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Les banques Islamiques

Travail demandé par : Mr Gaddas Mohamed

Elaboré par :

Khaoula b’chir

2021-2022
La finance Islamique ou l’industrie financière islamique englobe plusieurs
activités : les banques islamiques qui constituent l’ossature, les compagnies
d’assurance dites « Takaful », les sociétés d’investissements et de financement,
les sociétés de Ijara et tous les montages financiers faits dans le respect des
principes de la Charia. Sur le plan quantitatif c’est l’activité bancaire qui domine
la scène financière au sein de la finance islamique.

D’après l’article 11 de la loi n°2016-48 de 11 juillet 2016 Sont considérées


opérations bancaires islamiques, au sens de la présente loi, les opérations
bancaires qui ne donnent pas lieu à la perception et au versement d’intérêts
suivant différents termes en matière de réception des dépôts, de placement, de
financement et d'investissement dans des domaines économiques, en conformité
avec les normes bancaires islamiques.

La combinaison des deux termes ; « Banque » et « islamique » peut paraitre


paradoxale, selon Mr Toussi même si les banques islamiques sont en accord
avec la Charia elles exercent les mèmes fonctions qu’une banque
traditionnelle Il définit une banque comme islamique « lorsqu’elle fonctionne
comme un administrateur du système de paiement et comme un intermédiaire
financier. Le besoin de celle-ci dans un système islamique vient précisément de
la même raison que dans le système traditionnel. Généralement, son existence
est une réponse aux imperfections du marché financier ». Ce qui nous mènent à
faire une brève comparaison : D’abord comparées aux banques classiques et à
leurs réseaux bancaires, les banques islamiques restent sensiblement
minoritaires, exception faite des pays dont le système bancaire est complètement
islamique : le Pakistan, l’Iran et le Soudan. Un déposant dans les banques
islamiques ne bénéficie d’aucune garantie puisqu’il est traité comme un
investisseur preneur de risque...
Le processus d'établissement de la banque islamique en Tunisie avance à un
rythme lent, avec de nombreux défis et difficultés qui font que la possibilité de
son avancement nécessite des efforts pour les années à venir. Le gouverneur de
la Banque centrale de Tunisie, Chadli Ayari, a estimé dans des déclarations
précédentes que la promulgation des lois relatives à la banque islamique est le
début d'un long voyage visant à l'intégrer à la scène bancaire tunisienne.

L'expert financier, "Mohamed Saleh Farrad", a déclaré que la banque islamique


en Tunisie n'a pas connu un développement remarquable malgré la promulgation
de la loi n°2016-48 du 11 juillet 2016, relative aux banques et aux
établissements financiers1. Il faut notifier qu’en Tunisie il en a 3 banques
islamiques : Banque Zitouna, Banque AlBaraka, Banque Al wifak.
La part de la banque islamique en Tunisie représente environ 5% du total du
secteur bancaire en Tunisie, alors que les institutions internationales indiquent
que le taux juste à l'heure actuelle est de 25%.
Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie avait indiqué dans de
précédents communiqués que la proportion des actifs islamiques ne dépasse pas
7% du total des actifs financiers du pays, un chiffre qu'il jugeait "très modeste".2
Historiquement la Finance Islamique a fait sa première apparition au début des
années 80 dans le domaine bancaire avec la création en juin 1983 de
la banque offshore dénommée BEST Bank (Beit Ettamouil Saoudi Tounsi), sur
le plan économique la récurrence des crises bancaires et financières dont la plus
récente est celle des subprimes a révélé la complexité et la vulnérabilité du

