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MINISTERE DE L’ENSIEGNEMENT SUPERIEUR

ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

INSTITUT DES SCIENCES


ANTHROPOLOGIQUESDE
DEVELOPPEMENT
UFR SCIENCES DE L’HOMME
ET DE LA SOCIETE

Année académique : 2021-2022

MEMOIRE DE MASTER EN ANTHROPOLOGIE

Mention : ARCHEOLOGIE
Spécialité : PATRIMOINE

Sujet :

LES SAVOIR-FAIRE TRADITIONNELS


EN PAYS KROBOU

Présenté par : Encadré par :


Dr. KOFFI Kouakou Sylvain
YAO N’drin Stéphanie Laure Maitre-assistant en
Etudiante en Master 2 Archéologie

Sous la Direction de :


Pr. KIENON KABORE
Professeur Titulaire

1
LES SAVOIR-FAIRE TRADITIONNELS EN
PAYS KROBOU

2
Au Dieu
Tout puissant

A mon père
AHUE KONAN

A ma mère
ABO LOUISE

II
REMERCIEMENTS

Nous voudrons profiter de cette page pour montrer notre gratitude à ceux
qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce Mémoire.

D’abord, nous présentons nos sincères remerciements et reconnaissance à


nos enseignants en Archéologie en particulier à notre Pr. KIENON Kabore pour
ses conseils et son cours de méthodologie nous ont permis de produire ce
mémoire.

Nous n’oublierons pas Dr. KOFFI Kouakou Sylvain qui à travers ses
critiques constructives, ses suggestions, ses orientations et encouragements nous
ont été d’une grande utilité tout au long de ce travail. Aussi Dr TIE Bi, Dr.
BOUADI Rene, Dr. AHOUE Jean Jacques, Dr. TOUTRE Aïcha, ETTIEN
Etienne ainsi qu’aux autres Docteurs du département de l’ISAD pour leurs
conseils et encouragements.

Ensuite ces remerciements vont à l’endroit de la population du


département de Krobou. Mr OKRO Dje Albert chef de terre d’Oress-Krobou.
Nous remercions particulièrement Mr N’Goran Eyemon notable du village
d’Oress-Krobou qui nous a servi de guide dans le village. Sans oublier les
artisans et céramistes du département Krobou.

Enfin nos sincères remerciements à amis de l’ISAD, particulièrement


ceux du département d’Archéologie pour leur aide et leur soutien moral, tout
particulièrement DABLE Oyenan, YAO Eunice, ASSAMOI Rita Angeline,
CISSE Salimata Nadiya, KANGBE Tatoh Cedric et DATE Ignace. Que le
seigneur bénisse toutes ces personnes de bonne foi qu’il leurs accordent une
longue vie et une bonne santé.

III
SIGLES ET ABREVIATIONS

A.N.C.I : Archive Nationale de Côte d’Ivoire, Abidjan, Côte d’Ivoire

C.E.R.A.P : Centre de Recherche et d’Action pour la Paix, Abidajn, Côte


d’Ivoire

Cm : Centimètre

D.O : Diamètre à l’Ouverture

I.E.S : Institut Ethnosociologique, Université Félix Houphouët Boigny, Cocody,


Abidjan

I.S.A.D : Institut des Sciences Anthropologiques de Développement, Université


Félix Houphouët Boigny, Cocody, Abidjan

M.C.C.I : Musée des Civilisation de Côte d’Ivoire, Abidjan, Côte d’Ivoire

Mm : Millimètre

P : Page

IV
SOMMAIRE

PARTIE I: PRESENTATION DU CADRE D’ETUDE ET


L’HISTORIQUE DU PEUPLEMENT............................................................12

CHAPITRE I : CADRE GÉOGRAPHYQUE................................................13

CHAPITRE II : HISTORIQUE DU PEUPLEMENT...................................19

PARTIE II : LA DIVERSITE DES SAVOIR-FAIRE TRADITIONNELS


CHEZ LES KROBOU......................................................................................25

CHAPITRE III : LES DIFFERENTES ACTIVITES CERAMIQUES


KROBOU...........................................................................................................27

CHAPITRE IV : LES DIFFERENTES ACTIVITES ARTISANALES


(VANNERIE) KROBOU..................................................................................41

PARTIE III : IMPLICATION SOCIO-ECONOMIQUES, EVOLUTION


DE LA CERAMIQUE ET DE L’ARTISANAT EN PAYS KROBOU........54

CHAPITRE V : PLACE DES SAVOIR-FAIRE DANS LA SOCIETE


TRADITIONNELS KROBOU.........................................................................56

CHAPITRE VI : ETAT ACTUEL DES SAVOIR-FAIRE


TRADITIONNELS EN PAYS KROBOU.......................................................59

CONCLUSION GENERALE...........................................................................62

V
AVANT- PROPOS

La quête perpétuelle de reconstituer l’histoire de la Côte d’Ivoire est pour


nous étudiants en archéologie, une nécessité primordiale et absolue. C’est en ce
sens que nous avons décidé de travailler sur les savoir-faire traditionnels en pays
Krobou et cela pour mieux appréhender le passé culturel, artistique et le mode
de vie de ce peuple. Notre passion pour cette étude nous incite tous les jours à
franchir les obstacles qui se dressent sur notre chemin afin d’atteindre l’objectif
que nous nous sommes fixés.
Nous espérons qu’avec le soutien de près ou de loin des uns et des autres,
nous réussirons à atteindre notre but.

VI
INTRODUCTION GENERALE

1
Etymologiquement, le terme « archéologie » vient du grec « archaïos »
qui signifie ancien et « logos » qui veut dire discours /Archaios : qui concerne
les temps très anciens, les origines. Elle apparait donc comme le discours sur les
choses anciennes. En d’autres termes, c’est la « Science qui étudie le passé de
l’humanité à travers ses vestiges matériels ». L’archéologie peut donc être
définie comme la science qui, grâce à la mise au jour et à l’analyse des vestiges
matériels et immatériels du passé, permet d’appréhender depuis les temps les
plus reculés, les activités de l’homme, ses comportements sociaux ou religieux
et son environnement.

L’archéologie est également la science qui recherche et étudie les vestiges


de la présence des hommes du passé : outils, constructions, restes de cuisine,
traces artistiques. L’archéologie peut être vue comme la science ou l’art de
reconstituer la façon dont les peuples constituent et actualisent leurs cultures et
l’utilisation faite par certains peuples des différentes étapes du temps et certaines
informations par rapport à leur propre passé.

Elle étudie les différentes périodes, de la préhistoire à l’époque


contemporaine. Elle s’intéresse à l’ensemble des productions matérielles de ces
époques et les productions artisanales qui constituent ces savoir-faire
traditionnels qui est l’objet de notre étude.

Ce sujet est une contribution au projet de valorisation et de sauvegarde du


patrimoine culturel ivoirien. Il contribue à promouvoir l’artisanat traditionnel du
peuple Krobou et s’intéresser à cet effet aux objets artisanaux tels que les objets
céramiques et la vannerie.

2
JUSTIFICATION DU SUJET
Le choix de ce sujet relève de deux intérêts essentiels qui constituent le
fondement de sa pertinence : l’intérêt personnel et l’intérêt patrimonial.
Intérêt patrimonial
Les savoir-faire traditionnels constituent une donnée fondamentale à
l’enrichissement du patrimoine culturel des sociétés traditionnelles africaines.
Avec le modernisme, ces savoir-faire traditionnels ne sont presque plus
pratiqués, car négligés au profit des productions industrielles 1. Dans la région de
l’Agnéby-Tiassa en général, nous faisons le même constat de l’abandon
progressif de ces savoir-faire traditionnel. Cependant, on peut encore observer
quelques objets dans certains villages avec des personnes qui ont exercé ces
artisanats autrefois et avec d’autres qui continuent de produire mais en petite
quantité. D’où l’importance que nous accordons à ce sujet relatif au peuple
Krobou. Au-delà de l’intérêt patrimonial, nous en avons un autre qui est d’ordre
personnel.
Intérêt personnel
Les raisons qui militent en faveur de ce choix s’expliquent d’abord par la
méconnaissance de ses savoir-faire traditionnel tandis qu’ils sont dans la quasi-
totalité des cas, presque négligés. Aussi faut-il ajouter, le peuple Krobou est un
petit groupe ethnolinguistique peu connu en côte d’ivoire : l’histoire, la vie
socio-économique et culturelle sont moins maitrisées par rapport à leurs voisins
immédiats les Abbey et les abidji. En choisissant d’étudier les savoir-faire
traditionnels de ce peuple, nous voulons satisfaire une curiosité personnelle et
apporter notre contribution à une meilleure connaissance de ce peuplement à
partir de leurs productions matérielles, subactuelles et actuelles puis les
cataloguer afin de ne pas perdre leurs cultures car elles sont en voie de
disparition totale. Cela est constaté dans les deux autres villages ABOUDE

1
Sylvain KOFFI K. et Sylvestre N’DRI Vaho, statuettes mona de Soukourougban (centre-ouest de la Côte
d’Ivoire) entre tradition africaine et modernité, in

3
MANDEKE et ABOUDE KOUASSIDE qui sont aujourd’hui devenues des
sous-préfectures.

4
DEFINITION DU SUJET

Pour une meilleure compréhension du sujet les savoir-faire traditionnels


en pays Krobou » nous tenterons d’élucider les thèmes qui le composent. Nous
nous intéresserons au groupe de mots « savoir-faire traditionnel » qui sont les
thèmes clés à partir desquels nous tenterons d’élucider le sujet.

Le « savoir-faire » selon le dictionnaire Le Robert illustré est une


compétence technique et pratique que vous êtes à même de mobiliser pour
exercer vos fonctions, une maîtrise technique dans votre domaine d’expertise
puis c’est de faire valoir ses compétences2. Le concept « traditionnel » peut être
défini comme étant ce qui est fondé sur une tradition qui est conforme à une
coutume3. Alors « savoir-faire traditionnel » peut être défini comme « une
composante du patrimoine culturel d’un peuple ou l’activité de ceux qui
possèdent une compétence technique, pratique, acquis par héritage ou par
apprentissage fabriqué manuellement seul ou en compagnie d’autres, des objets
utilitaires ou de tout ordre les outils règlementaires reflétant les mœurs ou les
croyances d’une région, d’un groupe, variant d’une époque à une autre » 4.
L’étude de ce patrimoine dans le cadre de cette culture relative au peuple
Krobou est circonscrite dans la localité d’après la documentation à notre
disposition : Agboville, Aboudé, Sikensi qui constituent le cadre géographique
de notre étude dans la région de l’Agnéby-tiassa au sud de la Côte d’Ivoire. Les
« savoir-faire traditionnel des Krobou » se résume en définitif à l’étude du
patrimoine culturel, fruit de la vie traditionnel des Krobou. Le sujet ayant été
défini, les thèmes essentiels sont élucidés. L’on peut s’interroger sur les biens
fondés d’un tel sujet pour le peuple Krobou.

2
Cf. Dictionnaire Le Robert 2013 p.651
3
Ibidem p.724
4
Dr KOFFI SYLVAIN, Enseignant à l’Université de Cocody Abidjan, Cours art traditionnel africain, Année
universitaire 2021 – 2022.

5
ETAT DE LA QUESTION ET PROBLEMATIQUE

La quête documentaire (source, ouvrage spéciaux et généraux) nous a


conduit successivement aux Archives Nationale de la Côte d’Ivoire (A.N.C.I),
Musée de Civilisation de Côte d’Ivoire, Bibliothèque de l’Institut de Recherche
de l’Université de Cocody puis celle de l’Institut Ethnosociologique (IES), Ex-
Flash.

Aux Archives Nationale de la Côte d’Ivoire nous avons consulté les


sources de la sous-série 1QQ et 2DD qui parlent en général de la composition du
sol ivoirien. Dans 1QQ 61 et 2DD 111, il ressort par exemple que le relief de la
Côte d’Ivoire est relativement plat. Son sous-sol est constitué de granite et de
schistes métamorphiques, occupé par les terrains détritiques. L’ensemble de la
zone côtière est recouvert d’une argile sableuse.

Dans les autres bibliothèques, nous avons consulté plusieurs ouvrages


parmi lesquels ceux de BROU Cho Julie Eunice : Histoire des Abbey de la Côte
d’Ivoire des origines à 1990. Cet ouvrage nous renseigne sur le peuplement
Abbey. Elle livre également des informations sur le milieu (physique et naturel).

Henriette Dagri DIABATE dans le mémorial de la Côte d’Ivoire tome 1,


nous instruit sur les différents groupes de la Côte d’Ivoire et principalement sur
le peuple Akyé. Elle nous situe sur leur origine, leur organisation socio-
culturelle et leur répartition sur le territoire ivoirien.

Bernadine BIOT et Lemassou FOFANA dans l’histoire de la Côte


d’Ivoire sous l’éclairage de l’archéologie, nous donne des informations sur les
recherches archéologiques de la Côte d’Ivoire. Il montre par la différence de
l’animal, l’homme a appris à domestiquer la matière première pour lui donner
une valeur.

6
Henri BERRON dans tradition et modernisme en pays lagunaire de base
en Côte d’Ivoire, nous renseigne sur l’histoire, le cadre géologique, l’habitat et
les activités quotidiennes des peuples lagunaires de la base Côte d’Ivoire.

