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jacques Halbronn

TEXTOLOGIE & ANTHROPOLOGIE

Etudes d'épistémologie

Tome I Critique biblique


Nous observons la coexistence de trois types de théologies au
sein des religions dites du (même) Livre et nous nous
efforcerons de les distinguer en dépit du mimétisme qui les
relie, brouillant ainsi sensiblement les pistes et notamment.

Le premier verset de la Genèse serait fautif. On


aurait dû trouver  : Vayivra beréshith Elohim Et
Hashamaym ve EtHaaretz, ce qui placerait la
lettre Vav en tête et non la lettre Beith de
Beréshith. En effet, comme nous le montrerons, le judaïsme
ne serait pas la première mais la dernière formulation
théologique des trois corpus, notamment, en ce qu’il proteste
contre le dogme de l’Homo Deus, de l’Homme –Dieu, ce qui est
selon nous le fondement du Christianisme.

Théologiquement parlant, il importe en effet d’étudier le contenu


propre à chaque «  confession  » et non pas de se fier à
cette «  encyclopédie  » que constituent les livres de la
Bible. Et c’est alors que le véritable ordre des textes nous
apparaît.
La théologie ne saurait en tout état de cause se réduire à
l’observation ethnologique de telle ou telle communauté, de son
«  en soi  », son accounting (Garfinkel), ce qu’elle raconte
complaisamment d’elle-même à usage interne, car toute structure
peut se corrompre et passer à un stade post-structurel, cristallisé,
mimétisé.

C’est ainsi que repenser les relations judéo-chrétiennes exige


de refonder et le judaïsme et le christianisme, au regard de
leurs pratiques actuelles, de ce qu’ils sont devenus, c'est à dire
ne pas se contenter des postures et positions en présence ici
et maintenant. On notera que le terme même de christianisme ne
fait sens que par rapport à une certaine lecture de l’Ancien
Testament, puisque Christ (barbarisme venu du grec) signifie
Messie (Mashiah) et c’est déjà en soi la marque d’un emprunt,
l’affirmation d’une filiation – dans toutes ses acceptions tant sur
le plan théologique que culturel- dont on peut penser qu’elle
serait abusive.

Le théologique ne fait pas vraiment bon ménage avec


l'ethnologique et le sociologique. Ce que les Juifs pensent
aujourd'hui consensuellement ne saurait faire autorité pas plus
que ce qu'il en est des Chrétiens. Nous nous voulons
décidément nous situer en faveur d'une métaphysique, d’une
théologie "vivante" et non d’ une sorte d'ethnologie se contentant
de décrire en vrac diverses pratiques et rituels rassemblés dans
un seul et même espace, propres à une population partageant
un même contenant cristallisé, fossilisé sans que l'on sache
séparer le bon grain de l'ivraie alors qu'il est temps de dénoncer
le syncrétisme qui plombe les Ecritures, en mettant tout le
monde dans le même sac, essayant de concilier voire d'occulter
ce qui était auparavant un clivage majeur. Il nous importe de
placer la Théologie au-delà de l’en soi des fidèles, des
pratiquants des diverses obédiences.

On nous objectera, non sans une certaine dose de cynisme et


de fatalisme, qu'il serait bien utopique de vouloir démêler
l’écheveau de l'Histoire, selon quelle méthodologie, nous
demandera-t -on?

Il ne s'agit nullement de favoriser un rapprochement au nom


de la Bible entre tous ceux qui s'y référent mais bien au
contraire de mettre fin à certains malentendus, à des méprises
qui se sont pérennisés. C'est ainsi que les deux théologies en
question s'opposent radicalement et nous irons jusqu'à dire que
si les théologies différent, cela vaut pour les dieux concernés
lesquels suivent des voies littéralement opposées et qu'il serait
vain de vouloir concilier au nom de quelque tradition
primordiale, comme le voudrait un René Guénon. Nous
aborderons d'une part la question du clivage spatial entre
Israélites et Judéens et de l'autre celle du clivage temporel,
diachronique entre la deuxième et la troisième théologies, l'une
étant associée pour nous au christianisme et l'autre au judaïsme,
ce dernier correspondant à un stade plus tardif, en dépit de
certaines artefacts "historiques". C’est le Pentateuque qui aura
été cause de confusion et nous montrons, plus loin (Partie II)
qu’il aura été largement l’œuvre des Israélites et non des
Judéens, à commencer par ses deux premiers livres, Genèse et
Exode. Or, c’est bien ce Pentateuque qui est lu religieusement,
chaque matin du shabbat, office par ailleurs marqué par une
révérence appuyée à l’Ecoute Israël  !

 
Le judaisme actuel est l'héritier d'un compromis historique
mettant fin à une guerre civile de religion comme il y en eut en
France, dans la seconde partie du XVIe siècle en France,. On
connait l'édit de Nantes de 1598 visant à établir, selon Henri IV,
un modus vivendi entre Catholiques et Protestants. Lors de la
destruction du Royaume du Nord par les Assyriens  en -722, il y
eut un reflux de sa population vers le Sud, à savoir le Royaume
de Judée, dont la capitale était Jérusalem. Cela conduisit à des
formulations et à des solutions d'apaisement.
La thèse que nous soutenons ici est celle d'un double visage du
culte judaïque, celui du vendredi soir et celui du samedi matin,
l'un se déroulant à la tombée de la nuit avec l'allumage des
bougies ;, l'autre en plein jour.. D'ailleurs, le culte du vendredi
soir ne pouvait commencer qu'au vu des premières étoiles du
ciel, rendues visibles du fait de la tombée de la nuit qui était
saluée expressément avec la prière du soir "Maariv" ,
abréviation  de  la bénédiction " Béni sois tu Seigneur qui fait
apparaitre la nuit" Hamaariv aravim", que l'on lit avant de
réciterle "Shéma Israel".
En fait, on prétend que le vendredi soir était le début du Shabbat
mais pour nous le vendredi soir est lié au sixiéme jour et non au
septième car la Création s'accomplit comme le note le premier
Chapitre de la Genése en six et non en sept jours. Selon nous,
l'office du samedi matin aura été un rajout tout comme la
présentation du septiéme jour seulement au chapitre II de la
Genése.. On notera que l'on ne sort et ne lit les rouleaux de la
Tora que le samedi matin parce qu'il fait jour. La nuit, sans
lumière, on ne peut lire, ce qui est le cas du vendredi soir, appelé
« veille du Shabbat », le mot hébreu étant Erev : soir. Or, durant
cette période, l'on n'est censé accomplir aucun travail ni même
utiliser ce qui a été fabriqué, façonné de main d'homme. Il y a là
un changement d'optique flagrant entre l'esprit du vendredi soir
et celui du samedi matin. On passe de l'oralité à l'écriture et à la
lecture du vendredi, sixième jour au samedi, septième jour. On
notera que les Musulmans célébrent le sixième jour,
probablement sous l'influence du judaisme davidien.
On voit donc que la synagogue est doublement un lieu de
cohabitation  dans des temps et des espaces séparés: les Judéens
le vendredi soir et les Israélites (Israel étant le nom du Royaume
du Nord) le samedi matin mais aussi les hommes séparés
spatialement des femmes.
Une grande partie du Pentateuque est l'oeuvre des Israélites du
Nord et d'ailleurs tout le livre de l'Exode ne désigne -t-il pas, à
longueur de page, le peuple comme les fils d'Israel (Beney
Israel) ? Ce peuple sécessionniste qui va adorer le Veau d'Or,
lequel va marquer le territoire du Nord. Quant au Livre des
Prophétes, il interpelle les Israélites, notamment dans le « Ecoute
Israel », formule de mise en garde, prise de ce Livre. Ce que- le
plus fréquemment- l'on croit être adressé à l'encontre des Juifs
(Judéens) l'était en réalité à l'encontre des Israélites, d'où toutes
sortes de malentendus. Que dira Jésus ? Qu'il est venu pour les
brebis perdues d'Israel/ Le grand projet de Jésus fut, du moins
initialement, de mettre fin à ce clivage historique et c'est pour
cela qu'il aura surtout préché et guéri, sauvé en Galilée, autour
du Lac de Tibériade.
Le débat sur le 6 et le 7 n'est nullement anodin, d'un point de vue
théologique, Au regard du système solaire, Le Six s'arrête à
Jupiter 'Lune, Soleil, Mercure, Vénus, Mars) alors que le Sept va
jusqu'à Saturne, la dernière planète connue dans l'Antiquité.. On
trouve dans le Livre de le Genèse et de l'Exode outre la durée de
la Création, le 7 dans le Songe de Pharaon autour des vaches
grasses et des vaches maigres ce qui conduit à des périodes de 7
années. Mais il y est aussi question des 12 (6x2) fils de Jacob et
des 12 Tribus sans parler des 12 mois. Signalons aussi l'étoile à
six branches (Maguen David)matin, la lecture du Pentateuque est
essentiellement
centrée sur les Enfants d'Israel ce qui ne pouvait convenir aux
Judéens. Le nom d'Istarael
y est repris constamment durant l'Office:
Nombres XV,: "L'Eternel parla en ces termes à Moïse: Parle aux
enfants  d'Israel"
Exode XXXI : Les enfants d'Israel  observeront les Shabbat (.)
Ce sera entre Moi et les
enfants d'Israel le signe d'une alliance éternelle"
Il ne faut donc pas s'étonner que les Juifs soient assimilés aux
"enfants d'Israel"
par les "Nations" puisqu eux mêmes ont entériné , par ignorance,
cette pratique.
Il est donc souhaitable de distinguer entre le temps des Juifs et
celui des Israélites.
Comme dit l'Ecclésiaste, il y a un temps pour chaque chose.
Quand au Sefer Yetsira (Libre de la Formation), il associe les
sept planètes aux sept lettres « doubles » si ce n'est qu'il est aisé
de montrer qu'il s'agit d'un ajout , vu qu'e hébreu il n'y a que six
lettres ayant une double prononciation (Bagadkaphat) la lettre
Resh ayant été rajoutée, prise au groupe des 4 lettres mères qui
ne seront plus que trois.(cf Carlo Suarés. Le sepher yetsira ; ed
Mont Blanc, 1968, p. 126)/ A priori, il n'y avait pas de raison
d'exclure Saturne au regard d'une religion de la Nature, puisque
l'astronomie attestait le 7 en incluant les luminaires, soleil et lune
mais pour une religion reconnaissant l'intervention d'un dieu, la
Nature ne devait pas servir de référence obligée. On voit donc là
un conflit idéologique et théologiques.
Sur la question du peuple élu, nous dirons que le peuple en question du
fait du choix dont il aura fait l'objet aura été ipso facto voué à une
transformation en profondeur, lui conférant les compétences nécessaires
à l'accomplissement de sa mission, du rôle qui lui aura été attribué; C'est
donc un faux débat que de parler d'injustice puisque le peuple ainsi élu
diffère singulièrement de ce qu'il pouvait avoir été à l'origine.

Selon nous, le dieu qui aura "élu" un tel peuple, l'aura


reformaté, tout comme il aura reformaté notre système
solaire, l'aura récréé, le mettant ainsi en mesure , lui
conférant les moyens, la grâce - d'accomplir une charge
consistant à protester contre ce que les hommes
fabriquent, produisent et cela fait écho à nos préoccupations
écologiques actuelles. Il s'agit avec la troisième création
d'une divinité toute relative- assignant à ce peuple à
reformater la tâche de réguler notre humanité en formant
un «  peuple de prêtres  ». (mamlekhet Cohanim) On
peut parler d’une ère adamique, ce qui implique l’émergence
d’une nouvelle humanité, d’où tout un débat autour la
formule «  fils d’Adam  » que d’aucuns entendent
édulcorer en traduisant l’hébreu par «  fils de l’homme « 
(cf infra)  : Or, dans l’Évangile de Luc, en son chapitre II, il
est bien fils d’Adam  » et non «  fils de l’homme  ».
Il est vrai que la formule «  fils d’Adam  » est souvent
occultée, notamment dans le livre de l’Exode, par celle de « 
fils d’Israël  » tout au long de la Sortie d’Égypte Quelle
approche avoir du Livre de la Genèse? Nous pensons qu'il est en grande
partie sur la même ligne que celui de l'Exode comme le montre
l'impératif de la circoncision qui y est exposé et imposé comme signe de
l'alliance alors qu'une telle opération est en infraction tout comme la
fabrication d'idoles avec les valeurs de la Troisième Création.

Tout comme nous pensons que le dieu du premier chapitre


de la Genèse n’est pas le dieu de toute l’humanité, de même
Adam ne serait pas davantage le père d’un tel ensemble.
Mais faut-il croire que ce chapitre II suivait logiquement le
chapitre I ou bien faut-il y voir une interpolation tardive 
dictée par des enjeux politiques.  ? En fait, le premier
chapitre semble marqué , au premier abord, par la
première théologie, celle qui sera reprise par l'Islam mais
débuche très vite vers la troisième avec la création d'Adam,
cet Adam dont l’Islam entend faire son «  premier prophète 
»  !.
PREMIER CHAPITRE

Le Pentateuque

La marque de plusieurs rédacteurs, qui plus est,


antagonistes donc de plusieurs partis est manifeste à nos
yeux. Et l'historien de l'époque d'Henri IV (cf Partie II),
marqué par les Guerres de religion, que nous sommes est
bien conscient de la différence entre les camps en présence.
On pense au bricolage de l'édit de Nantes (1598)

L'issue ne serait donc pas de tout chercher à concilier -


textologie apologétique) mais bien de faire le tri et de
rendre à chacun sa part., de rendre à César ce qui revient à
César.

Écoutons Malachie dont le nom même signifie «  mon


envoyé  » (Ch. III).  : le «  messager de l’Alliance 
» (Malakh ha Brith) qui est attendu  : ce messager prépare
la venue de Yahvé, lui-même  puisque c’est Yahvé qui
parle et dit  »devant/avant moi  ». Le messager (celui
qui est mandaté) n’est donc pas à confondre avec celui qui
l’envoie.(expéditeur) Celui qui est attendu n''est pas un
nouveau messager mais Dieu lui-même. Il y a là quelque
abus de confiance.

1 Voici, je vais envoyer mon ‫דֶ ֶרְך ְל ָפנָי; ּופִתְ א ֹם‬-‫ ּו ִפּנָה‬,‫א ִהנְנִי ׁש ֹ ֵל ַח מַ לְָאכִי‬
messager (Malakhi), pour qu'il ,‫אַּתֶ ם מְ בַקְ ׁשִים‬-‫הֵיכָלֹו הָָאדֹון אֲׁשֶ ר‬-‫י ָבֹוא אֶל‬
déblaie la route devant moi. ,‫ָאמַ ר‬--‫בָא‬-‫אַּתֶ ם ֲח ֵפצִים ִהּנֵה‬-‫ּומַ לְאְַך ַהּב ְִרית אֲׁשֶ ר‬
( Lefanay) Soudain, il entrera
dans son sanctuaire, le Maître ‫י ְהוָה ְצבָאֹות‬. 
(haAdon) dont vous souhaitez
la venue, le messager de
l'alliance (Malakh haBrith) que
vous appelez de vos vœux: le
voici qui vient, dit Yahvé
Tsevaot (des Armées).

Encore conviendrait-il , en effet, de ne pas confondre,


comme le font les Chrétiens, le messager et le message, les
Juifs s’intéressant plus au message de Moise qu’à Moise et
les Chrétiens plus à Jésus qu’à sa «  Bonne Nouvelle ». Il y
a ceux qui regardent le doigt et ceux qui observent ce qu’il
désigne, ceux qui fixent l’archer et ceux qui considèrent la
cible. Ni l’Islam ni le judaisme n’auront divinisé leurs
envoyés, respectivement Mahomet et Moïse, ou tel ou tel
prophète, même si ces personnages semblent avoir été dotés
d’une aptitude à servir d’interface. Mais, qui sait, peut- être
Jésus nous renvoie-t-il une image plus juste d’un Moïse
comme celle d’un être d’une autre nature que celle des
hommes ordinaires, ce qui permet à ce dernier d’approcher
Dieu, au Sinaï, alors que c’est interdit au vulgum pecus  ?
Mais ce faisant, Jésus perdrait de son unicité et ne se
différencierait-il plus guère d’un Moïse voire de tel ou tel
Prophète (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, notamment). Quant à
Mahomet, son «  surnom  » de «  Loué  »
(Mahmoud), ne le met-il pas sur le même pied qu’un dieu ou
en tout cas d’un «  fils de dieu  »  ? Le Coran fait ainsi
dire à Jésus «  Je suis vraiment le messager de Dieu, qui
vous est [envoyé] pour confirmer ce qui a été (révélé), avant
ma venue, dans la Torah, et pour vous annoncer la bonne
nouvelle d'un messager qui viendra après moi et dont le nom
sera «Ahmed». (Sourate 61:6). Et de fait, Jésus ne nous
apparaît pas comme la touche finale mais comme un relais
en vue d’une échéance plus lointaine, donc à venir, d’où
l’idée, d’ailleurs, de son «  retour  ». Un tel report est
classique lorsqu’une prophétie semble devoir être reportée
quant au temps de son «  accomplissement ». La question
de savoir si une certaine prophétie est déjà accomplie ou est à
accomplir voire aura échoué (cf./ notre thèse d’Etat Le texte
prophétique en France, 1999) est cruciale. D’aucuns cherchent à
réactiver, à ranimer, à ressusciter des textes qui ont fait leur temps
ou long feu, ce qui est le cas des Livres prophétiques dans le Premier
Testament, pour conférer un fondement à la réalité du moment, sans
se rendre compte que ce faisant, c’est cette réalité même qui devient
suspecte de n’être qu’une imitation, une réédition, une récupération.
C’est ainsi que Jésus à force d’être placé au carrefour de plusieurs
textes vieux de plusieurs siècles tend à devenir un personnage
virtuel. Le personnage de Jésus emprunte aux imageries des deux
royaumes post-salomoniens  : il est fils d’une Vierge mais Israël
est appelé Vierge

Jérémie XXXI, 4
«  Je te rétablirai encore, et tu seras rétablie, Vierge
d'Israël!  »

Mais cela n’empêchera pas qu’il soit aussi déclaré, (en


même temps ) de la ligne judéenne de David, né lui-même à
Bethléem
. Luc II,

"Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth,


pour se rendre en Judée dans la ville de David, appelée
Bethlehem, parce qu'il était de la famille et de la lignée de
David.
Il y alla pour se faire inscrire avec sa femme Marie qui était
enceinte."

On est ici en face d’un corpus syncrétique auquel les


rédacteurs empruntent indifféremment, qu’il s’agisse de
documents authentiques ou de contrefaçons, de faux. Le
temps passant, tous ces clivages ne sont plus sensibles pour
le lecteur. Or l’historien doit resituer les textes dans leurs
contextes politiques respectifs. On en arrive d’ailleurs à
mettre sur le même plan des données historiques avérées
comme le schisme à la mort de Salomon et des récits
miraculeux tels que ceux qui émaillent la vie de Jésus.

Quant à l’avènement de Mahomet  , il fut bel et bien


suivi d’une expansion remarquable pour le peuple arabe
alors que celle de Jésus (INRI), tout Messie que d’aucuns
auraient voulu qu’il fût, ne parvint pas à instaurer un « 
royaume  », du moins en ce monde. Il y a loin de la coupe
aux lèvres. Etudions Malachie III, 1  :

La prophétie dictée par Yahhwé à Malachie semble bien


annoncer Elie précurseur de Yahwé, libérant le chemin. Or,
elle est reprise dans les Evangiles au profit de Jésus,
précédé par Jean (le Baptiste)

Jean I, 29-30

29 Le
lendemain,
il (Jean) vit
Jésus
venant à lui,
et il dit :
Voici
l'Agneau de
Dieu, qui
ôte le péché
du monde.

-30 C'est celui


dont j'ai
dit : Après
moi vient
un homme
qui m'a
précédé,
car il était
avant moi.

Une trinité dans la Genèse


En tout état de cause, il nous semble abusif de parler du
Messie alors qu’il ne saurait s’agir au mieux que d’un messie,
d’un Christ et non du Christ, de messies, de Christs  ! De
la même façon, il semble que le pluriel soit recommandé
dans Daniel VII  : la formule «  comme un fils
d’homme  », (Kebar Anach) montre bien doublement- par
le «  comme » et par le «  un  » - qu’il en existe
de nombreux, quel que soit le sens que l’on puisse/veuille
donner au texte araméen. C'est un élémént pris dans un
ensemble.

13 Je regardai encore dans la ‫ ֲענָנֵי‬-‫ וַאֲ רּו עִם‬,‫ ְּב ֶחזְוֵי לֵי ְלי ָא‬,‫יג ָחז ֵה ֲהוֵית‬
vision nocturne, et voilà qu'au ‫עַּתִ יק‬-‫ ְּכבַר אֱ נָׁש ָאתֵ ה ֲהוָא; ְועַד‬,‫ׁשְ מַ ּי ָא‬
sein des nuages célestes survint ‫ ּוקְ דָ מֹוהִי הַקְ ְרבּוהִי‬,‫יֹומַ ּי ָא מְ טָה‬. 
quelqu'un qui était comme un fils
d’homme; il arriva jusqu'à
l'ancien des jours, et on le mit en
sa présence.

Selon nous, le texte de Daniel est fautif vu que les autres


occurrences en hébreu (notamment dans Ezéchiel) donnent
toutes «  ben Adam  », ce qui ne doit pas être
automatiquement rendu en araméen par «  bar Anach 
», mais par «  bar Adam  »  ! Les traductions sont
bien souvent l'occasion de biaiser un texte comme nous le
verrons à propos de la traductiion latine- à la fin du XVIe
siècle, de quatrains nostradamiques Elles sont plus
refoutables que des commentaires puisqu'elles dénaturent le
texte de départ.

Il est possible certes que Bar Adam ait été compris comme « 
fils d’homme  » mais la forme «  bar Anach  »
modifie carrément la lettre du texte de départ, en hébreu, et
aura fini par servir de référence (cf D.. Boyarin, Le Christ
juif / ; traduit de l'anglais par Marc Rastoin ; avec la collaboration de
Cécile Rastoin ; préface du cardinal Philippe Barbarin,  Paris : les
Éditions du Cerf, DL 2019 , Mireille Hadas Lebel, Une histoire du Messie,
Paris : A. Michel,. 2014 )

Or, nous avons déjà signalé la présence dans Luc III, d’une
formule particulièrement heureuse  quant à la généalogie
de Jésus laquelle se termine ainsi  : «  fils d'Enos, fils
de Seth, fils d'Adam, fils de Dieu ». . il n’est pas question ici
de rendre Adam par homme ou fils d’Adam par fils
d’homme et encore moins «  fils de l’homme  »/ Dans
la généalogie de Luc,  tous les personnages qui
s’intercalent entre Jésus et Seth sont tout aussi bien « 
fils d’Adam » Par ailleurs, que signifie la formule «  fils de
l’homme  » pour un Jésus né d’une vierge, sans
intervention d’un homme  ?

τοῦ Ἐνώς, τοῦ Σήθ, τοῦ fils d'Enos, fils de Seth, fils
Ἀδάμ, τοῦ θεοῦ. d'Adam, fils de Dieu.

C’est Adam ici qui est dit fils de Dieu et non Jésus présenté
ainsi dans la formule ICHTUS  :
Θεοῦ υἱός, (Ἰησοῦς, Iēsoûs Χριστός, Khristós Θεοῦ, theoû
υἱός, uiós σωτήρ, sōtḗr) 

On ne saurait pour autant sauter un chainon  : la trinité est


constituée selon nous de Dieu, d’Adam et de Seth, lesquels
sont l’expression d’un seul et même modèle puisque Adam a
été conçu à l’image de Dieu et Seth à l’image d’Adam donc de
Dieu. Notre humanité ne commence qu’avec Enosh (le Anach
araméen ‫) ֱאנָׁש‬, fils de Seth. Il y a eu là confusion quand on a
rendu Adam (Daniel VII) par ‫ אֱ נָׁש‬.

1 Ceci est l'histoire ,‫ ּבְר ֹא אֱֹלהִים ָאדָ ם‬,‫ּבְיֹום‬  :‫ ּתֹולְד ֹת ָאדָ ם‬,‫א ז ֶה ֵספֶר‬
des générations de ‫ ָעׂשָה א ֹתֹו‬,‫ּבִדְ מּות אֱֹלהִים‬. 
l'humanité. Lorsque
Dieu créa Adam il le
fit à sa propre
ressemblance.

2 Il le créa mâle et ,‫ ּבְיֹום‬,‫ׁשְ מָם ָאדָ ם‬-‫ ַוּי ִקְ ָרא אֶת‬,‫ ּב ְָרָאם; ַויְב ֶָרְך א ֹתָ ם‬,‫ב זָכָר ּונְקֵ בָה‬
femelle, le bénit et l’ ‫ ִהּב ְָרָאם‬. 
appela Adam, le
jour de sa création.

3 Adam, ayant vécu ‫ג‬


cent trente ans,
produisit un être à
son image et selon
sa forme, et lui
donna pour nom
Seth.

6 Seth, ayant vécu cent cinq ans, engendra


Énos.

On notera la tournure du verset 2  : il


les appela (Vayikra) Adam. Autrement dit, il
s’agit là d’un nom propre. Selon nous, Dieu
ne pouvait créer directement l’homme, il
devait passer par un tel processus virtuel
pour parvenir à Enoch, le premier humain à
notre image.

Où se situe Jésus au sein d’un tel schéma 


? On notera qu’Ezéchiel est interpellé des
dizaines de fois par Dieu en tant que ‘fils
d’Adam  » (Ben Adam), Si Jésus se
veut l’égal d’Ezéchiel, il doit revendiquer
une telle appellation, ce qui le place en
troisième position dans notre Trinité, au
même niveau que Seth, le fils d’Adam, dont
il serait une sorte d’avatar. Par ailleurs,
Isaie se présente comme un Messie 
sans qu’il se veuille, prétende, être « 
le» Messie attendu  :
Ésaïe 61, 1
«  L'esprit du Seigneur, l’‫ة‬éternel
(Adonay Yahvé), est sur moi (Alay), Car l'Eternel m'a
oint (mashah) pour porter de bonnes nouvelles
aux malheureux; Il m'a envoyé pour guérir ceux qui
ont le cœur brisé, Pour proclamer aux captifs la
liberté, Et aux prisonniers la délivrance

et l’on sait qu’Esaïe est souvent mis à


contribution dans les Evangiles, notamment
pour ce qui est des chapitres 40 à 66 du
Livre du Prophète lesquels sont une
addition : le Deutéro Isaie
(https://www.bible-service.net/extranet/curr
ent/pages/1594.html)

D’ailleurs, à Qumran, on a retrouvé 18 exemplaires d’Isaïe


(dont un rouleau complet), mais seulement 4 de Jérémie et 6
d'Ézéchiel. Selon nous, on est en face de deux
messianismes, l’un pour le royaume de Juda, l’autre pour
celui d’Israël. Le messie de Juda est à l’évidence Cyrus qui
permit aux Judéens de revenir à Jérusalem, la capitale de
leur Etat et l’on peut supposer que cela tenait aux origines
mêmes des Judéens, plus proches ethniquement des Perses
que des populations sémitiques. Quant au messie d’Israël,
cela pourrait bien être Jésus, en ce qu’il rassemble les « 
brebis perdues  », «  errantes » et réprouvées, dans son
Eglise, ce à quoi fait écho le Livre d’Isaïe en son chapitre 53.
D’aucuns pourraient vouloir croire que ce sont les Judéens
qui sont ainsi désignés, comme quoi le recours à telle
dénomination est loin d’être innocent  !

Le Pentateuque, dont les emprunts divers – notamment dans


le Livre de la Genèse- ont été largement répertoriés, est,
selon nous, un tissu de références douteuses antidatées à
commencer par l’affaire du péché originel associée à Adam
et le nom d'Israel associé à celui de Jacob, à la suite de
sa lutte// avec l'ange.. Quand un ouvrage est contrefait, il
ressort que les emprunts et les plagiats sont multiples car
cela permet de gagner du temps ; pour les besoins du
remplissage (cf. nos travaux sur les Protocoles des Sages
de Sion etc) C’est ainsi que la traversée de la mer Rouge
serait calquée sur celle du Jourdain (par Josué, par Elie et
Elisée) tout comme le changement de Pharaon serait calque
sur le passage de Cyrus, le roi qui sauve les Juifs à son
successeur Assuèrus qui les persécute (cf le Livre d’Esther)i

Exode Chapitre Ier

On est là face à une sorte de plagiat et il est clair que


l’épisode égyptien est antidaté par rapport à l’épisode
persan  :
8 Un roi nouveau s'‫י‬leva sur l'ֹEgypte, leq
‫יֹוסֵף‬-‫ אֶת‬,‫י ָדַ ע‬-‫ ֲאׁשֶר ֹלא‬,‫ ִמצ ְָרי ִם‬-‫ עַל‬,‫חָדָ ׁש‬-‫ח ַוּי ָקָם מֶ לְֶך‬.  n'avait point connu Joseph.

‫ עַם ְּבנֵי‬,‫ִהּנֵה‬  :‫עַּמֹו‬-‫ אֶל‬,‫ט וַּי ֹאמֶ ר‬ 9 Il dit ‫ א‬son peuple: "Voyez, la populatio
‫ ִמ ֶּמּנּו‬,‫רב ְועָצּום‬--‫ֵל‬
ַ ‫יִׂש ְָרא‬.  enfants d'Israel surpasse et domine la n
10 Eh bien! usons d'expédients contre e
autrement, elle s'accroitra encore et alo
‫ ְו ָהי ָה‬,‫י ְִרּבֶה‬-‫ּפֶן‬  :‫ לֹו‬,‫י ָהבָה נִתְ ַחּכְמָה‬
,‫ׂשֹנְאֵינּו‬-‫הּוא עַל‬-‫תִ קְ ֶראנָה ִמ ְל ָחמָה וְנֹוסַף ּגַם‬-‫ּכִי‬ survienne une guerre, ils pourraient se j
‫ָָארץ‬
ֶ ‫ה‬-‫ ְו ָעלָה מִן‬,‫ּבָנּו‬-‫ ְונִ ְלחַם‬.  nos ennemis, nous combattre et sortir d
province."

Esther Ch. III


5 Aman, s'apercevant que Mardoch‫י‬e
‫ ּכ ֵֹר ַע ּו ִמׁשְּתַ ֲחוֶה לֹו; ַוּי ִ ָּמלֵא‬,‫ ֵאין מ ְָרּדֳ כַי‬-‫ּכִי‬--‫ה ַוּי ְַרא הָמָ ן‬ s'agenouillait ni se prosternait devant
‫ ֵחמָה‬,‫ ָהמָן‬.  rempli d'une grande colère.
6 Mais il jugea indigne de lui de s'en p
au seul Mardochée, car on lui avait fait
,‫ ִהּגִידּו לֹו‬-‫ּכִי‬--‫ ִלׁשְֹל ַח י ָד ְּבמ ְָרּדֳ כַי ְלבַּדֹו‬,‫ו ַוּיִבֶז ְּבעֵינָיו‬
‫ ַהּי ְהּודִ ים‬-‫ּכָל‬-‫ׁש ִמיד אֶת‬ ְ ‫ ְל ַה‬,‫עַם מָ ְרּדֳ כָי; ַוי ְ ַבּקֵׁש ָהמָן‬-‫אֶת‬ de quelle nation il ‫י‬tait. Aman résolut d
‫עַם מ ְָרּדֳ כָי‬--‫ׁשוֵרֹוׁש‬ ְ ‫ ַמלְכּות ֲא ַח‬-‫אֲ ׁשֶר ְּבכָל‬.  d'anéantir tous les juifs établis dans le
d'Assuèrus, la nation entière de Mardo

Il y a là une crise de la conscience familiale chez les


membres de la maisonnée qui ont le sentiment de ne pas
avoir le même statut que les personnes qui ont un emploi « 
à part entière  ». N’oublions pas, cependant, qu’il y a ceux
qui ont la grâce de pouvoir donner et ceux qui ont la grâce de
pouvoir recevoir. Là où il y a problème, c’est lorsque celui
qui a reçu nie ce qu’il doit, ne reconnaît pas l’arbre dont il a
consommé les fruits. Toutefois, pour nous la famille
(contrairement à ce que prétend la doctrine de l’Unification
des christianismes fondée par Moon) ne saurait être une
unité centrale de la société, ce rôle devrait être dévolu à la « 
tribu  », au «  clan  », à la communauté. En tout état de
cause, toute forme d’enseignement est régressif pour celui
qui en a la charge en ce que cela le contraint à amorcer un
processus d’involution, de retour en arrière alors que
l’acquisition d’automatismes nous permet de dépasser la
période d’apprentissage !

pensik

L’idée même de religion se transforme lors du passage d’une


Alliance à l’autre en ce que l’on bascule de l’extériorité à
l’intériorité, du culte collectif à la manifestation personnelle
de son rapport à Dieu, de l’obéissance au commandement à
l’affirmation symbolique – par le recours à des signes
ostensibles- du lien, comme le propose le «  crédo  »
israélite du Chéma Israël (reprenant des passages du
Deutéronome, le cinquième et dernier livre du Pentateuque,
celui qu’on lit donc à la fin de l’année juive), lequel s’inscrit,
à l’évidence, dans l’esprit de l’ «  Alliance Renouvelée 
», sans mentionner aucunement le Décalogue  :

Écoute, Israël, l'Éternel, notre Dieu, l'Éternel


est UN.

