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MODULE « FORAGE »

M.DADDOU
INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

SOMMAIRE

LE FORAGE
♦ Introduction Page 3
♦ L’outil de forage Page 6
♦ Le garniture de forage Page 8
♦ La fonction levage Page 10
♦ La fonction rotation Page 13
♦ La fonction pompage Page 14
♦ La top drive Page 16
♦ La transmission de l’énergie Page 17
♦ La boue de forage Page 19
♦ Le tubage et la cimentation Page 20
♦ La tête de puits Page 23
♦ Les obturateurs Page 24
♦ Problèmes puits Page 25
♦ Les instrumentations Page 27
♦ Contrôle des venues Page 30
♦ Le carottage Page 31
♦ Les essais en cours de forage Page 32
♦ Le forage dirigé Page 34

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

INTRODUCTION
D éfinition : forer = creuser un trou de forme cylindrique.

On utilise une pioche pour creuser la terre et une pelle pour


évacuer les débris de roche (déblais).

Pour qu’une pioche creuse, on lui applique un effort pour


enfoncer la pointe dans le sol, puis un mouvement de rotation pour
arracher la terre.

La hauteur de la pointe qui pénètre dans le sol est fonction de la


nature du terrain et de l’effort appliqué. En effet, si le terrain est
tendre, il suffit d’un petit effort pour pénétrer la pioche d’une
hauteur importante. Par contre, si le terrain est dur, même en
appliquant un effort important, la pénétration est faible.

F
L ’outil de forage [rock bit], n’est qu’un ensemble de pointes
de pioches qui travaillent en série : on applique un effort pour
faire pénétrer la pointe (ou dent) située sur la face d’attaque. En
tournant l’outil, la dent ripe et arrache la terre, et une autre dent
vient la remplacer.

Il suffit donc de tourner et de pousser en continu pour que l’outil R


creuse sans arrêt.

P oids sur l’outil [weight on bit ou WOB] : afin d’exercer une poussée continue sur l’outil
pour l’enfoncer dans le sol, l’outil est vissé au bout de tiges en acier de forme cylindrique.
Lorsque l’outil repose sur le fond du trou, les tiges, par leur propre poids, l’enfoncent dans la
terre.
Il suffit alors de faire tourner ces tiges à partir du plancher de forage pour transmettre le
mouvement de rotation à l’outil.

100 T
80 T

80 T
100 T

Point neutre

20 T Poids sur l’outil

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

R otation : tout en haut des tiges, est


vissée une tige de section carrée ou
hexagonale, appelée tige d’entraînement
Table de rotation

[kelly] ou encore tige carrée.

Cette tige est entraînée en rotation par Plancher


une table de rotation [rotary table], qui
possède un moyeu de même section que
la tige d’entraînement.
Tige d’entraînement

Cette dernière, en tournant, entraîne


en rotation toutes les autres tiges depuis
le plancher de travail jusqu’à l’outil, au
fond du puits.

Les appareils modernes sont équipés de


système d’entraînement avec moteurs
indépendants appelés « top drives » qui
font tourner la garniture de forage sans
l’intermédiaire de la tige d’entraînement.

C irculation : la pelle sert à évacuer les débris de terre arrachés par la pioche, appelés
déblais [cuttings]. Dans le forage [drilling], cette fonction est assurée par la circulation
d’un liquide visqueux appelé « fluide de forage » ou « boue de forage » [mud] à travers tout le
circuit.
Cette boue est fabriquée dans des bassins de grande capacité [tanks], aspirée par une pom-
pe [mud pump], puis injectée dans les tiges [drill pipes], qui sont creuses, et arrive jusqu’à
l’outil, qui comporte également des orifices pour le passage de la boue.
A la sortie de l’outil, la boue remonte dans le puits en entraînant avec elle les déblais. Elle
est recueillie en surface dans un tube appelé « tube fontaine » pour être ensuite acheminée au
travers d’un « tube goulotte » vers un « tamis vibrant » qui la tamise en enlevant les déblais.
La boue débarrassée des solides venus du puits retourne dans le bac d’où elle a été pompée.
Elle subit des traitements chimiques avant d’être réinjectée dans le puits.

Tige d’entraînement

Plancher Table de rotation

Goulotte Conduite de refoulement


Tube fontaine

Tamis vibrant Pompe à boue


Déblais
Conduite d’aspiration

Bac à boue

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

A jout de tige : la tige mesure ± 9 mètres. Lorsque la longueur correspondante à une tige
est forée, il suffit de : remonter totalement la tige d’entraînement, caler la garniture de
forage dans la table de rotation, dévisser la tige d’entraînement, visser celle ci sur une autre
tige préalablement préparée, puis visser l’ensemble sur les tiges calées. Il suffit alors d’enlever
les cales et de reprendre le forage.

R emontée de l’outil : si l’outil est usé, il faut le re-


monter pour le remplacer. On le remonte aussi à la fin
du forage. Afin de faire rapidement cette opération, on
remonte les tiges trois par trois, appelées
« longueurs » [stands]. Les « longueurs » sont rangées
dans le mât [mast], à côté de la table de rotation.

Ouvrier de plancher stockant une


longueur de tiges.

T ubage et cimentation : une fois le forage termi-


né, on remonte l’outil. Tubage

Afin d’éviter que les parois du trou s’effondrent, il


est nécessaire de les protéger par des tubes appelés
« tubages » [casings]. Ces tubes sont descendus dans
le puits, on introduit alors du ciment entre les parois Ciment
du trou et les tubes pour bien les sceller.

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

L’outil de forage
L e forage, c'est avant tout, exécuter un trou à l'aide d'un outil ou
trépan, le plus rapidement possible, et dans les meilleures
conditions possibles (coût et qualité). L'outil doit être adapté aux
différentes formations rencontrées.

Un outil [rock bit] conçu pour forer un terrain tendre se détériore


ou s’use très vite s’il est utilisé dans un terrain dur.

Aussi, il existe une grande gamme d’outils de technologies


différentes pour couvrir tous les besoins techniques et économiques. 1

L es outils tricônes : un outil tricône comporte trois bras sur


lesquels sont montés trois cônes (molettes), soit à l’aide de
roulements, soit à l’aide de paliers lisses.

Les dents peuvent être directement fraisées dans le cône (1) ou


des pastilles en carbure de tungstène serties (2) dans les cônes.