Jean Noël LOUCOU5, Simon-Pierre EKANZA6, Gilbert GONNIN et


René Kouamé ALLOU7 dans leurs écrits parlent aussi du peuplement et des
différents groupes linguistiques de la Côte d’Ivoire. Ils soutiennent que la
présence de l’homme sur le sol ivoirien remonte à la préhistoire et que les
lagunaires dans leurs grands ensembles ont migré en Côte d’ivoire et s’y sont
installés dès le néolithique. Le peuplement actuel s’est effectué dans l’espace de
la forêt vers les lagunes du XVe au XVIIIe siècle.

BANA Kouassi Jeanne à travers le rituel du Séké chez les Akan lagunaire
en Côte d’Ivoire, elle nous a permis d’avoir une large vision sur les potentialités
de la réalité archéologique dans la zone Krobou. Elle donne un aperçu général
sur l’histoire, l’organisation sociale, politique et économique de ce peuple.

En analysant toutes les études qui précèdent, nous nous rendons compte
que les « savoir-faire traditionnels » n’ont pas connu d’étude archéologique
avancée. Les quelques rares études effectuées dans la zone de l’Agnéby-tiassa
sont de l’essor des historiens ou des sociologues. Cependant, BANA Kouassi
Jeanne dans sa thèse de doctorat en Anthropologie sociale et ethnologie nous fait
un bref aperçu de l’approche dramaturgique de l’exemple Krobou sur le rituel du
Séké chez les Akan lagunaire en Côte d’Ivoire. Les documents écrits sur les
« savoir-faire traditionnels Krobou » sont peu, de sorte que les interrogations
subsistent sur son ampleur et sa portée dans le département de Krobou.

Au regard de ce qui précède, il ressort que les outils traditionnels Krobou


constitue un socle à usage quotidien en société. Toutefois il existe un souci, le

5
- (JN) LOUCOU, Histoire de la Côte d’Ivoire : peuples et ethnies, Abidjan, Neter, 2002, p199.
6
-EKANZA (S.-P), Côte d’Ivoire : Terre de convergence et d’accueil (XVe – XIXe), Abidjan, Les éditions du
CERAP, février 2006, p119.
7
- (G) GONNIN, (K.R.) ALLOU, Côte d’Ivoire : les premiers habitants, Abidjan, CERAP, 2006, p37 ; p62-63.

7
manque de céramistes et artisans propice à ces savoir-faire traditionnels. Aussi
nous constatons une quasi disparition des outils produits. De ces constats, une
question majeure survient :

Quelles sont les différents « savoir-faire traditionnels » exercés en pays


Krobou ?

De cette question centrale découle plusieurs questions secondaires qui sont entre
autres :

- Quelles sont les techniques élaborées ?


- Quelles sont leurs fonctions ?
- Quelle est l’état actuel de ces « savoir-faire traditionnels » ?

OBJECTIF DE L’ETUDE

L’objectif principal de notre étude est de tracer les premiers sillons de


l’histoire du « savoir-faire traditionnel » dans cette localité et de contribuer ainsi
au développement de l’archéologie dans notre pays.

À cet objectif principal, plusieurs objectifs spécifiques ont été assignés, il s’agit
de :

- Établir une classification typologique des outils traditionnels chez les


Krobou ;
- Définir leurs fonctions ;
- Décrire les techniques de confection

Pour mener à bien l’étude, il est important de nous appuyer sur une méthode.

METHODOLOGIE

8
Plusieurs sources nous ont permis d’élaborer notre étude, d’abord les ouvrages
généraux et spécifiques, ensuite les recueils de traditions orales et enfin les
traces matérielles.

La documentation écrite

Nous avons opté pour l’analyse documentaire qui consiste à examiner les
documents écrits dans les bibliothèques afin d’approfondir et de compléter nos
connaissances sur notre thème d’étude. Ce sont des ouvrages généraux, des
ouvrages spécifiques, des sources électroniques, des mémoires, des thèses. Tous
ces documents nous ont été fournis par plusieurs centres de documentation, en
effet aux Archives Nationales de la Côte d’Ivoire (ANCI), à l’Institut d’Ethno-
sociologie, Ex-flash, CRAP, certains ouvrages nous ont permis d’avoir une idée
précise sur notre thème et de dégager des grandes lignes sur notre travail.

Ces différentes informations dans le cadre de nos recherches ont été


confrontées aux données recueillies sur le terrain pour une analyse cohérente.
Nous avons premièrement procédé à une pré-enquête. Cette première étape c’est
étalé sur une semaine, précisément dans le mois de mai 2022. Elle avait pour
objectif de nous amener à prospecter le terrain pour nous assurer de la pratique
du « savoir-faire traditionnel Krobou ».

Nous avons ensuite abouti à la phase pratique des recherches par les enquêtes
orales et artisanales qui ont duré 5 jours.

La tradition orale

La tradition orale s’est déroulée le 06 au 18 Septembre 2022. Elle a concerné


deux (2) villages : Oress-Krobou et Aboudé-Mandéké. Elle présentait des atouts.
Notre objectif tout au long de l’enquête sur le terrain visait à recueillir des

9
informations sur l’histoire, la vie socio-culturelle, la religion et surtout les
informations sur les « savoir-faire traditionnels ». Grâce au questionnaire que
nous avons élaboré, les réponses enregistrées seront confrontées aux données
documentaires pour une analyse cohérente sur le sujet. Également, lors de cette
phase de terrains, il a été question de mensuration et de prise de photo de
quelques « savoir-faire traditionnel » témoignant l’existence de cette activité
dans la région de Krobou. Nous avons assisté à la réalisation de quelques
« savoir-faire traditionnel ». Cette étude de terrain nous a permis d’appréhender
les réalités quotidiennes des populations à travers des entretiens individuels et
collectifs qui se sont déroulés en présence des chefs du village, des notables, des
populations locales dont les artisans et potières. Au cours de ces enquêtes nous
avons été confrontés à un certain nombre de problèmes de nature multiforme.

LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES

Pendant la documentation aux Archives Nationales, plusieurs documents n’ont


pu être consultés. C’est le cas de la monographie du cercle des lagunes et des
ouvrages sur le peuple KROBOU.

Mais malgré ces difficultés nous sommes parvenus à obtenir des données et faire
un plan de rédaction.

10
PLAN

Dans la première partie de notre travail, nous ferons dans le premier


chapitre une présentation du cadre d’étude. Il nous sera aussi donné d’exposer
dans le deuxième chapitre sur l’historique du peuplement.

Dans la deuxième partie, nous montrerons la diversité des savoir-faire


traditionnels chez les Krobou. Dans le premier chapitre, présenter les activités
céramiques, les techniques de confection et leurs fonctions. Dans le deuxième
chapitre, montrer les différents types d’activités artisanales, les modes
opératoires et leurs fonctions.

Dans la troisième partie, nous montrerons l’implication socio-


économique, L’évolution de la céramique et de l’artisanat en pays Krobou. Dans
le premier chapitre, préciser la place des savoir-faire traditionnels chez Krobou.
Dans le deuxième chapitre, montrer l’état actuel des savoir-faire traditionnels en
pays Krobou.

11
PARTIE I
PRESENTATION DU CADRE D’ETUDE ET
L’HISTORIQUE DU PEUPLEMENT

12
CHAPITRE I : CADRE GÉOGRAPHYQUE

Nous aborderons ici la géographie, la pédologie et la géologie du pays Krobou


(cf. carte N°1)

I. LE CADRE GÉOGRAPHIQUE

Il s’agira de localiser la zone d’étude et d’indiquer successivement le relief,


l’hydrographie, le climat et la végétation qui ont pu jouer en faveur du
développement de l’artisanat local.

Carte n°1 : Situation géographique de la zone d’étude

13
1- Localisation de la zone d’étude

Le pays Krobou est dans la région de l’Agneby-tiassa, précisément le


département d’Agboville au nord du district d’Abidjan. La sous-préfecture
d’ORESS-KROBOU, notre cadre d’étude est situé au sud de la Côte d’Ivoire
plus précisément à 88 Km à l’ouest de la capitale d’Abidjan. Il occupe par
ailleurs trois (3) localités exigées en sous-préfecture à savoir, Oress-Krobou,
Aboudé-Kouassikro (Kouassidé) et Aboudé Mandéké. Ces localités sont
limitées au nord-ouest par le département de Tiassalé et la sous-préfecture
d’Ananguié, au sud par le département de Sikensi ; à l’est par le département
14
d’Agboville et les sous-préfectures de Loviguié et Guessiguié. Elle est occupée
par des populations autochtones Krobou.

Elle fait partir des régions lagunaires de la zone méridionale de la Cote


d’Ivoire qui présente de nos jours une incontestable symbiose d’unité physique
et humaine. La mise en évidence de ces différents éléments est importante pour
notre étude car elle nous permettra de mieux connaitre les atouts des activités
artisanat et son importance à diverse époque.

2- Le relief et l’hydrographie
Essentiellement concentrés sur trois villages, Oress-krobou, Aboudé-
mandéké, Aboudé-kouassikro (Kouassidé), les Krobou occupent un territoire
situé au niveau national, entre le 4° et le 5° de longitude ouest et le 5° et le 6° de
latitude nord. Le relief de cette circonscription est d’un ensemble monotone de
bas plateaux vallonnés, aux roches gréseuses, schisteuses et de quartzites ne
dépassant pas une altitude de 140m. L’on y note la présence de nombreuses
petites rivières dont les plus importantes sont : Badama, Dibéré, Couchacou,
Attingué, Oby ou Eby, diplémou, gbagbi, kavi et agbo8 (agbo) affluent du fleuve
qui a prêté son nom au département d’Agboville.
Vraisemblablement, les caractéristiques hydrographiques du pays Krobou
sont les critères qui ont dû présider à la classification de la langue Krobou parmi
les langues dites lagunaires et qui appartiennent à la branche occidentale des
Kwa9.
3- Climat et végétation

Ce climat Attiéen donne le privilège à ce territoire d’être la partie la plus


arrosée. En effet, le total pluviométrique annuel varie entre 1600 et 1800ml
malgré cette alternance de saison sèche et pluvieuse, la température reste
constante toute l’année autour de 32°C avec une faible amplitude thermique.

8
BANA KOUASSI JEANNE, Rituel du Séké chez les Akan lagunaires en Côte d’ivoire : approche
dramaturgique de l’exemple Krobou, Université de paris 8, 2012 ; P 45.
9
Ibidem

15
L’hydrométrie reste alors très élevée avoisinant 90° de la moyenne nationale.
Cette situation se traduit par la latitude, l’alternance des quatre (4) saisons. Une
grande saison sèche, de mi-décembre à fin mars, rendu agréable par les alizés du
nord (harmattan), d’une grande saison de pluie qui s’étend d’avril à mi-juillet
d’une petite saison sèche, de mi-juillet à mi-septembre, enfin une petite saison
de pluie de septembre à mi-décembre. Ce que confère à cette région un climat
dit Attiéen très humide.

La turraeanthus poussait dans la région à l’est et à l’ouest de l’Agnéby-


tiassa. Dans ses forêts on trouve en particulier les turraeanthus africanus,
allanblackia, les combretodendron africanum. Dans cette forêt poussait
également de grandes lianes dont le neuropeltis prevosteoides et de petites lianes
comme le xylopia acutiflora. Elles sont caractérisées par des sols pauvres en
argile.

Les forêts mapania se distinguent par l’abondance d’epiphytes sur les


grands arbres et plus encore par les espèces de sous-bois. Elles couvrent la zone
comprise entre Anyama au sud et une ligne passant par le village d’Abié et
Becedi-brignan. Elles sont caractérisées par les diopyros et de mapania dont les
variétés sont très nombreuses. Parmi elle, il faut citer les diopyros gabonensis,
les diopyros chevalieri, les diopyros manii, les mapania baldwinii, les mapania
coriandrum, les mapania superva qui fondent les plantes du sous-bois. En
dehors des diopyros et mapania on rencontre dans cette forêt de l’essence telle
que le tarrietia upilis, le trichomanes guinéénse. Elles couvrent tous les sols
suffisamment argileux à substratum généralement schisteux et sont définis par
un groupement original d’espèce qui est écologiquement exigeantes puisqu’elles
réclament des sols argileux. Ces types de forêt sont en voie de disparition en
raison des défrichements abondants. Au-delà de cette étude géographique, il
s’avère nécessaire d’évoquer les aspects pédologiques et géologiques auxquels
sont intimement liés les aspects techniques du « savoir-faire traditionnel ».

16
Photo 1 : Turraeanthus10

Photo 2 : Turraeanthus africanus feuilles et fruits11

II. ASPECT PEDOLOGIQUE ET GEOLOGIQUE DU PAYS KROBOU

Dans cette rubrique, nous parlerons du sol et du sous-sol du pays Krobou


afin de déceler le rapport de la matière première du « savoir-faire » artisanal.

1- La pédologie

En côte d’Ivoire, on distingue six (6) principaux types de sols. Il s’agit en


outre des sols ferralitiques qui couvrent 9/10 ème du pays et comportent le plus
fort taux en argile, entre 10 et 35%, des sols ferrugineux, des sols bruns
eutrophiques situés principalement dans les collines et qui contiennent entre 6 et
27% d’argile, les sols hydromorphes concentrés dans les basfonds, les fonds des
vallées, les dépressions lagunaires, les terrasses alluviales : il regorge entre 12 et

10
https://uses.plantnet-project.org/fr/Turraeanthus_africanus_(PROTA)
11
Ibidem

17
36% d’argile, les sols pseudo-podzol et des sols peu évolués qui sont peu riche
et contiennent de toutes petites roches d’argile12.

