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LES 

JOUEURS DE FOOTBALL PEUVENT­
ILS ETRE  
ASSIMILES À DES ACTIFS 
INCORPORELS ? 
 
 
 
 
 
 
Résumé  Abstract:  Can  football  players  be  likened  to 
intangible assets? 

L’objectif  de  cette  recherche  est  de  voir  si  les  This research aims at checking if the new definitions 
nouvelles définitions relatives aux actifs incorporels  about intangible assets can be adapted to football 
peuvent se transposer au cas des joueurs de football.   players. 
A travers des exemples concrets, nous verrons qu’un  With concrete examples we will see that a player can 
joueur peut être assimilé à un élément identifiable,  be considered as an item that can be clearly identified, 
contrôlable  et  porteur  d’avantages  économiques.  controlled and that can bring in economic benefits. 
Néanmoins de nombreux éléments viennent tempérer  Yet there are a lot of elements which are tempering 
ce propos.  this assertion. 
Mots clé : actif incorporel, joueur de football  Keywords : intangible  assets,  football player 
 

  1 
INTRODUCTION 
 
1
« L’avenir appartient à l’immatériel dans l’entreprise » . Cette phrase a été prononcée en 
1994 par Tézenas du Montcel H. Force est de constater qu’elle était prophétique. En effet, une 
décennie plus tard, on peut noter que les entreprises investissent autant en matériel qu’en 
immatériel.  Toyota  est  devenue  n°1  mondial  grâce  à  son  organisation  révolutionnaire, 
Michelin innove toujours pour rester leader et le Real de Madrid est un des meilleurs clubs du 
monde grâce à ses joueurs de football. L’avantage concurrentiel va dorénavant se chercher 
auprès de l’immatériel.  
Pour assurer leur pérennité, les entreprises doivent effectuer des investissements, c’est­à­dire 
des dépenses qui seront utiles sur plusieurs cycles de production. En comptabilité, on parle 
d’actif. La définition de l’actif dans le PCG a changé suite aux nouvelles normes de 2005. La 
notion juridique, patrimoniale a laissé la place à une notion plus économique. Un actif est un 
élément contrôlé qui génère des avantages économiques futurs. Quelle que soit la définition 
ou la terminologie, les actifs sont des dépenses autres que les dépenses usuelles, d’entretien 
qui elles sont des charges. Ces actifs apportent un réel changement pour l’entreprise et 
génèrent des profits sur plusieurs exercices. 
Il n’existe pas de définition claire des actifs immatériels. Les actifs immatériels sont souvent 
définis comme des actifs non physiques et non financiers. On les regroupe souvent autour de 
la R§D, des logiciels, de l’organisation, de l’humain et du commercial. La comptabilisation 
à l’actif du bilan des dépenses d’investissements immatériels pose souvent problème. En effet, 
la notion de contrôle, d’appropriation et l’appréciation d’un avantage futur sont très difficiles 
à cerner. Le savoir d’un salarié appartient­il à l’entreprise ou au salarié ? Des dépenses de 
recherche  et  développement  entraînent­elles  automatiquement  des  revenus  futurs  pour 
l’entreprise ?  
Au cours de ce travail, nous avons voulu nous intéresser à un actif incorporel bien particulier : 
les joueurs de football. A l’origine, le football est un sport parmi tant d’autres. Toutefois, il est 
devenu le sport n°1 en France et dans de nombreux pays depuis plusieurs années. Devant ce 
succès, son environnement s’est quelque peu transformé. Médias, sponsors, argent font aussi 
partie de son quotidien. Le football peut donc faire l’objet de plusieurs lectures possibles. 
Nous avons décidé d’avoir un œil de comptable, de gestionnaire, voire aussi d’économiste. 
Notre intérêt pour le sujet provient notamment de certains discours entendus de la bouche des 
dirigeants, des joueurs, des journalistes, etc. « Un club de football se gère comme une 
entreprise », « un joueur de football peut s’acheter comme n’importe quel autre bien ». Cela 
nous démontre une chose. Le football est certes un spectacle mais il obéit aussi à certaines 
règles économiques. L’économie dans le football est un sujet bien trop vaste. Nous avons 
voulu nous intéresser ici aux premiers producteurs de spectacle : les joueurs de football. Ils 
appartiennent à leur club par un système de contrats. Le club peut les former ou les acheter à 
un concurrent. Contre un salaire, ils jouent pour ce club et sont à l’origine des gains obtenus 
par ceux­ci : droits TV, recettes de guichets, sponsors, etc. On voit donc bien notre propos. 
Les joueurs de football génèrent des coûts mais aussi des recettes pour le club. Ainsi le 
transfert de Zidane au Real de Madrid pour 70 millions d’euros en 2001 nous a interpellé sur 
les conditions de retour sur investissement. On peut donc assimiler les joueurs à des actifs 

                                                 
1
 TEZENAS DU MONTCEL H. (septembre­octobre 1994), « L’avenir de la gestion vu par… », RFG n° 100. 
 

  2 
incorporels comme cela est préconisé comptablement depuis 2005 en France. Néanmoins, les 
coûts ne sont pas toujours individualisables (cas de la formation) et les revenus pas toujours 
certains (blessure). De plus, il semble toujours éthiquement et intellectuellement difficile de 
considérer qu’une entreprise peut « acheter » un homme comme une machine. Nous verrons 
ainsi qu’on ne peut pas aussi facilement plaquer la définition de l’actif incorporel sur le cas 
des joueurs de football. Notre article tentera donc de répondre aux questions suivantes. 
Un joueur de football peut­il être considéré comme un actif incorporel au vu des définitions et 
des  critères  de  comptabilisation ?  Quels  coûts  et  quels  revenus  génère­t­il ?  Que  nous 
apprennent les théories économiques sur cet actif spécifique ? 
Dans une première partie, nous étudierons le concept de capital­joueurs puis nous analyserons 
les coûts et les recettes de cet actif et enfin nous utiliserons les théories économiques pour 
mieux cerner les conditions d’emploi de cet actif particulier. 

1. LE CAPITAL­JOUEURS 

Nous allons analyser le lien existant entre le joueur et son club. Ce lien permet­il de parler 
d’actif incorporel pour le club ? Comment un club se constitue­t­il son effectif ? 

1.1 Les contrats de joueurs 

L’actif des clubs de football professionnels est essentiellement de nature incorporelle : il se 
compose plus précisément des contrats de joueurs. Le joueur s’engage avec son club pour une 
durée déterminée. Durant ce contrat, un transfert peut intervenir si le joueur, le club vendeur 
et un club acheteur sont d’accord. Dans ce cas, une indemnité est versée au club vendeur sauf 
si le joueur est en fin de contrat. On peut donc considérer en première approche qu’un contrat 
de joueur de football répond aux définitions d’un actif incorporel. L’entité (le club) contrôle 
bien le joueur pour un certain temps par le système du contrat à temps et il en attend des 
bénéfices futurs (revenus financiers suite aux matchs gagnés, aux publicités, etc.). De plus il 
s’agit d’un investissement en ressources humaines, donc incorporel. On verra par la suite que 
ces notions peuvent prêter à contestation et remettre en cause cette notion d’actif incorporel. 
Différentes indemnités ont été prévues par la Fédération Internationale de Football (FIFA). 

1.2 Les indemnités de transferts 

On distingue tout d’abord les indemnités de transfert. Les indemnités de transfert sont liées 
à la confrontation entre une offre et une demande. On tombe ici sur la problématique de la 
valeur d’un actif incorporel, en l’occurrence un joueur de football. Les clubs vont surtout 
réfléchir à ce que les joueurs vont leur rapporter sportivement et extra­sportivement (méthode 
2
d’évaluation par les revenus de Fisher I, 1930) . Les clubs peuvent aussi raisonner par la 
3
méthode de la comparaison . On sait que traditionnellement les attaquants valent plus chers 
que  les  défenseurs,  que  les  joueurs  internationaux  valent  plus  que  les  autres,  que  les 
trentenaires valent moins que les joueurs plus jeunes, etc. En 2000, le président Triaud ne 
                                                 
2
 RICHARD J. (1992), « Une conception économique de l'actif comptable », CEREG n° 9209. 
3
 MARTORY B. et PIERRAT C. (1996), La gestion de l’immatériel, Nathan. 

