Vous êtes sur la page 1sur 2

Ockeghem Quant de vous seul (rondeau)

Ce rondeaux d’Ockeghem est en mode Dorien (cad. principales sur la fin. Ré, sur la rep. La, sur Fa, tierce de
la finalis.

Disposition des voix :


Cantus = ré qui mélange le plagal avec l’authente car cette voix couvre l’ambitus d’une octave et demie
(mixtio modi)
Tenor = ré authente (dorien) : il couvre l’octave modale et la dépasse même d’une 2e (monte jusqu’au fa3).
La descente au la grave mes. 33 est à considérer comme une exception.
Contratenor = ré en mixtio modi

Nouvelle notion : la ca (clausule d’alto) dans les pièces à 3 voix.


La clausule d’alto dans une pièce à 3 voix (donc sans cb) se trouve à la 3e supérieure de la ct, puis
elle chante la 5e de l’accord (rarement la 3e). La structure médiévale propose une sensible qui porte à la 5e de
l’accord. Puisque souvent elle est chantée en parallèle avec la sensible de la cc, on parle de cadence avec
double sensible. Vous trouverez des exemples de cette cad. dans le rondeau d’Ockeghem : cad. mes. 27 et
cad. mes. 36.

Plan cadentiel :
Cad. mes. 7 = cad. sur la fin. Ré
cc avec suspensio au cantus
ct au tenor
le contratenor commence un mouvement de ca (rapport de 3e avec la ct) qui n’arrive pas à sa
conclusion (termine sur un silence).

Cad. mes. 16 = cad. sur la rep. La (cette cad. ne comporte pas de sensible car le tenor descend d’un demi-ton
créant l’intervalle de sixte majeure qui va à l’octave)
cc avec suspensio au cantus (sans sensible)
ct au tenor (descente d’un demi-ton en raison du si bémol)
le contratenor commence un mouvement de ca (rapport de 3e avec la ct) qui n’arrive pas à sa
conclusion (termine sur un silence).

Cad. mes. 19 = repos cadentiel sur l’accord de la fin. Ré. Pas de clausules. Fin de la partie A du rondeau.

Cad. mes. 27 = cadence secondaire sur sol. Cad. avec double sensible. Il s’agit d’une cadence légère de
passage car il n’y a pas d’arrêt mélodico-contrapuntique.
cc avec suspensio au cantus
ct au tenor
ca au contratenor. Cette ca comporte un mouvement rythmique parallèle à la cc. Le rapport de 3e
avec la ct est donné par la note do qui va sur ré pour chanter la 5e à l’intérieur de la cadence (sol-ré-sol).
Cette ca chante do dièse pour éviter la dissonance avec la cc, créant la cad. médiévale (gothique) avec
double sensible (fa# → sol + do# → ré).

Cad. mes. 30 = cad. sur la rep. La.


Cette cadence est identique à la cad. de la mes. 16 (voir Cad. mes. 16). La seule différence est que le
contratenor chante cette fois la ca.

Cad. mes. 36 = cad. sur la fin. Ré. Il s’agit de la cadence conclusive du rondeau. Elle est présentée cette fois
dans sa version complète avec la double sensible (voir cad. mes. 7).
cc avec suspensio au cantus
ct au tenor
ca au contratenor.
Remarques : nous pouvons noter que le cantus touche son climax ver la fin de la pièce, mais en créant une
tension mélodique descendante (et non ascendante) qui arrive à la note la plus grave de son ambitus, la note
la2 de la mes. 33. Ce climax « enversé » s’appelle : catabase (Katabasis).

Imitations :
Dans cette chanson il y a deux points imitatifs entre cantus et tenor.

Mes. 7-11 = imitation à l’8e entre cantus → tenor à distance de 3 noires (3 minimes avec les valeurs
originales).
Mes. 16-20 = imitation à l’8e entre cantus → tenor à distance de 3 noires (3 minimes avec les
valeurs originales). Le contratenor anticipe la tête du motif imitatif à la mes. 16, sur ré.

Vous aimerez peut-être aussi