1. Outil à dents fraisées


2. Outil à pastilles serties
2

Un outil tricône pour terrain tendre possède des dents longues et espacées, tandis que les
dents de celui conçu pour des terrains durs sont petites et peu espacées.

Les outils tricônes travaillent par burinage.

Outils pour terrains tendres Outils pour terrains durs

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

Pour permettre la circulation de la boue, ces Outils conventionnels Outils à duses


outils possèdent soit un trou central (outil
conventionnel - 1) soit des orifices latéraux placés
1 2
entre les cônes (outils à duses - 2).

Des duses interchangeables (3) sont


installées dans ces orifices pour régler le jet de la
boue, afin de bien nettoyer le front de taille et les
dents de l’outil.
3

L es outils diamant (4) : un outil diamant contient des grains de


diamant naturel, sertis sur un corps en acier.

Ces outils travaillent par abrasion et sont utilisée pour des terrains
très durs.

Ils possèdent des orifices et des « lignes d’eau » pour le passage


de la boue.

L es outils PDC (5) : le PDC (Poly Diamond Cristallin) est un


diamant synthétique, qui a une résistance à la chaleur élevée.

Un outil PDC contient des dents en carbure de tungstène sur


lesquelles sont déposées de fines couches de diamant
synthétique.

Ces outils peuvent être utilisés pour une grande gamme de


terrains.

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

La garniture de forage
Filetage femelle

L es tiges de forage [drill pipes] : les tiges (1) sont des tubes
cylindriques, creuses, souples et résistantes.
Elles possèdent un filetage femelle à leurs extrémités supérieures et
un autre, mâle, à leurs extrémités inférieures, pour se raccorder entre
elles. Le diamètre extérieur de ces tiges est beaucoup plus faible que
celui du puits. 1

Elles servent à transmettre le mouvement de rotation depuis la


table de rotation jusqu’à l’outil, et à acheminer la boue jusqu’à ce
dernier.

Les tiges doivent travailler en tension pour éviter de :


- se détériorer,
- provoquer la retombée des parois du puits,
- provoquer la déviation du puits.

Pour toutes ces raisons, elles ne peuvent pas servir pour poser du
poids sur l’outil, ce qui les mettrait en compression et engendrerait un
flambage (2). Cette fonction est remplie par un autre type de tiges
appelées « masse-tiges » (3).
Filetage mâle

Tiges en tension Tiges en compression

L es masse-tiges [drill collars] : ce sont des


tiges plus robustes, beaucoup plus lourdes et
moins souples que les tiges. Leur diamètre
2

extérieur est proche de celui du puits, pour éviter


leur flexion lorsqu’elles sont mises en compression. Flambage

Si une masse-tige pèse 200 kilogrammes-force


par mètre, il faut utiliser :
20000/200 = 100 mètres de masse-tiges pour
poser un poids de 20 tonnes sur l’outil pour
l’enfoncer dans le terrain.
Masse-tiges
En réalité, on doit ajouter une certaine hauteur
de sécurité, égale aux quart de la longueur, pour
s’assurer que les tiges travaillent en permanence
en tension.

Attention : le poids de tout matériel descendu dans


le puits doit tenir compte de la poussée 3
d’Archimède à cause de la boue.
Un poids adéquat de Poids des masse-tiges
masse-tiges permet insuffisant
de garder les tiges
droites

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

L es tiges lourdes (1) [heavy weight] : elles sont plus


rigides que les tiges et moins rigides que les masse-
tiges. Intercalées entre les unes et les autres, elles rédui-
Tiges

sent le risque de rupture des tiges.


Tiges lourdes
1

2
Masse-tiges

L es stabilisateurs (2) : ils ont un diamètre presque égal à celui de l’outil.


Intercalés entre les masse-tiges, elles les maintiennent droites dans le puits et
évitent leur flexion ainsi que la déviation du puits.

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

La fonction levage
P our soulever la garniture de forage (ensemble tiges, tiges
lourdes et masse-tiges), il faut utiliser une grue de grande
capacité, car la garniture de forage peut atteindre un poids supérieur à
1

150 tonnes. Cette grue est constituée :


- d’un mât,
- d’un treuil,
- d’un palan comprenant les moufles fixe et mobile et le
câble.

L e mât (1) de forage [mast] : c’est le « trépied » qui supporte le


palan. Il a remplacé la tour pour la rapidité de son montage et
démontage.

A son sommet est placé le moufle fixe (2). Une passerelle (3)
d’accrochage est placée à son milieu ; elle sert de lieu de travail pour
l’accrocheur, qui accroche ou décroche les « longueurs » de tiges lors
de la remontée ou la descente de l’outil dans le puits. Une autre
passerelle de hauteur ajustable, placée plus bas, sert à guider le tuba-
ge pour le visser et le descendre dans le puits.

2 Moufle fixe 3
Mât de forage

Passerelle d’accrochage

Un plancher de travail est aménagé aux


pieds du mât. Il sert d’aire de travail 3
pour l’équipe. Une cabine [dog house]
est aménagée sur ce plancher pour
permettre aux ouvriers de se reposer.
Le plancher est surélevé de quelques
Plan incliné
m èt res au - d essu s d u sol , p ou r
permettre l’introduction des éléments de
la tête de puits et des obturateurs. 4
Le tout repose sur une substructure (3)
robuste, formée de caissons en treillis
de fer soudés. Substructure

Un plan incliné (4) est conçu pour faire remonter les tiges sur le
plancher pour les descendre dans le puits.
L’ensemble est posé sur une plate-forme en béton armé,
préalablement aménagée sur le sol.

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

1
Moufle fixe

L e mouflage (1) : le mouflage est


l’enroulement du câble de forage entre les
poulies des moufles fixe et mobile en plusieurs
brins (jusqu’à 14 brins). F Moufle mobile

Le mouflage permet de démultiplier le poids


de la garniture de forage et diminuer la vitesse
de son déplacement. P F = P/n

En négligeant les frottements, la tension sur


le brin actif est divisée par le nombre de brin, et
sa vitesse est multipliée par ce nombre.
1. Mouflage

Le moufle fixe (2) [crown block] : formé d’un certain


nombre de poulies et placé au sommet du mât, il
possède une poulie de plus que le moufle mobile.

3
2. Moufle fixe

L
de
e moufle mobile (3) [travelling block] : formé également
d’un certain nombre de poulies par lesquelles passe le câble
forage. Il se déplace sur une certaine hauteur entre le
plancher de travail et le moufle fixe.