Béni soit à jamais le nom de Son règne


glorieux.

Tu aimeras l’éternel ton Dieu, de tout ton


cœur,
de toute ton âme
et de tous tes moyens

Que les commandements que je te prescris


aujourd'hui
soient gravés dans ton cœur

tu les inculqueras à tes enfants, tu en parleras


(constamment),
dans ta maison ou en voyage, en te couchant
et en te levant.

Attache-les en signe sur ta main,


et porte-les comme un fronteau entre tes yeux

Écris-les sur les poteaux de ta maison et sur


tes portes

Le génie adamique est, selon nous, marqué par une certaine


dualité intérieure, tout comme d’ailleurs le dieu de la Genèse à
l’image duquel Adam aurait été créé et d’ailleurs comme ce
dieu, Adam est lui aussi créateur, se remettant constamment
en question, donc capable de regarder son œuvre avec une
certaine distance, comme un objet séparé de son sujet.

Rappelons les premiers versets de Genèse I  :


1Au commencement Dieu créa le ciel et la terre.

La terre était informe et vide; les ténèbres couvraient l'abîme,


et l'Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.

Dieu dit: " Que la lumière soit! " et la lumière fut.

Et Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la


lumière et les ténèbres.

Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres Nuit. Et il y eut un


soir, et il y eut un matin; ce fut le premier jour.

On notera que la formule « l’Esprit de Dieu  » renvoie à ce


qu’on appelle dans la Trinité Chrétienne, le Saint Esprit, ce
qui correspond à notre sens (cf infra) à une interface, soit
une position centrale, entre Dieu et sa Création, tout comme
Jésus, d’ailleurs, est fils non pas de Dieu mais de l’Esprit
Saint ayant fécondé sa mère, Marie, tout comme l’esprit
anime la matière (Mater)
2 Or la terre n'était que solitude et ,‫ וְח ֹׁשְֶך‬,‫ ָהי ְתָ ה ת ֹהּו וָב ֹהּו‬,‫ָָארץ‬
ֶ ‫ב ְוה‬
chaos; des ténèbres couvraient la ‫ מְ ַר ֶחפֶת‬,‫ ְּפנֵי תְ הֹום; וְרּו ַח אֱֹלהִים‬-‫עַל‬
face de l'abîme, et le souffle ‫ ְּפנֵי הַּמָ י ִם‬-‫עַל‬. 
(l’esprit) de Dieu (Rouah Elohim)
planait à la surface des eaux.

Mathieu, chapitre I

«  Or la naissance de Jésus-Christ arriva ainsi.


Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, il se trouva, avant
qu'il eussent habité ensemble, qu'elle avait conçu par la vertu
du Saint-Esprit.  »

Dans Isaïe XI, l’on trouve le mot ‘Rouach» repris 7 fois et l’on
dit bien que l’esprit reposera (venaha alav) sur lui ‘(lignée de
David), ce qui montre selon nous que le Saint Esprit est le
deuxième personnage de la Trinité et non le troisième  :

1 Or, un rameau sortira de la ‫ מִ ּׁשָ ָרׁשָ יו‬,‫ מִ ֵּגז ַע י ִׁשָ י; ְונֵצֶר‬,‫א ְויָצָא חֹטֶר‬
souche (tige  ; ‫יִפ ְֶרה‬. 
guéza) de Jessé, un rejeton
poussera de ses racines.

2 Et sur lui reposera l'esprit ,‫רּו ַח ָחכְמָה ּובִינָה‬--‫ רּו ַח י ְהוָה‬,‫ב ְונָחָה ָעלָיו‬
(Rouach) du Seigneur: esprit ‫ ְוי ְִרַאת י ְהוָה‬,‫ רּו ַח ּדַ עַת‬,‫ְבּורה‬
ָ ‫רּו ַח ֵעצָה ּוג‬. 
(Rouach) de sagesse et
d'intelligence, esprit de
conseil et de force, esprit de
science et de crainte de Dieu.
Il faut comprendre que lorsque Dieu crée la lumière, ce n’est
que dans un second temps qu’il pourra dire que «  la
lumière était bonne  » et de même pour les autres « 
travaux  » de la Création. Nous verrons qu’Adam n’est pas
assimilable à l’homme ou à la femme du commun (Ish-Isha,
Genèse II, III)

Selon nous, l’idée d’un Dieu Créateur concerne bien plus la


Technique que la Nature  : on parlera d’un dieu « 
horloger  »,«  grand architecte de l’Univers  » (franc
maçonnerie) et cette dialectique sera récurrente tout au long
de notre exposé..

Nous utiliserons couramment ce terme d’élite que nous


opposerons à celui de peuple mais plus largement à celui de
maisonnée, en un temps où l’on parle de taxer les robots. La
maisonnée englobe la machine mais aussi l’animal et
l’androïde, l'humanoïde, et bien évidemment tout humain
connecté à un appareil qui le complète et cela recoupe
l’usage du mot hébreu «  Bayit  », qui est utilisé dans
Exode XX, 17 (ce mot se retrouve dans «  alphabet  »)

«  Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain  :


(c’est à dire que ) tu ne convoiteras point la femme de ton
prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son
âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.  »

Dans d'autres textes, la femme n'est pas citée dans la liste


(cf. le Commandement du Shabbat ainsi que Lévitique XXV,
6-7).

On aura compris tout l'intérêt de situer la femme au sein de la


maisonnée, le passage par la femme n'étant pas la seule
option pour l'homme qui entend se démultiplier. D'ailleurs,
l'on notera que dans le Pentateuque, il est question pour
Adam de se «  multiplier  » et l'on peut se
demander (Genèse I, 28) si cela ne vise pas le recours aux
objets manufacturés et par la suite aux machines dont il est
nullement question dans le récit de la Création, comme si ce
domaine était réservé à l'homme et échappait à Elohim, c’est-
à-dire aux dieux, puisque Elohim est un pluriel. (cf Tobie
Nathan, Quand les dieux sont en guerre, Paris, Ed. La
Découverte, 2015 ) Nous verrons à préciser cette différence
(cf notre second tome) entre Elohim et Yahwé: les Elohim
sont les créateurs de notre petit monde (la Terre et les étoiles
qui jalonnent l'écliptique) alors que Yahwé est leur
instrument et correspond à la planète Jupiter, dont le nom se
rapproche de celui de Yahwé, ainsi pour l'adjectif "jovial"
(en espagnol, jeudi, le jour de Jupiter se dit Jueves et en
italien, Giovedi)

.Cette multiplication ne serait pas selon nous seulement au


regard de la procréation mais plus largement de la création
technique. La femme est un élément de la maisonnée mais
elle peut se trouver en concurrence avec les animaux
domestiques, les machines et d'ailleurs, la femme peut être
jalouse de l'intérêt que l'homme porte par exemple à sa
voiture ou à son ordinateur, à son bétail ou à son chien, fidèle
compagnon sans parler de ses servantes. On pense aux
imprimeries permettant de multiplier un même texte à des
milliers d'exemplaire, ce qui est une toute autre échelle que la
seule procréation. D'ailleurs, en Égypte, les Hébreux furent
bel et bien affectés à la construction d'édifices. C'est bien ce à
quoi se réfère le commandement de non convoitise sous le
terme général de «  biens  » dont la femme, à l'évidence,
fait partie intégrante, de par l'utilité dont elle peut faire preuve
au même titre que les autres membres, composantes de la
dite maisonnée.

En vérité, l’on pourrait se demander si le Décalogue, à


l’origine, ne concernait pas la seule caste des maîtres, et
instaurait en fait un certain ordre social dans le rapport avec
les subalternes, tant mâle que femelle, tant homme
qu’animal, comme cela ressort du récit de l’Arche de Noé 
:

Genèse VII, 1-4  :

«  Entre dans l'arche, toi et toute ta famille, car je


t'ai vu seul juste à mes yeux parmi cette génération. De tous
les animaux purs, tu prendras sept paires, le mâle et la
femelle; des animaux qui ne sont pas purs, tu prendras un
couple, le mâle et la femelle et aussi des oiseaux du ciel, sept
paires, le mâle et la femelle, pour perpétuer la race sur toute
la terre. Car encore sept jours et je ferai pleuvoir sur la terre
pendant quarante jours et quarante nuits et j'effacerai de la
surface du sol tous les êtres que j'ai faits  »

Autrement dit, ce Déluge ne viserait pas Adam et ses fils,


mais les êtres qui composent sa maisonnée, que l’on peut
qualifier de prolétariat. On le voit en Europe, la
communication se fait par le haut et non par le bas. Quand on
s'attaque à la commission de Bruxelles, c'est bien les élites
européennes, tous pays confondus, que l'on a dans le
collimateur. Dieu se retire, remonte au Ciel et s'en
désintéresse, ce qui peut conduire au Déluge. (cf. Genèse VI).
Mais encore conviendrait-il de souligner qu’une élite implique
un processus de formation, elle n’est un «  fait acquis  »,« 
accompli », qu’après coup et de la même façon, une élite
peut se défaire, prendre conscience ou perdre conscience de
sa nécessité d’exister.

L’imitation est une des clefs du lien social. Tantôt c'est le


peuple qui adopte le langage, le parler de l'élite, de
l'aristocratie – c'est ainsi que le peuple anglo-saxon intégra le
français de l'envahisseur normand – que les gens
s'appellent «  monsieur  », «  madame  », espagnol
señor, señora, italien signor, signora (mais aussi pour les
plus jeunes signorino/signorina(notre demoiselle), sir etc.
sur le mode noble. Tantôt le peuple imite l’élite, tantôt c’est
l’élite qui fait appel au peuple pour s’orienter. Encore
convient-il de préciser qu’il y a des élites, à tous les niveaux
de la hiérarchie sociale, ainsi des élites provinciales face à
l’élite de la capitale nationale ou impériale. L’empire, quand il
se constitue, conduit d’ailleurs des élites nationales à se
provincialiser.

. . Selon nous, le christianisme aura été instrumentalisé par


une révolution sociale, Saint Paul jouant le rôle d’un
Spartacus  libérant, sauvant de la servitude. Gibran a bien
rendu l’effet de la présence de Jésus sur les esclaves des
Juifs , dans son «  Jésus fils de l’homme » (Paris, Albin
Michel, 1990, p. 39)  , faisant ainsi parler Caïphe le Grand
Prêtre  :: «  Après l’avoir entendu parler sur la place du
marché, mes propres esclaves, hommes et femmes,
devinrent moroses et rebelles. Certains partirent de ma
demeure etc  ».

Attirons l'attention du lecteur sur le chapitre VIII de l’Évangile


de Jean

31 Jésus dit donc aux Juifs qui avaient cru en lui: "Si vous
demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples;

32 Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres."

33 Il lui répondirent: "Nous sommes la race d'Abraham, et


nous n'avons jamais été esclaves de personne; comment
dites-vous: Vous deviendrez libres?

34 Jésus leur répondit: "En vérité, en vérité, je vous le dis,


quiconque se livre au péché est esclave du péché.

35 Or, l'esclave ne demeure pas toujours dans la maison;


mais le fils y demeure toujours.

36 Si donc le Fils vous affranchit, vous serez vraiment


libres.
On voit bien là à quel point le message christique s'adressait,
au sens propre et non au sens figuré- aux esclaves et ne
pouvait concerner les Juifs, sinon d'un point de vue
'humanitaire" - comme le fera le Juif Saul (de Tarse) alias
Paul dans l’Épître aux Éphésiens - à l’égard de leurs propres
esclaves. Il conviendrait donc d'éviter de dire que les
Hébreux étaient "esclaves" en Égypte puisque dans le texte
de Jean, il est mis dans la bouche des Juifs) : "Nous sommes
la race d'Abraham et nous n'avons jamais été esclaves de
personne"/

D 'ailleurs dans Exode III, il est question d'oppression et non


d'esclavage. Cela dit, l’on peut aussi envisager une autre
grille de lecture, à savoir que les populations du Royaume du
Nord (Israël, Ephraïm, Jacob, Samarie etc.) auraient été en fait
colonisées, soumises par le Royaume de Juda, la «  Maison
de David  » et l’on sait qu’à la mort de Salomon, les gens
du Nord feront sécession à la suite du refus du fils de
Salomon de revoir leurs conditions.

En fait, sous le régne du roi David, la différence entre les


tribus israélites et la maison de Juda était déjà manifeste(cf
les Livres de Samuel et des Rois)

Le psaume 78 est assez édifiant quand il est dit par David lui-
même que Yahvé aura préféré Juda et Sion à Joseph et
Ephraim.

67 Mais il (Yahvé) rejeta le ,‫ַוּי ִמְַאס‬    ‫סז‬


tabernacle de Joseph, et cessa     ;‫ּבְאֹהֶל יֹוסֵף‬
de préférer la tribu d’Ephraïm. ‫ ֹלא ָבחָר‬,‫ּובְׁשֵ בֶט אֶ פ ְַרי ִם‬.

68 Il (Yahvé) porta son choix sur ,‫ַוּי ִ ְבחַר‬    ‫סח‬


la tribu de Juda, sur le mont     ;‫ׁשֵ בֶט י ְהּודָ ה‬-‫אֶת‬
Sion, qu’il avait pris en ‫ אֲ ׁשֶ ר ָאהֵב‬,‫הַר צִּיֹון‬-‫אֶת‬.
affection;

69 il bâtit son sanctuaire, ‫ַוּיִבֶן‬    ‫סט‬


[solide] comme les hauteurs     ;‫ מִ קְ ּדָ ׁשֹו‬,‫ ָרמִ ים‬-‫ּכְמֹו‬
célestes, comme la terre qu’il a ‫ יְסָדָ ּה לְעֹולָם‬,‫ּכְאֶ ֶרץ‬.
fondée pour l’éternité.

70 Il élut David, son serviteur, et ,‫ַוּי ִ ְבחַר‬    ‫ע‬


lui fit quitter les parcs des     ;‫ּבְדָ וִד ַעבְּדֹו‬
troupeaux. ‫ מִ ּמִ ְכלְא ֹת צ ֹאן‬,‫ ַוּי ִּקָ חֵהּו‬.

71 Du milieu des brebis allaitant ‫מֵַאחַר‬    ‫עא‬


leurs petits, il l’amena pour être     :‫ ֱהבִיאֹו‬,‫עָלֹות‬
le pasteur de Jacob, son ‫ נַ ֲחלָתֹו‬,‫ ְּביַעֲק ֹב עַּמֹו; ּו ְבי ִׂשְ ָראֵל‬,‫ל ְִרעֹות‬.
peuple, et d’Israël, son héritage.

72 Et lui, [David], fut leur ,‫ַוּי ְִרעֵם‬    ‫עב‬


pasteur selon l’intégrité de son     ;‫ּכְת ֹם ְלבָבֹו‬
cœur, et les dirigea d’une main ‫ּובִתְ בּונֹות ַּכּפָיו יַנְחֵם‬.
habile.

On peut même y lire que les gens du nord sont placés sous
la coupe de ceux du Sud, la maison de David étant désignée
comme «  pasteur de Jacob et d’Israël  », en un statut de
mineur  ;

71, il l’amena pour être le :‫ ֱהבִיאֹו‬,    ‫עא‬


pasteur (berger) de Jacob, son ‫ נַ ֲחלָתֹו‬,‫ ְּביַעֲק ֹב עַּמֹו; ּו ְבי ִׂשְ ָראֵל‬,‫ל ְִרעֹות‬.
peuple, et d’Israël, son
héritage.

Dans les psaumes 114 et 115 l’on associe Juda à la


dimension religieuse, spirituelle et Israël à la dimension
politique, temporelle En ce sens, Juda serait désigné en tant
que maison d’Aaron, celle des prêtres  :

Psaume 114

1 Quand Israël sortit de ‫ְּבצֵאת‬    ‫א‬


l’Egypte, la maison de Jacob     ;‫ מִ ּמִ צ ְָרי ִם‬,‫י ִׂשְ ָראֵל‬
du milieu d’un peuple barbare, ‫ מֵ עַם ֹלעֵז‬,‫ּבֵית יַעֲק ֹב‬.

2 Juda devint son sanctuaire, ‫ָהי ְתָ ה‬    ‫ב‬


Israël, le domaine de son     ;‫י ְהּודָ ה לְקָ דְ ׁשֹו‬
empire. ‫ מַ מְ ׁשְלֹותָ יו‬,‫י ִׂשְ ָראֵל‬.

Psaume 115 établit un rigoureux parallèle  (que l’on


retrouve au psaume 118):

9 Israël, confie-toi à Dieu! Il est     ,‫י ִׂשְ ָראֵל‬


leur aide et leur bouclier.     ;‫ְּבטַח ּבַיהוָה‬
‫ ֶעז ְָרם ּומָ גִּנָם הּוא‬.

10 Maison d’Aaron, confie-toi à ,‫ּבֵית ַאהֲר ֹן‬    ‫י‬


Dieu! Il est leur aide et leur     ;‫ִּבטְחּו בַיהוָה‬
bouclier ‫ ֶעז ְָרם ּומָ גִּנָם הּוא‬.

Psaume 118

2 Qu’ainsi donc dise Israël, car ‫נָא‬-‫י ֹאמַ ר‬    ‫ב‬


sa grâce est éternelle;     :‫י ִׂשְ ָראֵל‬
‫ּכִי לְעֹולָם ַחסְּדֹו‬.

3 qu’ainsi dise la maison ‫נָא‬-‫י ֹאמְ רּו‬    ‫ג‬


d’Aaron, car sa grâce est     :‫ַאהֲר ֹן‬-‫בֵית‬
éternelle; ‫ּכִי לְעֹולָם ַחסְּדֹו‬.

Ici, le pouvoir politique est revendiqué pour Israël et le


pouvoir religieux laissé à Juda./

Dans Isaïe ch 2. 3, l’on trouve la célébre formule  :

3 Et nombre de peuples iront en ‫ וְָאמְ רּו לְכּו ְונַ ֲעלֶה‬,‫ג ְו ָהלְכּו עַּמִ ים ַרּבִים‬
disant: "Or çà, gravissons la ‫ וְי ֵֹרנּו‬,‫ּבֵית אֱֹלהֵי יַעֲק ֹב‬-‫י ְהוָה אֶל‬-‫הַר‬-‫אֶל‬
montagne de Yahvé pour gagner  :‫ ְונֵ ְלכָה ּבְא ְֹרח ֹתָ יו‬,‫מִּדְ ָרכָיו‬
la maison du Dieu de Jacob, afin ‫י ְהוָה‬-‫ ּודְ בַר‬,‫תֹורה‬ ָ ‫ּכִי מִ ּצִּיֹון ּתֵ צֵא‬
qu'il nous enseigne ses voies et ‫מִ ירּוׁשָלָ ִם‬. 
que nous puissions suivre ses
sentiers, car c'est de Sion que
sort la doctrine et de Jérusalem
la parole de Yahvé ."

«  C'est de Sion que sort la Torah et de Jérusalem


la parole du Seigneur." Mais en même temps, il est question
de «  la maison du Dieu de Jacob  », formule que l’on
pourrait éventuellement entendre comme renvoyant à un
autre dieu que Yahvé et l’on comprend alors tout l’enjeu de
l’affirmation d’unité, du Ehad, dans le Shéma Israel repris de
Deutéronome VI, 4  :

4 Ecoute, Israël: Yahvé est ‫י ְהוָה‬  :‫ י ִׂשְ ָראֵל‬,‫ד ׁשְ מַע‬
notre Dieu, l'Éternel est un! ‫ י ְהוָה אֶ חָד‬,‫אֱֹלהֵינּו‬. 

Mais la formulation est ambigüe  : on y enjoint avec


fermeté Israël, c’est-à-dire les tribus du Nord, de reconnaitre
Yahvé comme le seul dieu possible pour tous les Hébreux.
On ne dit pas que c’est le dieu de toute l’Humanité 
!

Le même message figure comme on verra plus loin dans


Ezéchiel  au chapitre 37  , 22
Je les constituerai en nation unie ‫ ְּבה ֵָרי‬,‫ָָארץ‬
ֶ ‫כב ְועָׂשִ יתִ י א ֹתָ ם לְגֹוי אֶ חָד ּב‬
(Ehad) dans le pays, sur les ;‫ לְמֶ לְֶך‬,‫ ּומֶ לְֶך אֶ חָד י ִ ְהי ֶה ְל ֻכּלָם‬,‫י ִׂשְ ָראֵל‬
montagnes d'Israël; un seul ‫ וְֹלא‬,‫) עֹוד לִׁשְ נֵי גֹוי ִם‬-‫ (יִהְיּו‬-‫וְֹלא יהיה‬
(Ehad) roi sera le roi d'eux tous: ‫יֵחָצּו עֹוד לִׁשְּתֵ י מַ מְ לָכֹות עֹוד‬. 
ils ne formeront plus deux (Shnéi)
peuples et ils ne seront plus, plus
jamais, fractionnés en deux
(Shnéi) royaumes.

On oublie parfois que ces populations se sentent dominées


par les gens du Sud, qu’ils attendent leur délivrance, ce qui
aura lieu à la mort de Salomon, que l’on a pu assimiler à
Pharaon et cela aura lieu puisqu’ils constitueront un nouveau
Royaume. Nous pensons que l’idée du «  Sauveur  »
peut être née chez les gens du Nord et non chez ceux du
Sud. D’aucuns soutiendront que Jésus est venu pour « 
sauver  », délivrer les tribus perdues du  Nord.
Quand on lit le psaume 22, comment ne pas observer que
cela s’adresse aux gens du Nord, avant ou après le schisme 
: «  descendants (Zéra, semence) de Jacob, « 
postérité (Zéra) d’Israël  »  ?

24 "Adorateurs de l’Eternel (Yahvé),    ‫כד‬


louez-le vous tous, descendants de   --‫ ַהלְלּוהּו‬,‫י ְִראֵ י י ְהוָה‬
Jacob, honorez-le; révérez-le, vous ‫ז ֶַרע יַעֲק ֹב ַּכּבְדּוהּו‬-‫;ּכָל‬
tous, postérité d’Israël!     ,‫וְגּורּו מִ ּמֶּנּו‬
‫ז ֶַרע י ִׂשְ ָראֵל‬-‫ּכָל‬.

Dès lors, vu que l’on sait que les textes intégrés dans le
canon vétérotestamentaire ont été en partie influencés par une
sensibilité«  israélite  » et pas seulement « 
judéenne  », on est tenté de penser que circule, de façon
plus ou moins subliminale, un discours de libération par
rapport au joug imposé par le Sud et Jérusalem. Pourquoi,
dans ce cas, ne pas lire la narration de la Sortie d’Égypte
(reprise dans le rituel de Pessah/Pâques) comme une sorte
de parabole liée à l’émancipation des peuplades
septentrionales, avec l’attente d’un «  Messie  » qui
viendrait délivrer les dites peuplades soumises à la dynastie
méridionale  ? Et qui sait si le christianisme n’aurait pas
exploité, en son temps, de telles attentes existant dans la
classe opprimée de l’empire judéen englobant des
populations vassalisées  ? Même la formule « 
Ecoute Israel, Yahwé est notre dieu  »  devrait être
revisitée. D’une part, le «  Ecoute Israël  » ne
saurait s’adresser qu’à un monde à la fois proche et tenu à
distance  et qui s’est approprié indument le nom
d’Israël, lors du schisme du Xe siècle avant l’ère chrétienne
mais d’autre part «  ; Yahvé est notre dieu  »
rappelle que Yahvé n’est pas le dieu des autres, des gens de
la maison d’Ephraïm et qu’il ne fait vraiment sens que pour
les Judéens.

En fait, le schisme était déjà latent sous le régne de David et


l’on trouve notamment la formule «  à ses tentes, ô
Israel  » au Livre de Samuel II, ch XX On y voit que « 
tout Israel (Kol Israel) abandonna le parti de David  »
Cela signifie que le clivage entre Israélites et Judéens était
fort ancien et que l’on tenta de l’occulter au nom d’une
certaine «  unité  » de façade, ce qui ressortira de nos
théses autour du Aleph (de Adam) et du Shin.(d’Israel)

1 Or, il se trouva l‫ א‬un mis‫ט‬r


nom de Ch‫י‬ba, fils de Bikhri,
Benjamite; il sonna du cor e
‫אִיׁש י ְ ִמינִי; ַוּי ִתְ ַקע‬--‫ ִּבכ ְִרי‬-‫ׁשבַע ּבֶן‬
ֶ ‫ ּוׁשְ מֹו‬,‫א וְׁשָם נִקְ ָרא אִ יׁש ְּב ִלּיַעַל‬
‫אִיׁש‬--‫ׁשי‬ ַ ִ ‫י‬-‫לָנּו ְּבבֶן‬-‫לָנּו ֵחלֶק ּבְדָ וִד וְֹלא נַ ֲחלָה‬-‫ וַּי ֹאמֶ ר אֵין‬,‫ּבַּׁשֹפָר‬ proclama: "Nous n'avons au
‫ יִׂש ְָראֵל‬,‫לְא ֹ ָהלָיו‬.  part ‫ א‬David, aucune commu
revendiquer avec le fils de Je
chacun ‫ א‬ses tentes, ‫ פ‬Isra‫!ט‬
‫ ִּבכ ְִרי; ְו ִאיׁש‬-‫ׁשבַע ּבֶן‬ ֶ ,‫ ַאח ֲֵרי‬,‫ מֵַאח ֲֵרי דָ וִד‬,‫אִיׁש י ִׂשְ ָראֵל‬-‫ב ַוּיַעַל ּכָל‬ 2 Et tout Isra‫ט‬l abandonna le
‫י ְרּוׁשָלָ ִם‬-‫ ַהּי ְַרּדֵ ן ְועַד‬-‫ מִן‬,‫י ְהּודָ ה ּדָ בְקּו ְב ַמ ְלּכָם‬.  de David pour suivre Ch‫י‬ba,
que les hommes de Juda, de
Jourdain jusqu'‫ א‬J‫י‬rusalem, r
attach‫י‬s à leur roi.

Il importe en effet de distinguer celui qui parle et celui à qui


l’on parle, le nous et le vous. Ce nom d’Israël désignait –
parmi bien d’autres conquêtes- une tribu de la région comme
le montre la stèle dite de la Victoire  du pharaon
Mérenptah ou Mineptah, datant du XIIIe siècle avant JC 
et découverte tout à la fin du XIXe siècle  : ce
document ne prouve nullement que le nom d’Israël désignait
alors les Hébreux. Cela montre au contraire qu’il y a eu
interpolation dans le texte de la Genèse notamment quand
Jacob prend ou reçoit le nom d’Israël. «  Ces villes sont
habitées de nouveau et celui qui laboure en vue de la moisson, c'est
celui qui la mangera.
Rê s'est tourné‫ י‬vers l'Égypte, tandis qu'a été mis au monde, gràce au
destin, son protecteur, le roi de Haute et de Basse-Égypte, Baenrê, le
fils de R‫ך‬, Me‫י‬renptah.
Les chefs tombent en disant  : Paix  ! Pas un seul ne relève la
tete parmi les Neuf Arcs.
Défait est le pays des Tjehenou.
Le Ḫatti est paisible.
Kana`an est d‫י‬pouill‫ י‬de tout ce qu'il avait de mauvais.
Ašqalon est emmené‫י‬.
Gezer est saisie.
Yenoam  devient comme si elle n'avait jamais existé‫י‬.
Isra'el est d‫י‬truit, sa semence m‫ך‬me n'est plus.
Hourrou (la Syrie) est devenue une veuve pour l'ֹEgypte.
Tous les pays sont unis  ; ils sont en paix.
(Chacun de) ceux qui erraient sont maintenant li‫י‬s par le roi de Haute et
Basse ֹEgypte, Baenr‫ך‬, le fils de Ra‫ך‬, Mérenptah, doué‫ י‬de vie, comme
Rê, chaque jour  »

En tout état de cause, la leçon «  Israel  » est remise


en question  : (cf Joseph Davidovits De cette fresque
naquit la Bible De cette fresque naquit la Bible, Paris, Jean-
Cyrille Godefroy, 2009  ;
https://www.davidovits.info/falsification-de-la-stele-de-merneptah-dite-
disrael/

Notons que le nom de Joseph (radical  : hossef) indique


un ajout et que celui de Jacob (radical Eqev) correspond à
une suite (on talonne quelqu’un) Rappelons qu’une parabole
met en scène des situations qui n’ont pas eu lieu
ponctuellement ou qui sont la matrice de toute une série de
cas. On pense aux Fables de La Fontaine qui ont l’avantage
de ne pas camper des humains mais des animaux, ce qui a le
mérite d’éviter toute extrapolation à prétention historique. Or,
l’on aura bien souvent cru bon de situer de telles allégories
dans un passé historique réel, ce qui génère un processus de
contrefaçon antidatée. En fait, l’on passerait ainsi d’une
approche censée s’inscrire dans une chronologie à une
approche sociologique intemporelle.

En ce qui concerne le passage de Yahoud à Yahvé, on est


quand même en droit de se demander si cela ne serait pas le
fait des Israélites (les gens du Nord) refusant de voir le nom
de Dieu associé à la tribu de Juda (Yehouda). Rappelons que
le nom "Yahvé" est récurrent dans tout le Pentateuque, avec
des centaines d’occurrences! D'aucuns objecteront que la
surreprésentation d'Israël dans le dit Pentateuque ainsi que
la disparition de telles références à Juda, auraient été
dénoncées depuis belle lurette Or, toute la question est de
savoir à quelle date l'Ancien Testament sous la forme que
nous lui connaissons, qui nous est parvenue,, aura été établi
et fixé. Selon nous, cela se sera produit à une époque où le
conflit en question était déjà fort lointain dans le temps tant
et si bien que les esprits n'auraient plus guère prêté
attention à de tels "détails", leur mettant la puce à l'oreille. A
n’en pas douter, les questions politiques auront interféré
avec les questions religieuses et il nous semble
inconcevable de traiter des Ecritures en faisant abstraction
d'une telle grille de lecture. On rencontrera un cas assez
semblable, lui aussi lié à la mort d’un souverain, non plus
Salomon mais Henri IIII de Valois, ancien roi de Pologne (en
fait de son frère le duc d'Alençon en 1584, laissant la place
de prétendant à Henri de Bourbon, le futur Henri IV)., cela
donna naissance à la "Ligue".. Comme au lendemain de la
mort de Salomon, la France se trouvera, en quelque sorte,
coupée en deux, à l'instar du royaume hébraïque. Quand on a
en mémoire cette scission l'on ne peut que trouver des
allusions dans les Centuries attribuées à Nostradamus (cf.
notre tome III). Mais si le lecteur n’a pas cela à l'esprit,
persuadé qui est que les Centuries ont dû être rédigées
trente ans avant l'émergence de la Ligue, comment serait-il
dès lors en mesure d'effectuer un tel constat? Toute la
question, on l'aura compris, est liée au contexte de rédaction
du corpus considéré mais aussi à la connaissance et la
conscience du dit contexte par la suite. L'anachronisme,
c’est aussi fonction de l'ignorance contextuelle. autrement
dit, le passage de Yahoud à Yahvé correspondrait à une
déjudaïsation du Pentateuque par les sectateurs du Royaume
du Nord à l'encontre du Royaume du Sud, que l'on ait tenté
de faire passer le nom de Dieu -celui qu'on loue- par un
expédient lexical : Yahvé signifierait celui qui est - ne saurait
faire illusion. Nous dirons que pour nous, c’est souvent le
texte qui nous aide à restituer le contexte et non le contexte à
appréhender le texte car dans bien des cas, un texte aura été
placé au sein d’un contexte qui n’était pas le sien au départ,
soit en ce qu’il aura été antidaté soit au contraire qu’on l’aura
recyclé à une date ultérieure. Il nous semble que Yahwé n'est
nullement le nom de ce Dieu, mais le surnom qu'on lui donne
pour lui rendre grâce meme si dans Exode XX, il se présente
ainsi. D'ailleurs, dans un des commandements (verset 6), il
est dit "Tu n'invoqueras point le nom de Yahwé Eloheikha..."
traduit généralement par l' "Eternel ton Dieu "Mais nous
comprenons cette formule comme référant à un nom qui
n'est pas fourni, la forme Yahwé Eloheikha étant des plus
vagues d'autant que plus haut au verset 2 il est indiqué de
ne pas invoquer d'autres dieux en reprenant la même
expression: Elohim aherim:
‫ ּכִי‬ :‫ לַּׁשָ וְא‬,‫י ְהוָה אֱֹלהֶיָך‬-‫ׁשֵם‬-‫ּׂשא אֶת‬ָ ִ‫ ֹלא ת‬6 (3) "Tu n'invoqueras point le nom de lYahwé Eloheikha à
‫ׁשְמֹו‬-‫י ִּׂשָ א אֶת‬-‫ אֵת אֲ ׁשֶר‬,‫ ֹלא יְנַּקֶה י ְהוָה‬l'appui du mensonge; car l'Éternel ne laisse pas impuni celui
}‫ {פ‬ .‫לַּׁשָ וְא‬ qui invoque son nom pour le mensonge.

