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Monnaie ELMORCHID Groupe2 PDF
Monnaie ELMORCHID Groupe2 PDF
Marrakech
Economie monétaire et
financière II
Groupe 2
B. Elmorchid
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Chapitre 1
Le marché monétaire
En vue de répondre aux différents besoins de financement, les actifs détenus par les agents
financiers ou non financiers peuvent être échangés directement sur des marchés. On parle de
marchés des capitaux. La volonté actuelle des autorités monétaires va dans le sens d’une
unification de ces marchés et d’un renforcement de leur interdépendance. Cependant, tant
pour des raisons factuelles que pédagogiques, nous les présenterons séparément.
Réalisant la confrontation directe entre les offreurs et les demandeurs d’argent, les marchés de
capitaux sont de deux types : le marché monétaire et le marché financier.
Alors que le marché financier est un marché où sont émis des titres à long terme, le marché
monétaire est un marché principalement à court terme (à l’exception du marché hypothécaire
qui est un marché monétaire sur lequel sont échangés des titres de long terme). Trois types
d’opérations devraient normalement s’y développer :
- Opération 1 : Un agent financier prêtant ou empruntant auprès d’un autre agent
financier.
- Opération 2 : La banque centrale offrant ou demandant des liquidités, en échange de
titres, aux agents financiers.
- Opération 3 : Un agent non financier prêtant ou empruntant auprès d’un agent
financier ou non financier.
Pendant très longtemps, le marché monétaire s’est résumé dans des opérations de 1er type. Les
établissements bancaires s’échangeant des liquidités ; on parlait du marché interbancaire au
sens étroit. Mais, tout aussi important était la 2ème opération : d’une part, en raison d’un besoin
net de financement des établissements bancaires ; d’autre part, parce que la banque centrale
trouvait dans ses injections et ses retraits de liquidités un moyen de contrôler l’activité
bancaire (le marché monétaire devient un instrument de la politique monétaire).
- Les achats et les ventes fermes de titres contre cessions définitives de monnaie
centrale.
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- Les prêts et les emprunts an blanc, c’est à dire sans exigence de titres en contrepartie
de la monnaie centrale cédée.
- Les ventes à réméré de titres : c’est une convention par laquelle le vendeur stipule
qu’il pourra, au terme d’un délai fixé lors de la transaction, reprendre s’il le
souhaite, le support cédé à un prix convenu d’avance.
- Les prêts garantis sous la forme de mise ou de prise en pension d’effets privés ou
publics, c’est à dire sous la forme de cessions temporaires.
Ce marché est animé essentiellement par la banque centrale. Cette dernière joue le rôle de
‘‘prêteur du dernier ressort’’ lorsque le système est en banque (absence de compensation
parfaite entre les excédents et les déficits des banques commerciales). La banque centrale
intervient également afin d’influencer la quantité de monnaie en circulation.
Au Maroc, les interventions de la banque centrale peuvent être à son initiative ou à l’initiative
des banques commerciales. Elles se font selon les cas, par voie d’appel d’offres ou par voie
d’opérations bilatérales.
2.1. Les opérations principales : elles visent à aligner le taux interbancaire sur la valeur cible
de la politique monétaire. Ces opérations constituent le principal canal d’apport ou de retrait
de liquidités et sont exécutées, de manière régulière, par voie d’appel d’offres hebdomadaires.
En situation d’excédent, la Banque recourt aux reprises de liquidité comme principal
instrument, alors qu’en cas d’insuffisance de liquidité, elle utilise les avances à 7 jours.
2.2. Les opérations de réglage fin : elles sont ponctuellement réalisées par la Banque, afin
d’atténuer l’incidence de fluctuations imprévues de la liquidité bancaire. Elles sont effectuées
pour une durée inférieure à 7 jours et prennent la forme de pensions livrées ou, le cas
échéant, de prêt garantis.
2.3. Les facilités permanentes à l’initiative des banques : l’objectif est de maintenir le taux
interbancaire à l’intérieur d’une bande prédéfinie et de limiter l’ampleur de ses fluctuations
autour du taux de la politique monétaire. Elles sont utilisées par les contreparties aux
opérations de politique monétaire pour l’ajustement de leurs trésoreries. Il s’agit des avances à
24 heures et des facilités de dépôts à 24 heures.
2.4. Les opérations de long terme : elles ont pour objet de retirer d’injecter des liquidités
supplémentaires sur une durée supérieure à 7 jours. Elles sont conduites sous la forme de
pensions livrées, de prêt garantis ou de swaps de change.
2.5. Les opérations structurelles : elles sont destinées à gérer une situation d’excédent ou
d’insuffisance de liquidité à caractère durable. Elles sont réalisées sous la forme d’achats ou
de ventes de titres émis par le Trésor sur le marché secondaire et d’émission par Bank Al-
Maghrib de titres d’emprunts négociables et leur rachat
Les titres de créance négociables (TCN) peuvent être définis comme ceux émis sous la forme
de billets ou de bons à échéance, matérialisés par des titres ou simplement inscrits en comptes
et qui, sans être cotés en bourse, confèrent à leur porteur un droit de créance librement
négociable et portant intérêt. On peut les classer en 4 catégories principales :
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3.1. Les bons de trésor émis par adjudications
Le trésor marocain a eu accès aux circuits de financement du marché monétaire en 1983.
Cependant, la technique d’adjudications des bons de trésor n’a été introduite qu’à partir du 30
Janvier 1989. L’objectif était de dynamiser ce marché et de permettre au trésor d’avoir accès à
une source de financement avantageuse en termes de taux et de durée.
Les principaux traits caractéristiques de ce marché sont les suivants :
- Tous les opérateurs économiques y sont admis qu’ils soient personnes physiques ou
morales.
- Les adjudications des bons du Trésor ont lieu selon la périodicité suivante :
o Tous les mardis, dans le cas des bons à 13 semaines, 26 semaines et 52
semaines ;
o Le deuxième et le dernier mardi de chaque mois, dans le cas des bons à 2 ans,
5ans10 ans e15ans.
o Le dernier mardi de chaque trimestre dans le cas des bons à 20 ans.
- Le montant nominal minimum des bons émis par le trésor dans le cadre des
adjudications est de 100.000,00 Dh.
- Le dépôt des plis relatifs aux adjudications des bons du trésor ne peut être effectué que
par les établissements admis à présenter des soumissions (essentiellement les banques
) ou agréés par le Ministère des Finances en qualité d’Intermédiaires en valeurs du
trésor (IVT). Ces derniers au nombre de six (BCP, BCM, BMCE, CDG, Citybank et
Médiafinance) ont pour mission d’animer le marché.
- Les bons du Trésor sont remboursés au pair à dater du jour de leur échéance. Les
intérêts produits par les bons à court terme sont réglés à l’échéance ou à l’émission et
sont calculés sur la base de 360 jours. Les intérêts des bons à moyen et à long terme
sont payables annuellement et à terme échu. Ils sont calculés sur la base d’une année
de 365 jours ou de 366 jours si l’année est bissextile. Les émissions de bons à court
terme à intérêts précomptés sont annoncées à l’avance par le Ministère de l’Economie
et des Finances.
- Les bons du Trésor souscrits par voie d’adjudication sont négociables de gré à gré sur
le marché secondaire relatif à cette catégorie de bons.
- Les soumissions retenues donnent lieu à règlement le lundi suivant la séance
d’adjudication. Si le mardi est un jour férié, l’adjudication est reportée au jour
ouvrable suivant, la date de règlement demeurant inchangée. Si le lundi est un jour
férié, le règlement s’effectue le jour ouvrable suivant.
- Les soumissions sont exprimées en taux ou en prix (à deux décimales dans les deux
cas). Les soumissions en prix sont annoncées à l’avance par le Ministère de
l’Economie et des Finances. Les soumissions aux bons émis par assimilation sont
exprimées en prix. Lors du règlement, les adjudicataires de bons assimilables
acquittent, outre le prix des bons qui leur sont attribués, le montant des intérêts courus
de la date de jouissance à la date de règlement, sur la base du coupon couru
communiqué par le Ministère de l’Economie et des Finances.
Les établissements admis à présenter des soumissions ou agréés en tant que IVT sont tenus de
formuler leurs offres au moyen de bordereaux conformes aux modèles prévus à cet effet par
Bank Al Maghrib . Ces bordereaux sont déposés contre récépissé et sous pli cacheté à la
Direction du crédit de Bank Al Marghrib à Rabat au plus tard le mardi à 10 heures.
L’ouverture des plis est réalisée par une commission à 10h 30. Celle-ci procède à la
récapitulation des offres de souscription dans l’ordre croissant des taux proposés et transmet
ensuite le tableau correspondant, avec soumissionnaires anonymes, à la direction du trésor qui
fixe le taux ou le prix limite de l’adjudication.
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Les différents montants adjugés sont rémunérés aux taux proposés par les souscripteurs et ce,
même lorsque ces taux sont inférieurs à celui retenu par la commission. Cette technique
correspond à celle «à la Hollandaise» qui diffère de la procédure «à la française» où les
montants adjugés sont rémunérés de manière identique, à la hauteur du taux limite retenu.
3.2. Les certificats de dépôt négociables
Les certificats de dépôt négociables sont émis par les banques pour une durée allant de 10
jours à 7 ans et rapportant un intérêt librement déterminé par les mécanismes de marché.
Cependant, le taux d’intérêt doit être fixe si la durée est inférieure ou égale à un an et fixe ou
révisable dans le cas contraire.
Le montant unitaire des certificats de dépôt est fixé à cent mille dirhams (100 000dh). Les
certificats de dépôt, dont la durée initiale est inférieure ou égale à un an, doivent avoir une
rémunération fixe et peuvent donner lieu à des intérêts précomptés. Les intérêts
correspondants sont payables annuellement, à la date anniversaire du titre, et à l’échéance,
pour la durée restant à courir lorsqu’elle est inférieure à une année. La révision du taux de
rémunération se fait à la date anniversaire de l’émission et s’effectue en application de
dispositions librement convenues entre les parties. Les certificats de dépôt font l’objet
d’inscription en compte auprès du Dépositaire Central au nom des établissements affiliés à cet
organisme.
3.3. Les billets de trésorerie
Les billets de trésorerie sont des titres négociables, d’une durée déterminée (10 jours à une
année), émis au gré de l’émetteur en représentation d’un droit de créance, qui portent intérêt.
Les billets de trésorerie ne peuvent être émis que par les personnes morales de droit marocain,
autres que les établissements de crédit, disposant de fonds propres d’un montant au moins
égal à cinq millions de dirhams (DH 5.000.000,00) et appartenant à l’une des catégories
suivantes : Les sociétés par actions, les établissements publics à caractère non financier et les
coopératives soumises aux dispositions de la loi n° 24-83 fixant le statut général des
coopératives.
Les billets de trésorerie peuvent être souscrits par toute personne physique ou morale
résidente ou non résidenteLe montant unitaire des billets de trésorerie est fixé à deux cent
cinquante mille dirhams (DH 100.000,00). Ils doivent avoir une échéance fixe et une durée
initiale de 10 jours au moins et d’un an au plus.
Les billets de trésorerie doivent avoir une rémunération fixe, librement déterminée au moment
de la souscription. Ils peuvent donner lieu à des intérêts précomptés. Les émetteurs de billets
de trésorerie doivent domicilier leurs titres auprès des banques. Les banques ne peuvent
procéder à la domiciliation des billets de trésorerie qu’après s’être assurées du respect des
conditions d’émission prévues par la loi n° 35-94 suscitée et par l’arrêté du 09 octobre 1995
précité. Les billets de trésoreries peuvent être garantis par un ou plusieurs établissements de
crédit habilités à délivrer des garanties ou par une ou plusieurs personnes morales elles-
mêmes habilitées à émettre des billets de trésorerie. Les billets de trésorerie sont stipulés au
porteur.