Il comporte à sa partie inférieure un crochet [hook] qui sert à


la suspension de la garniture pendant le forage. Des bras
accrochés de part et d’autre du crochet servent à supporter
l’élévateur, utilisé pour la manœuvre de la garniture.

3. Moufle mobile et crochet

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

L e treuil [drawwork] : c’est un fût (tambour) autour duquel s’enroule le câble de forage.
Aux bouts de ce fût sont fixées des jantes qui servent au freinage, au contact de bandes en
acier contenant des patins en ferodo, actionnées par un levier.

Tambour de curage
Cabestan

Tambour principal

Bande de frein

Jante

Tambour
Levier

Le frein à patins sert à freiner et arrêter complètement la garniture de forage. Mais il est
cependant dangereux de freiner si la garniture est lourde (échauffement des patins) et
notamment si elle est descendue en chute libre. Afin d’éviter ce problème, le treuil est relié à
un ralentisseur qui s’oppose à la rotation du tambour. La descente se fait alors lentement et le
freinage avec les bandes devient possible et sans risques.

Le ralentisseur peut être hydraulique (Parkersbourg) ou électromagnétique (ElMagco). Le


ralentisseur hydraulique est composé d’une hélice, entraînée par l’arbre du treuil, qui tourne
dans un carter rempli d’eau, qui ralentit son mouvement. Le ralentisseur électromagnétique
comprend un rotor, entraîné par l’arbre du treuil, qui tourne dans un stator. Un champ électro-
magnétique produit dans le stator ralentit le mouvement du rotor.

Le treuil est également équipé d’un système de freinage de sécurité qui l’arrête automati-
quement lors de la remontée du moufle mobile pour éviter la collision de celui ci avec le moufle
fixe (block-à-block).

Un autre tambour, appelé tambour de curage, est placé au-dessus de celui principal. Son
diamètre est inférieur au tambour principal. Il sert à la descente d’équipements dans le puits au
bout du câble.

De part et d’autre de ce tambour sont montés des cabestans qui servent à tirer sur les clefs
pour bloquer ou débloquer la garniture de forage.

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

La fonction rotation
P our faire tourner l’outil, on visse au sommet du
train de tiges, de forme cylindrique, une autre tige
de section carrée (1) ou hexagonale (2), appelée tige
Tiges d’entraînement

d’entraînement [kelly], et on l’introduit dans un moyeu


appelé table de rotation (3) [rotary table].

Sur cette table est placé un carré d’entraînement


(4), qui comporte des rouleaux épousant la forme de la 2
tige d’entraînement. Ce carré est entraîné par la table 1
de rotation par l’intermédiaire d’une fourrure Hexagonale
Carrée
d’entraînement (3). Le carré d’entraînement permet de
transmettre le mouvement de rotation de la table à la
tige d’entraînement, ainsi que sa translation sans
risquer de se frotter sur les côtés et de s’user.

Cette table de rotation peut aussi supporter le train


de sonde grâce aux coins de retenue (5) lorsqu'on
ajoute une tige au cours de la manœuvre.

Fourrure d’entraînement

Table de rotation
5 Coin de retenue

Table de rotation

4
Tige d’entraînement

Carré d’entraînement
Fourrure

Table de rotation
Tige

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

La fonction pompage

L a fonction pompage assure l’acheminement du fluide de forage depuis l’aspiration de la


pompe jusqu’au retour aux bassins.

La boue [mud] est fabriquée dans des bassins de grande capacité. Elle est ensuite aspirée
par des pompes [mud pumps] et refoulée dans les tiges creuses. Elle descend le long de la
garniture de forage [drilling string], sort par les orifices de l’outil, remonte dans l’espace
annulaire entre la garniture de forage et le puits jusqu’en surface. Là, elle est recueillie dans un
tube vertical (tube fontaine), puit acheminée par un autre horizontal (goulotte) vers des tamis
vibrants, pour être débarrassée des déblais [cuttings], avant d’être réinjectée dans le puits
[well].

Pompe à boue Conduite de refoulement Colonne montante

Flexible d’injection

Tête d’injection

Mixeur Tige d’entraînement


Tube fontaine

Obturateurs

Désableur Tube goulotte

Garniture de forage

Outil de forage

Bourbier Bacs à boue Tamis vibrants

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

L a pompe de forage est une pompe


alternative, à 2 pistons (pompe duplex)
ou 3 (pompe triplex).

Clapet de
refoulement
Tige de piston

Clapet Piston Crosse Bielle Arbre petite


d’aspiration vitesse

La boue, une fois refoulée doit suivre le chemin


suivant :
– la conduite de refoulement : juste à la sotie Colonnes montantes
de la pompe, achemine la boue de la pom-
pe jusqu’au plancher de travail,
– le manifold (1) de plancher : placé sur le
plancher de travail, il comporte plusieurs
vannes pour diriger la boue dans plusieurs
directions,
– la colonne montante [stand pipe] : c’est
une conduite connectée au manifold de
plancher et monte tout au long du mât,
– le flexible d’injection : qui raccorde la
colonne montante au sommet des tiges,
– le col de cygne [goose neck] : point de
connexion du flexible d’injection à la tête
d’injection,
– la tête d’injection [swivell] : relie le flexible
d’injection à la tige d’entraînement et Pompe 1 Pompe 2 Kill line Purge
supporte la garniture de forage,
1 Manifold de plancher
– la tige d’entraînement et la garniture de
forage.

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

Partie supérieure immobile

L a tête d’injection joue un rôle


important dans le forage : étant
donné que le flexible d’injection ne doit
pas tourner et que la garniture de forage
doit tourner pour transmettre le
mouvement de rotation à l’outil, la tête
d’injection est composée de deux
parties : la partie supérieure, reliée au
flexible d’injection, reste immobile, alors
que la partie inférieure, reliée à la tige
d’entraînement, tourne.

Partie inférieure tournante

Le système Top drive


L a top drive est une sorte de tête d’injection
motorisée énorme qui, en plus de l’injection, assure
la rotation de la garniture de forage.

Ainsi, on n’a besoin ni de la tige d’entraînement ni


de la table de rotation pour faire tourner la garniture,
c’est la top drive qui s’en charge. De plus, pendant le
forage, au lieu de faire les ajouts simple par simple, on
peut les faire longueur par longueur.