1
Article 2017 ‫عائدة بن سالم‬/‫تونس‬- ‫الصيرفة االسالمية في تونس تشكو ضعف البنية التحتية‬
2
،‫ مليون دينار‬857.9 ‫ يؤكد بسام النيفر أنها في حدود‬،2020 ‫وحول األرباح الصافية للقطاع البنكي في تونس في سنة‬
‫ من إجمالي أرباح‬%7.1 ‫ أي بنسبة‬،‫ مليون دينار كأرباح‬61.6 ‫ليكون نصيب الثالثة بنوك إسالمية في تونس مجتمعين‬
‫البنوك في تونس وفقه‬.
système financier et bancaire conventionnel. En effet, des défaillances ont été
observées, liées en partie aux problèmes éthiques et moraux ainsi qu’au système
de financement des agents économiques Dans cet environnement de turbulences
financières, la finance islamique réalise des avancées et intéresse de plus en plus
la communauté internationale en raison de sa dimension éthico-religieuse et de
son ancrage à l’économie réelle. La crise financière des subprimes n’a pas freiné
le développement des banques islamiques qui réalisent aujourd’hui une percée
continentale remarquable. Ces banques proposent des produits répondant à
l’éthique islamique et encouragent l’investissement productif et le partage du
risque. Les banques islamiques ont la responsabilité d’assurer la conformité de
leurs produits, instruments, opérations et style de management avec les règles de
la loi islamique, la Charia. Le sujet les banques islamiques est très riche ; il nous
mène à s’interroger sur la règlementation des banques islamiques.
Pour répondre il faut d’abord étudier les spécificités des banques islamiques et
ensuite l’organisation de cette dernière.
Partie 1 : Les spécificités des banques islamiques
La finance islamique met en évidence un mouvement du droit musulman qui fait
un aller-retour permanent de l’illicite au licite pour cela on va d’abord analyser
les opérations des banques islamiques ensuite le partage des risques dans le
financement islamique.
Paragraphe1 : Les opérations des banques islamiques
L’islam partage avec le droit laïc la caractéristique de poser des normes
positives et des normes négatives ; pour les interdits ils sont fondés sur la Charia
d’abord la prohibition de l’intérêt, cette interdiction dans un monde financier
soucieux de rendement et d’efficacité semble enlever au banquier le pilier de son
métier et de dresser un mur infranchissable pour développer une activité
bancaire traditionnelle3.
Le terme Riba « l’usure » peut se traduire par ‘accroissement’ c’est-à-dire ce qui
en plus. Lorsqu’il s’agit de biens matériels , toute augmentation est jugée
inéquitable. Le Riba dans le Coran est mentionné dans quatre sourates sans
jamais être précisément défini  « Ô les croyants! Craignez Allah; et renoncez au
reliquat de l'intérêt usuraire, si vous êtes croyants ». Sourate II, Al-Baqarah (La
vache) verset 278.
« Ceux qui mangent [pratiquent] de l'intérêt usuraire ne se tiennent (au jour du
Jugement dernier) que comme se tient celui que le toucher de Satan a
bouleversé. Cela, parce qu'ils disent: "Le commerce est tout à fait comme
l'intérêt" Alors qu'Allah a rendu licite le commerce, et illicite l'intérêt...............
». Sourate II, Al-Baqarah (La vache) verset 275.
3
Hamid Algabid, Les banques islamiques, préf. Ch . Gavalda, Economica 1990
Quant à la deuxième prohibition c’est de l’incertitude ou Gharar , on peut le
traduire comme un aléa ouvrant une incertitude , un risque , un hasard , voire
une tromperie. Son origine est rattaché à la « vente au caillou » décrite dans
Hadith.
Le gharar va couvrir les obligations d’informations qui doivent limiter autant
qu’il possible la spéculation comprise comme une ignorance (jahl) à partir de
laquelle est interdit de s’enrichir. Ainsi, les contrats aléatoires sont prohibés.4
Comme le riba, le gharar va constituer un obstacle au commerce juridique et
d’autant plus qu’il semble compromettre les opérations juridiques complexes.
Outre la dimension technique, le gharar couvre une dimension morale : ne pas
favoriser l’exploitation du moins instruit par le plus instruit. En d’autres termes,
cette prohibition va jouer un rôle déterminant en droit de la consommation et
notamment dans le rapport entre banquier et particulier utilisateur de services
bancaires. Pour la troisième prohibition c’est l’utilisation des fonds, Dans la
religion islamique, il est interdit de boire de l’alcool et de manger de la viande
de porc. L’industrie du tabac, les armes, les jeux de hasard, ou encore les
activités portant atteinte à l’environnement sont aussi interdites. Par extension,
toute activité criminelle, la corruption, le monopole et en général toute activité
nuisible à la société et contraire au Coran. Pris dans leur ensemble, ces interdits
sont très stricts et contraignant. Ainsi, il est en principe interdit de financer
l’achat d’appareils par une compagnie aérienne qui a un service de vente
d’alcool duty free à bord… En outre, le contrat doit être conforme à l’éthique et
les bonnes mœurs de la religion musulmane. De façon directement gênante pour
