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DORMIGNY

Annalaura
Groupe 2
SÉANCE 6 – DISSERTATION
« La prison, lieu de soin »

Nelson Mandela a proposé des règles pour protéger les droits des personnes privées de liberté,
à savoir les détenus. Il a affirmé que « La prison doit être plus qu'un simple lieu de détention,
elle doit devenir un lieu de soins pour les corps et les esprits ».

La prison est souvent associée à un lieu de punition et de répression pour les criminels.
L’utilité de la peine est, par ailleurs, clairement définie dans le Code pénal à l’article 130-1,
selon lequel : « (…) La peine a pour fonctions :
1° De sanctionner l’auteur de l’infraction ;
2° De favoriser son amendement, son insertion ou sa réinsertion. »
L’emprisonnement a donc une fonction de protection (de l’individu de lui-même et/ ou de la
société), de prévention, et de favorisation de la réinsertion (sociale).
C’est une peine privative de libertés.

Néanmoins, des droits s’appliquent toujours comme le droit à la santé. En effet, l’accès aux
soins de santé est un droit fondamental pour tous les individus, y compris les détenus.
Cependant, les détenus ne peuvent recevoir des soins comme tout autre malade car ils sont
emprisonnés.
Il a donc fallu que les prisons puissent offrir un accès à des soins de santé pour les détenus,
tels que des soins médicaux, psychologiques et sociaux, et par conséquent, les structures
d’incarcération ont dû s’adapter.
Les prisons ont souvent été critiquées pour leur incapacité à fournir des soins de santé
adéquats aux détenus. Dans certains cas, la prison est considérée comme un lieu de soins pour
les détenus, offrant un environnement contrôlé pour les soins de santé et des programmes de
réadaptation pour les détenus.
Cependant, dans d'autres cas, la prison est considérée comme un lieu de confinement, qui ne
fournit pas les soins de santé nécessaires pour aider les détenus à réintégrer la société après
leur libération.
En effet, les services de soins sont souvent limités en raison des restrictions budgétaires, de
structures adaptées et du manque de personnel qualifié.
Les détenus atteints de troubles mentaux peuvent ne pas recevoir les soins et le traitement
appropriés, ce qui peut entraîner une aggravation de leur état et une augmentation des
comportements violents ou agressifs. À l’inverse, lorsqu’ils peuvent bénéficier d’un suivi
médical, celui-ci est souvent régulier avec des traitements continues dans un environnement
contrôlé.
En somme, la prison peut également offrir des avantages en tant que lieu de soins pour les
détenus atteints de troubles mentaux, en offrant un encadrement et un suivi rapproché, ainsi
que des programmes de thérapie et de réadaptation. Toutefois, le taux élevé de maladies
mentales et de troubles de santé mentale chez les détenus pose des défis importants pour la
prise en charge de leur santé en milieu carcéral.

À ce titre, il convient de se demander si la prison peut également être un lieu de soin pour les
détenus ? Elle fait d’ailleurs l’objet de nombreux débats.

La nécessité de soin a entrainé une conversion des prisons pour soigner les malades (I),
cependant, les prisons n’étant pas des lieux dédiés aux soins, elles connaissent certains
obstacles (II).
I. Le principe des « hôpitaux-prisons » affirmé par la nécessité de soin

Aujourd’hui, il est impératif que les détenus aient accès au soin pour vivre de dans bonnes
conditions (A) mais aussi pour favoriser leur réinsertion sociale (B).

A. L’impérativité d’un accès aux structures de soin

Les prisons sont souvent des lieux de détention pour les personnes atteintes de maladies
mentales et de troubles de santé mentale.
Une enquête réalisée dans le Nord-Pas-de-Calais, a démontré que 70% des personnes entrant
en prison souffrent d’au moins un trouble psychiatrique, et 50% d’entre eux en possède
plusieurs.
En effet, le taux de prévalence de ces pathologies est plus élevé chez les détenus que dans la
population générale. Ces troubles peuvent inclure la schizophrénie, les troubles bipolaires, la
dépression, l'anxiété et les troubles de stress post-traumatique.
De plus, les détenus atteints de troubles mentaux sont souvent confrontés à des problèmes
supplémentaires en raison de leurs maladies, tels que la stigmatisation, la discrimination et
l'isolement social.