En somme, le pays Krobou est dominé par le sol ferralitique suffisamment


disponible pour la pratique du « savoir-faire traditionnel ». Le pays Krobou
comme la plupart des localités du sud de la Côte d’Ivoire présente un type de sol
ferralitique caractéristique de la zone forestière avec une présence remarquable
d’argile. A la suite de l’évocation des sols et de ses caractéristiques dans le pays,
nous jugerons nécessaire de le compléter par l’étude géologique.

2- La géologie

La géologie de la Côte d’Ivoire comprend un socle d’âge précambrien qui


occupe 97,5% de l’espace et une couverture de sédimentaire qui couvre les 2,5%
restant13.

 Le bassin sédimentaire

La Côte d’Ivoire dispose de deux bassins sédimentaires, l’un côtier mieux


connu appelé « onshore » que nous développerons par la suite et l’autre appelé
« offshore » moins connu14. Le bassin sédimentaire de cette zone, dont la partie
supérieure est constituée par une série de sable argileuse et de grès ferrugineux
continentaux d’âge néogène correspond au continental terminal. Celui-ci est
remarquable par une succession de collines aux pentes très raide, surplombant
de larges vallées marécageuse, au fond desquels coulent de petites rivières. Le
plateau continental très étroit dans les régions côtières de l’Afrique de l’ouest est
à l’origine de l’effet de barrage tant redouté des navigateurs anciens et dont les

12
- (B) BERNADINE, (F.) LEMASSOU, op.cit p.95
13
- (K) AKA, « Guide de l’excursion géologique Fresco-Abidjan-Aboisso. », INP-FHB, Yamoussoukro, 19-29
Janvier 1999, p.3
14
- (K) AKA, op.cit p.4

18
répercussions sur les activités humaines le long du littoral ne sont pas
négligeables15.

De 0 à 70m de profondeurs, on trouve un substratum de formation


sableuse avec des intercalations argileuses et tourbeuses. Nous voyons donc que
le pays Krobou comme toute région du sud de la Côte d’Ivoire bénéficiait de
condition climatique plus pluvieuse que sèche, sera colonisé par des populations
humaines en quête d’un bien-être. Le pays est le théâtre d’un peuplement
discontinu du paléolithique aux époques plus récentes. Leur étude permet de
percevoir dans une certaine mesure l’évolution du « savoir-faire traditionnel ».

CHAPITRE II : HISTORIQUE DU PEUPLEMENT

Le peuplement du pays Krobou se résume en deux entités. L’une ancienne


et l’autre récente. Le peuplement ancien remonte du paléolithique à travers les
outils disponibles pour cette époque. Ensuite, le peuplement récent découle des
grands mouvements migratoires du XVIIIe siècle avec ses essaimages.

I- L’OCCUPATION HUMAINE DU PAYS KROBOU

Nous analyserons l’origine du peuple Krobou et nous mettrons en évidence son


histoire.

1- Le Cadre historique

15
- (H) BERRON, op.cit, p19

19
Peuplade forestière, l’on a cherché à établie un certain lien entre Krobou
et les autres peuples, notamment les adjoukrou, les abidji, les abbey et les akyé.
L’on a également cherché à les considérer comme étant les « Aboudés » ce qui
est totalement inapproprié étant donné qu’Aboudé signifie littéralement village
d’« Abou ». Il a été aussi question de métissage entre baoulé et Abbey ce qui
reste à vérifier16. Cette migration est l’une des moins connues de cet espace ; elle
laisse des traces au sein de plusieurs groupes ethniques.

En effet, elle donne naissance à des peuples tels que les Krobou d’oress-
krobou, les Ega de l’espace Dida, les Nkadjé de l’Akyé, les Akandjé au sein des
Kwè de l’Ebrié, les Akpati (Akpatifoè, Akpatou), Battrafouè, Asrin, Akrowou
(Akrowoufoè), Wamala, Mamala, Ngen, Gbomi, Goli du Baoulé. Du fait de
cette migration, les peuplements Krobou et Ega sont intimement liés. En ce qui
concerne le cas particulier du Krobou, il s’est opéré une généralisation des
traditions d’origine rapporté par le clan Nzonon 17. Pour le Krobou aujourd’hui,
l’agrégation avec une autre ethnie est bannie. Même si par le passé il existait une
affinité entre eux et les Abidji. Cette Agrégation selon Holas BOHUMIL était
basée sur une « coutume d’échange de femme ».18

Vue la difficulté à laquelle ce sont confrontés tous ceux qui ont tenté
d’élucider l’origine de cette communauté et l’absence de souvenir écrit, nous
avons opté pour une approche basée essentiellement sur le récit des anciens.
Ainsi deux (2) pistes se dégagent des entretiens que nous avons eus sur leur
origine : l’une sur l’histoire et l’autre leur « savoir-faire traditionnel. »

Les Krobou avancent que leur ancêtre serait originaire du village de


krobͻ, dans l’actuel Ghana. L’histoire du peuplement de la Côte d’Ivoire, bien
qu’elle ne soit pas fermement établie, désigne le Ghana comme point de départ
des mouvements migratoires des Akan actuel de la Côte d’Ivoire. Il semble
16
- (K.J) BANA, rituel du Séké chez les Akan lagunaires en Côte d’ivoire : approche dramaturgique de
l’exemple Krobou, université de paris 8, 2012 ; p46.
17
-(G) GONNIN, (K.R) ALLOU, Côte d’Ivoire : Les premiers habitants, Abidjan, CERAP, 2006, p62
18
Ibidem -(K.J) BANA, op.cit, p46

20
qu’avant la balkanisation de l’Afrique, toutes les migrations ont été effectuées,
chez les Akan dans la même sphère géographique. De ce point de vue, celle des
peuples Akan du Ghana vers la Côte d’Ivoire paraissent non vérifié, parce que
les mêmes histoires limitent les anciens territoires Ashanti auquel appartiennent
les Akan, par une frontière qui part en son côté ouest, du pays Abron en passant
par Sakassou et descend tout le long du fleuve Sassandra dans l’actuel Côte
d’Ivoire. Presque la moitié du territoire Akan se trouve dans le Ghana actuel.

Selon toujours nos informateurs Krobou, les us et coutume du village de


krobͻ du Ghana sont similaire à ceux des Krobou de Côte d’ivoire. Mais il n’en
donne pas de détail pouvant permettre de comparer effectivement les pratiques
coutumières de part et d’autre. La caractéristique des krobͻ du Ghana, est qu’ils
sont reconnus comme des conquérants terriens. Leur origine commune avec les
Krobou de Côte d’Ivoire serait sans doute basée sur cette qualité, vu que ces
derniers sont de vaillants guerriers et également propriétaires terriens 19. En effet,
les Krobou sont reconnus par leurs voisins comme étant de redoutables guerriers
et d’habiles chasseurs20 dotés d’une grande bravoure et d’une vaillance
caractérisée. L’ethnologue Niangoran-Bouah21 écrit à ce sujet
que : « ocubreké »22est le nom que les abè ont donné au petit groupe ethnique
Krobou, leurs voisins de l’ouest. C’est la lunaison pendant laquelle les abè
essayèrent vainement d’annexer le pays krobou. Le suffixe breké fait ressortir
l’idée de bravoure23.

Les études historiques menées, même si elles ne sont pas approfondies,


nous signalent que les Krobou sont une population anciennement établie dans
19
-(K.J) BANA, rituel du Séké chez les Akan lagunaires en Côte d’ivoire : approche dramaturgique de
l’exemple Krobou, université de paris 8, 2012 ; p47.
20
- cf. l’introduction d’ADEKPATE (A.A) 2005, la coordination et la subordination, deux types d’intégration
propositionnelle en Krobou, langue Kwa de côte d’ivoire, thèse pour le doctorat unique, département des
sciences du langage, UFR des Langues, Littératures et Civilisations, Université de Cocody (Abidjan), p.653.
21
- Niangoran-Bouah (G), 1964, la division du temps et le calendrier rituel des peuples lagunaires de la Côte
d’ivoire, Paris, Institut d’ethnologie, 173p.
22
- Dans la convention orthographique que Niangoran-Bouah a établie, cette consonne se lit « tch ». Il en est de
même pour « abé ». Nous avons retenu la nouvelle graphie utilisée par l’administration (Abbey)
23
-ibidem op. cit, p.69

21
l’espace compris entre l’Agnéby et le Bandama. Ils sont actuellement localisés à
l’ouest d’Agboville, ce petit groupe a toujours préservé son individualité 24. Le
manque d’écrit rend difficile la vérification des données historiques. Ainsi,
comme déjà énoncé, c’est à partir des récits des enquêtes que nous allons
reconstituer plus ou moins l’histoire de cette communauté.

Les Nzomon, par leurs traditions, disent que leurs ancêtres sont descendus
du ciel à l’aide d’une chaine, sous la conduite du chef ADJE MENIMBOU,
détenteur d’un tabouret. Seuls trente-deux hommes et une femme stérile
formaient cette communauté venue du monde céleste, dont le point de chute fut
Oress-Krobou. En réalité les Kpaman des Akpafou les ont précédés en ce lieu
ces derniers étaient organisés, possédaient une rivière sacrée, Awiébè symbole
de leur puissance matérielle et spirituelle. Les NZOMON sont en réalité des
originaires du Krobo en Côte de l’or, précisément du clan Akrade, un clan
d’ascendance Guan qui détient cette tradition de l’origine céleste25.

Carte n°2 : Peuplement Krobou au sein du grand groupe Akan

24
-(K.J) BANA, rituel du Séké chez les Akan lagunaires en Côte d’ivoire : approche dramaturgique de
l’exemple Krobou, université de paris 8, 2012 ; p47.

25
Idem Kouamé Allou

22
2- L’organisation sociale

Le Krobou regroupait trois (3) villages 26 en son temps. Mais actuellement ils
sont devenus des sous-préfectures d’Agboville. Dans le pays Krobou nous
comptons vingt et un (21) grandes familles, puis chaque famille à un chef de
clans et le chef de clan joue un rôle de coordination et de maintien de la
cohésion du village27. Aux doyens de différents clans, ou proches parents,
revient la tâche d’administrer les biens communs. Les lignages Krobou sont
patrilinéaires.

Au niveau de l’organisation religieuse, les Krobou sont, comme la plupart


des peuples africains traditionnellement animistes. Les croyances anciennes sont
cependant en voie de disparition. Plusieurs activités meublent le quotidien de ce
peuple.

II. LES ACTIVITES QUOTIDIENNES DES POPULATION DU PAYS


KROBOU

Ces activités auxquelles s’adonnent les populations Krobou peuvent être


regroupées en deux ensembles : les activités économiques et artisanales.

1- Les activités économiques


26
- Entretien avec OKRO Dje Albert, 66 ans, Chef de terre d’Oress-Krobou, 8 septembre 2022
27
- Entretien avec Lidji N’GBO ,77ans, sage du village, 8 septembre 2022

23
Au plan économique les activités activité de la population Krobou sont
dominées par l’agriculture notamment les cultures d’exportations (café, cacao,
hévéa …) elles sont pratiquées par les hommes. À cela s’ajoutent les cultures
vivrières (manioc, banane …) qui sont moins en moins cultivées. Elles font
place aux cultures d’exportations plus rentables28. L’attiéké (semoule de manioc)
occupe une place de choix dans l’économie et constitue l’un des aliments de
base des populations.

2- Les activités artisanales

Dans le passé, les activités artisanales pratiquées dans le pays Krobou


étaient diversifiées. Ce sont entre autres la vannerie, la sculpture et la céramique.
Mais de nos jours on note que toutes ces activités sont délaissées en raison des
activités économiques et de l’exode des populations vers les autres villes du
pays, notamment Abidjan la capitale économique et l’avènement des récipients
et objets modernes venant de l’occident.

Le pays krobou venus du Ghana actuel, occupe le sud côtier, région ou ils
ont su imprimer leur marque avec leur spécifié culturelle. Leur principale
activité, comme nous l’avons relevé, sont tournées vers l’exploitation de la terre.
Population à caractère agricole dominée par les cultures de subsistances et les
cultures d’exportations à l’image du binôme café-cacao, de l’hévéa… qui ont
fait les beaux jours des populations locales. Cependant, il faut souligner la
prépondérance de l’art de la terre cuite et l’artisanat qui a meublé il y a encore
quelques années leurs quotidiens.

28
Entretien avec les notables d’Oress-Krobou, le 8 et d’Aboudé-Mandéké, le 12 septembre 2022

24
PARTIE II
LA DIVERSITE DES SAVOIR-FAIRE
TRADITIONNELS CHEZ LES KROBOU
25
La production céramique est une activité pratiquée en partie par les
femmes. L’artisanat est une activité pratiquée en partie par les hommes. Les
savoir-faire traditionnels ce font de diverses manières. Notre étude se fera sur
trois axes. D’abord, nous évoquerons les personnes susceptibles de pratiquer ces
activités, ensuite nous situerons les étapes depuis la matière première jusqu’à la
confection de la céramique et l’artisanat et en fin nous donnerons les fonctions
et examinerons les méthodes utilisées pour décorer ces objets.