les banques, la spéculation est interdite. Concrètement, la portée de l’interdit est
4
Ce qui pose un grave problème pour tout le secteur de l’assurance.
très forte. Ainsi, il sera interdit d’investir dans une chaîne de distribution dont
les magasins vendent de la viande de porc ou de l’alcool, ceci se différencie
notablement un système bancaire islamique du système conventionnel réside
dans l’absence d’un marché monétaire interbancaire où les banques peuvent se
refinancer En effet, le fait qu’un tel marché n’existe pas évite une propagation
des défaillances entre banques et limite donc le risque systémique inhérent au
secteur bancaire conventionnel. Par ailleurs, les banques islamiques, en cas de
besoin de liquidité, ne peuvent pas se tourner vers d’autres banques pour s’en
procurer. La banque centrale joue un rôle marginal, voire inexistant, dans la
fourniture de liquidités aux banques islamiques dans le cadre de sa politique
monétaire et n’intervient pas comme prêteur en dernier ressort. Cela peut se
comprendre dans la mesure où les banques islamiques ne possèdent pas un
pouvoir de création monétaire, contrairement aux banques conventionnelles, car
dans leur cas, « les crédits ne font pas les dépôts », et elles ne financent des
projets que sur la base de ressources existantes (fonds collectés) ou de leurs
fonds propres.
D’après l’article 11 de la loi de 2016 les opérations bancaires islamiques
comprennent notamment : La Mourabaha, l’Ijara assorti de l’option
d’acquisition, la Moudraba, la Moucharaka, l’Istisna’a , le Salam, les dépots
d’investissements, Le gouverneur de la banque centrale de Tunisie fixe ces
opérations ainsi que les modalités et les conditions de leur exercice, par
circulaire prise dans un délai maximum de deux mois à compter de l’entrée en
vigueur de la présente loi.
Art. 12 - Est considéré « Mourabaha », au sens de la présente loi, toute opération
de vente avec déclaration du capital et de la marge de profit. La banque ou
l’établissement financier acquiert, à la demande du donneur d’ordre, des biens
meubles ou immeubles ou des marchandises déterminés, auprès d’une tierce
personne et les revends au donneur d’ordre à un prix équivalent à son coût
d’acquisition majoré d’une marge bénéficiaire déterminée d’avance qui sera
réglé dans des délais convenus entre les parties.
Art. 13 - Est considéré financement Ijara assorti de l’option d’acquisition, au
sens de la présente loi, toute opération de leasing par laquelle une banque ou un
établissement financier acquiert et s’approprie des équipements, matériels ou
biens immeubles et les loue à ses clients à des fins d’exploitation
professionnelle, pour une durée déterminée moyennant des loyers payables dans
des délais convenus, à charge pour la banque ou l’établissement financier
d’accorder au client l’option d’acquérir le bien loué au cours de la période de
location ou à la fin de l’échéance. Les dispositions de la loi n° 94-89, relative au
leasing s’appliquent sur les opérations de financement Ijara avec option
d’acquisition, tant qu’il n’y est pas dérogé par les dispositions de la présente loi.
Art. 14 - Est considéré « Istisna’a », au sens de la présente loi, toute opération de
vente par laquelle une banque ou un établissement financier se charge de
financer, à la demande de son client en qualité de « Mostasni’i », la fabrication,
d’un bien meuble ou immeuble, dont la nature, la quantité et les caractéristiques
sont détaillés avec précision. En vue d’honorer ses engagements, la banque ou
l’établissement financier charge un cocontractant dit « Sani’i », de fabriquer le
bien meuble ou immeuble selon la description objet de son engagement avec le
client. La banque ou l’établissement financier prend possession du bien fabriqué,
en paie le prix au « Sani’i » et livre ledit bien au « Mostasni’i », moyennant un
prix déterminé payable dans des délais convenus, à condition de ne faire
dépendre aucun contrat de l’autre.
Art. 15 - Est considéré « Salam » au sens de la présente loi, toute opération de
vente à terme de biens meubles corporels moyennant le règlement d’un prix en
numéraire au comptant et par laquelle une banque ou un établissement financier
acquiert des marchandises, décrites de manière levante toute équivoque et
déterminées par la mesure, le poids ou le comptage. La banque ou
l’établissement financier est tenu de vendre la marchandise reçue objet du «
Salam » dans le délai fixé.
Art. 16 - Sont considérés dépôts d’investissement au sens de la présente loi, les
montants logés par leurs titulaires, dans un compte auprès d’une banque, par
quelque moyen de paiement que ce soit, et ce, en vertu d’un contrat de «
Moudaraba » ou « Wakala », en vue de les utiliser dans des investissements en
actifs sur une période déterminée, avec ou sans restriction. La banque ne garantit
aucune perte de l’investissement, sauf en cas de négligence ou de manquement
aux conditions contractuelles, dûment établis.