Plusieurs autres options existent avec cet


équipement : les bras de l’élévateur sont articulés
hydrauliquement pour faciliter le travail de l’accrocheur
et il possède une clé automatique et même une coulisse
intégrée.

Des rails placés tout le long du mât guident la top drive


dans ses déplacements.

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

La transmission de l’énergie
L e treuil, la pompe et la table de rotation sont
entraînés soit par des moteurs indépendants,
soit par des chaînes et courroies à partir d’une boite
de transmission.

La source principale de l’énergie est composée


de moteurs diesel. La transmission est soit mécani-
que, soit électrique.

Moteur diesel

L a transmission mécanique : les moteurs diesel sont placés juste derrière le treuil. Au
nombre de deux ou trois, ils sont reliés entre eux et avec les autres organes par des chaî-
nes, des pignons, des embrayages et des courroies.

Moteurs diesel

Transmission
mécanique

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

L a transmission électrique : les moteurs diesel sont placés loin du plancher de travail, ce
qui réduit le bruit et la fumée.

Les moteurs diesel entraînent des génératrices pour produire du courant continu, ou des
alternateurs pour produire du courant alternatif.

Le treuil, les pompes et la table de rotation sont entraînés par des moteurs à courant
continu.

Moteur à courant continu Moteur à courant alternatif

Donc, si les moteurs diesel entraînent des génératrices, le courant continu produit va
directement alimenter les moteurs à courant continu des différents organes. Mais si les moteurs
diesel entraînent des alternateurs, le courant alternatif produit doit être redressé pour devenir
continu et alimenter les moteurs des différents organes.

Mais l’éclairage de l’appareil de forage et les moteurs qui entraînent les organes auxiliaires,
tels que les pompes à eau, les compresseurs, … utilisent du courant alternatif.
Les appareils de forage qui possèdent des génératrices doivent alors prévoir, en plus, des
groupes électrogènes pour la production du courant alternatif, nécessaire pour le
fonctionnement des organes auxiliaires.

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

La boue de forage
L es principaux rôles de la boue sont :
- remontée des déblais,
- maintien des déblais en suspension pendant l'arrêt de la circulation,
- refroidissement de l'outil,
- maintien des parois du puits,
- maintien des fluides de formations traversées.

S es principales caractéristiques sont :


- la masse volumique : (appelée densité sur chantier), sert à alourdir la boue pour
augmenter la pression hydrostatique dans le puits, et éviter ainsi l'intrusion d'un flui-
de ou le fluage des argiles,
- la viscosité : c'est la caractéristique qui permet à la boue de déplacer les déblais,
- le filtrat : c'est l'eau qui pénètre dans la formation pour permettre le dépôt d'une
couche de solides, appelée cake, qui "cimente" les parois du puits.

L es principaux types sont :


- la boue à base d’eau : le fluide dans lequel sont ajoutés les autres produits est de
l’eau,
- la boue à base d’huile : le fluide dans lequel sont ajoutés les autres produits est du
gasoil ou du pétrole.

Chaque type de boue est utilisé pour répondre à certains problèmes dans le puits. Par
exemple, les argiles dites « gonflante » gonflent au contact de l’eau et viennent coincer la
garniture de forage. Pour éviter ce problème, il faut utiliser une boue à base d’huile.
La boue à base d’eau dissout le sel. Donc, pour forer ce type de formation, il faut, soit utiliser
une boue à base d’huile, soit une boue saturée en sel.

C ircuit à boue : la boue est fabriquée dans un « mixer » (1), qui comprend une conduite
d’eau contenant une duse par laquelle passe l’eau et un entonnoir dans lequel on verse les
produits.

Ces derniers se mélangent avec l’eau ; la boue,


1
ainsi fabriquée, est stockée dans des bassins de
grande capacité, dotés de mélangeurs et de
« mitrailleuses » pour garder la boue toujours en
mouvement et l’empêcher de décanter.

Les mitrailleuses sont des conduites dusées par


lesquelles sort la boue sous forte pression.

Mixer

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

En sortant du puits, la boue est recueillie dans


un tube vertical appelé « tube fontaine », puis est 1
acheminée vers le tamis vibrant (1) par une
conduite appelée « tube goulotte ».

En sortant de ce dernier, elle se déverse sur les


toiles du tamis vibrant pour se débarrasser des
déblais.

En traversant les terrains sableux de surface,


le tamis vibrant ne suffit pas à éliminer
complètement le sable. La boue doit passer, en
sortant du tamis, par un désableur et un désilteur
pour enlever tous les solides qui ne peuvent pas
être éliminés par le tamis vibrant. Pour bien
débarrasser la boue de ces solides intrus, on
utilise un autre tamis appelé « mud cleaner », et
même, parfois, une centrifugeuse.

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

Le tubage et la cimentation
L e puits, une fois foré, doit être couvert pour
empêcher les parois de s’effondrer. On descend
alors des tubes appelés « tubage » [casing] et on les
1
Tubage
cimente (1).

Ces tubes, d’une dizaine de mètres chacun,


comportent des filetages (mâle en bas et femelle en Ciment
haut). Ils sont vissés l’un dans l’autre et descendus
jusqu’au fond du puits.
On utilise une clé (2) automatique pour les visser.

Ce tubage peut être une colonne complète qui


remonte jusqu’en surface, ou une colonne qui s’arrête
plus bas, appelée « colonne perdue » [liner].

Une fois le tubage complètement descendu, on


doit le cimenter pour bien le sceller dans le puits.
Le ciment utilisé doit résister à la température
élevée qui règne dans le puits. Il est livré dans des
silos. 2
Le ciment est mélangé à l’eau à laquelle on
ajoute des produits pour ajuster les caractéristi-
ques du laitier de ciment.
On injecte ensuite ce dernier dans le tubage.
On le pousse après par la boue, jusqu’à ce qu’il
arrive au fond, remonte par l’espace annulaire
entre les tubes et le puits, jusqu’à ce qu’il arrive à
la côte voulue.
Le ciment est séparé de la boue par des bouchons
en caoutchouc, initialement contenus dans une tête
de cimentation.

Le ciment est séparé de la boue par des bouchons en caoutchouc, initialement installés dans
une tête de cimentation (3).

Le ciment est fabriqué et injecté dans le puits à l’aide d’une unité de cimentation (4).