‫אֶרץ‬ ֶ ֵ‫ ֲאׁשֶר הֹוצֵאתִ יָך מ‬,‫ב ָאנֹכִי י ְהוָה אֱ ֹלהֶיָך‬ 2 (1) "Je suis Yahwé Eloheikha qui t'ai fait sortir du pays
‫י ִ ְהי ֶה לְָך אֱ ֹלהִים‬-‫ ֹלא‬ :‫ִמצ ְַרי ִם ִמּבֵית ֲעבָדִ ים‬ d'Égypte, d'une maison d'esclavage. (2) "Tu n'auras point
‫ ָּפנָי‬-‫ עַל‬,‫ ֲאח ִֵרים‬.  d'autres dieux (Elohim aherim) que moi
La comparaison entre Jésus et Yahvé nous semble assez
édifiante. Rappelons que Yahvé se sert de Moïse pour
communiquer avec les Hébreux. Quat à Jésus, il s’entoure
d’apôtres au nombre de 12 ce qu’illustre la séquence de la
Cène (selon Leonard de Vinci), à la veille de sa mort. Le
problème, c’est que Jésus est bien plus proche des gens
que ne l’est Yahvé comme si ses disciples ne jouaient pas
leur rôle d’interface, ce qui l’exposerait singulièrement à
moins que Jésus ne soit assimilable à Moïse mais il n’y a pas
avec Jésus- du moins en ce qu’on nous en relate dans les
Evangiles canoniques, de scène du «  Buisson
Ardent  ».

Que Jésus se dise «  Fils de Dieu  » ne fait pas


problème en soi, pour un familier de  la Mythologie gréco-
romaine, puisque Jupiter est fils de Saturne (cf. notre tome
III) mais on ne voit pas pourquoi Yahvé serait assimilé à un « 
père », lui dont le nom se rapproche sensiblement de Jove,
de Jupiter. Le Père pour nous est lié à la « première Création 
» alors que Yahvé est l’acteur/auteur de la «  seconde
création  ». Il ne faudrait pas que les Juifs se fassent piéger
par l’image d’un Yahvé en tant que «  père  » sous
prétexte que leur religion serait antérieure à l’émergence du
christianisme  ! Quid d’Adam, conçu à l’image d’Elohim 
? Mais une autre grille de lecture ferait de Jésus, le vecteur
d’une Troisième Création, axée cette fois sur l’Homme,
l’anthropocéne. (cf notre tome III). D’où la forme «  Ecce
Homo  » dans l’Evangile pour désigner Jésus. En ce
sens, Jésus ne serait-iil pas le fils se dressant devant le
Père  en prenant le parti de l’homme  ?
Est-ce que cela n’en fait pas un «  fils  »  ? En fait,
Yahvé et Adam ne feraient qu’un, l’un et l’autre «  fils de
dieu  », à son image et cela pourrait être le cas de Jésus
lequel se substitue à Yahvé, dans l’interprétation de Malachie
III, Jean le Baptiste lui ouvrant la voie  :

1 Voici, je vais envoyer mon ‫דֶ ֶרְך ְל ָפנָי; ּופִתְ א ֹם‬-‫ ּו ִפּנָה‬,‫א ִהנְנִי ׁש ֹ ֵל ַח מַ לְָאכִי‬
mandataire, pour qu'il déblaie ,‫אַּתֶ ם מְ בַקְ ׁשִים‬-‫הֵיכָלֹו הָָאדֹון אֲׁשֶ ר‬-‫י ָבֹוא אֶל‬
la route devant moi. Soudain, --‫בָא‬-‫אַּתֶ ם ֲח ֵפצִים ִהּנֵה‬-‫ּומַ לְאְַך ַהּב ְִרית אֲ ׁשֶ ר‬
il entrera dans son sanctuaire, ‫ י ְהוָה ְצבָאֹות‬,‫ָאמַ ר‬. 
le Maître dont vous souhaitez
la venue, le messager de
l'alliance que vous appelez de
vos vœux: le voici qui vient,
dit l'Eternel-Cebaot.

Mathieu XI  avec une référence littérale à


Malachie III  :

Jésus  à propos de Jean  :

«  Alors, qu’êtes-vous allés voir  ? un


prophète  ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un
prophète.

10 C’est de lui qu’il est écrit  : Voici que j’envoie mon


messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi 
».

Mais ici Jésus s’identifie à Yahvé. Si ce n’est toi, c’est donc


ton frère.

Un thème central du présent essai est bien le rapport du


créateur à sa création étant entendu que tout oppose ce qui
est train de se créer et ce qui a été créé, comme la vie à la
mort, le passé et le futur, la lecture et l’écriture. Étrangement,
la mort peut apparaître comme le prolongement de la vie  ;
tout comme l’interprète le prolongement de l’auteur alors
qu’il n’en est finalement que la trace, l’empreinte. On notera
que le mot même de création est ambivalent en français, en ce
qu'il désigne indifféremment la cause et l'effet, le sujet et
l'objet, lequel objet échappe nécessairement au sujet dont il
est issu.. Dès que l'objet est séparé de son sujet, ne lui est
plus relié (par la main qui le tient ou le bagage ou l'espace
(privé, la chambre/cambriolage) qui le contiennent,, il devient
autonome et n'appartient plus expressément à personne en
particulier, jusqu'à preuve du contraire.. Cela vaut sur le plan
juridique quand il est stipulé que «  possession vaut
titre.  » . Le passage de l'oral à l'écrit correspond à la
dialectique du sujet et de l'objet, et recoupe le clivage entre
droit pénal et droit civil.

Le créateur ne se reconnaît pas nécessairement dans sa


création tout comme Dieu se réserve de rejeter ce qu'il a créé
(bara) ou formé (Yatsar) ou tel artiste telle œuvre de son cru.
Mais l’on se demandera si le mot créer doit automatiquement
signifier «  ex nihilo  ». Nous ne le pensons pas  :
créer, c’est transformer, transmuter, une matière « 
première’ et finalement l’instrumentaliser au risque de la
dénaturer. Cela est source de conflits entre l’amont et l’aval,
entre la puissance et l’acte lequel passe par des choix
toujours arbitraires et discutables.. Tout ce qui est englobé
sous un même terme peut prendre des sens très divers, à
commencer par le mot «homme  ».On peut dire alors que les
singes et les hommes sont égaux puisqu'on les inclue au
sein d'une même catégorie  ! Le fait que le langage puisse
servir à désigner des réalités extrêmement diverses ne doit
pas être prétexte à un discours égalitaire de nivellement tant
par le haut que par le bas. Nous serions tous très grands ou
très petits, à l'avenant  !

Selon nous, les premiers Chrétiens païens n  ‘étaient autres


que les esclaves des Hébreux, faisant partie intégrante de
leur «  maisonnée  », et étaient notamment visés
notamment dans les Dix Commandements  :

«  Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré. Pendant


six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; mais le
septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du
Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton
fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni
l’immigré qui réside dans ta ville. (…)Tu ne convoiteras pas la
maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de
ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni
son âne : rien de ce qui lui appartient  ». 

On lira dans le Lévitique, un des livres du Pentateuque, ce


texte hautement significatif  :

Ch. XXV

«  44  Les esclaves, hommes ou femmes, qui vous


appartiendront, proviendront des peuples étrangers qui vous
entourent. C’est d’eux que vous pourrez acquérir des
esclaves et des servantes. 45  De plus, vous pourrez
acheter des étrangers résidant chez vous et des membres de
leurs familles qui vivent parmi vous et qui sont nés dans
votre pays, et ils deviendront votre propriété. 46  Vous
pourrez les léguer en héritage à vos enfants pour qu’ils en
aient la propriété. Ils seront vos esclaves à perpétuité; mais
vous ne traiterez pas avec brutalité vos compatriotes, les
Israélites.  »

Nous avons consacré de nombreux travaux à l'étude des


recueils, ce qui s'apparente à des contenants dont l'unité
offre nécessairement une dimension artificielle par-delà
l’apparence, voire l'illusion d'unité. Le cas des Centuries est
emblématique en ce que la forme du quatrain aura permis
d'intégrer au sein d'un seul et même ensemble des éléments
au départ disparates. Il en est de même d’ailleurs pour la
Bible, elle -même quadrillée en chapitres et versets comme
les Prophéties de Nostradamus le sont en centuries
quatrains. Le piège est chaque fois le même  : on interprète
un texte que l'on a sous les yeux, appartenant à un certain
contexte historique que l'on connaît souvent très mal au
prisme d'un contexte qui nous est familier. Insistons aussi
sur le fait qu’il existe deux modes de (re)contextualisation  :
situer un texte dans son temps mais aussi au sein d’un
continuum évolutif, en évitant dans tous les cas
l’anachronisme, étant entendu qu’une telle entreprise n’est
pas à la portée du premier venu et exige énormément de
travail d’investigation et la constitution de corpus
importants..

C’est d'autant plus tentant lorsque les mêmes entités se sont


perpétuées à travers les siècles. Pourquoi, demande-t-on,
l'Israël dont parle tel prophète de la Bible ne serait pas
concerné voire impliqué par les enjeux propres à l’État
d'Israël actuel ou en tout cas par ceux d'un peuple Juif qui
est toujours présent  ? On fait ainsi le grand écart sur des
siècles voire des millénaires  !

Tout se passe comme si l’événement Shoah ne collait pas


avec l’idée d’un peuple Juif «  dominateur  » et la Guerre
des Six Jours a pu faire douter de la Shoah tant elle semble
bien en être le contre-exemple, un quart de siècle plus tard. Il
fallait donc que la Shoah fût le résultat d’une manœuvre
victimaire de la part des Juifs tout comme pour les
Musulmans, au dire du Coran, il ne fait pas sens que Jésus
ait pu se laisser crucifier  ! Cela dit, il est un fait
que les critères utilisés par les nazis pour déterminer qui était
Juif )peuvent être discutés et aient grossi le nombre de Juifs
déportés. Bien des victimes ne seraient pas juives, selon la
définition du judaisme orthodoxe.(cf Yossef Mizrahi,) qui
n’aboutit qu’à un million de Juifs authentiques exterminés,
les autres «  Juifs » l’ayant été en quelque sorte par
erreur). On notera les effets pervers de présenter Jésus
comme "Dieu", d'où notamment la formule "Marie, mère (sic)
de Dieu), car cela permet de se servir de l'Ancien Testament
et notamment des Livres des Prophètes, quand Dieu
reproche aux gens du Royaume du Nord (Israël) de ne pas le
reconnaître, pour y voir la préfiguration du refus des Juifs de
reconnaître Jésus, puisque Dieu et Jésus c'est pareil! Dans
bien des cas, les enfants du catéchisme se persuadent que
les Juifs ne croient pas en Dieu puisqu’ils ne croient pas en
Jésus. De la sorte, chaque fois qu'il est question de Dieu
dans l'Ancien Testament, le Chrétien serait en droit de
comprendre qu'il est question de "Jésus"!

Osée V  :
«  …3Je connais Ephraïm, Et Israël ne m'est point
caché; Car maintenant, Ephraïm, tu t'es prostitué, Et Israël
s'est souillé. 4Leurs œuvres ne leur permettent pas de revenir
à leur Dieu, Parce que l'esprit de prostitution est au milieu
d'eux, Et parce qu'ils ne connaissent pas l’Éternel. 5L'orgueil
d'Israël témoigne contre lui; Israël et Ephraïm tomberont par
leur iniquité  »

On aura compris que stricto sensu, ce texte certainement


écrit post eventum -ne concerne pas la lignée de David, ni
Jérusalem, ni donc les Judéens mais bien cette population
spécifique du Royaume du Nord qui n’aura pas la chance de
se rétablir par la suite, à la différence du royaume de Judah et
ce n’est d’ailleurs probablement pas par hasard que Jésus
est dit le Galiléen, qu’il n’est pas un habitant de Jérusalem
mais de Nazareth.(le nom de cette ville est à rapprocher de
Nagar, le menuisier-charpentier) Notons que Jésus est censé
avoir été annoncé et conçu en Galilée, le lieu de sa naissance
étant somme toute secondaire et aléatoire voire anecdotique 
:

Evangile de Luc, Chapitre Ier  :

26 Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans


une ville de Galilée, appelée Nazareth,

Ce premier tome -fait largement appel aux Ecritures « 


Saintes » autour de deux grands thèmes, les femmes et les
Juifs, ce qui nous renvoie aux origines de l’Humanité, bien
mal connues il est vrai si ce n’est par le biais des mythes et
des religions, des récits de genèse. Y a-t-il un christianisme
sans référence au judaïsme et les femmes font-elles sens
sans passer par les hommes  ? Ces deux sujets, les
femmes et les Juifs sont de nos jours fort mal appréhendés
et se trouvent relégués dans une sorte de «  no man’s land 
» alors que selon nous dans un cas comme dans l’autre, il
s’agit d’enjeux capitaux.

La question de l’Amour est au cœur de notre problématique 


: l’on rappellera que les Juifs insistent spécialement sur
l’Amour qu’ils doivent à leur dieu plutôt que sur l’amour de
Dieu pour eux ou encore quant à l’amour que l’on est censé
porté pour son prochain.( On s’expose à ne pas comprendre ce qui
est attendu des Hébreux par leur Dieu si l’on en reste à l’idée d’un « 
peuple élu  » tandis qu’il s’agirait bien plutôt d’un «  dieu élu  »,
d’où l’idée même d’Amour de Dieu ( cf. Georges Vajda,   L'Amour de
Dieu dans la théologie juive du Moyen âge,  Paris : J. Vrin, 1957  ;
pp/295 et seq ). Comme il est dit au début de la profession de foi
judaïque, le Shéma Israël  : «  Tu aimeras Yahvé ton dieu de tout ton
cœur  ». Il n’y est d’ailleurs pas question de l’amour de Dieu pour
Israël ni d’ailleurs de l’amour de son prochain. Certes, Israël semble bel
et bien attendre que son Dieu le délivre de la servitude mais nous
verrons que la véritable servitude est marquée par l’infidélité –plutôt
que par la désobéissance, comme on l’entend trop souvent. Il est clair
que l’enjeu théologique crucial est celui de ne pas servir d’autres dieux
et non pas de respecter tel ou tel commandement. en dehors de celui
exigeant la fidélité à ce dieu. Il semble que les rabbins aient voulu avant
tout renforcer la question des mœurs – notamment après la destruction
du Temple- tout en affirmant que de toute façon, il n’existait pas d’autre
dieu, dans l’absolu, que Yahwé assimilé à Elohim En tout état de cause
rendre Yahwé ou Elohim par «  Dieu  » ou par «  L  »Eternel  »,
comme cela se pratique souvent est inadmissible et se prête à toutes
les dérives et déviances. Yahwé est un nom propre et ne saurait se
rendre par quelque concept que ce soit, comme  l’aurait souhaité un
Spinoza. Adorer un dieu universel ce n’est certainement pas rester fidèle
à Yahwé  et c’est donc ne pas respecter le premier et principal
commandement  du Décalogue:
1 Alors Elohim prononça ‫הַּדְ ב ִָרים הָאֵ ּלֶה‬-‫ אֵת ּכָל‬,‫א ַוי ְדַ ּבֵר אֱֹלהִים‬
toutes ces paroles, savoir: }‫{ס‬  .‫לֵאמ ֹר‬

2 (1) "Je suis Yahwé ton Dieu, ‫ אֲׁשֶ ר הֹוצֵאתִ יָך מֵאֶ ֶרץ‬,‫ב ָאנֹכִי י ְהוָה אֱֹלהֶיָך‬
qui t'ai fait sortir du pays  :‫מִ צ ְַרי ִם מִ ּבֵית ֲעבָדִ ים‬
d'Égypte, d'une maison ‫ ָּפנָי‬-‫ עַל‬,‫י ִ ְהי ֶה לְָך אֱֹלהִים אֲ ח ִֵרים‬-‫ֹלא‬. 
d'esclavage. (2) "Tu n'auras
point d'autre dieu que moi.

On notera que d’un verset à l’autre, on est passé de Elohim à


Yahwé  !

Or, l’enjeu reste bel et bien la fidélité à un certain dieu, ayant


pour nom Yahvé – issu d’un « père  » -Elohim. lequel
pourrait d’ailleurs avoir eu d’autres fils. C’est d’ailleurs sur ce
point que le débat a pu exister du temps de Jésus et la portée
de la Nouvelle alliance au sens de Jérémie XXXI. (cf. sur les
passages relatifs au polythéisme dans la Bible
https://bible.knowing-jesus.com)

Une question récurrente sera celle du mode d’emploi  :


nous sommes en présence de certains concepts mais
savons-nous comment les manier  ? Que faut-il entendre par
«  Dieu  », quel est la place de la femme dans la
société  ? Comment fonctionne le couple  ?
Nous dirons que les hommes sont des dieux pour les
femmes, ce qui correspond à l’idée de Panthéon parisien  :
Aux grands hommes la patrie reconnaissante. Il n’y a
d’élection que du bas vers le haut et ne ce sens, il est
absurde de parler d’un peuple qui serait élu par Dieu. C’est
bien plutôt un peuple qui choisit son dieu, ce qui implique un
pluralisme des candidats.

Certes, l’on trouve dans le Décalogue des « 


commandements «  qui concerne notre rapport à son
prochain mais cela nous apparait comme une sorte d’ajout
face au préambule du dit Décalogue  :

  «  Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du


pays d’Égypte, de la maison de servitude.

3  Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face.

4  Tu ne te feras point d’image taillée, ni de


représentation quelconque des choses qui sont en haut dans
les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les
eaux plus bas que la terre.

5  Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne


les serviras point  »

C’est après que l’on parle du prochain ( resh ayin Khaf) sans
que l’on y trouve la formule «  tu aimeras ton prochain
comme toi-même  »  laquelle figure, noyée parmi toutes
sortes de commandements, dans Lévitique XIX, 18, donc
nullement mise en exergue  : 

Exode 20
13 (10)"Ne convoite pas la  ;‫ ּבֵית ֵרעֶָך‬,‫יג ֹלא תַ חְמ ֹד‬
maison de ton prochain ,‫תַ חְמ ֹד אֵׁשֶת ֵרעֶָך‬-‫ֹלא‬  }‫{ס‬
(Rehekha); Ne convoite pas la ‫ אֲׁשֶ ר‬,‫ וְכ ֹל‬,‫ְו ַעבְּדֹו וַאֲ מָתֹו וְׁשֹורֹו ַוחֲמ ֹרֹו‬
femme de ton prochain, son }‫{פ‬  .‫ל ְֵרעֶָך‬
esclave ni sa servante, son
bœuf ni son âne, ni rien de ce
qui est à ton prochain."

Lévitique XIX

18 Ne te venge ni ne garde rancune ,‫ ְּבנֵי עַּמֶָך‬-‫תִ ּט ֹר אֶת‬-‫תִ ּק ֹם וְֹלא‬-‫יח ֹלא‬


aux enfants de ton peuple, mais ‫וְָא ַהבְּתָ ל ְֵרעֲָך ּכָמֹוָך‬: 
aime (Veahavta) ton prochain . 
comme toi-même:.

Exode XX (Décalogue)

4 car moi, Yahvé, ton Dieu, je suis un --‫ אֵל קַ ּנָא‬,‫ד ּכִי ָאנֹכִי י ְהוָה אֱֹלהֶיָך‬
Dieu (El) jaloux, qui poursuis le ‫ּפ ֹקֵ ד עֲו‬ ‫ ָּבנִים‬-‫ן ָאב ֹת עַל‬
crime des pères sur les enfants ‫ לְׂשֹנְָאי‬,‫ ִר ֵּבעִים‬-‫ׁשִ ּלֵׁשִ ים ְועַל‬-‫עַל‬. 
jusqu'à la troisième et aux
quatrièmes générations, pour ceux
qui m'offensent;

Il reste que la forme adoptée est la même que dans le


Shéma  si ce n’est que le «  Veahavta  »
n’est plus destiné à Dieu mais au prochain. Lequel semble
bien être celui qui appartient au même peuple  :

Selin nous, on ne saurait mettre les deux injonctions sur le


même plan. Le Dieu en question reprochera-t-il jamais aux
Hébreux de ne pas s’aimer entre eux  ? Il se présente
comme un dieu (El) jaloux (Kanaï). On notera cette
expression «  un dieu  » . On est loin ici de la
présentation d’un dieu unique, si ce n’est par rapport au seul
Israël. Il ne s’agit donc pas ici du respect de tel ou tel
commandement mais bien de la seule chose importante, qui
compte  : un amour exclusif exigé des Hébreux à l’égard de
ce dieu qu’ils se sont choisi, ce qui est tout à fait applicable
au couple homme-femme, la femme étant placée ici dans la
même position que le peuple hébreu par rapport à son dieu.
Femme qu’il est toujours loisible de répudier et l’on sait le
sort réservé à la femme adultère donc infidèle. (Evangile de
Jean VIII, 11) et au bâtard. Dans le Décalogue, cela concerne
le commandement sur le fait de ne pas convoiter la femme
de son prochain et cela s’adresse à l’homme, comme
d’ailleurs tout le Décalogue.

Mais, ne peut-on dire que croire en un dieu «  universel 


» ne saurait être assimilé au culte d’un dieu artisan de notre
Humanité  ? En ce sens, l’évolution du judaïsme vers l’idée
d’un dieu «  maître de l’univers  » nous apparait
comme bien problématique. Le mieux est l’ennemi du bien.
En voulant encenser leur dieu, les Juifs n’auraient-ils pas
forgé une autre idée de Dieu  et donc enclenché un culte
qui lui serait devenu étranger  ?

Mais, in fine, nous pencherons pour la thèse suivante, à


savoir que le Décalogue serait comme une sorte de
règlement s’adressant à des délinquants et nullement à une
population ayant un comportement «  normal  ». On ne
recommande pas à des fidèles de ne pas adorer un autre
dieu, ni à une communauté normalement constituée de ne
pas voler ou de ne pas tuer. De tels propos visent une
population pécheresse comme celle du Royaume d’Israël,
d’où l’injonction «  Ecoute Israël » et il est donc fâcheux
que les Juifs récitent ce « Shéma Israël », confondant, ce
faisant, l’Israël d’avant la Royauté et celui du Schisme du
Xe siècle  !

Le Décalogue nous fait penser à l’épisode de Sodome et


Gomorrhe  :

Genèse XVIII

20 Yahwé dit: "Comme le décri de ‫ זַעֲקַת סְד ֹם ַועֲמ ָֹרה‬,‫כ וַּי ֹאמֶ ר י ְהוָה‬
Sodome et de Gomorrhe est grand, ‫ מְא ֹד‬,‫ּכִי ָכבְדָ ה‬--‫ ָרּבָה; ְו ַחּטָאתָ ם‬-‫ּכִי‬. 
comme leur perversité est
excessive  !

21 je veux y descendre; je veux voir ‫ ַה ְּכ ַצעֲקָתָ ּה‬,‫ּנָא וְאֶ ְראֶה‬-‫כא אֵ ְרדָ ה‬
si, comme la plainte en est venue ,‫ֹלא‬-‫ַהּבָָאה אֵ לַי עָׂשּו ָּכלָה; וְאִם‬
jusqu'à moi, ils se sont livrés aux ‫אֵ דָ עָה‬. 
derniers excès; si cela n'est pas,
j'aviserai."

Pour nous, la dualité divine n’a strictement rien à voir avec le


couple homme-femme voulu par «  dieu  » au chapitre
suivant. Nous dirons que l’on aura voulu selon un procédé
bien connu évacuer l’addition, l’ajout dans un deuxième
temps, de la femme en laissant entendre, dans certains
traductions biaisées, que l’homme et la femme avaient été
créés de concert, simultanément.

La dualité, ici, c’  est le doute  : l’allemand a zweifel, ce qui


correspond au zwei, au deux. D’ailleurs, le récit de la
Création est marqué en permanence par une telle attitude 
: Dieu veut créer ceci puis juge –dans un deuxieme temps-
que ceci était bon, ce qui laisse entendre que ce n’est
qu’après coup que l’on pourra dire que c’était « bon  » (tov)
Tout se fait en deux temps!

Génése I

3 Dieu dit: "Que la lumière soit!" ‫אֹור‬-‫ יְהִי אֹור; ַויְהִי‬,‫ג וַּי ֹאמֶ ר אֱֹלהִים‬. 
Et la lumière fut.
4 Dieu considéra que la lumière ‫טֹוב; ַוּיַבְּדֵ ל‬-‫ ּכִי‬,‫הָאֹור‬-‫ד ַוּי ְַרא אֱֹלהִים אֶת‬
était bonne, et il établit une ‫ ּבֵין הָאֹור ּובֵין הַח ֹׁשְֶך‬,‫אֱֹלהִים‬. 
distinction entre la lumière et les
ténèbres.

Le Deus Faber. Théologie restreinte

Selon nous, le judaisme doit s’appréhender au prisme d’une


idée limitée de la divinité  : on pourrait parler
d’une théologie du «  petit dieu  », c’est à dire qui se
démarque d’un dieu universel, total, initial, un dieu qui
s’inscrit dans l’Histoire de l’Humanité et non dans une
quelconque métaphysique. Laissons ce «  grand dieu  »
aux Chrétiens et aux Musulmans. Au fond, ne s’agirait-il
pas d’un dieu «  à l’image de l’homme  » , pour retourner
la formule  du premier chapitre du Livre de la Genèse  ?

Il est clair que le dieu d’Israël se consacré à des objectifs


relativement restreints : notre Terre, sur laquelle nous
vivons, notre «  ciel »- celui que nous percevons depuis notre
Terre  et ce qui est central plus particulièrement, à savoir
un certain peuple que l’on désigne actuellement comme « 
juif  » et qui n’a pas disparu, Une Alliance renouvelée lie
ce peuple à ce dieu face au «  grand dieu  », qui serait
celui de toute l’Humanité et auquel adhère le christianisme,
terme qui dépasse largement la personne du Christ, lequel
correspond à une approche certainement plus modeste qui
aura fini par basculer dans l’emphase. Il est vrai que le dieu
d’Israël avait été déjà bien avant le temps de Jésus victime
de la même dérive quand on s’adresse à lui comme « 
seigneur de l’univers  » (Olam) et la tendance actuelle du
judaïsme semble bien être aussi celle de la «  démesure  »
et de la surenchère, ce contre quoi nous nous battons...

Avouons que nous avons du mal à accepter une dualité qui


ferait d’Esaü –la Chrétienté- le père d’un autre «  peuple 
» que Jacob pas plus d’ailleurs, à la générations précédente
le processus qui ferait d’Ismaël la matrice d’un autre peuple
(les arabes) qu’Isaac ! ( cf Jacqueline Chabbi, Le Coran
décrypté. Figures bibliques en Arabie, Paris, Fayard, 2008,
pp. 49 et seq, et Le Seigneur des tribus  ; L’Islam de
Mahomet, CNRS Editions 2010) En fait, Esaû est
Adam(Edom s’écrit avec les mêmes consonnes qu’Adam)
tout comme Jacob est Israël, d’où les deux formules : fils
d’Adam et fils d’Israël Les Israélites auraient selon nous mis
en scéne dans le livre de la Genése la «  chute  » d’Adam
et c’est une erreur que de rendre Adam par «  Homme  »
alors qu’il incarne une certaine «  humanité  «  ,
celles des «  fils d’Adam  » à ne pas confondre avec
celles des «fils d’Israël  »  qui sont soumis aux
premiers. Notons que déjà sous le régne de David, l’on
distinguait nettement entre ces deux lignages  ; ce qui ne
fit que se confirmer à la mort de Salomon.(cf Livre des Rois)

Le chapitre XXV de la Genése est à ce titre incontournable 


quant aux versets 25 et 30  (avec le «  plat de lentilles):
on y trouve d’abord l’adjectif «  Admoni  », dérivé de
Adom
24 L'époque de sa d‫י‬livrance arriv‫י‬e, il s
‫ ְּב ִב ְטנָּה‬,‫ ָללֶדֶ ת; ְו ִהּנֵה תֹומִם‬,‫כד ַוּי ִמְ לְאּו י ָ ֶמי ָה‬.  qu'elle portait des jumeaux.
25 Le premier qui sortit ‫י‬tait roux (adm
‫ׂשעָר; ַוּיִק ְְראּו‬
ֵ ‫ ּכֻּלֹו ְּכאַּדֶ ֶרת‬,‫כה ַוּיֵצֵא ה ִָראׁשֹון ַאדְ מֹונִי‬ tout son corps pareil ‫ א‬une pelisse; on
‫ׂשו‬
ָ ‫ ֵע‬,‫ׁשְ מֹו‬.  donna le nom d'Eֹsau.
26 Ensuite naquit son frère tenant de la
‫ ַוּיִק ְָרא‬,‫ׂשו‬
ָ ‫ ְוי ָדֹו א ֹ ֶחזֶת ַּב ֲעקֵב ֵע‬,‫כֵן יָצָא ָאחִיו‬-‫כו וְַאח ֲֵרי‬ talon d'ֹEsau et on le nomma Jacob. Is
‫ ְּבלֶדֶ ת א ֹתָ ם‬,‫ׁשנָה‬
ָ ‫ּׁשים‬ִ ‫ׁש‬
ִ -‫ יַעֲק ֹב; ְוי ִ ְצחָק ּבֶן‬,‫ׁשְ מֹו‬.  soixante ans lors de leur naissance.
27 Les enfants ayant grandi, ֹsa devint
;‫ ִאיׁש ׂשָדֶ ה‬,‫ ַויְהִי ֵעׂשָו ִאיׁש י ֹדֵ ַע ַצי ִד‬,‫ ַהּנְע ִָרים‬,‫ כז ַוּיִגְּדְ לּו‬habile chasseur, un homme des champ
‫ יֹׁשֵב א ֹ ָהלִים‬,‫ ְויַעֲק ֹב אִיׁש ּתָ ם‬.  que Jacob, homme inoffensif, v‫י‬cut sou
tente.

‫ א ֹ ֶהבֶת‬,‫ ַצי ִד ְּבפִיו; ו ְִר ְבקָה‬-‫ ּכִי‬,‫ ֵעׂשָו‬-‫ כח ַוּי ֶאֱ הַב י ִ ְצחָק אֶת‬28 lsaac préférait Esau parce qu'il mett
‫יַעֲק ֹב‬-‫אֶת‬.  gibier dans sa bouche;Rebecca préférai
29 Un jour Jacob faisait cuire un potage
‫ וְהּוא ָעי ֵף‬,‫ ַהּׂשָדֶ ה‬-‫ׂשו מִן‬
ָ ‫ נָזִיד; ַוּי ָב ֹא ֵע‬,‫כט ַוּיָז ֶד יַעֲק ֹב‬.  ֹEsau revint des champs, fatigu‫י‬.
30 ֹEsai dit à Jacob: "Laisse-moi avaler,
‫הָָאד ֹם הָָאד ֹם‬-‫ ַה ְלעִי ֵטנִי נָא מִן‬,‫יַעֲק ֹב‬-‫ל וַּי ֹאמֶ ר עֵׂשָ ו אֶל‬ prie, de ce roug (Adom), de ce mets rou
‫ אֱדֹום‬,‫ׁשמֹו‬ְ -‫ּכֵן ק ָָרא‬-‫ ָאנֹכִי; עַל‬,‫ּכִי ָעי ֵף‬--‫ ַהּז ֶה‬.  (Adom), car je suis fatigué‫י‬." C'est ‫ א‬ce
qu'on le nomma Eֹdom.

Selon nous, les fils d’Adam étaient roux et c’est ainsi qu’on
les reconnaissait. Comment comprendre autrement la
formule «  il était semblable à un fils d’Adam  » que l’on
trouve souvent rendu par erreur comme «  fils d’homme 
» ou pis encore «  fils de l’homme  »  ?

Et l’on pourrait retrouver ce même clivage entre Abel et son


aîné Caïn – d’où la formule «  Suis- je le gardien de mon
frère  ?  » (cf. l’interprétation qu’en donne l’Eglise
Unificationniste Moon). Le Livre de l’Exode (ch. III) entérine
cette lecture en présentant Yahvé à Moise comme «  le
dieu d’Abraham, Isaac et Jacob  » On se demandera
toutefois s’il ne convient pas de voir dans ces fratries
divisées une influence due à la sécession du Royaume du
Nord par rapport à celui du Sud. On s’inscrit ici dans une
approche anthropologique du texte biblique(cf Jacqueline
Chabbi. Les trois piliers de l’Islam  ; Lecture
anthropologique du Coran, Paris, Seuil, 2018)

Rappelons que Jacob prendra le nom d’Israël, qui est aussi


le nom du Royaume du Nord et nous y voyons une
interpolation d’autant que par la suite, bien plus tard, Jacob,
quand il bénira ses fils (à la fin du Livre de la Genèse) ne
reprendra pas le nom d’Israël. Ce Jacob qui ravira à Ésaü son
droit d’ainesse, tout comme le Royaume d’Israël s’en prendra
au Royaume de Judée et à sa prétendue suprématie royale, à
la mort de Salomon. Quant à Ismaël, revendiqué par les
Arabo-musulmans, c’est encore une fois l’aîné qui perd
ses droits (cf Claudine Korall "La famille de Jacob à
l'épreuve du pouvoir «  in Pardès 2006/1-2 (N° 40-41) , ce
qui annonce, au demeurant, la thèse selon laquelle le
peuple hébreu, aux dires des Chrétiens, aurait lui aussi, à
l’instar d’Ismaël et d’Esaü, dû laisser la place, d’où cette
affirmation chrétienne d’être le «  Nouvel Israël  »..
Rappelons que dans le Coran, c’est Ismaël qui est promis au
sacrifice et non Isaac  (cf. la fête de lAïd al Ada, plus connu
sous l'appellation Aïd el Khébir), On pourrait se demander si
les tenants du Royaume d’Israël n’auraient pas inventé Isaac
pour détrôner Ismaël de sa «  primauté  » en recourant à
une intervention miraculeuse, ressemblant à un Deus ex
machina..

