’au milieu de la décennie 1970 se sont progressivement La répartition des tâches entre l’opérateur et le système de
développées. Alors que les premières réalisations s’appuyaient sur Contrôle-Commande (plus communément désigné par « niveau
le savoir-faire, sur les habitudes et sur le retour d’expérience, les d’automatisme ») est, sur l’ensemble du parc, la suivante :
plus récentes font appel à ces méthodes plus rigoureuses. — les actions de protection liées à la sûreté sont automatisées ;
Concevoir une salle de commande implique aujourd’hui une l’intervention de l’opérateur dans les dix minutes suivant l’initiation
approche globale, qui inclut des aspects technologiques, fonction- d’une action de protection n’est pas requise d’un point de vue
nels, organisationnels, humains. sûreté ;
On doit rechercher une répartition optimale des tâches entre — les actions liées à la protection d’un matériel sont automati-
l’homme et les systèmes de Contrôle-Commande (automatismes, ques pour les matériels de coût important ;
traitement de l’information), en vue d’une utilisation maximale des — les fonctions de réglage nécessaires au maintien en un état
capacités de l’homme et des automates et ce en prenant en considé- stable de la centrale ou aux variations de charge sont automa-
ration l’organisation de l’exploitant, ses habitudes, ses souhaits tisées ;
d’évolution. La conception doit également tenir compte des — il n’y a pas d’automatisme séquentiel pour la mise en ou hors
contraintes liées à la première mise en service et permettre des service de fonctions, l’opérateur intervenant au niveau de la
modifications et la maintenance. commande d’un groupement d’actionneurs remplissant une tâche
Sur le plan fonctionnel, la conception doit permettre, pour tous les limitée ou au niveau de la commande individuelle d’actionneurs.
états opérationnels, y compris les situations d’arrêt et les conditions Le traitement d’alarme est restreint ; en particulier, les situations
accidentelles, d’optimiser les tâches, de minimiser la charge de tra- d’arrêt de centrale ne sont pas prises en compte.
vail requise, pour surveiller et conduire la centrale.
L’équipe de conduite est constituée, en salle de commande, d’un
Une telle approche globale est relativement récente. C’est l’acci-
superviseur (cadre technique), et de deux opérateurs.
dent de Three Miles Island qui a été l’élément révélateur du poids du
facteur humain (équipe de conduite, procédures, formation, ergono- Les procédures de conduite, du type événementiel, sont des docu-
mie du poste de travail) dans les situations accidentelles. ments papiers « classiques » sans effort particulier de présentation.
Cette évolution dans la démarche de conception se retrouve dans
la conception des salles de commande des centrales françaises,
avec trois étapes :
— la conception des salles de commande des centrales des
paliers 900 MW (CP0, CP1, CP2), antérieure à TMI, avec, après TMI,
des actions importantes d’amélioration ;
— la conception des salles de commande des centrales du palier
1 300 MW (P4, P’4) concomitante avec l’accident de TMI ;
— la conception des salles de commande des centrales du palier
1 450 MW (N4), postérieure à TMI.
Des actions génériques post TMI, dans les domaines de l’organi-
sation des équipes de conduite, de la formation, des procédures de
conduite, ont bien sûr concerné l’ensemble des paliers.
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nées). Celles-ci comprennent des informations temps réel et des port aux consignes. Il présente le résultat aux superviseurs qui restent
informations liées à la maintenance (opérationnalité, disponibilité, maîtres de décider si une intervention correctrice est nécessaire.
états, défauts...). Elles permettent à l’opérateur de comprendre Dans les deux cas, l’apport de l’informatique est de réaliser, pour
pourquoi un actionneur n’a pas manœuvré (verrouillage, indisponi- le compte de l’homme, des tâches soit répétitives, soit d’analyse
bilité, défaut, perte d’alimentation...) ou pourquoi un capteur est en logique.
défaut et quelles sont les valeurs de seuils associées.