4
Bouchon supérieur 3

Bouchon inférieur

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

M ode opératoire :
Le tubage est muni, à son bout, d’un sabot [shoe] qui le guide durant sa descente dans
le puits, et, une vingtaine de mètres plus haut, d’un anneau [cementing collar] qui retient les
bouchons de cimentation [cementing plugs].

Une fois le tubage au fond, on place, à sa tête, la tête de cimentation [cementing head],
contenant les deux bouchons, et on la connecte aux conduites arrivant de la pompe de forage
et de l’unité de cimentation [cementing unit].

Pour cimenter, on commence par libérer le bouchon inférieur (1), puis fabriquer et pomper
simultanément le ciment (2). Ce dernier descend dans le tubage derrière le bouchon inférieur,
jusqu’à ce que ce dernier pose (3) sur l’anneau. En continuant le pompage, le bouchon étant
retenu par l’anneau, ne pouvant pas se déplacer, éclate (4) sous l’effet de la pression et laisse
le ciment passer. Une fois le volume total de ciment pompé (5), on libère dessus le bouchon
supérieur (6) et on continue à déplacer le ciment par la boue (7). Le ciment arrive au bout du
tubage, sort par le sabot et remonte dans l’espace annulaire. On arrête le pompage de la boue
lorsque le bouchon supérieur repose (8) sur le bouchon inférieur, déjà bloqué sur l’anneau, ce
qui est indiqué par une augmentation brusque de la pression, appelé à-coup de pression.

1 2 3 4

Lancement du Pompage du ciment Le bouchon inférieur Éclatement du


bouchon inférieur arrive sur l ‘anneau bouchon inférieur et
passage du ciment

5 7 8
6

Poursuite de la Lancement du bou- Chasse du ciment Le bouchon supérieure


cimentation chon supérieur par la boue arrive sur le bouchon
inférieur
Fin de la cimentation

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

I l existe un autre type de cimentation : celui de cimenter en deux étages. Le premier


s’effectue comme décrit précédemment, mais, pour le deuxième, un manchon troué et
protégé par une chemise, appelé DV, est placé plus haut, à la côte prévue pour le deuxième
étage. Une fois la cimentation du premier étage terminée, on lance dans le tubage un autre
bouchon, en métal, qui vient se poser sur la chemise de la DV et la fait glisser vers le bas pour
découvrir les trous par lesquels passe le ciment. A la fin, on lance un autre bouchon et on
chasse par la boue, jusqu’à ce que ce deuxième bouchon pose sur une autre chemise et la fait
glisser pour obturer les trous de la DV.

La tête de puits
U ne fois le tubage de surface
posé, on pourrait continuer
le forage sans prendre de
Tête de
puits
Tubage

précaution, mais ceci serait


Coin
risqué.
d’ancrage
La colonne de ciment qui
entoure le tubage n’arrive pas
toujours en surface (exception
faite pour la première colonne de
tubage). Aussi la partie non
sol
cimentée doit être suspendue
pour que les tubes ne s’écrasent
pas.

L a tête de puits [well head] est un corps dans lequel le tubage est suspendu par des coins
d’ancrage [casing hangers].
La tête de puits permet de :
– Supporter le poids des tubages suspendus
– D’isoler le puits de l’environnement extérieur
– D’isoler les espaces annulaires des différentes colonnes de tubage
– Maintenir les pressions du puits
– Contrôler la production du puits (arbre de noël)

Arbre de Noël

Éléments de
suspension des Un des éléments de la
tubages tête de puits

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

Les obturateurs
L ors du forage, lorsqu’un effluent (du gaz, du pétrole ou de l’eau) sort de la roche dans
laquelle il est contenu (réservoir) et s’introduit dans le puits, on dit que c’est une venue. Il
faut alors fermer immédiatement le puits, sinon, le fluide chasse la boue au-dessus de lui et
remonte dans le puits. S’il atteint une certaine hauteur, il devient difficile à contrôler, ce qui
s’appelle éruption [blow out].

Afin d’éviter ce genre de problème, on place, au-dessus de la tête du puits, des obturateurs
[Blow Out Preventers = BOP], qui ne sont que des vannes qui ferment le puits, même s’il
contient des tiges.

L e puits est équipé de plusieurs types d’obturateurs (1) :

• obturateurs à mâchoires : ces équipements comportent des mâchoires en acier [rams],


fixes ou variables, qui comportent des garnitures qui assurent l’étanchéité entre l’intérieur
du puits et les tiges qui en sortent. Les mâchoires qui ferment le puits avec les tiges
dedans s’appellent des mâchoires à fermeture sur tiges [pipe rams]. Si le puits est vide,
on utilise des mâchoires dites à fermeture totale [blind rams].
• Obturateur annulaire : au-dessus des obturateurs à mâchoires est placé un obturateur
appelé annulaire qui comporte une membrane en caoutchouc, qui peut se ferme sur
n’importe quelle section. Cette membrane se ferme même complètement si le puits est
vide.

Sous ces obturateurs est placée une 1 Obturateur à membrane


« croix » [mud cross] qui permet de
circuler la boue et contrôler le puits
lorsque les obturateurs sont fermés.
Cette croix possède deux conduites : Obturateur à mâchoires
• La première, appelée « kill line »,
est connectée au manifold du
plancher. Elle permet d’injecter la
Kill line Choke line
boue sous les obturateurs.
• L’autre, appelée « choke line », Croix de circulation
Tête de puits
permet l’évacuation de la boue et
de l’effluent. Elle est connecté à
un manifold (2) [choke manifold]
comportant, à l’amont, deux
d u ses [ ch okes] aj u st abl es
manuellement ou à distance,
pour contrôler la pression de
Dégazeur
circulation, et, à l’aval, une 2
chambre de décompression et
des sorties, une vers la torche
pour brûler les hydrocarbures Duse
évacués du puits, une autre vers
le bourbier pour y déverser l’eau
ou la boue f o r t e m e n t Choke line Bourbier
contaminée, et la troisième sortie
vers le dégazeur pour enlever le
gaz de la boue avant de
l’injecter dans le circuit.
Choke manifold
Torche

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

Les problèmes de puits


G éologie : le terrain qu’on fore n’est pas homogène. Il est formé de plusieurs couches de
roches différentes. Chaque roche a ses caractéristiques particulières et exige des
méthodes et moyens particuliers pour être forée.