Sont seuls habilités à placer ou à négocier des billets de trésorerie : la Caisse de Dépôt et de
Gestion, les banques, les sociétés de bourse et l’émetteur des billets de trésorerie.
Les émetteurs de billets de trésorerie doivent adresser à la Direction du Crédit et des Marchés
de Capitaux de Bank Al-Maghrib, quinze jours au moins avant la première émission sur le
marché des billets de trésorerie, une copie certifiée conforme du dossier d’informations établi
et visé conformément aux dispositions des articles 15 et 18 de la loi n° 35-94 et de l’article 4
de l’arrêté n° 2560-95 du Ministre des Finances et des Investissements Extérieurs précités. Ils
doivent également communiquer, à Bank Al-Maghrib, toute modification affectant les
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renseignements fournis dans le dossier d’informations et ce, dans un délai de quinze jours à
compter de la date de survenance de ladite modification.
3.4. Les bons des sociétés de financement
Les bons des sociétés de financement sont émis par les sociétés de financement pour une
durée allant de 2 ans à 7 ans et rapportant un intérêt librement déterminé pouvant être fixe ou
révisable. Le montant unitaire des bons de sociétés de financement est fixé à cent mille
dirhams (100 000 dh)
Ces bons peuvent avoir une rémunération fixe ou révisable. Les intérêts sont payables
annuellement, à la date anniversaire du titre, et à l’échéance, pour la durée restant à courir
lorsqu’elle est inférieure à une année. La révision du taux de rémunération se fait à la date
anniversaire de l’émission et s’effectue en application de dispositions librement convenues
entre les parties.
Les bons de sociétés de financement font l’objet d’inscription en compte auprès du
Dépositaire Central au nom des établissements affiliés à cet organisme.
L’ensemble de ces titres sont émis sur le marché primaire (marché du neuf) et font d’objet de
négociation sur le marché secondaire (marché d’occasion). Le montant unitaire minimum de
chacun de ces titres est fixé à 100 000dhs.
L’avantage de ces titres est qu’ils permettent à leurs émetteurs d’accéder à des sources de
financement avantageuses en termes de durée et de taux.
5. Le marché hypothécaire
Ce marché trouve son développement dans la titrisation des crédits. Cette technique consiste à
transformer des crédits en titres négociables (d’où son nom) et à les céder sur le marché
secondaire.
L’établissement de crédit désireux de réaliser une opération de titrisation (initiateur) doit
individualiser et regrouper des créances de même nature (non douteuses) qu’il souhaite céder
et effectuer ensuite la vente au fonds de placement collectif en titrisation (FCPT) crée à cet
égard. Ce dernier finance l’acquisition de ces créances par l’émission de certificats de
titrisation représentatifs du droit de propriété sur ces créances. Les souscripteurs de ces
certificats peuvent les céder par la suite sur le marché secondaire.
Le FCPT n’a pas de personnalité morale. C’est un patrimoine d’affectation constitué aux
seules fins d’acquérir, par l’entremise d’un établissement gestionnaire – dépositaire (qui est
généralement l’établissement de crédit initiateur lui même) des actifs qui lui sont cédés au
cours d’une opération de titrisation, ainsi que les droits s’y rapportant. Une fois ces actifs
représentatifs de crédits sont acquis, le FCPT les transforme en parts (actions ou obligations)
qui seront proposées aux épargnants sur le marché. Les détenteurs de ces parts supportent tous
les risques de défaillance des débiteurs des créances cédées.
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Chapitre 2
L’intermédiation financière
La question de l’intermédiation financière est à la fois ancienne et nouvelle. Ancienne, dans la
mesure où depuis longtemps les théories monétaires, telles que celle de Gurley et Shaw qui
date déjà d’une quarantaine d’années, l’étudient en distinguant la finance directe et la finance
indirecte. Nouvelle, parce que la globalisation financière actuelle est régie par une règle que
l’on peut appeler des "4 D" : décloisonnement des marchés, déréglementation des activités et
désintermédiation des financements et désengagement de l’État. La révolution financière des
années 80 et l’accélération de la mondialisation de l’économie dans les années 90 justifient
donc que l’on se pose la question de la place de l’intermédiation financière dans l’ensemble
du système de financement et de la réalité du processus de désintermédiation.
En constatant la désintermédiation des financements, certains annoncent la disparition des
intermédiaires financiers ou tout au moins un irréversible recul : s’impose alors la question de
la nécessité des intermédiaires financiers
D’autre part, l’atonie persistante de l’activité économique dans plusieurs pays amène à
réfléchir sur le rôle de la création monétaire dans le financement de la croissance. Reprenant
alors la distinction classique au sein des intermédiaires financiers entre ceux qui sont
"bancaires" et ceux qui ne le sont pas selon qu’ils ont ou non le pouvoir de créer de la
monnaie, nous posons dans une troisième et dernière partie la question de la spécificité des
banques au sein de la galaxie des intermédiaires financiers
De manière générale, l’intermédiation financière est l’activité développée par les agents
financiers qui s’interposent pour faciliter l’adéquation en quantité de l’offre à la demande de
capitaux.
1. Les Opérations financières
Trois opérations financières peuvent être envisagées.
1.1. Opération n°1 : des titres émis aux titres acquis
Une institution financière (IF) émet des titres, par exemple des obligations pour une valeur de
100 DH, auprès des agents financiers ou non financiers. Elle capte ainsi des ressources (de la
monnaie) qu’elle peut ensuite employer en accordant des crédits ; elle acquiert alors un titre
de créance sur l’agent en bénéficiant des crédits. Dans ce cas, la causalité va des ressources
(somme versées par les agents à capacité de financement en paiement des titres émis par l’IF)
vers les emplois (somme versées par l’IF en contrepartie des titres émis par les agents à
besoin de financement). Cette opération peut être schématisée de la façon suivante :
Bilan de l’IF
Titres Titres
Agents à besoin Titres acquis Titres émis Agents à capacité
de financement Monnaie Par l’IF Par l’IF Monnaie de financement
Toutes les IF peuvent effectuer cette opération, mais c’est surtout le rôle des IF dont les
ressources sont uniquement constituées de capitaux propres ou/et d’emprunts sur le marché
financier.
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Dans ce cas, on peut parler d’une intermédiation de représentation : l’IF permet la rencontre
de prêteurs et d’emprunteurs ne pouvant ou ne voulant pas s’engager directement sur le
marché financier.
Sa rémunération repose sur la marge entre intérêts reçus sur les titres acquis et les intérêts sur
les titres émis.
Bilan de l’IF
Dans ce cas encore, la causalité va des ressources (les dépôts de la clientèle) vers les emplois
(les crédits accordés). La rémunération de l’IF repose sur la marge entre les intérêts perçus sur
les crédits et les intérêts versés sur les dépôts.
On peut parler d’une intermédiation de transformation permettant de concilier la diversité des
échéances demandées par les utilisateurs de crédits et les épargnants.
En finançant des crédits à toutes échéances (souvent à long terme) par des ressources souvent
à court terme, l’IF prend un risque d’immobilisation (notons que ce risque apparaît aussi dans
les opérations n°1 où les IF émettent des titres sûrs, à court et moyen termes, facilement
transformables en monnaie, auprès des agents à capacité de financement, leur permettant
d’acquérir des titres à long terme, plus risqués et moins liquides, auprès des agents à besoins
de financement). Toutes les IF susceptibles de capter des dépôts de la clientèle
(essentiellement les banques) peuvent effectuer cette opération.
Bilan de A Bilan de l’ IF
Pour l’agent A, nous retrouvons la causalité traditionnelle : des ressources (dette envers l’IF)
vers les emplois (dépôts auprès de l’IF). Cette causalité s’inverse pour l’IF qui, en
développant son actif (créance sur A), augmente son passif (dépôt de l’agent A). Ainsi,
lorsque l’IF accorde un crédit de 100DH à l’agent A, ce dernier peut effectivement dépenser
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ces 100DH comme s’il avait réellement déposé au préalable. Il y a eu création de monnaie,
privilège des seules banques. On peut parler dans ce dernier cas d’une intermédiation de
transformation anticipée.
Aux contacts directs, les prêteurs et les emprunteurs peuvent préférer des relations passant par
des intermédiaires financiers. Cette préférence peut avoir pour origine l’imperfection des
marchés. Pour reprendre les thèses de R. Coase, la firme (qu’elle soit bancaire ou non
bancaire) naît des imperfections des marchés dont elle permet de réduire les coûts de
transaction.
« Par coût de transaction, on entend les coûts de fonctionnement du système d’échange et,
plus précisément dans le cadre économie de marché, ce qu’il en coût de recourir au marché
pour procéder à l’allocation des ressources et transférer des droits de propriété ».
Ces coûts de transaction comprennent les coûts de recherche du candidat et du compromis, les
coûts de standardisation de certification et de contrôle de la bonne exécution des échanges.
Ainsi les agents qui détiennent une encaisse excédentaire ne savent pas à qui l’offrir, alors que
d’autres ne savent pas à qui demander les fond permettant de combler leur déficit. Dans un
système économique dépourvu d’intermédiaires financiers, on imagine sans difficultés le
temps de la dépense d’énergie que devrait consacrer un agent économique souhaitant acheter
par emprunt l’appartement ou la voiture de ses rêves. En mettant une annonce dans les
journaux, en placardant les murs de son quartier ou en faisant du porte à porte, l’agent en
question mettrait sûrement plus de temps que n’en met l’intermédiaire financier pour
recueillir les fonds recherchés. Ce dernier permet des économies de coût de recherche et de
prospection. Inversement, grâce aux intermédiaires financiers, un prêteur n’a plus à
rechercher un emprunteur aux préférences absolument systématiques des siennes : opération
coûteuse, voire impossible. D’une part, entre deux agents, l’un souhaitant prêter 100DH,
l’autre désirant emprunter 1000DH, aucune transaction ne serait possible ; l’intermédiaire
corrige cette incompatibilité en acceptant de capter de multiples dépôts de faible valeur
unitaire et d’accorder des prêts de forte valeur unitaire. D’autre part, l’intermédiaire peut
corriger l’incompatibilité apparaissant entre agents dont l’un souhaiterait prêter à un an, alors
que le second désirerait emprunter à dix ans ; l’intermédiaire joue un rôle d’écran en acceptant
des ressources (souvent à court terme) pour des prêts à long terme.
Par ailleurs, aux contacts directs, les agents peuvent préférer des relations passant par des
intermédiaires financiers en raison de leur comportement vis-à-vis du risque. Si nous
admettons que les agents non financiers et les intermédiaires n’ont pas la même aversion pour
le risque (ces derniers étant moins affectés que les premiers en raison de la variabilité de
leurs profits), il est alors possible de justifier leur l’existence par leur capacité à prendre en
charge une partie des risques dont les prêteur et les emprunteurs souhaitent se dessaisir.
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risque excessive a souvent été à l'origine des difficultés, voir la défaillance des établissements
bancaires.
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Il concerne la survie de la firme bancaire et est la manifestation d’un ou de plusieurs des
risques ci-dessus qu’une banque n’a pas pu prévenir. L’insolvabilité d’une banque débute en
générale par une crise de liquidité car dès que les marchés commencent à se défier d’un
établissement sur la base d’informations vérifiées ou pas, celui-ci ne peut plus se refinancer.
1.3.5. Le risque opérationnel
Il a été officiellement défini et pris en compte dans les documents soumis à consultation par le
comité de Bâle (2001), comme le risque de perte pouvant résulter de procédures internes
inadéquates ou non appliquées, des personnes, des systèmes ou d’évènements externes. Ces
évènements de risque sont les fraudes internes ou externes, les risques qui touchent aux
relations clients, les problèmes liés à la gestion du personnel, les dommages qui touchent les
actifs physique, l’interruption totale ou partielle des systèmes ou des processus, et la mauvaise
exécution de certains processus qu’ils soient internes ou externes à la banque.