26
CHAPITRE III : LES DIFFERENTES ACTIVITES CERAMIQUES
KROBOU

Nous aborderons dans cette partie l’organisation de la coopération des


artisanes céramistes.

I. PRODUCTION DE LA CERAMIQUE

Bien vrai que la production céramique tend à disparaître dans nos sociétés
urbaines, cette activité est pratiquement plus exercée chez les Krobou.

1- L’organisation du travail des céramistes

La production de la céramique comme mentionnée ci-dessus, suit une


étape successive dans la sédentarisation des populations humaines à travers le
monde. Cet art fut l’une des premières connaissances transmises à travers les
âges. Le métier de la terre cuite est partout en Afrique réserver essentiellement à
la femme. Il est sans doute l’un des moyens privilégiés à travers lequel on saisit
mieux les multiples facettes de la femme. En effet, toute femme en principe naît
artiste et sait modeler quelque chose à l’aide de ses doigts afin de lui donner une

27
forme agréable et appréciable29. Les femmes dans ce processus savent
s’organiser en fonction des saisons (sèches ou pluvieuses) et se fixent des
priorités en fonction des tâches agricoles auxquels elles sont contraintes.

En effet, l’extraction d’argile se fait pendant la saison pluvieuse puis elle


est stockée jusqu’à la saison sèche pour son utilisation. La potière Krobou
travail individuellement chez elle, quelque fois aidée par les jeunes filles de sa
cour. Dans la région, il n’existe ni coopérative, ni association des potières.
Chaque potière organise son travail selon sa disponibilité. Les potières ne
disposent pas d’espace commun pour les différentes activités. Chacune travail
en fonction de ses besoins personnels et de ses commandes. Le travail des
artisanes céramistes est très organisé car il y va de sa réussite. La potière Krobou
occupait une place importante dans la société. Elle bénéficiait donc de
l’attention de son lieu d’habitation. Aussi elle représentait du fait de son savoir
fait une source de sagesse et un modèle pour toute sa communauté. Elle se
transmettait ce « savoir-faire » ancestrale pour toute sa génération.

2- Mode de transmission

Chez les Krobou, le mode de transmission se fait de deux (2) manières. La


potière transmet son savoir à celle qui s’y intéresse par passion et aussi à un
membre de sa famille. En effet, une personne désireuse apprend le fait auprès de
celles qui s’y connaissent gracieusement. Mais, elle doit d’abord connaitre les
interdits qui y sont liés à cette activité. Quelques interdits nous ont été signalés
lors de nos enquêtes. À Oress-Krobou, les femmes doivent s’abstenir de tout
rapport sexuel à la veille de l’extraction et ne pas être en période de
menstruation30. De même à Aboudé-Mandéké, le sel et l’huile rouge ne doivent
pas être utilisés pendant la phase de confection, de peur que les pots se brisent à
la cuisson31.
29
- (E.A) KOUAME, Les récipients céramiques d’Anyama (Sud de la Côte d’Ivoire) : 1721-1930, Université
Felix Houphouët Boigny d’Abidjan 2013 ; p43.
30
Entretien avec ODAGNAN Lessi Augustine, 80 ans, potière d’Oress-Krobou, le 12 Septembre 2022.
31
Entretien avec SIBIE née YABA Grâce Bryotte, 52 ans, potière d’Aboudé-Mandéké, le 14 Septembre 2022.

28
La transmission la plus courante est celle de la mère à la fille ou à sa
petite fille. En effet, lorsque la mère pratique cette activité, sa fille ou sa petite
fille en l’aidant dans ces tâches profite pour l’apprendre. Elle se met à imiter ses
gestes et plus tard, elle finit par assurer la pérennité de cette activité. Pour mieux
comprendre le travail des potières, il faudrait situer la matière première, élément
de base de l’activité céramique.

II. LA MATIÈRE PREMIÈRE

Il s’agira dans ce chapitre de parler de l’obtention de la bonne argile par la


potière en insistant sur le mode d’exploration, l’extraction et l’exploitation.

1- Le gisement d’argile et la méthode d’exploration

La matière première de la céramique est l’argile qui est une roche


sédimentaire tendre qui absorbe de l’eau et devient élastique puis imperméable 32.
Elle est composée, en plus de l’eau, d’alumine et de silice. C’est aussi une
substance terreuse provenant de la décomposition des roches feldspathiques. La
principale composante, la kaolinite, est mêlée à des impunités comme le quartz,
le calcaire, le silicate, la magnésie et l’hydroxyde de fer 33. L’argile est différente
selon sa provenance. Certaines ont les propriétés suivantes34 :

- Silice : elle se vitrifie plus facilement à une température élevée. La silice


fond et donne un aspect vitrifié ;
- Calcaire : favorise la fusibilité de la terre ;
- Minérale : les minéraux qui s’ajoutent à elle la colore, exemple de l’agile
rouge qui contient beaucoup d’oxyde de fer ;
- Organique : ce sont des éléments qui donnent la plasticité de la terre.

32
- (J.E) NUGUE, (E) LABET, Artisanat traditionnel en Afrique noire, Côte d’Ivoire, institut culturel Africain,
Marseille, 1985, p27.
33
- (B) BIOT, (L) FOFANA, « Contribution à l’histoire des techniques anciennes de la Côte d’Ivoire : le cas de
la céramique », in Godo Godo, n°12, Mai 1991, p95.
34
- (E) MICHAUD, La céramique pour tous, guide pratique, Paris, édition De vecchi, 1980, p 15-16.

29
En ce qui concerne notre étude, on obtiendra par exemple que l’argile du
pays Krobou est composée d’environ 40% de la kaolinite, 30% de quartz et de
30% de mica blanc35.

L’argile recueillie est transportée au village à l’origine dans des paniers en


osier, dans les écosses « otchro »36. Au village, l’agile est entreposée dans la
cour de la potière jusqu’à son utilisation. La méthode d’extraction en pays
Krobou est généralement simple, grâce au sous-sol généralement argileux. En
effet, l’argile est trouvée à proximité de cours d’eau qui abonde dans la région.
L’argile est accessible à faible profondeur, ce qui facilite son approvisionnement
et la dynamique constaté dans la production céramique au pays Krobou 37. La
variété de l’argile favorise sa diversité dans la conception des céramiques.

Photo 3 : Argile

Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

2- De l’extraction à l’exploitation

Les potières dans le pays krobou utilisent juste l’argile nécessaire à leurs
travaux. La matière première est creusée à l’aide de houe. La couche supérieure
35
(E.A) KOUAME, Les récipients céramiques d’Anyama (Sud de la Côte d’Ivoire) : 1721-1930, Université
Felix Houphouët Boigny d’Abidjan 2013 ; p4.
36
Entretien avec ODAGNAN Lessi Augustine, 80 ans, potière d’Oress-Krobou, le 12 Septembre 2022.
37
Ibidem.

30
ne renfermant pas d’argile est nettoyée pour laisser apparaitre la couche
argileuse. L’extraction obéit à certain interdit. Les potières ont pour obligation
d’extraire l’argile le matin, mais de ne pas être en menstruation et ne pas avoir
eu des rapports sexuels la veille. L’argile avant son utilisation, est débarrassée
de ses impuretés et travaillée à la main. La potière trie les racines, les radicelles
et les cailloux dont la présence dans l’argile peut donner des céramiques qui se
fendent lors de la cuisson. Elle est séparée, pilée pour être bien affinée puis
mouillée et pétrie pour obtenir une pate lisse et homogène.

Photo 4: séance de triyage

Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

Photo 5: séance de pilage

31
Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

En somme, le mode opératoire est essentiellement marqué par l’action des


artisanes sur la matière quelle que soit sa diversité structurale. Nous
examinerons les différentes étapes de la production céramique du pays Krobou,
puis nous décrirons les objets recueillis au cours de l’enquête.

III. LES DIFFERENTES PHASES DE PRODUCTION

Les phases de production céramique incluent les techniques de façonnage,


la cuisson et la réalisation des décors.

1. Le façonnage
Le façonnage qui nous a été décrit dans les deux localités enquêtées, se
rapportait au façonnage dans la masse. La potière après le battage de l’argile au
mortier ou un autre récipient appeler sôkô, elle est sous formes de pirogue. En
effet ; la boule d’argile battue était posée sur un support en bois pour
commencer. Ensuite, elle faisait un trou avec une ponce appeler gbègbè quelle
prend pour gratter et pour lisser, puis en effectuant un mouvement tournant et en
pinçant la boule entre le gbègbè et les doigts, elle agrandissait l’alvéole de
départ et amincissait en les faisant montés sur les parois. Lors de ce processus,
elle faisait attention pour garder constant l’épaisseur des parois.
La potière façonne ensuite le col en faisant monter la paroi entre deux
doigts pendant que la main gauche fait tourner le support. Lorsque la panse est
suffisamment large, la partie supérieure est rétrécie en raclant l’extérieure avec
le bambou taillé sous forme de lamelle. Tous en soutenant l’intérieur. Les
espaces creux sont ensuite renforcés à l’aide de la pâte d’argile afin d’obtenir un
objet uniforme et parfait. Pour la montée des lèvres après le volume obtenu, se

32
faisait par pose de colombins sur le bout. Ainsi, à l’aide de la main, elle faisait
basculer
La pâte nouvellement posée vers l’extérieur pour avoir l’épaisseur et la
taille de la lèvre38.
Pour les récipients ou l’on fait le garnissage c’est-à-dire la pose des pièces telles
qu’une anse, un bec etc. l’on procède de la manière suivante :
- Pour les anses : on roule un colombin, ensuite l’on prend celui-ci dans une
main en le plaquant bien sur une table. De la main restée libre, on masse
de façon à étirer l’anse ;
- Pour les couvercles : elle est destinée à être ajusté à la pièce céramique.
Les couvercles sur le pot en effectuant un bouton avec un simple morceau
de colombin.
Une fois la forme obtenue, elle laissait la céramique se solidifier puis elle la
grattait avec un morceau de bois couper en carré. Ensuite elle passe à un lissage
avec un fruit appeler M’monbi puis elle gratte l’intérieur de la céramique en
utilisant la coque d’un fruit appeler M’Glo. Le Gboro lui sert à ajuster la forme
de la céramique.
Photo 6: M’monbi (noix d’un arbre)

Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

Photo 7: M’Glo (écorce d’un fruits)


38
Entretien avec Mme SIBIE née YABA Grâce Bryotte, 52 ans potière, Aboudé-mandéké.

33
Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

Photo 8: le Gboro (bois de bambou)

Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

A la suite de ces phases, intervient le séchage qui se fait soit à l’ombre ou


au soleil, sans que les pots ne soient retirés de leurs supports. Ce processus peut
durer un (1) à deux (2) jours. Le façonnage est l’une des étapes essentielles de la
production céramique. Le décor et la cuisson sont les étapes qui achèvent le
processus de fabrication des objets céramiques.

2. Décor à la cuisson

Le décor tout comme le façonnage est une étape importante de la


production. La plupart du temps, me décor se fait par incision. Les potières

34
réalisent les décors composés à la base de ligne sur les poteries à l’aide des
ongles et des brindilles de balai. Après les décors, suivant du second séchage
plus lent. Par ce procédé, les récipients deviennent plus solides et aptes à la
cuisson. Le séchage raffermis la glaise et enlève au récipient le plus possible
sont humidité. Le véritable séchage débute à l’ombre et se poursuit
progressivement au soleil. Cette phase dure quatre (4) à dix (10) jours selon le
temps de la saison. Les potières, pour le séchage en fumaient les vases en les
exposants dans leurs cuisines avant la cuisson39.
La cuisson est l’étape finale du processus de fabrication des récipients
céramiques. C’est l’étape que les artisanes redoutent le plus car d’elle dépend la
réussite ou l’échec de toutes les phases précédentes. Elle met en exergue le
degré de technicité et la maitrise du feu des potières. Cette étape se fait à l’air
libre, loin des maisons et dépend de la direction du vent. En pays Krobou, la
cuisson se fait à l’air libre, à l’aide du bois végétal para-solier (Dôhoum ou Dîn).
Par mesure de précaution, les récipients dans l’aire de cuisson sont renversés et
posés les uns à côté des autres en fonction de leurs tailles. Les plus petits et par
conséquent moins lourd sont disposés sur les plus grands40.

Après la cuisson, les pots sont laissés dans la cendre jusqu’à


refroidissement partiel, puis ils sont retirés à l’aide d’un long bois. Ensuite, la
potière asperge les vases avec une décoction (c’est une infusion composée de
l’écorce d’un arbre appelé le Cerya que l’on pille et dont la potière laisse
reposée pendant un (1) jour dans l’eau d’un récipient fermé) 41. Le décor et la
cuisson sont des étapes décisives, il ne faut pas ignorés dans le processus
d’évaporation céramique. Les récipients qui en découlent de ses différentes
phases se doivent d’être analysées et décries.

39
Entretien avec ODAGNAN Lessi Augustine, 80 ans, potière d’Oress-Krobou, le 12 Septembre 2022.
40
Ibidem
41
Entretien avec SIBIE née YABA Grâce Bryotte, 52 ans, potière d’Aboudé-Mandéké, le 14 Septembre 2022.