Les banques islamiques financent ces opérations en s’appuyant sur trois types de
comptes bancaires non garantis (Causse-Broquet, 2012).

Il existe, en premier lieu, des comptes courants qui sont presque identiques à
ceux des banques conventionnelles dans leur usage par leur détenteurs, mais qui
sont le plus souvent transformés en prêts sans intérêt, ni autre forme de
rémunération (prêts dit de « bienveillance » – qard hassan – à des fins
caritatives).

En second lieu, les banques islamiques disposent de ressources sur des comptes
d’investissement qui peuvent être classés en deux sous-catégories : (1) les
comptes affectés (comptes d’investissement restrictifs) où les fonds sont investis
selon les indications des clients déposants, et qui ne sont pas garantis et ne
peuvent pas être mélangés avec ceux de la banque, (2) les comptes standards
(comptes d’investissement non restrictifs) où le client laisse le choix à la banque
sur la manière dont les fonds seront investis. Ces fonds peuvent être combinés
avec ceux de la banque afin de construire un pool de financement. Les comptes
d’investissement sont utilisés normalement pour financer les opérations de PPP.

En troisième et dernier lieu, il existe des comptes d’épargne qui sont des
comptes de dépôt à terme où le détenteur du compte autorise la banque à utiliser
ses ressources sans aucun droit de regard sur la nature de l’investissement. Ces
comptes ne sont pas garantis et ne donnent pas droit à un bénéfice fixe. Le
détenteur du compte peut retirer les fonds après notification à sa banque. Ils sont
peu répandus au sein des banques islamiques car ils sont proches des comptes à
terme proposés par les banques conventionnelles, même si ces derniers donnent
lieu à une rémunération fixe et garantie.5

Paragraphe2 : Le partage des risques dans le financement bancaire


islamique

La notion de partage est un élément-clé dans la finance islamique car elle reflète
les valeurs de l’Islam, à savoir la justice, l’égalité sociale et la fraternité. Selon
les règles de la Charia, personne ne peut prétendre à aucune rémunération, sans
partager les risques liés à l’investissement (Al-ghounm bi al-ghourm). C’est
conformément à cette règle qu’a été conçu le mécanisme de partage des profits
et des pertes (Profit and Loss Sharing, PLS) selon lequel les parties d’une

5
Les spécificités des banques islamiques et la réglementation de Bâle III, Mohammad Bitar, Philippe
Madiès, Revue d'économie financière 2013/3 (N° 111), pages 293 à 310
transaction financière doivent partager équitablement les rendements ex-
post incertains et les risques y afférents.

Le paradigme de partage des profits et des pertes est largement accepté dans la
littérature juridique et économique islamique comme la pierre angulaire de la
finance islamique (B.S. Chong et M.-H. Liu, 2009). Ce système est défini par
R.S. Khan (1984) comme étant un mécanisme financier qui lie le capital
financier à l’industrie et au commerce sans utiliser le taux d’intérêt. Selon
l’observateur OCDE (2009) « La justice et l’équité sont peut-être les principes
les plus importants de la finance islamique. Les bénéfices et les pertes doivent
être partagés entre créancier et débiteur, au lieu d’être concentrés d’un seul côté,
comme c’est souvent le cas avec les banques de la zone OCDE ». Le principe de
partage des profits et des pertes constitue l’axe central de l’intermédiation
bancaire islamique où il intervient au niveau des ressources et des emplois
bancaires.

Au niveau des ressources ou du passif bancaire, le principe de partage des


profits et des pertes a donné naissance aux dépôts d’investissement appelés
comptes de partage des profits et des pertes (Profit Sharing Investment
Accounts, PSIA) et qui constituent une importante ressource financière. La
relation entre la banque islamique et les titulaires des PSIA est établie
conformément au contrat de moudharaba. Selon ce contrat, les titulaires des
PSIA (Investisseurs ou Rab al mal) participent au financement de l’actif
bancaire et partagent avec la banque islamique (gestionnaire des fonds ou
Moudharib) les revenus des investissements. La banque, proposant des dépôts à
des fins d’investissement, ne donne aucune garantie quant à leur valeur
nominale et ne verse aucun taux de rendement fixe. Les dépôts peuvent être
affectés par les déposants eux-mêmes aux projets désirés ou sont versés dans un
fonds commun pour être utilisés au mieux par la banque, c’est-à-dire que le
déposant autorise la banque à investir ses fonds dans un projet ou une opération
de financement qu’elle retient. Les déposants sont traités comme des partenaires
et à ce titre, le ratio de partage des profits ou des pertes doit être convenu entre
la banque et les déposants avant que la transaction soit réalisée.