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Chapitre 3
Présentation générale du système bancaire marocain
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- D’émettre la monnaie et d’effectuer toutes opérations sur or et devises ;
- D’entretenir des rapports bancaires avec l’Etat, de lui servir de conseiller et d’assistant
financier ;
- De refinancer les banques de dépôt et d’en contrôler l’activité.
En matière de contrôle de l’activité bancaire, la banque centrale est dotée des prérogatives
suivantes :
- Elle participe à la mise en œuvre de la réglementation bancaire ;
- Elle fixe les modalités de fonctionnement des comptes, ainsi que les modèles des états
comptables et des situations périodiques ;
- Elle peut se faire communiquer toutes pièces ou renseignements qu’elle estime
nécessaires et procéder à tous contrôles ou inspection qu’elle juge utiles.
- Elle gère les situations de crises pouvant dégénérer à travers des plans de redressement
de l’établissement en difficulté.
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- La création de filiales ou l’ouverture de succursales, ou de bureaux de
représentation à l’étranger, par les établissements de crédit ayant leur siège social
au Maroc ;
- Les changements qui affectent la nationalité, le contrôle d’un établissement de crédit
ou la nature des opérations qu’il effectue à titre de profession habituelle.
Présidé par le Gouverneur de la banque centrale, ce comité regroupe deux représentants du
Ministère des finances, un représentant de l’Institut d’émission et quatre représentants des
associations des établissements de crédit.
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2.5. Le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques
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Les établissements de crédit peuvent également effectuer, sous réserve du respect des
dispositions législatives et réglementaires applicables en la matière, les opérations ci-après :
- les services d’investissement visés à l’article 8 ci-après ;
- les opérations de change ;
- les opérations sur or, métaux précieux et pièces de monnaie ;
- la présentation au public des opérations d’assurance de
- personnes, d’assistance, d’assurance-crédit et toute autre opération
- d’assurance conformément à la législation en vigueur;
- les opérations de location de biens mobiliers ou immobiliers,
- pour les établissements qui effectuent, à titre habituel, des opérations de
- crédit-bail.
Les établissements de crédit sont également habilités à effectuer des opérations connexes
aux services d’investissement énumérés ci-dessus :
- les opérations d’octroi de crédits à un investisseur pour lui permettre d’effectuer une
transaction qui porte sur des instruments financiers tels que définis par la législation en
vigueur;
- la fourniture de conseil et de services aux entreprises notamment en matière de
structure de capital, de stratégie, de fusions et de rachat d’entreprises.
Aussi, les établissements de crédit peuvent prendre des participations dans des entreprises
existantes ou en création, sous réserve du respect des limites fixées, par rapport à leurs
fonds propres et au capital social ou aux droits de votes de la société émettrice, par
circulaire du gouverneur de Bank Al-Maghrib, après avis du Comité des établissements
de crédit.
Remarque
Les établissements de crédits regroupent les banques et les sociétés de financements. A la
différence d’une banque, une société de financement n’est pas habilitée à collecter les dépôts
à court terme et ne peut offrir qu’un seul produit pour lequel il a obtenu l’agrément (exemple :
crédit bail, factoring, crédit à la consommation, cautionnement, crédit immobilier, etc.)
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- les établissements de paiement : ce sont les établissements habilités à offrir les services
de paiement : ( les opérations de transfert de fonds, les dépôts et les retraits en espèces
sur un compte de paiement, l’exécution d’opérations de paiement par tout moyen de
communication à distance, l’exécution de prélèvements de fonds par carte et
l’exécution de virements et enfin les opérations de change)
- les associations de micro-crédit : ce sont des structures associatives chargées d’aider
financièrement les personnes économiquement pauvres, qui pour des raisons de
garanties ne peuvent accéder aux prêts bancaires classiques.
- les banques offshores : ce sont les banques qui opèrent dans les zones franches, c’est-à-
dire dans les paradis fiscaux ou dans les juridictions à fiscalité intéressante.
- les compagnies financières : ce sont les sociétés qui ont pour filiales, exclusivement ou
principalement, un ou plusieurs établissements de crédit.
- la Caisse de Dépôt et de Gestion : c’est un établissement « public » constitué en holding
à statut privé qui développe trois métiers : l’épargne et prévoyance, la banque, la finance
et l’assurance et enfin le développement territorial. Parmi ses filiales, on peut citer :
CIH, Finéa, CDG capital, Fonds Jaida, CGI et CDG développement.
- La Caisse Centrale de Garantie : C’est un organisme public qui contribue à donner une
impulsion à l’initiative privée en encourageant la création, le développement et la
modernisation des entreprises. Elle appuie également le développement social à travers
notamment la garantie des prêts à l’habitat.
Outre ces six organismes assimilés, la loi bancaire de 2015 a défini la notion de conglomérat
financier (article 21). Il s’agit d’un groupe remplissant les trois conditions suivantes :
- être placé sous contrôle unique ou influence notable d’une entité du groupe ayant son
siège social ou activité principale au Maroc ;
- deux au moins des entités du groupe doivent appartenir au secteur bancaire et/ou au
secteur de l’assurance et/ou relèvent du secteur du marché des capitaux ;
- les activités financières exercées par le groupe sont significatives
Remarque
Les établissements suivants ne sont pas soumis aux dispositions de loi bancaire de 2015 :
1. Bank Al-Maghrib;
2. La Trésorerie générale ;
3. Les services de mandats postaux
4. les entreprises d’assurances et de réasssurance régies par la loi n° 17-99 portant code
des assurances et les organismes de prévoyance et de retraite ;
5. Les organismes à but non lucratif qui, dans le cadre de leur mission et pour des raisons
d’ordre social, accordent sur leurs ressources propres des prêts à des conditions
préférentielles aux personnes qui peuvent en bénéficier en vertu des statuts de ces
organismes ;
6. Le Fonds Hassan II pour le développement économique et social régi par la loi n° 36-01
7. Les institutions financières internationales et les organismes publics de coopération
étrangers autorisés par une convention conclue avec le gouvernement du Royaume du
Maroc à exercer une ou plusieurs opérations visées à l’article premier ci-dessus
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Chapitre 4
Financement de l’économie par les institutions financières
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Le cautionnement est l’acte par lequel une tierce personne appelée caution s’engage envers la
banque à rembourser le montant de crédit si à l’échéance l’emprunteur ne peut ou ne veut pas
le faire lui-même.
L’aval est une sûreté personnelle propre aux effets de commerce. Il se définit comme étant un
engagement par une tierce personne appelée « donneur d’aval » ou « avaliste » en faveur d’un
signataire cautionné.
Le donneur d’ordre s’engage par signature, apposée sur l’effet de commerce ou (sur une
allonge) ou sur un acte séparé, à payer l’effet de commerce à l’échéance si le débiteur
principal qui a précédemment apposé sur sa signature sur le titre se trouvant défaillant.
- Les garanties réelles
Les garanties réelles sont constituées par l’affectation d’un bien meuble ou immeuble
jusqu’au paiement de la créance. En les comparants avec les garanties personnelles, elles
apparaissent plus faciles à mettre en œuvre puisque la banque peut prendre le bien, si à
l’échéance l’emprunteur se trouve défaillant.
Les sûretés réelles se subdivisent en deux formes : l’hypothèque et le nantissement.
L’hypothèque se définit comme la sûreté réelle immobilière par excellence, elle s’applique
sur les biens immobiliers. C’est est un contrat par lequel le créancier acquiert sur l’immeuble
affecté en paiement de sa créance au droit réel qui lui permet de se faire rembourser en
priorité le montant de sa créance en quel que soit le détenteur de l’immeuble hypothéqué, au
moment de la réalisation de l’hypothèque.
Le nantissement est l’acte par lequel le débiteur remet au créancier un bien en garantie de sa
créance. Si le bien remis en garantie est meuble, on parle de « gage » ; si d’un immeuble, on
parle « d’antichrèse ». Il concerne avec tous ses composants, les actifs financiers et les
marchés publics.
Il existe deux catégories de nantissement : le nantissement avec dépossession et le
nantissement sans dépossession.
1.1.1.2. Le mode de remboursement
La proportion des intérêts et de l’amortissement du crédit dans une échéance varie au cours du
temps selon les offres des banques, mais surtout le mode d’amortissement choisi par
l’emprunteur.
- L’amortissement avec échéances constantes (annuités constantes) ou
remboursement progressif du capital
Ce mode d’amortissement est le plus fréquent. Comme son nom l’indique, il consiste à
rembourser un crédit via un certain nombre d’échéances dont le montant est fixe. Autrement
dit, l’emprunteur paie chaque mois la même somme à son créditeur, et cela du début à la fin
de son remboursement. Dans les premières échéances, la part d’intérêt remboursée est plus
élevée que celle du capital. Elle diminue régulièrement tandis que la part imputable au
remboursement du capital augmente.
- L’amortissement constant du capital ou remboursement à échéances dégressives
Dans le cas de ce type d’amortissement, il ne s’agit plus de payer le même montant à
intervalles réguliers pendant toute la durée de l’emprunt mais de rembourser la même part du
capital emprunté à chaque échéance. Les intérêts étant calculés par rapport au capital restant
dû, leur montant diminue à chaque échéance. La somme totale à régler chaque mois,
composée d’une part fixe liée au remboursement du capital et de la part due aux intérêts,
décroît donc au fur et à mesure des échéances, d’où le nom de « remboursement à échéances
dégressives ». Ce mode d’amortissement est très rarement proposé aux particuliers et
s’adresse plutôt aux entreprises.
19
- L’amortissement in fine
Ce type de crédit est proprement dit dénué d’amortissement. Il prévoit en effet
que l’emprunteur s’acquitte de la totalité du capital emprunté en une seule fois, à la fin de son
emprunt. Tout au long de la durée de vie du prêt, le client ne réglera donc que les
intérêts générés par son crédit, intérêts dont le montant sera le même à chaque échéance
puisque le capital dû restera constant tout au long du prêt. La somme totale allouée aux
intérêts sera par conséquent plus élevée que dans le cas d’un prêt amorti.
1.1.1.3. Les risques de crédits bancaires
Le risque de crédit est le risque le plus important et le plus dangereux auquel est exposée une
banque. Cette dernière doit accorder une attention particulière à sa gestion afin de ne pas être
en proie à ses conséquences.
Le risque de crédit peut être défini comme « la perte potentielle consécutive à l’incapacité par
un débiteur d’honorer ses engagements ». Il désigne également, d’une façon plus large, le
risque de perte lié à la dégradation de la qualité de la contrepartie qui se traduit par une
dégradation de sa note.
On distingue trois types de risque de crédit: le risque de défaut, le risque de dégradation
du spread et le risque lié à l’incertitude du recouvrement, une fois le défaut survenu.
- Le risque de défaut :
Le risque de défaut est inhérent non seulement aux emprunts aux sens large, que ce soient des
emprunts bancaires ou des titres de créances (Obligations, billets de trésorerie, certificats de
dépôt …), mais plus généralement à tout type de contrat financier duquel naît une créance à
un moment donné.
Le banquier a plusieurs moyens de se prémunir contre le risque de défaut. Il peut par exemple
exiger de l’emprunteur un niveau d’intérêts en fonction du risque de défaut que représente ce
dernier. Ce surplus de rémunération est appelé une prime de risque. Il peut également
demander des garanties pour couvrir son engagement, soit de l’emprunteur directement, soit à
travers d’un organisme spécialisé.
- Le risque de dégradation du Spread :
Le spread de crédit est la prime de risque qui lui est associée. Sa valeur est déterminée en
fonction du volume de risque encouru (plus le risque est important, plus le spread est élevé).
Le risque de dégradation du spread est le risque de voir se dégrader la qualité de la
contrepartie (dégradation de sa note) et donc l’accroissement de sa probabilité de défaut. Cela
conduit à une hausse de sa prime de risque, d’où la baisse de la marge sur intérêts.
