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Introduction
Marie-Claire Bancquart
Bancquart Marie-Claire. Introduction. In: Romantisme, 1983, n°42. Décadence. pp. 3-8;
doi : https://doi.org/10.3406/roman.1983.4672
https://www.persee.fr/doc/roman_0048-8593_1983_num_13_42_4672
C'est en 1 868 que France a fait paraître des vers, au reste fort
mauvais, sur « La légende de sainte Thaïs, comédienne » :
dit-il à Hellas.
Les principes stylistiques dominants du Parnasse, équilibre,
harmonie, force des images, se déplacent alors vers une dissonance, un goût
de l'instable, des paysages de diaprures et de reflets. Ce déplacement se
note de façon plus directe dans les poésies du jeune Bourget, La Vie
Inquiète de 1874, Edel de 1878. Ce sont les vers d'un « décadent » qui
ne trouverait pas, dans la poétique contemporaine, de langage approprié
à son trouble intérieur.
Quoi d'étonnant si Bourget devient un des plus lucides analystes de
la Décadence ? Si France, critique au Temps, consacre des articles à
Huysmans, Gourmont, Schwob, Péladan et Papus ? « Les temps sont
revenus (écrit-il) d'Apulée et de Phlégon de Tralles. La magie occupe
une large part dans l'imagination de nos poètes et de nos romanciers ».
Il examine les causes de l'ennui contemporain dans un article du 25
janvier 1891, intitulé : « Pourquoi sommes-nous tristes ? ». Sa réponse
est que l'homme, en étendant son savoir, a reconnu la relativité et la
petitesse de son existence comme de sa place dans le monde. « Avec
la bonne ignorance la foi s'en est allée ». Dans une société dure aux
faibles, l'espérance et la charité ont fait naufrage. « Qui nous apportera
une foi, une espérance, une charité nouvelles ? ». Impossibilité de
croire et nostalgie d'une croyance, ce sont bien là les composantes
du mal fin -de-siècle : le sacré, sans cesse désiré, est sans cesse ressenti
comme lointain, et raisonné comme lointain, par des hommes fatigués
de trop connaître.
Jalon vers la Décadence, que cette mouvance du Parnasse un peu
oubliée maintenant. Elle unit chronologiquement le « mal du siècle »
au « mal fin de siècle », plus névrosé, plus attentif aux décompositions
du style et du corps. Epoque de savoirs et de curiosités, cette époque
fin -de-siècle rassemble, elle sollicite dans le sens de sa propre
expérience, les écrivains les plus divers : on trouvera ici, développés par
Alain Michel, Jean Gillet, Arnaud Laster, les exemples des auteurs
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