Cas des consignes accidentelles
■ Une assistance permanente en cas d’incident : les alarmes
Sur N4, les procédures accidentelles sont basées sur une sur-
Les alarmes subissent un traitement évolué. L’objectif est de dimi- veillance permanente de l’état de la tranche lors de leur application.
nuer le nombre d’alarmes affichées à l’opérateur en identifiant les Dans une salle de commande conventionnelle avec procédures
alarmes pertinentes et en hiérarchisant les alarmes. papier, l’opérateur doit boucler en permanence dans les organi-
● Une innovation importante consiste à inhiber et à classer de grammes pour détecter un changement d’état. Sur N4, l’innovation
façon dynamique les alarmes selon les situations de tranche (par consiste, après une première application de la consigne par l’opéra-
exemple tranche en arrêt à chaud). Cela permet de réduire le nom- teur, à faire ce bouclage par le calculateur qui avertit l’opérateur en
bre d’alarmes et de faire des tris. cas de changement d’état. Cela décharge l’opérateur et lui permet
● Le traitement des alarmes permet une sélection automatique de prendre du recul pour la supervision d’ensemble.
des alarmes selon des critères fonctionnels établis par un groupe Le gain sur le plan sûreté est important car la consigne informa-
d’experts, évitant cette charge de travail à l’opérateur. tisée permet lors de son application une surveillance permanente
● Un traitement performant de masquage (inhibition, suppression) de l’état de la tranche et permet à l’équipe de disposer de plus de
permet de présenter les alarmes causes et non-conséquences et de temps pour détecter les événements.
les présenter en fonction de leur degré d’urgence et de leur gravité. L’ensemble des procédures permet une conduite homogène entre
● Chaque fiche d’alarme (4 400 fiches d’alarmes, une fiche au opérateurs et une grande qualité de conduite par respect des procé-
moins par alarme), facilement accessible, est affichée sur écran dès dures.
que l’opérateur sélectionne l’alarme correspondante. Les contrôles en ligne du système évitent les déviations ou les
L’ensemble offre une grande qualité de détection, de diagnostic et oublis d’actions de l’opérateur.
d’actions. Les fiches d’alarmes présentent les causes, les consé- ■ Autres moyens à disposition de l’opérateur
quences, les risques, les actions à faire. Les fiches d’alarmes per-
mettent un accès direct aux images et aux consignes de conduite L’ensemble des documents et traitements associés fournissent à
mais contiennent aussi toutes les informations et commandes l’opérateur :
nécessaires pour que l’opérateur fasse le nécessaire sans avoir à — une aide en ligne pour chaque action élémentaire (sur-
changer d’image. veillance/commande) ;
— une aide en ligne à la compréhension des automatismes (régu-
■ Une assistance à la conduite normale ou accidentelle : les consi- lations, protections) ;
gnes informatisées (3 500 images) — une aide à la gestion du passage de quart ;
Elles sont consacrées à la réalisation, sous contrôle de l’opérateur, — une aide à la gestion des demandes d’interventions ;
d’un enchaînement d’opérations de conduite. Elles permettent de — une aide au suivi de l’archivage (journaux de bord).
simplifier les gestes de l’opérateur en lui proposant une présélection
des ordres à transmettre et en ne lui demandant par la suite que ■ La liaison conduite-maintenance
l’action manuelle de validation sur le pupitre. Le chemin parcouru La consignation ou les essais de matériels sont réalisés par le
est caractérisé par une animation (couleur). chargé de consignation sur le système d’aide informatique à la
consignation. Ce système est installé dans un local à côté de la salle
Les consignes sont des organigrammes interactifs présentant les de commande. Il permet :
actions élémentaires de conduite. Chaque action ou décision de
l’opérateur est vérifiée par le système informatique de conduite. — la gestion de tous les matériels situés à la frontière et à l’inté-
Toutes les informations et commandes nécessaires sont présentées rieur de la zone objet d’un régime de consignation ou d’essai ;
en regard de la procédure de façon à la rendre autoportante. — la gestion des lignages des circuits.
Avec l’utilisation de ce type de consigne informatisée, l’opérateur Les informations correspondantes (matériel consigné ou en essai)
est guidé et surveillé systématiquement dans ses choix et ses sont transmises en temps réel au système de conduite pour affi-
actions. L’opérateur doit impérativement utiliser les consignes acci- chage à l’opérateur (couleur du repère de l’objet ou texte actif) et uti-
dentelles (obligation fonctionnelle, le système informatique ne lisation dans les consignes. Cette fonction est équivalente à la pose
l’impose pas). Il peut les forcer en cas de nécessité, par exemple si des macarons dans une salle de commande classique.
l’opérateur dispose d’une information que le système informatique Par ailleurs, le système de consignation a accès à la base de don-
ne peut pas acquérir. Cela est cohérent avec le principe selon lequel nées du système de conduite et en particulier aux informations de
l’opérateur doit rester maître en toute situation de l’installation. type disponibilité des matériels ou des fonctions.
Le forçage est repéré par un changement de couleur du ou des L’opérateur a aussi la possibilité depuis son poste en salle de com-
pas forcés sur l’image (passage en rouge). mande d’imprimer une demande d’intervention pour les équipes de
maintenance.
