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Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 109 (2023) 316–320

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Pratique professionnelle

Prévention des infections du site opératoire en chirurgie prothétique


articulaire : les contaminations exogènes, rôle du comportement de
l’équipe chirurgicale et de l’environnement
Prevention of surgical site infection in prostetic joint surgery: Exogenous
contamination, role of the behavior of the surgical team and the environment
Gabriel Birgand a , Christian Delaunay b , Philippe Boisrenoult c , Jean Kany d ,
Sébastien Lustig e,f , Emmanuel de Thomasson g,∗ , la et SoFCOTh Orthorisqh1 ,
a
Centre d’appui à la prévention des infections associées aux soins des Pays de Loire, CHU Le Tourville, 5, rue du Pr-Yves-Boquien, 44093 Nantes, France
b
Clinique de l’Yvette, 67, route de Crobeil, 91160 Lonjumeau, France
c
Hopital André Mignot, 177, route de Versailles, 78150 Le Chesnay-Rocquencourt, France
d
Nouvelle clinique de l’Union, boulevard de Ratalens, 31240 Saint-Jean, France
e
Département de chirurgie orthopédique et de médecine du sport, hôpital de la Croix Rousse, 103, grande rue de la Croix-Rousse, 69004 Lyon, France
f
UMR T9406, université Claude Bernard 1 IFSTTAR, LBMC, 69622 Lyon, France
g
Clinique Arago, 187A, rue Raymond-Losserand 75014 Paris, France
h
56, rue Boissonade, 75014 Paris, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : La contamination endogène du site opératoire est bien connue, tout comme la maîtrise de son risque par
Reçu le 19 avril 2021 l’antibioprophylaxie et la correction des facteurs de risque liés au patient. Bien que moins fréquente, les
Accepté le 22 juin 2021 infections du site opératoire peuvent avoir une origine exogène, en particulier par le biais de microparti-
cules se trouvant dans l’air et venant contaminer la plaie opératoire. Ces microparticules sont produites
Mots clés : pour partie par les membres de l’équipe chirurgicale et dispersées notamment par leurs mouvements
Infection du site chirurgical ainsi que les flux d’air générés par les ouvertures de portes. Elles peuvent, en sédimentant, contaminer
Salle d’opération
la plaie opératoire ou les instruments. La déconcentration de l’équipe peut aussi retentir sur la sécurité
Comportement humain
Arthosplastie
du geste opératoire. L’ambiance sonore lors de l’intervention est susceptible de perturber la concen-
tration des membres de l’équipe chirurgicale et être responsable d’une moindre observance des règles
d’asepsie. Ces comportements à risque s’intègrent dans un cadre plus global, contraint par une architec-
ture, une organisation, des normes sociales et culturelles. Enfin, l’utilisation de tablettes, ordinateurs ou
téléphones portables en salle d’intervention, pour un usage professionnel ou personnel, ont augmenté
les risques de contaminations manuportées et devrait imposer la mise en place de protocoles de bionet-
toyage au même titre que les surfaces du bloc opératoire. À travers cette présentation, nous aborderons
les données actuellement disponibles sur le sujet, et définirons les perspectives d’améliorations sur la
base d’expérimentations scientifiques et de méthodes issues des sciences humaines et sociales.
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1. Introduction chirurgicales, ont des conséquences lourdes en termes de morbidité


et de coûts [1]. La mise en place de mesures préventives (antibio-
Les infections du site opératoire (ISO) en chirurgie orthopédique prophylaxie, préparation cutanée de l’opéré, etc.) a réduit le risque
prothétique, bien que rares en comparaison des autres disciplines d’ISO à moins de 1 % pour les prothèses de hanche et à moins de
2 % pour les prothèses de genou [1,2]. Concernant la chirurgie pro-
thétique de l’épaule, les taux avoisinent 3 à 4 % dans la littérature
et peuvent aller jusqu’à 6,5 % dans certaines séries [3]. Le type
∗ Auteur correspondant. de prothèse (inversée ou anatomique) ne serait pas un facteur de
Adresse e-mail : emmanuel.dethomasson@gmail.com (E. de Thomasson). risque supplémentaire d’infection [4,5] mais les séries récentes ne
1
Article issu d’une table ronde de la SOFCOT.