  3 
voulait pas vendre Wiltord à Arsenal moins de 100 MF car Arsenal avait vendu Overmars, 
joueur du même âge, au même poste pour ce prix à Barcelone. On peut aussi assimiler cette 
4
méthode à la méthode du coût de remplacement (Flamholtz E.G., 1973) . On vend le joueur 
au prix qu’il faudra pour en acheter un « identique ». On peut aussi noter qu’en fonction des 
clubs un joueur n’aura pas la même valeur. On retrouve ici la notion de valeur d’usage chère 
aux néoclassiques. On peut citer le cas du joueur argentin Veron presque remplaçant à 
Manchester United mais revendu très cher à Chelsea qui avait besoin d’un joueur de son 
talent. De même, certains joueurs revêtent une valeur particulière pour certains clubs car ils 
sont natifs de la région, ont été formés au club, adorent leur club, sont aimés des supporters 
même si ce ne sont pas des « génies ». On dit qu’ils représentent « l’âme du club » et sont 
garants de ses valeurs. Les supporters s’identifient plus à leur équipe, les encouragent, 
achètent des places, des abonnements, des maillots et contribuent donc un peu aux succès. 
Pour un autre club, ces joueurs ne représentent pas de valeur particulière. On peut citer le 
joueur de Milan Costaturca. On retrouve ici la théorie des coûts de transaction de Williamson 
5
O. des années 1970 . Ces joueurs sont des actifs très spécifiques. 
On distingue aussi l’indemnité de formation qui correspond à la compensation financière 
accordée  aux clubs formateurs du joueur transféré. Cette indemnité  est importante car 
auparavant un « aspirant footballeur » pouvait quitter son club formateur à la fin de son 
contrat sans aucune indemnité pour celui­ci, ce qui pouvait être une menace pour les clubs 
formateurs comme Auxerre ou Nantes en France. Cela n’est plus possible et c’est pourquoi 
les « grands clubs » cherchent dorénavant de plus en plus à engager des jeunes joueurs de 12 
ou 13 ans, comme l’a fait récemment Manchester United, pour limiter les indemnités à payer.  
On distingue enfin l’indemnité de solidarité reversée à l’ensemble des clubs formateur d’un 
joueur à hauteur de 5 % du montant de tout transfert international, même si celui­ci intervient 
après 23 ans. Ceci est intéressant par rapport à la conception de l’actif. Il s’agit bien d’une 
entité qui procure des avantages sur le long terme même si le club n’est plus propriétaire du 
bien. Le club continue à percevoir des gains alors que le joueur n’appartient plus au club car 
6
l’actif est protégé par un droit légal qui est ici l’indemnité. Minquet J.P.L. (2005)  prend 
l’exemple du transfert de Drogba en 2004 de Marseille à Chelsea pour montrer que les 
7
joueurs de football d’un club, qu’il appelle le capital­joueurs , sont des actifs incorporels. Ce 
joueur a été transféré pour 37,5 millions d’euros. L’indemnité de solidarité fait que ses clubs 
formateurs entre 12 et 23 ans (Vannes, Levallois­Perret et Le Mans) se sont partagés 5 % de 
ce montant soit 1,87 millions d’euros.  
Nous venons donc de constater qu’un joueur de football est lié à son club par un système de 
contrat à temps. Il doit donc jouer pour son club pendant cette période et tenter de lui générer 
de bons résultats (donc des avantages économiques). Durant ce contrat, il peut aussi être 
transféré dans un autre club ce qui peut là aussi générer des bénéfices à son club par le 
système des indemnités. On voit donc que le club contrôle le joueur par le contrat et que 
celui­ci peut être porteur d’avantages économiques futurs. Le joueur de football peut donc, à 
priori, être considéré comme un actif incorporel. Nous avons vu néanmoins et reverrons plus 
en détail par la suite que cette notion est parfois discutable.  

                                                 
4
 CAPRON M. (2000), « Comptabilité des ressources humaines », Encyclopédie de Comptabilité, Contrôle et 
Audit, Economica. 
5
 BOUBA­OLGA O. (2003), L’économie de l’entreprise, Editions du Seuil. 
6
 MINQUET J.P.L. (2005), Organisations sportives, pratique de finance, Editions d’organisation. 
7
 MINQUET J.P.L. (mai/juin 2004), « Sports, football et finance », RFG n°150. 

  4 
8
Etudions maintenant comment un club peut se constituer ce que Minquet J.P.L. (2004)  
appelle le capital­joueurs.  

1.3  La constitution du capital­joueurs 

Afin de se constituer son capital­joueurs, un club de football doit déjà cerner ses besoins puis 
choisir sa politique de recrutement (interne ou externe) et enfin enregistrer dans ses comptes. 

1.3.1 L’évaluation des besoins 
9
Minquet J.P.L. (2004)  montre que le cœur de la prestation sportive est assuré par les sportifs. 
Cette évidence entraîne que, pour les clubs, l’investissement en capital­joueurs est le plus 
10
important.  Minquet  J.P.L.  (1997)   parle  aussi  d’investissement  en  capital  humain.  On 
11
retrouve ici une allusion très claire à la théorie du capital humain de Becker G (1964) . 
La constitution de ce capital­joueurs peut se réaliser par deux types d’investissements : la 
formation et les transferts. 
Tout d’abord, on constate que le choix est plus limité que pour une industrie quelconque. En 
effet, la spécialisation et la division du travail sont fortes dans ce sport. Ainsi un attaquant ne 
peut pas remplacer un défenseur par exemple. On retrouve bien le fait que les joueurs de 
12
football sont des actifs très spécifiques comme le souligne Williamson O . Le club doit aussi 
regarder en fonction de sa pyramide des âges. Une équipe très jeune coûte souvent peu chère, 
peut ensuite gagner de la valeur mais risque de pécher par inexpérience. A l’inverse une 
équipe plus âgée est synonyme d’expérience mais perd de sa valeur avec le vieillissement de 
ses joueurs. C’est pourquoi les clubs cherchent le plus souvent à mélanger les deux. C’est 
dans cet esprit que l’Olympique Lyonnais a constitué son équipe en 2005/2006 avec un joueur 
expérimenté par ligne, entouré de jeunes joueurs talentueux et dynamiques. On retrouve ainsi 
Coupet dans les buts, Caçapa en défense, Juninho au milieu et Wiltord en attaque. 
Le  recrutement  doit  aussi  se  faire  sur  des  critères  plus  difficiles  à  cerner  comme  la 
complémentarité (technique, physique ou mentale). Les joueurs, aussi talentueux soient­ils, 
doivent pouvoir jouer ensemble et avoir des qualités qui se complètent. Le meilleur contre­
exemple vient du PSG en 1986/1987 qui a engagé trois avant­centres, Rocheteau, Bocandé et 
Hallilhodzic,  qui  n’ont  jamais  pu  jouer  correctement  ensemble  car  ils  n’étaient  pas 
complémentaires. 
Comme nous l’avons vu précédemment, les supporters aiment que des joueurs natifs de la 
région jouent dans le club car ils représentent « l’amour du maillot ». Le club va donc 
chercher à conserver, à recruter ou à faire revenir des joueurs locaux. Paris a tenté ce pari en 
2000 en achetant des joueurs jeunes, parisiens d’origine ou issus de l’immigration pour que 
les supporters s’identifient à leur équipe, viennent au stade et les encouragent. De même, le 
club peut choisir des joueurs d’une nationalité fortement représentée dans la ville. 
Un club peut aussi pratiquer une politique qui peut être qualifiée d’« assèchement » ou « de 
terre brûlée ». Il s’agit d’acheter à l’extérieur les meilleurs joueurs des concurrents pour qu’ils 

                                                 
8
 Op. cit. 
9
 Op. cit. 
10
 MINQUET J.P.L. (1997), Economie et gestion du sport, City §York. 
11
 LONGATTE J. et VANHOVE P. (2001), Economie générale, Dunod. 
12
 Op. cit. 