Quelques exemples de roches :


Les argiles fluentes : ce sont des argiles qui contiennent de l’eau. Elles ont la caractéris-
tique de fluer et de se manifester dans le puits lorsqu’on les fore, provoquant ainsi le coince-
ment des tiges et de l’outil.
Afin d’éviter leur fluage, il faut augmenter la pression hydrostatique de la boue en augmen-
tant sa masse volumique.

Les argiles gonflantes : ce sont des argiles assoiffées qui gonflent au contact de l’eau et
viennent coincer les tiges et l’outil.
Pour éviter le gonflement de ces argiles, il faut, entre autres, utiliser une boue à base d’hui-
le.

Les sels : ils se dissolvent dans l’eau de la boue, ce qui crée des cavages, entraînant des
éboulements des terrains qui vont coincer les tiges et l’outil.
Afin d’éviter la dissolution des sels, on utilise une boue à base d’huile ou une boue à base
d’eau préalablement saturée en sel (boue salée saturée).

L es pertes de boue : si l’on fore une roche


qui ne supporte pas la pression hydrostati-
que de la boue, cette dernière entre dans la
roche et son niveau dans le puits chute. Cela
s ’appelle « une perte ». Cette perte entraîne la
chute de la pression qui s’exerce sur les parois Chute du niveau de
du puits, les effluents ou les argiles fluentes. la boue
Ceux ci s’introduisent ainsi dans le puits, créant
des venues ou des coincements.
Pour éviter ce problème, il faut utiliser une
boue qui exerce une pression sur la zone à
pertes inférieure à la pression qui provoque cet- Perte sous le sabot
d’un tubage
te perte.

Perte aux interfaces


de terrains

L es venues : lorsqu’on fore une roche conte-


nant un effluent (eau, pétrole ou gaz), ap-
pelée « roche réservoir », il faut lui appliquer
une pression hydrostatique de boue supérieure
à la pression de l’effluent qu’elle contient. Pour
augmenter la pression hydrostatique de la
boue, on augmente sa masse volumique Perte dans les sables
(appelée, sur chantier, « densité ») en ajoutant
de la baryte.

Exemples de pertes

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

P roblèmes complexes : il est facile de forer une zone à perte seule, il suffit de diminuer la
pression hydrostatique de la boue. Il est également facile de forer une zone à venue seule,
il suffit d’augmenter la pression hydrostatique de la boue.
Mais si on fore ces deux zones ensemble, en augmentant la pression hydrostatique de la boue,
on tombe en perte et en la diminuant, on déclenche une venue.
Dans de telles situations, on est obligé de forer les deux zones séparément : c’est à dire qu’il
faut forer la première zone, puis on descend le tubage et on le cimente. On continue le forage
avec un outil de diamètre inférieur au diamètre intérieur du tubage puis on descend un autre
tubage et on le cimente. On dit alors qu’on fore le puits en plusieurs phases, chacune
comprenant le forage et le tubage.

1ère phase

2ème phase

A Hassi-Messaoud, on fore les phases suivantes :


— 1ère phase : forage en 26’’ de 0 à 500 mètres, puis descente et cimentation du tubage
18’’5/8,
— 2ème phase : forage en 16’’ de 500 à 2300 mètres, puis descente et cimentation du
tubage 13’’3/8,
— 3ème phase : forage en 12’’1/4 de 2300 à 3200 mètres, puis descente et cimentation du
tubage 9’’5/8,
— 4ème phase : forage en 8’’1/2 de 3200 à 3320 mètres, puis descente et cimentation du
tubage 7’’,
— 5ème phase : forage en 6’’ de 3320 mètres à la fin du forage, puis descente et
cimentation du liner 4’’1/2.

L e programme de forage/tubage/boue : rédigé par l’ingénierie en fonction des


difficultés prévues, il donne toutes les informations nécessaires pour la construction du
puits :
Emplacement du puits,
Données géologiques,
Côtes et diamètres des différentes phases (forage et tubage),
Types et caractéristiques de la boue,
Hauteurs à cimenter,
Carottage, diagraphies, essais du puits.

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

Les instrumentations
Ce sont les opérations non programmées qui sont réalisées pour remédier aux problèmes du
puits qui sont la cause de l’arrêt du forage.
Ces opérations sont dues aux coincements, rupture de l’outil ou du matériel tubulaire, chute
d’objets dans le puits.

L es coincements : peuvent être causés par le fluage ou le gonflement des argiles, les
éboulements, la pression différentielle ou le « trou de serrure ».

Le coincement par pression différentielle survient lorsque la pression hydrostatique


exercée par la boue est très élevée par rapport à celle de l’effluent enfermé dans la roche. Son
effet est amplifié par le dépôt de « cake » épais sur les parois et l’inclinaison du puits. Ce
coincement se situe au niveau des masse-tiges, là où le jeu entre la garniture de forage et le
puits est petit, et ne se déclenche que lorsque la garniture est immobile.
Le « cake » est formé des solides contenus dans la boue. En face d’une roche poreuse et
perméable, la boue s’infiltre, c’est à dire que sa phase liquide pénètre dans la roche alors que
les solides, ne pouvant pas entrer, se déposent sur les parois, diminuant ainsi le jeu
entre les masse-tiges et le trou, ce qui favorise le coincement par pression différentielle.

Le « trou de serrure » est formé par les tiges dans les puits inclinés. En effet, puisque le
trou est incliné, les tiges, travaillant en tension, creusent la paroi créant un autre trou à côté
de celui principal, ce qui ressemble, en vue de dessus, à un trou de serrure. Le forage se passe
normalement, mais lorsqu’on remonte l’outil, les tiges passent normalement, et ce n’est que
lorsque les masse-tiges arrivent au niveau de ce trou qu’elles ne passent pas, puisque leur
diamètre est supérieur à celui du trou de serrure.

R emèdes : la garnitures de forage possède quatre axes de liberté principaux :


— mouvement vers le haut,
— mouvement vers le bas,
— rotation,
— circulation.
Tant qu’un ou plusieurs facteurs existent, il y a de fortes chances de libérer la garniture. Le
coincement devient très difficile si ces quatre facteurs disparaissent.
Pour décoincer une garniture, il faut essayer de garder le maximum de facteurs libres et en
regagner les autres. Par exemple, si la garniture est coincée vers le haut, il faut essayer de se
dégager vers le bas, tourner et circuler. Le fait de tirer la garniture vers le haut peut la
décoincer mais il y a de fortes chances qu’elle se coince davantage.
Pour décoincer une garniture, il faut veiller à ne pas dépasser les valeurs limites de tension,
couple de rotation et pression, tout en gardant une certaine marge de sécurité.
La garniture de forage peut être dotée d’une coulisse de battage qui sert à battre vers le
haut ou vers le bas pour décoincer.
Si la garniture reste coincée, on peut la libérer en reforant vers le haut avec les bras de
l’outil [back reaming].
S’il devient impossible ou non rentable de décoincer, on doit dévisser à l’explosif [back-off],
récupérer toute la partie libre et continuer le forage en déviation.