https://doi.org/10.1016/j.rcot.2021.12.009
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l’individualisent souvent pas, interdisant de fait les comparaisons étaient retrouvés à la fois sur la peau des soignants et dans l’air
[3]. de la salle d’intervention. Leur taux dépendait de l’étanchéité des
L’amélioration des taux d’infection est aussi venue de tenues de bloc utilisées. Par ailleurs, cette même équipe a recherché
l’identification de facteurs de risques liés au patient (diabète l’origine des Staphylococcus aureus retrouvés dans 19 prélèvements
obésité. . .) et de leur prise en charge [6–10]. faits sur la plaie opératoire de 65 patients. L’épidémiologie molé-
Les ISO peuvent aussi être favorisées par le comportement de culaire montrait une similitude des ces souches avec celles isolées
l’équipe en salle. Il varie souvent d’un bloc opératoire à l’autre, dans l’air dans 2 cas, témoignant d’une possible contamination
voire d’une salle d’opération à l’autre. Le chirurgien reproduit sou- aéroportée de la plaie pour ces deux patients. Ainsi, la desquama-
vent les règles de ses anciens Maîtres ce qui lui « assure une tion de la peau des personnels représente une quantité importante
sécurité opératoire » dans un environnement hautement spécia- de cellules porteuses de micro-organismes diffusées dans l’air qui
lisé où le stress peut être élevé. Ce comportement repose sur des sont autant de sources de contaminations potentielles de la plaie.
mesures de bon sens mais aussi des croyances dont la rigidité peut Plus récemment, suite à la survenue en Europe et aux États-Unis de
être contre-productive ou source de conflits. Le développement plus de 100 médiastinites à mycobactéries atypiques (Mycobacte-
des technologies informatiques permettant soit de communiquer, rium Chimaera) l’enquête de van Ingen et al. [17] a montré qu’elles
soit de surveiller ou de faciliter le déroulement des interventions provenaient de la contamination des générateurs thermiques utili-
a fait apparaître une nouvelle source de risque infectieux liée à la sés lors de la phase de circulation extracorporelle. La contamination
manipulation d’écrans souvent contaminé microbiologiquement et du générateur avait lieu, dans certains cas dans l’usine même de
source de transmissions croisées [11,12]. Les travaux scientifiques fabrication. Ces appareils, lors de la montée en température du
sur ces sujets sont récents et permettent de mieux faire la part réservoir d’eau, aérosolisaient Mycobacterium chimaera avec une
entre les faits scientifiquement prouvés et ce qui relève de la super- contamination possible jusqu’à 5 m du générateur. Il existe donc
stition. Nous nous proposons de préciser le mécanisme par lequel des fortes présomptions sur la colonisation de la plaie opératoire
ces contaminations peuvent se produire et comment le comporte- par voie aéroportée. La présence d’un réservoir bactérien en salle
ment de l’équipe chirurgicale, l’utilisation de téléphones portables d’intervention (humain ou environnemental) peut contaminer la
ou l’architecture des salles d’interventions, peuvent majorer les plaie en peropératoire.
risques infectieux et accroître le risque de survenue d’ISO.
3.2. Contamination des instruments chirurgicaux
2. Pathogenèse
Cette aérocontamination peut aussi concerner les systèmes de
Les infections du site opératoire (ISO) peuvent être d’origine barrières stériles (SBS) (conteneurs réutilisables, feuilles de stéri-
endogène ou exogène. Les ISO endogènes sont liées à une conta- lisation, sachets, gaines) contenant l’instrumentation chirurgicale
mination per- ou postopératoire à partir de la flore bactérienne du et ouverts en salle d’intervention. Une étude expérimentale menée
patient. La contamination exogène est, elle, extérieure au patient. par Dalstrom et al. [18] a quantifié cette contamination en dispo-
Elle provient d’une autre personne (l’opérateur ou l’équipe chi- sant 45 paniers d’instruments stériles disposés de façon aseptique
rurgicale) par rupture de l’asepsie, ou de l’environnement par dans deux salles équipées d’un traitement d’air. Des prélèvements
contamination de l’air ou des surfaces de la salle d’intervention. microbiologiques des instruments étaient réalisés à l’ouverture
puis toutes les 30 minutes. Par ailleurs, une salle était fermée
empêchant toute ouverture de porte, alors que, dans la seconde,
3. Contamination environnementale et risque infectieux un membre de l’équipe entrait et sortait toutes les 10 minutes.
La contamination des paniers non couverts était croissante au fil
L’air arrivant dans un bloc opératoire est préfiltrée et 99,9 % du temps, passant de 4 % lors des premières 30 minutes à 30 %
des particules de plus de 0,3 ␮m sont éliminées. C’est l’activité après 4 heures, principalement par des Staphylococcus coagulase
de l’équipe chirurgicale et la mise en suspension des particules négative. Cette contamination et sa cinétique n’ont pas été influen-
présentes sur les surfaces qui va contaminer l’air. Le nombre de cées par les mouvements d’entrée et de sortie du personnel. Les
particules émises par l’homme dans son environnement varie entre prélèvements réalisés sur les instruments des paniers couverts
100 000 et 30 millions selon son niveau d’activité (Fig. 1). Ces par- par un champ stérile sont restés négatifs pendant toute la durée
ticules vont sédimenter plus ou moins vite, en fonction de leur de l’expérimentation. Il convient donc de recouvrir les paniers
poids, directement sur la plaie opératoire ou sur les instruments d’instruments ou les instruments eux-mêmes d’un champ stérile
chirurgicaux. Ceci questionne sur le rôle de ces émissions dans pour les protéger de toute aérocontamination. Des résultats simi-
l’aérobiocontamination et dans l’augmentation, ou non, du risque laires ont été retrouvés par Urzun et al. [19] en chirurgie du genou
infectieux. et Menekse et al. [20] en chirurgie du rachis.

