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1 Définition des huiles essentielles

Les huiles essentielles sont des mélanges de composés aromatiques des plantes, qui sont
extraites par distillation par la vapeur ou des solvants (Smallfield, 2001). Pour la 8ème édition
de la pharmacopée française (1965), les huiles essentielles (= essences = huilesvolatiles) sont :
« des produits de composition généralement assez complexe renfermant les principes volatils
contenu dans les végétaux et plus ou moins modifiés au cours de la préparation. » (Bruneton,
1993).

La Pharmacopée française (édition de 1965) donne une définition officielle des huiles
essentielles: « Produits de composition généralement assez complexe renfermant les principes
volatils contenus dans les végétaux et plus ou moins modifiés au cours de la préparation. Pour
extraire ces principes volatils, il existe divers procédés. Deux seulement sont utilisables pour la
préparation des essences officinales : celui par distillation dans la vapeur d'eau de plantes à
essences ou de certains de leurs organes, et celui par expression ».

Depuis la neuvième édition (1972), la Pharmacopée n'utilise plus que le terme « d’huile
essentielle ». En octobre 1987, l'AFNOR (Association Française de la Normalisation) propose
une autre définition : « Produit obtenu à partir d’une matière première végétale, soit par
entrainement à la vapeur d'eau, soit par des procédés mécaniques à partir de l’épicarpe des
Citrus, soit par distillation à sec. L’huile essentielle est ensuite séparée de la phase aqueuse par
des procédés physiques.».

2 La localisation des huiles essentielles dans la plante

Les huiles essentielles se trouvent dans toutes les parties vivantes de la plante et se
forment dans le protoplasme de différentes cellules sécrétrices selon l’organe végétal considéré.
Elles s’accumulent par la suite dans des cellules glandulaires spécialisées recouvertes d’une
cuticule. Puis, elles sont stockées dans des structures histologiques spécialisées, à savoir, des
cellules à huiles essentielles (Lauraceae et Zingiberaceae), des poils glandulaires épidermiques
qui produisent les essences dites superficielles (Labiaceae, Geraniaceae et Rutaceae), des
poches sécrétrices (Myrtaceae, Auranthiaceae, Rutaceae) ou encore des canaux sécréteurs
(Apiaceae, Ombelliferaceae et Asteraceae) (Bruneton, 1999 ; Boz et al., 2009).

L’extraction des essences se fait de divers organes de la plante : les fleurs (bergamotier),
les feuilles (menthe poivrée), mais aussi dans des écorces (cannelier de Ceylan), des bois
(santal), des racines (angélique), des rhizomes (gingembre), des fruits (badiane), ou encore des
graines (muscade) (Deschepper, 2017).

