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Introduction
L’existence d’un être vivant est marquée par quatre phénomènes importants : la
prolifération, la différenciation, la croissance et la mort.
La survie d’un organisme résulte d’un équilibre entre les processus de multiplication et de
différenciation d’une part et la mort cellulaire d’autre part.
Tous les êtres vivants ont une durée de vie limitée dans le temps. Ils sont appelés à disparaître
naturellement par un processus programmé ou accidentel : c’est la mort.
Jusqu’aux années 1970, la mort cellulaire était vue comme l’aboutissement de modifications
délétères survenant au voisinage de la cellule : des phénomènes d’hypoxie, l’augmentation ou la
diminution de la température locale, l’action de diverses toxines, de rayons X ou UV, conduisant
à la mort cellulaire par un phénomène de nécrose.
En 1972 John Kerr, Andrew Wyllie et Alastair Curie lors de l'étude de tissu par microscopie
électronique remarquèrent que certaines cellules, apparemment tout à fait normales, pouvait
brutalement disparaître. Ils choisirent le mot « apoptose » (apoptosis) pour décrire ce phénomène
de mort cellulaire naturelle. Ce mot provient d'une locution grecque évoquant la « chute des
feuilles ». Elle avait déjà été employée en médecine par Hippocrate de Kos (460-377 av. J.C.)
dans son traité De Instruments de réduction pour décrire la décomposition des tissus après la
mort (« chute des os »).
Ce phénomène, que l'on nomme « mort cellulaire programmée » ou « apoptose », est nécessaire
au développement et au maintien du bon fonctionnement d'un organisme vivant.
I. Définitions
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Elle est en équilibre constant avec la prolifération cellulaire. Morphologiquement, l'apoptose
correspond à une rétraction progressive de la cellule, avec condensation de la chromatine et
du cytoplasme, suivie d'une fragmentation caractéristique de l'ADN aboutissant à la
formation de fragments cellulaires ou corps apoptotiques.
L’apoptose est donc un mécanisme régulateur essentiel qui intervient dans l'homéostasie
cellulaire, et constitue le type de mort cellulaire tout désigné pour l'élimination des cellules
excédentaires ou « nuisibles ».
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A la différence de la nécrose, l’apoptose affecte en général les cellules isolées,
aboutissant à un processus de condensation et de fragmentation. Ces cellules mettent en place
un « mécanisme de suicide » qui se traduit par de nombreux changements morphologiques.
Les premières manifestations se caractérisent par une compaction et une marginalisation de la
chromatine nucléaire, une convolution des membranes nucléaires et cytoplasmiques, une
condensation du cytoplasme. Le noyau se fragmente et ensuite, chaque fragment est entouré
d’une double enveloppe. Les corps apoptiques (éléments cytoplasmiques et nucléaires) sont
ensuite relargués et vont être phagocytés par les cellules voisines. Cette élimination est
primordiale car elle permet de ne laisser aucune trace dans le tissu où survient l’apoptose, en
particulier, elle prévient toute nécrose secondaire qui aurait pour conséquence la libération
aléatoire du contenu cellulaire ; elle permettrait ainsi de limiter l’établissement d’une réaction
inflammatoire.
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phagocytose des débris phagocytose des corps
cellulaires par les monocytes apoptotiques par les cellules
voisines
Lyse de la membrane
première étape dernière étape
plasmique
Hydrolyse de l'ADN dernière étape première étape
Volume cellulaire augmentée diminuée
Densité cellulaire diminuée augmentée
Concentration calcique diminuée augmentée
Organites intracellulaires lysés "intacts"
Cible groupe de cellules cellules isolées
Au début de sa formation, la main ressemble à une moufle (ou une palme), puis les cellules
se trouvant entre les futurs doigts disparaissent. De même les orteils se forment par ce
mécanisme.
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La perte de la queue du têtard lorsqu'il devient grenouille.
Les cellules constituant la queue meurent les unes après les autres, selon un ordre précis et
programmé. La mort des cellules (apoptose) provoque ainsi la disparition de l'organe inutile au
stade adulte.
Très tôt dans l'embryogenèse, le cerveau subit une vague apoptotique qui le remodèle.