3.1. Aérocontamination de la plaie opératoire 3.3. Mouvements de l’équipe chirurgicale

Le comportement des équipes en salle d’intervention fait Le risque environnemental peut également venir des déplace-
l’objet de recommandations relayées par les sociétés d’hygiène ments des personnels lors des interventions. La SF2H recommande
[13] mais ne reposent souvent que sur des recommandations de mettre en place un traitement de l’air avec flux unidirec-
d’experts, sans preuve scientifique solide. L’étude ARIBO (Attitude tionnel en chirurgie orthopédique prothétique pour diminuer
et Risques d’Infection au Bloc Opératoire) [14] menée dans 13 salles l’aérobiocontamination [13]. Ce système ne garantit toutefois pas
d’interventions d’orthopédie et chirurgie cardiaque a mis en évi- à lui seul la stérilité de l’air. Cette dernière pourrait être influencée
dence une corrélation positive entre la concentration de particules par de nombreux facteurs comportementaux de l’équipe, comme
et l’aérobiocontamination de l’air en phase peropératoire. Précé- son nombre, ses mouvements ou l’ouverture et la fermeture des
demment, la corrélation entre la contamination microbiologique portes. Une étude française multicentrique observationnelle a
de l’air et la contamination du site opératoire a été étudiée par abordé cet aspect en chirurgie orthopédique prothétique de hanche
Tammelin et al. [15,16] en chirurgie cardiaque. À partir de prélève- et de genou, ainsi qu’en chirurgie cardiaque [21]. Un système de
ments réalisés sur les membres de l’équipe chirurgicale et l’air de la « video tracking » a permis la mesure objective des mouvements
salle d’opération, des Staphylococcus coagulase négative identiques et des interactions des membres de l’équipe au cours de 30 inter-

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Fig. 1. Représentation du nombre de particules émises par une personne au repos et en activité. (Source guide ASPEC [association pour l’étude et la prévention de la
contamination], le traitement de l’air, salle propre, environnement maîtrisé et zone de confinement).