3 Propriétés physico-chimiques des huiles essentielles


 Elles sont généralement liquides à température ambiante, certaines sont visqueuses (HE
de myrrhe, de houblon).
 Elles sont volatiles, inflammables, odorantes et entrainable à la vapeur d’eau.
 Elles sont généralement incolores ou jaune pâle.
 Leur densité est généralement inférieure à 1 sauf exception (HE de sassafras, de girofle,
ou de cannelle).
 Indice de réfraction souvent élevé et sont douées de pouvoir rotatoire.
 Peu solubles dans l’eau, elles sont solubles dans les alcools élevés, solubles dans les
huiles fixes et la plupart des solvants organiques apolaires (Bruneton, 1999; Charpentier et
al., 2008 ; Desmares et al., 2008).
 Elles peuvent parfois sembler grasses ou huileuses, mais ce ne sont pas des corps gras.
Contrairement aux huiles fixes (huile d'olive, de tournesol, etc.) qui ne sont pas volatiles et
laissent une trace grasse durable sur le papier (Bernadet, 2000).
4 Composition chimique des huiles essentielles
La composition chimique des essences est complexe et peut varier selon l’organe, les
facteurs climatiques, la nature du sol, les pratiques culturales et le mode d’extraction (Carole,
2013).
Les huiles essentielles sont produites dans le cytoplasme des cellules sécrétrices et
s’accumulent en général dans des cellules glandulaires spécialisées, situées en surface de la
cellule et recouvertes d’une cuticule. Ensuite, elles sont stockées dans des cellules dites cellules
à huiles essentielles, dans des poils sécréteurs, dans des poches sécrétrices ou dans des canaux
sécréteurs (Bruneton, 1999 ; Hazzit, 2002 ; Boz et al, 2009). Elles peuvent être stockées dans
tous les organes végétaux : les fleurs, les feuilles, les racines, les rhizomes, les fruits, le bois
et/ou les graines (Bruneton, 1993 ; Anton et Lobstein, 2005). Les HEs sont un mélange de
constituants qui appartiennent à trois catégories de composés terpéniques, aromatiques et
diverses.
4.1 Terpènes
Les terpènes sont des hydrocarbures formés par assemblage de deux ou plusieurs unités
isopréniques, ce sont des polymères de l’isoprène de formule brute (C5H8). Les huiles
essentielles contiennent particulièrement des monoterpènes, des sesquiterpènes et peu souvent
de diterpènes (Finar, 1994). Les terpènes sont de structures très diverses (acycliques,
monocycliques, bicycliques,…) et contiennent la plupart des fonctions chimiques des matières
organiques.
4.2 Composés aromatiques
Les composés aromatiques dérivent du phénylpropane (C6-C3). Ils sont moins fréquents
que les terpènes. Cette classe comprend des composés odorants comme la vanilline, l’eugénol,
l’anéthole, l’estragole. Ils sont fréquemment rencontrés dans les HEs d’Apiacées (cumin,
fenouil, persil, etc…) et sont caractéristiques de celles de la vanille, de l’estragon, du basilic,
du clou de girofle (Chemat et al, 2012).
4.3 Composés d’origine diverse
Ce sont des produits résultant de la transformation de molécules non volatiles entraînables
par la vapeur d’eau. Il s’agit de composés issus de la dégradation d’acides gras, de terpènes, les
huiles essentielles peuvent renfermer divers composés aliphatiques, généralement de faible
masse moléculaire, entraînables lors de l'hydro distillation carbure, acide (C3 à C10), alcools,
aldéhydes (octanal, décanal ...), esters, lactones, produits azotés ou soufrés (Carole, 2013).
5 Domaines d’utilisation des huiles essentielles
5.1 En pharmacie
Il y a sept huiles essentielles inscrites dans la pharmacopée européenne ce sont : les huiles
essentielles : d’anis, d’eucalyptus, de clou de girofle, de fleur d’oranger amer, de lavande, de
menthe poivrée et de thym. Les propriétés pharmacologiques des huiles essentielles leurs
confèrent une utilisation médicale qui se reflète dans :
 Pouvoir antiseptique
Contre des bactéries variées ainsi que des champignons et levures. Citons les huiles
essentielles de thym, girofle, lavande, eucalyptus. Le thymol, constituant principal de l’huile
essentielle de thym, est 20 fois plus antiseptique que le phénol (Bruneton, I993).
 Propriétés spasmolytiques et sédatives
Certaines drogues à huiles essentielles (menthe, verveine) sont réputées efficaces pour
diminuer les spasmes gastro-intestinaux. L’amélioration de certaines insomnies et de troubles
psychosomatiques divers est également notée (Bruneton, I993).
 Propriétés irritantes
De nombreuses crèmes, pommades à base d’huiles essentielles, sont destinées à soulager
entorses, courbatures ou claquages musculaires. En effet, par voie externe certaines huiles
essentielles (ex: oléorésine dans la térébenthine) augmentent la microcirculation, induisent une
sensation de chaleur et dans certains cas une légère anesthésie locale (Bruneton, I993). Ces
huiles essentielles constituent également le support de l’aromathérapie, traitement des maladies
par des essences de plantes.
5.2 En parfumerie et cosmétologie
Les propriétés odoriférantes des huiles essentielles confèrent à ces dernières une
consommation importante en parfumerie et en cosmétique. Elles présentent environ 60% des
matières premières de l'industrie des parfums synthétiques, des savons et des cosmétiques
(Chagra, 2019).
L’utilisation des HEs dans les crèmes et les gels permet de préserver ces cosmétiques
grâce à leur activité antiseptique et anti-oxydante, tout en leur assurant leur odeur agréable (Ait
Salem, 2016).
Les huiles essentielles, matières premières par excellence des parfumeurs, sont classées
en fonction de leurs odeurs. Ainsi les huiles essentielles de citron, de bergamote ou encore de
lavande constitueront la note la plus éphémère, dite note de tête. Des essences fleuries comme
celles de rose ou de néroli participeront à l’élaboration de la note de cœur. Enfin, la note de
fond, la plus durable des trois, comportera plutôt des essences boisées ou épicées comme le
santal ou la cannelle (Deschepper, 2017).
5.3 En industries agro-alimentaires
Certaines drogues sont utilisées en nature (épices et aromates), d’autres sous forme
d’huiles essentielles ou de résinoïdes dispersés, encapsulés ou complexés. Si la réfrigération et
d’autres moyens de conservation se sont substitues aux épices pour assurer la conservation
Chapitre I Synthèse bibliographique 19 des aliments, le développement de nouvelles pratiques
culinaires (plats préparés, surgelés), le goût pour l’exotisme et les qualités gustatives,
conduisent a une rapide augmentation de la consommation de ce type de produits. On note leur
intégration dans : les boissons non alcooliques, les confiseries, les produits laitiers ou carnés,
les soupes, les sauces, les snacks, les boulangeries, ainsi que la nutrition animale (Bruneton,
I993).
6 Toxicité des huiles essentielles
Le surdosage, qu'il soit intentionnel ou non, est l'un des cas les plus courants d'intoxication
d’HEs. Les jeunes enfants sont les plus sensibles à ce risque. Chez les adultes,
l'empoisonnement peut être volontaire, par exemple lors de tentatives de suicide. Il y a un
exemple à l'appui: une jeune femme de 18 ans est décédée d'une insuffisance hépatique 6 jours
après avoir absorbé 30 ml d'HE du menthol. Aussi le grand nombre de molécules qui composent
l'HE a un potentiel sensibilisant, ce qui signifie que le risque d'allergies ne doit pas être sous-
estimé. Les allergies aux HE s'expriment principalement sur la peau. Il ne faut pas oublier Par
mesure de précaution, les femmes enceintes ne doivent utiliser aucun HE pendant le premier
trimestre de la grossesse. C'est le moment de l'embryogenèse et de l'organogenèse, il est donc
crucial de ne pas interférer avec ce stade de la grossesse (Baudoux, 2001; Festy, 2008 ; Uteret
al., 2010 ; Staub et Bayer, 2013 ; Faucon et Lobstein, 2015).
7 Quelques technique d’extraction d’huile essentielle
7.1 Hydrodistillation
L’hydrodistillation c’est la méthode normée pour l’extraction d’une HE. Il s’agit le
procédé le plus couramment employé pour l’extraction et elle est considérée comme étant la
plus simple et la plus anciennement utilisée. Cette technique consiste à mettre directement le
matériel végétal à traiter qu’il soit intact ou broyé dans un alambic (ballon) rempli d’eau, Le
tout est ensuite porté à ébullition, à une température inférieure à 100 °C sous pression
atmosphérique normale. Ensuite les molécules volatiles et l'eau distillent simultanément par ce
que la chaleur permet l’éclatement des cellules et la libération de ces molécules qui forment
avec la vapeur d’eau, un mélange azéotropique « eau + HE ». Ce mélange est ensuite envoyé
dans un compartiment pour y refroidir passent par un réfrigérant à eau où Les vapeurs
hétérogènes sont condensées et l'HEs se sépare de l'hydrolat par simple différence de densité
(l’HEs est plus légère que l’eau) dans le quelle surnage au-dessus de l'hydrolat, a fin de ce
récupérée dans un récipient (Lucchesi, 2005 ; Fasty, 2007).