Ce risque peut être mesuré d’une façon séparée pour chaque contrepartie ou globalement sur
tout le portefeuille de crédit
- Le risque de recouvrement :
Le taux de recouvrement permet de déterminer le pourcentage de la créance qui sera récupéré
en entreprenant des procédures judiciaires, suite à la faillite de la contrepartie. Le
recouvrement portera sur le principal et les intérêts après déduction du montant des garanties
préalablement recueillies.
Le taux de recouvrement constitue une source d’incertitude pour la banque dans la mesure où
il est déterminé à travers l’analyse de plusieurs facteurs :
La durée des procédures judiciaires qui varient d’un pays à un autre
La valeur réelle des garanties ;
Le rang de la banque dans la liste des créanciers.
1.1.2. Typologie des crédits bancaires:
20
Il existe principalement deux grandes familles de crédits que les établissements bancaires
mettent à la disposition de leur clientèle professionnelle : les crédits de fonctionnement
finançant le cycle d’exploitation des entreprises et les crédits destinés à financer des
programmes d’investissement.
1.1.2.1. Les crédits de fonctionnement
Ce genre de crédit est destiné à couvrir ou faire face à des situations particulières afin
d’assurer le fonctionnement ou le bon roulement de l’entreprise, et d’assurer l’équilibre de la
trésorerie, ils peuvent faire l’objet du paiement d’un délai de fabrication ou de couvrir le
temps de stockage, ou carrément le paiement des dépenses courantes (loyers, salaires…)
Ces crédits sont d’une durée inférieure à l’exercice comptable, d’où l’appellation crédit
courant, d’exploitation ou à court terme. Destiné à palier entre l’intervalle de l’encaissement
et décaissement et à couvrir le Besoin de Fond de Roulement, on distingue deux types de
crédit à court terme :
1.1.2.2. Les crédits d’investissement
Un crédit d’investissement est défini comme étant la forme d’un prêt d’équipement accordé
par une banque. Le crédit d’investissement peut être un prêt à moyen terme (3 à 7 ans) dans le
but d’acheter un matériel.
Les crédits d’investissement sont destinés à financer la partie haute du bilan, et le
remboursement de ces crédits ne peut être assuré que par le jeu des bénéfices. On peut
scinder les crédits d’investissement en deux catégories, les crédits en crédit à moyen terme et
crédit à long terme. Parmi les solutions proposées par les banques, il existe le crédit classique
à moyen ou long terme ou le crédit-bail
1. 2. Le financement de l’économie par les sociétés de financement
A la différence des établissements bancaires, les sociétés de financement ne peuvent effectuer
parmi les opérations liées à l’activité bancaire que celles précisées dans les décisions
d’agrément qui les concernent ou, éventuellement, dans les dispositions législatives ou
réglementaires qui leur sont propres. En outre, ces sociétés ne peuvent, en aucun cas, recevoir
du public des fonds à vue ou d’un terme inférieur ou égal à deux ans.
On peut classer ces sociétés, sans que la liste n’en soit exhaustive, par rapport aux principaux
types d’activités qu’elles exercent.
1.2.1. Les société de crédit – bail (leasing)
Ces sociétés sont habilitées en vertu de la loi bancaire à exercer deux types d’opérations :
- Les opérations de location de biens d’équipement ou matériel et outillages qui, quelle
que soit leur qualification, donnent au locataire la possibilité d’acquérir à une date
fixée avec le propriétaire, tout ou partie des biens loués, moyennant un prix convenu et
tenant compte des versements effectués à titre de loyers.
- Les opérations par lesquelles une entreprise donne en location des biens immobiliers à
usage professionnel, achetés par elle ou construits pour son compte, lorsque ces
opérations quelle que soit leur qualification permettent aux locataires de devenir
propriétaires de tout ou partie des biens loués au plus tard à l’expiration du bail.
1.2.2. Les sociétés d’affacturage (factoring)
L’affacturage est une convention par laquelle un établissement de crédit s’engage à effectuer
le recouvrement et, éventuellement, la mobilisation des créances commerciales que détiennent
les clients, soit en acquérant lesdites créances, soit en se portant mandataire du créancier avec,
dans ce dernier cas, une garantie de bonne fin.
Dans les faits, l’affacturage consiste en un transfert de créances commerciales de leur titulaire,
appelé adhérent, à un factor, en l’occurrence la société de factoring qui se charge de leur
21
recouvrement et qui supporte les pertes éventuelles sur les débiteurs insolvables. En outre, le
factor peut régler par anticipation le montant des créances transférées.
Il s’agit donc à la fois d’une procédure de recouvrement, d’une garantie des risques et
éventuellement d’un moyen de financement.
1.2.3. Les sociétés de crédit à la consommation
Le crédit à la consommation permet le financement d’achats de biens de consommation ou de
biens d’équipement à crédit. Il prend la forme de prêts affectés, de prêts non affectés, de
crédits renouvelables ou de location avec option d’achat.
1.2.4. Les sociétés de financement des organismes de microcrédit
Ce sont des Fonds de financement des institutions de microfinance (IMF) institués sous la
forme d’une Société Anonyme de droit Marocain et agrée par la banque centrale du Maroc
(Bank Al Maghrib), comme une société de financement.
Les principaux objectifs poursuivis par les Fonds sont les suivants :
- Faciliter le financement de toutes les IMF en vue d’améliorer l’accès aux crédits pour
les micro-entrepreneurs au Maroc ;
- Lever des financements auprès de sources privées et drainer ainsi de nouveaux
capitaux privés vers le secteur de la microfinance ;
- Favoriser le développement institutionnel des IMF
Seule la Société Jaida, filiale de la CDG, est active dans ce secteur.
1.2.5. Les sociétés de Crédit Immobilier
Elles ont pour mission le financement du secteur immobilier. Les échéances des crédits
accordés s’étalent généralement sur plusieurs années (exemple : wafa-immobilier).
1.2.6. Les sociétés de cautionnement et de mobilisation des créances
Les sociétés exerçant les métiers de cautionnement et de garantie participent au financement
des entreprises en ce sens qu’elles facilitent à ces dernières l’accès aux crédits bancaires
destinés à couvrir les besoins tant d’investissement que d’exploitation (Exemple : Finéa).
22
grâce au Capital Investissement, acteur essentiel dans la chaîne du financement de
l’entreprise ;
• un outil d’accompagnement managérial : outre une réponse à des besoins réels de
financement, le Capital Investissement constitue un formidable levier d’amélioration
pour l’entreprise. L’intervention de l’investisseur en capital aux côtés des équipes
dirigeantes se traduit par un véritable transfert de savoir-faire. L’entreprise bénéficie
ainsi de compétences complémentaires pour son management stratégique à long terme
couplées à une expertise financière.
De plus, l’activité du Capital Investissement :
contribue à la création de valeur pour les dirigeants, les salariés et les actionnaires
de l’entreprise mais également pour l’économie nationale ;
accélère la création d’entreprises ainsi que le développement et la promotion de
l’innovation et des nouvelles technologies ;
crée richesse et emplois tout en renouvelant le tissu économique.
23
effet de levier ou LBO (Leveraged Buy-Out) sont les plus connues. Elles permettent à un
dirigeant associé à un fonds de Capital Investissement de transmettre son entreprise ou de
préparer sa succession en cédant son entreprise en plusieurs étapes.
• Le Capital Retournement – Turnaround
Les investisseurs apportent un financement en fonds propres à des entreprises en difficulté.
Par le biais de ce mode de financement, l’investisseur donne aux dirigeants l’opportunité et
les moyens de mettre en œuvre des mesures de redressement de l’activité permettant le retour
aux bénéfices.
Remarque
Le Crowdfunding est une autre façon pour les entreprises, les particuliers de récolter des
fonds pour leur projets. Dans la plupart des cas, c’est l’association d’un grand nombre de
personnes investissant un petit montant qui permettent aux porteurs de projets de trouver les
fonds demandés. Ce mode de financement est également un moyen de fédérer le plus grand
nombre de personnes autour de son projet. Cela passe souvent par des plateformes
informatiques.
Les fonds apportés peuvent être alloués sous 4 formes différentes :
- Le crowdfunding en don ou crowdgiving : Une personne physique ou morale (une
entreprise) donne une somme sans rien attendre en retour c’est un don, généralement
cette catégorie de financement est propre aux actes associatifs ainsi qu’aux projets
personnels.
- Le crowdfunding avec récompense ou reward based crowdfunding : Une personne
physique ou morale (une entreprise) donne une somme en échange d’une récompense.
Le porteur de projet a deux façons de présenter les récompenses, il peut recourir au
pré-achat, c’est à dire qu’il faudra qu’un certain nombre de personnes achète le produit
ou le service pour que ces derniers soient créés. La deuxième façon que peuvent
prendre les récompenses c’est de donner en échange d’un financement, un cadeau,
comme la photo du projet terminé, t-shirt promotionnel.
- L’equity crowdfunding ou investissement participatif : une personne physique ou
morale (une entreprise) accepte d’investir dans un projet à condition d’acquérir des
parts dans l’entreprise financée directement ou indirectement.
- Le crowdfunding en prêt ou crowdlending : une personne physique prête une somme
afin de financer un projet. La somme prêtée doit être rendue avec ou sans intérêts,
c’est au porteur de projet d’en décider
24
- L’interdiction de l’activité illicite : un financement islamique ne peut avoir pour objet
un investissement dans une activité interdite par la Charia. Aucun investissement ne
peut ainsi être réalisé par un financier islamique dès lors qu’il porte sur des produits
interdits par la Charia ou des activités illicites
- telles que l’alcool, la viande porcine, ou les jeux de hasard.
- Le partage des pertes et profits : Le principe de Partage des Pertes et Profits (PPP) a
pour objectif la réalisation des contrats aux termes desquels l’une des parties
n’exploite pas d’une manière injuste son cocontractant
- L’interdiction de l’incertitude et de la spéculation (Gharar et Maysir) : selon la Charia,
les activités contenant des éléments d’incertitude excessives ou qui reposent sur la
spéculation en vue de réaliser un profit sont interdits. Un contrat conforme à la Charia
est celui dont toutes les caractéristiques fondamentales sont claires.
• La Mousharaka
Il s’agit d’un contrat de partage de profits et de pertes selon lequel l’entrepreneur et le
financier participent à l’apport du capital et à la gestion de l’affaire. Similaire à une joint
venture, l’apport en capital est réalisé selon des pourcentages définis au préalable ainsi les
profits sont distribués selon des ratios définis contractuellement. Ces profits peuvent différer
de la proportion du capital investi par chaque partie mais les pertes sont toujours réparties au
prorata de l’apport en capital réalisé.
En pratique, la Mousharaka est souvent gérée par une des parties moyennant des frais. Cet
instrument est fréquemment utilisé dans le cadre du financement de projets à long terme, tel
qu’une joint-venture pour l’acquisition d’un bien spécifique, le développement d’un nouveau
projet d’entreprise.
La Mousharaka peut revêtir l’une des deux formes suivantes :
- La Moucharaka Tabita : l’établissement de crédit et le client demeurent partenaires au
sein de la société jusqu’à l’expiration du contrat les liant
- la Moucharaka Moutanakissa : l’établissement de crédit se retire progressivement du
capital social conformément aux stipulations du contrat.
.
• La Moudaraba
Il s’agit également d’une joint venture, similaire au mécanisme de la Mousharaka, impliquant
un principe de partage de profits et de risque. Le partenariat comporte le gérant (un moudarib)
qui sera chargé de placer les fonds pour le compte des investisseurs (Rab-al mal) dans le
projet sans aucun apport en capital de sa part.
Les profits sont répartis selon des ratios définis contractuellement mais à la différence de la
Mousharaka, les pertes sont supportées uniquement par les investisseurs. Ce principe repose
sur l’idée que la contribution du gérant, ses efforts et son expertise ont une valeur, à
l’exception du cas ou celui-ci commet une erreur grave ou ne respecte pas les termes du
contrat.