De même que pour les alarmes, toutes les informations nécessai-
res sont contenues dans les procédures et les ordres à destination Il s’agit donc d’une aide importante tant à la maintenance qu’à la
du processus sont envoyés directement depuis la page de procé- conduite.
dure avec contrôle du retour du processus.
Afin de ne pas perturber l’opérateur par un changement de forma-
lisme, les consignes de conduite normale ou accidentelle ont la
même présentation sur écran.
4. Qualification de l’interface
La tâche de superviseur reste une tâche redondante ; il utilise des homme-machine
images qui indiquent, à l’aide d’informations de synthèse (anima-
tions logiques à partir d’équations indépendantes du traitement des Les premières réflexions et études sont parties de besoins expri-
consignes opérateurs), les actions requises en fonction de l’état du més par l’exploitant : recensement des différents utilisateurs de
réacteur et celles effectuées réellement. Le système informatique de l’information dans une installation nucléaire, orientations à prendre
conduite joue donc le rôle d’analyseur de la conduite en cours par rap- en considération en matière de niveau d’automatisme et vis-à-vis du
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rôle de la composition de l’équipe de conduite ; une analyse fonc- de conduite depuis les postes opérateurs. Quatre équipes complètes
tionnelle détaillée des procédures de conduite des centrales REP ont participé à environ 60 essais.
900 MW a été effectuée pour identifier les tâches de l’opérateur et
Enfin la quatrième campagne (1996) a été ciblée sur l’organisation
cerner ses besoins en informations.
de l’équipe en situations accidentelles et sur les rôles du superviseur
L’étude s’est alors développée selon trois axes : et de l’ingénieur de sûreté dans ces situations. Elle a impliqué 4
— la conception de l’interface homme-machine posant l’ensem- équipes complètes sur environ 20 essais.
ble de la structure de dialogue (spécification des fonctions) ; Utilisé actuellement comme simulateur de formation dans
— l’architecture d’un système de Contrôle-Commande adapté à l’attente, en 1998, d’un simulateur représentatif d’une centrale N4, le
cet interface (capacité de traitement, performances, disponibilité) ; simulateur S3C a représenté un investissement important. Les cam-
— le développement des moyens de CAO indispensables à une pagnes d’évaluation ont été riches d’enseignement, sur l’ergonomie
gestion rigoureuse des dizaines de milliers de données utilisées. de la salle de commande (en particulier l’éclairage), sur la structure
Il n’était pas réaliste de s’engager dans une telle innovation en des images, sur les dialogues, sur la structure des procédures infor-
matière de conduite de centrale nucléaire sans s’assurer de la perti- matisées, sur l’organisation de l’équipe de conduite ; elles ont per-
nence des choix effectués. Une simple maquette statique, telle mis d’identifier les erreurs de conception et de procéder aux actions
celles réalisées sur les paliers précédents pour décider de l’implan- correctives avant que la salle de commande soit opérationnelle sur
tation des moyens de commande et d’information, s’avérait notoire- site ; le dialogue avec l’Autorité de Sûreté a été facilité, les condi-
ment insuffisante ; il était indispensable de réaliser une validation tions d’utilisation aux limites de la salle de commande ayant pu être
dynamique, dans des conditions les plus proches possible de la réa- simulées avec beaucoup de réalisme.
lité. L’intégration de l’ingénierie EDF (mécanique, électrique...) et des
Il a donc été décidé de réaliser un simulateur de représentation outils de CAO associés a facilité la réalisation de la salle de
intégrale dénommé « simulateur S3C » constitué : commande N4 en permettant une vérification et une validation de
— d’un simulateur de processus identique au système informati- toutes les données, images et consignes.
que d’un simulateur de formation 1 300 MW, contenant le modèle ● Phase de conception
physique et les automatismes de commande et de protection d’une
centrale 1 300 MW ; Les données introduites dans le système informatique de
— d’un système informatique se substituant à la salle de conduite ont été définies par des équipes spécialisées : images, alar-
commande conventionnelle et gérant les postes opérateurs de la mes, consignes... Dans chaque cas un groupe d’experts vérifie dès
nouvelle salle de commande. la conception que les règles définies dans les spécifications ont été
suivies. Ces groupes d’experts associent les concepteurs de la salle
Quatre campagnes d’évaluation successives ont été effectuées de commande, les concepteurs des systèmes de la tranche et les
sur ce simulateur entre 1987 et 1996. exploitants.
