1. Naissance du cadre réglementaire 2. Objectifs et principes 3. Missions du service public 4. Soins avec ou sans consentement 5. Chiffres Sommaire (2) C. Les structures de soins psychiatriques 1. les structures médico sociales 2. les structures de soins en psychiatrie infanto- juvénile 3. les structures de soins en psychiatrie adulte a. avec hébergement b. sans hébergement A. Un peu d’histoire Antiquité: La folie est un problème d’équilibre lié à la bile et le sang, c’est aussi la punition des pêchés. Il n’y a pas de différence entre maladie du corps et de l’esprit. Moyen Age: Le Moyen Age explique les troubles mentaux par une possession démoniaque , une manifestation du pêché. Les hôpitaux commencent à réserver aux fous des salles spéciales. Lorsque la folie touche un enfant, il est considéré comme décédé. Renaissance: Les premiers médecins humanistes apparaissent et pensent que la maladie mentale peut être traitée. La folie passe du surnaturel au rang de maladie et Saint Jean de Dieu (saint patron des HP) fait la première publication hospitalière sur la psychiatrie Les premiers aliénistes: En 1800, apparait un nouveau type de médecin, l’aliéniste qui consacre tout son temps à fonder, diriger ou réformer son asile, observe et connaît tous ses malades, s’adonne à des recherches. Un traitement humain des aliénés est introduit par Philippe Pinel en France. Il apporte un regard nouveau sur la folie (la communication avec le malade reste possible car sa raison n’est pas perdue) et libère les patients de leurs chaînes (Pussin). En 1820, Jean Etienne Esquirol reprend les idées de Pinel pour donner naissance à la règlementation psychiatrique de 1838, restée en vigueur jusqu’en 1990 puis revu en 2011. La loi est faite pour protéger la société avant tout. Asile psychiatrique et psychanalyse: En 1875, l’asile psychiatrique est utilisé pour désigner des lieux d’hospitalisation pour patients ayant des troubles mentaux. Entre 1880 et 1915, naissance de la psychanalyse (Charcot et Freud). Le 20ème siècle et la psychiatrie contemporaine: La psychiatrie est enfin reconnue comme une discipline à part entière et on y assure la continuité des soins et les malades mentaux sont enfin reconnus comme les autres malades. En 1937, le terme d’asile disparait pour être remplacé par hôpital psychiatrique. Apparition de traitements ( ECT, lobotomie, médicaments comme Largactil, psychothérapie…) B. Origines de la politique de secteur Entre 1960 et 1970, remise en cause de la psychiatrie Lucien Bonafé dénonce les 40000 patients oubliés dans les asiles psychiatriques. Georges Daumezon se penche sur le travail infirmier et lance la thérapie institutionnelle. Henri Ey crée l’association mondiale de psychiatrie. La circulaire du 15 mars 1960 est l’acte fondateur qui pose les bases de la politique de secteur. La sectorisation vise à permettre les soins aux usagers, hors les murs de l’hôpital, et à proximité des lieux de vie, par le développement de structures intermédiaires. 1.Naissance du cadre réglementaire Circulaire du 15 mars 1960 (revue en 1985) Objectifs sont: une intervention précoce voire préventive, des soins ambulatoires pré et post hospitaliers, éviter les ruptures avec les proches et l’environnement. Moyens sont: une équipe de secteur assurant continuité des soins dans et hors de l’hôpital, réduction de l’hospitalo-centrisme par le développement de structures intermédiaires de soins (CMP), d’hébergements (foyers) et d’activités (CATTP). Circulaire n°12 du 24 janvier 1969 fin de la séparation sexuée dans les services. Arrêté du 14 mars 1972 fixant les modalités du règlement au niveau départemental. Circulaire n°443 du 16 mars 1972 qui fixe le programme d’organisation et d’équipement des départements. Arrêté du 16 février 1973 relatif à la formation professionnelle du personnel soignant (ISP). Circulaire DGS 891 MS du 9 mai 1974 (sectorisation adulte) et 892 (sectorisation enfant). Circulaire n°896 AS du 15 juin 1979 relative à l’accueil et aux urgences en psychiatrie. Les lois du 25 juillet et du 31 décembre 1985 légalise le secteur. L’état confie à la SS, la charge du financement du secteur dans le cadre de la dotation globale. Décret n°86/602 du 14 mars 1986 organisation de la sectorisation psychiatrique (adulte et infanto juvénile), milieu pénitentiaire rattaché à un CH et instauration du volet toxicomanie. Circulaire du 14 mars 1990 réactualise et redéfinit la politique nationale de santé sur 6 points 2. Objectifs et principes Objectifs: (6 points) Améliorer les connaissances, recherche. Améliorer accès aux soins, information et éducation des usagers, formation des soignants. Actions de sensibilisation, visibilité et communication avec la population. Prévention de la perte d’autonomie. Limiter les conséquences de la pathologie (usagers, proches), réinsertion sociale. Développer une expérience clinique, prévention des situations à risque. Le secteur permet: - une démarche intégrative des usagers accompagnée par des équipes soignantes, visant