35
IV. ANALYSE DESCRIPTIVE DES RECIPIENTS CERAMIQUES EN
PAYS KROBOU

Nous nous attèlerons dans cette rubrique, à décrire les récipients du point
de vue de la morphologie et du décor.

1- Description morphologique

Lors de nos enquêtes, nous avons observés divers récipients céramiques à


Oress-Krobou et à Aboudé-Mandéké. La description que nous avons adoptée
dans notre étude pour ces récipients, s’est appuyée sur les principes énumérés
par : Baflet, Fauvet-Berthelot et Monzon dans l’ouvrage intitulé : Lexique et
typologie des poteries.

Ces auteurs suggèrent que pour une analyse valable pour l’archéologie, une
nomenclature doit reposer principalement sur des critères de formes et non de
fonction. La description dans ce cas doit se référer aux critères géométriques.
Cette règle n’exprime pas les fonctions mais en réserve l’emploi au cas où le
contexte le permet sans ambiguïté. La démarche consiste en une classification
par catégorie, définie selon les rapports simples de profondeur et de diamètre et
secondairement de dimension. Aux vues des échantillons observés sur le terrain,
notre étude morphologique sera axée sur deux (2) grands ensembles. A savoir
les récipients fermés et les récipients ouverts 42. Un récipient ouvert est un vase
dont le diamètre à l’ouverture correspond au diamètre maximum. Les types de
récipients par exemple sont :

- L’assiette : récipient parfois fortement crevasser dont le diamètre à


l’ouverture (≤ à 23/24 cm environ) est ≥ 5 fois la hauteur ;
Les vases fermés regroupent les récipients dont le diamètre maximum est
supérieur au diamètre à l’ouverture. On y trouve par exemple :

42
- (K.S.) KOUASSI, Côte d’Ivoire côtière (Grand Bassam – Grand Lahou). L’histoire du peuplement à partir
des amas coquillers, Paris, l’harmattan, 2012, pp.183-184.

36
- Le pot : récipient avec ou sans col et dont le diamètre minimal ≥ 1/3 du
diamètre maximal ;
- La jarre : récipient se distinguant du pot par sa grande taille et sa
profondeur plus importante, comprise entre deux et trois fois le diamètre à
l’ouverture.
Pour une classification adéquate des récipients, nous prenons pour point de
départ le col des récipients ce qui a l’avantage de nous donner deux grandes (les
récipients à contour simple et les récipients à contour caréné) à l’intérieur
desquels nous procèderons à une analyse plus rigoureuse des vases à notre
disposition.

a) Les récipients à contour arrondi

Les fonctions de la céramique en pays krobou sont nombreuses : la céramique


culinaire, la céramique à usage médicale et celle pour la conservation de l’eau et
de la boisson.
Les céramiques pour la conservation de l’eau telle que le N’zo-boué (cf.photo 9
et 10), le boué (cf.photo 11) les trois sont de formes sphérique.

Le N’zo-boué est constitué d’un décor incisé. L’incision consiste à entailler par
un tracé linéaire la patte avec un outil à l’extrémité pointue (section en ligne)
avec une impression et des cannelures fines sur la céramique et des courbes
laissant apparaître des poinçons. Elle provient d’Aboudé-mandéké. Elle est de
base arrondie avec une dimension de diamètre à l’ouverture (DO) : comprise
entre 25 et 28 cm, hauteur totale (HT) : 32 et 40 cm, le diamètre maximal :
compris entre 42 et 50 cm avec un contour de col simple, la lèvre est aplanie peu
évasé de couleur marron avec coup de feu. Le tracé est donc plus profond et
moins régulier que celui du décor qui apparait sur le corps de la céramique. Elle
sert à conserver l’eau.
Photo 9: N’zo-boué

37
Photo : Yao N’drin Stéphanie, 2022

Le N’zo-boué originaire d’Oress-krobou est constitué d’un décor incisé d’un


tracé linéaire et diagonale sur la patte avec un outil à l’extrémité pointue (section
en ligne-brisée). Elle est de base arrondie avec une dimension de diamètre à
l’ouverture (DO) : comprise entre 25 et 28 cm, hauteur totale (HT) : 32 et 40 cm,
le diamètre maximal : compris entre 42 et 50 cm avec un contour de col simple,
la lèvre est arrondie de couleur noirâtre au-dessus et rougeâtre en-dessous. Le
tracé est donc plus léger avec une incision sur le corps de la céramique. Elle sert
à conserver l’eau.

Photo 10: N’zo-boué

Photo : Yao N’drin Stéphanie, 2022

Le Boué originaire d’Aboudé-mandéké est constitué d’un décor incisé d’un tracé
linéaire et diagonale sur la patte avec un outil à l’extrémité pointue (section en
ligne-brisée). Elle est de base arrondie avec une dimension de diamètre à

38
l’ouverture (DO) : comprise entre 25 et 28 cm, hauteur totale (HT) : 32 et 40 cm,
le diamètre maximal : compris entre 42 et 50 cm avec un contour de col simple,
la lèvre est arrondie de couleur marron au-dessus et rougeâtre en-dessous. Le
tracé est donc plus léger avec une incision sur le corps de la céramique. Elle sert
à conserver l’eau.

Photo 11: Boué

Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

b) Les récipients à contour caréné


Nous avons les récipients au contour caréné (cf. Photo n°12-14) une lève :

- Arrondie aplatie (Cf. Photo 12)


- Evasée légèrement relevé (Cf. Photo 13)
- Arrondie à col (Cf. Photo 14)
Ce récipient céramique a une forme de coupe avec une lèvre arrondie aplatie.
Elle est de couleur marron avec des incisions à l’intérieur. Elle sert à écraser les
aliments.
39
Photo 12: Sôh-rê et sôkô

Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

Ce récipient céramique est évasé et légèrement relevé. Elle est de couleur


marron avec coup de feu et sans décor. Elle sert à faire cuir la sauce.

Photo 13: Tô-boué

Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

De forme ovale et arrondie à col, elle est de couleur marron avec coup de feu
laissant apparaitre aucun décor. Elle est usage médicinale.

Photo 14: Laton

40
Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

CHAPITRE IV : LES DIFFERENTES ACTIVITES ARTISANALES


(VANNERIE) KROBOU

I. LES DIFFIRENTS TYPES DE VANNERIE

La vannerie une activité artisanale était suffisamment développée chez les


Krobou, c’est une activité pratiquée par les personnes âges. Monsieur KOFFI
N’drin Ago Jacques âgé de 92 ans est celui qui s’est prêté à nos questions. Quant
au deuxième moins plus âgé nommé Monsieur KOFFI Severin est âgé de 64 ans.
Nous avons pu effectuer l’enquête compte tenu de la non-disponibilité des
villageois qui étaient occupés par les travaux champêtre.

1- L’organisation du travail des tisserands

L’invention du tissage comme mentionnée ci-dessus, survient après que


l’homme soit sédentaire. Cet art fut l’une des connaissances transmises à travers
les âges. Le métier de tisserand est partout en Afrique réserver essentiellement
aux hommes. Il est sans doute l’un des moyens privilégiés à travers lequel on
saisit mieux les multiples facettes de l’homme. En effet, tout homme en principe
naît artiste.

En effet, l’extraction des lianes se fait pendant la saison sèche et humide.


Le tisserand Krobou travail individuellement chez lui, quelque fois aidée par les
jeunes filles ou hommes de sa cour. Dans la région, il n’existe ni coopérative, ni
41
association des tisserands. Chacun organise son travail selon sa disponibilité.
Chacun travail en fonction de ses besoins personnels et de ses commandes. Le
travail des tisserands est très organisé car il y va de sa réussite. Il occupe une
place importante dans la société krobou.

2- Mode de transmission

Chez les Krobou, le mode de transmission se fait de deux (2) manières. Le


tisserand transmet son savoir à celle qui s’y intéresse par passion et aussi à un
membre de sa famille. En effet, une personne désireuse apprend le fait auprès de
celui qui s’y connaît gracieusement. Mais, ils doivent d’abord avoir le courage et
la force pour récolter les lianes et les bambous les interdits liés à cette activité
est le courage. En effet, lorsque le père pratique cette activité, ses enfants
l’aidant dans ces tâches et profite pour l’apprendre. Il se met à imiter ses gestes
et plus tard, il finit par assurer la pérennité de cette activité. Pour mieux
comprendre le travail des tisserands, il faudrait situer la matière première,
élément de base de l’activité artisanale.

II. LA MATIÈRE PREMIÈRE

Il s’agira dans ce chapitre de parler de l’obtention de la bonne liane,


raphia, parassolier par le tisserand en insistant sur le mode d’exploration,
l’extraction et l’exploitation.

 Mode opératoire

Le mode opératoire des vanneries ivoiriennes atteste d’une belle variété


de techniques. Pour exercer cette activité en pays krobou, nous n’avons pas
besoin de faire partir d’une caste, tout le monde peut apprendre. Elle est faite
avec plusieurs techniques qui sont d’anciennes traditions locales, transmises en
dehors même de toute activité, volonté éducatrice, de génération en génération.
Dans le cas peuple krobou la confection d’un objet est faite en trois étapes :

42
- L’extraction de la matière première (bois de bambou (dio-ya), raphia
(n’kpokpo), parasolier (dôhoum) liane (inkan) ;
- Retrait de l’écorce et le nettoyage de l’intérieur ;
- Confection de l’objet.

D’abord l’extraction fraiche. En effet elle est faite fraiche pour faciliter la
réalisation de l’objet il faut que la matière première soit fraiche. Comme matière
première nous avons le bois de bambou-raphia, le paralolier et les lianes.

Photo 14 : Parasolier (dôhoum)

Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

Photo 15 : Bambou-raphia (dio-ya n’kpokpo)

Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

43
III. DIFFERENTES PHASES DE PRODUCTION

Il y a le retrait de l’écorce et le nettoyage de l’intérieur de la matière. Elle


consiste à couper le bois de bambou ou raphia en plusieurs morceaux à l’aide
d’un couteau et de machette. A l’aide du couteau l’artisan gratte l’intérieur de la
tige. Il y a la confection de la base avec une corde et le montage. En effet pour
cette partie l’artisan selon l’objet qu’il veut obtenir doit couper une tige à une
dimension toujours selon l’objet qu’il voudrait obtenir et s’il a une tige avec un
mètre comme mesure il doit avoir plusieurs tiges d’un mètre. Le format (cf
photo 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 24) est fonction de l’objet, pour les paniers, les
vans, tamis sont positionnées de façon parallèle et la liane appelée (n’kan) est
utilisée pour entrelacer les tiges pour la confection43.

Photo 16: tige de liane (n’kan)

43
Entretien avec KOFFI N’drin Ago Jeacques, âgé de 92 ans, artisan d’Oress-Krobou.

44
Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

Processus de fabrication artisanal

Etape 1 Etape 2

45
Etape 3 Etape 4

Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

Le Tépé est un panier provenant d’oress-krobou. Il est produit depuis leur


ancêtre pour cela nous ne pouvons donner de date précise. Le support est fait de
liane et de bambou-raphia, de forme ronde elle est de longueur 45 cm-48cm,
hauteur 23cm-25cm, diamètre 120 cm, le pois est estimé à 2kg, il est d’une
couleur orangée avec une surface plus ou moins dégradé, elle a une particularité
culturelle et agricole car elle sert aux femmes de conserver leurs aliments,
transporter les cultures vivrières.

Photo 17 : Le Tépé

Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

Le Kprokprosso est un tamis provenant d’oress-krobou elle est produit depuis


leurs ancêtre pour cela nous ne pouvons donner les dates de productions. Le
46
tamis est fait à basse de liane et de raphia, sont poids est estimé à 2 kg, elle est
d’une forme carre, ces coté sont de 50 cm avec une hauteur total de 3 cm, elle a
une couleur orangée avec une surface lisse.

Photo 18 : Tamis (Kprokprosso)

Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

Le Gbalè un outil fait de raphia et liane la date ne peut être décrire elle est
d’oress-krobou. Elle est d’un diamètre de 55 cm elle est d’une forme ronde avec
un poids de 4 kg avec une hauteur total de 4 cm, elle est d’une couleur noirâtre
avec une surface moins lisse.

Photo 19 : Vans (Gbalè)

47
Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

Les vans et tamis sont indispensables aux femmes pour trier le mil et le
riz. Les vans (gbalé) servent également à faire sécher la farine de manioc, les
arachides ou à préparer l’attiéké. Leur forme, leur taille varient tout en
s’apparentant, d’un lieu à l’autre.

Le Gbôrô est une hotte provenant d’oress-krobou elle est produit depuis
leurs ancêtre pour cela nous ne pouvons donner les dates de productions. La
hotte est faite à basse de liane, sont poids est estimé à 4 kg, elle est d’une forme
cylindrique avec une hauteur total de 60 à 70 cm et un diamètre de 40 cm, elle a
pour couleur orangée avec une surface lisse au touché.

La hotte a le même procédé de tissage que le tamis, le panier sauf qu’ici la base
n’est pas placée sous forme d’étoile mais en rectiligne puis commence à
entremêlée la liane pour la confection. Elle sert à transporter les cultures du
champ et aussi au port des animaux après la chasse.