Au niveau des emplois ou de l’actif bancaire, la banque islamique utilise les


dépôts courants, les dépôts d’investissement et les fonds propres pour financer
les opérations de vente et de location-vente. Ces contrats ne reposent pas sur le
principe de partage de profits et de pertes (actifs non-PLS) mais plutôt sur le
transfert de propriété d’un actif sous-jacent de la banque vers son client. De
même, les ressources bancaires permettent le financement de deux grands types
de contrats d’investissement ou actifs PLS à savoir, la Moucharaka et la
Moudharaba. Pour ces actifs, et contrairement aux contrats de vente et de
location-vente, la rémunération dépend du résultat du projet ou de l’opération
financée. Ces actifs constituent l’essence de la finance islamique dans la mesure
où ils favorisent le développement de partenariat entre les banques et les
entreprises, ce qui augmente l’investissement et la croissance économique.

En effet, à travers la Moucharaka, il y a une association entre la banque


islamique et un entrepreneur ou une société qui participent conjointement au
financement d’un projet ou d’une opération et assument mutuellement le risque
en proportion de leur participation. Le financement par Moucharaka peut
constituer une source de revenus réguliers pour la banque islamique, susceptible
de permettre d’assurer à ses déposants et à ses actionnaires un taux de
rémunération assez intéressant. La Moucharaka se présente ainsi comme un
mode de financement adapté aux opérations de création et de développement des
entreprises.

Dans le cas de Moudharaba, il existe un partenariat entre la banque (Rab al


Mal), qui fournit le capital et un entrepreneur (Moudharib), qui fournit
l’expertise et le savoir-faire. La responsabilité de la gestion de l’activité repose
entièrement sur l’entrepreneur. Les bénéfices du projet sont partagés entre les
deux parties en vertu d’un ratio préétabli. Dans le cas de perte, cette dernière est
supportée par la banque et l’entrepreneur ne perd que son travail. S’il y a eu
négligence de gestion par l’entrepreneur, la perte est supportée par les deux
parties. Dans ce type de contrat financier, la rémunération de l’entrepreneur
dépend directement du rendement de son projet d’investissement, ce qui l’incite
à gérer au mieux les fonds qui lui sont confiés et à réduire la prise de risque
excessive dans les choix d’investissement.

Au niveau de l’intermédiation bancaire islamique, l’actif et le passif sont


intégrés dans le sens que les entrepreneurs partagent les bénéfices et les pertes
avec la banque islamique, qui à son tour partage les bénéfices et les pertes avec
les déposants (B.S. Chong et M.-H. Liu, 2009). Dans cette structure, la banque
joue simultanément le rôle d’investisseur et d’entrepreneur. Du côté du passif,
en tant que Moudharib, elle gère des dépôts qui lui sont confiés par ses clients.
Du côté de l’actif, en tant que Rab al Mal, elle met les fonds ainsi collectés à la
disposition d’autres investisseurs (E. Jouini, 2008). Les banques islamiques sont
donc structurées autour du principe de partage des risques, cela vaut pour les
sources de financement, principalement les dépôts, et s’applique aussi pour
l’allocation des fonds (N.M. Ariffin, S. Archer et Karim R.A. Abdel, 2008).

À travers leurs opérations de financement des investissements, les banques


islamiques sont mieux positionnées pour absorber les chocs externes car les
pertes liées au financement bancaire sont partiellement absorbées par les
déposants (M.S. Khan et A. Mirakhor, 1989, Z. Iqbal, 1997). De même, le
principe de PLS permet aux banques islamiques de financer à long terme des
projets avec des profils risque-rendement plus élevés et donc de promouvoir la
croissance économique (M.U. Chapra, 1992, P.S. Mills et J.R. Presley, 1999).
L’implication directe des banques islamiques dans l’économie à travers des
investissements réels a pour but de réduire substantiellement le volume
d’endettement avec intérêt (source d’injustice et d’instabilité) et de favoriser la
mutualisation des risques. Muhammed U. Chapra (2008) indique que le système
financier, qui favorise la justice, cherche à assurer la stabilité dans la société tout
en favorisant le partage des risques et la distribution équitable des ressources
entre tous les agents économiques. D’après ce même auteur, l’évaluation des
risques à la fois par la banque islamique, les titulaires des PSIA et
l’entrepreneur, devrait permettre une plus grande discipline de marché, une
réduction de l’endettement excessif et conduire à un système financier plus sain.
Compte tenu de leur implication dans le schéma de financement et de
gouvernance bancaire, les déposants peuvent favoriser une plus grande
transparence et une gestion plus efficace des risques à travers une pression et
une surveillance continues sur les managers, au niveau des mesures et des
décisions à prendre.6