  5 
ne procurent plus d’avantages à leur club et qu’ils ne contribuent plus aux défaites du 
nouveau club même s’ils sont remplaçants. Le précurseur de cette politique est le Milan dans 
les années 1990. Le club possédait sept étrangers alors que seulement trois pouvaient jouer. 
Cependant les meilleurs joueurs de leurs concurrents nationaux et européens (cas de Papin de 
Marseille et Savicevic de Belgrade) étaient dans leur effectif et non chez les concurrents. 
Dans ce cas­là, le joueur est un actif qui génère des revenus de façon indirecte, non par son 
utilisation par le club mais par son absence chez le concurrent.  
On voit bien que les joueurs de football sont des actifs très spécifiques pour un club. Après 
avoir dressé l’état des besoins, les clubs peuvent faire leur choix de joueurs selon le type de 
recrutement : interne ou externe. 

1.3.2 Le type de recrutement 

La première politique consiste à développer un centre de formation. Le club recrute et forme 
un jeune joueur en supportant le coût de la formation. Les coûts ne peuvent être analysés que 
d’une manière globale. Ils ne peuvent être individualisés ce qui pose ensuite le problème du 
coût réel de la formation d’un joueur devenant professionnel. Il s’agit d’un problème lié aux 
investissements  incorporels  avec  le  fait  qu’ils  sont  souvent  liés  et  donc  difficilement 
dissociables. Cela pose ensuite des problèmes pour l’activation puisque la définition d’un 
actif prévoit que l’élément soit identifiable, c’est­à­dire séparable. De plus, les critères de 
comptabilisation prévoient que l’entreprise doit pouvoir évaluer le coût avec une fiabilité 
suffisante. Ce système permet à des clubs de se former un effectif professionnel à un coût 
moins élevé que s’ils devaient recruter à l’extérieur. De plus former son propre personnel 
permet de le fidéliser, de créer un esprit de club, une cohésion du groupe. Ainsi un club 
comme Auxerre est présent en Ligue 1 depuis plus de vingt­cinq ans grâce à cette politique. 
La vente de certains joueurs­stars comme Ferreri ou Cantona permet en outre de financer le 
centre ou de recruter quelques joueurs extérieurs en cas de besoin.  
La deuxième politique consiste à « acheter » des joueurs. Il s’agit d’un recrutement externe. 
Ce type d’action peut aussi être complémentaire du second. Il permet aussi de créer de 
l’émulation et de la concurrence dans le groupe. L’attrait du changement, la venue de vedettes 
attise  la  curiosité  des  spectateurs  qui  peuvent  souscrire  en  plus  grand  nombre  à  des 
abonnements. Le président du Real Madrid, F. Perez a été élu en 2000 en promettant 
d’acheter une star tous les ans, ce qu’il a fait par la suite avec Figo, Zidane et Ronaldo. On 
retrouve ici la matrice BCG. Un club possède des joueurs stars, des joueurs dilemmes (blessés 
ou hors de forme mais talentueux), des joueurs vaches à lait (moyens et peu chers mais 
relativement efficaces, motivés, équipiers modèles) et des joueurs poids mort (achetés chers, 
non performants, vieillissants avec une durée de contrat longue).  
Les clubs peuvent aussi se faire prêter un joueur. Il est intéressant de noter que si le joueur 
reste la propriété du club durant le prêt, il ne génère plus vraiment de profit pour celui­ci 
(excepté le montant éventuel du prêt et l’économie de charges). Cet actif peut même se 
retourner contre son propriétaire car il permet à un rival de réussir au détriment de son 
employeur. Il peut même jouer contre son ancien club et participer à sa défaite. La situation 
est donc assez cocasse au vu de la définition d’un actif. En fait c’est le club accueillant qui a 
un contrôle sur lui sur la durée du prêt et qui bénéficie des avantages. On peut donc dire qu’il 
s’agit  d’un  actif  pour  ce  nouveau  club.  Nous  verrons  néanmoins  par  la  suite  que 
comptablement cela n’est pas le cas car il n’y a pas eu d’acquisition. Certains clubs ont des 
raisonnements assez « pervers ». En effet, il achète un joueur de qualité et le prête à un club 

  6 
« moyen » qui ne risque pas de le concurrencer. L’objectif est que le joueur par sa qualité 
puisse faire de bons matchs contre les concurrents de son club d’origine et l’aide ainsi à 
remporter  des  trophées.  Dans  les  années  1992,  Marseille  acquiert  un  joueur  argentin 
Rodriguez. Elle le prête à Toulon, club moyen. En fin de saison, Marseille et Paris sont au 
coude à coude pour le titre de champion de France. Toutefois Paris perd contre Toulon avec 
un excellent match de Rodriguez, ce qui permet à Marseille de devenir champion de France. Il 
s’agit bien d’un actif qui lui a généré des avantages économiques sans jamais jouer un seul 
match de sa carrière pour Marseille puisqu’il sera revendu ensuite ! 
Une technique particulière peut être l’échange de joueurs. En 1991, Marseille avait échangé 
trois joueurs contre un joueur du PSG. Dans ce cas, la valeur des joueurs est censée être la 
même (un contre trois). On voit bien que cela est très subjectif. En effet, peut­on valoriser 
objectivement un joueur contre trois joueurs ? On retrouve la définition du PCG pour qui un 
actif peut être acquis par voie d’échange. Toutefois, comment individualiser le coût de chaque 
joueur séparément puisque le club a acheté les trois en même temps ? Le problème de 
l’individualisation et de l’évaluation du coût remet en cause la notion d’actif. 
Ces politiques de recrutement vont entraîner des incidences comptables différentes. 

1.3.3 Le traitement comptable des transferts 

Auparavant,  les  contrats  ne  pouvaient  être  activés.  Des  transferts  de  charges  avec 
amortissements étaient effectués sur la durée du contrat et des provisions pour dépréciation 
créées en cas de blessure ou méforme du joueur. Ce système vient de changer. Les clubs 
doivent, à partir de l’exercice 2004­2005 ou 2005­2006 selon leur choix, enregistrer les 
indemnités d’acquisition des joueurs (méthode des coûts historiques) en immobilisations 
incorporelles avec tests périodiques de dépréciation pour vérifier que la VNC reste inférieure 
à la valeur d’usage. Cela paraît cohérent puisque les joueurs sont contrôlés par le système du 
contrat à temps et sont susceptibles de générer des bénéfices futurs. Toutefois, cette option 
peut être discutée puisque le joueur peut se blesser gravement et ne jamais jouer pour son 
club.  Dans  ce  cas  l’investissement  initial  ne  génère  aucun  profit  futur,  excepté  un 
dédommagement éventuel par les assurances (qui ont néanmoins un coût initial élevé). On 
peut citer l’exemple du club de Metz dans les années 2000. Padovano avait signé son contrat 
et s’était blessé très gravement au premier entraînement alors que le club n’avait pas 
d’assurance pour ce jour­là. Le joueur a dû jouer à peine dix matchs en deux ans puis a arrêté 
sa carrière. Peut­on vraiment parler d’actif incorporel dans ce cas ? On voit bien le risque de 
non­retour sur investissement. En juin 2006 Cissé s’est blessé pour cinq mois en jouant avec 
l’équipe de France. Son club Liverpool est déçu car il devait être transféré sous peu. 
D’ailleurs le club songe à se faire indemniser le manque à gagner par la FIFA car Cissé jouait 
pour son équipe nationale. On voit bien que le club ne maîtrise pas, ne contrôle pas vraiment 
son actif (le joueur) lorsqu’il joue pour son équipe nationale et cherche à ne pas en assumer 
les risques. De même, les avantages économiques générés par un joueur jouant pour son pays 
vont dans les caisses de sa fédération et non pas dans celles de son club. Ce n’est plus le club 
qui bénéficie et maîtrise les avantages économiques. Peut­on dans ce cas encore parler 
d’actif ? 
Certains joueurs signent pour un an dans leur club et leurs indemnités sont donc activées 
suivant la législation actuelle. Cela pose néanmoins problème puisque cet actif n’est utilisé 
qu’un an et ne procure donc des avantages qu’une année. Est­ce réellement un actif ? 