Photo 20 : la hotte (Gbohro) Photo 21 : Le port de la hotte

48
Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

Le Kpassa est un sèche produit agricole elle est produit à oress-krobou depuis
des décennies pour cela nous ne pouvons donner de date de productions. Le
Kpassa est fait de liane et de bambou raphia, elle a un poids estimé à 6 kg, elle
est d’une forme rectiligne ou droite avec une longue de 1mètre et largeur de 60
cm, elle est d’une couleur marronne grisâtes avec une surface lisse.

La nasse sert a séché le café cacao et les cultures vivrier, elle peut être
confectionné à la maison ou sur place au champ.

Photo 22 : Sèche café-cacao (Kpassa)

Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

Le Kôkô est une nasse provenant d’oress-krobou elle est produite depuis des
décennies par leurs ancêtre, elle est faite de bambou raphia et liane, elle est très
lege avec un poids de 5 à 6 kg et une forme en cône puis cylindrique d’une
49
longueur de 1 mètre, diamètre à l’ouverture de 40 cm de couleur jaunâtre et une
surface lisse.

La nasse (Kôkô) elle permet au pêcheur de capturé les poissons elle est utilisée
de deux manières :

 La première : elle se fait dans les rivières, elle est placée horizontalement
pour attrape le poisson car l’eau coule les poissons quitte de l’avale vers
l’amont
 La deuxième : elle est placée dans l’eau mais pas en total immersion pour
permettre au poisson de respiré mais le piège est en double avec les appas
à l’intérieure de la nasse. Les parents utilisaient la vibration de l’eau et
l’arrivé (courant) de l’eau pour la pêche44.

Photo 23 : Nasse de pêche (Kpassa)

44
Entretien avec GNANMIEN EDOUARD, âgé de 47 ans, spécialiste des nasses à Oress-Krobou

50
Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

La lance (dhê) faites de bambou-raphia était utilisée par les krobou pour la
chasse avec une longueur de 1m20, d’une couleur orangée.

Celle-ci se faisaient en groupe, il repérait un grand espace où ils y avaient


en grand nombre d’animaux ; puis les chasseurs se divisent en plusieurs groupe
forment un cercle, puis par des bruits repoussent les animaux dans un piège de
filet. Et lorsque les animaux sont pris dans le piège, les chasseurs à l’aide de
Gourdain et lance se mettre à abattre les animaux. Et elle a permis aussi
repousser les animaux redoutables.

Photo 24 : La lance (dhê)

Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

Fifi, un instrument originaire d’oress-krobou, elle est produite depuis leur


aïeux la date à laquelle ils ont commencé à produit n’est pas connaissable. Elle
est fabriquée à basse de liane, elle à un poids de 1kg avec une forme un peu
ovale de hauteur 30 cm et de largeur 35 cm, elle a une couleur noirâtre avec une
surface rugueuse.

51
Le presse-graine (fîfî) est un instrument qui sert à presser les copos de graines.
Elle se fait comme-ci : on utilise les graines d’huile de palme qu’on fait bouillir
et laissé fermenter pendant une semaine à l’intérieur des feuilles de bananiers.
Après une semaine, on fait encore bouillir des graines d’huile de palme qu’on
mélange à celui fermenté. On fait le tri des graines dans un récipient appelé
sôkô, elle est sous forme de pirogue. Ensuite, on fait un grand feu de bois, on y
met des pierres. Lorsque les pierres sont suffisamment chaudes, elles sont
retirées et misent dans le Sôkô contenant les copos. On mélange, les copos sont
ensuite misent dans le fîfî pour être presser. La décoction obtenue est de l’huile
rouge (n’on).

Photo 25 : Presseur de l’huile de palme (fifi)

Photo Yao N’drin Stéphanie, 2022

Cette décoction est aussi utilisée pour la confection du savon noir


(sahmlan bré). Sa fabrication se fait à l’aide de peau de banane séché et écrasé.
La cendre recueillis est versée dans l’huile rouge qui chauffe. Le mélange

52
obtenu est solide et retiré du feu. On forme de petites boules de savon. Ce savon
est plus utilisé pour le bain mais aussi pour la lessive45.

Photo 26 : savon noir (sahmlan bré)

Photo : Yao N’drin Stéphanie

L’huile d’amande de graine (N’non sendjê) se fait à base de noix de graine.


Après avoir cassé les noix, on faits sécher les amandes pendant deux semaines.
On met les amandes dans une marmite qu’on fait chauffer en mélangeant à
l’aide d’une tige jusqu’à obtention de l’huile.

Celle-ci est utilisée comme pommade de cheveux, de la peau46.

Photo 26 : Amande de graine (N’non sendjê)

45
Entretien avec OKON DJEA Justine, née vers 1955, femme du chef de terre d’Aboudé-mandéké
46
Ibidem

53
Photo : Yao N’drin Stéphanie, 2022

PARTIE III
IMPLICATION SOCIO-ECONOMIQUES,
EVOLUTION DE LA CERAMIQUE ET DE
L’ARTISANAT EN PAYS KROBOU

54
Autrefois, l’on rencontrait des femmes et hommes qui pratiquaient
l’activité céramique et artisanale dans diverses régions du pays, comme celle de
krobou. Cette production inventée au néolithique s’y est maintenue de façon
continue jusqu’à une période relativement récente. Il est donc intéressant de
montrer ses implications socio-économiques, l’évolution de ces arts chez les
populations krobou ce qui permettra enfin de mieux aborder les possibilités
d’études archéologiques qui peuvent aider à une meilleure connaissance de
l’histoire des techniques de la région (le savoir-faire traditionnel).

55
CHAPITRE V : PLACE DES SAVOIR-FAIRE DANS LA SOCIETE
TRADITIONNELS KROBOU

Dans cette rubrique, il sera question de l’importance et du rôle socio-culturel du


savoir-faire traditionnel krobou.

I. IMPORTANCE SOCIALE DES SAVOIR-FAIRE


TRADITIONNELS KROBOU

Cette partie sera développée sur deux axes notamment les fonctions
domestiques et les aspects socio-économiques de ces arts.

1- Fonctions domestiques de ces savoir-faire traditionnel

Les populations krobou, font parties des Akans lagunaires. Une fois
installées, plusieurs activités traditionnelles vont meubler leur quotidien dont la
sculpture, la teinture, la vannerie et la céramique, ses savoir-faire ont été
beaucoup développés dans le pays krobou en raison d’innombrables atouts
qu’offre le pays : abondance d’argile et de bons végétaux en nombre suffisant et
varié pour ces savoir-faire.

Les récipients et les vanneries servaient dans le quotidien des populations,


notamment pour les besoins culinaires (N°12, 13, 14,18, 19, 21, 22, 24), le
transport d’objet (17,20), de l’eau du marigot dans les concessions (9, 10, 11),
objet de défense (23), ces diverses fonctions se justifie par la présence d’objet
céramique et artisanal dans la quasi-totalité des cours visitées en pays krobou.

Les potières et artisans rencontrées lors de nos enquêtes, pour souligner


l’importance de ces arts dans la région par le passé, ont insisté sur le fait qu’elle
constituait la principale source de revenu de la plupart des femmes et hommes.
Les produits dérivés de cette activité étaient vendus sur place et dans les villages
environnants.

56
2. Aspect socio-économique du savoir-faire traditionnel

Les artisans et potières krobou étaient dans ce contexte réputé dans le pays.
En effet, ils acheminaient leurs produits pour les commercialiser. Les savoir-
faire traditionnel aux dires des populations des localités visitées a contribué à
l’amélioration des conditions de vie des populations et a apporté une bouffée
d’oxygène à la culture locale : avec une céramique et vannerie aux formes et
tailles variées, elles pouvaient cuire leurs aliments, les servir, les conserver,
prendre leurs bains (dans des jarres de grande taille aujourd’hui disparues),
conserver leurs vêtements et leurs objets précieux à savoir or, argent, collier,…
de grande valeurs (dans des coffres ), en toute sécurité.

Nous venons d’élucider la prépondérance du savoir-faire traditionnel au plan


social chez le peuple krobou alors, nous entamons son impact sur le plan
culturel.

II- ROLE SOCIO-CULTUREL DES SAVOIR-FAIRE


TRADITIONNELS EN PAYS KROBOU

Nous analyserons le savoir-faire traditionnel dans la vie religieuse et dans les


soins thérapeutiques.

1. Les savoir-faire traditionnel (céramique et vannerie) comme des


moyens d’adoration

Les objets céramiques ont joué un grand rôle chez les Krobou. Population
animiste au départ, elle avait besoin des objets pour vouer des cultes et offrandes
aux divinités. A cet effet, les urnes funéraires fabriquées par les potières
servaient dans les cultes. Les aliments aspergés à l’huile de palme et
accompagnés des œufs étaient déposés dans différents endroits dans les villages.
Ces urnes funéraires sont de formes sphériques. Les matériaux à base de terre
cuite étaient donc indispensables pour honorer tous les engagements des Krobou
57
dans les cultes qui les lient à leur ancêtre. Aussi, les céramiques puis les paniers
étaient utilisés pour la décoration et pour les besoins thérapeutiques lors des
traitements des différentes maladies dans les villages tel que le paludisme, la
folie.

2. Les savoir-faire traditionnels (céramique et vannerie) comme


traitement thérapeutique

Les plantes médicales à cette occasion étaient mises dans la céramique


avec de l’eau pour faire bouillir. La décoction était administrée aux malades. Au
dire des populations surtout des guérisseurs de la région, la hotte servait à
transporter les plantes médicales. Ces objets ont participé à l’efficacité des soins.
Aujourd’hui, avec le modernisme tous ces objets et la pratique ont subis une
mutation. Celle-ci se perçoit sur plusieurs niveaux.

58
CHAPITRE VI : ETAT ACTUEL DES SAVOIR-FAIRE
TRADITIONNELS EN PAYS KROBOU

Le savoir-faire traditionnel, essentiellement rural est aujourd’hui en voie de


disparition dans notre d’étude. Dans ce présent chapitre, nous déterminerons la
place actuelle du savoir-faire traditionnel dans le pays Krobou.

I. LES SAVOIR-FAIRE TRADITIONNEL AU PAYS KROBOU


AUJOURD’HUI

Le savoir-faire traditionnel connait aujourd’hui un manque de céramiste et


d’artisans dû au modernisme et aux vieillissements des artisans.

1- L’influence du modernisme sur les savoir-faire traditionnels en pays


Krobou

Si le savoir-faire traditionnel continue d’être utilisé chez les populations


Krobou force est de constater que sa production a presque disparue. Le constat
est qu’elle est devenue une activité occasionnée. Sa période de déclin comme
dans la plupart des régions lagunaires de la Côte d’Ivoire se situe aux environs
des années 1930.

Les raisons de ces abandons sont dues au développement économique. Le


savoir-faire traditionnel sera très tôt confronté aux concurrences déloyales des
produits modernes remplissant les mêmes conditions. Dès lors, les objets seront
progressivement délaissés au profil de ces objets dit modernes. Aujourd’hui le
constat n’est pas plaisant car l’utilisation du savoir-faire traditionnel à presque
disparu du quotidien des populations. Aussi avec l’influence de la religion
chrétienne et islamique dans le pays Krobou, le savoir-faire traditionnel est de
plus en plus délaissé. Le vieillissement des derniers céramistes et artisans permet

59
de comprendre d’autres aspects de l’abandon du savoir-faire traditionnel en pays
Krobou.

2- Le vieillissement des artisans et le rejet des savoir-faire traditionnels


en pays Krobou

L’une des causes majeures de l’abandon du savoir-faire traditionnel est le


vieillissement des potières et artisans. Les potières et artisans que nous avons
rencontrés sont vieillissant et la plupart son malade, sous le poids de l’âge et
parfois en manque d’apprenant dévoués.

A Oress-Krobou par exemple l’artisan KOFFI N’drin Ago Jacques né vers


1930, maladif, incapable de se déplacer seul sur de longue distance est le seul
artisan de son village. L’on retrouve aussi la potière ODAGNAN Lessi
Augustine né vers 1942 fébrile et n’ayant pas de successeur de ce savoir-faire
traditionnel car tous ont été des hommes.

Aussi, la nouvelle génération ne s’y investie pas dans la relève en vue de


pérenniser ce savoir-faire traditionnel car elle le trouve salissant et démodé, sa
pratique très difficile et non rémunératrice. On peut donc dire que le
modernisme et le vieillissement des potières et artisans ont mis à mal l’activité
du savoir-faire traditionnel dans le pays Krobou.

II. LES SAVOIR-FAIRE TRADITIONNELS KROBOU DANS LE


PASSER
1- Influence positive des savoir-faire traditionnels

Au temps passer nos parents utilisaient ce qui était à leur porter pour
travailler c’est dans ce temps qu’il avait de brillante idée de fabriqué des
accessoires pour leurs bonne évolution. C’est dans cette perspective qu’il on eut
l’idée d’échange et de perpétuer leur savoir-faire à leurs descendent. Ces
derniers apprenaient avec fierté ces savoir-faire aux près de leur parent.

2- Perspective de recherche
60
Nous évoquerons ici les possibles études que nous pouvons mener à l’avenir
pour documenter l’évolution de la production céramique et artisanat dans le pays
krobou. Résultat qui pourrait permettre à notre zone d’étude de contribuer
encore plus à la réalisation de la carte archéologique du pays en élaboration. En
somme, une étude de type archéologique sera bénéfique pour comprendre
l’évolution savoir-faire traditionnel. Des prospections intensives seraient
nécessaires pour intensifier ces savoir-faire traditionnels.