Partie2 : L’organisation de la banque islamique

L'industrie des services financiers islamiques a enregistré une croissance


importante au cours des deux dernières décennies et elle devrait continuer ainsi
dans le futur. Néanmoins la réglementation (Paragraphe1) et le
contrôle( paragraphe2) de cette industrie représentent un souci politique
important du fait de la nature unique de ces modes de financement

Paragraphe2 : Les organes de gestion

L'administration de la banque islamique est confiée à un conseil


d'administration, composé d'administrateurs nommés à temps, révocables,
salariés nommés par l'assemblée générale des actionnaires, leur nombre est
déterminé par les statuts, en cas de vacance d'un siège de membre de conseil
d'administration, il sera occupé par le candidat ayant recueilli le plus grand

6
Financement bancaire islamique : une solution éthique à la crise financière, Hichem
Hamza, Sana Guermazi-Bouassida, La Revue des Sciences de Gestion 2012/3-4 (n° 255-256),
pages 161 à 166
nombre de voix lors des élections du conseil d'administration, en attendant la
première réunion ordinaire de l'assemblée générale, Vu la nature spéciale de la
banque islamique, dont les transactions sont régies par la Charia, les membres
du conseil d'administration ne peuvent être choisis que parmi les musulmans,
cela traduit aussi le souci de préserver la confiance entre la banque et ses clients,
et la présence d'un membre non musulman au sein de tel établissement mettrait
la banque en contradiction avec ses principes. Le conseil d'administration jouit
des pleins pouvoirs pour la gestion de la banque, à l'exception des pouvoirs
réservés à l'assemblée générale. Son action n'est limitée que par les dispositions
légales ou statutaires, ainsi que par les recommandations de l'assemblée
générale.

Le conseil d'administration :

· Fixe la politique générale de la banque.

· Etablit les règlements concernant les opérations financières et administratives.

· A la libre disposition des biens de la banque et peut accomplir n'importe quel


acte d'acquisition ou d'aliénation, dans l'intérêt de la banque.

· Convoque l'assemblée générale à se réunir, et fixe du l'ordre jour.

· Etablit un rapport sur l'activité de la banque, et sur sa situation financière


durant l'année écoulée

Les décisions sont prises à la majorité et les actes accomplis contrairement aux
statuts sont nuls, et ne peuvent être ratifiés que par l'assemblée générale des
actionnaires.

Les administrateurs sont responsables devant la banque, les associés, et les tiers
de toute violation de la loi ou des statuts.

Les administrateurs ne répondent pas personnellement des actes accomplis au


nom de la banque.

Ces dispositions tirent plus du droit positif que du droit musulman, en effet elles
rappellent plus celles prévues par le droit des sociétés anonymes, cet aspect met
la banque en disparité avec certains principes du droit musulmans, tel que la
liberté et l'égalité des associés. Aussi force est de souligner que les banques
islamiques sont une entité morale, or dans le droit musulman la personne morale
est ignorée, c'est-à-dire que les tiers ne traitent pas avec la société en tant
qu'entité abstraite mais avec des personne qui agissent pour leur compte et celui
des autres associés.

Quant au directeur général dans la banque islamique il est une personne


physique à laquelle le conseil d'administration délègue une partie de ses
pouvoirs. Le directeur général exerce ses pouvoirs sous le contrôle du conseil
d'administration, devant lequel il est responsable de ses actes.

Pour les assemblés ; On distingue l'assemblée générale ordinaire et l'assemblée


générale extraordinaire. Ces assemblées sont convoquées par le conseil
d'administration chaque fois que celui-ci le juge utile, mais elles peuvent être
aussi convoquées par les actionnaires représentant une part du capital
déterminée par les statuts.

Les réunions des assemblées sont présidées par le président du conseil


d'administration, et un quorum doit être atteint pour que les assemblées puissent
délibérées.

1) L'assemblée générale ordinaire

L'assemblée générale ordinaire de la banque islamique :

· Nomme les membres du conseil d'administration te fixe leur rémunération.

· Nomme les membres du conseil religieux et fixe leur rémunération.

· Se réuni au moins une fois par an à fin de discuter, et approuver le rapport


annuel du conseil d'administration.