Ces évaluations sont basées sur l’observation de phases de ● Saisie des données
conduite représentatives. Un ensemble de scénario est défini préa-
lablement pour couvrir toutes les situations de conduite que l’on La vérification des données est assurée par des contrôles manuels
veut évaluer : lors des quatre campagnes d’essai toutes les situa- mis en place ainsi que par des contrôles informatiques automati-
tions de conduite, situations normales depuis l’arrêt à froid à la ques réalisés lors de la saisie et de l’intégration des données.
pleine puissance, grands transitoires, situations accidentelles, ont ● Vérification sur le site
ainsi été parcourues, y compris la conduite de nuit postée.
La visualisation des données lors des essais sur site permet de
Des observateurs ergonomes et des spécialistes de la conduite vérifier et de compléter les contrôles manuels et informatiques réa-
ont suivi le déroulement de chaque scénario et à l’issue de chaque lisés en bureaux d’études.
journée d’essai ont procédé à un entretien avec les opérateurs ;
l’appui technique de l’Autorité de Sûreté a été associé à ces ● Validation sur le site
évaluations ; des médecins de la médecine du travail ont participé La visualisation des données lors des essais de démarrage per-
aux deux premières campagnes (observation de la fatigue visuelle met leur validation fonctionnelle.
en particulier).
La première campagne d’essai (1987) a porté sur l’évaluation des
outils nécessaires à la conduite en situation normale (salle de
commande limitée à 2 postes opérateurs et au synoptique mural),
sans procédures informatisées ; elle a impliqué 8 équipes de 2 opé- 5. Conclusion
rateurs pendant 8 semaines et comporté environ 200 essais.
Lors de la seconde campagne (1989), les modifications décidées L’accident de Three Miles Island a mis à évidence l’importance
suite à la première campagne ont été validées et l’évaluation a été fondamentale de l’interface homme-machine et de la structure des
entendue aux consignes informatisées de conduite événementielle procédures de conduite dans les centrales nucléaires.
et d’approche par état dans une configuration à 3 postes (2 postes
opérateurs, un poste Ingénieur de sûreté/superviseur), dans des La France, compte tenu de l’importance de son parc nucléaire, a
situations d’exploitations normales, incidentelles, accidentelles sur développé et mis en œuvre dès le début des années 80 le concept de
des périodes allant jusqu’à 3 fois 8 heures. Six équipes composées « conduite par état » et d’interface homme-machine entièrement
de 2 opérateurs, un superviseur et un ingénieur de sûreté (équipes informatisé.
complètes) ont participé à environ 150 essais. Cette tendance s’est généralisée dans les autres pays disposant
La troisième campagne (1994) a concerné exclusivement la de réacteurs nucléaires sous des formes et des appellations variées.
conduite en situation accidentelle, avec, dans ces situations, le pas- Tous les projets de réacteurs du futur qui sont proposés aujourd’hui
sage et la conduite au « panneau auxiliaire » et les modes dégradés adoptent ces concepts de base.
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P
O
U
Procédures de conduite R
et interface homme-machine
E
N
par Bernard APPELL
Ingénieur ESE
Directeur Adjoint du Service Études et Projets Thermiques et Nucléaires (SEPTEN) EDF
S
et Yvon CHAMBON
Ingénieur ENSEEIHT
A
Chef du groupe Conduite du Service Études et Projets Thermiques et Nucléaires
(SEPTEN) EDF V
O
Constructeurs et fournisseurs I
EDF – Direction de la Production Transports.
SEMA GROUP.
CEGELEC.
THERMATOME.
SPIE TRINDEL. R
Organismes et laboratoires P
LCIE – Laboratoire Central des Industries Électriques. SOPEMEA.
L
U
Normalisation
Commission Électrotechnique Internationale CEI : — CEI 1771 : Verification and validation of control rooms design i – NPP ;
S
— CEI 1772 : Visual display unit application to main control room i – NPP.
— CEI 964 : Design for control rooms of nuclear power plants ;
— CEI 1127 : Operator controls in NPP ;
Bibliographie
Règles de conception et de construction des maté- SUREAU (H.), DEPOND (G.) et OLIOT (A.). – L’appro- Dans les Techniques de l’Ingénieur
riels électriques RCCE. ASCEN. che par état : une nouvelle conception des APPEL (B.), CHABERT (J.) et GUESNIER (G.). – Archi-
procédures de conduite post-accidentelle. Ope- tecture générale de contrôle commande des
Rapport working group. 10 - 20 NUCLETERCONT. rational Safety of Nuclear Power Plants Congrès réacteurs et des usines. BN 3 411 (1998). Traité
UNIPE. AIEA de Marseille, mai 1983. Génie nucléaire, volume B8I.