  7 
On peut aussi citer le cas du joueur qui décide de ne plus jouer pour son club pour cause de 
mésentente avec ses dirigeants, son entraîneur, ses coéquipiers, pour raisons personnelles, etc. 
La législation prévoit une rupture abusive du contrat par le joueur et des indemnités à verser 
mais qui ne couvrent bien souvent pas le prix du transfert. En juin 2005, Ziani, meneur de jeu, 
poste très important, a signé à Ajaccio pour décider en septembre d’arrêter sa carrière par 
manque d’envie de jouer. Le club a donc perdu son actif sans réel recours puisque le 
recrutement d’un nouvel élément était trop onéreux. La notion d’élément protégé par un droit 
légal  propre  aux  actifs  incorporels  prête  donc  à  confusion  et  peut  remettre  en  cause 
l’activation. Le club ne contrôle pas vraiment cet actif qui peut disparaître du jour au 
lendemain. On voit bien en quoi les actifs incorporels sont très spécifiques et risqués.  
Tous ces contre­exemples montrent bien que la comptabilisation des joueurs de football à 
l’actif n’est pas forcément si simple. Le bénéfice futur n’est pas toujours évident ainsi que le 
contrôle effectif. D’un côté, on peut dire que le club ne peut pas deviner cela et doit réfléchir 
au jour de l’achat du joueur. Or, ce jour­là, les chances de bénéfice ultérieur existent avec un 
degré de certitude assez fort, d’où l’enregistrement à l’actif. D’un autre côté, on voit bien que 
le degré de certitude attaché aux flux ultérieurs peut être sérieusement contesté au vu des cas 
précédents. Cela peut remettre en cause l’activation mais ces cas sont plus des exceptions que 
la norme. 
Enfin,  il  est  intéressant  de  noter  qu’un  club  peut  acquérir  un  joueur  sans  débourser 
d’indemnité de transfert s’il est en fin de contrat comme nous l’avons déjà vu. Il peut s’agir 
d’un excellent joueur que le club acquiert gratuitement. C’est le cas actuellement du meilleur 
joueur allemand Ballack. Le club acheteur, Chelsea en l’occurrence, aura un excellent joueur 
sans débourser d’argent. On constate tout de suite le problème. Comment valoriser dans nos 
comptes cet investissement ? Quel est le coût d’entrée ? Le PCG prévoit une valorisation des 
actifs acquis gratuitement à leur valeur vénale mais avec quel joueur le comparer pour 
déterminer le prix ? Il s’agit d’un joueur unique ce qui pose donc problème. Comment 
connaître vraiment le prix qu’aurait payé un autre club ? La valeur est un élément subjectif. 
Pourtant si on reprend avec minutie les définitions prévues, on pourrait calculer la valeur 
théorique de ce joueur en fonction du marché des transferts, de son poste, son âge et des 
acquisitions de joueurs similaires même s’il est vrai que ce marché n’est pas toujours 
rationnel. En outre, nous avons vu que les joueurs prêtés sont des actifs pour les clubs mais ils 
ne sont pas comptabilisés comme tels car il n’y pas d’acquisition, pas de transfert. 
Les nouvelles normes prévoient l’amortissement des indemnités sur la durée du contrat. Cette 
disposition peut être discutée au niveau de la rémanence, c’est­à­dire la durée d’impact une 
fois la dépense faite. En effet, il arrive qu’un joueur permette à son club de sa qualifier pour 
une Coupe d’Europe puis quitte le club. L’année suivante, le club perçoit des revenus grâce 
notamment aux joueurs de l’année précédente. L’amortissement sur la durée du contrat ne 
permet donc pas de prendre en compte les revenus perçus grâce aux joueurs ayant quitté le 
club. De même, il arrive que certains joueurs, surtout les stars, laissent une trace dans le club 
une fois partis. En effet, leur expérience et leurs conseils sont profitables pour tout l’effectif 
dans le futur. A Lyon, le président Aulas a coutume de dire que le passage d’Anderson de 
1999 à 2003 au club a fait grandir son club et que l’ensemble des joueurs a bénéficié de son 
talent. Pour lui, son empreinte est encore présente en 2006. On retrouve donc ici l’idée 
13
d’Epingard (1999)  d’amortir les actifs immatériels sur la durée d’impact. Toutefois, en 

                                                 
13
 EPINGARD P. (1999), L'investissement immatériel, CNRS. 

  8 
l’espèce, quelle durée choisir ? Combien de temps un club bénéficie­t­il des avantages 
procurés par l’achat d’un joueur ? En fait, un joueur peut ne procurer aucun avantage, en 
procurer sur la durée du contrat voire beaucoup plus. La réponse n’est donc pas automatique. 
Cette partie nous a permis de voir qu’un club, pour exister, doit se constituer un effectif, un 
capital­joueurs. Le club doit déjà évaluer ses besoins. Ces besoins prennent en compte l’âge, 
le  nombre  de  joueurs,  la  taille,  la  complémentarité,  le  talent,  le  poste  à  pourvoir, 
l’environnement, etc. Une fois les besoins cernés, le club peut procéder à un recrutement 
interne fondé sur la formation ou un recrutement externe fondé sur le transfert ou le prêt de 
joueurs en provenance d’autres clubs. 
Enfin, ces transferts ou formations entraînent des incidences comptables différentes. Les 
nouvelles normes comptables permettent ainsi de passer les dépenses à l’actif incorporel en 
lieu et place des charges à répartir. Nous avons vu que cette disposition se justifie par 
l’existence d’un contrôle et par la possibilité d’avantages futurs. De plus, le joueur est 
identifiable puisqu’il peut être acheté et vendu séparément et qu’il existe un droit légal par 
l’intermédiaire du contrat. Au niveau des critères de comptabilisation d’un actif, c’est bien 
l’entreprise (le club) qui bénéficiera des avantages économiques et les coûts peuvent être 
évalués comme nous le verrons par la suite. Néanmoins, quelques questions ont été soulevées. 
La valorisation par les coûts est­elle pertinente ? Comment individualiser le coût de formation 
d’un joueur ? Un joueur blessé, prêté, démotivé ou corrompu génère­t­il réellement des 
profits ? Est­ce donc un actif ? La durée d’amortissement sur la durée du contrat est­elle 
pertinente ?  
Le  joueur  de  football  est  donc  un  actif  incorporel  qui  nécessite  le  plus  souvent  un 
investissement initial (l’indemnité de transfert). Néanmoins, une fois constitué, l’effectif 
entraîne des charges et des recettes. 

2. Les charges et les recettes générées par les joueurs de football 

2.1 Les charges générées par les joueurs 

En 2004­2005, les charges des clubs de football provenaient à 48 % des salaires, 14 % des 
charges  patronales.  Il  faut  rajouter  aussi  les  services  extérieurs  (14  %)  comme  les 
commissions versées aux agents lors des transferts. On constate que depuis dix ans, la 
rémunération des joueurs (charges sociales incluses) représente 60 % du total des charges, 
avant  imputation  du  coût  des  transferts.  On  constate  toutefois  que  le  montant  des 
rémunérations ne cesse d’augmenter tout comme le montant des charges alors que les recettes 
augmentent moins vite. La masse salariale représente 63 % du chiffre d’affaires des clubs 
français et 75 % en Italie. Il apparaît toutefois logique que les salaires représentent le premier 
poste de charges dans une activité s’appuyant principalement sur le facteur humain. Ces 
chiffres sont des moyennes qui varient selon les clubs. Ainsi, en 2004/2005, la masse salariale 
de l’Olympique de Marseille représente 79 % du chiffre d’affaires, ce qui n’est pas tenable au 
dire de son président Robert Louis­Dreyfus. Pour ce président, au­delà de 55 %, un club perd 
de l’argent. 
Les rémunérations peuvent intégrer différentes variables. Elles comprennent un salaire fixe  
(2/3 de la rémunération) mais aussi divers compléments (1/3 de la rémunération) qui peuvent 
se présenter sous la forme de primes sous la forme d’avantages en nature. 