Ensuite, les neurones forment entre eux des liaisons synaptiques au hasard, et une deuxième
vague apoptotique élimine ceux qui n'ont pas établi de liaisons utiles.
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Elle peut également avoir un rôle moteur dans la rétraction des cellules mortes entraînant
la mobilisation des tissus voisins. Ce mécanisme a notamment été décrit chez l'embryon
de la drosophile.
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3. Rôle dans la différenciation intestinale
Les cellules intestinales sont en perpétuel renouvellement (avec une durée de vie de quelques
jours seulement) et migrent du bas des cryptes vers le sommet des villosités intestinales de
l'intestin grêle où elles assurent leur fonction d'absorption des nutriments. Ultimement elles se
décrochent et enclenchent un phénomène apoptotique particulier appelé anoikis, dû à la perte de
contact cellule-cellule ou cellule-matrice extracellulaire.
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La perte des contacts entre certaines cellules, ou bien entre ces cellules et leur matrice
extracellulaire environnante induit de façon extrêmement rapide un processus apoptotique appelé
anoikis.
L'apoptose peut aussi être causée par la dégradation des télomères des chromosomes.
Elle peut être inhibée par les télomérases. Ce processus est aussi appelé horloge biologique.
V. Déroulement de l'apoptose
L'apoptose est une forme de mort cellulaire active qui nécessite la participation de la cellule pour
sa propre mort par le biais d'événements intracellulaires qui sont en fait placés sous contrôle
génétique. La découverte des familles de gènes et protéines impliqués dans le déroulement de
l'apoptose et de sa régulation est venue de l'étude du développement d'un petit ver transparent :
Caenorhabditis elegans.
De manière schématique un processus apoptotique peut-être décomposé en 3 phases
successives : phase d’induction, phase effectrice et phase de destruction.
1. Phase d'induction
La survie des cellules dépend de leur capacité à trouver dans leur environnement proche les
signaux qui leur permettent de réprimer jour après jour le déclenchement de leur suicide. Ces
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signaux seront intégrés par la cellule qui en fonction de son génotype et de son état
physiologique, orientera sa réponse soit vers la mort, soit vers la survie, la prolifération ou la
différenciation cellulaire. Leur nature peut être très variable aussi bien physiologique que
pathologique, intra- qu'extracellulaire. Ainsi, lorsque les récepteurs de la membrane plasmique
reçoivent les signaux de la mort, ils entraînent le recrutement des protéines adaptatrices.
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Le mécanisme de l’apoptose est gouverné par deux voies principales d’activation :
- une voie dite extrinsèque, impliquant des récepteurs appartenant à la superfamille des
récepteurs au TNF (Tumor Necrosis Factor-receptor),
- une voie dite intrinsèque mettant particulièrement en jeu la mitochondrie. Cette voie est
gouvernée par des protéines appartenant à la superfamille de Bcl-2.
Ces deux voies conduisent à l’activation de protéases à cystéine appelées caspases, responsables
des phénomènes morphologiques et biochimiques observés : exposition de phosphatidylsérine à
la surface de la membrane cellulaire, arrêt de la réplication, fragmentation du noyau et du
cytosquelette entraînant la formation de corps apoptotiques phagocytés par les cellules
environnantes.
1. Structure et fonctions des caspases, les protéines effectrices de l'apoptose
L'apoptose est donc irréversiblement déclenchée par l'activation de protéases intracellulaires : les
caspases, dont on dénombre actuellement chez les mammifères 14 membres.
1.1. Structure des caspases
Les caspases existent normalement dans la cellule sous forme de précurseurs inactifs appelés
procaspases. Elles sont successivement activées en cascade, et leur activation conduit
irrémédiablement la cellule à sa mort, avec les caractéristiques morphologiques et biochimiques
précédemment citées.
On distingue :
- les caspases dites initiatrices / activatrices (caspase-8 et -9 et -10)
- les caspases dites exécutrices / effectrices (caspase-3 mais aussi caspase-6 et caspase-7)
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1.2. Spécificité et fonctions des caspases
Les caspases clivent spécifiquement des substrats cellulaires après un résidu d'acide aspartique
qui se situe en position P1 du motif tétrapeptidique P1-P2-P3-P4 reconnu.
Comment agissent les caspases pour induire cette phase de dégradation cellulaire au cours de
laquelle plus d'une centaine de cibles cellulaires seront dégradées ?