Également, les conditions de vie dans les prisons sont parfois précaires et entraine la
propagation de maladies infectieuses et de maladies chroniques.
En effet, plusieurs facteurs tels que la surpopulation carcérale, la promiscuité, le manque
d'hygiène, et le manque d'accès aux soins médicaux en conséquence, sont favorables à
l’accroissement de ce type de maladies.

Ainsi, la prison peut offrir des avantages en termes de prise en charge des maladies
infectieuses et chroniques. Les détenus peuvent recevoir des soins médicaux réguliers, des
vaccins et des traitements pour les maladies infectieuses… La prison peut également offrir des
programmes de désintoxication pour les détenus dépendants.

En somme, les prisons peuvent être des lieux de soins pour les détenus atteints de maladies
mentales, infectieuses ou chroniques, mais elles peuvent également être des lieux où ces
maladies peuvent se propager et s'aggraver. Il est alors essentiel que les prisons disposent de
structures spécialisées dans le soin pour permettre à ces détenus de se soigner
convenablement.
De plus, il est important d’offrir des soins de santé de qualité pour garantir la réinsertion
réussie des détenus dans la société.

B. La favorisation de la réinsertion sociale des détenus

Lorsque l'on parle de la prison comme lieu de soin, il est important de noter que les
établissements pénitentiaires offrent un environnement contrôlé pour la prestation de soins de
santé. En effet, contrairement à l'extérieur où les patients peuvent manquer à leur rendez-vous
ou ne pas suivre leur traitement, les détenus sont sous la surveillance constante du personnel
pénitentiaire, ce qui facilite la prise en charge de leur santé.
Il est important d’ajouter que les détenus bénéficient de soin mais sont toujours incarcérés et
donc, doivent exécuter leur peine.

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Outre la prestation de soins de santé, les prisons peuvent également offrir un soutien social et
des programmes de réadaptation aux détenus. Ces programmes sont essentiels pour aider les
détenus à se réinsérer dans la société après leur libération et pour réduire le taux de récidive.

Par exemple, le soutien social est un programme qui vise à favoriser l’échange entre détenus,
à avoir un dialogue. C’est un bon moyen de débuter un projet de réinsertion sociale.
Également, les programmes de réadaptation visent à aider les détenus à se préparer à leur
réintégration dans la société. Ils peuvent inclure des cours de formation professionnelle, des
cours de compétences sociales… Les prisons peuvent également offrir des programmes de
probation et de libération conditionnelle pour aider les détenus à s'adapter à leur nouvelle vie
en dehors des barreaux.

Ces programmes, outre l’idée de réinsérer le détenu dans une vie sociale, ont également pour
but de réduire le taux de récidive.
Néanmoins, malgré leurs ambitions premières, il existe plusieurs obstacles à la mise en place
de ces programmes en prison.

II. Les obstacles au principe du soin en milieu carcéral

Le principe selon lequel la prison est un lieu de soin est controversé. En effet, les prisons sont
limitées en termes de fournissement de soins (A) mais sont aussi remis en cause par le fait que
la notion d’ « emprisonnement » devient floue (B).

A. La limites de l’infrastructure carcérale au fournissement de soins

La surpopulation carcérale est un problème majeur dans de nombreuses prisons à travers


le monde. Elle peut entraîner une dégradation des conditions de vie des détenus, ainsi qu'une
pression accrue sur le personnel carcéral et médical. Cette situation peut avoir des
conséquences graves pour la santé mentale et physique des détenus, qui peuvent être
confrontées à des maladies infectieuses, des problèmes de santé mentale et de dépendance, et
un risque accru de suicide.