  9 
D’autres formes de rémunération existent aussi avec les contrats d’image qui permettent en 
outre parfois aux clubs de minorer les cotisations patronales. Ces contrats ne cessent de se 
développer depuis que les joueurs de football sont devenus intéressants pour les publicitaires, 
les entreprises. Ils concernent surtout les grands joueurs mais pas seulement. On va le 
14
constater avec l’exemple de Boskovic au PSG . Ce joueur désirait lors de sa signature en 
2003 un contrat de 50000€ bruts mensuels. Le PSG lui a proposé 25000€ et Nike lui versait 
une rémunération supplémentaire de 250000€ annuels dans le cadre d’un droit d’image avec 
obligation pour le joueur de porter ses chaussures. Pour se faire rembourser cette somme, 
Nike adresse régulièrement des « amendes » au PSG supposées sanctionner les joueurs ne 
respectant pas leur contrat d’exclusivité. Or ces amendes semblent correspondre exactement 
aux contrats d’image des joueurs. On voit bien ici l’ « astuce » comptable qui permet 
d’économiser les charges patronales afférentes au 250000€. Ceci est bien évidemment illégal 
et fait l’objet d’une instruction en cours.  
La constitution d’un effectif coûte cher aux clubs tant en terme de recrutement qu’en terme de 
paiement de salaires. Néanmoins, les joueurs de football permettent aussi à leurs clubs 
d’engranger des recettes (hors transferts). C’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont considérés 
comme des actifs, par leur capacité à générer des avantages économiques. 

2.2 Les recettes générées par les joueurs au profit des clubs 

Les recettes générées peuvent être des recettes provenant des compétitions mais elles peuvent 
aussi provenir d’autres éléments comme la publicité. 

2.2.1 Présentation 
15
Comme le montre Minquet J.P.L. (2004 et 2005)  ces recettes peuvent être de deux ordres : 
­ les recettes sur matchs, c’est­à­dire les recettes liées à la compétition et au spectacle : la 
billetterie ; 
­ les recettes fatales, c’est­à­dire les recettes liées au fait que le sport est multiproduit : support 
de  communication,  vecteur  d’image  et  service  public.  Ces  recettes  se  composent  de 
sponsoring, de droits de télévision, de subvention et des autres produits d’exploitation (ventes 
de marchandises ­buvette, merchandising). 
Les recettes totales, le chiffre d’affaires (CA), sont la somme des deux précédentes. Dans 
l’ensemble des championnats européens, on constate que les recettes augmentent grâce à 
l’augmentation des recettes fatales et notamment des droits TV. En France, pour la saison 
2003­2004, la billetterie représente 18 % du CA contre 47 % pour les droits TV.  
Nous allons maintenant analyser plus finement ces recettes en étudiant notamment comment 
les joueurs de football permettent de faire varier celles­ci. 

2.2.2 Les recettes sur matchs 

Il s’agit donc des recettes liées à la compétition. Pour voir évoluer les joueurs, les spectateurs 
paient leur place dans le stade. Pour parvenir à remplir les stades et donc à augmenter les 

                                                 
14
 DAVET G. et LHOMME F. (16 septembre 2005), « L’enquête du juge Van Ruymbeke sur les transferts du 
PSG s’oriente vers l’équipementier Nike », Le Monde. 
15
 Op. cit. 

  10 
recettes billetterie, les joueurs sont primordiaux. En effet, les spectateurs vont voir des matchs 
lorsque l’équipe joue bien, lorsqu’elle est performante ou lorsqu’elle est composée de joueurs 
reconnus et doués. Les clubs ont bien compris cela. En effet, lors de la campagne de 
souscription des abonnements en juin et juillet de chaque année, il n’est pas rare que les 
dirigeants  annoncent  l’arrivée  imminente  de  telle  ou  telle  star  pour  dynamiser  les 
abonnements…sans que ces joueurs ne viennent forcément dans le club. Les clubs cherchent 
en effet à avoir un nombre d’abonnements très élevés car il s’agit d’une recette fixe 
indépendante des résultats ultérieurs alors que l’achat de places est une recette variable et 
dépendant des résultats de l’équipe. En 2000­2001, le PSG avait fait revenir Anelka au club 
pour notamment envoyer un message fort aux supporters : achat d’une star qui plus est 
d’origine parisienne. 
Les recettes matchs prennent aussi la forme de primes reversées aux clubs par les Ligues et 
les Fédérations. Elles dépendent de la place occupée par le club dans le championnat et des 
résultats en coupes. Il s’agit ici encore de recettes totalement variables en fonction de la 
performance des joueurs. On arrive donc à un système assez délicat où les clubs investissent 
de l’argent dans l’achat de joueurs (transferts et salaires) en espérant ainsi avoir plus de 
chances  d’engranger  des  bénéfices  importants.  Toutefois,  si  les  joueurs  ne  sont  pas 
performants, les recettes ne sont pas présentes et la majorité des charges fixes restent à payer. 
Pour limiter ces risques, les clubs misent de plus en plus sur les recettes fatales. 

2.2.3 Les recettes fatales 

Il s’agit des recettes qui ne proviennent pas directement de la compétition. La part la plus 
importante provient des droits TV. Nous présenterons ici le système français qui est assez 
proche des autres systèmes européens. En France, La Ligue de Football Professionnel (LFP) 
er
est propriétaire des droits du championnat de France en application de la loi du 1  août 2003 
16
relative au sport . Elle lance un appel d’offre et le vend au plus offrant (en 2005, c’est Canal 
+ et son bouquet satellite Canal Satellite qui ont eu l’exclusivité pour 600 millions d’euros par 
an pendant trois ans). Ensuite, la LFP reverse ces sommes aux différents clubs concernés. Une 
partie de ce reversement se fait en fonction de la notoriété du club et de son classement en fin 
d’année. La notoriété se mesure aux résultats sportifs et à la capacité à attirer des spectateurs. 
On retombe donc sur le schéma précédent où la performance des joueurs influence le montant 
des recettes. 
Le sponsoring est une autre forme de recettes fatales. Des entreprises paient pour pouvoir 
apposer leur nom sur le maillot du club ou pour le fournir en équipements comme le fait Nike 
avec le PSG et Adidas avec Marseille. L’attrait des entreprises et le montant de l’apport 
dépendent bien évidemment de la notoriété du club et des performances des joueurs. Il existe 
le plus souvent une partie fixe et une partie variable selon les résultats du club. On voit donc 
que les résultats engendrés par les joueurs permettent au club d’obtenir des revenus. Nous 
sommes  donc  bien  dans  une  logique  d’actif  incorporel  générant  des  revenus.  Le 
merchandising est aussi en plein essor.  
Les joueurs de football permettent donc aux clubs d’avoir des recettes sur matchs mais aussi 
des recettes fatales. On constate de plus en plus que c’est grâce aux joueurs stars et à leur 
image que les clubs génèrent des profits même si ces joueurs coûtent chers. 
                                                 
16
 LEBRUN B. (mai 2005), « Les droits d’exploitation audiovisuelle des sociétés sportives : un actif ? », RFC n° 
377. 

  11 
2.2.4 L’image des joueurs stars  

A la suite des acteurs dans les années 1960, des mannequins dans les années 1980, les sportifs 
sont  devenus  dans  les  années  1990­2000  les  nouvelles  icônes,  les  leaders  d’opinion. 
L’exploitation de l’image des joueurs stars représente donc pour les clubs professionnels de 
football un axe stratégique majeur de développement, dans une optique de diversification des 
ressources et de lissage de l’aléa sportif. Le Real Madrid est certainement le club qui pousse 
cette logique le plus loin depuis l’arrivée à la présidence de F. Pérez à l’été 2000. Il suffit de 
se pencher sur le cas de Zidane transféré de Turin à Madrid en 2001 pour environ 70M€. Le 
contrat était signé pour quatre ans et depuis Zidane a resigné jusqu’en 2007 (il ne fera 
néanmoins pas sa dernière année puisqu’il vient d’annoncer sa retraite sportive pour l’été 
2006 après la Coupe du Monde en Allemagne). Le cabinet Estin and Co a publié une étude 
montrant que cette somme à priori « folle » était tout fait rentabilisée sur la durée du contrat 
initial. Cette étude peut être considérée comme une application de la comptabilité des 
17
ressources humaines de Marquès E. (1974)  et de la théorie du capital humain de Becker 
18
G. . On cherche bien ici à mesurer le coût mais surtout la valeur de la ressource humaine 
(Zidane) d’une entreprise (le Real de Madrid). 
Une première estimation en 2002 (voir tableau 1) permet de voir que cette opération est 
rentable sachant que les recettes sont appelées à augmenter.  
 