Fig .1 : L’appareil d’hydrodistillation (Lucchesi, 2005).


7.2 Extraction par entraînement à la vapeur d’eau
Dans ce système d'extraction (steam distillation) (Fig .2), la matière végétale est placée
sur une grille perforée à travers laquelle passe la vapeur, plutôt que d'être directement trempée
dans l'eau. Ce dernier endommage la structure des cellules végétales, libérant des molécules
volatiles et les transportant vers le réfrigérant. Cette méthode améliore la qualité des huiles
essentielles en minimisant les altérations hydrolytiques ; le matériel végétal qui ne sont pas
directement immergées dans de l'eau bouillante (Franchomme et al., 1990 ; Richard, 1992 ;
Lucchesi, 2005).

Fig .2 : Schéma du principe de la technique de l’entraînement à la vapeur d’eau


(Jaffrelo, 2019)

7.3 Extraction à froid


L'extraction à froid est couramment utilisée pour extraire les huiles essentielles des
agrumes. Le principe est de casser et d'ouvrir mécaniquement la poche d'essence. Les huiles
essentielles sont séparées par décantation ou centrifugation (Nzeyumwami, 2004).

7.4 Extraction par solvant organique


Les solvants les plus utilisés à l’heure actuelle sont l’hexane, cyclohexane, l’éthanol,
moins fréquemment le dichlorométhane et l’acétone. Le solvant choisi, en plus d’être autorisé,
devra posséder une certaine stabilité face à la chaleur, la lumière ou l’oxygène. Sa température
d’ébullition sera de préférence basse afin de faciliter son élimination, et il ne devra pas réagir
chimiquement avec l’extrait. L’extraction est réalisée avec un appareil de Soxhlet. Ces solvants
ont un pouvoir d'extraction plus élevé que l'eau, si bien que les extraits ne contiennent pas
uniquement des composés volatils, mais également bon nombre de composés non volatils tels
que des cires, des pigments, des acides gras et bien d'autres substances (Hubert, R ,1992)
En fonction de la technique et du solvant utilisé, on obtient des hydrolysats (eau comme
solvant), des alcoolats (éthanol dilué), des teintures (éthanol/eau), des résinoïdes (extraits
éthanoliques concentrés) et des concrètes (extraits à froid et à chaud au moyen de solvants
divers) (Hernandez Ochoa, L. R, 2005).
La technique d’extraction « classique » par solvant, consiste à placer, dans un extracteur,
un solvant volatil et la matière végétale à traiter. Grâce à des lavages successifs, le solvant va
se charger en molécules aromatiques, avant d’être envoyé au concentrateur pour y être distillé
à pression atmosphérique.
L’emploi restrictif de l’extraction par solvants organiques volatils se justifie par son coût,
les problèmes de sécurité et de toxicité, ainsi que la règlementation liée à la protection de
l’environnement. Cependant, les rendements sont généralement plus importants par rapport à
la distillation et cette technique évite l’action hydrolysante de la vapeur d’eau (Lucchesi, M.
E, 2005).
Face à cette situation, deux nouvelles techniques ont été mises au point, ces dernières
années, pour la distillation des substances d'arômes à partir des plantes : l’extraction assistée
par micro-ondes et l’extraction par le CO2 supercritique.

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