ventions. Les fréquences d’ouvertures de portes et les distances par les membres de l’équipe chirurgicale lors de 64 cures de hernies
parcourues par les personnes en salle d’opération étaient très hété- inguinales chez des hommes à faible risque infectieux. Le niveau
rogènes [22]. Cette variabilité était observée entre les centres, sonore mesuré, une fois le traitement de la hernie réalisé lors de
entres les salles d’interventions d’un même centre et entre deux la fermeture de la plaie opératoire, était significativement supé-
interventions au sein d’une même salle. Les ouvertures de portes rieur chez les 5 patients ayant présenté une ISO superficielle en
et les mouvements étaient associés à une contamination aérienne comparaison de ceux non infectés. Les sources de bruit les plus fré-
particulaire et microbiologique accrue. Lors de l’analyse plus fine, quentes étaient la musique et les discussions sans rapport avec les
il apparaissait qu’être nombreux et bouger peu était plus favorable patients. Ce rôle de la communication dans la survenue d’ISO a été
sur la contamination de l’air, qu’être peu nombreux et bouger de confirmé par l’étude de Tschan et al. [27] qui portait sur l’analyse
manière non contrôlée. En d’autres termes, les mouvements ont un des suites de 167 chirurgies abdominales ouvertes. Les résultats
impact plus important que le nombre de personnes. Il faut néan- montraient que la communication entre les membres de l’équipe
moins garder à l’esprit que les mouvements dépendent directement retentissait différemment selon qu’elle était en lien ou non avec
du nombre de personnes dans la salle. Ces résultats ont été récem- l’intervention. Ainsi, les communications en lien avec la chirurgie
ment confirmés par une étude américaine, ajoutant le fait que les étaient un facteur protecteur d’ISO profonde (OR = 0,8 [0,7–0,9]),
mouvements sont également conditionnés par l’architecture de la alors que les communications sans lien avec le patient surve-
salle, et en particulier par l’existence et la situation des mobiliers nant pendant la fermeture de la plaie présentaient un sur-risque
nécessaires au bon déroulement de l’intervention et de sa gestion d’infection superficielle (OR = 1,3 [1,08–1,5]). Selon les auteurs, un
informatique [23]. relâchement des équipes en fin de chirurgie favorisait les distrac-
Toutefois, la relation entre l’augmentation de particules conta- tions, et les ruptures d’asepsie avec une fermeture de la plaie parfois
minées dans l’air et les infections du site opératoire n’est pas réalisée par des juniors peu expérimentés. Les auteurs recomman-
encore formellement établie. Une étude prospective observation- daient que la fermeture du site opératoire soit précédée d’une
nelle menée pendant 1 an dans un service de chirurgie cardiaque courte pause permettant les distractions, avant d’être effectuée de
et portant sur 668 interventions décrit une relation significative manière rigoureuse par un senior ou sous sa supervision directe.
entre ouverture de portes et taux d’ISO, toutes choses égales par De manière globale, les publications dans le domaine
ailleurs [24]. Ces études observationnelles demandent à être confir- démontrent pour la majorité un sur-risque significatif d’ISO lors
mée par des études interventionnelles, mais il faut aussi souligner d’interruptions/distractions/communications inadéquates. Leur
quoiqu’ il arrive, l’importance de la formation et de la sensibilisation analyse doit malgré tout rester prudente, les études étant
des équipes aux ISO [25]. hétérogènes, peu nombreuses et présentant souvent des biais
méthodologiques [28].
4. Ambiance sonore et communications durant
l’intervention 5. Les infections manuportées : rôle des écrans et des
claviers
La contamination exogène peut provenir d’une rupture
d’asepsie d’un des membres de l’équipe chirurgicale du fait d’une Les infections manuportées représentent une majorité des
déconcentration par un élément extérieur. sources d’infections associées aux soins. Alors que des recomman-
L’influence du niveau sonore en salle d’opération et des dis- dations existent concernant l’hygiène des mains et le traitement
cussions entre les membres de l’équipe pourraient modifier la des surfaces, il n’en existe pas concernant le traitement des
performance et la sécurité du geste chirurgical en réduisant le écrans des tablettes et des téléphones portables qui se sont
niveau de concentration des opérateurs. Cette déconcentration multipliés dans les établissements de soins pour une utilisation
diminuerait le respect des règles d’asepsie par l’opérateur et ses personnelle ou professionnelle. Si le rôle de la manipulation des
aides. Dholakia et al. [26] ont enregistré le nombre de décibels émis écrans dans la survenue d’infections du site opératoire n’a pas été