Tableau 1 : L’effet Zidane (premier aperçu en 2002) 
Coût annuel  Montant  Recette supplémentaire annuelle  Montant 
Transfert  19,65  Billetterie  6,9 
Indemnité  17,33  Télévision  13,5 
Commissions  0,80  Sponsors  2,3 
Frais financiers  1,53  Marketing  14,6 
Coût salarial  16,80     
Prime d'assurance  0,20     
Royalties  1,50     
TOTAL  35,83    37,3 
Source :  BOURGEOIS  F.  (2006),  d’après  BERG  J.et  ROUSSEAU  F.  (2002)  « Pourquoi  Zidane  vaut­il 
financièrement plus de 69 millions d’euros ? », Estin § Co. 
 
On constate que 40 % de l’ « effet Zidane » provient du marketing, de son image. On constate 
aussi que le Real gagne de l’argent même sans revendre le joueur. D’ailleurs, après sa 
carrière, le Real songe à garder Zidane comme ambassadeur. On peut aussi observer que ces 
calculs de rentabilité de l’investissement subissent un fort aléa : sportif, physique et temporel. 
On touche ici un point fondamental qui est celui de la valeur d’un actif incorporel, en 
l’occurrence un joueur de football. Comment peut­on mesurer cette valeur ?  
La valeur d’un actif incorporel en comptabilité se mesure par son coût (méthode du coût 
historique). Or, nous voyons bien ici que les dirigeants raisonnent non pas en terme de coûts 
mais en terme de revenus. La méthode utilisée ici est la méthode des revenus futurs de Fisher 

                                                 
17
 CAPRON M., (2000), « Comptabilité des ressources humaines », Encyclopédie de Comptabilité, Contrôle et 
Audit, Economica. 
18
 Op. cit. 

  12 
19
I.  avec la comparaison entre l’investissement initial et les bénéfices prévisionnels. L’horizon 
temporel est la durée du contrat. On constate bien dans ce cas que le plus difficile est de 
déterminer les bénéfices à venir. Si Zidane joue bien, le club décrochera plus de titres, plus de 
contrats publicitaires, etc. que s’il est blessé ou non performant.  
Cette politique permet ainsi au Real Madrid d’engranger des recettes fatales plus élevées que 
les recettes d’exploitation qui sont la billetterie ou les droits TV. On voit à travers l’exemple 
du Real et de Zidane, qui est certes le plus « abouti » dans le milieu du football mais pas 
l’unique, que les joueurs de football sont bien des actifs incorporels au sens strict du terme 
pour leur club. En effet, ils sont identifiables et contrôlés car le contrat protège le club 
pendant sa durée comme cela est prévu pour les éléments incorporels. En outre, ils sont bien 
porteurs d’avantages économiques futurs. 
Cette partie sur les charges et les recettes nous a permis de mieux appréhender le coût et 
l’avantage économique procurés par cet actif incorporel particulier qu’est le joueur de 
football. Les coûts générés sont de deux ordres : indemnités de transfert lors du recrutement 
puis charges salariales (salaires, cotisations, avantages divers) au cours de la durée du contrat. 
Les recettes peuvent être liées à la compétition (gains de titres) ou résulter de la publicité, du 
merchandising, on parle de recettes fatales. Ce travail nous montre bien que le joueur de 
football peut être considéré comme un actif. Le tableau suivant va nous permettre de 
synthétiser  notre  travail  en  mettant  en  correspondance  les  critères  de  définition  et  de 
comptabilisation d’un actif avec le cas des joueurs de football.  
Nous venons d’étudier les joueurs de football en nous situant du côté des clubs de football. 
Intéressons­nous dorénavant aux joueurs de football eux­mêmes et à leur conditions d’emploi. 
 
Tableau 2 : Correspondance actif/joueur de football (Source : Bourgeois F. 2006) 
Joueur de football 
Critères  Actif 
Accord  Désaccord 
Elément identifiable,  Existence d’un droit légal (le  Formation non 
séparable  contrat)  individualisable 
Possibilité de le vendre et de  Rupture 
l’acheter séparément  Echange (plusieurs) 
Elément contrôlé  Contrat à temps  Prêt, rupture 
Définition 
Elément porteur  Recettes sur matchs  Blessure, méforme, corruption, 
d’avantages  Recettes fatales  prêt, fin de contrat, perte 
économiques futurs  Indemnités de transfert (vente)  comptable, rupture 
DI 
Primes d’assurances 
Bénéfice des avantages  Contrat   avantages  Blessure, méforme, corruption, 
économiques futurs  prêt, fin de contrat, rupture 
Evaluation du coût  Indemnités de transfert (achat) :  Echange 
Comptabilisation 
avec fiabilité  actif  Les salaires varient en fonction 
Charges salariales : charges  des résultats 
Assurances   

                                                 
19
 Op. cit. 

  13 
3. Les conditions d’emploi des joueurs de football 

Le marché des joueurs de  football est très difficile pour les joueurs : concurrence, chômage, 
courte carrière, etc. Cette particularité peut ainsi s’appréhender à l’aune de différentes théories 
économiques : la théorie de la segmentation, la théorie du capital humain et la théorie 
marxiste. 

3.1 Une approche du fonctionnement du marché des joueurs de football par la théorie de 
la segmentation 

20
Bourg J.F. et Gouguet J.J. (2001)  font coïncider la théorie de la segmentation de Piore M. et 
Doeringer P. (1971) avec le marché des joueurs de football. 
Tout d’abord on constate que ce marché peut être découpé en marché interne et marché 
externe. On peut dire que les footballeurs présents depuis environ trois ans dans un même 
club constituent un indicateur du marché interne. Cette politique revêt plusieurs avantages : 
cohésion du groupe, amortissement du coût de formation, du coût des transferts, réduction du 
coût de recrutement. En effet, le football est un sport collectif qui nécessite que les joueurs se 
connaissent pour créer des automatismes entre eux. Il s’agit surtout des clubs formateurs 
comme Auxerre ou d’un club comme Lyon qui souhaite conserver ses meilleurs joueurs pour 
continuer à jouer les premiers rôles. A l’inverse, certains clubs recourent beaucoup au marché 
externe comme le Matra Racing dans les années 1980, le PSG ou Marseille aujourd’hui. Cela 
permet de faire venir les joueurs confirmés et talentueux, de faire parler du club, d’attirer la 
curiosité des supporters, de priver les autres clubs de leurs meilleurs joueurs mais cela nuit 
aux résultats du fait de l’instabilité permanente de l’équipe comme le montrent les résultats de 
ces clubs. Ces clubs recherchent toujours la « perle rare » pour obtenir très vite des résultats et 
remettent tout en cause au moindre mauvais résultat en recourant encore plus au marché 
externe. On retrouve ici la théorie de la comptabilité des ressources humaines de Marquès E. 
21
(1974) . En regardant trop les résultats à court terme, les dirigeants de club créent un climat 
pesant sur les entraîneurs et les joueurs qui nuit aux résultats à long terme. En effet, le 
changement incessant d’entraîneurs ou de joueurs est rarement bénéfique pour le club. 
Certains clubs acceptent, sans rien changer,  d’avoir de mauvais résultats un certain temps car 
ils attendent que la cohésion du groupe s’opère. D’autres sont plus impatients et chamboulent 
tout. 
On peut aussi découper ce marché en marché primaire et marché secondaire. Le marché 
primaire regroupe les joueurs qui appartiennent à un club assez performant économiquement 
(budget supérieur à 45 millions d’euros) et sportivement (titres nationaux et participations aux 
coupes européennes). On peut citer des clubs comme Lyon, Barcelone ou Milan AC. Ces 
joueurs ont un salaire faisant partie de la tranche haute de la profession (plus de 1,2 millions 
d’euros  brut  annuellement).  Ils  ne  sont  pas  novices  dans  le  métier  (plus  de  cinq  ans 
d’ancienneté), ce qui leur permet de monnayer leur talent, d’avoir une certaine image de 
marque et un statut de vedette. De plus, ils occupent souvent un poste valorisant (attaquant, 
buteur). Leur mobilité est donc voulue et devient une promotion. La plupart des joueurs 
étrangers dans un championnat ont ce statut. On peut considérer que le championnat français 
                                                 