Or, une autre explication du nom d’Isaac peut être proposée


à la lumière du chapitre XXI du Livre de la Genèse  :
Ismaël « grandit et fut sevré  . Le jour où (son frère) Isaac
fut sevré, Abraham prépara un grand festin. Mais Sarah
voyait que le fils d’Agar, l’Egyptienne, fils qu’elle avait donné
à Abraham, se moquait d’Isaac. Elle dit donc à Abraham « 
Chasse cette esclave et son fils car le fils de cette esclave ne
va pas hériter avec mon fils, avec Isaac. Mais cette parole
déplut beaucoup à Abraham  »

Or, l’original hébreu comporte à la fois le nom de Yitshaq (Iod


Tsadé Heith Qoph) et la forme verbale (temps «  présent) « 
metsaheq  » (Mem tsadé, Heith, Qoph) pour désigner la « 
moquerie  », la ‘  »raillerie  » d’Ismaël à l’encontre
d’Isaac (Yitshaq)

9 Sara vit le fils d'Agar ,‫ ָהגָר הַּמִ צ ְִרית‬-‫ּבֶן‬-‫טוַּתֵ ֶרא ׂשָ ָרה אֶת‬
l'Egyptienne, que celle-ci avait ‫מְ ַצחֵק‬--‫יָלְדָ ה לְַאב ְָרהָם‬-‫אֲׁשֶ ר‬. 
enfanté à Abraham, se livrer à
des railleries  »
On notera bien des traductions inexactes de ce passage, ce
qui rend le cours des choses incompréhensibles  ; C’est
ainsi que dans l’article de Wikipédia  ; l’on résume la scène
de la sorte  : «  Alors qu'on fête le sevrage d’Isaac, Sarah
demande à Abraham de chasser Ismaël  » ou encore on se contente de
rendre le passage par «  il jouait  » au lieu de «  il se moquait  »,
mais André Chouraqui rend bien l’hébreu  (La Bible, Desclée de
Brouwer, 1989, p  . 46) «  Sara voit rire le fils qu’Agar avait enfanté à
Abraham. Elle dit à Abraham «  Répudie cette servante et son fils 
»  . Rappelons que le sevrage correspond au moment où l’enfant ne
reçoit plus le lait maternel (de nos jours autour de l’âge de six mois), ce
qui peut indisposer le dit enfant

Selon nous, on a là un exemple de la «  chute  » du


premier né, phénomène ô combien récurrent dans le
Pentateuque. Le «  crime  » d’Ismaël aura donc été le « 
rire  », ce qui provoquera son départ, tout comme cela
avait été notamment le cas pour Adam, «  chassé du
paradis terrestre  » et le nom d’Isaac ne viendrait pas de
l’effet de surprise de l’annonce d’une nouvelle naissance
mais bien de la conduite malencontreuse de l’aîné alors
qu’au départ, il était bien indiqué «  fils qu’elle avait donné à
Abraham  » en parlant d’Ismaël, sans oublier le bannissement
de l’aîné Caïn face à son cadet Abel qu’il aura tué. Mais trop
c’est trop, et l’on est conduit à penser que le Pentateuque est
porteur d’une idéologie visant à détrôner l’aîné, le prétendant
légitime. Or, l’on ne peut s’empêcher de se demander si
Satan ne serait pas de la partie pour faire chuter le
personnage gênant, dont on convoite de prendre la place,
tant le dit Satan semble la cause des erreurs, des fautes
fatales, et à commencer avec Adam et le serpent. (Genèse III)

Adam à Yahweh  :

10 «  J'ai entendu ta voix, dans le jardin,


et j'ai eu peur, car je suis nu; et je me suis caché.
"

Et Yahweh Dieu dit: " Qui t'a appris que tu es


11 nu? Est-ce que tu as mangé de l'arbre dont je
t'avais défendu de manger? "

L'homme répondit: " La femme que vous avez


12 mise avec moi m'a donné du fruit de l'arbre, et
j'en ai mangé. " Yahweh Dieu dit à la femme:

" Pourquoi as-tu fait cela? " La femme répondit:


13
" Le serpent m'a trompée, et j'en ai mangé."

Yahweh Dieu dit au serpent: " Parce que tu as


fait cela, tu es maudit entre tous les animaux
14 domestiques et toutes les bêtes des champs; tu
marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la
poussière tous les jours de ta vie.
Et je mettrai une inimitié entre toi et la femme,
entre ta postérité et sa postérité; celle-ci te
15
meurtrira à la tête, et tu la meurtriras au talon. 
»

La grande tentation des opprimés n’est-elle pas de conclure


quelque alliance faustienne avec le diable  ? N’est-ce pas
là toute l’ambigüité de ceux qui spéculent sur la chute
d’autrui  ? Que dire ainsi de cette exégèse du chapitre XV
de la Gènes(cf. le commentaire de Moon) qui voudrait
qu’Abraham aurait ainsi faite en «  ratant  » son sacrifice, - il
avait omis de partager les oiseaux- ce qui aurait conduit à
l’errance de ses descendants dans le désert  C’est ainsi
qu’Ismaël sera banni pour avoir «  ri 
7 L'Eternel lui dit encore ( à Abraham): «Je suis l'Eternel qui
t'ai fait sortir d'Ur en Chaldée pour te donner ce pays en
possession.» 8 Abram répondit: «Seigneur Eternel, à quoi
reconnaîtrai-je que je le posséderai?» 9 L'Eternel lui dit:
«Prends une génisse de 3 ans, une chèvre de 3 ans, un bélier
de 3 ans, une tourterelle et une jeune colombe.» 10 Abram
prit tous ces animaux, les coupa par le milieu et mit chaque
morceau l'un vis-à-vis de l'autre, mais il ne partagea pas les
oiseaux.

11 Les oiseaux de proie s'abattirent sur les cadavres, mais


Abram les chassa.
12 Au coucher du soleil, un profond sommeil tomba sur
Abram, et voici qu'il fut assailli par la terreur et une grande
obscurité.
13 L'Eternel dit à Abram: «Sache que *tes descendants seront
étrangers dans un pays qui ne sera pas à eux. On les réduira
en esclavage et on les opprimera pendant 400 ans.

Ceux d’en haut semblent constamment guettés par ceux


d’en bas pout la moindre faute, le plus petit faux pas- qu’ils
pourraient commette. Autrement dit, Satan serait l’allié
objectif de tous ceux qui souffrent de leur condition
subalterne.

Autrement dit, le Pentateuque serait porteur littéralement


d’antijudaïsme et se révélera aisément instrumentalisable, le
temps venu, par le christianisme. Dès lors, quelle attitude les
Juifs doivent-ils adopter par rapport à un tel texte  élaboré,
«  trafiqué  » par les scribes du Royaume du Nord et
comment se fait-il que le dit texte n’ait pas été par la suite,
expurgé, débarrassé  de telles interpolations, dont la plus
marquante concerne selon nous le rapport Ismaël/Israël  ? Il
nous semble qu’un tel syncrétisme aura fini par ne plus être
perceptible, en raison même d’une sacralisation de la lettre
du texte- tout comme bien des clivages finissent par ne plus
être identifiés comme tels (cf. tome III sur les Centuries de
Nostradamus, marquées par les guerres de religion) Croire
que le Pentateuque est d’un seul tenant serait dès lors bien
naïf. Au bout du compte, la question se pose  : les Juifs –
c’est-à-dire descendants des Judéens- sont-ils les fils
d’Israël (alias Jacob) ou d’Ismaël  ? Ne pourrait-on
envisager un renouveau de a critiqué biblique, autour de
l’idée d’un remaniement du texte d’origine, le cas d’Ismaël
attestant, selon nous, de l’existence, d’une mouture plus
ancienne du Pentateuque, antérieure à son «  israélisation 
»  ?

Ce qui vient singulièrement consolider notre thèse tient au


rôle de la vielle de Samarie dans l’histoire de Jacob.

Genèse XXXIII, 20: A son retour (…) Jacob arriva sans


encombre à la ville de Sichem, dans le pays de Canaan et il
installa son camp devant cette ville. (..) Il construisit un autel
qu’il appela El-Elohei-Israel

}‫{ס‬  .‫ אֱֹלהֵי יִׂש ְָראֵל‬,‫אֵל‬--‫לֹו‬-‫ מִ ז ְ ֵּב ַח; ַוּי ִקְ ָרא‬,‫ׁשָם‬-‫ַוּיַּצֶב‬

C’est là la toute première mention du nom d’Israel – nom qui


sera adopté par le Royaume du Nord - et cela précéde de peu
le chapitre XXXV, 10 dans lequel jacob se voit attribuer ce
même nom, celui du dit autel :

10 Dieu lui dit: "Tu te nommes  :‫ ׁשִ מְָך יַעֲק ֹב‬,‫לֹו אֱֹלהִים‬-‫וַּי ֹאמֶ ר‬
Jacob; mais ton nom, ‫י ִׂשְ ָראֵל י ִ ְהי ֶה‬-‫ ּכִי אִם‬,‫י ִּקָ ֵרא ׁשִ מְָך עֹוד יַעֲק ֹב‬-‫ֹלא‬
désormais, ne sera plus ‫ י ִׂשְ ָראֵל‬,‫ׁשְ מֹו‬-‫ ַוּי ִקְ ָרא אֶת‬,‫ׁשְ מֶָך‬. 
Jacob, ton nom sera Israël"; il
lui donna ainsi le nom
d'Israël"

Or, Sichem comme Bethel sont des lieux religieux


marquants pour le Royaume d’Israël, Bethel se trouvant à
l’extrémité sud du dit Royaume, à peu de distance de
Jérusalem. Bethel est même le lieu du songe de l’Echelle où
Jacob aurait reçu le surnom d’Israël.

Quant à la formule «  El-Elohei Israel  », elle n’est pas


sans évoquer la forme «  Elohim  » (cf. dans le Shéma
Israël, la forme Elohéinou associée d’ailleurs
syncrétiquement à la présence de Yahvé. Il apparait donc que
l’on aura voulu unifier les deux cultes, celui d’Elohim et celui
de Yahvé, celui du Royaume d’Israël et celui du Royaume de
Juda, comme il ressort de la prière de l’Ecoute Israël, quand
on proclame l’unité Yahvé-Elohim  On notera que le nom
d’Israël apparait avant l’épisode de l’Echelle de Jacob et
donc ne s’explique pas du fait de sa lutte avec l’ange. En
outre, un passage du Livre du prophète Osée nous
interpelle  au verset 5 du Chapitre XII

La forme «  Yissar  » - futur qui devient passé du fait du


vav conversif qui le précéde- est la même que pour Israel
alors que le nom même d’Israel n’est pas fourni en tant que
tel Dans Genése XXXII, on trouve «  sarita  », tu as lutté.
5 Il (Jacob) lutta (VaYissar) contre un ‫ ָּבכָה‬,‫מַ לְאְָך ַוּיֻכָל‬-‫ה ַוּי ָׂשַ ר אֶל‬
ange et fut vainqueur, et celui-ci ,‫ וְׁשָם‬,‫ י ִמְ צָאֶּנּו‬,‫אֵל‬-‫לֹו; ּבֵית‬-‫ַוּי ִתְ ַחּנֶן‬
pleura et demanda grâce: il devait le ‫י ְדַ ּבֵר עִּמָנּו‬. 
retrouver à Béthel, et là, il parla en
notre faveur.

On comparera ce passage d’Osée XII avec Genèse XXXII

28 Il lui dit alors: "Quel est ton ‫ יַעֲק ֹב‬,‫ּׁשְ מֶָך; וַּי ֹאמֶ ר‬-‫ מַה‬,‫כח וַּי ֹאמֶ ר אֵ לָיו‬. 
nom?" Il répondit: "Jacob."

29 Il reprit: "Jacob ne sera plus ,‫ּכִי‬--‫ ֹלא יַעֲק ֹב י ֵָאמֵ ר עֹוד ׁשִ מְָך‬,‫כט וַּי ֹאמֶ ר‬
désormais ton nom, mais bien ָ‫ׂשָ ִרית‬-‫ּכִי‬  :‫י ִׂשְ ָראֵל‬-‫אִם‬
Israël; car tu as jouté lutté ‫ וַּתּוכָל‬,‫אֲ נָׁשִים‬-‫אֱֹלהִים ְועִם‬-‫עִם‬. 
avec Elohim et des humains
et tu es resté fort."
On peut se demander si le passage du Livre de la Genèse
n’aurait pas été repris du Livre d’Osée, selon la thèse que
nous défendons, celle d’une influence des Livres
Prophétiques, marqués par le schisme entre Israël et Juda
sur la rédaction de livres du Pentateuque.

On notera aussi que si l’Exode est axé sur la Sortie d’Egypte,


au sud de la Terre de Canaan, vers laquelle il faut monter, le
livre de la Genèse, quant à lui, correspond à une descente-
une autre «  sortie  » depuis la Chaldée jusqu’à la dite
terre, en passant par Harran.et d’ailleurs dans Exode III,
Yahvé se réfère à ce qui est raconté dans la Genèse,
instaurant ainsi un parallèle, la Sortie d’Egypte étant
présentée en quelque sorte comme la réplique de celle d’Ur
(Genèse XI).

Genèse XII  1

«  Or l'Eternel avait dit à Abram : Sors de ton pays, et d'avec


ta parenté, et de la maison de ton père, [et viens] au pays que
je te montrerai.  » le texte hébreu donne la forme Lekh
Lekha, ce qui signifie «  pars»  , «  quitte littéralement « 
va-t-en  !  » 

Les patriarches sont marqués par le Nord et non par le Sud


et l’on peut penser que cela s’explique par une rédaction
scripturaire liée au Royaume d’Israël  ; Ajoutons qu’aussi
bien Isaac que Jacob seront conduits à remonter vers le
Nord, en vue de trouver une épouse. (Genèse XXIV), ce qui
renforce le tropisme septentrional.
Dès lors, comment aborder le texte du Pentateuque sans le
relier aux enjeux plus tardifs faisant suite à la mort du roi
Salomon  ? De la même façon (cf. notre tome III), il
importera de mettre en perspective les Centuries de
Nostradamus, mort en 1566, avec la période plus tardive de la
ligue et ce sont les événements les plus récents qui éclairent
les plus anciens, du fait d’un processus d’antidatation.

On en arrive ainsi à se demander si ce n’est pas un tel enjeu


politique –ce qui correspond bel et bien à un schisme que
l’on situe généralement autour de -928, soit au dixième siècle
avant l’ère vulgaire - qui aurait conduit à l’idée de
monothéisme, lequel ne ferait sens que du fait d’un déni de la
réalité de ces deux dieux  ? On aura considérablement
souligné l’importance de l’émergence du monothéisme.
Selon nous, c’est bel et bien la reconnaissance de ce que
notre Humanité doit à un certain dieu- Yahwé- qui est ici
affirmée, ce qui est la base de ce que nous appelons pour
notre part la deuxième théologie laquelle s’oppose à la
première théologie, polythéiste. Et il est clair que ceux qui ne
reconnaissent pas l’exclusivité d’ une telle alliance sont
condamnés par le Décalogue. «  Tu n’aimeras point d’autres
dieux que moi  »

On sait que toute affirmation unitaire(le «  Ehad  ») a


pour corollaire la division tout comme une interdiction est
révélatrice d’une pratique existante  Autrement dit,
l’affirmation unitaire ne ferait sens que par rapport à ce qu’il
faut bien appeler un schisme et cela n’aurait qu’une portée
théologique limitée à un enjeu politique, tout comme le
messianisme prophétique se réduirait à l’attente d’une
réunification, comme on peut l’observer avec Moon et son
Eglise de l’Unification, fondée en 1954 (à ne pas confondre
avec le Président de la Corée du Sud) à propos de la Corée,
le terme unification pouvant aussi bien revêtir une dimension
politique que religieuse. On pense aussi, pour la France, au
climat qui présida à l’Edit de Nantes de 1598 (cf. notre tome
III) Il ne faudrait pas non plus oublier l’opposition à partir du
XVIe siècle entre les gens du Nord, à majorité « 
protestants  » - comme l’étaient les Hébreux du Royaume
d’Ephraïm- et les gens du Sud, liés à Rome, nouvelle
Jérusalem.

On comprend que les tenants de la Trinité, aient été tentés

de se servir du Ehad du Shéma Israel, pour valider leur


approche, à savoir que ce qui est divers est compatible avec
l’idée d’unité. Or, nous avons montré qu’il s’agit là d’un
empiétement du politique sur le théologique, à savoir les
conflits entre les royaumes d’Israël et de Juda mais aussi le
rôle de Cyrus le Perse pour ramener les Hébreux sur la terre
dont ils avaient été arrachés quelque temps plus tôt, ce qui
aura conduit à l’idée de Messie, d’un envoyé non juif  ,
étranger, de Yahvé chargé de conduire le peuple hébreu, avec
de façon emblématique une réécriture de la Sortie d’Egypte
sous la guidance d’un Moïse, visiblement, à la lecture
d’Exode III, censé ne pas appartenir au dit peuple. On
retrouve un tel scénario dans la saga «  Dune  » de Frank
Herbert (cf. le film de David Lynch), quand Paul Atreides
(devenu Muad dib) est chargé de libérer les «  Freemen 
» , les habitants de la planète Dune, d’où est issu une
précieuse épice En fait, le cas de Cyrus ressemble
singulièrement à celui de Moïse et il est tout à fait concevable
que le récit de l’Exode sur la Sortie d’Egypte et le « 
retour  » en Canaan ait été calqué sur le retour de l’exil de
Babylone, lui-même ayant fait l’objet de prophéties. On
trouve dans le Livre d’Osée , au chapitre IX des références à
la Sortie d’Egypte qui nous interpellent 

01 Oui, j’ai aimé Israël dès son enfance, et, pour le faire sortir
d’Égypte, j’ai appelé mon fils.

Que faut-il comprendre  : que Moïse, l’envoyé de Yahvé


est son fils ou bien que Yahvé aimait appeler Israël son fils 
? Nous penchons pour la seconde leçon  :

: Yahvé désigne ici selon nous Israël mais aussi Ephraïm –


une autre façon de désigner le Royaume du  Nord- comme
«  mon fils  » Le texte hébreu comporte une lacune 
; ‫קראתי לו בני‬,

Chapitre XII

1 Quand Israël était jeune, je ‫ קָ ָראתִ י‬,‫ וָא ֹ ֲהבֵהּו; ּומִ ּמִ צ ְַרי ִם‬,‫א ּכִי נַעַר י ִׂשְ ָראֵל‬
l'avais pris en affection; du ‫ ִל ְבנִי‬. 
fond de l'Egypte je l’ai appelé
mon fils. (Qarati (lo) Lebni)

2 [D'autres] les ont appelés: ‫ ַל ְּב ָעלִים‬--‫ ָהלְכּו מִ ְּפנֵיהֶם‬,‫ ָלהֶם; ּכֵן‬,‫ב קָ ְראּו‬
aussitôt ils sont allés à eux, ‫ ְו ַל ְּפ ִסלִים י ְקַ ּטֵרּון‬,‫יְזַּבֵחּו‬. 
sacrifiant aux Baals, offrant de
l'encens aux idoles.

3 Pourtant, c'est moi qui ai ;‫ז ְרֹוע ֹתָ יו‬-‫ קָ חָם עַל‬,‫ג וְָאנֹכִי תִ ְר ַּגלְּתִ י לְאֶ פ ְַרי ִם‬
dirigé les pas d'Ephraïm. Je ‫ ּכִי ְרפָאתִ ים‬,‫וְֹלא י ָדְ עּו‬. 
les ai pris sur les bras! Mais
ils n'ont pas voulu savoir que
je leur apportais la guérison.

Soulignions que l’adoration des idoles fabriquées par


l’homme n’’est nullement du même ordre que celles des
astres ou même d’autres divinitésne relevant pas de la
création par l’homme. Le chapitre VIII du prophéte Osée nous
semble particulièrement éclairant à ce propos  tout comme
le rapport d’Abraham avec les idoles  :

Osée, chapitre V III s’adressant aux gens du Royaume


d’Israël
 .‫ ֹלא יּוכְלּו נִ ָּקי ֹן‬,‫מָתַ י‬-‫ ח ָָרה ַאּפִי ּבָם; עַד‬,‫ ה זָנַח ֶעגְלְֵך ׁש ֹמְ רֹון‬5 Ton veau (Eguelkha), ô Samarie, a
place, ma colère s'est allumée contre
jusqu'à quand seront-ils incapables d
pureté?
 :‫ וְֹלא אֱֹלהִים הּוא‬,‫ח ָָרׁש ָעׂשָהּו‬--‫ וְהּוא‬,‫ ו ּכִי מִ ּי ִׂשְ ָראֵל‬6 Il est bien l'œuvre d'Israël; un artis
 .‫ ֵעגֶל ׁשֹמְרֹון‬,‫ׁשְ ָבבִים י ִ ְהי ֶה‬-‫ ּכִי‬confectionné (Assahou), et il n'est p
dieu (Elohim) certes, le veau (Eguel
Samarie sera réduit en menus morce

On pense aussi au Veau d’Or du Livre de l’Exode, œuvre des


scribes du Royaum d’Israel, culte qui apparait comme la
tentation récurrente de la maison d’Israël

Abraham et les idoles  :


Midrash Bereshit Rabba 38:19

«  Une femme vint un jour, avec un panier de farine. Elle dit: "
pour tes dieux."Abraham prit un bâton, et fracassa toutes les idoles, à
l'exception de la plus grande, dans la main de laquelle il mit le bâton.
Son père revint et demanda ce qui s'était passé. [Abraham] répondit:
"Cacherais-je quoi que ce fût à mon père  ? Une femme est ve
avec un panier de farine et m'a demandé de les donner à ces dieux." Lor
je l'ai offerte, un dieu a dit  :"Moi d'abord  !", un autre "Non, moi d'a
!" Alors, le plus grand s'est levé et a brisé toutes les autres.
[Son père] lui dit  : "Te moques-tu de moi  ? Comment pourraient-el
faire quoi que ce soit  ?"

Mais une autre question se pose, à savoir l’hypothèse d’une


appropriation de la Sortie d’Egypte par le royaume d’Israël,
d’où dans le Livre de l’Exode la formule récurrente des « 
fils d’Israel  » (Beney Israel) et l’épisode du Veau d’Or va
dans ce sens. «  Le roi fondateur du royaume d'Israël,
Jéroboam Ier, après le schisme politique qu'il a provoqué, avait fait
ériger à Dan et Béthel, aux deux extrémités de son nouveau royaume,
des veaux d'or en tant que symboles de Dieu  » (Wikipedia)
Rappelons la formule du préambule du Décalogue  qu’il faut
comprendre comme rédigé à l’adresse du Royaume d’Israël  et toute
la mission de Jésus aura consisté, selon nous, à obtenir un tel pardon de
la part de ce Dieu vindicatif  , traitant différemment les deux
Royaumes d’où l’émergence d’une protestation qui débouchera sur le
christianisme, à savoir le passage d’un Dieu créateur et à un homme
créateur, soit la transition de la Deuxiéme vers la Troisiéme Création,
laquelle est manifestée dès le deuxiéme chapitre du Livre de la Genése.
5  Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne
les serviras point; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu
jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la
troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent,

6  et qui fais miséricorde jusqu’en mille générations à


ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.

7  Tu ne prendras point le nom de l’Éternel, ton Dieu,


en vain; car l’Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra
son nom en vain.

Selon nous, les rédacteurs à la solde du Royaume d’Ephraïm


–Israël voulurent mettre en place un récit consacré aux « 
Israélites  », précédant celui concernant les Judéens,
rendus à leur terre par Cyrus  ! Signalons qu’il est probable
qu’au temps présumé de la Sortie d’Egypte, la Palestine
aurait été controlée par l’Egypte, ce qui aurait rendu
l’entreprise assez vaine  !
  Notons que dans Exode III, Episode du Buisson
Ardent, Jacob n’est pas désigné sous le nom d’Israël alors
même qu’il est dit «  Parle aux enfants d’Israël  ».
En revanche, on trouve la formule «  Elohei Israël  » dans
le Deutéro Isaïe  :

Exode III

15 Dieu dit encore à Moïse: ‫ת ֹאמַ ר‬-‫ ּכ ֹה‬,‫מ ֹׁשֶה‬-‫טו וַּי ֹאמֶ ר עֹוד אֱֹלהִים אֶל‬
"Parle ainsi aux enfants ‫ י ְהוָה אֱֹלהֵי אֲ ב ֹתֵ יכֶם אֱֹלהֵי‬,‫ ְּבנֵי י ִׂשְ ָראֵל‬-‫אֶל‬
d'Israël (sic): ‘Yahwé, le ;‫ ׁשְ ָל ַחנִי אֲ לֵיכֶם‬,‫ַאב ְָרהָם אֱֹלהֵי י ִ ְצחָק וֵאֹלהֵי יַעֲק ֹב‬
Dieu (Elohei) de vos pères, ‫ ְוז ֶה זִכ ְִרי לְד ֹר ּד ֹר‬,‫ּׁשְ מִי לְעֹלָם‬-‫ז ֶה‬. 
le Dieu (Elohei) d'Abraham,
Elohei d'Isaac et Elohei

de Jacob, m'envoie vers


vous.’ Tel est mon nom à
jamais, tel sera mon attribut
dans tous les âges.

Isaie XLV

1 Ainsi parle l'Eternel à son ‫ְכֹורׁש‬


ֶ ‫ לִמְ ׁשִיחֹו ל‬,‫ָאמַ ר י ְהוָה‬-‫א ּכ ֹה‬
Oint, à Cyrus je l'ai pris par la ‫ ּומָתְ נֵי‬,‫ ְל ָפנָיו ּגֹוי ִם‬-‫ ֶה ֱחז ַקְּתִ י בִימִ ינֹו ל ְַרד‬-‫אֲ ׁשֶ ר‬
main pour mettre les nations à ‫ ּוׁשְ ע ִָרים‬,‫ ִלפְּת ֹ ַח ְל ָפנָיו ּדְ לָתַ י ִם‬--‫ אֲ פַּתֵ ַח‬,‫מְ ָלכִים‬
ses pieds et délier les ‫ֹלא י ִ ָּסגֵרּו‬. 
ceintures des rois, pour ouvrir
devant lui les battants et
empêcher que les portes lui
soient fermées :

3 Je te donnerai des trésors  :‫ ּומַ טְמֻ נֵי מִ סְּתָ ִרים‬,‫ג ְונָתַ ּתִ י לְָך אֹוצְרֹות ח ֹׁשְֶך‬
enfouis dans les ténèbres, des ‫אֱֹלהֵי‬--‫ַּקֹורא בְׁשִ מְָך‬
ֵ ‫אֲ נִי י ְהוָה ה‬-‫ ּכִי‬,‫לְמַ עַן ּתֵ דַ ע‬
richesses cachées dans des ‫י ִׂשְ ָראֵל‬. 
lieux secrets, pour que tu
saches que je suis Yahwé, le
Dieu d'Israël (Elohei Israel),
qui t'appelle par ton nom.

Au début du livre d’Esdras (chapitre I), il est clair que la


cible de Cyrus est bien Jérusalem et les Judéens (si ce n’est
la présence tout à fait incongrue de la référence au Dieu
d’Israël, c’est-à-dire de Jacob, le royaume perdu du Nord, au
troisième verset 

La première année de Cyrus, roi de Perse, afin que


s'accomplît la parole de l'Éternel prononcée par la bouche de
Jérémie, l'Éternel réveilla l'esprit de Cyrus, roi de Perse, qui
fit faire de vive voix et par écrit cette publication dans tout
son royaume:
2

Ainsi parle Cyrus, roi des Perses: L'Éternel, le Dieu des


cieux, m'a donné tous les royaumes de la terre, et il m'a
commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem en Juda.

Qui d'entre vous est de son peuple? Que son Dieu soit avec
lui, et qu'il monte à Jérusalem en Juda et bâtisse la maison
de l'Éternel, le Dieu d'Israël! C'est le Dieu qui est à Jérusalem.

Dans tout lieu où séjournent des restes du peuple de


l'Éternel, les gens du lieu leur donneront de l'argent, de l'or,
des effets, et du bétail, avec des offrandes volontaires pour la
maison de Dieu qui est à Jérusalem.

Les chefs de famille de Juda et de Benjamin, les


sacrificateurs et les Lévites, tous ceux dont Dieu réveilla
l'esprit, se levèrent pour aller bâtir la maison de l'Éternel à
Jérusalem.

En fait, selon nous, les tribus du Royaume d’Israël étant


soumises à la maison de David ne comportaient pas des
Hébreux mais des populations asservies, colonisées et
éventuellement judaisées, supportant mal un tel joug de la
part de la «  maison de David  », au sein d’un empire
pluriethnique. On sait que cela fut le cas de différents
peuples placés dans un état de dépendance, tributaires par
rapport à un ensemble plus puissant. A certaines époques,
Edom fut vassal de Juda, Moab fut vassal d'Israël etc

  En fait, selon nous, David est étranger aux


dites populations et c’est d’ailleurs une condition nécessaire
pour qu’il puise les guider, comme ce fut le cas d’un Joseph
en Egypte, par la grâce du Pharaon ou d’un Cyrus .
Fondamentalement, le chef est censé être (un) étranger au
groupe qu’il va conduire, le terme étranger devant être prise
au sens le plus large, à savoir éventuellement issu d’une
autre classe, d’une autre caste ‘(cf notre tome II) En ce sens,
l’alliance de Dieu ne peut exister qu’avec des individus et
non avec un peuple
‫ י ְהוָה‬,‫ ְּבנֵי יִׂש ְָראֵל‬-‫ת ֹאמַר אֶל‬-‫ ּכ ֹה‬,‫מ ֹׁשֶה‬-‫ טו וַּי ֹאמֶ ר עֹוד אֱֹלהִים אֶל‬15 Elohim dit encore à Moïse
;‫ ׁשְ ָל ַחנִי ֲאלֵיכֶם‬,‫ אֱֹלהֵי אֲ ב ֹתֵ יכֶם אֱֹלהֵי ַאב ְָרהָם אֱֹלהֵי יִ ְצחָק וֵאֹלהֵי יַעֲק ֹב‬ainsi aux enfants d'Israël: ‘Yah
 .‫ ְוז ֶה זִכ ְִרי לְד ֹר ּד ֹר‬,‫ּׁשְ מִי לְעֹלָם‬-‫ ז ֶה‬Dieu de vos pères, le Dieu d'A
d'Isaac et de Jacob, m'envoie v
vous.’ Tel est mon nom à jama
sera mon attribut dans tous les

Le terme «  maison de David  » traite d’une question de


dynastie  : on a d’un côté un peuple, relevant de la
Troisiéme Création et de l’autre, une famille de chefs,
relevant de la Deuxiéme Création, dont la mission est
d’encadrer et de conduire les peuples. L’on comprend que
lors du Schisme, la masse du peuple se soit séparée de la
maison de David. Mais dans l’Evangile de Mathieu, en son
premier chapitre, la généalogie de Jésus est une série de
personnage, ce qui nous montre la dimension individuelle
des chefs, d’où le nombre de noms propres au début du Livre
de la Genése.