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

R upture de tiges : une tige subit des contraintes permanentes en travaillant dans le
puits : tension, rotation et pression. En plus, les frottements et l’érosion l’affaiblissent, ce
qui diminue ses résistances aux différentes contraintes.
Si les tiges ne travaillent pas dans leur domaine d’utilisation, tout en gardant une marge de
sécurité, elles risquent de se détériorer et se rompre. La partie inférieure chute dans le puits,
empêchant ainsi la poursuite du forage.
Pour pouvoir continuer le forage, il est nécessaire de repêcher la partie restée dans le
puits, appelée poisson [fish]. On utilise un « overshot », qui comprend une spirale (1) ou des
coins (2) glissant sur une portée conique en dent de scie. Il suffit d’introduire la tête du poisson
dans cet outil et tirer pour le remonter.

Si la tête du poisson est endommagée et ne permet pas à l’overshot de la coiffer, on utilise


un « taraud » (4) ou une « cloche taraudée » (3).

R upture des tubage : si c’est le tubage qui s’est détérioré, on utilise un outil appelé
« casing spear » (5)ou « releasing spear », qui possède des coins extérieurs glissant sur
une portée conique en dent de scie.

R upture du câble : le câble servant aux opérations électriques peut aussi se casser et tom-
ber dans le puits. Pour le repêcher, il faut utiliser un harpon (6).

2 3 4
Overshot Cloche taraud
1 à coins taraudée
Overshot
à spirale

5
6
Casing
spear Harpon

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

R upture d’outil ou chute d’objet : si l’outil tricône s’use et n’est pas remonté à temps, il
risque de se détériorer et laisser une molette ou plus dans le puits.
Il arrive parfois également qu’un objet tombe accidentellement dans le puits (une peigne
de clé ou de cale, une masse, une clé, …). Tout objet qui tombe dans le puits empêche la
poursuite du forage et il est nécessaire de le remonter complet ou le détruire et le remonter en
petits morceaux.

Pour cela on utilise :

L’aimant (1) : c’est un aimant de forte capacité attaché au bout d’un tube qui remonte la
ferraille par effet magnétique.

Le carottier de repêchage (2): c’est une couronne reliée au bout d’un tube. On carotte
quelques centimètres du terrain autour de la ferraille. Une fois introduite dans le tube, la
ferraille ne peut plus en sortir, parce qu’elle sera retenue par des doigts rabattables.

Les fraises (3) : si la ferraille dans le puits est volumineuse ou lourde et ne peut pas être
remontée à l’aide de l’aimant ou du carottier de repêchage, on la détruit avec une fraise puis
on la remonte en petits morceaux.

3 Fraises

1 Aimant Carottier de
2 repêchage

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

Contrôle des venues


L orsqu’un effluent (pétrole, gaz ou eau) sort de la roche qui le contient et s’introduit dans
le puits, on dit que c’est une venue [kick].

La venue empêche la poursuite du forage, puisque l’effluent continue à entrer dans le puits
en chassant la boue, jusqu’à ce qu’il arrive en surface, où il risque de prendre feu et créer des
dégâts importants. Même si l’effluent ne prend pas feu, il peut faire tomber l’appareil.

Quelque soit l’ampleur de la venue et la nature de l’effluent, la poursuite du forage devient


impossible. Il faut alors mettre le puits sous contrôle pour poursuivre le forage.

L’effluent est maintenu dans la roche réservoir qui le contient grâce à la pression
hydrostatique exercée par la boue, qui est supérieure à sa pression. Si la pression hydrostati-
que prévisionnelle est insuffisante, ou si pour une raison quelconque, la pression de la boue
chute jusqu’à devenir inférieure à celle de l’effluent (perte par exemple), il y a venue.

Lorsque l’effluent s’introduit dans le puits, il chasse la boue qui va jaillir en surface. Si on
ferme les obturateurs à temps, il devient facile de contrôler le puits, c’est à dire revenir à l’état
initial, et continuer le forage. Mais si le volume de l’effluent introduit dans le puits (le gain)
devient important, il est impossible même de fermer les obturateurs, sous peine de craquer le
puits au point le plus faible : la venue devient une éruption [blow out], catastrophe économique
et écologique crainte par les pétroliers. La remise du puits sous contrôle devient très
dangereuse, très difficile et très coûteuse, exigeant l’intervention d’une équipe d’experts et des
moyens très importants.

Il est donc très important de surveiller le puits en permanence, surtout pendant le forage
d’un réservoir important. Des moyens de détection de venues sont placés dans le circuit de la
boue et tout le personnel doit être qualifié et entraîné pour intervenir et arrêter la venue à
temps, avant qu’elle ne devienne une éruption.

C ontrôle d’une venue : on peut détecter une venue par l’augmentation du volume de la
boue dans les bacs. Ce volume supplémentaire représente celui de l’effluent introduit dans
le puits. Il s’appelle le « gain ».

Si, pendant le forage, on constate l’augmentation du volume de la boue dans les bacs, on
commence par arrêter le forage et la circulation, fermer un obturateur et noter le gain et les
pressions.

Grâce au gain et aux pressions, on peut calculer la masse volumique (appelée, sur chantier,
densité) de la boue qui devrait être utilisée pour empêcher l’effluent de s’introduire dans le
puits. C’est ce qu’on appelle la densité requise.

Contrôler la venue consiste à évacuer l’effluent et remplacer la boue dans le puits par une
autre boue alourdie à la densité requise. On peut alors ouvrir les obturateurs et continuer le
forage en toute sécurité.