Trois activités principales ont été décrites :
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La signalisation par Fas recrute un complexe composé d'une molécule adaptatrice FADD
(Fas Associated Death Domain) et de la procaspase-8. FADD se lie à travers son propre
domaine de mort à ceux des récepteurs Fas. FADD contient également un domaine qui se lie à
la procaspase-8. La formation de ce complexe entraîne le clivage de la caspase-8 qui est alors
produite sous sa forme dimérique active, puis la cascade d'activation séquentielle des
différentes caspases parmi lesquelles la caspase-3. Ces différentes protéases effectuent le
clivage de plusieurs molécules, parmi lesquelles des protéines de structure et des protéines
impliquées dans les systèmes de réparation cellulaire. Il existe 2 voies de transduction du signal
de la voie Fas, dépendant du type cellulaire. Dans les cellules de type 1 comme les thymocytes,
la caspase 8 active directement la caspase 3. Dans les cellules de type 2 comme les hépatocytes,
la caspase 8 active Bid, provoquant la libération du cytochrome c. L'association cytochrome c-
Apaf-1 active la caspase 9 qui active à son tour la caspase 3.
Les lymphocytes cytotoxiques peuvent induire l'apoptose d'une cible (cellule infectée) en
produisant Fas-L qui se fixera sur le Récepteur Fas. Lorsque le Récepteur Fas est activé par son
ligand une molécule particulière dénommée FADD (Fas associated death domain protein ;
protéine associée au death domain du Fas) est alors recrutée. Il s'agit d'une protéine adaptatrice
car elle va jouer le rôle d'un adaptateur. En effet, FADD à son tour recrute des molécules de
procaspase-8 et les agrègent entraînant leur activation en caspase-8 active. Cette activation se fait
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par protéolyse. Les molécules de caspase-8 activées activent en aval d'autres caspases (les
caspases effectrices) notamment la caspase-3 selon le processus en cascade précédemment
expliqué. Le complexe formé par Fas/FADD/procaspase-8 est dénommé DISC (Death-
Inducing Signalling Complex ; complexe de signalisation induisant la mort).
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diminution du potentiel transmembranaire mitochondrial (Delta Psi m), suivi du gonflement de
la matrice mitochondriale, une interruption du métabolisme énergétique aérobique et un stress
oxydatif. Par voie de conséquence, des protéines intermembranaires telles que la protéine AIF,
le cytochrome c, certaines pro-caspases, l'endonucléase G et d'autres facteurs vont être
relargués dans le cytosol, initiant la phase de dégradation. Cette phase de libération est sous le
contrôle des membres de la famille Bcl-2. Ainsi, Bcl-2 est capable de bloquer la sortie du
cytochrome c alors que Bax peut l'induire. Dans la majorité des cas la libération du cytochrome
c est indépendante de l'activité des caspases. L'activation des caspases induite par le
cytochrome c cytosolique associé à Apaf-1 ou l'apoptose induite par les récepteurs de mort ne
sont pas des mécanismes totalement indépendants.
Durant l’apoptose, l’ADN est digéré de façon très spécifique en fragments dont les tailles
sont des multiples de 180 paires de bases, ce qui cause une distribution très caractéristique des
fragments d’ADN en « échelle » lorsque qu'ils sont séparés par électrophorèse suivant leur
taille. Cette taille est révélatrice de l'espacement entre deux nucléosomes consécutifs. Cette
digestion est assurée par les protéines CAD (Caspase Activated DNase), existant en temps
normal sous forme inactive en association avec une ICAD (Inhibitor of Caspase Activated
DNase). Cette ICAD cache la séquence NLS de CAD et le clivage de cette association par une
caspase va permettre à la protéine CAD de rentrer dans le noyau, qui jouera son rôle de DNase
clivant l'ADN.
L'un des mécanismes de l'apoptose dans les cellules cardiaques post ischémiques semble
consister en la nitration des protéines cellulaires par un excès de peroxynitrites. Ces
peroxynitrites induisent également l'apoptose des monocytes et des lymphocytes T.
Par exemple quand les cellules ne reçoivent pas en permanence de leurs voisines des messages
inhibant leur autodestruction, elles disparaissent spontanément.
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