En pratique, la Moudaraba est souvent employée dans le monde de la finance islamique pour
gérer des liquidités (p.ex. comptes d’investissement avec partage des profits et pertes dans le
cadre desquels la banque islamique agit en tant que moudarib et l’investisseur en tant que
(rab-al-mal). Cet instrument est également utilisé pour mettre en place d’autres structures de
financement islamique syndiqué.
25
Dans le contrat Mourabaha classique, un financier acquiert un actif pour le compte de son
client et le lui revend ensuite moyennant des paiements souvent échelonnés sur une période
donnée. En pratique, le prix de revente est égal au coût d’acquisition majoré d’une marge,
convenue entre les parties. Les modalités de paiements à terme ainsi que les prix de revente et
les marges associées sont convenues et acceptés au préalable par les deux parties.
• L’Ijara
C’est l’équivalent d’un contrat de bail ou le cas échéant d’un contrat de location-vente. Il
s’agit d’un instrument souvent utilisé pour financer les actifs mobiliers et immobiliers ainsi
que pour le financement des projets d’infrastructure long termes. Le financier (la banque)
demeure le propriétaire de l’actif et supporte tous les risques qui y sont associés. Dans ce
mode de financement, l’actif n’est pas revendu au client mais est plutôt donné en location en
contrepartie du versement de loyers.
Quelques différences distinguent cet instrument d’un contrat de crédit bail classique :
- L’Ijara ne prévoit pas de pénalités en cas de retard ou défaut de paiement.
- Un contrat Ijara ne permet pas de rééchelonner les paiements, toute modification des
termes contractuels ne peut se faire qu’à travers un nouveau contrat.
- Les paiements dans un contrat Ijara ne peuvent pas se faire avant la livraison réelle du
bien contrairement à un contrat de crédit bail classique.
- Dans un contrat d'Ijara, il est possible de déterminer le montant de chaque paiement
non pas préalablement mais à la date où la livraison de l'actif sous-jacent est prévue.
Cette flexibilité rend cet instrument particulièrement utile dans le cas de financement
de projets, une activité où l'incertitude sur la rentabilité future d'un projet
d'investissement peut être importante.
Le contrat Ijara peut consister en une location simple. Elle peut également être assortie de
l’engagement ferme du locataire d’acquérir le bien loué à l’issue d’une période convenue
d’avance.
26
• L’Istitnaa
Il s’agit également d’un contrat à terme mais qui diffère du contrat Salam dans les modalités
de paiement. En effet, ce type d’instrument permet une flexibilité de paiements qui pourraient
s’effectuer à la signature du contrat en comptant, graduellement ou même à terme. Les
paiements peuvent même être effectués en fonction de l’avancement du projet. Il est à noter
que dans ce type de produit, la date de la livraison du bien n’est pas déterminée à l’avance
mais les modalités de paiement doivent être spécifiées dans le contrat.
Une autre particularité de l’Istitnaa concerne la nature du bien financé. En effet, cet
instrument s’applique uniquement sur les biens qui sont construits ou fabriqués ce qui
explique sa popularité dans les financements de projets de construction ou de développement
d’actifs.
• Qard al Hassan
Il s’agit d’un instrument de dette « gratuit » qui se rapproche plus d’une aide financière que
d’un crédit commercial. C’est en effet un prêt sans intérêt qui pourrait être utilisé dans des
situations spécifiques. Par exemple, lorsqu’une entreprise ou un individu est en difficulté ou si
on souhaite favoriser le développement d’un nouveau secteur.
27
Chapitre 5
Les théories monétaires : l’approche dichotomique
Les théories monétaires dichotomiques considèrent la monnaie comme est un voile qui cache
les transactions réelles entre les biens et qu’il suffit de soulever ce voile pour percevoir la
réalité des phénomènes. J. B. Say n’a-t-il pas affirmé que « les produits s’échangent contre les
produits » et que « semblables à l’huile qui adoucit les mouvements d’une machine
compliquée, les monnaies, répandues dans tous les rouages de l’industrie humaine, facilitent
des mouvements, qui ne sont plus productifs dès que l’industrie cesse de les employer ».
J.S Mill n’a pas manqué de souligner que : « II n’est pas dans l’économie d’une société
quelque chose de plus insignifiant en elle-même que la monnaie, si on la considère autrement
que comme un mécanisme pour faire vite et commodément ce que l’on ferait moins vite et
moins commodément s’il n’existait pas ». Quant à Walras, il considère que la monnaie est un
« voile » dans la mesure où elle ne modifie pas les termes de l’équilibre réel puisqu’elle n’est
jamais demandée pour elle-même : « Le besoin que l’on a de monnaie, écrit-il, n’est autre
chose que le besoin de marchandises que l’on achètera avec cette monnaie ».
La monnaie, selon ces théories, est dite neutre. Ce qui signifie que les modifications qui
interviennent dans la sphère monétaire ne provoquent aucune perturbation de l’équilibre de la
sphère réelle, notamment le domaine de la production. En particulier, l’augmentation de la
quantité de monnaie en circulation génère une hausse générale de tous les prix, sans changer
les prix relatifs.
Les théories de la monnaie voile reposent sur une forte dichotomie entre la sphère réelle et la
sphère monétaire, puisque selon elles, la monnaie serait détachable du reste de l’économie
pour être étudiée à part.
La théorie quantitative de la monnaie, aussi bien dans sa version ancienne que nouvelle,
illustre parfaitement cette conception de la monnaie comme étant un voile et n’ayant qu’un
rôle insignifiant. Cette théorie a connu, depuis sa naissance, trois grandes étapes :
La première étape est relative à son émergence qui est fortement liée à ce que les historiens
appellent communément « la grande inflation du 16° siècle ». C’est au cours de cette étape
qu’elle connaît sa première formulation grâce à la tentative d’explication de cette inflation
faite par Jean Bodin.
La deuxième étape, correspondant à l’âge classique, est celle durant laquelle la T.Q.M s’est
consolidée. J. Locke, en la soustrayant de l’influence mercantiliste qu’elle subissait
jusqu’alors, à largement favorisé son renforcement. La contribution de J. Locke sera reprise et
enrichie notamment par R. Cantillon et D. Hume. Et c’est surtout lors de la fameuse
controverse, du début du 19° siècle, sur les conséquences de la suspension, par la Banque
d’Angleterre de la convertibilité en or de la livre sterling que les quantitativistes, rassemblés
autour de D. Ricardo, obtiennent gain de cause et consacrent la prééminence de la T.Q.M .
La troisième étape, enfin, qui début depuis le dernier tiers de 19° siècle, constitue une période
au cours de laquelle la T.Q.M a pu s’adapter aux multiples controverses dont elle a fait
l’objet. D’abord, elle a été vivement contestée, puis aux travaux d’I. Fisher et des
cambridgiens, elle est reformulée et a pu retrouver une nouvelle crédibilité, Discrédité en par
la suite par la suite, par Keynes, la T.Q.M connaît un regain de popularité dans les années
1960 et 1970 grâce aux travaux de l’école monétariste.
28
1. L’émergence de la théorie quantitative de la monnaie
29
accroissement de la quantité de monnaie, il donne une des premières formulations de la
théorie quantitative de la monnaie. « Sans doute, écrivent M. Bassoni et A. Beitone, ne doit-
on à J.Bodin que le premier jalon du quantitativisme : l’observation parallèle des mouvements
de prix et des mouvements de la circulation monétaire. Point de théorie encore ; seulement
une démarche d’investigation… mais déjà beaucoup pour l’époque ». C’est dire que J. Bodin
et les autres précurseurs du quantitativisme n’ont fait qu’ébaucher le raisonnement
quantitativisme n’ont fait qu’ébaucher le raisonnement quantitatif en ouvrant la voie à une
meilleure appréhension de la théorie quantitative de la monnaie et au parachèvement d’une
vision de la monnaie passive et sans aucune influence sur les processus réels de création de
richesses.
2 : La TQM originelle
Dans la théorie classique, la monnaie joue un rôle unique qui consiste à déterminer le niveau
général des prix à partir de la théorie quantitative de la monnaie. Celle-ci a trouvé une certaine
consolidation auprès d’un certain nombre d’auteurs qui se sont contentés de confirmer le
parallélisme entre l’évolution des prix et celle de la quantité des métaux précieux. Mais c’est
surtout avec les économistes classiques, notamment, D Ricardo que la T.Q.M atteint.
30
Si la monnaie, selon Hume, est neutre à longue terme, qu’en est-il dans le court terme ? il
envisage l’existence de « périodes de transition » au cours desquelles l’augmentation de la
quantité de monnaie opère une modification progressive du niveau des prix. De même,
l’activité et l’emploi se trouvent stimulés. « Il n’importe nullement à la prospérité intérieure
d’un Etat, écrit-il, que le volume de monnaie soit plus ou moins grand. La sagesse, chez un
souverain, ne consiste qu’à le maintenir, autant que possible, croissant. Car c’est ainsi qu’il
soutient l’esprit d’entreprise de la nation et qu’il accroît l’activité du travail, en quoi réside
toute la puissance et la richesse réelle ».
Etant membre du parlement anglais et de plusieurs comités d’enquête mis en place par celui-
ci, David Ricardo (1772-1823) a participé activement aux débats sur la politique monétaire.
C’est dans le cadre de la célèbre controverse « The Bullionist Controversy », qui a eu lieu en
Angleterre entre 1797 et 1821, à propos des effets de la suspension de la convertibilité en or
de la livre sterling, que les quantitativistes, autour de D. Ricardo, l’emportent. Ce qui conforte
davantage le fondement de la théorie quantitative, à savoir le caractère exogène et passif de la
monnaie.
En effet, lorsqu’en 1793, la France déclare à l’Angleterre, cette dernière s’est trouvée
confrontée à un problème énorme, celui de la nécessité de protéger ses réserves d’or qui sont
menacées par une émission excessive de billets de banque, motivée par le financement des
dépenses de la guerre. A l’instar d’autres pays dans de pareilles circonstances, l’Angleterre a
dû recourir, en 1797, à l’instauration du cours forcé de sa monnaie. La hausse des prix que
l’Angleterre a connue à partir de 1808 a suscité un large débat sur les causes de cette hausse,
débat qui a eu lieu autour d’un rapport « bullions report » réclamé par la chambre des
Communes et déposé en 1810. Deux thèses vont s’affronter, celle des anti-bullionistes et celle
des bullionistes et celle des bullionistes
Les anti-bullionistes considèrent que l’inflation a pour cause essentielle la guerre qui
provoque de multiples perturbations dans le fonctionnement de l’économie. Les bullionistes,
dont le chef de file est D. Ricardo, en assimilant le papier-monnaie à la monnaie métallique,
estime que c’est l’émission abusive de billets inconvertibles, suite à la suspension de la
convertibilité de la livre sterling, qui se trouve à l’origine de la hausse des prix. La solution
réside, donc dans le retour au régime de la convertibilité de la monnaie.
31
égale à la valeur totale des biens achetés ». Ainsi, le total de la monnaie payée pendant une
année et la valeur globale des transactions réalisées durant la même période sont équivalents.
La valeur globale des échanges est : ∑ p .x
i i
L’ensemble des biens x, échangés pendant l’année, correspond au volume globale des
transactions noté T. De même, les prix pi, représentant une moyenne pondérée des prix,
peuvent être synthétisés dans un indicateur P. Il s’ensuit que la valeur globale des échanges
est égale à PT.
Pour régler ces échanges, une quantité de monnaie M a été utilisée plusieurs fois selon une
vitesse de circulation V. Ce qui veut dire que les dépenses monétaires durant l’année sont
égales à M.V.
Et comme la valeur des biens échangés est obligatoirement égale à la quantité de monnaie
utilisée, on peut écrire l’égalité suivante qui représente l’équation de Fisher :
M.V= P.T
Cette équation signifie que la masse monétaire (M) multipliée par sa vitesse de circulation (V)
est égal au niveau général des prix (P) multiplié par le volume des transactions (T).