Genése chapitre V
‫ ְּכ ַצלְמֹו; ַוּיִק ְָרא‬,‫ וַּיֹולֶד ּבִדְ מּותֹו‬,‫ ׁשְֹלׁשִים ּומְַאת ׁשָ נָה‬,‫ ג ַויְחִי ָאדָ ם‬3 Adam, ayant vécu cent trente
 .‫ ׁשֵת‬,‫ׁשְ מֹו‬-‫ אֶת‬produisit un être à son image e
sa forme, et lui donna pour nom

 .‫ ֱאנֹוׁש‬-‫ אֶת‬,‫ חָמֵ ׁש ׁשָ נִים ּומְַאת ׁשָ נָה; וַּיֹולֶד‬,‫ׁשֵת‬-‫ ו ַויְחִי‬6 Seth, ayant vécu cent cin
engendra ‫ة‬nos.
;‫ׁשנָה‬
ָ ‫ׁשמֹנֶה מֵאֹות‬
ְ ‫ ּו‬,‫ׁשבַע ׁשָ נִים‬
ֶ ,‫אֱ נֹוׁש‬-‫ ַאח ֲֵרי הֹולִידֹו אֶת‬,‫ׁשֵת‬-‫ ז ַויְחִי‬7 Après avoir engendré ‫ة‬no
 .‫ ּובָנֹות‬,‫ וַּיֹולֶד ָּבנִים‬vécut huit cent sept ans, en
des fils et des filles.
 .‫ׁשנָה; ַוּי ָמ ֹת‬
ָ ‫ׁשע מֵאֹות‬
ַ ְ‫ ּות‬,‫ׁשנָה‬
ָ ‫ ׁשְּתֵ ים עֶׂשְ ֵרה‬,‫ׁשֵת‬-‫י ְמֵ י‬-‫ ּכָל‬,‫ ח ַוּיִהְיּו‬8 Tous les jours de Seth fur
}‫ {ס‬neuf cent douze ans, après
mourut.
 .‫קֵ ינָן‬-‫ אֶת‬,‫ ּתִ ׁשְ עִים ׁשָ נָה; וַּיֹולֶד‬,‫ ט ַויְחִי אֱ נֹוׁש‬9 ‫ة‬nos vécut quatre-vingt-d
engendra Kênân

Evangile de JC selon Mathieu, Chapitre I


01 GENEALOGIE DE JESUS, CHRIST, fils de David, fils d’Abraham.
02 Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda
et ses frères,
03 Juda, de son union avec Thamar, engendra Pharès et Zara, Pharès
engendra Esrom, Esrom engendra Aram,
04 Aram engendra Aminadab, Aminadab engendra Naassone, Naassone
engendra Salmone,
05 Salmone, de son union avec Rahab, engendra Booz, Booz, de son
union avec Ruth, engendra Jobed, Jobed engendra Jessé,
06 Jessé engendra le roi David. David, de son union avec la femme
d’Ourias, engendra Salomon, etc

II Rois XVII

20 Voilà pourquoi Dieu rejeta ,‫ ַוי ְ ַעּנֵם‬,‫ז ֶַרע י ִׂשְ ָראֵל‬-‫ַוּי ִמְַאס י ְהוָה ְּבכָל‬
toute la race d'Israël, qu'il rendit ,‫עַד אֲ ׁשֶ ר הִׁשְ לִיכָם‬--‫ׁשֹסִים‬-‫ ְּבי ַד‬,‫ַוּי ִּתְ נֵם‬
malheureuse et livra au pouvoir ‫מִ ָּפנָיו‬. 
des pillards; il alla même jusqu'à
les chasser de devant lui.

21 C'est qu'Israël avait déchiré le ,‫ מֵ עַל ּבֵית ּדָ וִד‬,‫קָ ַרע י ִׂשְ ָראֵל‬-‫כא ּכִי‬
pacte qui l'unissait à la maison )‫נְבָט; וידא ( ַוּי ַּדַ ח‬-‫י ָָר ְבעָם ּבֶן‬-‫ אֶת‬,‫ַוּי ַמְ לִיכּו‬
de David et pris pour roi ‫ ְו ֶה ֱחטִיָאם‬,‫י ִׂשְ ָראֵל מֵַאח ֲֵרי י ְהוָה‬-‫י ָָר ְבעָם אֶת‬
Jéroboam, fils de Nebat. Celui-ci ‫ ֲחטָָאה גְדֹולָה‬. 
avait éloigné Israël de Yahwé et
lui avait fait commettre de
grands péchés.
Allons plus loin, Il semble bien que le christianisme soit lié au
Royaume d’Israël et que les Chrétiens se retrouvèrent peu ou
prou dans la même situation, des siècles plus tard. Dans
l’Evangile de Luc (I, 33)  », qui nous semble le plus
vraisemblable, il est dit que Jésus «  régnera sur la maison
de Jacob  » c’est-à-dire celle qui s’oppose à la maison de
Juda.

Mathieu XV, 24

Jésus «  répondit: Je n'ai été envoyé qu'aux brebis


perdues de la maison d'Israël  »

Jésus réunit sur sa personne pas moins de trois


messianismes , celui virtuel de l’attente du Messie fils de
Joseph et du Messie fils de David mais aussi celui bien réel
de l’intervention providentielle de Cyrus ce qui générera
l’histoire de Moïse, ce qui annihile les deux autres
messianismes.

Isaïe 45, 1-4 ; 8

1 Ainsi parle Yahvé à son ‫ְכֹורׁש‬


ֶ ‫ לִמְ ׁשִיחֹו ל‬,‫ָאמַ ר י ְהוָה‬-‫א ּכ ֹה‬
Messie, à Cyrus je l'ai pris par ‫ ּומָתְ נֵי‬,‫ ְל ָפנָיו ּגֹוי ִם‬-‫ ֶה ֱחז ַקְּתִ י בִימִ ינֹו ל ְַרד‬-‫אֲ ׁשֶ ר‬
la main pour mettre les ‫ ּוׁשְ ע ִָרים‬,‫ ִלפְּת ֹ ַח ְל ָפנָיו ּדְ לָתַ י ִם‬--‫ אֲ פַּתֵ ַח‬,‫מְ ָלכִים‬
nations à ses pieds et délier ‫ֹלא י ִ ָּסגֵרּו‬. 
les ceintures des rois, pour
ouvrir devant lui les battants
et empêcher que les portes lui
soient fermées

On note que Moïse dans Exode III n’est pas présenté


comme un Hébreu, pas plus que ne l’est le roi de Perse
Cyrus ou Joseph   et quant à Jésus, sa dimension divine,
déjà attestée dans Mathieu I, le place en marge du peuple
juif, ce qui le fait correspondre virtuellement au modèle « 
Cyrus  ».

Mais pourquoi le Deutéro-Isaïe, en son chapitre 45, où il est


question du roi de Perse qui va reconduire les Judéens dans
leur «  patrie  » fait-il référence à Israël  ? Il y a là quelque
forme d’anachronisme et on flaire une interpolation. Selon
nous, ce serait la preuve que les Livres Prophétiques
auraient été retouchés au profit du Royaume du Nord ou en
tout cas cela vaut pour les additions au Livre d’Isaïe à partir
du chapitre 40. En fait, tout indique que le Deutéro Isaie est
marqué par le Royaume d’Ephraïm (un des fils de Joseph) et
non par celui de Juda . Le Deutéro Isaie met en orbite, selon
nous, le «  Messie fils de Joseph  » et Jésus semble avoir
voulu correspondre à un tel profil lié à la résurgence des « 
tribus (brebis) perdues  »

Le Deutéro-Isaie –qui vient se greffer sur les 39 premiers


chapitres du Livre d’Isaie – comme le  Nouveau Testament
sur le «  Premier  »- nous apparait comme une clef
essentielle pour circonscrire le personnage de Jésus.

Il y est question de «  ramener Jacob et grouper Israël


autour de lui (..) relever les tribus de Jacob et rétablir les
ruines d’Israel  » On devine que celui qui aura pour tâche
de mener à bien une telle mission est un Messie/ Il s’agit de
«  libérer Israël  ».

Isaie chapitre 49

3 Et il m'a dit: "Tu es mon ,‫י ִׂשְ ָראֵל‬--‫אָּתָ ה‬-‫ ַעבְּדִ י‬,‫ג וַּי ֹאמֶ ר לִי‬
serviteur; Israël, c'est par toi que ‫ּבְָך אֶתְ ּפָָאר‬-‫אֲׁשֶ ר‬. 
je me couvre de gloire."

4 Cependant moi je pensais: "En ‫ לְת ֹהּו ְו ֶהבֶל‬,‫ד וַאֲ נִי ָאמַ ְרּתִ י ל ְִריק יָגַעְּתִ י‬
vain je me suis fatigué, c'est ‫ ּו ְפ ֻעּלָתִ י‬,‫י ְהוָה‬-‫ּכֹחִי ִכּלֵיתִ י; ָאכֵן מִ ׁשְ ָּפטִי אֶת‬
pour le vide et le néant que j'ai }‫{ס‬  .‫אֱֹלהָי‬-‫אֶת‬
dépensé ma force." Mais non,
mon droit est auprès de l'Eternel,
et ma récompense auprès de
mon Dieu.(Elohay)

5 Et maintenant, s'adressant à ,‫ יֹוצ ְִרי מִ ֶּבטֶן ְל ֶעבֶד לֹו‬,‫ה ְועַּתָ ה ָאמַ ר י ְהוָה‬
moi, l'Eternel qui m'a créé pour )‫ ְוי ִׂשְ ָראֵל לא (לֹו‬,‫לְׁשֹובֵב יַעֲק ֹב אֵ לָיו‬
être son serviteur, pour lui ‫ וֵאֹלהַי ָהי ָה‬,‫י ֵָאסֵף; וְאֶ ָּכבֵד ְּבעֵינֵי י ְהוָה‬
ramener Jacob et grouper Israël ‫ ֻעּז ִי‬. 
autour de lui car grand est mon
prix aux yeux de Yahwé et mon
Dieu (Elohei) est ma force,

6 (Yahwé) me dit: "C'est trop peu ‫ ְלהָקִ ים‬,‫ נָקֵל מִ הְיֹותְ ָך לִי ֶעבֶד‬,‫ו וַּי ֹאמֶ ר‬
que tu sois mon serviteur, pour ‫ְצּורי) י ִׂשְ ָראֵל‬
ֵ ‫ ונצירי (ּונ‬,‫ׁשִ ְבטֵי יַעֲק ֹב‬-‫אֶת‬
relever les tribus de Jacob et ‫ ִלהְיֹות‬,‫ְלהָׁשִ יב; ּונְתַ ּתִ יָך לְאֹור ּגֹוי ִם‬
rétablir les ruines d'Israël; je  .‫ָָארץ‬
ֶ ‫קְ צֵה ה‬-‫י ְׁשּועָתִ י עַד‬
veux faire de toi la lumière des }‫{ס‬
nations, mon instrument de salut
jusqu'aux confins de la terre."

7 Ainsi parle Yahwé, le libérateur ,‫י ְהוָה ּג ֹאֵל י ִׂשְ ָראֵל קְ דֹוׁשֹו‬-‫ז ּכ ֹה ָאמַ ר‬
d'Israël, son Saint, à celui qui est ,‫נֶפֶׁש לִמְתָ עֵב ּגֹוי ְל ֶעבֶד מ ֹׁשְ לִים‬-‫ִלבְז ֹה‬
un objet de mépris pour les ‫לְמַ עַן‬--‫ ׂשָ ִרים ְוי ִׁשְּתַ חֲוּו‬,‫מְ ָלכִים י ְִראּו וָקָ מּו‬
hommes, de répulsion pour les  .ָ‫ קְ ד ֹׁש י ִׂשְ ָראֵל ַוּי ִ ְבח ֶָרּך‬,‫י ְהוָה אֲׁשֶ ר נֶאֱ מָ ן‬
peuples, à l'esclave des }‫{ס‬
puissants: "Des rois, en le
voyant, se lèveront, des princes
se prosterneront, par égard pour
Yahwé qui est fidèle à ses
promesses, du Saint d'Israël qui
t'a élu."

. En ce sens l’empire britannique ferait pendant pour la


maison d’Israel à l’empire perse pour les Judéens. En ce qu’il
ramène les Hébreux -cf la Déclaration Balgour comparable
à l’édit de Cyrus- vers leur Terre à l’instar d’un Cyrus et de
son calque Moïse.

Le Deutéro Isaie est à relier au Deutéronome tout comme au


Nouveau Testament, qui ne serait en fait qu’un Deutéro-
Testament.

N’est ce point dans le Deutéronome que l’on trouve la


formule «  Shéma Israel  » au chapitre VI. 
?

Deutéro Isaie ch 41

8 Mais toi, Israël, mon serviteur, ;‫ יַעֲק ֹב אֲ ׁשֶ ר ְּבח ְַרּתִ יָך‬,‫ח וְאַּתָ ה י ִׂשְ ָראֵל ַעבְּדִ י‬
Jacob, mon élu, postérité ‫ ַאב ְָרהָם א ֹ ֲהבִי‬,‫ז ֶַרע‬. 
d'Abraham qui m'aimait,

Deutéronome VI

3 Tu écouteras( Veshemata) ‫ אֲ ׁשֶ ר‬,‫ וְׁשָמַ ְרּתָ ַלעֲׂשֹות‬,‫ג וְׁשָמַ עְּתָ י ִׂשְ ָראֵל‬
donc, Israël, et tu observeras  :‫ וַאֲ ׁשֶ ר ּתִ ְרּבּון מְא ֹד‬,‫י ִיטַב לְָך‬
avec soin, afin de prospérer et ‫אֶ ֶרץ‬--‫ לְָך‬,‫ּכַאֲ ׁשֶ ר ּדִ ּבֶר י ְהוָה אֱֹלהֵי אֲ ב ֹתֶ יָך‬
de multiplier sans mesure, ainsi }‫{פ‬  .‫ ּודְ בָׁש‬,‫זָבַת ָחלָב‬
que l'Éternel, Dieu de tes pères,
te l'a promis, dans ce pays
ruisselant de lait et de miel.

4 Ecoute, Israël: (Shéma Israel) ‫י ְהוָה‬  :‫ י ִׂשְ ָראֵל‬,‫ד ׁשְ מַ ע‬


l'Éternel est notre Dieu, ‫ י ְהוָה אֶ חָד‬,‫אֱֹלהֵינּו‬. 
l'Éternel est un (Ehad)!

Cette affirmation d’unité vise selon nous à valider l’idée que


le Dieu de Juda ne ferait qu’un avec celui d’Israël, ce qui
annonce les revendications chrétiennes de l’Epitre de Paul
aux Ephésiens. En vérité, on ne trouve point dans les 39
premiers chapitres d’Isaïe de telles références à Israël  et
c’est d’ailleurs, ce qui a conduit les historiens à parler d’un
Deutéro-Isaïe. La question de l’alliance se pose donc à la fois
au niveau diachronique –par le biais de la Nouvelle Alliance –
mais aussi au niveau synchronique quant aux populations
qui sont concernées. Or, selon nous, les populations d’Israël
n’ont pas le même statut que celles de Juda lesquelles ont
été sauvées à la différence de celles d’Israël.

Mais revenons sur l’occurrence du Livre de la Genèse, où


Jacob devient Israël

28 Il lui dit alors: "Quel est ton ‫ יַעֲק ֹב‬,‫ּׁשְ מֶָך; וַּי ֹאמֶ ר‬-‫ מַה‬,‫כח וַּי ֹאמֶ ר אֵ לָיו‬. 
nom?" Il répondit: "Jacob."

29 Il reprit: "Jacob ne sera plus ,‫ּכִי‬--‫ ֹלא יַעֲק ֹב י ֵָאמֵ ר עֹוד ׁשִ מְָך‬,‫כט וַּי ֹאמֶ ר‬
désormais ton nom, mais bien ָ‫ׂשָ ִרית‬-‫ּכִי‬  :‫י ִׂשְ ָראֵל‬-‫אִם‬
Israël; car tu as jouté contre ‫ וַּתּוכָל‬,‫אֲ נָׁשִים‬-‫אֱֹלהִים ְועִם‬-‫עִם‬. 
des puissances célestes et
humaines et tu es resté fort."

Or, l’on nous explique que ce surnom est donné à Jacob


parce qu’il est «  resté fort  ». Le nom même d’Israël
correspond à une racine fort peu usitée. A contrario, le nom
du prophète Ezéchiel est constitué du mot  » Hazak  »
‫ חזק‬qui signifie «  fort  » et de EL, Dieu. D’où Iehezkiel, ‫; י ְ ֶחז ְקֵאל‬
Or, le Livre d’Ezéchiel annonce la restauration d’Israël

Chapitre XI d’Ezéchiel  :

Ezéchiel

Ch. XXXVI

1 Or toi, fils de l'homme, ;‫ה ֵָרי י ִׂשְ ָראֵל‬-‫ ִהּנָבֵא אֶל‬,‫ָאדָ ם‬-‫א וְאַּתָ ה בֶן‬
prophétise sur les montagnes ‫י ְהוָה‬-‫ ׁשִ מְ עּו ּדְ בַר‬,‫ה ֵָרי י ִׂשְ ָראֵל‬-- ָ‫וְָאמַ ְרּת‬. 
d'Israël (Harey Israel) et dis-
leur: Montagnes d'Israël,
écoutez la parole de l'Eternel!

On retrouve ici le pluriel du «  Shéma Israël  », Ecoute


Israël. En fait, le personnage d’Ezéchiel est missionné pour
mettre en garde les gens du Royaume d’Israël Un autre
prophète porte le nom de «  El  », c’est Daniel., ce qui
n’est le cas ni d’Isaïe, ni de Jérémie qui comportent « 
Iahou  » (Yahwé)
Ch. XXXVII

11 Alors il (Yahvé) me dit: "Fils de ‫ ָה ֲעצָמֹות‬,‫ָאדָ ם‬-‫ ּבֶן‬,‫ אֵ לַי‬,‫יא וַּי ֹאמֶ ר‬
l'homme, (Ben Adam) ces ‫ּבֵית י ִׂשְ ָראֵל‬-‫הָאֵ ּלֶה ּכָל‬. 
ossements, c'est toute la maison
d'Israël (Beyt Israël).

Or, on trouve des similitudes entre les deux livres,


notamment à propos des «  Hayoth  » au chapitre
VII de Daniel (en araméen)  : on note que dans certaines
bibles (cf. Société Biblique de Genève), le livre de Daniel suit
immédiatement celui d’Ezéchiel.

3 Et quatre bêtes énormes ,‫י ַּמָא‬-‫ ָסלְקָ ן מִ ן‬,‫ְַארּבַע חֵיוָן ַרב ְְרבָן‬
ְ ‫גו‬
surgirent du fond de la mer, ‫ּדָ א‬-‫ ּדָ א מִ ן‬,‫ׁשָ נְי ָן‬. 
différentes l'une de l'autre.

4 La première était semblable à un ;‫נְׁשַ ר לַּה‬-‫ ְוגַּפִין ּדִ י‬,‫ְַארי ֵה‬


ְ ‫ד קַ דְ מָ י ְתָ א כ‬
lion (Arié) et avait des ailes d'aigle )‫ּמְ ִריטּו גפיה ( ַגּפַּה‬-‫ָחז ֵה ֲהוֵית עַד ּדִ י‬
(Nésher); tandis que je regardais, ‫ ַרגְ ַלי ִן ּכֶאֱ נָׁש‬-‫ ְועַל‬,‫ַארעָא‬
ְ -‫ּונְטִילַת מִ ן‬
les ailes lui furent arrachées, elle ‫ יְהִיב לַּה‬,‫ ּו ְלבַב אֱ נָׁש‬,‫הֳקִ ימַת‬. 
fut soulevée de terre, redressée
sur ses pieds comme un homme
(Enash), et elle reçut un cœur
d'homme.
Ezéchiel Ch. Ier

10 Quant à la forme de leurs ‫ַארי ֵה‬


ְ ‫ ּו ְפנֵי‬,‫ ְּפנֵי ָאדָ ם‬,‫ּודְ מּות ְּפנֵיהֶם‬
visages, elles avaient toutes ‫ׁשֹור‬-‫ ּו ְפנֵי‬,‫ְַאר ַּבעְּתָ ם‬
ְ ‫ ַהּי ָמִ ין ל‬-‫אֶל‬
quatre une face d'homme (Adam) ,‫נֶׁשֶ ר‬-‫ְַאר ַּבעְּתָ ן; ּו ְפנֵי‬
ְ ‫מֵ הַּׂשְ מ ֹאול ל‬
et à droite une face de lion (Arié), ‫ְַאר ַּבעְּתָ ן‬
ְ ‫ל‬. 
toutes quatre une face de taureau
(Shor) à gauche et toutes quatre
une face d'aigle (nésher)

On est là dans un processus d’antidatation que nous avons


bien étudié à propos des Centuries de Nostradamus (cf. .
tome III) En effet, Cyrus le Perse, est envoyé vers le peuple
hébreu à l’instar de Moïse l’Egyptien et il sera salué en tant
que Messie

En effet, le statut particulier de Moise ne s’explique pas


autrement  qu’en revenant à la source non pas en amont
mais en aval  ! En fait, il est plus que probable que le
personnage ait été calqué sur celui de Cyrus tout comme
d’ailleurs celui de Jésus. A partir d’une matrice, l’on met ainsi
en scène à la fois en amont et en aval des personnages de
sauveurs qui ne sont en réalité que des calques virtuels ce
qui produit un tissu historique fictif à l’instar de quelque
sculpture élaborée à partir de quelque matériau.

Dieu à Moise Exode III

10 Et maintenant va, je te délègue ‫ּפ ְַרע ֹה; וְהֹוצֵא‬-‫ וְאֶ ׁשְ ָלחֲָך אֶל‬,‫י ְועַּתָ ה ְלכָה‬
vers Pharaon; et fais que mon ‫ מִ ּמִ צ ְָרי ִם‬,‫י ִׂשְ ָראֵל‬-‫עַּמִ י ְבנֵי‬-‫אֶת‬. 
peuple (et Ami), les enfants
d'Israël, sortent de l'Égypte."

Il ne dit pas «  ton peuple  » mais « 


mon peuple  », même s’il y eut des interpolations
pour estomper ce point problématique  :

Dieu à Cyrus  :

Isaïe ch. 45

4 C'est en faveur de mon serviteur ‫ ְוי ִׂשְ ָראֵל‬,‫ד לְמַ עַן ַעבְּדִ י יַעֲק ֹב‬
Jacob, d'Israël mon élu (Behiri), que ‫ אֲ ַכּנְָך‬,‫ִירי; וָאֶ קְ ָרא לְָך ּבִׁשְ מֶָך‬ ִ ‫ְּבח‬
je t'ai appelé par ton nom, que je t'ai ‫וְֹלא י ְדַ עְּתָ נִי‬. 
décerné un titre, bien que tu ne me
connusses pas
Cette alliance (Brit), c’est celle qui se noue avec Dieu mais
aussi entre ces deux communautés longtemps séparées.
D’où la parabole des «  bois  »  :

Jérémie ch. 50, 12 «  En ces jours, en ce temps-là, dit


l’Eternel, les enfants d’Israël et les enfants de Juda
reviendront ensemble  ; ils marcheront en pleurant, et ils
chercheront l’Eternel, leur Dieu. Ils s’informeront du chemin
de Sion, ils tourneront vers elle leurs regards, venez,
attachez-vous à l’Eternel, par une alliance éternelle qui ne
soit jamais oubliée  !  » Ici le mot ‘alliance  » désigne la
réunion d’Israël et de Juda et non celle entre les Hébreux et
leur dieu

Ezéchiel ch. XXXVII, 16-21: «  Et toi, fils de l’homme ( Ben


Adam), prends une pièce de bois, et écris dessus  : Pour
Juda et pour les enfants d’Israël qui lui sont associés. Prends
une autre pièce de bois, et écris dessus  : Pour Joseph,
bois d’Ephraïm et de toute la maison d’Israël qui lui est
associée. Rapproche-les l’une et l’autre pour en former une
seule pièce, en sorte qu’elles soient unies dans ta main  ;
Et lorsque les enfants de ton peuple te diront  : Ne nous
expliqueras-tu pas ce que cela signifie  ? Réponds-leur  :
Ainsi parle le Seigneur, l’Eternel  : Voici, je prendrai le bois
de Joseph qui est dans la main d’Ephraïm, et les tribus
d’Israël qui lui sont associées  ; je les joindrai au bois de
Juda, et j’en formerai un seul bois, en sorte qu’ils ne soient
qu’un dans ma main… Et tu leur diras  Ainsi parle le
Seigneur, l’Eternel  : Voici, je prendrai les enfants d’Israël
du milieu des nations où ils sont allés, je les rassemblerai de
toutes parts, et je les ramènerai dans leur pays  ».

On note que le terme «  enfants d’Israël  » (Benéi Israel)


n’englobe pas les enfants de Juda (Benei yehouda » dans
le Livre de l’Exode.

Jérémie XXXII, 30 :

30 Car les enfants d'Israël et ‫ אְַך ע ֹׂשִים‬,‫י ִׂשְ ָראֵל ּו ְבנֵי י ְהּודָ ה‬-‫הָיּו ְבנֵי‬-‫ּכִי‬
les enfants de Juda se sont ‫ּכִי‬  :‫מִ ּנְעֻר ֹתֵ יהֶם‬--‫ה ַָרע ְּבעֵינַי‬
plu, depuis leur jeune âge, à ‫ אְַך מַ ְכ ִעסִים א ֹתִ י ּבְמַ עֲׂשֵה‬,‫י ִׂשְ ָראֵל‬-‫ְבנֵי‬
faire ce qui est mal à mes ‫י ְהוָה‬-‫נְאֻם‬--‫י ְדֵ יהֶם‬. 
yeux; les enfants d'Israël n'ont
su que m'offenser par l'œuvre
de leurs mains, dit l'Eternel.

Livre des Juges ch. XIII

1 Les enfants d’Israël ‫ ַלעֲׂשֹות ה ַָרע ְּבעֵינֵי‬,‫א וַּיֹסִיפּו ְּבנֵי י ִׂשְ ָראֵל‬
recommencèrent à déplaire au ‫ַאר ָּבעִים‬ ְ ,‫ ְּפלִׁשְּתִ ים‬-‫י ְהוָה; ַוּי ִּתְ נֵם י ְהוָה ְּבי ַד‬
Seigneur, et celui-ci les soumit }‫{פ‬  .‫ׁשָ נָה‬
aux Philistins durant quarante
années.
Ezéchiel Ch.  22

Je les constituerai en nation unie ,‫ָָארץ‬ ֶ ‫כב ְועָׂשִיתִ י א ֹתָ ם לְגֹוי אֶ חָד ּב‬
(Ehad) dans le pays, sur les ,‫ ּומֶ לְֶך אֶ חָד י ִ ְהי ֶה ְל ֻכּלָם‬,‫ְּבה ֵָרי י ִׂשְ ָראֵל‬
montagnes d'Israël; un seul ‫) עֹוד לִׁשְ נֵי‬-‫ (יִהְיּו‬-‫לְמֶ לְֶך; וְֹלא יהיה‬
(Ehad) roi sera le roi d'eux tous: ‫ וְֹלא יֵחָצּו עֹוד לִׁשְּתֵ י מַ מְ לָכֹות‬,‫גֹוי ִם‬
ils ne formeront plus deux ‫עֹוד‬. 
(Shnéi) peuples et ils ne seront
plus, plus jamais, fractionnés en
deux (Shnéi) royaumes.

A rapprocher de la formule du « 
Shéma  »

‫ י ְהוָה‬,‫ י ְהוָה אֱֹלהֵינּו‬:‫ י ְִׂש ָראֵל‬,‫ ְׁש מַע‬Shemâ, Israël, Adonaï Elo-henou,
‫ֶאחָד‬ Ado-naï Ehad’

il y a en contrepartie le rejet du 2 (shéni)  : on ne parlera


plus, à l’avenir, de deux peuples, de deux royaumes.
D’ailleurs, le Livre des Rois restitue aussi bien la série des
rois d’Israel que celle des rois de Judah, notamment à patir
du chapitre XIII. Il est vrai que cette rédaction se produit avec
un décalage considérable dans le temps, puisqu’elle ne se
serait opéré que durant l’exil de Babylone au Vie siècle avant
JC, bien après la disparition du Royaume d’Israël. On se sert
d’annales (Sefer Divrai Hayamim leMalkhey Israel):
Livre des Rois, I, chapitre XXII
,‫ ּובֵית ַהּׁשֵן ֲאׁשֶר ָּבנָה‬,‫אֲ ׁשֶ ר ָעׂשָה‬-‫ לט ְוי ֶתֶ ר ּדִ ב ְֵרי ַאחְָאב ְוכָל‬39 Le reste de l'histoire d'Acha
‫ ֵספֶר‬-‫ עַל‬,‫הֵם ּכְתּובִים‬-‫הֲלֹוא‬  :‫ אֲ ׁשֶ ר ָּבנָה‬,‫ ֶהע ִָרים‬-‫ ְוכָל‬les faits accomplis par lui, la
 .‫לְמַ ְלכֵי י ִׂשְ ָראֵל‬--‫ ּדִ ב ְֵרי ַהּי ָמִים‬construction du palais d'ivoire
villes qu'il avait bâties, tout ce
consigné dans les annales des
d'Israël.

On note que le Shéma n’évoque même pas expressément


cette dualité qui doit se changer en unité, ce qui fausse
quelque peu le débat,- mais la présence du Ehad est
paradoxalement le signe d’une volonté, d’une attente d’union
à venir si ce n’est en combinant de façon assez confuse
Yahvé et Elohim (cf la comparaison avec le texte du Livre
d’Ezéchiel). En fait, le plus frappant tient à ce Elohénou, qui
est décalé par rapport au contenu d’Exode III, où il est patent
que Moïse ne s’identifie aucunement ni n’est identifié avec le
peuple Hébreu et donc «  notre Dieu  » est en porte à
faux.

Exode III

15 Dieu dit encore à Moïse: ‫ת ֹאמַ ר‬-‫ ּכ ֹה‬,‫מ ֹׁשֶה‬-‫טו וַּי ֹאמֶ ר עֹוד אֱֹלהִים אֶל‬
"Parle ainsi aux enfants ‫ י ְהוָה אֱֹלהֵי אֲ ב ֹתֵ יכֶם אֱֹלהֵי‬,‫ ְּבנֵי י ִׂשְ ָראֵל‬-‫אֶל‬
d'Israël: ‘L'Éternel, le Dieu de ‫ ׁשְ ָל ַחנִי‬,‫ַאב ְָרהָם אֱֹלהֵי י ִ ְצחָק וֵאֹלהֵי יַעֲק ֹב‬
vos pères, le Dieu d'Abraham, ‫ ְוז ֶה זִכ ְִרי לְד ֹר ּד ֹר‬,‫ּׁשְ מִי לְעֹלָם‬-‫אֲ לֵיכֶם; ז ֶה‬. 
d'Isaac et de Jacob, m'envoie
vers vous.’ Tel est mon nom à
jamais, tel sera mon attribut
dans tous les âges.

16 Va rassembler les anciens ‫ וְָאמַ ְרּתָ אֲ ֵלהֶם‬,‫ז ִקְ נֵי י ִׂשְ ָראֵל‬-‫טז לְֵך וְָא ַספְּתָ אֶת‬
d'Israël et dis-leur: ‘L'Éternel, ‫ אֱֹלהֵי ַאב ְָרהָם‬,‫י ְהוָה אֱֹלהֵי אֲ ב ֹתֵ יכֶם נ ְִרָאה אֵ לַי‬
Dieu de vos pères, Dieu ‫ּפָק ֹד‬  :‫ לֵאמ ֹר‬,‫י ִ ְצחָק ְויַעֲק ֹב‬
d’Abraham, d'Isaac et de ‫ ֶהעָׂשּוי ָלכֶם ּבְמִ צ ְָרי ִם‬-‫ וְאֶת‬,‫ּפָקַ דְ ּתִ י אֶתְ כֶם‬. 
Jacob, m'est apparu en
disant: J'ai fixé mon attention
sur vous et sur ce qu'on vous
fait en Égypte

Certes, on aura voulu donner le change en interpolant le


texte suivant  : «  la Divinité de ton
père  » alors que le verset suivant exclue Moïse « 
j’ai vu l’humiliation de mon peuple  ».

6 Il ajouta: "Je suis la Divinité de ‫ אֱֹלהֵי ַאב ְָרהָם‬,‫ ָאנֹכִי אֱֹלהֵי ָאבִיָך‬,‫וַּי ֹאמֶ ר‬
ton père, le Dieu d'Abraham, ,‫ וֵאֹלהֵי יַעֲק ֹב; ַוּיַסְּתֵ ר מ ֹׁשֶה‬,‫אֱֹלהֵי י ִ ְצחָק‬
d'Isaac et de Jacob..." Moïse se ‫הָאֱֹלהִים‬-‫ מֵ ַהּבִיט אֶל‬,‫ ּכִי י ֵָרא‬,‫ ָּפנָיו‬. 
couvrit le visage, craignant de
regarder le Seigneur.

7 L'Éternel poursuivit: "J'ai vu, ‫ ֳענִי עַּמִ י‬-‫ ָרא ֹה ָראִיתִ י אֶת‬,‫ז וַּי ֹאמֶ ר י ְהוָה‬
j'ai vu l'humiliation de mon ‫ ַצעֲקָתָ ם ׁשָ מַ עְּתִ י מִ ְּפנֵי‬-‫אֲׁשֶ ר ּבְמִ צ ְָרי ִם; וְאֶת‬
peuple qui est en Égypte; j'ai ‫מַ כְאֹבָיו‬-‫ ּכִי י ָדַ עְּתִ י אֶת‬,‫נֹגְׂשָ יו‬. 
accueilli sa plainte contre ses
oppresseurs, car je connais ses
souffrances.