La surpopulation carcérale peut conduire à des conditions de détention inhumaines telles que
le fait du partage des cellules et des espaces de vie avec un grand nombre de personnes, ce qui
peut entraîner la propagation de maladies infectieuses…
De plus, la surpopulation peut causer un stress mental et émotionnel qui peut aggraver les
problèmes de santé mentale préexistants et en provoquant de nouveaux.

À cela, s’ajoute le manque de personnel médical. Les prisons peuvent rencontrer des
difficultés à recruter et à retenir des médecins, des infirmières et des travailleurs sociaux
qualifiés pour travailler dans un environnement carcéral. De plus, le personnel médical peut
être surchargé de travail en raison de la surpopulation carcérale et de la prévalence de
maladies infectieuses et de problèmes de santé mentale parmi les détenus.

Également, l'insuffisance des budgets spécifiés à la santé en prison est un problème majeur
dans de nombreux pays. Les budgets insuffisants peuvent entraîner une incapacité à fournir
des soins de santé adéquats aux détenus, ce qui peut aggraver les problèmes de santé existants
et en provoquer de nouveaux.

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L'insuffisance des budgets spécifiés à la santé en prison peut entraîner un accès limité à des
soins de santé de qualité. Les détenus peuvent être confrontés à des temps d'attente prolongés
pour obtenir des soins de santé et à des retards dans l'obtention de traitements spécialisés. De
plus, les détenus peuvent être transférés d'une prison à l'autre, ce qui peut entraîner une
interruption des soins de santé en cours.

B. Les limites des infrastructures carcérales au maintien d’un suivi des détenus

Il est évident qu’un trouble mental ne peut être soigné en un jour. Ainsi, des unités
hospitalières ont été aménagées pour permettre aux détenus de bénéficier de soins
régulièrement à travers un suivi psychiatrique. 

Une enquête menée a prouvé que les détenus qui se trouvaient dans ces infrastructures ne
repartaient jamais en détention, parce que les médecins considèrent que leur cas nécessite un
suivi dans une structure adaptée. Ainsi, les condamnés restent dans ces établissements que
l’on appelle des « hôpitaux-prison » pendant plusieurs années, voire jusque-là fin de leur
peine.
Ici, se pose un réel problème : celui de la différence entre une peine en prison et une peine qui
s’exécute dans ces hôpitaux-prisons. Il y a là une réelle confusion entre la peine et le soin…
Certes, le soin est un droit fondamental reconnu pour les détenus mais la prise en charge dans
un hôpital jusqu’à la fin de l’exécution de leur peine peut engendrer une confusion.

De plus, il existe des détenus qui, au contraire, sont reconnus malades mais pas assez pour
bénéficier de soins à long terme. Cela engendre une réapparition des symptômes de leur
maladie, car ceux-ci ne bénéficient pas des soins nécessaires à leur rétablissement total.
Depuis 2011, est instaurée une solution selon laquelle, les détenus qui sortent d’une
hospitalisation peuvent se voir obliger de poursuivre leurs traitements, sous peine de les
administrer de force.

Également, a été créé des structures accueillant des personnes dont leur trouble du
comportement rendait difficile leur insertion en détention mais ne nécessitant pas
d’hospitalisation particulière, à la demande de l’Assemblée nationale.
Cependant, ces structures renforcent la confusion entre la peine et le soin.
En effet, il y a des risques de considérer la prison comme un substitut aux services de santé
communautaires…
Certains auteurs affirment que ces structures sont nécessaires car ils considèrent que la prison
n’est pas un lieu de soin, et par conséquent, ont besoin d’un cadre propice à leur
rétablissement. Tandis que d’autres, considèrent que le détenu nécessitant des soins, ne doit
pas faire l’objet d’un « oubli » d’emprisonnement.

À cela, s’ajoute le problème des lieux des structures. Ces établissements sont peu nombreux et
mal répartis, ainsi le juge doit prendre en compte, de manière méticuleuse, tous les besoins
(en termes de soin, de rapprochement géographique des centres de soins, mais aussi de son
milieu de vie…), pour permettre au détenu de bénéficier des soins adaptés à son cas.

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