Pour évacuer l’effluent, l’outil doit être au fond du puits. Il suffit d’envoyer la boue à
l’intérieur des tiges (comme en forage). Elle arrive jusqu’à l’outil, sort par ses duses et remonte
dans l’espace annulaire. Arrivée en surface, elle trouve les obturateurs fermés : elle sort alors
par la choke-line, et va vers le manifold de duses. Ce circuit est nécessaire pour bien contrôler
la circulation de la boue tout en appliquant une contre-pression qui empêche un autre volume
d’effluent de s’introduire dans le puits.

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

Lorsque l’effluent sort en surface, il est dirigé soit vers la torche s’il s’agit de gaz ou de
pétrole, soit vers le bourbier si c’est de l’eau, soit vers le dégazeur si c’est de la boue contami-
née par le gaz.

Une fois l’effluent totalement évacué, on remplace la boue par celle de densité requise, puis
on ouvre les obturateurs et on continue le forage.

Il est plus facile de contrôler une venue si l’outil est au fond du puits. Mais s’il est en sur-
face ou le puits est totalement vide, l’opération devient très difficile et demande des opéra-
tions particulières, en fonction des cas. Entre autres, on peut descendre l’outil jusqu’au fond
tout en gardant l’obturateur annulaire fermé sur les tiges : ce qui s’appelle « stripping ».

Le carottage
L ’analyse des déblais donne des informations intéressantes aussi
bien pour le foreur que pour le producteur et le géologue. Mais,
parfois, ces informations sont insuffisantes ou erronées, surtout s’il
s’agit d’un réservoir intéressant.
Pour cela, on prend un échantillon plus représentatif de ce réservoir,
appelé « carotte », à l’aide d’un outil appelé « carottier ».

L e carottier est composé d’un tube extérieur vissé au bout des


tiges, qui l’entraînent en rotation. A son bout est vissée une
« couronne de carottage », qui n’est autre qu’un outil creux, qui ne fore
que l’extérieur du puits et laisse la roche intérieure intacte. Cette roche
pénètre dans le carottier dans un tube intérieur qui, lui, ne tourne pas.
Lorsque le carottier, de quelques mètres, est plein, on le remonte et
on récupère la carotte. Carotte

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

Les essais de puits


Une fois le réservoir foré, on doit connaître la nature et les caractéristiques de l’effluent qu’il
renferme.
Pour cela, on fait ce qu’on appelle des essais du puits [drill stem tests = DST], qui ne sont
que des venues contrôlées.
En effet, l’effluent est maintenu dans la roche réservoir grâce à la pression exercée par la
boue. Il suffit de diminuer cette pression pour que l’effluent sorte de sa roche et remonte
jusqu’en surface, mais d’une manière contrôlée et sécurisée.

Pour cela on descend, au bout des tige, un « train de test » qui comprend essentiellement
une vanne qui ferme le passage par l’intérieur des tiges appelée « vanne de fond » et une
garniture d’étanchéité à l’extérieur appelée « packer ».
Au-dessus de la vanne du fond, les tiges sont vides ou remplies partiellement par de l’eau
(tampon d’eau).

Tampon d’eau

Train de tiges

Vanne de circulation inverse

Vanne de fond (fermée)

Packer

Crépines

Réservoir

Une fois arrivé au fond, on gonfle le packer qui vient obturer le passage par l’extérieur des
tiges, puis on ouvre la vanne du fond : l’effluent, ne pouvant pas remonter par l’extérieur
puisqu’il est empêché par le packer, passe par l’intérieur des tiges, parce que la pression qui
est appliquée sur lui est faible. Il remonte alors jusqu’en surface, où toute une installation est
prévue pour l’accueillir. Cette installation comprend essentiellement des vannes, des conduites,
des torches, un séparateur, des instruments de mesure, et des citernes qui transportent
l’effluent si c’est du pétrole.

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

Le séparateur (1) est un réservoir cylindrique qui reçoit l’effluent brut (formé de pétrole,
gaz, eau et même de le terre) et sépare les différentes phases. Le pétrole va vers les bacs de
stockage puis vers les citernes, le gaz est dirigé vers la torche pour être brûlé, et l’eau et les
solides vers le bourbier.

Une fois l’essai du puits terminé, on ferme la vanne du fond, on remplace l’effluent dans les
tiges par de la boue en circulation inverse, puis on désancre le packer et on remonte le train
de test.

Torche

Gaz
Arrivée
effluent brut Huile Stockage

Eau

Bourbier

1 - Séparateur

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

Le forage dirigé
L e forage est dit « dirigé » lorsque le début et la fin du puits ne sont pas dans la même
verticale.

On réalise un puits dévié pour des raisons quelconques, par exemple, implanter l’appareil de
forage dans une zone non habitée pour atteindre un réservoir situé à la verticale d’une zone
habitée.

Quelquefois, suite à l’impossibilité de repêcher un poisson du puits, on continue le forage en


déviation.

Il existe deux types de profils : le profil en J et celui en S.

Le forage horizontal est un forage dirigé en J dont l’inclinaison est proche de 90°. Il est
réalisé dans le réservoir pour augmenter son débit, en fonction de ses caractéristiques.

Profil en J Profil en S Puits horizontal

Si l’inclinaison n’est pas très importante, on peut continuer tout le forage en faisant tourner
la garniture comme dans un puits vertical. Mais, si l’inclinaison devient importante, on utilise
une turbine ou un moteur de fond qui sont placés tout près de l’outil. C’est la boue qui, en
entrant dans ces moteurs ou turbines, les fait tourner et entraîne l’outil en rotation tout en
gardant la garniture de forage immobile.

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INTRODUCTION AU FORAGE PETROLIER

Pour réaliser un puits dirigé, on commence par forer la partie verticale. Ensuite, on descend
un dispositif incliné appelé « sifflet déviateur (1) » au fond du puits. L’outil de forage glisse sur
la pente inclinée et quitte l’axe du puits. Le point de changement d’angle du puits s’appelle
« kick-off point (2) ». L’amorce de déviation peut également être réalisé avec un moteur de
fond et un raccord coudé.

Partie verticale

Kick-off point (amorce de la déviation)

Partie dirigée

Inclinaison

2 Sifflet déviateur

Des instruments de mesure, comme le MWD (Measuring While Drilling) sont descendus
pour mesurer les différents paramètres, notamment l’inclinaison et la direction du puits. Afin
que ces mesures ne soient pas faussées par le champ magnétique terrestre, l’instrument de
mesure est descendu à l’intérieur d’une masse-tige spécialement conçue pour cela. Elle est en
acier non magnétique appelé aussi « k-monel ».

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