Pourquoi ce «  Ehad  » qui laisse entendre l’affirmation


d’une unité, ce qui est toujours l’aveu d’une division que l’on
prétend pouvoir dépasser  ?Le monothéisme s’originerait
dans des enjeux politiques plus que théologiques et ne serait
donc guère exportable en dehors de la sphère hébraïque  !
Il est à craindre que le monothéisme n’ait été récupéré,
instrumentalisé par la philosophie grecque. Au bout du
compte, la question du «  dieu unique  » ne serait pas
si centrale que cela pour la théologie juive. Le judaïsme,
selon nous, s’articule autour de la présence juive au monde,
de sa centralité solaire –on préférera dire au centre qu’au
milieu des nations-, bien plus qu’à celle d’un Dieu dont il
faudrait célébrer l’unicité. Il convient de comprendre que tout
système exige qu’il y ait un centre et tout indique que Dieu ne
peut en changer, d’où le sens du message de Jérémie  où il
n’est nullement envisagé de changement d’alliance mais au
contraire instauré son resserrement et donc son
renforcement. Il y a là la manifestation d’une relation
cyclique  : on ne compte pas les passages où Dieu parle
d’un retour (shouv, od), d’un futur qui ne fait sens que parce
qu’il tranche avec le passé  :

Zacharie, VIII
;‫ׁש ַכנְּתִ י ּבְתֹוְך י ְרּוׁשָלָ ִם‬
ָ ‫ ְו‬,‫צִּיֹון‬-‫ ׁשַ בְּתִ י אֶל‬,‫ ָאמַ ר י ְהוָה‬,‫ ג ּכ ֹה‬3 Ainsi parla Yahvé: "Je suis
‫י ְהוָה ְצבָאֹות הַר‬-‫ ְוהַר‬,‫ְונִקְ ְרָאה י ְרּוׁשָלַ ִם עִיר ָה ֱאמֶת‬ revenu (shavti) à Sion, et j'ai
}‫{ס‬  .‫הַּק ֹדֶ ׁש‬ rétabli ma demeure au milieu
de Jérusalem. Jérusalem « 
cité de la vérité  »
et la montagne de l'Eternel-
Cebaot "la montagne sainte."

‫ ּב ְִרח ֹבֹות‬,‫ ע ֹד יֵׁשְבּו זְ ֵקנִים ּוזְ ֵקנֹות‬,‫ י ְהוָה ְצבָאֹות‬,‫ ד ּכ ֹה ָאמַ ר‬4 Ainsi parle l'Eternel-Cebaot:
‫ מֵר ֹב י ָ ִמים‬,‫ׁש ַענְּתֹו ְּבי ָדֹו‬
ְ ִ‫י ְרּוׁשָלָ ִם; ְו ִאיׁש מ‬.  "De nouveau des vieux et des
vieilles seront assis sur les
places de Jérusalem, tous un
bâton à la main à cause de
leur grand âge.

,‫ׂש ֲח ִקים‬
ַ ְ‫ מ‬,‫ יְלָדִ ים וִילָדֹות‬,‫ּורח ֹבֹות ָהעִיר י ִ ָּמלְאּו‬
ְ ‫ה‬ 5 Et les places de la cité
}‫{ס‬  .ָ‫ּב ְִרח ֹב ֹתֶ יה‬ seront pleines de jeunes
garçons et de jeunes filles qui
s'ébattront sur ces places."

Et c’est bien là justement que le christianisme commet un


grave contresens d’ordre théologique  ! L’alliance de Dieu
– quelle qu’en soit la définition et la composition par delà
toute idée dévoyée de monothéisme- avec l’humanité toute
entière exige qu’il y ait un centre et une périphérie. En ce
sens, toute tentative de remise en question d’un tel ordre
des choses relève de la subversion, d’un refus démagogique
de centralité. Affirmer que le judaïsme aurait donné le
monothéisme au monde nous apparait paradoxalement
comme une tentative de déni de son apport dans la mesure
où l’idée d’un dieu universel échapperait ipso facto à tout
apport spécifique du judaïsme. C’’est bien là le syndrome de
l’emprunteur que d’être tenté d’objectiver l’emprunt aux fins
de déposséder celui auquel il est emprunté. C’est réduire la
transcendance à de l’immanence. Or, l’idée actuelle de
monothéisme semble dérisoire et s’apparente à une forme
de banal théisme. En attribuer la paternité au judaïsme est
une escroquerie intellectuelle.

D’aucuns ont besoin d’un dieu omniprésent, omnipotent pour


s’en servir de levier pour précariser le «  centre  », ce
qui est suicidaire. On ne peut s’empêche de songer à la mère
qui a perdu son enfant et qui voudrait bien que l’autre mère le
perdît également  ! (cf. le jugement de Salomon -Premier
Livre des Rois (3, 16-28)) On ne saurait, en effet, faire – par le recours
au déni- l’économie d’un centre (cf. notre tome II)

On notera que l’image du «  pasteur  » dans l’Évangile,


gardien vigilant de son «  troupeau  », de ses « 
ouailles  » (brebis, ovins) renvoie à la notion de
maisonnée, comme celle de «  peuple  » dans le Livre de
l’Exode, c’est à dire de demos, en grec, à distinguer
d’ethnos  : l’un s’oppose au chef, l’autre à un autre
peuple. En hébreu, l’on trouve respectivement Am et Goy.
Dans l’Évangile selon Jean (Ch. XIV, 2), il est dit  «  Il y a
plusieurs demeures dans la maison de mon Père.  ». La
notion de maisonnée implique, en effet, de savoir traiter de la
diversité. Cela recoupe, jusqu'à un certain point, celle
d'imperium, dans le Traité Politique de Spinoza. (cf. Ivan
Segré Judaisme et Révolution, Ed La Fabrique, 2014, pp. 118
et seq)

Certes, l’écologie tend--elle, à bon droit, à nous sensibiliser à


notre environnement «  naturel  », aux
menaces sur le climat. Mais comment pourrait-on ignorer la
problématique de la maisonnée, en rappelant que le mot
écologie vient d’un mot grec qui signifie maison  ? Force
est de constater que l’humanité est confrontée à d’autres
enjeux que ceux désignés par l’écologie officielle. En ce sens,
l’écologie de la maisonnée se rapproche-t-elle assez
évidemment du discours religieux. Il importe, en tout état de
cause, de mettre en évidence des rapports entre des objets
manifestement différents, sans se laisser dérouter par les
inévitables différences qui ne manquent jamais de se
produire, à partir d’une seule et même source..

Le mot maison fait songer au métier de maçon (que l’anglais


a repris sous la forme «  mason  ») et bien
entendu nous n’ignorons pas l’existence de la franc-
maçonnerie, laquelle se réfère au Temple désigné en hébreu
par le mot ‘Bayit  » (que l’on retrouve dans Bethléem, la
maison du pain) qui signifie «  maison  » -ce qui a donné
la lettre grecque Bêta, ancêtre de notre «  B  » (on
parle d’ailleurs d’un alphabet). La «  maison  » est bien
évidemment partie de notre maisonnée  ! Le terme « 
meuble  » (et son complément immeuble  (immobilier)
d’où mobile et immobile, ce qui vaut pour distinguer planète
et étoile (dite fixe), dans le ciel) appartient à ce même champ
sémantique autour de la maisonnée  : ne dit-on pas qu’Un tel
«  fait partie des meubles  » 

Mais n'est-ce pas l'homme lui-même qui construit la maison


dans laquelle il va demeurer  ? Cette
maisonnée n'est-elle pas la création de l'homme.  ? Cela vaut
certainement pour tout son environnement technique qui
n'existerait pas sans son génie, son ingéniosité, sa créativité.
Ce qui tourne autour de l'homme nous semble bien en
émaner, ou en tout cas avoir été repensé par lui (cf. Nature et
Artifice. L'homme face à l'évolution de sa propre essence, dir
. Edgardo D  . Carosella, Paris, Ed. Hermann, 2014). A
propos de technologie et notamment de biotechnologie, l'on
se demandera si le problème n'est pas moins ce qui nous
attend que ce qui s'est déjà engagé il y a déjà bien longtemps
et qui marque notre Humanité actuelle. C'est notre passé qui
est à découvrir et à assumer plutôt que notre avenir à
construire. Les dieux (Elohim) ne seraient finalement qu’une
humanité supérieure, un «  Surhomme  »- dotée d’une
technologie extrêmement avancée- surtout si on la situe des
millénaires en arrière-- on pense au clonage qui est selon
nous mis en scène, dès les premiers chapitres de la Genèse 
:"Le Seigneur Dieu fit tomber dans une torpeur l'homme qui
s'endormit  ; il prit l'une de ses côtes et referma les chairs à
sa place. Le Seigneur Dieu (Yahvé-Elohim, sic) transforma la
côte qu'il avait prise à l'homme en une femme qu'il lui amena.
L'homme s'écria  "Voici l'os de mes os et la chair de ma
chair  ; celle-ci, on l'appellera femme car c'est de l'homme
qu'elle a été prise"." (Genèse, 2, 21-24). On voit bien ici que
l’on n’assiste pas à la création d’une femme, au sens où on
l’entendra par la suite, mais d’un clone, issu d’Adam et donc
avec lequel il n’est pas censé avoir de rapports sexuels.
C’est une sorte de duplication d’Adam. Il faut comprendre
que dans ce chapitre, on assiste à la mise en place de la
maisonnée, c’est à dire de tout ce qui est voué à
accompagner, à entourer Adam et dont la Isha n’est qu’un
des éléments aux côtés des animaux «  domestiques  » et
des machines, qui « sortent  » d’Adam puisqu’il les
fabrique, ce qui ne signifie nullement qu’elles soient de
même nature que lui. Selon nous, il y aurait d'une part un
être complet, adamique, à la fois mâle et femelle et de l'autre
un être ne comportant qu'une partie femelle étant entendu
que le facteur femelle de l’homme adamique n'est pas du
même ordre, du fait même de son articulation sur le facteur
mâle, que le facteur femelle de la «  isha  »lequel se
développe sans sa contrepartie masculine, donc de façoo
exacerbée... Rappelons que dans la mythologie grecque,
Pandora aurait été créée par les dieux aux fins de troubler les
hommes (cf Denis Lindon, Les dieux s'amusent, Paris,
Flammarion)

Il convient de remarquer que le récit de la Création du


chapitre premier de la Genèse ne mentionne aucune machine,
aucun objet, on reste dans le domaine de la Science alors
que le chapitre deuxième bascule dans la technologie, dans
la «  fabrication  » (Yetsira), ce qui correspond à une sorte
de création en second imparti à l'Homme – par un dieu qui
peut être rebelle face au dieu primordial. Certes, ce dieu (qui
porte le nom étrange de Yahvé Elohim) aide-t-il Adam
à« accoucher  » de la femme (Isha) mais cela n'en reste pas
moins la première création d'Adam, issue de lui-même, et en
ce sens il est erroné de dire que «  Dieu créa la femme  ».
D'où l'expression « avec l'aide de Dieu  (BeEzrat HaShem)
qui équivaut chez les Juifs à l'Inshallah des Musulmans. Aide
-toi, le ciel t'aidera. Il y a ce que Dieu a créé et ce que l'homme
a façonné avec son aide, à savoir tout ce qui est fabriqué,
manufacturé, et qui n'appartient pas au monde de la Briah
mais de la Yetsira.
La Bible nous rapporte que David et Salomon furent victimes de
leur trop grande écoute des femmes, notamment dans le domaine
du religieux avec l'intrusion de nouveaux dieux.
.Que celui qui n'a jamais péché dans ce sens lui jette la première
pierre. Elohim nous apparaît ainsi comme le grand tentateur et
Adam aurait dû refuser ce cadeau empoisonné, c'est bien là son
vrai péché originel qui parcourt toute l'Histoire de l'Humanité et
dont le Shabbat nous enjoint  de nous démarquer. La
construction de la Tour de Babel  (le XIe (et dernier, selon
notre thèse)) chapitre de la Genèse s'achève là-dessus)
correspond d'ailleurs à cette attirance pour les objets extérieurs et
cela a conduit Élohim à vouloir diviser pour régner en chargeant
son Fils de protéger le peuple hébreu et l'on ouvre alors le
premier volet de l'Exode -du moins selon notre analyse- qui
débute par la rencontre de Yahvé avec Abram -le futur Abraham).
La critique biblique  avait signalé  l'usage alternatif  d’Élohim
et de Yahvé , mais en réalité, Élohim laisse bel et bien la place à
Yahvé– ce qui correspond à  ce que nous appelons la phase « 
yin  » et  cela correspond au passage du Père au Fils,
terminologie  malheureusement refusée par les Juifs qui
assimilent purement et simplement  l'un à l'autre tout comme
d'ailleurs le font les Chrétiens qui voient dans Jésus le fils d'un
Élohim/Yahvé qui aurait  changé d'alliance alors que selon
nous  Jésus est le frère de Yahvé& d, tous deux fils d’Élohim,
le Père. Ce n'est pas une Alliance Renouvelée  mais une autre
alliance émanant d'une autre entité. On regrettera que les Juifs 
quand ils s'adressent à«  Dieu  »,  font de Yahvé celui qui
a créé tout l'Univers, confondant ainsi le père et le fils, la source et
les fleuves qui en émanent car si l'on peut comprendre qu'un fils
se soit rapproché d'un peuple, il serait scandaleux,
théologiquement, que le Père eut pu agir ainsi. Tout se passe en
fait comme si le début du Pentateuque traitait d’Elohim, de
l’Univers, de l’Humanité toute entière alors que la suite du
Pentateuque campe Yahvé. On notera que le Chéma (Ecoute) 
Israël n’emprunte aucun passage au Livre de la Genèse. Selon
nous, il ne s’agit ni de revenir aux origines, ni de se projeter sur la
«  fin des temps  » mais de s’en tenir à un «  juste milieu  »
qui ne saurait être écrasé par ces deux «  infinis  ». C’est dans
cet «  entre-deux  » que nous situons une approche saine du .
Il en est de même (cf. infra) dans le domaine linguistique, il ne
s’agit ni de remonter au Déluge, à une langue «  première  »,
ni de basculer dans une modernité pratiquant la fuite en avant 
mais de là encore se situer dans un temps moyen, ce qui est le
cas du français, qui ne saurait se réduire ni au latin ni  laisser
sa place à l’anglais, comme le voudrait un certain discours
identitaire en vogue chez les anglophones. Il semble qu’il faille 
des étrangers pour parvenir à  changer un tel discours, si
complaisant et dans le déni de la réalité Quand Jésus s'écrie « 
Père (Aba) pourquoi m'as-tu abandonné?  »  Que faut-il
comprendre  ? Rappelons tout de même que Jésus est né Juif
et que le premier commandement enjoint de ne pas adorer
d'autre(s) dieu(x) que Yahvé ce qui vise selon nous les frères du
dit Yahvé. Mais ces frères sont-ils bien les enfants d’Elohim  ? 
Nous penserions plutôt qu’ils appartiennent à un tout «  autre
monde  », celui de l’astral, des «  esprits  » et l’expression
Esprit Saint ou Saint Esprit (cf.  l’hébreu Rouah haKodesh) irait
assez dans ce sens. Yahvé aurait été instrumentalisé, «  choisi 
» par les Hébreux parmi les autres esprits  et  »entités et
instrumentalisé pour devenir leur «  dieu  ». Car une chose
est de parler d’instrumentalisation, une autre en amont de
déterminer ce qui a pu être ainsi instrumentalisé et qui peut avoir
une existence propre tout comme les astres existent en dehors de
l’astrologie..
Il est temps de réintégrer la dialectique entre le monde des
vivants et celui des morts. Le Dieu du premier chapitre de la
Genèse appartient au monde des vivants, de chair et d’os mais il
ne nous semble pas en revanche que le Dieu qui se présente à
Moise est une quelconque «  incarnation  ». Il ne
saurait donc être le «  fils des Elohim  », car il est d’une autre
nature. Il y a donc bien là un nœud théologique qu’il conviendrait
de défaire.
Quant à Jésus, il  est présenté à la fois comme roi des Juifs 
et comme fils de Dieu'(cf.  Évangile Luc, I, 35) ce qui le place
des deux côtés de la barrière  ! On peut dire en tout cas que les
Juifs qui adorent Jésus comme fils de Dieu ne respectent pas le
premier commandement, dès lors que l'on admet que Yahvé  et
Jésus sont en concurrence, comme le seraient deux prétendants
à un même trône, ce qui s'est présenté bien souvent dans
l'Histoire des monarchies et des empires. Par cette plainte, Jésus
ne reconnaît-il pas que le Père  aurait  préféré, en dernière
instance, son frère Yahvé en ne le sauvant pas-du moins à cet
instant - comme cela fut le cas pour Isaac- de la mort? A ce
propos, l’on est tenté de considérer le chapitre IV de la Genèse
comme mettant en scène une telle rivalité entre deux  membres
d’un même groupe, à savoir les «  esprits  »»,  : Caïn
tue(crucifiant) Abel et ayant des comptes à rendre au Père,
Élohim, (par erreur c’est le nom de Yahvé qui ici apparaît) qui les
aurait engendrés en s’unissant à Eve à la place d’Adam. On
pense immédiatement à la naissance de Jésus, Marie étant
fécondée par un autre que Joseph, son fiancé  prévu.  Ce
chapitre pourrait être calqué sur l'épisode de l'Exode, au cours
duquel Moïse  tue  un  Égyptien. (H II). On sait que les
faussaires  ne se fatiguent pas à  inventer de toutes pièces
mais sont souvent tentés de recycler des textes disponibles
même dans des contextes très différents. On pourrait certes, tenir
le raisonnement inverse et soutenir que c'est l'histoire de Moïse
qui, ici, aurait emprunté à celle de Caïn au prétexte que l'une est
plus tardive que l'autre mais il faudrait être bien naïf pour croire
que le récit biblique s'écrit en temps réel.
  Mais il arrive, comme nous l'avons montré dans
notre thèse d’État, que ce qui est le plus ancien se révèle en
réalité plus tardif. On parle alors de contrefaçons antidatées. Nous
pensons que le chapitre IV du Livre de la Genèse est en fait
calqué sur la naissance miraculeuse de Jésus et non l'inverse. Ce
chapitre est un élément de ce que nous proposons d’appeler un
Pentateuque christianisé, ce qui fait sens puisque sous le nom de
Bible, les Chrétiens désignent bel et bien l'Ancien et le Nouveau
Testament et qu'ils trouvent dans l'Ancien Testament des
éléments qui viennent annoncer l’avènement de Jésus. On notera
que la façon dont Élohim est désigné au chapitre IV est tout à fait
décalée par rapport aux  neuf premiers chapitres de la Genèse
puisque Élohim y  est remplacé par Yahvé alors que la forme
Yahvé«  tout court  » n’apparaît qu'au XIe chapitre, avec la
Tour de Babel.(au verset 8)  Le problème, c'est que cette Bible
chrétienne a été adoptée sans sourciller par le canon  juif  !
Bien évidemment, Caïn qui tue Abel  fait référence à Jésus
crucifié par ses «  frères  », les Juifs  , lequel Caïn est
maudit par ce Yahvé  , comme le rappelle un Victor Hugo. Mais 
un exemple encore plus frappant d’antidatation  éhontée ,
d’origine israélite, concerne le  Livre de l’Exode (cf.  Tome
Ier) et l’invention de la Sortie d’Egypte des  Fils d’Israël calquée
sur celle  des Judéens de Babylone, Moise l’Egyptien  jouant
ici le rôle d’un  proto-Cyrus Perse. L’archéologie égyptienne 
ne semble guère au demeurant disposée à  valider un tel
subterfuge et les rares indices concordants  semblent avoir été
placés délibérément/  Il faut en effet comprendre que
l’antidatation exige une certaine quantité et qualité d’informations
susceptibles de conférer au document un certain cachet
d’authenticité tant et si bien que le chercheur sera tout heureux de
relever les traces qu’on aura servies et disposées 
complaisamment sur sa route. On pense à la fable du Petit
Poucet. En fait,  un tel procédé passe par une
instrumentalisation  : le prétendu récepteur  devient en fait 
celui qui fixe les règles du  jeu, à sa guise. Une autre erreur
courante consiste à croire que parce qu’l’on se sert de tel ou tel
référentiel, c’est que l’on adhère à ses fondements. Or,  le
recours à tel mode de calcul  est le plus souvent parfaitement
arbitraire, comme lorsque l’on célèbre le Nouvel An, à partir d’un
comput chrétien 
En ce qui concerne le Livre du prophète Isaïe -ou Isaïe-, la
marque du christianisme est assez évidente, sauf pour ceux qui
tiennent à y voir une anticipation. On pense au chapitre VII 
concernant la naissance d’un enfant, lequel  portera le nom
d’Emmanuel. Ce texte se retrouve dans l’Évangile de Mathieu, au
premier chapitre lors de la naissance de Jésus. Mais dans ce cas,
il peut ne s’agir que d’une citation. Examinons le passage de
Mathieu I  d’un peu plus près  : l’on y fait alterner deux noms
pour l’enfant à naitre, Jésus, dans le rêve de Joseph et Emmanuel
dans la référence au «  prophète  », comme s’il n’y en avait
qu’un, Isaïe et de fait dans les manuscrits de la Mer Morte
(Qumran), il y a une surreprésentation du Livre d'Isaïe, ensemble
qui englobera en fait toutes sortes de textes. On notera que les
deux noms  de Jésus et d'Emmanuel  ne font sens qu’en
hébreu et ils sont d'ailleurs tous les deux explicités 
étymologiquement dans le texte  Jésus  : «  En effet,
c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés  » Le jeu de mots
ne fait sens qu’en hébreu. Yehoshoua  :  Dieu (Ya, ce qui
renvoie à Yahvé et non à Elohim) sauve. On notera que Josué
s’appela d’abord Hosshéa .et sera renommé  Josué (  Livre
des Nombres XIII, 16, Deutéronome  III, 21)  par Moïse. On
retrouve  la même racine dans Hosanna.
Emmanuel (Imanou El) «  Ce qui veut dire Dieu est avec nous 
(littéralement  : avec nous est Dieu, El, ce qui renvoie à Elohim
et non à Yahvé).Mais pourquoi ces deux noms pour un seul et
même personnage  ? Il y a là visiblement une interpolation, du
fait d’une volonté de relier  deux textes relatifs à la naissance.
En fait,  on  a là un leitmotiv, celui d’un envoyé, d’un
messager ayant pour tâche de «  sauver  » le peuple hébreu,
et c’est encore une fois la raison pour laquelle le nom de
Yehoshoua  apparaît ici. De là à jouer sur les mots et parler de « 
sauver l’humanité  », il y a là un glissement qui ne fait guère
sens car si le peuple hébreu a besoin périodiquement que l’on
vienne à sa rescousse, c’est bien  à cause des autres peuples 
! Dieu ne vient donc pas pour sauver toute l’Humanité mais bien
pour protéger «  son  » peuple  avec lequel il s’est uni,
marié, le dit peuple étant représenté par une «  vierge  », une
Bétoula (cf Jérémie XXXI) ou une Alma  (Isaie VII)/ On notera
que l’on trouve le mot «  Bétoula  »également  dans Isaie,
au chapitre 47, verset 1  pour désigner Babylone, «  Vierge de
Babel  » (Bétoulat Bavel), ce qui montre bien que l’expression
est à prendre au figuré et non au propre comme ont pu le croire
les rédacteurs des Evangiles, au sujet de la naissance de Jésus..
On trouve aussi employée la forme "Bat Tsion", fille de Sion, qui
représente non point une femme mais  la cité même  de
Jérusalem. D’ailleurs, le ,nom même de Sion  aura fini par ne
plus désigner une cité précise, ce qui explique que Sion soit
mentionnée quand il est question du Royaume du Nord, lequel
n’englobe point Jérusalem.  Ainsi, le «  sionisme  »  ne 
vise-t-il pas nécessairement cette cité  et  l’on oublie trop
souvent que les prophètes bibliques  ne sont nullement
polarisés sur le destin de  «  Judah  », de la Judée, laquelle
semble parfois n’être que la dernière roue du carrosse (cf  Isaie
VII), une quantité assez négligeable au demeurant, que l’on
mentionne pour la forme. Evitons les anachronismes  !
ォ  Sion, nous rappelle-t-on,  est utilis au sens figur pour
désigner Israel en tant que peuple de Dieu ) et, dans le Nouveau
Testament, avec le sens chrétien de royaume spirituel de Dieu,
Jérusalem céleste 1). Pierre fait violence Christ comme la pierre
angulaire de Sion : ォ Je mets dans Sion une pierre angulaire,
choisie, périlleuse. Celui qui croit en elle n’en aura jamais honte. サ
Sans vouloir valider le subterfuge de ceux qui s’approprient
l’identité judaïque, en se présentant comme un «  Nouvel Israël 
», force est de constater que l’Etat Hébreu lui-même –du fait qu’il
a adopté le nom d’Israël  – joue sur cette ambiguïté dès que
l’on parle d’Israël alors que ce terme ne désigne pas
nécessairement le dit Etat  Rappelons que la Vierge est une
figure que l’on retrouve dans la mythologie et dans le Zodiaque,
avec la constellation de la Vierge, dont l’étoile principale est
Spica, l’épi, ce qui renvoie à Déméter-Cérès la déesse des
moissons, mère de Perséphone/Proserpine, «  vierge  »
promise à Hadès/Pluton.  Il est également question d’une Vierge
dans les Bucoliques de Virgile (, Livre IV, vers 1-30) «  avec
l’annonce d’un nouvel Age d’or.
Ultima Cumaei venit jam carminis aetas ;
Magnus ab integro saeclorum nascitur ordo.
Jam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna ;
Jam nova progenies caelo demittitur alto.Les Temps sont révolus
qu'a prédits la Sibylle :
Les siècles, dans leur course immuable et tranquille,
A leur point de départ sont enfin revenus,
Et le dernier de tous, l'Age de fer, n'est plus.
Déjà revient Saturne, et la Vierge immortelle
Abandonnant les cieux reparaît parmi nous ;
Et les dieux, des humains cessant d'être jaloux,
Envoient sur notre Terre une race nouvelle.
 
Tu modo nascenti puero, quo ferrea primum
Desinet, ac toto surget gens aurea mundo,
Casta, fave, Lucina : tuus jam regnat Apollo.
Un Enfant doit bientôt au jour ouvrir les yeux ;
Souris, chaste Lucine, à sa venue au monde :
L'Age d'or va renaître et sur terre et sur l'onde ;
Déjà règne Apollon, ton frère glorieux

Le temps des prophètes implique une intervention divine, par le


biais de ces messagers que sont les dits prophètes et cela n'est
pas sans évoquer une précédente intervention, lors de la
Captivité égyptienne faisant pendant en quelque sorte à la
Captivité babylonienne. Laquelle se terminera providentiellement
par un Retour à la même terre que lors de la Sortie d'Egypte Le
fait que le fils de Marie porte le nom de Yeoshoua  plaiderait en
faveur d'une nouvelle intervention d'en haut puisque ce prénom
signifie que Dieu vient sauver (son peuple) Or, force est de
constater que rien de comparable au cours de la vie de Jésus 
aux deux situations que nous venons de mentionner et Jésus ne
parviendra pas à sauver «  son  » peuple, si ce n'est en
interprétant  l'idée de  danger et de salut sur un plan
spirituel , ce qui évidement dirons-nous, est plus facile à décréter.
Le nom de Jésus ajoute une dimension à celui d’Emmanuel, ce
qui est une façon de reconnaître que la prophétie d’Isaïe doit être
complétée et précisée et qu’elle ne comportait pas, au départ, la
dimension que l’on voudrait apporter. De fait, chez Isaïe, il n’est
nullement question qu’Emmanuel «  sauve  » qui
que ce soit. Bien au contraire, cet Emmanuel n’apparait – il est
qualifié de «  signe  » et donc de signal - que pour enclencher
un compte à rebours puisque la prophétie indique que les jours
des deux royaumes, celui de Juda et celui d’Israël sont comptés,
puisqu’Emmanuel aura à peine le temps de parvenir à un ‘âge de
raison  », l’âge de 13 ans  peut-on supposer- pour qu’ils
soient voués l’un et l’autre à la disparition. Avec Mathieu, le
personnage d’Emmanuel  revêt une toute autre dimension  : il y
est dit que Jésus-Yehoshoua viendra «  sauver son peuple  »,
( selon des termes qui ne sont pas sans évoquer des propos que
l’on prête au dieu des Hébreux, lequel les sauvera du malheur
égyptien, Exode III) on n’est plus là dans le registre de la menace
mais dans celui de l’espérance. De tels récits de naissance se
retrouvent dans celle d’Isaac dont le nom même témoigne de la
surprise de ses parents et jusqu’à un certain point dans celle de
Moise (cf.  notre ouvrage Le monde Juif et l’astrologie). En ce
qui concerne la naissance de cet Emmanuel, selon Isaie, c’est
une naissance tout à fait ordinaire – comparée à celle d’Isaac
dont on sait par ailleurs qu’il sera voué comme Jésus à la
tentation du sacrifice- si ce n’est qu’elle aura été annoncée et
qu’elle est porteuse d’une signification prophétique.. On ne sait
d’ailleurs pas ce qu’il est advenu de cet Emmanuel si ce n’est que
la prophétie est fausse car les deux royaumes n’auront pas
disparu dans un même laps de temps, plus d’un siècle sépare la
chute de l’un de celle de l’autre. En revanche, la naissance du « 
second  »Emmanuel, c’est à dire Jésus,  relèverait  d’une
toute autre dimension mais on  a vu que le Josué de Moise avait
déjà vu son nom changer. .Il faudrait donc parler non pas de
préfiguration mais de transfiguration  .
Par ailleurs, l’ on serait tout à fait en droit de penser que l’on a
réalisé une mise en scène pour que la naissance de Jésus
corresponde au discours d’Isaïe. De même, dans Isaïe (XI), il
est question d’un roi de la famille de David, ce à quoi fait écho le
même Évangile de Mathieu, en s’ouvrant par une telle généalogie.
Il n’est nullement dit dans Isaïe que ce descendant de David (de
Jesse) est l’Emmanuel dont il a été question dans Isaïe VII. Isaïe
présente ce personnage comme celui qui rassemblera tous les
peuples de la Terre.  Ainsi, Jésus est-il référé au roi David, dès
les premières lignes du Nouveau Testament. On notera que dans
l’Épître à Henri II,  placée au sein des éditions complètes des
Centuries, la chronologie biblique  donne David pour seul repère
entre Moïse et Jésus. Mais n’oublions pas que l’alliance est
annoncée déjà avec Avram qui, à cette occasion, devient Av
(père) raham,  Selon  Brigitte d'Arx, on serait passé de Av
Ram, le père de ce qui est en haut à Av Raham, le père d'une
multitude.
  Moïse venant à la fois pour sauver les Hébreux et
pour leur délivrer le contenu de la dite Alliance, au Mont Sinaï. En
ce sens, Abraham serait à rapprocher de Jérémie et Jésus de
Moise, si ce n’est que Jésus n’aura ni délivré les Juifs  ni
inauguré l’ère de l’Alliance Renouvelée, stricto sensu.
Le fils de Jéssé sera comme un signal dressé  pour les
peuples de la Terre Ils viendront lui demander  conseil et la gloire
de Dieu brillera là où il habitera  » On notera la similitude entre
le nom de Jéssé (Yéshé), père de David,  et celui de Jésus
(Yéshoua). Les deux noms commencent par un Iod et un Shin
comme d’ailleurs Isaïe (Yeshayahou)
Mais n'oublions pas le modèle représenté par la naissance de
Moise (Livre de l'Exode, I
Le roi d’Égypte donne  cet ordre  à tout son peuple 
»Tous les garçons  qui vont  naître chez les Hébreux, jetez
les dans le Nil)  et l'on connaît l'histoire du berceau dans
lequel  l'enfant Moise est livré au fleuve. Quid de l’Évangile
de Mathieu (ch.  II), il nous parle de ces Rois Mages qui alertent
le roi Hérode en demandant «  où est le roi des Juifs  qui vient
de naître  ? Nous avons vu son étoile se lever à l'Est. Et nous
sommes venus l'adorer  » Hérode demande «  A quel
endroit  est- ce que le Messie doit naître ?  » Ils lui
répondent «  Le Messie doit naître à  Bethléem  en Judée 
»  Mathieu cite en fait  un passage du livre du prophète
Michée « (V, 1) (tiré de l'Ancien Testament - où il est  dit « 
celui qui doit gouverner tout Israël, je le ferai sortir de chez to »
s'adressant à Bethléem.  On note que toute une littérature qui
date des VIIIe-VIIe siècles avant JC se voit ainsi  recyclée pour
le temps de Jésus(s et par la suite le sera à nouveau pour
d'autres siècles. Michel  Onfray, (in  Cosmos,, pp. 59-60) tire
argument de ces multiples emprunts pour laisser entendre qu'il n'y
a pas de réalité dans tout ce qui est  ainsi raconté.  C'est aller un
peu vite en besogne car l'on peut fort bien imaginer  que l'on ait
pu vouloir utiliser telle ou telle grille de lecture- et en principe, une
grille est censée s'appliquer plus d'une fois -pour décrire tel ou tel
événement. Si l'on devait suivre Onfray sur cette voie, toute
référence  à un cas de figure antérieur serait considérée
comme suspecte et quand bien même la grille utilisée ne serait
pas crédible, cela ne signifie nullement que ce qu'elle entend
décrire ou expliquer ne se soit pas produit. On bascule avec
Onfray dans l'hypercritique qui ne vaut guère mieux qu'une
certaine apologétique complaisante. En principe, le fait de se
servir d'un ^même outil de travail montre que la réalité n'est pas
aussi complexe qu'il ne paraît sinon l'outil ne servirait qu'une fois,
ce qui serait contraire à sa qualité d'outil  de travail! Cela dit,
d'aucuns recourent abusivement à un seul et même outil et  ne
sont pas en mesure d'en changer ou de le réformer. En tout état
de cause,  l’explication est de l’ordre du virtuel et qu’elle soit ou
non recevable ne saurait remettre en question la réalité  du 
fait concerné et inversement, une élégante grille de lecture, un bel
habillage (l’habit ne fait pas le moine),  appliqués à un fait  ne
sauraient suffire à le valider  !.
Force est de constater que l'on a  d'un côté ceux qui œuvrent
en amont, en quête de quelque grille universelle s'efforçant de
mettre en évidence des récurrences, à la fois dans le temps et
dans l'espace, dans le passé et dans le futur et de l'autre ceux 
qui se situent en aval  et  qui accumulent d'énormes
quantités de données, puisqu'ils travaillent avant tout sur la
diversité des effets plutôt que sur un processus causal  cyclique.
Toute médaille ayant son revers, les premiers se satisfont d'une
certaine abstraction, ce  qui leur permet de généraliser à des
terrains  qu'ils ne connaissent pas mais dont ils préjugent qu'ils
entreront, d'une façon ou d'une autre, dans leur(s) grille (s) alors
que les seconds  se complaisent dans la  description de cas
d'espèces, sans grand souci  de les rapprocher ou de les
opposer entre eux, donc sans recourir  à quelque forme  de
dialectique de la présence et de l'absence. Il ne peut y avoir de
mise en évidence d'une récurrence que si l'on est préalablement
parvenu à décanter le matériau brut pour le réduire à une dualité
du signifié  tout comme il est indispensable que la grille de
lecture, elle aussi, au niveau du signifiant, se limite à deux cas de
figure et à deux seulement. Au nombre des grilles de lecture,
nous mentionnerons  celles qui recourent au "facteur  = juif"
avec d'une part, ceux qui voient dans la présence des Juifs  un
mal  et ceux qui y voient un bien. La grille marxiste doit
certainement être mentionnée et l'on peut certainement en trouver
d'autres, d'ordre économique, écologique, démographique,
cyclique avec l'idée qu'une civilisation nait et meurt comme 
tout être vivant  (Toynbee) qui sont maniés avec plus ou moins
de talent par les uns et par les autres. Bien pis, Onfray  oppose
Nature et Culture et nous conseille de rechercher la vérité non
pas dans les traditions  "livresques" mais dans le Grand Livre
de la Nature, ce qui est une position anti-humaniste, an-
historique. Il y  a là un déni de la capacité créatrice de
l'Humanité lui permettant de s'émanciper du diktat de la Nature 
en n'en prenant que le strict nécessaire. C'est en cela  que
comme si l'on en restait aux premières lignes du Livre de la
Genèse! Or, ce n'est pas en observant la Nature mais la Société 
que l'on comprend qu'en aval  de la Création,  il y a des
hypostases, et qu'il existe des dieux qui ne sont pas réductible au
concept  de "Dieu" tout comme il existe des cycles qui ne 
résument point à la succession des saisons, si ce  n'est par une
analogie symbolique qu'il ne faut pas prendre au premier degré!
Ne se référer qu'à une Science immuable, pérenne, en quelque
sorte atemporelle, c'est faire de nécessité vertu, en s'épargnant
tout travail rétrospectif  exigeant une archéologie du savoir,
c'est refuser d'admettre notamment que certaines  de nos
représentations ont pu se corrompre et qu'on ne saurait les
restituer en se contentant de noter ce qu'elles sont
devenues. .C'est donc s'empêcher de penser le peuple Juif  et
son rapport particulier avec ses dieux, lesquels ne sauraient être
confondus avec un Dieu primordial, premier moteur..
Nous avons suivi de près un tel recyclage du texte prophétique
dans notre thèse d’État, depuis la Renaissance jusqu'à la
Révolution Française, en particulier. (cf. aussi notre ouvrage Le
Monde Juif  et l'astrologie, op. Cit.)
Béatrice Beck, dans son roman Léon Morin Prêtre (Goncourt
1952), attire l’attention sur le psaume 22  attribué au roi David,
lequel comporte de nombreux éléments qui semblent avoir été
repris dans le récit de la Passion de Jésus, à commencer par
cette célèbre complainte  : Père, pourquoi m’as-tu
abandonné ? Nous reprenons ci-dessous des recoupements
proposés sur Internet  :

(Matthieu 27 : 31-48) …et ils l’emmenèrent pour le crucifier. 