· Fixe le montant du bénéfice qui doit être réparti entre les actionnaires.
Tout actionnaire a le droit d'assister aux réunions de l'assemblée générale, et de
prendre part au vote, aussi il a le droit de discuter le rapport annuel du conseil
d'administration, et le compte des pertes et des profits. En outre l'actionnaire
peut se faire représenter, pour vue que cette représentation soit faite par écrit. (1)

Les décisions de l'assemblée générale sont prises à la majorité.

2) L'assemblée générale extraordinaire

L'assemblée générale ordinaire :

· Examine les modifications des statuts, les augmentations et réductions du


capital.

· Examine les modifications dans la durée de la banque et sa dissolution, ou la


fusion avec une autre banque.

L'ordre du jour est fixé par le conseil d'administration, et tous les actionnaires,
quel que soit leur nombre d'action, peuvent participer à l'assemblée générale
extraordinaire et prendre part au vote. D'ailleurs pour pouvoir délibérer les trois
quarts du capital doivent être représentés, et les décisions sont prises à la
majorité

Paragraphe 2 : les organes de contrôle

Comme toute les banques, la régularité et la transparence sont indispensable


pour assurer la protection des interets des clients mais également pour maintenir
la stabilité du système financier. En effet une banque est considérée comme
islamiques si toutes ses activités sont conformes à la Charia pour cela un comité
de Charia existe au sein de la banque pour étudier la conformité de ses activités
et ses produits bancaires à la loi islamiques Selon l’AIBI (association
internationale des banques islamiques) le comité de Charia est un organe
indépendant formé de 3 à 7 conseillers spécialisés dans la jurisprudence
islamique. Selon la banque Centrale de Tunisie le comité de Charia est chargée
d’accompagner la banque dans la mise en place et la supervision de l’ensemble
des produits et services sur le plan de leur conformité aux principes Charaiques,
il est aussi en charge d’effectuer des missions d’évaluation de la mise en
application de la politique de conformité Charaique. Il en a aussi les comités de
conformité qui visent à assurer la conformité de l’établissement de crédit aux
lois et aux reglement en vigueur. Tout d’abord, le comité d’audit interne est un
organisme qui doit ètre présent au sein de toute banque en vertu de l’article 49
de la loi de 2016 - La banque ou l’établissement financier doit créer un comité
d’audit émanant du conseil d’administration ou du conseil de surveillance qui
l’assiste dans la mise en place d’un dispositif de contrôle interne efficace et qui
sera chargé notamment : - de suivre le bon fonctionnement du contrôle interne,
proposer des mesures correctrices et s’assurer de leur mise en œuvre, - de réviser
les principaux rapports de contrôle interne et les informations financières avant
leur transmission à la banque centrale de Tunisie, - de donner son avis au conseil
d’administration ou au conseil de surveillance sur le rapport annuel et les états
financiers, de suivre l’activité de l’organe de contrôle interne et le cas échéant,
les autres organes chargés des fonctions de contrôle et donner son avis au
conseil sur la nomination du responsable de l’organe d’audit interne, sa
promotion ainsi que sa rémunération, - de proposer la nomination du ou des
commissaires aux comptes et donner son avis sur les programmes de contrôle
ainsi que leurs résultats.

Art. 50 - La banque ou l’établissement financier doit créer un comité des risques