Constatant l’importance prise par la monnaie scripturale (sous forme dépôts à vue auprès des
banques), Fisher introduit cette forme de monnaie dans l’équation des échanges qui devient :
M .V + M ′.V ′ = P.T
Avec M : masse de la monnaie fiduciaire ; M’ : masse de la monnaie scripturale, V et V’ : les
vitesses de circulation de ces deux formes monétaires.
A partir de cette équation, Fisher envisage une relation mécanique entre la monnaie et le
niveau général des prix. Il exprime clairement lorsqu’il écrit que : « Un volume supérieur de
monnaie achetant le même volume de marchandises, il faut que les prix montent. C’est
exactement comme du beurre que l’on étend sur du pain : si l’on met plus de beurre, il faut
que la couche soit plus épaisse. Le pain représente la quantité de marchandises ; l’épaisseur
du beurre, le niveau des prix. Supposons encore que la circulation des marchandises demeure
constante, mais que la circulation de la monnaie décroisse. Les prix baisseront. Si nous
disposons de moins de beurre pour notre tartine, la couche sera plus mince »
Les hypothèses formulées par Fisher sont destinées à vérifier, à partir de l’équation des
échanges, le fondement même de la théorie quantitative de la monnaie, à savoir que toute
augmentation de la quantité de monnaie entraîne une augmentation proportionnelle du niveau
général de tous les prix. Trois principales hypothèses ont été retenues :
- le paramètre T ne vraie pas lorsque M augmente.. Autrement dit, la monnaie est
neutre, c’est-à-dire qu’elle n’agit pas sur le niveau de la production et de l’emploi.
- la vitesse de circulation de la monnaie est une constante numérique. Cette vitesse ne
dépend ni de M, ni de P. Elle résulte de deux variables : le volume des transactions et
les différents facteurs institutionnels (rythmes et habitudes de paiements, structures
économiques et financières du pays, rapidité des moyens de transport et de
communication, infrastructure des échanges, densité de la population…). Ces deux
variables sont elles- mêmes constantes à court terme.
- les variations de M sont exogènes. Elles dépendent de « la production minière », de «
l’introduction d’une monnaie métallique moins chère », de « la sortie de billets de
banque » et bien entendu de la politique de la Banque centrale.
A partir de ces hypothèses, Fisher établit clairement le sens de la causalité : M est la seule
variable agissant sur P. La structure des prix relatifs des différents biens ne subit aucun
changement, seul leur niveau varie.
32
3.2. La version cambridgienne de la TQM
L’école de Cambridge regroupe les économistes qui travaillent à l’université de Cambridge
durant la fin du 19ème et le début du 20ème siècle. Elle est représentée principalement par
Alfred Marshall et Arthur Cecil Pigou qui vont poursuivre l’approfondissement de la théorie
quantitative tout en mettant en évidence ses limites.
Alors que Fisher adopte une approche par les transactions, A Marshall (1842-1924) utilise une
approche par les encaisses dans la formulation de la théorie quantitative de la monnaie. En
effet, dans son équation, Fisher considère qu’un montant de versements monétaires (M.V)
assure un volume de transaction (P.T). En revanche, A Marshall s’intéresse à la demande de
monnaie, c'est-à-dire aux encaisses monétaires que les agents économiques désirent détenir
durant l’intervalle qui sépare les encaissements et les décaissements. Selon Marshall, le but de
cette détention est de saisir les opportunités de transaction puisque la monnaie offre à son
détenteur la possibilité d’effectuer facilement des dépenses. A. Marshall ne manque pas de
préciser que la détention d’encaisses occasionne un manque à gagner, dans la mesure où la
monnaie conservée aurait rapporté un revenu si elle été investie.
Le montant de la monnaie conservée par les agents économiques, qui est une fraction de leurs
avoirs monétaires, est fonction de deux paramètres : le revenu et le patrimoine.
Marshall reformule l’équation de Fisher en une équation d’équilibre connue sous le nom
d’équation de Cambridge :
M= k.P.Y
Avec :
M : l’offre nominale de monnaie ; elle est exogène et déterminée par le régime
monétaire en vigueur et par le système bancaire.
P : le niveau général des prix
Y : Le revenu national réel
k : la proportion du revenu nominal que les agents désirent détenir sous forme de
monnaie. C’est ce que Marshall appelle « coefficient d’utilisation de la monnaie ».
Ainsi, k.P.Y représente la demande d’encaisses monétaires.
Cette «équation souligne le fait que les agents économiques désirent détenir une certaine
proportion de leurs transactions totales sous forme de monnaie.
M M
En écrivant l’équation de Cambridge = kY , on peut dire que l’encaisse réelle désirée
P P
par les agents économiques est une proportion constante k du revenu national Y.
1
En assimilant k à d’une part et Y à T d’autre part, on constate qu’il y a une analogie entre
V
l’équation de Fisher et l’équation cambridgienne. Cette analogie n’est que formelle, dans la
mesure où l’équation de Marshall exprime une demande de monnaie, alors que l’équation
quantitative de Fisher met en évidence un mécanisme d’ajustement des pris à une variation
exogène de la quantité de monnaie.
Le passage, opéré par Marshall, d’une approche en termes de transaction à une approche en
termes d’encaisses ne constitue pas une mise en cause de la théorie quantitative de la
monnaie, mais conduit à une nouvelle formulation de l’équation quantitative. C’est ce que
l’on doit à Pigou.
Dans son article de 1917, Pigou (1877-1959) écrit que : « J’insiste sur le fait que, bien que le
processus que je suggère soit tout différent de celui qu’à élaboré I. Fisher, je ne suis nullement
33
un ennemi de la théorie quantitative, il a peint son tableau sur un certain plan et je peins le
mien sur un autre, mais nous peignons tous les deux la même chose et nos témoignages à tous
deux, concordent en substance »
Ce qui constitue l’originalité de Pigou par rapport à tous les quantitativistes est que l’on
retrouve chez lui une demande de monnaie des individus. En effet, pour lui, les individus
souhaitent détenir une encaisse monétaire qui est fonction du revenu perçu. Cette en caisse
sert non seulement à assurer les transactions courantes (« réserve de convenance »), mais
également à faire face à des besoins inattendus (« réserve de sécurité »). Cette dernière
réserve exprime l’existante d’une demande de monnaie, c’est-à-dire que la monnaie a une
utilité propre et est demandée pour elle-même.
Dans son explication des motifs de détention de l’encaisse monétaire, Pigou souligne le motif
de transactions qui renvoie à la fonction de la monnaie comme intermédiaire des échanges et
le motif de précaution qui a trait à la fonction réserve de valeurs de la monnaie.
La fonction que Pigou propose s’écrit :
= kY [c + h(1 − c) )]
M
P
Avec :
Y : revenu réel
k : le pourcentage du revenu détenu par les individus sous forme de monnaie à cours
légal (monnaie métallique et billets)
M : masse monétaire nominale
P : niveau général des prix
M
: masse monétaire en valeur réelle
P
c : proportion de la liquidité détenue par les agents en monnaie légale
. Ce qui signifie que (1-c) correspond aux dépôts bancaires.
h: proportion des dépôts conservée par les banques sous forme de monnaie légale.
Selon Pigou, les agents économiques ne sont pas victimes de l’illusion monétaire et se
comportent d’une manière rationnelle. Ils sont, donc, sensibles aux variations du niveau
M
général des prix, puisque ces variations affectent leur encaisse réelle . Ainsi :
P
M
Si P diminue, augmente. Il s’ensuit une augmentation de la demande de biens des agents
P
et, par conséquent, une élévation de P qui va se poursuivre jusqu’à ce qu’une situation
d’équilibre soit atteinte. Inversement, dans le cas où P s’accroît, et pour maintenir le pouvoir
M
d’achat intact, M doit augmenter du fait que les agents doivent compenser la réduction de
P
la valeur réelle de leur encaisse. Ce qui signifie que toute hausse générale des prix doit
nécessairement s’accompagner d’une demande accrue de monnaie.
Ainsi, Pigou introduit un mécanisme de correction automatique selon lequel les agents, pour
se protéger contre la perte de pouvoir d’achat de leur encaisse, se comporte de la manière
suivante :
- En cas d’inflation, ils procèdent à une amplification de la quantité de monnaie qu’ils
détiennent en renonçant, notamment, à une consommation immédiate. Un tel
34
comportement est de nature à atténuer l’excès de demande de biens et services et à
freiner l’inflation.
- Dans le cas d’une baisse des prix, les agents réduisent l’encaisse qu’ils conservent et
accroissent leur demande de biens et services.
L’équation de Pigou constitue, par rapport à celle de Fisher, un outil plus perfectionné pour
rendre compte de l’action de la monnaie sur les prix. Le mérite de Pigou est d’avoir permis de
comprendre le mécanisme selon lequel le niveau général des prix s’ajuste à un changement de
la quantité de monnaie, dans la mesure où les ménages souhaitent détenir une partie de leur
revenu réel sous forme de monnaie. Ainsi, avec un accroissement de la quantité de monnaie
en circulation, les agents reçoivent de la monnaie pour un montant supérieur à ce qu’ils
souhaiteraient conserver. Ce qui les conduit à augmenter leur dépense, d’où une hausse du
niveau général des prix. Cette hausse se poursuit jusqu’à ce que l’encaisse réelle des agents
soit de nouveau dans la même proportion par rapport au revenu réel avant l’augmentation de
la quantité de monnaie.
35
Chapitre 6
Les théories monétaires : l’approche intégrationniste
Cette famille de théories rejette toute dichotomie entre la sphère réelle et la sphère monétaire
de l’économie. Selon cette tradition, la monnaie et l’économie réelle ne peuvent être séparées,
puisque l’économie est, par essence, monétaire.
Les théories intégrationnistes, qui ont en commun le rejet de la théorie quantitative de la
monnaie, se sont développées autour de deux principaux thèmes : le thème de la monnaie de
crédit qui s’intéresse à la relation monnaie- économie et le thème de la monnaie purement
endogène qui privilégie dans la dialectique monnaie- économie la relation causale qui va de
l’économie vers la monnaie.
1. L’apport de Wicksell
36
totalement valable dans le premier type d’économie et continue de conserver une « apparence
de validité substantielle » dans le deuxième type d’économie. En revanche, dans le troisième
type d’économie, il s’agit là d’un régime monétaire très hypothétique dans lequel la théorie
quantitative n’a aucune validité.
Avec le développement de l’économie, des banques font leur apparition et se mettent à
accorder des crédits surtout aux entreprises soucieuses d’accroître leur capacité de production.
Selon Wicksell, l’octroi de crédits affecte la stabilité de la vitesse de circulation de la
monnaie, « l’utilisation du crédit, écrit-il, équivaut à un transfert virtuel de monnaie ; le crédit
accroît la vitesse de circulation d’une quantité donnée de monnaie ». En outre,
l’accroissement du volume du crédit entraîne une augmentation de l’offre de monnaie. Ce qui
ne manque pas de provoquer une perturbation de l’équilibre monétaire qui conduit à des
déséquilibres de l’offre et de la demande des biens, c’est -à- dire à des variations du niveau
général des prix et des prix relatifs ainsi que de la production.
Ainsi, pour Wicksell, le crédit bancaire rend les phénomènes économiques interdépendants.
L’analyse de ces phénomènes ne peut plus se faire en traitant successivement le secteur réel
puis le secteur monétaire (analyse dichotomique), mais en saisissant ces phénomènes
directement sous leur forme monétaire (analyse intégrée).
37
activités. Elles accroissent leur demande de terre, de travail, de matières premières et de
produits semi-finis. Ce qui entraîne l’augmentation des rentes et des salaires. Etant incitées à
investir davantage, elles demandent des crédits auprès des banques, d’autant plus que le taux
monétaire est faible par rapport au taux naturel. Il en résulte une phase d’expansion
caractérisée par une demande accrue de biens de consommation et d’investissement et, donc,
par un accroissement de l’emploi et de la production, ainsi que des prix. La hausse cumulative
des prix se poursuit tant que le taux monétaire est inférieur au taux naturel.