39 Ceux qui passaient par là lui lançaient  des insultes en
secouant la tête,  40 et criaient:    —Hé, toi qui démolis le
Temple et qui le reconstruis en trois jours, sauve-toi toi-même. Si
tu es le Fils de Dieu, descends de la croix! 41 De même, les chefs
des prêtres se moquaient de lui, avec les spécialistes de la Loi et
les responsables du peuple, en disant:
42 —Dire qu’il a sauvé les autres, et qu’il est incapable de se
sauver lui-même! C’est ça le roi d’Israël? Qu’il descende donc de
la croix, alors nous croirons en lui! 43 Il a mis sa confiance en
Dieu. Eh bien, si Dieu trouve son plaisir en lui, qu’il le délivre! N’a-
t-il pas dit: «Je suis le Fils de Dieu»?
44 Les brigands crucifiés avec lui l’insultaient, eux aussi, de la
même manière. 45 A partir de midi, et jusqu’à trois heures de
l’après-midi, le pays entier fut plongé dans l’obscurité. 46 Vers
trois heures, Jésus cria d’une voix forte… « Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m" as tu abandonné? »…48 L’un d’entre eux courut
aussitôt prendre une éponge, qu’il imbiba de vinaigre et piqua au
bout d’un roseau.
Marc 15 : 16 à 20
16 Les soldats emmenent Jésus dans la cour intérieure du palais
17 Alors ils le revtirent dunmanteau de couleur pourpre[ et lui
posèrent une couronne tressée de rameaux épineux. 18 Puis ils le
saluèrent en disant:     Salut, roi des Juifs ! 19 Ils le frappaient la
t黎e avec un roseau et crachaient sur lui, sagenouillaient et se
prosternaient devant lui.20 Quand ils eurent fini de se moquer de
lui, ils lui arrachèrent le manteau de couleur pourpre, lui remirent
ses vetements et l' emmenèrent hors de la ville pour le
crucifier37 Mais Jésus poussa un grand cri et expira.(Jean 19 :
34)ils ne lui brisèrent pas les jambes34 lui enfonça sa lance dans
le côté et aussitôt il en sortit du sang et de leau Cest l qu’ils le
crucifient (Jean 19 : 18) 
Jean 2O : 23 à25  Thomas) Si je ne vois pas la marque des clous
dans ses mains,si je ne mets pas mon doigt à la place des clous,
et si je ne mets pas la main dans son côté, je ne croirai pas…
C’est là qu’ils le crucifièrent.Lorsque les soldats eurent crucifié
Jésus, ils prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour
chacun d’eux. Restait la tunique qui était sans couture… Les
soldats se dirent entre eux: « Au lieu de la déchirer, tirons au sort
pour savoir qui l’aura »…
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? Tu restes
loin, tu ne viens pas me secourir malgré toutes mes plaintes.
3 Mon Dieu, le jour, j’appelle, mais tu ne réponds pas La nuit, je
crie, sans trouver de repos… 
7 Mais moi je suis un ver, je ne suis plus un homme,  tout le
monde m’insulte, le peuple me méprise,
8 ceux qui me voient se rient de moi.  Tous, ils ricanent. On fait
la moue en secouant la tête: 
9 Il se confie en l’Eternel?  Eh bien, que maintenant lノEternel le
délivre!  Puisquil trouve en lui son plaisir, quil le libère donc[
10 Oui, c’est bien toi qui, depuis ma naissance, m’as protégé. Tu
m’as mis en sécurité sur le sein de ma mère. 
11 Dès mon jeune âge, j’ai été placé sous ta garde.  Dès avant
ma naissance, tu es mon Dieu. 
12 Ne reste pas si loin de moi car le danger est proche,  et il
n’y a personne qui vienne pour m’aider. 
13 De nombreux taureaux m’environnent:  ces fortes bêtes du
Basan sont tout autour de moi. 
14 Ils ouvrent largement leurs gueules contre moi,  ils sont
comme un lion qui rugit et déchire. 
15 Je suis comme une eau qui s’écoule  et tous mes os sont
disloqués.  Mon cœur est pareil à la cire, 
16 Ma gorge est desséchée comme un tesson d’argile,  ma
langue colle à mon palais,  tu me fais retourner à la poussière
de la mort.
17 Des hordes de chiens m’environnent,  la meute des
méchants m’assaille.  Ils ont percé mes mains, mes pieds, 
18 je pourrais compter tous mes os;  ils me regardent, ils me
toisent,
19 ils se partagent mes habits  et tirent au sort ma tunique.
 
 
Quant aux chapitres III et IV, ils appartiendraient, selon nous, à
cette même Bible chrétienne ou christianisée -et c'est à ces
conditions que l'Ancien Testament est admis à côtoyer le
Nouveau- et là encore Elohim est désigné de façon totalement
atypique et à aucun moment attesté dans tout le Pentateuque, à
savoir Yahvé-Elohim, ce qui conduit les traducteurs, comme pour
le Rabbinat, et avec diverses variantes ailleurs,  à  utiliser
une forme duelle, du type  l’Éternel Dieu. Ces deux chapitres
mettent en scène une tentation( terme que l'on trouve à deux
reprises dans le Chéma Israël) et l'on rappellera celle à laquelle
fut confrontée Jésus.  Dieu  » avait voulu tenter Adam et on
voit celui-ci succomber à la tentation de consommer du fruit
défendu  que lui tend  cette femme  elle-même générée  par
ce «  Dieu  », alors que Jésus parvient, quant à lui, à résister
puisque c'est bien ce Dieu qui la fait naître à partir d'Adam  (II, 
21) «  Dieu  fit peser une torpeur sur Adam  qui s'endormit, il
prit une de ses cotes  (..) Il la présenta à Adam  » Dans
l’Évangile de Mathieu (IV, v 1-11) on lit  Alors l'Esprit de
Dieu conduit Jésus dans le désert pour que l'esprit du mal le
tente  » Cette séquence se termine par  le célèbre «  Vade
retro Satanas  »  . On retrouve là le Serpent du Jardin d’Éden
dans cet épisode qui aura été interpolé dans le cadre de ce
Pentateuque christianisé. (Genèse II, 16 et III).
On notera aussi qu'alors que la Genèse (I et V) désigne masculin
et le féminin par  Zakhar (d’où Zacharie, l’homme de Dieu,,
racine qui signifie se souvenir, se rappeler)  et Neqéva qui
serait selon nous à rapprocher de Eqev, le talon (même racine
que Jacob, Yaakov), c’est à dire ce qui fait suite , qui est la
conséquence de (sur ses talons,  talonner (talon d’Achille)  on
use dans ces deux chapitres de la forme Isha et 
chapitre V à Zakhar et Neqéva  ! Par ailleurs, dans Genèse IV,
on emploie le verbe « connaître  » (iada- d’où l’expression « 
connaître au sens biblique  »- pour dire qu’Adam féconde Eve
alors que cet usage n’est pas attesté ailleurs dans ce Livre. Or, 
le lexique est révélateur des différences d’origine d’un texte. ((cf.
Yves Simoens,  Homme et  Femme de la Genèse à
l’Apocalypse. Paris, Ed. Facultés Jésuites de Paris, 2014, p. 77)
On comprend mal pourquoi  cet Adam qui a déjà été fait mâle
et femelle  devrait, parce que Yahvé Élohim (sic) a trouvé qu'il
était bien seul, se voir extraire une femme de ses  os  et de 
sa chair. D'autant que bien des traducteurs insistent sur le fait que
dès le chapitre I,  Élohim créa l'homme et la femme, soulignant
à l'appui de leurs dires l'usage du pluriel, lequel est en effet
attesté en hébreu  Il les bénit (I, 28) (Barakh  otam Élohim 
»). Mais quelque part cet génie adamique n'est-il pas un être
double qui peut dire "nous"?
Rappel  :
IV  «Alors le Seigneur dit à Caïn  ?  (..) Le Seigneur
contiinue ? J’entends la voix du sang de ton frère. Dans le sol,
elle crie vers moi pour demander vengeance. Le sol s’est ouvert
pour recevoir le sang de ton frère (...)  Et le Seigneur met une
marque sur Caïn. Alors celui qui le rencontrera ne pourra pas le
tuer  ». On notera l’importance accordé au sang, lequel sang
joue le rôle que l’on sait dans l’eucharistie, où le vin est en
quelque sorte changé en sang pour rappeler le sort de Jésus
puisque le sang est question est celui d’Abel.  Mais l’on pense
aussi au sort des Juifs , peuple choisi  par Yahvé, condamné à
survivre à  travers les siècles.
Il est intéressant de s'arrêter sur les formes grammaticales
utilisées et notamment sur ce qu'on appelle le Vav  conversif.
Selon ce principe, dont on ignore d'ailleurs la raison d'être- quand
on emploie le passé, on est au futur et quand on emploi le futur,
on est au passé. Étrangement, la première phrase du Livre de la
Genèse ne se sert pas du Vav conversif.  Au commencement,
Dieu avait créé etc. est la traduction de la forme «  bara  »
qui est prétérit sans vav conversif. En fait, les deux premiers
versets n'y recourent pas et l'usage n’apparaît qu'au verset 3. La
terre était chaos correspond à une forme hébraïque au passé, à
partir du verbe être  Havta  Tohu  »
  On est donc en droit de se demander si ces deux
versets initiaux n'ont pas été introduits à une époque où cette
règle n'était plus respectée.
Passons aux versets 23-24, à la fin- du chapitre II de la Genèse,
donc un peu plus bas et là encore, on ne s'encombre  plus de
vav conversif  : pour dire qu’«  'on l'appellera (Yikreou) Isha
parce qu'on l'a prise (lakhou) de ish  » mais bien un passé 
quand c'est au passé et un futur quand c'est au futur. Même
observation  : un décalage dans la procédure grammaticale.
Quant au chapitre III  de la Genèse, qui est celui du drame du
Jardin d’Éden, les condamnations proférées par Dieu, ne pas
introduites par un Vayomer mais par un Amar sans vav (racine
que l’on retrouve en arabe et qui a donné l’émir) conversif  et
en fait, là encore le futur est rendu par le futur et le passé par le
passé  !  En ce qui concerne le Chapitre IV, mêmes
discordance et maladresses avec une alternance  anachronique 
d'un verset à l'autre de l'ancienne et de la nouvelle formulation
mais nous en resterons là  ; on retiendra surtout, à ce stade, la
fin du chapitre III surtout si on la compare avec l'histoire de Noé
(chapitre 6, 13)  : là où l'on emploie «  Vayomer Elohim,  »
on trouve dans la scène de l'expulsion du Jardin d’Éden « 
Amar Yahvé Elohim  » (chapitre III,  17) avec qui plus est 
la forme barbare  Yahvé Elohim  au lieu d'Elohim ou de
Yahvé. Tout cela, dira-t-on, n’a ni queue ni tête  ! Il conviendrait
donc de corrigere le premier verset du Livre de la Génèse:
On aurait dû avoir «  Vayivra Elohim Et haShamym’
et non ‘bara’ tout comme au verset 2 nous trouvons 
: «  Vayivra Elohim et haAdam  »

Au commencement, Dieu 1 ‫ וְאֵת‬,‫ אֵת הַּׁשָ מַ י ִם‬,‫ ּב ָָרא אֱֹלהִים‬,‫א ּב ְֵראׁשִ ית‬
.créa le ciel et la terre  .‫ָָארץ‬
ֶ ‫ה‬

‫ ְּב ֶצלֶם‬,‫הָָאדָ ם ְּב ַצלְמֹו‬-‫כז ַוּיִב ְָרא אֱֹלהִים אֶת‬


‫ ּב ָָרא‬,‫ זָכָר ּונְקֵ בָה‬ :‫אֱֹלהִים ּב ָָרא א ֹתֹו‬
 .‫א ֹתָ ם‬
Dieu créa l'homme à 27
son image; c'est à l'image
de Dieu qu'il le créa. Mâle
et femelle furent créés à la
.fois

Or, au verset 27, l’on a droit à un mélange stylistique 


puisque le verset se termine par deux fois «  bara 
»  ! On est donc tout à fait en droit de soupçonner
quelque retouche tardive, avec un rédacteur qui ne
respecte pas, qui méconnaît les codes de la première
mouture. Le verset commence par la forme
conversive puis passe à la forme du prétérit tout en
disant la même chose  ! Si ce n’est que d’une part on
nous dit que Dieu créa Adam à son image et de
l’autre que Dieu créa Adam «  à l’image de Dieu  » 
! Mais quid de ce pluriel « Elohim » figurant dès le
premier verset de la Genèse  face à un verbe au
singulier ? Il se pourrait que cela correspondit, pour
les Israélites qui sont derrière la rédaction du
Pentateuque, une formule trahissant un certain
polythéisme.

Dans nos travaux, en histoire des textes,  il nous a toujours


intéressé de retrouver la source d'un texte et les contrefaçons
font  largement appel au plagiat (cf. notre étude sur les
Protocoles des Sages de Sion,  et leur emprunt  à Maurice
Joly, Ed Ramkat 2002, ou sur la prophétie de Malachie (Papes et
prophéties Ed Axiome 2005) ou l'arbre séfirotique). C'est ainsi que
nous avons montré que les quatrains des Centuries sont en fait la
mise en vers totalement fantaisiste de textes de Nostradamus en
prose (cf. infra dans le volume III). Les mots sont utilisés mais
placés dans un autre ordre (cf. Giffré de Réchac et la naissance
de la critique nostradamique au XVIIe siècle, post doctorat, 
EPHE Ve section, 2007, cf. aussi notre dossier in Revue
Française d'Histoire du Livre, 2011). On peut parler du nettoyage
d’un texte et il est étrange de voir des gens  faire assaut de
propreté vestimentaire et ménagère  alors même qu’ils
véhiculent des textes poussiéreux et rouillés. A la propreté du
corps, doit correspondre celle de l’esprit. Mens sana in corpore
sano.
Dans le cas des  chapitres de la Genèse, l'on peut faire un
constat assez comparable avec les mots des chapitres traitant de
Noé  repris pour constituer les chapitres précédents relatifs au
Jardin d’Éden et à la naissance d'Abel et de Caïn.  Alors que
dans le récit relatif à Noé, on perçoit un enchaînement logique, il
n'en est rien pour celui relatif  à la «  faute d'Adam  ».
Nous verrons que notre approche de la linguistique déconstruit la
phrase et met en avant les mots, lesquels peuvent se combiner,
se comprendre, se traiter de toutes sortes de façons. Le cas des
Centuries nous aura démontré qu’au bout du compte, les mots
seuls importaient par- delà leur présence au sein d’une phrase
donnée car chacun les réinterprète et les reconfigure, de par sa
lecture, son commentaire, son interprétation.
Si l’on prend donc les chapitres II, III et IV du Livre de la Genèse,
l’on observera l’ampleur des emprunts aux chapitres noachiques,
tant au niveau des mots eux-mêmes que par le recours à des
synonymes, à des calques.

I  La nudité
Noé s’enivre en consommant du fruit de la vigne, il se dévêtit .
Voilà un événement d’une grande banalité qui  connaît une
étonnante fortune dans un chapitre placé plus en amont- ce qui
ne saurait surprendre car la contrefaçon vise dans bien des cas à
réaménager le passé, ce qui fait qu’un texte prétendument
postérieur est en fait antérieur. .  Cet épisode donne lieu à un
récit qui nous parle du fruit interdit d’un arbre dont la
consommation fait prendre à ceux qui le mangent qu’ils sont nus
et donc qu’il leur faut cacher cet état. Dieu s’aperçoit alors
immédiatement que l’on n’a pas respecté la consigne.
 
 
 
II Les trois frères
Noé a trois fils, Shem, Cham et Yafé,  Cham et banni
Adam a trois fils  Abel, Caïn et Seth, Caïn est banni. (Genèse
IV) 17
C’est le frère du milieu qui est exclu  : Cham, Caïn (Genèse IX,
14  et seq)
Cham (et le fils de ce dernier  Canaan) est maudit par son père
pour avoir révélé la nudité de Noéà ses frères au lieu de la
cacher.
Dieu châtie Caïn, pour avoir tué son frère Abel.
III Le signe-
Caïn  : Et le Seigneur met une marque  (Ot) sur Caïn
(Genèse IV15)
Noé  Dieu dit «  L’arc en ciel  est le signe de l’alliance (Ot
haBrith) que je fais entre moi et  tous les êtres vivants qui sont
sur la terre  » Genèse  IX, 17)
C’est le même mot «  Ot  » (signe, mais aussi lettre de
l’alphabet) qui sert dans les deux cas.
IV Le meurtre
Dieu  dit  au chapitre IX, 5  : «  Si un animal ou une
personne tue quelqu’un, je lui demanderai compte de sa vie
Or, ce thème du meurtre est décliné  plus haut avec le meurtre
d’Abel par Caïn/ (Genèse IV 10) Dieu  interpelle Caïn  :
Qu’est-ce que tu as fait. J’entends la voix du sang de ton frère 
»
On notera que le commandement de ne pas tuer n’avait pas
encore été énoncé au chapitre IV et qu’il ne le sera qu’au chapitre
IX 
!
V  Les regrets de Dieu
L’expulsion du Jardin d’Éden  est dans la même tonalité que la
décision de Dieu de provoquer un Déluge. 
Genèse VI  6  Dieu  regrette d’avoir fait les humains sur
la terre  »
Genèse III «  Dieu chasse l’homme du jardin  d’Éden  »
Il est clair que Dieu,  ici,  regrette d'être sorti de sa zone de
confort en s'investissant dans cette Création. Cela illustre bien la
phase yin de repli, de retrait (et de retraite), ce qui peut conduite à
l'expulsion de ce qui a été accepté puis, dans un second temps,
rejeté, expulsé.
On  nous campe ici un dieu marqué comme l'homme par cette
alternance au prisme de la cyclologie  selon Saturne, de flux et
de reflux. Comme on dit qu'est-il allé faire dans cette galère  ?
VI 

Le couple
La notion de couple est fortement marquée dans l’histoire de
l’Arche de Noé  et l’on y emploie les mots «  ish  », «  isha 
» que l’on retrouve au chapitre III lorsque Dieu crée la femme
(isha et pas encore Eve)  pour accompagner Adam qui devient
«  ish  ». (Genèse II). Ce sont exactement les mêmes mots de
l’hébreu qui sont utilisés. Les traducteurs rendent généralement
Ish et Isha, par homme et femme dans Genèse  II et par mâle
et femme dans  Genèse VII alors que ces termes s’appliquent
à tout animal. En fait, dans Genèse VII, on emploie pour les
animaux tantôt  Ish-Isha et tantôt Zakhar Neqéva, la forme Ish
Isha étant utilisée pour Noé et sa «  maisonnée  » (Bayit).
Genèse VII
Dieu dit à Noé  : Entre toi, et toute ta maisonnée ( Beytekha, 
rendu par famille  in trad. du rabbinat) dans l’Arche
(...)Noé  entra  avec   ses fils et ta femme  (Ishto) et
les femmes (nashéi,, pluriel  de isha) de tes fils avec toi (...) Tu
devras faire entrer aussi dans le bateau un couple de chaque
espèce vivante, un mâle (zakhar)  et une femelle 
neqéva)»(formule que l’on retrouve dans Genèse I  et «  De
tout quadrupède pur, tu prendras sept couples, le mâle et sa
femelle (Ish  Ishto)  et des quadrupèdes  non purs, deux, le
mâle et sa femelle  (Ish Ishto)» De même des oiseaux du ciel,
respectivement sept, mâles et femelles (zakhar veneqéva) pour
perpétuer  les espèces sur terre  »
Genèse II,22- 28
«  Dieu a fait  toutes sortes  de bêtes sauvages et
toutes sortes d’oiseaux (.) Le Seigneur  fait une femme  (Isha)
et il l’amène à  l’homme. (..;) On l’appellera femme de l’homme
parce qu’elle vient de l’homme (Adam)  (..) C’est pourquoi
l’homme (Ish) abandonne son père et sa mère. L’homme s 
‘unit à sa femme (Ishto), la femme  (contraction de isha shélo)
qui est à lui)  et ils deviennent une seule chair. Or, ils étaient nus,
l’homme (Adam) et  sa femme (Ishto)  »
Quand on étudie de près l’usage du mot Adam dans les deux
premiers chapitres de la Genése, on note que le nom Adam
apparait pour la première fois sans article défini alors que par la
suite, il est toujours précédé du dit article «  ha  » (haAdam).
Etrangement, dans deux versets successifs (I, 26-27), qui se
répètent littéralement,  l’on trouve  d’abord Adam puis «  Et
haAdam  »
26  Naassé Adam beTsalménou  «  Faisons Adam à
notre image  »
27  Vayvra Elohim Et haAdam beTsalmo  «  et Dieu créa
l’Adam à son image  »
Comment expliquer que cet Adam se trouve ravalé en quelques
sorte au niveau de «  Ish  »  ? Si l’on admet
qu’Adam  incarne, symbolise,  un être supérieur,  on ne
saurait exclure qu’à un certain stade,  des rédacteurs 
représentant les intérêts d’une population dominée - -l’on pense à
ceux relevant du Royaume d’Israël – aient tenté d’ estomper voire
d’ effacer un tel statut supérieur. Mais dans les Evangiles, c’est
bien la lignée de David qui est privilégiée (cf.  Mathieu I) et quant
à Jésus, il se présente comme le «  fils de l’homme  », ce qui
doit être compris comme «  fils d’Adam  », selon l’acception
que l’on trouve notamment dans Ezéchiel
Ézéchiel 26 1 «  La onzième année, le premier jour du mois, la
parole de l'Eternel me fut adressée, en ces mots: 2 Fils de
l'homme (Ben Adam), parce que Tyr a dit  etc « 
Ezéchiel  38. 2«  Fils de l'homme (Ben Adam), tourne ta face
vers Gog, au pays de Magog, Vers le prince de Rosch, de
Méschec et de Tubal, Et prophétise contre lui!  »
 
On peut d’ailleurs se demander à quelle version de l’Ancien
Testament –une version disparue  ? -  s’appuyait
alors le Nouveau Testament.
 
Nous pourrons  observer et démontrer  dans nos travaux sur
les Centuries de Nostradamus (cf deuxième Partie) que le
premier volet de quatrains  favorisait le camp catholique de la
Ligue alors que le second semblait bien plaider la cause du
réformé Henri de Navarre, le futur Henri I IV. (cf.  notre dossier
dans la Revue Française d'Histoire du Livre, 2011). Il semble bien
que le Pentateuque réunisse, de façon syncrétique, àl’instar des
Centuries, des positions politiques difficilement  compatibles. 
On pourrait ici  utiliser une terminologie que nous avons
développée dans notre thèse d’État (1999) concernant le
chronéme et le choréme. Le chronéme permet de dater un texte
alors que le choréme ( même racine que chorégraphie) 
permet de déterminer son appartenance, de le localiser. C’est la
dialectique du quand et du où. Et ici le traitement de Jacob et de
Juda  constitue des chorémes qui nous conduisent à penser
que -comme pour les Centuries, à la fin du XVIe siècle- le
matériau  rassemblé au sein d’un canon, tendait à unifier des
courants contradictoires. En effet,  la bénédiction de Jacob -
Israël à Juda à l’égard de Juda  (le lion), dans le Livre de la
Genèse, n’a nullement disparu comme cela aurait été le cas si un
seul parti avait tout  dirigé. On notera d’ailleurs que Jacob est
loin d’être systématiquement désigné sous le nom d’Israël et
nous  voyons  dans ce changement de nom  une
interpolation au service du camp d’Israël. Le Livre de l'Exode ne
se réfère jamais à Juda mais à Israël. Il semble donc qu’il ait été
rédigé soit par les seuls ressortissants d’Israël, soit en un temps
de syncrétisme, où de telles différences n’étaient plus comprises
pleinement, comme c’est d’ailleurs le cas de nos jours où la
plupart des Juifs ignorent totalement l’évènement majeur que fut
la sécession. Ils célèbrent la destruction du Temple de Jérusalem
(jeune du 9e jour du mois d’Ab) mais non une telle rupture que
pourtant Isaïe décrit de façon dramatique  (ch. VII)  : «  Il
n’y pas eu de jours semblables depuis que le royaume d’Israël
s’est séparé  du royaume de Juda   », ce qui se situe au Xe
siècle avant notre ère. C’est un peu comme si l’Ecosse, au nord, 
faisait scission avec l’Angleterre, au sud et comme si Londres
correspondait  à Jérusalem, ne reconnaissant plus la primauté
du souverain anglais. Mais de fait, dans Mathieu, l'on met en
avant la «  prophétie  » de Jésus sur la prochaine
destruction du Temple (en 70)  mais l’on ne peut s'empêcher
de penser qu'il s'agit là d'une prédiction faite en quelque sorte « 
après coup  »  (Mathieu XXIV) «  Jésus sort du temple  et
il s'en va. Alors, les disciples s'approchent de lui pour lui montrer
les bâtiments du temple. Jésus leur dit «  c'est la vérité, ici il ne
restera  pas une seule pierre sur une autre. Tout sera détruit 
». Et n'en est-il pas de même quand Isaïe (VII) est dit avoir
annoncé la destruction du royaume d'Israël avant qu'Emmanuel
n'atteigne l'âge de raison  ? Dans les deux cas, rien ne
semble pouvoir prouver que de tels textes auraient été publiés
avant les événements annoncés (cf.  notre tome III sur
Nostradamus, infra, à propos de l'annonce du couronnement
d'Henri IV en 1594). Ce qui apparemment semble devoir prouver
la valeur d'une prophétie peut tout aussi bien prouver qu'il ne
s'agit rien d'autre que d'une contrefaçon  visant à consolider
l'image d'un «  prophète  ». Dans Mathieu, au demeurant, il est
longuement traité des faux prophètes.(XXIV)  «  Ils feront
des guérisons et des miracles pour tromper  ». Or, pour bien
des chrétiens, la divinité de Jésus, sa messianité tiendraient
justement à ses «  guérisons et miracles  »  !
Si le nom d’Israël est récurrent dans le Livre de l’Exode, il est rare
dans le Livre de la Genèse puisque outre le récit de la lutte avec
l’ange on ne le trouve plus que dans les deux derniers chapitres 
à savoir une fois lors de  la bénédiction finale de Jacob à ses fils
(ch. 49) et  une autre  en conclusion  »Tous ceux- là sont les
douze tribus d’Israël  » (verset 28), ce qui fait la jonction avec le
premier chapitre de l'Exode  : «  Voici les noms des fils
d’Israël(...)Or les enfants d’Israël avaient augmenté etc « 
.Dans le Livre de l’Exode, Dieu va se référer  régulièrement aux
«  Bnéi Israël  », aux fils, aux enfants  d’Israël  ce qui
va donner l’appellation israélite, en vigueur en France au XIXe
siècle alors que l’expression « Judaïques  » (ce qui renvoie à
Juda l’emporte depuis quelques décennies), ce qui tend d’ailleurs
à réserver le terme «  israélien  » pour les « Juifs » vivant en
«  Palestine  ». La dualité Juda (Israël s’est comme
réintroduite de nos jours  en usant d’un terme pour les Juifs de
la Diaspora et d’un autre pour ceux de l’État Hébreu. En optant
pour le nom d’Israël, le Royaume du Nord se situait à la
génération précédant celle de Juda préférant ainsi le père au fils
Mais on soulignera que parmi  les 12 apôtres, on trouve un
Judas (Iscariote)– qui sera déconsidéré du fait de sa trahison - 
comme il y en a un parmi les fils de Jacob-Israël – ce qui
débouchera sur les 12  tribus dont celle de Juda  jouera un
rôle central, notamment à la mort de Salomon et du fait du
schisme avec ce qui deviendra le  » Royaume d'Israël. /
Initialement, il était question  de la  Monarchie unifiée
d'Israël et Jura (un peu comme on parle de nos jours du
Royaume Uni)
Les prophètes s’adressent à ces deux « maisons  » 
:
Jérémie 3.18
En ces jours, La maison de Juda (peuple Juif) marchera avec
la maison d'Israël (Ephraim); Elles viendront ensemble du
pays du septentrion Au pays dont j'ai donné la possession à
vos pères.

Zacharie 8.13
De même que vous avez été en malédiction parmi les nations,
maison de Juda  et  maison d'Israël, de même je
vous sauverai, et vous serez en bénédiction.
 
