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Pendant des siècles, le commerce de détail avait été régi par le système des corporations, qui

réglementait l'accès aux professions et faisait obligation aux commerçants de rester confinés à une
seule spécialité. Aristide Boucicaut marque l’histoire en introduisant de nouvelles pratiques
commerciales qui remettent en cause les usages traditionnels. Il est en perpétuelle innovation et
modifie en profondeur les relations entre les clients et les fournisseurs.

Subjugué par l’étalage de biens et par l’effervescence de la foule qui s’extasie devant chaque stand,
Boucicaut a une idée qui va révolutionner le commerce et poser les fondements de la grande
distribution : le libre accès du consommateur au magasin, sans obligation d’achat. Il peut entrer et
sortir librement du magasin, sans obligation d'achat, il peut retourner un produit s'il n'est pas
satisfait, acheter à crédit ; il a le droit de toucher et d'essayer la marchandise sans être importuné.
Les prix sont affichés et fixes (fin des prix “à la bobine”, qui variaient en fonction de la tête du client).

Au cours des deux décennies suivantes, il invente le marketing et le merchandising, et fait du Bon
Marché un temple de la consommation incarnant les valeurs de la bourgeoisie du second Empire
(1852-1870). Le triple pari de Boucicaut était de mettre sous les yeux des clients une telle profusion
de biens qu’ils ne peuvent se retenir d’acheter ; leur laisser le choix de repartir sans effectuer
d’emplettes et d’afficher des prix fixes. Grâce à cette stratégie, il va, en vingt ans, multiplier par vingt-
cinq le chiffre d’affaires de son enseigne.

Le principe du rayonnage rationalise l’intérieur du Grand magasin: la marchandise y est plus


accessible car plus visible. Boucicaut, toujours aussi visionnaire, fera intégrer dans ses magasins une
autre invention présentée en 1867 à l’Exposition universelle par Léon Édoux : l’ascenseur (le tout
premier sera intégré chez un concurrent en 1869). Son sens de l’efficacité lui fait également prévoir
des dortoirs pour ses employées féminines non mariées au dernier étage de son magasin.

En janvier 1852, il créa « le mois du blanc » et installa les soldes pour alléger les stocks. Il l’a été créé
pour répondre à la problématique suivante : comment attirer au Bon Marché les clientes, après les
fêtes de fin d’année ? André Boucicaut a eu l’idée de remplir ses rayons de linge de maison à prix
cassé. Puisqu’à l’époque le linge de maison était presque exclusivement blanc, il baptisa l’opération
la semaine du blanc. La semaine se transforma en mois petit à petit. Le mois du blanc était né et avec
lui le principe des soldes.

Une autre invention : le premier catalogue de vente par correspondance en 1867. Ce catalogue
permet de présenter des centaines de produits (sans illustrations au départ) et de pouvoir les
commander à travers la France et l’étranger. Inventant les standards du prêt-à-porter, il redessina le
corps de la femme et imposa la vision idéalisée d’une parisienne libre, belle, légère et élégante. Le
volume d’impression de ces catalogues atteint régulièrement les 500 000 exemplaires et implique la
création d’un service dédié composé de 150 salariés ce qui permet d’augmenter le nombre d’emplois
à offrir au citoyens français. Au début les catalogues sont annuels puis deviennent saisonniers avec
des parutions en avril et octobre pour la confection. Ces périodes s’expliquent par la disponibilité des
ouvriers-tailleurs qui ont moins de travail en janvier-février puis juillet-août et contribuent ainsi à la
réalisation des catalogues. C’est ainsi qu’ont été fixées les dates de lancement des collections de
mode avec par extension des fashion weeks se déroulant toujours à ces deux mêmes périodes (mars-
avril et octobre)…

Pour conclure, en créant le premier grand magasin, Aristide Boucicaut jette les bases du commerce
moderne et de notre société de consommation. A sa mort en 1877, le Bon Marché, premier grand
magasin de l’histoire, est connu dans le monde entier et emploie 1.788 salariés qui servent 18.000
clients par jour. Elles peuvent se résumer en une phrase : désormais, le consommateur est roi.

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