Le principal apport de Wicksell est d’avoir intégré et à travers la liaison entre l’épargne et
l’investissement. En outre, en essayant de démontrer que la monnaie agit sur l’ensemble de
l’activité économique, notamment sur le niveau de la production, de l’emploi et des prix,
Wicksell s’éloigne de la théorie quantitative de la monnaie.
2. L’apport de Keynes
L’œuvre de Keynes (1883-1946) marque une rupture majeure dans l’évolution de la pensée
économique. Les principales analyses de Keynes portent sur les problèmes monétaires et se
trouvent développées dans deux ouvrages essentiels : « Traité sur la monnaie » publié en 1930
et surtout « la théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » paru en 1930.
Keynes plaide pour une vision différente du rôle de la monnaie dans l’économie, vision ayant
pour fondement le rejet de la dichotomie, de la neutralité et de l’exogènéité de la monnaie.
En rejetant l’analyse dichotomique, Keynes refuse la séparation entre le monde de la monnaie
et le monde de l’économie réelle et, donc, rejette catégoriquement la théorie quantitative de la
monnaie. F. Poulon écrit que : « Keynes domine au 20) siècle, l’analyse non dichotomique
comme Ricardo, au siècle précédent, avait dominé l’analyse dichotomique ».
En refusant la neutralité de la monnaie, Keynes rejoint une image célèbre selon laquelle la
monnaie n’est pas seulement l’huile dans les rouages du moteur, mais également le carburant
qui fait marcher ce moteur.
En rejetant, l’exogènéité de la monnaie, Keynes défend de caractère endogène de la monnaie.
Ce qui veut dire que la présence de la monnaie dans l’économie ne peut s’expliquer que par
les besoins en monnaie exprimés par les agents économiques. Autrement dit, la quantité de
monnaie en circulation dans une économie est le résultat des différentes opérations de crédit
destinées à satisfaire les besoins de financement des agents économiques.
Ainsi, Keynes adopte une approche intégrationniste selon laquelle les phénomènes
économiques sont, dans leur essence, monétaire et que par conséquent, la monnaie doit être
dès le départ dans toute analyse de ces phénomènes. L’économie que Keynes conçoit est une
économie monétaire de production par opposition à l’économie d’échange réel développée par
les classiques.
A partir de l’analyse de la demande de monnaie exprimée par les individus, Keynes détermine
les motifs de la préférence pour la liquidité la confrontation de l’offre et la demande de
monnaie permet de déterminer le taux d’intérêt, lequel taux influence la production et,par voie
de conséquence, l’emploi.
38
Il correspond à la fonction de la monnaie comme instrument des échanges. Keynes le définit
comme étant « le besoin de monnaie pour la réalisation courante des échanges personnels et
professionnels « .Il le décompose en un motif de revenu et un motif professionnel. La
détention de la monnaie pour motif de revenu a pour but de « combler l’intervalle entre
l’encaissement et le décaissement du revenu » et dépend de deux facteurs : le montant du
revenu et la longueur de l’intervalle de temps entre l’encaissement et ce revenu.
Le motif professionnel concerne les entreprises qui gardent la monnaie « pour combler
l’intervalle entre l’époque où l’on assume les frais professionnels et celle où on encaisse le
produit de la vente ». L’intensité de la demande de monnaie pour le motif professionnel
dépend « de la valeur de la production courante (c’est-à-dire du revenu courant) et du nombre
de mains entre lesquelles elle passe ».
• Le motif de précaution :
Keynes explique ce motif par « le désir de sécurité en ce qui concerne l’équivalent futur en
argent d’une certaine proportion de ses ressources totales ». Il résulte de l’incertitude ressentie
par les agents économiques concernant leurs recettes et leurs dépenses et trouve sa raison
d’être dans « le souci de parer aux éventualités exigeant une dépense soudaine, l’espoir de
profiter d’occasions non prévues d’achats avantageux, et enfin le désir de garder un avoir de
valeur nominale immuable pour faire face à une obligation future stipulée en monnaie ».
La détention de la monnaie au titre de la précaution est tributaire de deux facteurs principaux.
D’abord, le coût et la sécurité avec lesquels les agents économiques pourront se procurer de la
monnaie en cas de besoin. En effet, si les agents peuvent se procurer facilement de la monnaie
( en obtenant des découverts ou des crédits sur une courte période), la détention de la monnaie
pour motif de précaution n’est pas très nécessaire. Ensuite, le coût relatif de la détention de la
monnaie, du fait que cette détention implique un manque à gagner pour les agents
économiques qui auraient pu utiliser la monnaie conservée dans des placements rémunérés.
• Le motif de spéculation :
Ce motif constitue l’apport le plus original de la théorie keynésienne de la demande de
monnaie. Il est défini par keynes comme « le désir de profiter d’une connaissance meilleure
que celle du marché de ce que réserve l’avenir ».
Alors que les deux premiers motifs correspondent à une demande de monnaie active, le motif
de spéculation représente la demande de monnaie oisive. De même, les deux premiers motifs
sont sensibles à l’évolution de l’activité économique et du niveau des revenus, tandis que la
demande de monnaie pour motif de spéculation réagit aux variations du taux d’intérêt. En
effet, la détention de la monnaie est envisagée dans le cadre d’un arbitrage entre monnaie et
titres. Cet arbitrage est fonction des anticipations sur l’évolution future du cours des titres.
Le motif de spéculation résulte de la prise en compte de l’incertitude affectant le cours des
titres et s’explique à partir de la relation inverse entre le taux d’intérêt et le cours des titres.
Cette relation inverse s’explique de la manière suivante : si le taux d’intérêt augmente, les
nouveaux titres proposent une rémunération plus élevée que celle des anciens titres. Les
épargnants vendent leurs anciens titres, ce qui fait baisser leur cours.
39
sphère monétaire signifie que les conditions de l’équilibrage sur le marché de la monnaie
conditionnement l’équilibre sur le marché réel : l’offre de monnaie peut influencer la quantité
des richesses produites. C’est le taux d’intérêt qui constitue la variable d’intégration des deux
sphères réelle et monétaire. Il est dans l’analyse keynésienne une variable monétaire qui
permet le passage de la sphère monétaire à la sphère réelle : il exprime l’équilibre entre l’offre
et la demande de monnaie d’une part, et influence l’investissement qui est une variable réelle
d’autre part ; l’investissement est supposé dépendre positivement de l’écart entre le taux
d’intérêt et l’efficacité marginale du capital (qui mesure la rentabilité d’un investissement en
biens physiques).
Keynes divise la demande de monnaie (l’encaisse monétaire) en deux composantes :
- M1 : la monnaie détenue par les agents pour motifs de transaction et précaution. Elle
est déterminée par une fonction de liquidité L1 qui dépend principalement du montant du
revenu R et sans que le taux d’intérêt joue le moindre rôle. Ainsi, la demande de monnaie
pour les motifs de transaction et de précaution varie en fonction du revenu et non du taux
d’intérêt. Ainsi :
M1= L1( R) avec 0≤ dL1/dR
Graphique 1 Graphique 2
L1(R)
R R
L1(R)
M1 M1
Graphique 3
i
it
L2(i)
I0
M2
40
La fonction L(i) exprime le fait qu’une baisse de i est associée à une augmentation de M2 et
inversement, une augmentation de i est rattachée à une baisse de M2.
Si le taux d’intérêt est suffisamment élevé à tel point que les agents économiques ne prévoient
pas qu’il puisse augmenter davantage, cela signifie que les agents estiment que les titres sont à
leur cours le plus bas. Puisque, désormais, les titres ne peuvent que connaître une évolution à
la hausse, aucun agent ne détiendra la monnaie pour le motif de spéculation. Chaque agent
conservera son épargne sous forme de titres, dans la mesure où ces titres sont promis à une
augmentation future.
En revanche, une baisse du taux d’intérêt provoque la hausse du cours des titres et réduit les
possibilités de réaliser des plus-values ultérieures. Ce qui incite les épargnants à se
débarrasser de leurs titres. Au fur et à mesure que le taux d’intérêt diminue, la préférence pour
la liquidité s’accroît,. Lorsque le taux d’intérêt se trouve à son minimum, les épargnants
excluent toute possibilité de baisse de ce taux et le cours des titres est à son maximum. Etant
donné que les perspectives de plus-values sont nulles, les épargnants conservent tous leurs
avoirs en monnaie. C’est le phénomène appelé « trappe à liquidité » et qui correspondant à un
niveau du taux d’intérêt tel qu’en dessous de ce niveau aucun placement financier ne se
réalise, c’est-à-dire à une préférence pour la liquidité infinie.
Au total, la fonction de demande de monnaie ou fonction de « préférence pour la liquidité »
s’écrit :
M=M1+M2=L1(R) +L2(i)
Graphique 4
i
M0
i1
ie
L
i0
M
L’offre de monnaie est exogène. Elle est fixée par les autorités monétaires et est représentée
graphiquement par une droite verticale. Cette offre doit satisfaire la demande de monnaie.
C’est le taux d’intérêt qui assure cette comptabilité en se fixant à un niveau tel que la monnaie
demandée soit égale à la monnaie offerte.
Le point d’intersection entre la courbe de demande de monnaie et celle de l’offre de monnaie
détermine le taux d’intérêt d’équilibre ie. Keynes définit ce dernier comme étant « le prix qui
équilibre le désir de détenir la richesse sous forme de monnaie et la quantité de monnaie
disponible ».
Le graphique met en évidence le fait qu’une réduction de l’offre de monnaie entraîne une
augmentation du taux d’intérêt, tandis qu’une augmentation de celle-ci tend à le faire baisser.
Ce mouvement cesse de se manifester avec la trappe à liquidité, c’est-à-dire lorsque el taux
d’intérêt est à son minimum, puisqu’une offre de monnaie supplémentaire n’a aucune
répercussion sur ce taux.
41
Keynes conteste la thèse néo-classique selon laquelle le taux d’intérêt est une simple variable
qui ajuste offre d’épargne et demande d’investissement et le considère comme le résultat de la
confrontation entre l’offre et la demande de monnaie. « Ces derniers temps, écrit-il, de
nombreux économistes ont soutenu que le montant de l’épargne courante déterminait l’offre
de capital frais, que le montant de l’investissement courant en gouvernait la demande et que le
taux d’intérêt était le facteur d’équilibre ou le « prix déterminé par le point d’intersection de la
courbe de l’offre d’épargne et de la courbe de la demande d’investissement. Mais si l’épargne
globale est nécessairement et en toute circonstance juste égale à l’investissement global, il est
évident qu’une telle explication s’effondre. La solution doit être cherchée ailleurs. Nous
l’avons trouvée dans l’idée que le rôle du taux d’intérêt est de maintenir en équilibre, non la
demande et l’offre des biens de capital nouveaux, mais la demande et l’offre de monnaie,
c’est-à-dire la demande d’argent liquide et les moyens d’y satisfaire. Nous rejoignons ici la
doctrine des anciens économistes, antérieurs au 19° siècle. Cette vérité, par exemple, a été
discernée très nettement par Montesquieu ».
42
faire baisser le taux de l’intérêt par rapport à la courbe de l’efficacité marginale du capital
jusqu’à ce que le plein emploi soit réalisé »
Ainsi, et contrairement aux enseignements de la théorie quantitative de la monnaie, une
augmentation de la quantité de monnaie, en entraînant une baisse du taux d’intérêt, peut
favoriser la production et l’emploi.
43
Chapitre 7
Les théories monétaires : l’approche exogène active
44
- Les goûts et les préférences des détenteurs de la richesse : ils sont considérés comme
relativement constants dans le temps et dans l’espace. On les représente par une
variable µ.
C’est à partir de cette fonction que Friedman reformule la théorie quantitative de la monnaie.