20
 BOURG J.F. et GOUGUET J.J. (2001), Economie du sport, La Découverte. 
21
 Op. cit. 

  14 
recèle d’une quarantaine de ces footballeurs en Ligue 1. Eu égard à la rareté de l’offre, 
l’ajustement se fait par le prix. Les joueurs se caractérisent par de la créativité, l’esprit 
d’initiative. Dans la matrice BCG, ces joueurs sont des produits stars. 
Le  marché  secondaire  regroupe  plutôt  les  jeunes  joueurs,  les  remplaçants,  les  joueurs 
défensifs, les « équipiers modèles » anonymes. Ces joueurs sont substituables, homogènes. Ils 
sont environ 350 en France. La variable d’ajustement est ici la quantité, ce qui fait baisser les 
salaires et précarise les situations (durée de carrière, chômage de déqualification). Les joueurs 
sont enfermés dans des tâches routinières et sont soumis à la hiérarchie. Le club n’attend pas 
d’eux qu’ils fassent la différence sur le terrain mais qu’ils servent du mieux possible les 
meilleurs joueurs. Cet espace ressemble au marché « classique » dans la mesure où la 
confrontation de l’offre et de la demande régule son fonctionnement. Les perspectives de 
carrière sont faibles et la durée de carrière assez courte. On peut considérer qu’il existe aussi 
un marché intermédiaire entre le marché primaire et secondaire constitué de bons joueurs de 
clubs, assez anciens et expérimentés.  
A cette approche institutionnaliste du marché des joueurs de football peut être confrontée une 
approche néo­classique : la théorie du capital humain. 

3.2 Une approche du fonctionnement du marché des joueurs de football par la théorie 
du capital humain 

22
Bourg J.F. (1989)  montre, en s’appuyant sur les travaux de Fouques P. (1978), que les 
conditions de formation des prix sur le marché des joueurs de football peuvent s’étudier sous 
l’angle de la théorie du capital humain de Becker G. (1964). Ainsi, les joueurs de football font 
souvent de gros sacrifices pour devenir professionnel. Ils partent dès l’adolescence de leur 
famille pour intégrer un centre de formation. Ils sortent peu, font attention à leur alimentation, 
ne pratiquent pas de sport extrême, etc. En outre, il n’est pas rare que certains jeunes joueurs 
refusent de partir trop tôt du club qui les forme pour rejoindre un grand club. Souvent, le 
joueur préfère parfaire sa formation technique, tactique, physique et mentale encore deux ou 
trois ans pour pouvoir ensuite être encore meilleur et donc mieux rémunéré pendant ses dix ou 
quinze ans de carrière. Toutefois cette théorie ne se vérifie pas toujours dans les faits. 
L’exemple du jeune Jérémy Alladière est frappant. Ce  joueur, présenté comme une future 
grande star, a quitté Saint­Etienne pour Arsenal dans les années 2000 à l’âge de quinze ans. Si 
Arsenal est un grand club de compétition, il n’est pas réputé pour se formation pour les jeunes 
à l’inverse des clubs français qui sont reconnus comme les meilleurs formateurs européens. 
Ce jeune a donc stagné pendant cinq ans sans jamais jouer au haut niveau et avec une 
formation moins bonne. Il a donc régressé, perdu confiance et est tombé dans l’anonymat 
depuis. On voit ici que le joueur est perdant mais le club formateur aussi puisqu’un joueur de 
quinze ans ne peut être vendu aussi cher qu’un joueur entièrement formé. A l’inverse, Zidane 
a préféré continuer sa formation à Cannes jusqu’à l’âge de vingt ans avant de partir à 
Bordeaux puis à l’étranger confortant ainsi la théorie du capital humain. Dans ce cas de 
figure, les deux parties se retrouvent gagnantes. Le joueur, formé, peut monnayer son talent et 
le club vendeur peut tirer une substantielle somme d’un joueur au potentiel important. La 
recette permet de rembourser la formation du joueur, des autres joueurs formés qui ne sont 
                                                 
22
 BOURG J.F. (1989), « Le marché du travail sportif », Economie politique du sport, Dalloz, sous la direction 
de ANDREFF W, p 145­169. 
 

  15 
pas devenus professionnels et de financer la formation des futurs apprentis. Comme on l’a vu 
précédemment, le club d’Auxerre est le club qui utilise le mieux cette technique. La vente des 
Ferreri  et  Cantona  a  permis  la  formation  des  Cissé,  Mexès  et  autres  Kapo  (tous 
internationaux). 
Il arrive aussi qu’un joueur souhaitant être transféré dans un autre club prétexte une blessure 
pour ne pas jouer les derniers matchs de la saison et ne pas se blesser réellement. Cette 
blessure ferait alors reculer le club acheteur. De même, le club vendeur peut aussi décider de 
dispenser son joueur de matchs pour préserver sa valeur marchande. Ce fut le cas de Cabanas 
en 1990 qui fut transféré de Brest à Lyon et ne joua pas les derniers matchs pour préserver son 
intégrité physique et donc la valeur de son capital humain. 
Les joueurs internationaux ou jouant dans des grands clubs ont plus de valeur que les autres et 
sont mieux rémunérés. Les joueurs, les agents et les clubs font souvent pression sur le 
sélectionneur national pour que celui­ci sélectionne le joueur, ce qui fait grimper sa valeur. Le 
club de Marseille est ainsi heureux que Ribéry soit sélectionné pour la Coupe du Monde car 
sa valeur marchande augmente (surtout s’il joue et est performant en Allemagne). 
Le joueur peut donc se constituer un capital humain grâce à sa formation initiale mais aussi au 
cours de sa carrière. On peut parler de formation continue. Le fait d’avoir une hygiène de vie 
irréprochable permet de jouer plus longtemps et donc de gagner sa vie plus longtemps. 
Maldini joue encore dans l’un des meilleurs clubs du monde, le Milan AC, alors qu’il est né 
en 1969. Certains joueurs ne prennent pas de vacances pour faire des séjours de remise en 
forme. Le fait de côtoyer de grands joueurs, de grands entraîneurs augmente votre capital 
humain. D’autres joueurs se perfectionnent grâce à des entraînements supplémentaires et 
étudient leurs adversaires grâce à la vidéo. Les possibilités de progresser au cours de la 
carrière ne manquent pas. L’objectif est toujours le même : être meilleur, avoir plus de valeur 
et donc un plus fort capital humain. 
Le marché des joueurs de football est donc ici appréhendé selon une approche néo­classique 
de type concurrentiel. Une approche plus conflictuelle peut être étudiée à travers la théorie 
marxiste. 