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Fig. 2. Implications pratiques.

démontré, il représente un risque évident. Les surfaces des télé- enfin s’accompagner de comportements appropriés de l’équipe
phones portables sont contaminées dans 40 à 100 % des cas selon les (Fig. 2) permettant de réduire la circulation de particules pouvant
études [11,12,29]. Les germes les plus fréquemment retrouvés sont contaminer le site opératoire ou les instruments ancillaires. Ces
les Staphylococcus coagulase négatif puis les Staphylococcus aureus. comportements s’intègrent dans un cadre plus global, contraint
Les bactéries multi-résistantes ne sont pas rares [11,12,30]. Lors par une architecture, des normes sociales et culturelles. Les chal-
d’une évaluation de la contamination des portables et le portage lenges actuels reposent sur l’organisation de la prise en charge de
nasal de Staphylococcus aureus chez 72 médecins/chirurgiens du patients dans les plateaux techniques incluant plusieurs dizaines
bloc opératoire, 97,2 % des téléphones portables étaient positifs de salles d’interventions ou dans des « halls opératoires ». Les
microbiologiquement. Ce taux de contamination était également risques reposent sur une dilution des responsabilités, sur une
retrouvé sur la main dominante des participants. Il s’agissait dans absence de leadership ou une baisse d’efficacité du travail en
90 % (63/72) des cas de Staphylococcus coagulase négative. Parmi les équipe. Les sciences humaines et sociales peuvent apporter une
8 personnes pour lesquelles une souche de Staphylococcus aureus nouvelle dimension dans ce cadre.
était retrouvée sur leur portable, 7 était également colonisées par
la même souche au niveau nasal [30]. Cette étude a été confirmée
Déclaration de liens d’intérêts
par Murgier et al. [12] et Morvai et al., [29] qui constatent la conta-
mination de la surface des téléphones portables dans 40 à 100 % des
Lustig S. : Consultant occasionnel pour Smith and Nephews,
cas par Staphylococcus coagulase negative et Staphylococcus aureus
Stryker. Honoraires de consultant pour Haerus, Lepine, Amplitude.
sensible à la methicilline et parfois résistant à la methicilline (SARM).
Les autres auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Ce haut niveau de contamination pose la question du risque de
transmission au champs opératoire et des mesures possibles de
prévention. L’utilisation de champs stérile lors de la manipulation Financement
d’écrans d’ordinateurs ou de téléphone n’évite pas la contamination
des gants de l’opérateur. Analysant le comportement de chirurgiens Aucune.
répondant à des appels téléphoniques pendant la procédure chi-
rurgicale en saisissant le combiné avec un champs stérile, Schrimer
et al. [31] ont montré que les gants étaient contaminés par des bac- Contribution des auteurs
téries présentent sur l’écran du téléphone dans plus de 47 % des
manipulations. Ce malgré la prise de téléphone avec un champ sté- Birgand G. : écriture de l’article ; de Thomasson E : écriture de
rile. Il est donc déconseillé de manipuler une surface non stérile l’article. Delaunay C., Boisrenoult P., Kany J., Lustig S. : révision de
avec un champ stérile. Les personnels circulants sont les garants l’article.
du respect des règles d’asepsie pré-, per- et postopératoires.
Enfin, Murgier et al. et Moravi et al. [12,29], constatant Références
l’importance de la contamination des écrans et en particulier ceux
des téléphones portables, recommandent qu’un protocole de net- [1] Zimmerli W, Trampuz A, Ochsner PE. Prosthetic-joint infections. N Engl J Med
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