En se demandant comment un changement dans la quantité de monnaie affecte-t-il le revenu,
Friedman pense que cette question revient à) se demande : pourquoi les agents économiques
détiennent-ils de la monnaie ? Il élargit la conception Keynésienne de la demande de monnaie
en considérant la monnaie comme un actif ordinaire, c’est-à-dire un actif dont la demande
dépend de la richesse des individus (autrement dit de leur « revenu permanent » et du taux de
rendement de cette monnaie par rapport aux autres actifs. Contrairement à Keynes, Friedman
considère, ainsi, le taux d’intérêt comme l’un des nombreux taux de rendement intervenant
dans la décision de détention de la monnaie.
Selon Friedman, lorsque la valeur de la monnaie change, la quantité de monnaie demandée
varie proportionnellement. « L’équation de demande varie proportionnément. « L’équation
de demande est indépendante, pour l’essentiel, des unités nominales utilisées pour mesurer les
variables monétaires. Si l’on change l’unité en laquelle les prix et le revenu monétaires. Si
l’on change l’unité en laquelle les prix et le revenu monétaire sont exprimés, le montant de la
monnaie demandée devrait varier proportionnellement ». En effet, l’analyse de la demande de
monnaie est basée sur la maximisation d’une fonction d’utilisé définie en termes de grandeurs
réelles. Les variables monétaires n’ont pas d’effet sur ces variables réelles. Cela signifie que
si l’on remplace, dans l’équation, P par λP et Y par λY, on obtient le même résultat que celui
donné par λf. LA fonction de demande de monnaie est homogène de degré 1 par rapport à P et
Y. On peut, donc, écrire :
1 dP 1 dP
f (λP, rb , re ; , ω , λY , µ ) = λf ( P, rb , re , ,ω ,Y , µ )
P dt P dt
A partir de cette homogénéité de la fonction de demande de monnaie, Friedman donne deux
nouvelles écritures de cette fonction :
1
Si λ = , l’équation prend la forme suivante :
P
M 1 dP Y
= f (rb , re , ,ω, , µ )
P P dT P
Cette présentation fait dire à Friedman que : « l’équation exprime la demande d’encaisses
réelles comme une fonction de variables réelles indépendantes des variables monétaires
nominales ».
1
Si λ = , l’équation devient :
Y
M P 1 dP
= f ( rb , re , ,ω, µ )
Y Y P dT
En inversement cette équation, on obtient :
45
Y 1
=
M p 1 dp
f ( , rb, re; ,ω , µ )
Y P dt
F peut être remplacée par une fonction v telle que :
Y P 1 dP
= v( , rb, re; ,ω , µ )
M Y P dt
Soit :
P 1 dP
Y = v( , rb , re ; ,ω, µ )
Y P dt
Cette équation montre que « les variations du revenu monétaire reflètent les variations de la
quantité nominale de monnaie ».
Il y a lieu de préciser que ce qui constitue la spécificité du néo-quantitativisme revendiqué par
Friedman, c’est l’hypothèse se trouve à la base de la politique de croissance à taux constant de
la masse monétaire. « Non seulement, écrit-il, le théoricien quantitativiste considère que la
fonction de demande de monnaie est stable, mais il considère aussi qu’elle joue un rôle
essentiel dans la détermination des variables auxquelles il attache une grande importance
pour l’analyse de l’économie dans son ensemble, telles que le niveau du revenu monétaire ou
des prix ». L’hypothèse de la stabilité de la demande de monnaie signifie une opposition à la
théorie keynésienne de la préférence pour la liquidité et, par conséquent, le refus de la
politique d’action sur les taux d’intérêt pour réguler l’activité économique.
Ainsi, avec Friedman, la théorie quantitative de la monnaie n’est plus une théorie expliquant
directement le niveau général des prix, puisqu’une variation de la quantité de monnaie
entraîne une variation du revenu monétaire et/ ou du niveau général des prix. Seulement,
l’équation ne permet pas de déterminer la proportion dans laquelle l’un et l’autre varient.
La primauté du marché :
Le marché est considéré comme le régulateur le plus efficace, dans la mesure où les prix
constituent les meilleurs signaux permettant un calcul économique rationnel et une affectation
optimale des ressources : « Les prix transmettent l’information, ils incitent les utilisateurs des
ressources à se laisser guider par cette information, et ils incitent les propriétaires de ces
ressources à tenir compte de ces informations ».
En revanche, les monétaristes considèrent que les contrôles centralises son source
d’inefficacité parce qu’ils faussent le calcul des agents économiques et provoquent des
distorsions : « Les contrôles des salaires et des prix agissent dans le sens contraire de cet
objectif (la lutte contre l’inflation). Ils provoquent des distorsions dans la structure des prix,
ce qui réduit augmente les effets secondaires néfastes de la lutte contre l’inflation au lieu de
les atténuer. Les contrôles des prix et des salaires gaspillent de la main-d’œuvre ».
46
M ′ + V ′ = P′ + Y ′ ou encore P′+ = M ′′ − (Y ′ − V ′)
Etant donné que les taux de croissance du revenu permanent (Y ′) est déterminé par les forces
« réels » de l’économie (dotations en facteurs, arbitrage consommation- épargne, progrès
technique, organisation du travail,…) et comme le trend à la baisse de al vitesse de circulation
de la monnaie (V ′) est d’une grande stabilité, il en résulte que le taux d’inflation est
l’excédent de la croissance monétaire sur la croissance réelle corrigée du trend de la vitesse.
L’inflation est, donc, un phénomène exclusivement monétaire dont la responsabilité incombe
à la politique monétaire.
47
son aptitude à garantir la stabilité des prix à long terme. Et c’est seulement grâce à cette
stabilité que la monnaie peut remplir sa fonction essentielle, à savoir véhiculer une
information non biaisée qui est nécessaire au bon fonctionnement de toute économie de
marché.
En guise de conclusion, on peut dire que chez les monétaristes, l’importance de la monnaie se
situe dans les effets perturbateurs qu’elle est susceptible de provoquer et que toute politique
monétaire discrétionnaire est sans efficacité. C’est la raison pour laquelle ils appellent la
banque centrale à l’application ferme de la règle de la progression de la masse monétaire à un
taux de croissance constant.
C’est dans son ouvrage « Prix et production » publié en 1931 que Hayek formule l’essentiel
de ses contributions sur les questions monétaires. Il s’oppose à Friedman sur deux questions
essentielles : la neutralité à long terme de la monnaie et la gestion de la monnaie par la banque
centrale.
48
Sous l’effet d’une augmentation de l’épargne des ménages, il se produit une diminution de la
demande de biens de consommation entraînant une diminution de la demande de biens de
consommation entraînant une diminution de leurs prix. Hayek suppose qu’il n’y a pas de
thésaurisation et que toute l’épargne est prêtée aux entreprises pour être investie. Dans ce cas,
la demande des biens intermédiaires enregistrera une hausse, ce qui provoque l’allongement
du processus productif qui devient de plus en plus capitalistique. L’augmentation de la
demande des biens intermédiaires et la baisse de la demande des biens de consommation font
croître les prix relatifs des premiers par rapport aux seconds. Il en résulte que les
entrepreneurs se trouvent incités à déplacer leur activité vers le secteur des biens
intermédiaires dont l’offre va augmenter. La structure de production se trouve, ainsi,
modifiée.
L’octroi de nouveaux crédits bancaires aux entrepreneurs, avec ses conséquences sur la
création de monnaie et sur l’inflation, perturbe également, selon Hayek, les prix relatifs ainsi
que l’affectation optimale des ressources et la croissance. Seulement, par rapport au cas
précédent, il existe une différence importante. En effet, avec l’inflation, l’épargne des agents
n’est pas volontaire et le sacrifice de la consommation leur est imposé. « Les consommateurs
(…), souligne Hayek, en raison de la concurrence plus vive des entrepreneurs qui ont reçu de
la monnaie additionnelle doivent renoncer à une partie de ce qu’ils affectaient à la
consommation. Ce sacrifice est supporté non parce qu’ils veulent consommer moins, mais
parce qu’avec leur revenu nominal, ils obtiennent moins de biens ». La demande nominale de
biens de consommation augmente, comme conséquence de la distribution du supplément de
salaires en provenance des investissements réalisés. Ce qui contribue à la hausse des prix des
biens, de consommation, laquelle hausse incite les entrepreneurs à produire davantage et, par
conséquent, à emprunter pour réaliser de nouveaux investissements. Si le taux d’intérêt est
maintenu à un niveau faible, les entrepreneurs continuent de faire appel à de nouveaux faible,
les entrepreneurs continuent de faire appel à de nouveaux crédits jusqu’ à ce que les occasions
rentables d’investissement soient épuisées. Le fait que le prix des biens de consommation
continue d’augmenter se traduit par la baisse des prix relatifs des biens intermédiaires. Leur
production devient, donc, non rentable et connaîtra une chute brutale. Les entrepreneurs
limitent leurs investissements dans les processus de production courts (qui utilisent beaucoup
plus de main d’œuvre que de capital). Il en résulte un rétrécissement de la structure de
production et une sous-utilisation des facteurs de production : une partie du capital est
inutilisée et des travailleurs sont en chômage.
Ainsi, selon Hayek, l’octroi du crédit bancaire conduit à des perturbations de l’économie dans
laquelle se produit une succession de phases d’expansion et de récession provoquée par un
excès puis une insuffisance d’investissement Hayek en tire une conclusion : toute politique
monétaire expansionniste doit être évitée, non seulement parce qu’elle aggrave el chômage
involontaire et accentue l’instabilité conjoncturelle. Il y a lieu de préciser, à ce propos, que la
reconnaissance de l’existence du chômage involontaire par Hayek oppose ce dernier à la
plupart des monétaristes anglo-saxons contemporains.
Pour neutraliser une monnaie par essence perturbatrice, il faut, donc, purement et simplement
abandonner la politique monétaire. Autrement dit, il faut dépolitiser la monnaie.
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conséquent, échapper à la politisation, c’est-à-dire elle ne doit, sous aucun prétexte, être mise
sous le contrôle exclusif de l’Etat. En effet, toute mainmise sur la monnaie ne peut que se
traduire par une politique monétaire génératrice de perturbations monétaires, notamment
l’inflation. C’est la raison pour laquelle « il faut protéger la monnaie contre la politique ».
Une première solution a été évoquée par les économistes autrichiens et, en particulier, par
Hayek : c’est le retour au régime de l’étalon-or.
Mais devant le caractère très peu réaliste de ce retour, Hayek défend, en 1976, la thèse de la
nécessaire privatisation de la monnaie. Il s’agit de la thèse du « free banking ». Selon cette
thèse, l’activité bancaire, comme toute autre activité, doit être régie par le jeu ordinaire du
marché et de la concurrence et n’a pas besoin d’être soumise à des règles « venues d’en
haut » ou à une autorité de tutelle, en l’occurrence la banque centrale. Celle-ci doit être, en
effet, dépossédée du monopole de l’émission de la monnaie, dans la mesure où la théorie
micro- économique, que Hayek applique à la banque centrale, enseigne que tout producteur en
situation de monopole vend sa production à un prix supérieur au prix qui résulterait d’un
marché concurrentiel. En outre, le monopole de la banque centrale illustre la mainmise du
politique sur l’économique individuelle. D’où la nécessité de dépolitiser la monnaie afin
d’empêcher les politiciens de confisquer le pouvoir monétaire et de l’utiliser à leur profit. Ce
qui mettrait en cause l’ordre spontané du marché.
Dans le système du free banking, les banques privées émettent librement des monnaies
concurrentes. Chacune de ces banques, de peur de subir la sanction du marché et de faire
faillite, se trouve obligée de sauvegarder la qualité et la stabilité de sa propre monnaie. Et
c’est le marché qui finira par sélectionner la ou les « bonnes » monnaies, c’est-à-dire celles
qui s’adaptent le mieux aux besoins de l’économie.
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