au maintien ou la réintégration des personnes dans leur environnement social et familial. - la continuité des soins par la même équipe « de secteur » qui dispense des soins tout au long du parcours thérapeutique de l’usager. Le principe du secteur est un découpage du territoire national en aires géographiques relativement homogènes appelées « secteurs ». Chaque secteur permet à la communauté géographique concernée, un service public de soins en psychiatrie et santé mentale, c’est l’accès aux soins pour tous. C’est une démarche tripartite de prévention, de gestion de crise et de suivi post-hospitalisation ou de continuité de soins lors d’un programme de soins. Une démarche citoyenne de rétablissement et d’insertion ou de réinsertion du sujet dans la communauté (stigmatisation). 3. Missions du service public Offrir des soins de qualité et proximité accessibles à tous, au contact d’équipes pluridisciplinaires dans le cadre d’une politique de secteur. Répondre aux situations d’urgence et prendre en charge les patients hospitalisés sans consentement dans le cadre de la loi du 5 juillet 2011. Mener une réflexion sur la qualité des soins et sur l’éthique liée à l’accueil et la prise en charge en psychiatrie. Lutter contre la chronicité de certaines maladies mentales et favoriser la prévention. Développer des soins plus complexes dans certains domaines en valorisant les savoirs faire du personnel, en imaginant des UF spécialisées et en mutualisant les moyens avec d’autres secteurs. Développer les liens avec les autres praticiens de santé, les acteurs sociaux, les établissements médico-sociaux et la population. 4. Soins avec ou sans consentement Modalités d’admission en psychiatrie: Seule discipline médicale où les soins peuvent intervenir sans le consentement de l’usager. Mineurs: AP (accord parental), OPP (ordonnance de placement provisoire), soins sans consentement sur décision de l’autorité publique. Adultes: SL (soins libres), SPDT (soins à la demande d’un tiers), SDTU (soins à la demande d’un tiers en urgence), SPI (soins en cas de péril imminent), SDRE (soins à la demande d’un représentant de l’état). SL: le soin libre demeure la règle, c’est un régime de droit commun. SPDT: présence de symptômes dont l’usager ne se rend pas compte et/ou nie. Un tiers est toute personne agissant dans l’intérêt du patient (un proche ou une personne pouvant justifier de liens antérieurs à la demande, à l’exclusion des personnels soignants exerçant dans la structure psychiatrique d’accueil 2 certificats médicaux de moins de 15 jours par 2 médecins différents SDTU: Exceptionnellement en cas de risque grave d’atteinte à l’intégrité du patient, le directeur de l’établissement peut prononcer l’admission au vu d’un seul certificat médical émanant d’un médecin de l’établissement d’accueil. Dans ce cas, le 2ème certificat doit être produit 24 h après l’admission par un autre médecin. SPI: En cas de péril imminent (atteinte grave à son intégrité ou à celle d’autrui) pour la santé de la personne et quand il y a impossibilité d’obtenir une demande de tiers à la date de l’admission. Le certificat est établi par un médecin qui n’exerce pas dans l’établissement d’accueil. Le directeur de l’établissement psychiatrique informe sous 24 h les tiers potentiels afin de modifier le mode d’hospitalisation en regard des certificats médicaux. Dans tous les cas, le SSC se déroule en trois étapes à j., j+24h et j+72h, et à chaque fois l’association de l’usager aux soins est recherchée. Dans les 24 h, un examen somatique complet + certificat médical par un psychiatre de l’hôpital validant la poursuite du SSC. Dans les 72 h, un nouveau certificat médical par le psychiatre. En cas de SDTU ou de SPI, le psychiatre doit être un médecin différent du psychiatre qui a établi le certificat à j+24 et différent du médecin qui a établi le certificat initial. A l’issue des 72 h soit le SSC est levé, soit il est poursuivi sous forme d’HC soit sous forme de programme de soins (sous forme écrite) en ambulatoire. Dans le cadre d’un SSC, un nouveau certificat médical sera établi à j+1 mois et ensuite tous les mois tant que le SSC est maintenu. Enfin à chaque fois la poursuite légale du SSC est sanctionnée et garantie par le JLD (juge des libertés et de la détention). SDRE: Présence de symptômes dont l’usager ne se rend pas compte et/ou nie et ceci dans un contexte d’atteinte à la sécurité des personnes ou de façon grave à l’ordre public. La décision de SDRE est un arrêté préfectoral sur certificat médical circonstancié qui ne peut être rédigé par un psychiatre de l’hôpital d’accueil. Dès qu’il y a ce certificat, le représentant de l’état compétent (bureau du maire ou commissaire de police à Paris) en réfère au préfet sous 24 h. Le préfet va statuer par la rédaction de cet arrêté. Ce dernier préconise les SSC. Immédiatement après l’arrivée de l’usager dans l’unité d’HC, le directeur de l’hôpital informe le préfet de la décision d’admission pour la conformité avec la loi. Le territoire parisien est doté de l’IPPP qui intervient dans la coordination de ce type de procédure. 