61
CONCLUSION GENERALE

62
Au terme de notre étude sur les savoir-faire traditionnels en pays Krobou,
zone située dans le sud de la Côte d’Ivoire, nous retenons que ce peuple venu de
l’actuel Ghana suite à la migration du peuple Akan du XVIIIe siècle, développe
un artisanat à l’image de celui du grand groupe Akan. Les savoir-faire
traditionnels, ont été introduit grâce à la richesse du sous-sol en argile et à un
couvert forestier de masse.

L’art se trouve organiquement intégré à la vie de chaque jour qui est elle-
même englobée dans une philosophie et une vision du monde. En Afrique, on ne
peut pas établir de frontière entre la création artistique et la vie quotidienne tous
deux sont liés intimement. Les hommes sont à la fois planteurs et artisans, les
femmes potières et ménagères. Dans la tradition Africaine en général et en
particulier en pays krobou, le bois et l’argile ont joué et continue de jouer un
rôle crucial. Il a servi à produire divers objets en particulier les vanneries et la
céramique.

L’importance de ces arts d’autre fois est visible à travers les collections
obtenues dans nos différentes enquêtes, dans les localités d’Oress-krobou et
d’Aboudé-Mandéké. Nous avons pu observer une forte activité des productions
céramiques et vannerie par les populations autochtones de la zone. Certaines
activités comme la céramique et la vannerie jouent un rôle important dans la vie
quotidienne, religieuse et culturelle des Krobou. Aussi, faut-il d’indiquer ces
productions artisanales constituent des sources de revenus des producteurs.

Cependant, force est de constater la disparition progressive du savoir


traditionnel. C’est une possibilité qui est ainsi offerte pour l’extension de l’étude
dans ce pays. En effet, des études plus approfondies doivent être faites pour
mieux comprendre l’histoire et les techniques de fabrication de chaque type

63
d’artisanat des Krobou, en vue de sauvegarder et vulgariser le patrimoine de ce
peuple.

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

64
I- SOURCES
1- Sources d’archives
 Archive National de Côte d’Ivoire (A.N.C.I)
 Séries DD : Administration générale
 DD : Affaires administratives

2 DD 111 : Gouvernement général de l’AOF. Colonie de la Côte d’Ivoire.


Travaux publics et mines. Notes de géologie et les ressources minières de la
Côte d’Ivoire.

 Séries QQ : Affaires économiques


 1 QQ : Commerce

1 QQ 61 (6) Exposition coloniale de Marseille de 1906. Notice sur la Côte


d’Ivoire au point de vue géologie et minier, 1905.

2- Sources orales
 Oress-Krobou
 Communauté linguistique : Krobou
 Date de l’enquête : du 06 au 09 Septembre 2022
 Durée de l’enquête : 9H – 20H30min
 Personnes interrogées
 Monsieur OKRO Djè Albert, âgé de 66 ans, chef de terre d’Oress-
Krobou ;
 Monsieur BADA Apia, âgé de 73 ans, enseignant de l’INSAAC à la
retraite ;

65
 Monsieur LIDJI M’Gbô, âgé de 77 ans, notable à Oress-Krobou;
 Monsieur ABIO N’guessan Jonas, âgé de 73 ans, notable à Oress-
Krobou ;
 Monsieur GNANGORAN Eyemon, âgé de 63 ans, sage du village
d’Oress-Krobou ;
 Monsieur KOFFI Severin, âgé de 64 ans, artisan et planteur d’Oress-
Krobou ;
 Monsieur KOFFI N’Drin Ago Jeacques, âgé de 92 ans, artisan d’Oress-
Krobou ;
 Monsieur GNANMIEN Edouard, âgé de 47 ans, artisan d’Oress-
Krobou ;
 Madame KOUADIO Yaba Fostine, âgée de 70 ans, potière et fabricante
d’attiéké à Oress-Krobou;
 Madame ODAGNAN Lessi Augustine, âgée de 80 ans, potière à Oress-
Krobou ;

 Aboudé-mandéké
 Communauté linguistique : Krobou
 Date de l’enquête : du 10 au 18 Septembre 2022
 Durée de l’enquête : 9H – 14H
 Personne interrogées
 Monsieur OSSONO Dibo Gérémy, âgé de 64 ans, Chef de terre à
Aboudé-mandéké
 Madame OKON Djéa Justine, âgé de 67 ans, potière à Aboudé-
mandéké ;
 Madame SIBIE née Yaba Grâce Bryotte, âgée de 52 ans, potière à
Oress-Krobou.

66
II- BIBLIOGRAPHIE
1- Sources spécifiques

(E.A) KOUAME, Les récipients céramiques d’Anyama (Sud de la Côte


d’Ivoire) : 1721-1930, Université Felix Houphouët Boigny d’Abidjan 2013 ;
p41.

(G) GONNIN, (K.R) ALLOU, Côte d’Ivoire : Les premiers habitants, Abidjan,
CERAP, 2006, p62

(K) AKA, « Guide de l’excursion géologique Fresco-Abidjan-Aboisso. », INP-


FHB, Yamoussoukro, 19-29 Janvier 1999, p.3

(K.J) BANA, rituel du Séké chez les Akan lagunaires en Côte d’ivoire :
approche dramaturgique de l’exemple Krobou, université de paris 8, 2012 ; p46.

(K.S.) KOUASSI, Côte d’Ivoire côtière (Grand Bassam – Grand Lahou).


L’histoire du peuplement à partir des amas coquillers, Paris, le harmattan, 2012,
pp.183-184.

2- Ouvrages et articles généraux

(B) BERNADINE, (F) LEMASSOU, l’histoire de la Côte d’ivoire sous


l’éclairage de l’archéologie, Abidjan, ministre de la culture, West Africain
Muséums Programme (WAMP), 24-28 Mai 1993, p36.

(B) BIOT, (L) FOFANA, « Contribution à l’histoire des techniques anciennes


de la Côte d’Ivoire : le cas de la céramique », in Godo Godo, n°12, Mai 1991,
p95.

(E) MICHAUD, La céramique pour tous, guide pratique, Paris, édition De


vecchi, 1980, p 15-16.

67
(G) GONNIN, (K.R.) ALLOU, Côte d’Ivoire : les premiers habitants, Abidjan,
CERAP, 2006, p37 ; p62-63.

(H) BOCOUM et al, Eléments d’archéologie ouest-africaine. V. Le Sénégal,


CRIAA, Nouakchott, France, Editions Sépia, 2002, p3.

(J.E) NUGUE, (E) LABET, Artisanat traditionnel en Afrique noire, Côte


d’Ivoire, institut culturel Africain, Marseille, 1985, p27.

(JN) LOUCOU, Histoire de la Côte d’Ivoire : peuples et ethnies, Abidjan,


Neter, 2002, p199.

ADEKPATE (A.A) 2005, la coordination et la subordination, deux types


d’intégration propositionnelle en Krobou, langue Kwa de côte d’ivoire, thèse
pour le doctorat unique, département des sciences du langage, UFR des
Langues, Littératures et Civilisations, Université de Cocody (Abidjan), p.653.

BERRON (H), Tradition et modernisme en pays lagunaire de Basse Côte


d’Ivoire, s.l, publié avec le concours du Centre National de la Recherche
Scientifique, Edition Ophrys, 1980, p.386.

Dictionnaire Le Robert 2013 p.651

EKANZA (S.-P), Côte d’Ivoire : Terre de convergence et d’accueil (XVe –


XIXe), Abidjan, Les éditions du CERAP, février 2006, p119.

EKANZA M’Bra Simon-Pierre et KOFFI Kouakou Sylvain, Sculpture de bois


et la céramique chez les Wan de Blipla et Boyaopla (centre-ouest de la Côte
d’Ivoire): des productions artisanales en voie de disparition, in Nyansa-Pô,
Révue Africaine d’Anthropologie, N°32, 2021, pp. 07-22

Sylvain KOFFI Kouakou et Sylvestre Jean-Yves N’DRI Vaho, Statuettes mona


de Soukourougban (centre-ouest de la Côte d’Ivoire) entre tradition africaine
et modernité, in Revue africaine de migration et environnement, N° 1 et 2, Vol.
5 2021, pp 122-137

68
Niangoran-Bouah (G), 1964, la division du temps et le calendrier rituel des
peuples lagunaires de la Côte d’ivoire, Paris, Institut d’ethnologie, 173p.

Niangoran-Bouah a établi que cette consonne se lit « tch ». Il en est de même


pour « abé ». Nous avons retenu la nouvelle graphie utilisée par l’administration
(Abbey)

69
ANNEXES

ANNEXE 1 :

FICHE D’ENREGISTREMENT :

Histoire du peuplement – Organisation de l’espace

70
Type d’enquête 

 Zone d’enquête :
 Communauté linguistique :
 Date de l’enquête :
 Enquêteurs nom et qualité :
INFORMATEURS

Nom et Prénoms Ages Profession(s) Observations

QUESTIONNAIRE

I- PEUPLEMENT
 Nom du village
 Signification du nom du village

71
 Nom du fondateur
 Condition de la fondation
 Différents groupes composant le village
 Existence du peuplement antérieur
 Population
 Traces archéologiques
 Rapports avec les villages et les communautés linguistiques environnants
 Guerre
 Commerce
 Alliances diverses
 Rapports religieux
 Implications dans la fondation des autres villages

II- ORGANISATION DE L’ESPACE


1- Espace bâti :
 Habitation (dispersée ou regroupée dès l’origine)
 Type de construction
 Différents types d’espaces dans l’habitation
 Espace humain privé
 Maison (mobilier, nombre de pièce…)
 Cuisine (intégré ou dissocié e)
 Espace humain public
 Lieu de culte
 Aménagement de la cour
 Autres
 Espace animalier
 Construit divagation à l’intérieur du village
 Espace végétal

72
 Lieux de stockage des récoltes (indépendants ou intégrés)

2- Espace sacré
 Public
 Privé
3- Espace funéraire (dissocié ou intégré à l’espace bâti)
 Localisation
 Description

4- Territoire agricole
 Situation des champs par rapport au village
 Type de culture
 Rythme annuel de la production
 Mode culture
 Rentabilité

5- Points d’eaux
 Localisation
 Types (cours d’eau, source, puits citerne, etc.)
6- Territoire de chasse
 Localisation
 Type d’animaux chassés
III- LES DIFFERENTES ACTIVITES ARTISANALES

1- Céramique
2- Métallurgie

73
3- Cordonnerie
4- Vannerie
5- Textile
6- Sculpture
7- Menuiserie
8- Bois
9- Autres

FICHE D’ENQUETE SUR LE MODE DE FABRICATION DE CHAQUE OBJET


ARTISANAL

CONDITION DE L’ENQUETE

- Zone d’enquête : - coordonnée :

74
- Communauté linguistique : - Activité enquêtée :
- Date de l’enquête : 
- Enquêteur :

IDENTIFICATION DES ENQUETE(ES)

Nom et Age Profession(s) Lieu de contacts Observations


Prénoms résidence

I- VOLET HISTORIQUE
1- Depuis quand pratiquez-vous cette activité ?
2- Origine de votre activité dans le village
- Mythes, légendes d’origine
- Autres
- Origine extérieure (ethnies voisines…)
- Autres modes (commerce, propagation religieuse…)
3- Comment avez-vous appris ce métier ?
- Initiation

75
- Apprentissage
- Héréditaire

II-ORGANISATION DE LA PRODUCTION
1- Métier exercé
- Association
- Individuellement
2- Vos lieux d’habitation
- Reparti dans la masse des villages
- Habitent des quartiers qui leur sont réservés
- Forment des villages à part
3- Où travaillez-vous ?
- A l’intérieur des maisons
- En plein air
- Lieus spéciaux (citer)
- Dans des ateliers
4- Y a-t-il une spécialisation des objets ?
- Par quartier
- Par famille
- Par sexe
- Par âge
5- Est-ce qu’il arrive que vous vous entraidiez à tous les échelons de la fabrication ?

III- ASPECTS TECHNIQUES

1- D’où vient la matière première ?