3.3 Une approche du fonctionnement du marché des joueurs de football par la théorie 
marxiste 

23
Reprenant les travaux du sociologue Brohm J.M. (1978), Bourg J.F. (1989)  appréhende la 
détermination des revenus du marché des joueurs de football par une dynamique de rapport de 
forces de type marxiste. Une analogie peut ainsi être faite entre les structures du football 
professionnel et celles du processus de production capitaliste. Le marché du football est ainsi 
bipolaire. D’un côté, on retrouve les apporteurs de capitaux (les dirigeants), de l’autre, les 
apporteurs de performances (les athlètes). Pour Brohm J.M., la sphère capitaliste a intégré la 
sphère sportive dans sa logique : principes de rendement, de productivité, de concurrence, de 
spéculation, etc. Chaque sportif est soumis aux lois du système capitaliste. Cette vision des 
choses est certes justifiée mais doit être nuancée. En effet, il n’est pas rare que les joueurs de 
football se plaignent d’être traités comme des « esclaves » ou « du bétail ». Les dirigeants 
négocient leur transfert dans leur dos avec le club le plus offrant et les obligent ensuite à 

                                                 
23
 Op. cit. 
 

  16 
signer en les menaçant de ne plus les faire jouer (et donc de perdre toute leur valeur 
marchande) s’ils refusent. Cette situation existe mais on peut aussi voir le problème de l’autre 
côté. Les joueurs (surtout les stars) peuvent imposer leur désir aux clubs et inverser le rapport 
de force. Il arrive ainsi que certains joueurs prétendent (à tort ou à raison) avoir une offre d’un 
club concurrent. Ils demandent donc une augmentation à leur club et sont moins performants 
ensuite en cas de refus. Ils peuvent même refuser de s’entraîner ou prétexter une blessure. On 
voit bien la différence entre un actif corporel ou incorporel. Une machine ne peut pas refuser 
de jouer ou faire exprès de mal jouer. Le facteur psychologique rentre en compte pour les 
actifs incorporels, ce qui les rend plus risqués et très spécifiques comme nous l’avons déjà 
signalé. Après une période de « bras de fer », les dirigeants du club cèdent pratiquement 
toujours pour ne pas voir la cote du joueur baisser ou pour assainir l’ambiance du collectif. En 
effet, si un désaccord persiste, le litige finit devant les tribunaux qui peuvent rompre le contrat 
du joueur et le condamner à verser des dommages intérêts à son ancien club, qui sont souvent 
moins élevés que l’indemnité de transfert. En outre, le joueur libre de contrat peut ainsi 
s’engager gratuitement avec un autre club acheteur. On voit bien que le club vendeur serait 
perdant. Le rapport de forces évolue donc au gré des circonstances. Deux exemples nous 
permettent d’illustrer notre propos. En 2004, Lizarazu, joueur international français de 35 ans, 
refuse de resigner au Bayern car ses prétentions salariales sont trop élevées par rapport à ce 
que lui propose le club. Il part donc à Marseille. Au bout de six mois, mécontent de son temps 
de jeu, il décide de quitter ce club. Le Bayern le reprend mais aux conditions salariales du 
club. On voit bien ici que le joueur est demandeur puisque souhaitant quitter son club et ne 
disposant pas d’autres  offres.  Il est donc obliger d’accepter l’offre de l’employeur.  A 
l’inverse,  la  révélation  du  dernier  championnat  français  Gourcuff,  19  ans,  a  refusé  la 
prolongation de contrat de son club. Il est donc lié à Rennes jusqu’en 2007. Son club est donc 
piégé car soit il le garde encore un an pour n’engranger aucune indemnité soit il est contraint 
de le vendre immédiatement. Cette attitude provient surtout des joueurs sûrs de leur fait (les 
très bons joueurs, ceux du marché primaire).  
Cette dernière partie nous a permis, cette fois­ci, de nous positionner par rapport aux joueurs 
de football et d’étudier leurs conditions de travail par le prisme de certaines théories 
économiques. La théorie de la segmentation nous apprend que le marché des joueurs de 
football est dual avec un marché interne constitué des joueurs déjà présents dans le club et 
d’un marché externe constitué des joueurs extérieurs au club qui peuvent être recrutés par 
celui­ci. On peut aussi parler de marché primaire regroupant les joueurs stars et de marché 
secondaire regroupant les joueurs plus « modestes ». 
La théorie du capital humain nous montre que les joueurs s’investissent dans leur formation 
pour mieux se monnayer par la suite sur le marché des joueurs de football. Ce capital humain 
peut se former au cours de l’adolescence (formation initiale) mais aussi tout au long de la 
carrière professionnelle (formation continue).  
Enfin la théorie marxiste nous rappelle que le marché des joueurs est un marché salarial 
comme un autre avec un rapport de forces évident entre le club et le joueur. Les joueurs stars 
(souvent  uniques)  peuvent  plus  imposer  leur  vue  que  les  joueurs  plus  modestes 
(interchangeables).  
 
 
 
 

  17 
CONCLUSION 
 
Ce travail de recherche nous a permis de mieux approfondir le concept d’actif immatériel et 
de le mettre en perspective avec le cas des joueurs de football. Un actif est un élément 
contrôlé porteur d’avantages économiques futurs pour l’entité. 
Les actifs incorporels, pour leur part, souffrent d’un manque de définition précise et claire. On 
sait toutefois qu’ils recouvrent les dépenses en logiciels, en R § D et l’investissement 
commercial, organisationnel ou humain. De plus, leur activation pose problème au regard de 
l’appropriation, de l’individualisation, de la délimitation du coût et des revenus ou de la durée 
d’impact des projets. Cet investissement humain, cœur de notre sujet, peut porter sur des 
dépenses en formation ou sur l’embauche de personnel hautement qualifié et très spécifique.  
Si on se positionne au niveau des joueurs de football, ces éléments peuvent parfaitement être 
repris. Un club peut former des joueurs de football ou en recruter. Les joueurs sont la base de 
la production de ces clubs : le spectacle. Par le système du contrat à temps, le joueur (ou 
plutôt sa prestation, sa force de travail ou son image) « appartient » à son club même si cette 
notion est toujours délicate à considérer quand il s’agit d’être humain. Par leur travail ou par 
leur image, ils vont générer des recettes et être à l’origine de coûts. On peut donc assimiler le 
joueur de football à un actif incorporel puisque tous les éléments de définition y sont : le 
contrôle, le coût, le revenu, l’absence de substance physique, la formation, le contrat, etc.  
Néanmoins, des éléments remettent en cause cette idée. Nous avons cité la blessure, le prêt, la 
corruption ou la mauvaise volonté du joueur pour montrer que le contrôle ou les avantages 
futurs ne sont pas toujours présents. 
En définitive, le joueur semble pouvoir être assimilé à un actif incorporel et donc activable. 
Toutefois, nous avons vu que cela pose beaucoup plus de questions que l’achat d’une simple 
machine. On retrouve ici les problématiques propres aux investissements immatériels. 
Nous nous sommes concentrés durant notre travail sur la relation entre le joueur de football et 
son club. Ce sujet est très large. Par choix, nous n’avons pas traité tous les cas possibles mais 
d’autres  questions  sont  en  suspens.  Ainsi  les  blessures  des  joueurs  durant  les  matchs 
internationaux posent problème. Qui doit régler les frais engendrés par la blessure : le club ou 
la fédération ? En effet, le joueur appartient à son club mais il jouait pour son sa fédération, 
son pays. La fédération doit­elle indemniser le club durant l’indisponibilité du joueur ? Pour 
l’instant il n’en est rien. 
En cas de blessure d’un joueur par un adversaire, qui doit payer le joueur durant son 
indisponibilité ? La caisse d’assurance maladie, le joueur fautif, le club adverse ou le club 
propriétaire ? Actuellement, cela fait débat et des procès voient le jour. 
Les procès actuels montrent que beaucoup d’argent est détourné pour des raisons fiscales 
notamment. Ne faudrait­il pas alléger les charges sociales et fiscales pesant sur les joueurs et 
les clubs pour aligner la France sur ses voisins européens ? 
Enfin la mondialisation du football et son importance économique croissante iront­elles 
jusqu’à la cotation en bourse des clubs ? Cette cotation varierait ainsi en fonction du 
recrutement, des résultats, des blessures, des changements d’entraîneurs, de présidents. La 
performance des acteurs principaux, en l’occurrence les joueurs de football, serait donc 
primordiale. 

  18 
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