émanant du conseil d’administration ou du conseil de surveillance qui l’assiste
notamment dans la mise en place d’une stratégie de gestion des risques et qui
sera chargé notamment : - de donner son avis au conseil d’administration ou au
conseil de surveillance sur l’identification, la mesure et le contrôle des risques, -
d’évaluer périodiquement la politique de gestion des risques et sa mise en
œuvre, - de suivre l’activité de l’organe chargé de la gestion des risques. Art. 51
- Toute banque doit créer un comité de nomination et de rémunération émanant
du conseil d’administration ou du conseil de surveillance qui l’assiste
notamment dans la conception et le suivi des politiques : - de nomination et de
rémunération, - de remplacement des dirigeants et des cadres supérieurs et de
recrutement, - de gestion des situations de conflit d’intérêts. Art. 52 – Chacun
des comités prévus par les articles 49, 50 et 51 de la présente loi, doit être
constitué de trois membres parmi les membres du conseil d’administration ou du
conseil de surveillance. Le comité d’audit et le comité des risques sont présidés
par un membre indépendant au sens de l’article 47 de la présente loi. Il est
interdit de cumuler la qualité de membre dans le comité d’audit et dans le comité
des risques. Les établissements financiers peuvent, si le volume de leur activité
et la nature de leurs opérations le justifient et sur accord de la banque centrale de
Tunisie, réunir en un seul comité, le comité d’audit et le comité des risques. Art.
54 - La banque ou l’établissement financier agréé conformément à la présente
loi pour exercer les opérations bancaires islamiques prévues par le chapitre
premier du titre II de la présente loi peut créer un comité nommé « comité de
contrôle de conformité des normes bancaires islamiques » rattaché au conseil
d’administration ou au conseil de surveillance et qui se charge notamment : - de
s’assurer de la conformité des opérations bancaires islamiques aux normes
définies dans ce domaine, - d’émettre un avis sur la conformité des produits, des
modèles de contrats et des procédures opérationnelles de l’activité aux normes
bancaires islamiques, - d’examiner toute question soulevée par une banque ou
un établissement financier se rapportant aux opérations bancaires islamiques. Le
comité de contrôle de conformité des normes bancaires islamiques est composé
de trois membres au moins de nationalité tunisienne, désignés, pour un mandat
de trois ans renouvelable une seule fois, par l’assemblée générale de ladite
banque ou dudit établissement financier. Ces membres sont choisis compte tenu
de leur intégrité, de leur compétence et de leur expérience dans le domaine
bancaire islamique ainsi que de l’inexistence des situations de conflits d’intérêts
avec la banque ou l’établissement financier. Il est également interdit à tout
membre de ce comité de siéger dans plus d’un comité de contrôle de conformité
des normes bancaires islamiques. La banque ou l’établissement financier est
tenu de notifier, sans délai, à la banque centrale de Tunisie toute nomination des
membres du comité de contrôle de conformité des normes bancaires islamiques.
Le comité de contrôle de conformité des normes bancaires islamiques peut
demander à la banque ou à l’établissement financier de lui communiquer les
documents et les éclaircissements qu’il juge nécessaires pour s’acquitter de sa
mission. Le comité de contrôle de conformité des normes bancaires islamiques
prépare un rapport annuel sur les résultats de ses activités qui sera soumis au
conseil d’administration ou au conseil de surveillance. Une copie de ce rapport
est adressée à la banque centrale de Tunisie et à l’assemblée générale, au moins
un mois avant la date de sa tenue. La banque ou l’établissement financier est
tenu, après avis du comité de contrôle de conformité des normes bancaires
islamiques, de désigner un auditeur des opérations bancaires islamiques qui sera
chargé de s’assurer de la conformité des transactions aux avis et propositions du
comité tels qu’approuvés par le conseil d’administration ou le conseil de
surveillance. L’auditeur des opérations bancaires islamiques assure le secrétariat
dudit comité. Les membres du comité de contrôle de conformité des normes
bancaires islamiques sont tenus au respect du secret professionnel pour les
informations dont ils ont pris connaissance du fait de l’exercice de leur mission
et doivent s’interdire d’utiliser ces informations, en dehors des cas permis par la
loi, à des fins autres que celles qu’exige l’exécution des missions qui leur sont
dévolues, même après perte de leur qualité, et ce, sous peine de s’exposer aux
sanctions prévues par l’article 254 du code pénal.

Le contrôle se fait aussi par le ministre de finance dés l’agrément, toute banque
doit avoir l’accord du ministre des finances, c’est lui aussi qui intervient dans le
retrait de l’agrément d’exercice de l’activité d’établissement de crédit, la
mission de cet ministre se voit de plus en plus importante dans les périodes de
crise il intervient afin de créer, ou céder certains activités financières.

Bibliogrpahie

-Journal de magistrature et de législation, juin 2011, La finance islamique


moderne et droit positif, Abdesstar KHOUILDI

-Les opérations de financements et d’investissement dans le droit musulman,


Abdelkader bessedik, 2013

- p‫ة‬p‫ي‬p‫ت‬p‫ ح‬pّ‫ت‬p‫ل‬p‫ ا‬p‫ة‬p‫ي‬p‫ن‬p‫ب‬p‫ل‬p‫ ا‬p‫ف‬p‫ع‬p‫ ض‬p‫و‬p‫ك‬p‫ش‬p‫ ت‬p‫س‬p‫ن‬p‫و‬p‫ ت‬p‫ي‬p‫ ف‬p‫ة‬p‫ي‬p‫م‬p‫ال‬p‫س‬p‫ال‬p‫ ا‬p‫ة‬p‫ف‬p‫ر‬p‫ي‬p‫ص‬p‫ل‬p‫ا‬- ‫عائدة بن سالم‬/‫تونس‬

- ‫ محاولة للفهم‬..‫ اإلسالمية في تونس‬p‫الفروقات بين البنوك التقليدية والبنوك‬--‫جاسر عيد‬


-www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion

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