76
2- Localisation de la source de la matière première ?
- Dans le village
- Loin du village (à préciser la distance)
- Dans la forêt
- Nom de la source
- Propriétaire des lieux
- Date d’ouverture
- Personne chargé de l’ouverture
3- Quand peut-on couper ou extraire la matière première ?
- Saison sèche
- Tout le temps
- Jours précis
- Autres
4- Qui est habilité à le faire ?
- L’artisan lui-même
- Le chef de terre seulement
- Tout le monde
5- Y a-t-il des sacrifices à faire avant l’obtention de la matière première ? si oui
lesquels ? quels sont les interdits ?
6- Par qui sont-ils faits ?
- Le chef de terre
- Le propriétaire des lieux
- Les artisans eux-mêmes
- Autres

7- Organisation du travail
- Individuellement

77
- Collectivement
- Autres
8- Comment se fait l’obtention de la matière première ?
- Choix du site
- Nettoyage de la surface du site
- Outils utilisés
- Autres
 Y-a-t-il un endroit ou on obtient la matière première ?
- La forêt
- Un puits
- Un bas-fond
- Autres
9- Quels sont les outils utilisés pour l’obtention de la matière première ?
- Les noms vernaculaires de chaque objet (faire des photos, dessins)
- Les rôles dans l’extraction
- Fabricants de ces objets
10-Types de matière première
- Nom vernaculaire
- Couleur
- Qualités
11-La matière première extraite ou coupée est-elle transportée immédiatement au
village ou stockée sur place ? pourquoi ?
12-Comment transporte-t-on ce matériel au village?
- Sur la tête
- A dos d’animaux
- Par charrette
- Par voiture

78
- Autres
- Outils utilisés
- Organisation du transport
13-Où le stocke-t-on ? pourquoi ?
14-Qui est habilité à transporter le matériel extrait ? pourquoi ?
- Les femmes seulement
- Les hommes seulement
- Les artisan (e)s seulement
- Tout le monde
15-Y-a-t-il une commercialisation de la matière première recueillie ? si oui, comment
se fait-elle ?
16-Comment se fait la gestion de ce matériel recueillie ?
17-Emploie-t-on le matériel brut tel qu’elle est extraite ? pourquoi ?
18-Comment prépare-t-on la matière première ?
- Broyage (préciser le moyen de broyage en usage)
- Epuration
- Humectages (préciser le liquide employé)
- Rites et interdits
- Usage de colorants
- Personnes habilitées à le faire
19- Ajoute-t-on d’autres éléments à la matière ? si oui lesquels ? pourquoi ?
20- Comment pétrit-on la pâte ? (pour la céramique)
21-Prépare-t-on la matière première longtemps avant de s’en servir, dans le but de lui
donner des propriétés spéciales ? (pour la céramique)
22-Comment façonne-t-on une poterie ou autre objet artisanal en pays MONA?
- Base, panse, ouverture de l’objet
- Séchage de l’objet ou de la matière première (durée, lieu)

79
- Interdits et rites
- Outils utilisés
- Durée du façonnage d’un objet
- Position de l’artisan lors du façonnage de la matière première (assise, debout)
23-Comment se fait la finition des objets artisanaux ?
 Grattage, lissage, polissage, tissage
- Méthode employées
- Outils utilisés
 Performation
- Méthode employées
- Outils utilisés (préciser les noms vernaculaires)
 Engobage
- Colorants
- Essences végétales employées
 Décoration
- Les décors avant cuisson, tissage, fabrication
- Les décors après cuisson, tissage, fabrication
- Origine, signification, choix…
- Outils utilisés
24-Quelle est la dernière étape de fabrication d’un objet, comment elle se fait ?
 Période de finition d’objet (saison, jours, heures, temps mis)
 Durée de finition (heure)
 Aire de finition
- Propriétaire
- Localisation (préciser la distance)
- Nombre d’aires de finition dans le village
- Utilisation par jour

80
 Combustibles employés
- Nature
- Essences employées (justifier)
- Mode d’obtention du combustible
 Déroulement de la finition
- Disposition des objets finis
- Organisation du travail
- Mise à feu (moment et comment pour la poterie)
- Contrôle de la fournée (poterie)
- Méthode et moment du retrait des poteries dans la fournée (poterie)
- Comment reconnait-on un objet cuit ou bien fabriqués ?
- Mode de transport des objets vers la maison
 Rites et interdits liés à la finition
 Quantité de pots cuits à la fois (poterie)
25-Quels sont les types d’objets que vous fabriquez ?
26-A quoi servent ces objets ?
IV- ASPECTS SOCIOECONOMIQUES
1- Aspects sociaux
 Place de l’artisanat au sein de la société Mona
- les artisans sont-ils libres ? forment-ils des castes ? des sociétés ouvertes ou
fermées ?
- position de l’artisan dans la hiérarchie sociale
- relation matrimoniales
- patronymes, dialectes et insertion sociale
- hiérarchie entre type d’artisan
 attitude de la société vis-à-vis des artisans
- mépris

81
- crainte
- respect
 attitude de l’artisan vis-à-vis de la société
 obligation des artisans
 les artisans pendant la période coloniale
 les autres fonctions des artisans
- politiques
- religieuses
- judiciaires…
 titre et fonctions du chef des artisans
 autels, sanctuaires, objets, culturels des artisans
2- aspects économiques
 la production artisanale est-elle une activité unique et permanente ? si non, quelles
sont les autres activités et les périodes d’exécution ?
 destination des produits finis : consommation locale ou commerce
 commerce
 échange au niveau du village
- types de produits
- quantités
- mode d’change (troc, monnaie, prestation…)
- clientèle (touristes, les habitants du village, autres)
- difficultés
- mode d’acquisition (au domicile, au marché du village…)
 commerce extérieur au village
- types de produits
- quantités
- modes de transport
- marchés (locaux, lointains)
- la clientèle
- types de marchands
- taxations
- cadeaux
- autres productions liées à la production artisanale
- difficultés
 utilisation des ressources tirées de la vente des céramiques

82
 les mutations (extraction, préparation de la pâte, façonnage,
 finitions, cuisson
 les types de pots, utilisation, commercialisation)

ANNEXE 2 :

FICHE DE DESCRIPTION DES OBJETS

 Nom du vestige ou de la structure observée (nom scientifique et/ou du


territoire ou anthropologique)
 Date de découverte :
 Photo N°  :
 Provenance  : (Localité, Site).

Description  :
Support  : (en bois, en pierre, en métal)
Morphologie  :
Dimension  : diamètre, longueur, hauteur
Poids  : (en gramme pour les petits objets ou Kg)
Couleur  :
Etat de surface (lisse, rugueux, dégradé)
Observation générale (particularité observée)
Fonction (culturelle, agricole, arme, outils)
Auteurs, peuples producteurs, cultivateurs
Datation (Age de l’objet) s’il est daté

83
L’artisan Koffi N’drin Ago Jeacques

Potière : KOUADIO Yaba Faustine

84
Potière : ODAGNAN Lessi Augustine

Séance de tradition orale à Oress-Krobou

Séance de tradition orale à Aboudé-mandéké

85
TABLEAU DES ILLUSTRATIONS

86
Cartes Pages
Planche N°1 : Peuple Krobou au sein du grand groupe
………………. 17
Akan
Planche N°2 : Carte ethnique de la Côte d’Ivoire ………………………... 18

Photos Pages
Photo 1 : Turraeanthus …………………………………………………. 23
Photo 2 : Turraeanthus africanus feuilles et fruits ……………………. 23
Photo 3 : Argile ………………………………………………………… 36
Photo 4 : Potière ………………………………………………………… 37
Photo 5 : Potière ………………………………………………………… 37
Photo 6 : M’monbi …………………………………………………... 39
Photo 7 : M’Glo ………………………………………………………… 39
Photo 8 : Gbôrô ………………………………………………………… 40
Photo 9 : N’Zoboué …………………………………………………... 43
Photo 10 : N’Zoboué …………………………………………………... 44
Photo 11 : Boué ………………………………………………………. 45
Photo 12 : Sôh-rê et sôko ………………………………………………. 45
Photo 13 : Tô-boué …………………………………………………... 46
Photo 14 : Laton ……………………………………………………….. 46
Photo 15 : Parasolier (dohoum) ………………………………………... 49
Photo 16 : Bambou-raphia (Dio-ya n’kpokpo) ……………………….. 49
Photo 17 : Liane (N’kan) ………………………………………………. 50
Photo 18 : Panier (Tépé) ………………………………………………. 52
Photo 19 : Tamis (Kprôkprôssô) ………………………………………... 53
Photo 20 : Vans (Gbalè) ………………………………………………. 53
Photo 21 : Hotte (Gbôhrô) ……………………………………………. 54
Photo 22 : Porteur de Hotte ……………………………………………. 54
Photo 23 : Sèche cacao (Kpassa) ………………………………………... 55
Photo 24 : Nasse (Kôkô) ………………………………………………. 56
Photo 25 : Lance (N’dhê) ………………………………………………. 57

87
Photo 26 : Presse graine (Fîfî) ………………………………………... 58
Photo 27 : Savon noir (Samlan-bré) ……………………………………. 59
Photo 28 : Amande de graine (N’non sendjè) …………………………... 59

88
DEDICACE

REMERCIEMENTS........................................................................................III

SIGLES ET ABREVIATIONS........................................................................IV

SOMMAIRE.......................................................................................................V

AVANT- PROPOS............................................................................................VI

TABLE DES MATIERES


INTRODUCTION GENERALE........................................................................1

JUSTIFICATION DU SUJET............................................................................3

DEFINITION DU SUJET...................................................................................5

ETAT DE LA QUESTION ET PROBLEMATIQUE......................................6

OBJECTIF DE L’ETUDE..................................................................................8

METHODOLOGIE.............................................................................................8

LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES..........................................................10

PLAN..................................................................................................................11
89
PARTIE I: PRESENTATION DU CADRE D’ETUDE ET
L’HISTORIQUE DU PEUPLEMENT............................................................12

CHAPITRE I : CADRE GÉOGRAPHYQUE................................................13

I. LE CADRE GÉOGRAPHIQUE................................................................13

1- Localisation de la zone d’étude..................................................................14

2- Le relief et l’hydrographie..........................................................................14

3- Climat et végétation.....................................................................................15

II. ASPECT PEDOLOGIQUE ET GEOLOGIQUE DU PAYS


KROBOU……...................................................................................................17

1- La pédologie.................................................................................................17

2- La géologie....................................................................................................17

CHAPITRE II : HISTORIQUE DU PEUPLEMENT...................................19

I- L’OCCUPATION HUMAINE DU PAYS KROBOU..............................19

1- Le Cadre historique.....................................................................................19

2- L’organisation sociale.................................................................................22

II. LES ACTIVITES QUOTIDIENNES DES POPULATION DU PAYS


KROBOU...........................................................................................................23

90
1- Les activités économiques...........................................................................23

2- Les activités artisanales...............................................................................23

PARTIE II : LA DIVERSITE DES SAVOIR-FAIRE TRADITIONNELS


CHEZ LES KROBOU......................................................................................25

CHAPITRE III : LES DIFFERENTES ACTIVITES CERAMIQUES


KROBOU...........................................................................................................27

I. PRODUCTION DE LA CERAMIQUE....................................................27

1- L’organisation du travail des céramistes..................................................27

2- Mode de transmission.................................................................................28

II. LA MATIÈRE PREMIÈRE.......................................................................28

1- Le gisement d’argile et la méthode d’exploration....................................29

2- De l’extraction à l’exploitation...................................................................30

III. LES DIFFERENTES PHASES DE PRODUCTION...............................32

1. Le façonnage................................................................................................32

2. Décor à la cuisson........................................................................................34

IV. ANALYSE DESCRIPTIVE DES RECIPIENTS CERAMIQUES EN


PAYS KROBOU................................................................................................35

91
1- Description morphologique........................................................................35

a) Les récipients à contour arrondi................................................................37

b) Les récipients à contour caréné..................................................................39

CHAPITRE IV : LES DIFFERENTES ACTIVITES ARTISANALES


(VANNERIE) KROBOU..................................................................................41

I. LES DIFFIRENTS TYPES DE VANNERIE...........................................41

1- L’organisation du travail des tisserands...................................................41

2- Mode de transmission.................................................................................41

II. LA MATIÈRE PREMIÈRE.......................................................................42

III. DIFFERENTES PHASES DE PRODUCTION........................................43

PARTIE III : IMPLICATION SOCIO-ECONOMIQUES, EVOLUTION


DE LA CERAMIQUE ET DE L’ARTISANAT EN PAYS KROBOU........54

CHAPITRE V : PLACE DES SAVOIR-FAIRE DANS LA SOCIETE


TRADITIONNELS KROBOU.........................................................................56

I. IMPORTANCE SOCIALE DES SAVOIR-FAIRE TRADITIONNELS


KROBOU...........................................................................................................56

1- Fonctions domestiques de ces savoir-faire traditionnel...........................56

92
2. Aspect socio-économique du savoir-faire traditionnel.............................57

II- ROLE SOCIO-CULTUREL DES SAVOIR-FAIRE TRADITIONNELS


EN PAYS KROBOU.........................................................................................57

1. Les savoir-faire traditionnel (céramique et vannerie) comme des moyens


d’adoration.........................................................................................................57

2. Les savoir-faire traditionnels (céramique et vannerie) comme traitement


thérapeutique.....................................................................................................58

CHAPITRE VI : ETAT ACTUEL DES SAVOIR-FAIRE


TRADITIONNELS EN PAYS KROBOU.......................................................59

I. LES SAVOIR-FAIRE TRADITIONNEL AU PAYS KROBOU


AUJOURD’HUI.................................................................................................59

1- L’influence du modernisme sur les savoir-faire traditionnels en pays


Krobou................................................................................................................59

2- Le vieillissement des artisans et le rejet des savoir-faire traditionnels en


pays Krobou.......................................................................................................60

II. LES SAVOIR-FAIRE TRADITIONNELS KROBOU DANS LE


PASSER..............................................................................................................60

1- Influence positive des savoir-faire traditionnels.......................................60

2- Perspective de recherche.............................................................................60

CONCLUSION GENERALE...........................................................................62

93
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE..................................................................64

ANNEXES..........................................................................................................70

TABLEAU DES ILLUSTRATIONS...............................................................86

TABLE DES MATIERES................................................................................88

94

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