5. Chiffres 80% des usagers des services de psychiatrie sont dans les soins ambulatoires. La sectorisation préconise qu’un secteur de psychiatrie adulte couvre 70 000 habitants. Les secteurs de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent couvrent une population de 250 000 habitants. Avec 10 à 20 ans d’espérance de vie en moins et avec une forte proportion d’exclus, les troubles psychiatriques seront après 2020 la première source de handicap au monde. Les troubles psychiatriques représentent 1/10e des dépenses de santé en France. Les soins psychiatriques touchent 1 personne sur 5 au cours de la vie soit 12 millions de personnes. Le pic d’apparition est entre 15 et 25 ans puis chez la personne âgée. En 2015, plus de 1,7 million de plus de 16 ans suivis en psychiatrie. Parmi eux, 92 000 en SSC dont 60% d’hommes. Moyenne d’âge des patients est de 47 ans. 2ème cause d’arrêt de travail. Pourtant, la psychiatrie est oubliée du budget de la recherche en France, seulement 2% contre 11% aux USA. Au cours du XXIème siècle, l’OMS classe 5 pathologies psychiatriques parmi les 10 plus préoccupantes (schizophrénie, trouble bipolaire, addiction, dépression et TOC). C. Les structures de soins psychiatriques 1. Les structures médico-sociales Avec hébergement: Les placements familiaux spécialisés. L’unité d’accueil peut être constituée soit par une famille, soit par une famille dite thérapeutique qui doit comporter 2 adultes (1 homme et 1 femme), soit par une communauté d’accueil thérapeutique. Le nombre de personnes reçues ne peut dépasser 2. Les HAD s’inscrivent dans le cadre de la post urgence. L’HAD permet d’intervenir précocement dans des situations difficiles, susceptible de soigner la crise émergente et ses interactions dans l’environnement familial. L’HAD représente un soin activable par un médecin sur 24 ou 48 h s’articulant avec des soins existants. Ce soin nécessite le consentement du patient. Les VAD s’inscrivent dans la continuité des soins à la sortie de l’hospitalisation ou dans le cadre du suivi en CMP. C’est un soin à part entière. Elle permet: le maintien du patient dans son environnement, évite les hospitalisations rechute, l ’évaluation de l’état psychique et assure un cadre de vie adapté pour des soins de qualité. Les foyers à double tarification pour des adultes gravement handicapés dont l’état ne nécessite plus un traitement actif. Les MAS et foyers de vie ou occupationnels. Sans hébergement: Les CHAA (centre d’hygiène alimentaire et d’alcoologie) Les ateliers protégés Les CAT (centres d’accueils thérapeutiques) 2. Les structures de soins en psychiatrie infanto- juvénile Les unités d’hospitalisation avec un suivi scolaire Les accueils familiaux thérapeutiques Les prises en charge à temps partiel comme les CMPP et les HDJ, les consultations 3. Les structures de soins en psychiatrie adulte a. Avec hébergement Unité d’hospitalisation à temps complet: Lieux de crise avec soins, prévention, diagnostic nécessitant une surveillance 24h/24. Certaines structures sont hyperspécialisées Hôpital de nuit: Permet au patient de poursuivre son activité professionnelle la journée Appartement thérapeutique: Unité de soins délocalisée dans la cité qui s’inscrit dans la dimension réinsertion sociale. Concerne des patients dans des logements en colocation et ce pour une durée limitée, ces structures sont gérées par l’hôpital. Centres de post cure: Offrent un pont entre le lieu de la crise et le retour à la cité dans une dimension post aigue. Cette structure fait le lien entre temps complet et ambulatoire. Les UMD: Une dizaine en France reçoivent les patients qui sont très dangereux avec une PEC très réglementée et cadrée b. Sans hébergement Le CAC: Lieu d’accueil physique ou téléphonique ouverts 24h/24 amené à répondre à la demande de soins urgente ou à l’orientation vers le bon interlocuteur. Peut disposer de lits sans dépasser 48 h. Le CMP: Unité ambulatoire « pivot du secteur » qui coordonne le parcours patient dans ses dimensions préventives, diagnostiques et soignantes. Le CATTP: Ouvert en discontinu sur la journée, 5 j/7 implantée entre le lieu de soins et la ville, les patients viennent sur des temps Vise à répondre aux difficultés des usagers au carrefour de la souffrance et des problématiques d’insertion. L’HDJ: Lieu intermédiaire, alternative à l’hospitalisation temps complet, similarité avec le CATTP, le patient bénéficie d’un repas. L’atelier thérapeutique: Sur des horaires de jour Accompagner par des professionnels de santé sur une activité professionnelle (horaires, assiduité, cadre de travail, relation entre collègues voire hiérarchique. La finalité est la resocialisation et la capacité à une vie autonome. Conclusion Le secteur c’est une PEC des patients très diversifiée et globale avec une grande coordination des professionnels. L e secteur a aussi permis le développement d’un travail pluridisciplinaire et multi sites.