Décidément, on découvre de nombreux calques entre les deux « 
Testaments  », qu'il s'agisse du doute qui enveloppe la
naissance plus ou moins miraculeuse  de Jésus comme
d'Isaac ou du «  sacrifice  » que le père est conduit à accepter
de son fils. Toutes ces ressemblances pourraient nous faire douter
de la réalité historique qui enveloppe le personnage de Jésus, ce
qui vaut aussi, par ailleurs, en amont, pour les patriarches dont le
dit Jésus serait issu par le truchement d'un Joseph, dont il est dit
qu'il n'est pas vraiment le fils mais au mieux un enfant adopté à
moins bien entendu – comme nous le pensons- que l'on remette
en question la dite  naissance de Jésus telle qu'elle est relatée
dans les Évangiles, sur le modèle de celle d'Isaac.. C’est ce que
nous appelons un phénomène de référencement, quand un
discours ne se comprend vraiment que dès lors que l’on sera
parvenu à analyser son référencement, ses sources, ses
emprunts. Dans le présent ouvrage, les exemples ne manquent
certainement pas  l’astrologie par rapport à l’astronomie,
l’alimentation végétarienne par rapport à l’alimentation carnée,
l’anglais moderne par rapport au français, la femme par référence
à l’homme qu’elle entend «  égaler  ». Mais il nous faut revenir
sur la naissance de Moise dont le «  récit  » nous semble
être lacunaire dans le Livre de l’Exode tel du moins qu’il nous est
parvenu  nous  serions tentés de dire que la princesse
égyptienne aurait été fécondée  «  divinement  » et aurait
donné naissance à ce Moïse, à l’instar de Marie pour Jésus
puisque tant Moise que Jésus ( à la suite de Jérémie) sont les 
véhicules,  les  porteurs, les missionnés  d’une Alliance
du même peuple avec le même Dieu, l’Ancienne et la Nouvelle,
respectivement. (cf le Monde Juif  et l’Astrologie, op. Cit). La
disparition de certains éléments nuit, on le conçoit,  à la mise en
évidence  de tous les parallèles, de tous les décalques au sein
de l’ensemble «  Bible  ». Dès lors, ni Moise, ni Jésus ne
sauraient être qualifiés d’  »Hébreux, puisqu’ils sont nés par
l’opération du Saint Esprit, ce qui expliquerait  l’étrange
dialogue de Moise avec «  Dieu  », quand ce dernier déclare
l’envoyer vers «  ce peuple  », sorte de «  mission impossible 
»  qui constitue d’une certaine manière une surprise pour
l’intéressé, même si par la suite, l’on aura pris la peine de fausser
les pistes en introduisant les signes d’une judéite initiale de
Moïse  !
Soulignons le fait que l’évangile de Mathieu- qui s'adresse tout
particulièrement aux  Juifs  convertis et donc
familiers avec ce qu'on appellera l'Ancien Testament, réaffirme le
rôle du quatrième patriarche  Juda ). «  Ne pleure point ; voici, le
lion de la tribu de Juda   le rejeton de David, a vaincu pour
ouvrir le livre et ses sept sceaux. ». On peut donc voir dans  le
«  nouveau Testament  » une protestation  contre  cette
prise de pouvoir dans le Pentateuque (Torah)  d’Israël, au
point que l’Exode  évacue  jusqu’au nom de Juda  dans le
discours que Dieu adresse à Moïse.
On nous objectera que le Royaume d'Israël ayant disparu dès 722
avant JC, on voit mal comment ses tenants auraient pu intervenir
ultérieurement dans la transmission du corpus « 
vétérotestamentaire  ». Mais ce serait oublier la nature
impériale du Royaume de Salomon, à savoir que les  régions
du Nord étaient en quelque sorte satellisées par celles du Sud et
que nombre de ressortissants de la partie septentrionale de
l'Empire  étaient installées dans la «  métropole 
judéenne  (Chroniques précise en  effet (X, 17)  : « 
Seuls les Israélites qui habitent le territoire de Juda reconnaissent
Roboam comme  roi  . En fait, selon nous, tout se passe
comme si les territoires du Nord avaient le sentiment d'avoir été
conquis par ceux du Nord et qu'ils se révoltaient contre ce pouvoir
qui leur avait imposé sa religion, c'est dire que la Judaïsation des
païens était bien antérieure à l'émergence du christianisme, cette
judaïsation correspondant à une dynamique d'horizontalité. . On
peut même se demander si la représentation des 12 tribus n'est
pas une fiction visant à intégrer  les populations conquises  du
Nord.
 
». De nos jours, on comprend aisément une telle situation comme
dans le cas des immigrés algériens restés en métropole après
l'indépendance de l'Algérie en 1962 voire  ceux qui s'y
installèrent par la suite, tout en conservant des liens avec leur
pays d'origine.  On peut donc supposer que les populations
issues du Nord auront échappé à la destruction de leur Royaume
et auraient pu élaborer une version  du texte biblique
comportant des retouches et des interpolations favorables à la
cause d'Israël et minimisant celle de Juda. On peut aussi imaginer
que le texte biblique qui aura été conservé n'est pas le texte
officiel mais la version propre au courant lié à ce Royaume
d'Israël. Ces «  israélites  » auraient pu se comporter peu ou
prou comme le feront les Marranes en Espagne, sans parler du
clivage en Islam entre Chiites et Sunnites. L'Histoire des textes
est coutumière de tels aléas de transmission, via des traductions,
des versions dissidentes, des attaques. En tout état de cause,
l’Evangile selon Mathieu atteste du maintien d’une telle
représentation tribale  :
 
«  Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se
retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm,
ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de
Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole
prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de
Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des
nations !  »
 
Nous avons ainsi pu observer et démontrer – pour le XVIe
siècle-  dans nos travaux sur les Centuries de Nostradamus que
le premier volet  de ses Prophéties – titre de l’ouvrage, les
Centuries ne faisant que décrire une présentation des quatrains
par tranche de cent- favorisait le camp catholique de la Ligue- et
en fait en émanait-  alors que le second semblait bien plaider la
cause du réformé Henri de Navarre, le futur Henri I IV. (cf. 
notre dossier dans la Revue Française d'Histoire du Livre, 2011).
On pense notamment à un quatrain retouché censé annoncer le
couronnement en 1594  d'Henri de Navarre à Chartres, en
changeant la ville de Chastres (ancien nom d' Arpajon)  en
Chartres, le couronnement n'ayant pu avoir lieu à Reims, cité
contrôlée par la Ligue catholique. Ce couronnement  fait suite à
la conversion au catholicisme (abjuration) et précède l'entrée du
roi dans Paris. Quand  Chantal Liaroutzos a repéré  la piste de
la Guide des Chemins de France, elle n’a pas songéà vérifier de
quelle façon cette source avait été traitée et si des variantes
significatives et révélatrices n’avaient pas été introduites. Or, le
repérage des sources est d’autant plus intéressant quand cela fait
apparaître des modifications et lorsqu’il est en outre possible de
relier celles-ci à des données pouvant être circonscrites dans le
temps.
 
Face à cette guide des Chemins de France qui est une incursion
géographique, il importe de placer le Livre de l’Estat et Mutation
des temps de Richard Roussat, notamment en ce qui concerne la
rédaction du 16e quatrain de la centurie première. Brind’amour (cf
son édition critique de 1996, Genève, Droz) cite certes le passage
de Roussat correspondant mais sans en tirer toutes les
conséquences, à savoir la dimension aléatoire et compilatoire des
quatrains concernés. D’ailleurs, l’emprunt à Roussat est ici
totalement aléatoire et discontinu, ce qui montre qu’il ne s’agit là
que d’un collage, d’un remplissage – pour atteindre une certaine
quantité de quatrains- au même titre que l’emprunt à la Guide des
Chemins de France.
Or, il est clair que ce texte signalé est une exploration cette
fois non plus géographique mais astronomique de la série des
conjonctions Jupîter-Saturne dans la longue durée. Brind’amour
nous indique que ce quatrain se réfère à une conjonction de 1641
mais il est clair que ce quatrain – recourant à un texte tronqué- ne
saurait être l’œuvre de Michel de Nostredame  pas plus que le
quatrain relatif à Varennes (auquel Dumézil en 1984 consacra
toute une étude) , alors qu’il est un emprunt à la dite Guide de
Charles Estienne. Il en est bien entendu de même pour les
quatrains qui se référent à des événements de la fin du XVIe
siècle et qui ne sont nullement le fait de la prophétie
nostradamienne mais des interpolations  de circonstance
mises sur le compte du prophète-astrologue. Soulignons que
l’astrologie n’aura pas tant été victime des attaques proférées
contre elle mais bien de la concurrence de la littérature
prophétique et divinatoire laquelle prospérera alors même que la
cote de l’astrologie déclinera, notamment aux XVIIIe et XIXe
siècles.
Il semble bien que le Pentateuque réunisse, de façon syncrétique,
à l’instar des Centuries, des positions politiques difficilement
compatibles.  On pourrait ici  utiliser une terminologie que
nous avons développé dans notre thèse d’État (1999) concernant
le chronéme et le choréme.  C’est la dialectique du quand et du
où. Et ici le traitement de Jacob et de Juda  constitue des
chorémes qui nous conduisent à penser que -comme pour les
Centuries, à la fin du XVIe siècle- le matériau  rassemblé au sein
d’un canon, tendait à unifier des courants contradictoires. En
effet,  la bénédiction de Jacob à Juda  à l’égard de Juda 
(le lion), dans le Livre de la Genèse, n’a nullement disparu comme
cela aurait été le cas si un seul parti avait tout  dirigé. On notera
d’ailleurs que Jacob est loin d’être systématiquement désigné
sous le nom d’Israël et nous  voyons  dans ce changement
de nom  une interpolation au service du camp d’Israël. Dans le
Livre de l’Exode, Dieu se réfère  régulièrement aux «  Bnéi
Israël  », aux fils, aux enfants  d’Israël  ce qui va donner
l’appellation israélite, en vigueur en France au XIXe siècle alors
que l’expression «  Juifs » (contraction  qui renvoie à
Juda  l’emporte depuis quelques décennies), ce qui tend
d’ailleurs à réserver le terme «  israélien  » pour les «  Juifs
» vivant en «  Palestine  ». La dualité Juda -Israël s’est
comme réintroduite de nos jours  en usant d’un terme pour les
Juifs de la Diaspora et d’un autre pour ceux de l’État Hébreu.
Soulignons le fait que l’Évangile de Mathieu réaffirme le rôle du
quatrième patriarche  Juda « Ne pleure point ; voici, le lion de
la tribu de Juda (), le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre
et ses sept sceaux. ». On peut donc voir dans  le « nouveau
Testament  » une protestation  contre  cette prise de
pouvoir dans le Pentateuque (Torah)  d’Israël, au point que
l’Exode  évacue jusqu’au nom de Juda  dans le discours
que Dieu adresse à Moïse.

Revenons sur la question de la création de la femme. On sait


qu’au chapitre II, Dieu constate qu’Adam ne trouve pas de
partenaire parmi tous les animaux existants, il lui faut donc créer
quelque chose qui n’existe pas encore. C’est la «  icha  »
dont le nom vient du fait qu’elle est issue, extraite  de «  ish 
». Certes, ce clone a été fabriqué à partir de la «  chair  »
d’Adam, comme il est dit mais  peut-on dire pour autant qu’elle
est pleinement «  humaine  »  ?  En tout cas, elle  n’est
pas son épouse mais plutôt sa «  femme de ménage  », sa
«  bonne à tout faire  », et qu’elle est une sorte de clone, ce
qui renvoie à l’idée qu’Élohim dispose d’une biotechnologie 
fort avancée.. Si Adam s’unit à cette Isha, on est dans une sorte
d’inceste, entre le père et sa fille. Or, dans le Jardin d’Éden, il
n’est nullement question d’union, d’enfantement. Ce n’est qu’à la
suite de l’expulsion qu’Adam s’unit à celle qui désormais portera
le nom d’Eve mais nous avons vu qu’elle n’enfantera pas avec
Adam mais avec un être divin, comme cela se pratiquait.
Autrement dit,  il importera de distinguer  le féminin intégré au
sein de l’génie adamique du féminin  incarné par la femme. On
parlera donc du féminin androgynal  (neqéva) dans le cas de
l’homme ou mieux encore de l’anima qui ne fait sens que s’il
cohabite avec l’animus, au sein de cet être génie adamique qu’est
l’homme (par opposition ici à la femme laquelle correspond à la « 
isha  », l’épouse de l’homme mais non pas le féminin en
l’homme. Chez l'homme, l'animus et l'anima se dynamisent
mutuellement alors que chez la femme, seule existerait l'anima, 
ce qui oblige la femme à rechercher le dialogue à l'extérieur d'elle-
même. Or, pour nous, le génie adamique exige  une telle dualité
intérieure, ce qui lui permet de ne dépendre de personne quand il
se trouve en terre inconnue alors que la femme aurait toujours
besoin qu'on lui prenne la main pour avancer Nous ne suivrons
pas Jung (" Dialectique du moi et de l’inconscient, Gallimard,
1973, pp 179 et 181 quand il écrit 
 
« L'anima est féminine ; elle est uniquement une formation de la
psyché masculine et elle est une figure qui compense le conscient
masculin. Chez la femme, à l'inverse, l'élément de compensation
revêt un caractère masculin, et c'est pourquoi je l'ai appelé
l'animus. Si, déjà, décrire ce qu'il faut entendre par anima ne
constitue pas précisément une tâche aisée, il est certain que les
difficultés augmentent quand il s'agit de décrire la psychologie de
l'animus. (…)   Pour décrire en bref ce qui fait la différence entre
l'homme et la femme à ce point de vue, donc ce qui caractérise
l'animus en face de l'anima, disons : alors que l'anima est la
source d'humeurs et de caprices, l'animus, lui, est la source
d'opinions ; et de même que les sautes d'humeur de l'homme
procèdent d'arrière-plans obscurs, les opinions acerbes et
magistrales de la femme reposent tout autant sur des préjugés
inconscients et des a priori. »
 
En effet, pour nous, la dialectique animus-anima se joue au
niveau du génie, ce qui renvoie au premier chapitre de la Genèse.
Quant à la femme, elle ne serait point selon nous animée par une
telle dialectique, ce qui ressort du deuxième chapitre de la
Genèse. Elle correspondrait au genre neutre, au numéro 3.
Les deux maisonnées sont intimement en résonance  : celui qui
ne maîtrise pas ses pulsions (maisonnée intérieure (micro) ne
parviendra pas à se faire respecter de sa maisonnée extérieure
(macro), à savoir ceux qui le fréquentent et dépendent peu ou
prou de lui  Rappelons la formule d'Auguste dans la pièce de
Corneille, Cinna ou la clémence d'Auguste (1641)  : «  je suis
maître de moi comme de l'univers  ». (Acte V) En tout cas, selon
nous,  l’élément féminin de l’homme ne saurait être confondu
avec la femme. Ce qu’on appelle féminin dans la Genèse
correspondrait à notre idée de la maisonnée (cf supra), à savoir
les parties inférieures fonctionnant de façon plus ou moins
automatiques, ce qui relève de notre corps. En revanche, la
femme (qui ne figure pas au chapitre Ier de la Genèse)  serait
un élément extérieur,  détachable, de la dite maisonnée, une
pièce rajoutée et non vitale pas plus que ne l’est tel ou tel appareil
technique(cf notre Volet III). D’une certaine façon, la femme serait
l’interface, la médiation entre l’homme et la machine tout comme
le messager (Moïse, Jésus, par exemple) est un intermédiaire-de
par sa nature même- entre les hommes et les dieux. On peut
d’ailleurs se demander si dans le tétramorphe, ce n’est pas la
femme plutôt que l’homme qui se trouve représenté aux côtés du
taureau, du lion et de l’aigle –selon nous bien plutôt le porc.
Au regard de la grammaire, on est en droit de se demander
si le clone ne correspondrait au troisième genre, le neutre, si
fortement marqué en allemand avec le das qui se distingue
du der (masculin) et du die (féminin) et d'ailleurs on dit das
Mädchen est un neutre pour désigner une fille. Cela vaut
aussi pour le latin comme dans le cas de templum et son
pluriel templa (us et a au masculin et au féminin, i et ae au
pluriel) On notera qu'en français, on distingue deuxième et
second, deuxième permettant un troisième facteur alors
que second exclue un troisième facteur.

Selon nous, en effet – et c'est une pierre dans le jardin de


l'évolution darwinienne – il pourrait bien y avoir eu des
interférences entre plusieurs 'évolutions  » et non un
processus évolutif unique. Nous proposerons ici une
nouvelle lecture de la Table d’Émeraude qui met en vis à vis
le haut et le bas, en disant que le seigneur (position
dominante) est en haut et la maisonnée en bas (subalterne)
On pourrait parler d’évolutions parallèles mais pouvant
interférer dans le temps et dans l’espace, par le biais de la
colonisation, de l’emprunt, de l’influence, de la fascination-
aliénation- ce qui conduit à la corruption, sans parler du
progrès technologique qui a sa propre dynamique lequel est
tout à fait susceptible d’interagir, comme le pensait
Rousseau, avec un développement «  naturel  », « 
normal  » qu’il tendra à venir peu ou prou perturber.  .
S'aliéner, c'est se perdre et en ce sens, on ne saurait valider
l'attirance pour ce qui est autre, y compris pour autrui, du fait
d'un sentiment d'incomplétude qui n'est pas sans rapport
avec cette «  nudité  » dont Adam et Eve ont eu honte
et qu'ils entendirent recouvrir avec un objet extérieur, à savoir
des feuilles de figuier. Cela ne signifie nullement qu'il ne faille
créer des outils qui serviront à notre prochain mais ce faisant
force est de constater que nous l’aliénons voire
l'asservissons car le servant se reconnaît par les outils qu'il
pratique et dont il n'est pas le concepteur mais seulement
l'opérateur. Celui qui se sert des outils se signale comme
esclave alors que celui qui les élabore est le maître car ces
outils sont des chaînes dans lesquelles l’esclave se complait,
y compris quand il s’agit de réciter telle prière, telle
bénédiction, tel psaume, dans un espace religieux. L’outil le
plus prégnant n’est-il pas celui qui asservit notre bouche ?

En bref, la maisonnée regroupe tous les outils, les fonctions


tant internes qu’externes, ceux que nous portons en notre
corps comme ceux que nous bâtissons et contrôlons de par
nos membres extérieurs (pieds et mains). Reste la question
de l’identité du «  maître de la maisonnée  » celui
auquel s’adressent les Dix Commandements, comme on l’a
vu. Ce n’est ni la femme, ni le serviteur, ni l’animal qui
composent la dite maisonnée  et dont le chapitre II de la
Genèse nous donne la description. Le maître de la
maisonnée, c’est Adam, fait à l’image de «  Dieu » et cet
Adam nous l’identifierions volontiers au « Surhomme  » et
non pas à l’humanité «  courante  » qui est voué à le
servir et en ce sens ce serait commettre un grave contre
sens, nous semble-t-il, que de croire que le Décalogue vaut
pour le commun des mortels ou qu’Adam est de même nature
que le monde de sa maisonnée  pas plus que le soleil
n’est assimilable et réductible aux planètes qui gravitent
autour de lui.

Or, dans le Nouveau Testament, au début de l’Epitre aux


Colossiens 1 15, on lit à propos de Jésus de Nazareth, « 
Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute la
création.  », ce qui vaut pour Adam, ses descendants
étant créés à l’image d’Adam, ce sont les «  fils d’Adam 
». Or Jésus se décrit aussi comme «  fils d’Adam  »,
que l’on rend faussement par «  fils d’homme  ».

Quant à la Lune, elle ne saurait être- en dépit d’apparences


trompeuses- le pendant du Soleil, elle qui n’est que le
satellite de notre Terre. D’ailleurs, le couple homme -femme
(Ish-Isha) de la Bible –à ne pas confondre avec l’Adam, fils,
conçu à l’image de dieu et dont les descendants tels Jésus
se diront justement «  fils d’Adam  »- n’est pas sans nous
faire penser à celui de Vulcain-Héphaïstos et Vénus-
Aphrodite. Vulcain c’est le forgeron, l’homo faber et
Aphrodite pourrait être sa «  création  » (cf.
Pygmalion), de sa «  fabrication  », ce qui nous renvoie au
Décalogue  : tu ne convoiteras pas la femme de ton
prochain ni tout ce qui relève de sa «  maisonnée  » (Bayit).
Mais ce «  prochain », ce n’est pas n’importe qui, cela
ne vaut que pour ceux qui appartiennent à l’ensemble dont il
est question, tout comme aucune règle sociale, religieuse, ne
saurait revêtir une implication universelle mais ne vaut que
pour ceux qui se sont engagés à la respecter, faute de quoi ils
seraient excommuniés, c’est à dire bannis de la communauté
concernée mais non de l’humanité toute entière  !Selon
nous, si l’on se réfère aux chapitres II et III du Livre de la
Genèse, le Serpent serait l’outil, la machine, c’est-à-dire la
tentation par excellence dont le Shabbat s’efforce de nous
protéger en nous demandant de ne nous servir d’aucun
appareil, du plus primitif au plus sophistiqué. Une autre piste
consisterait à voir dans le serpent l’idée de divination
puisque «  nahash  » désigne, en hébreu, aussi bien le
serpent que l’acte de connaître l’avenir et ainsi le fruit de
l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal pourrait avoir un
rapport avec une certaine science du futur.( cf. Francis
Eustache Dir. La mémoire au futur, Paris, Le Pommier, 2018)

Le message principal du judaïsme ne renvoie pas à un


savoir transmissible par les textes mais à une réalité
biologique  à savoir que l’on ne saurait mettre l’homme et la
femme sur le même pied, qu’un homme ne peut ou en tout
cas se changer en femme et vice versa pas plus d’ailleurs
qu’un non juif peut devenir juif ou un Juif cesser de l’être,
sous prétexte qu’il aurait suivi quelque rituel.
Le «  Ish  » est complété par la Isha, laquelle est dotée
d’une mécanique physiologique, organique, lui permettant
notamment de porter, et de produire une progéniture alors
que le Serpent correspondrait à une mécanique externe,
instrumentale

On observe le mode de formation du féminin  : passage de


Ich à icha  par l’adjonction d’un Hé final  Comment dès
lors, certains noms masculins comportent-ils ce trait féminin
comme pur judah, un des fils de Jacob  avec Youd, Hé, vav,
daleth, hé –tout comme sa sœur Dina (Daleth, youd, noun,
hé) - et pourquoi le tu qui s’adresse à un homme comporte-t-
il la forme «  Ata  », aleph, Thav, Hé, ce qui vaut aussi
pour Yahvé, auquel l’on s’  adresse aussi avec ce
tutoiement au féminin du Ata associé au masculin Baroukh
(ou l’inverse) «  Baroukh ata Yahvé  «  ? Et pourquoi
Yahvé comporte-t-il ce même marqueur final en Hé, ce qui
sera parfois rendu par Jéovah  ?

Genése II, 23

23 Et l’homme dit: "Celle-ci, pour ‫ ז ֹאת ַה ַּפעַם ֶעצֶם‬,‫ הָָאדָ ם‬,‫כג וַּי ֹאמֶ ר‬
le coup, est un membre extrait de ‫ ּובָׂשָ ר מִ ּבְׂשָ ִרי; לְז ֹאת י ִּקָ ֵרא‬,‫מֵ ֲעצָמַ י‬
mes membres et une chair de ma ‫ּז ֹאת‬-‫ ּכִי מֵאִ יׁש לֻקְ חָה‬,‫אִּׁשָה‬. 
chair; celle-ci sera nommée Icha,
parce qu'elle a été prise de Ich."
Genése 49  :

8 Pour toi, Juda, tes frères te ,‫י ָדְ ָך‬--‫ אַּתָ ה יֹודּוָך ַאחֶיָך‬,‫ח י ְהּודָ ה‬
rendront hommage; ta main fera ‫ ְּבנֵי ָאבִיָך‬,‫ּבְע ֶֹרף אֹיְבֶיָך; י ִׁשְּתַ חֲוּו לְָך‬. 
ployer le cou de tes ennemis; les
enfants de ton père s'inclineront
devant toi!

9 Tu es un jeune lion, Juda, quand ; ָ‫ מִ ּט ֶֶרף ְּבנִי ָעלִית‬,‫ַארי ֵה י ְהּודָ ה‬ְ ‫ט ּגּור‬
tu reviens, ô mon fils, avec ta ‫ מִ י י ְקִימֶ ּנּו‬,‫ְַארי ֵה ּו ְכ ָלבִיא‬
ְ ‫ּכ ַָרע ָרבַץ ּכ‬. 
capture! Il se couche; c'est le repos
du lion et du léopard; qui oserait le
réveiller?

10 Le sceptre n'échappera point à ‫ ּומְח ֹקֵק מִ ּבֵין‬,‫י ָסּור ׁשֵ בֶט מִ יהּודָ ה‬-‫י ֹלא‬
Juda, ni l'autorité à sa ‫ וְלֹו י ִּקְ הַת‬,‫י ָב ֹא ׁשִ יֹלה‬-‫ עַד ּכִי‬,‫ַרגְלָיו‬
descendance, jusqu'à l'avènement ‫עַּמִים‬. 
du Pacifique auquel obéiront les
peuples

Bénédiction  : ‫ אֶֹלהֵ ֽינּו מֶ ֽלְֶך הָעֹולָם‬,ְָ‫ָּברּוְך אָּת ה יי‬

Cette Isha nous interpelle en ce qu'elle renvoie au Ish dont


il n'est que fort peu question dans le Pentateuque. Tout se
passe comme si s'était produit un télescopage, un hiatus qui
nous fait passer brusquement de Adam à Ish, ce qui aura été
une grande source de confusion quand on traduit les deux
mot par le même terme, en français homme! Or Adam n'est
certainement pas Ish, il est le maître adamique et non
l'esclave Ish, pendant de la Isha, la servante, et il est question
d' un tel couple à deux reprise dans le Décalogue si ce n'est
que l'on a tendance à distinguer la Isha de la servante alors
que selon nous cela ne fait qu'un. Il importe donc selon nous
de dire que les Hébreux sont les descendants d'Adam et
leurs esclaves ceux de Ish et Isha, la Isha servant à la fois à
la perpétuation de la lignée des maîtres et des esclaves, selon
l'identité de son partenaire sexuel. Pour nous, le
christianisme aura été instrumentalisé par la société juive d'en
bas, celle des esclaves, vivant aux côtés des Hébreux. Quand
on parle des païens, il s'agit de se situer dans le contexte des
tensions au sein du monde juif, lequel ne comportait pas que
des Hébreux mais aussi leur "maisonnée" (ce qui correspond
au Bayit du Décalogue), toute une population gravitant tout
autour.   «  En ces jours-là, dix hommes de toute langue,
de toute nation, saisiront le pan de l'habit d'un seul individu
Juif en disant  : Nous voulons aller avec vous car
nous avons entendu dire que Dieu est avec vous 
!  » (Zacharie 8:23) mais ces païens qui vivaient
dans la proximité, la vicinité des Juifs, avaient-ils pour autant
abandonné leurs croyances en devenant « 
Chrétiens  », d’autant que le Christ , c’est-à-dire le Messie,
l’oint (mashiah) – ce qui renvoie à la royauté – ce qui vaut
notamment pour le sacre des rois de France  ?
On peut en douter face à ce syncrétisme qui finira par faire
de ce personnage un «  fils de Dieu  »  ? Or, au
regard de la mythologie, la notion de fils de dieu est
classique  : Jupiter n’est-il pas un des fils de Saturne  (cf.
notre tome II)  ? Tout se passe comme si l’on se trouvait
en face d’un marranisme, avant la lettre aves des païens
lesquels tout en se judaïsant par la voie du christianisme
n’en auraient pas moins conservé certaines de leurs
représentations, ci-dessous un tableau de Goya montant
Saturne dévorant ses enfants, ce qui nous renvoie au
demeurant à l’idée du sacrifice du fils avec la scène de la
crucifixion. Jupiter est le dernier né, le seul qui échappe à ce
sort, sauvé par sa mère Rhéa  , recueilli par une chèvre :
Notons que dans le Livre du Prophéte Osée, le chapitre XI
commence ainsi  :

1 Quand Israël était jeune, je ‫ קָ ָראתִ י‬,‫ וָא ֹ ֲהבֵהּו; ּומִ ּמִ צ ְַרי ִם‬,‫א ּכִי נַעַר י ִׂשְ ָראֵל‬
l'avais pris en affection; du ‫ ִל ְבנִי‬. 
fond de l'Egypte j'ai appelé
mon fils

Mais le retour à l’hébreu nous fait préférer la traduction : 


» je l’ai appelé mon fils  ». En tout état de cause, il est bien
ici question d’un «  fils de Dieu  » tout comme Isaac est le
fils d’Abraham, dans la scène du sacrifice du fils (ligature)

Kronos/Saturne dévorant ses enfants, à l’exception de


Zeus/Jupiter . par Goya

En fait, tout dépend de ce que l’on entend par «  Dieu  » 


? Il est clair que la notion de filiation ne fait guère sens pour
un dieu universel ou métaphysique mais exige qu’il y ait un
dieu en chair et en os, mais d’une autre origine que l’Homme,
c’est ce que nous appelons le Deus Faber, un dieu qui ne
serait pas inventé de toutes pièces par et pour les « 
besoins  » et les fantasmes des humains mais qui se
présente et s’offre à eux  ; un dieu en quelque sorte
intrusif, non attendu à la différence des autres dieux.
L’occasion fait le larron  : ce dieu qui est présent (d’où la
Shekhina, la Présence) alors qu’on ne attendait pas, sera
accueilli et élu par les Hébreux. Car pourquoi ce Dieu aurait-il
a priori choisi tel ou tel peuple  ? Dès lors, que ce Dieu –
formule très générale- ait des «  fils  » -dont on parle
d’ailleurs au début de la Genèse- ne saurait surprendre. Ce
dieu ne serait devenu dieu que du fait de l’Alliance, il aura été
divinisé et l’on perçoit avec le personnage de Jésus toute
l’ambiguïté d’un tel statut, forcément double.

Décidément, on ne saurait confondre sous le terme « 


homme  » les fils d’Adam et ceux de Ish et quand Jésus se
présente, il ne faut surtout pas traduire par fils de l’homme
mais bien par fils d’Adam et c’est également ainsi que Dieu
s’adresse à ses prophètes (cf. notamment dans le Livre
d’Ézéchiel et aussi dans le Livre de Daniel VII, 13) Adam
d’ailleurs peut-il être traduit par «  homme  ». N’est ce pas
plutôt un certain personnage, une certaine humanité  ?

Les commentateurs veulent croire que l’Ancien des Jours


(Atik Yomin) siégeant avec le Fils de l’Homme (Bar Enash) ne
serait autre que Yahvé, ce qui viendrait conforter leur idée de
la Trinité (cf. Daniel Boyarin). En réalité, cette idée de Trinité
ne serait selon nous qu’une pure invention visant à attirer les
Juifs en leur faisant croire que Yahvé et Jésus, c’est tout un,
ce qui permettrait de contourner l’interdit central pour les
Hébreux de ne servir qu’un seul dieu, et ce d’autant plus que
ce ne sont pas les dieux qui manquent  !En fait, ce
qui compte à propos de Jésus en tant que ‘fils de l’homme 
» ne tient pas aux miracles qu’il aurait accomplis notamment
en matière de guérison, par exemple, mais au miracle que
constitue l’aptitude à retrouver le sens premier des savoirs,
des traditions, ce qui implique quelque part de pouvoir
voyager dans le passé  ! Rappelons d’ailleurs que le
personnage de Moïse s’était déjà vu attribuer toutes sortes
de miracles dans le Livre de l’Exode, d’une toute autre
ampleur au demeurant. (cf Jonas Croissant «  45 versets
bibliques sur les miracles de Moïse  »
https://www.connaitrepourvivre.com / single-post/versets-bibliques-
sur-les-miracles-de-moise

C’est là, à nos yeux, la meilleure définition du réformateur


génial, lequel est marqué par une forme d’androgynie, en ce
qu’il est capable de se corriger sans avoir besoin de l’aide de
qui que ce soit, puisqu’il est lui-même marqué par une altérité
intérieure, ce qui renvoie ipso facto à l’état adamique. Il est
important pour une société d’être en mesure d’identifier les
êtres adamiques en son sein en séparant le bon grain de
l’ivraie, le fils d’Adam et Ish, l’époux de la Isha.

Nous verrons qu’une société a impérativement besoin d’un


certain nombre de fonctions assumées par certains de ses
membres. Quand, elle ne dispose des personnes adéquates,
il convient qu’elle en fasse venir pour les postes clé, sauf à
se condamner à dépérir et à se scléroser.

Le récit de la Genèse doit-il être pris à la lettre  ? Nous


pensons que ce n’est pas Dieu qui a créé la femme pas plus
qu’il ne se sera servi d’Adam pour ce faire- mais l’homme –
Ish (Enosh) qui a créé Isha dans le cadre de ce qu’il faut bien
appeler une «  seconde création  » laquelle vient
compléter la Première, celle du premier chapitre de la dite
Genèse en fabriquant introduisant la «  machine  »,
l’engin, l’outil et ce sera Ish-Vulcain qui aura la charge d’une
telle entreprise  ; mission qu’il accomplira jusques à nos
jours y compris. . Mais la femme est certainement sa création
la plus sophistiquée en termes de robotique. Au demeurant,
force est de constater que notre humanité actuelle serait bien
incapable de créer la femme si elle n’existait déjà.. Bien des
éléments laissent à penser que ce qui est structurel relève de
toute façon d’automatismes. Encore conviendra-t-il de
distinguer entre technologie et biotechnologie, ces deux
voies étant peu ou prou en concurrence. Par ailleurs, la
création de la femme ne remet nullement en cause le statut
androgynal comme d’aucuns voudraient nous le faire
accroire (cf. tome II) mais correspond à une augmentation
temporaire comme lorsque l’on se sert d’un appareil.. Le
masculin et le féminin de l’androgyne ne sauraient se
confondre avec la dualité homme-femme.

Genése I
27 Dieu (Elohim) créa Adam à son ‫הָָאדָ ם‬-‫כז ַוּיִב ְָרא אֱֹלהִים אֶת‬
image; c'est à l'image de Dieu qu'il le  :‫ ְּב ֶצלֶם אֱֹלהִים ּב ָָרא א ֹתֹו‬,‫ְּב ַצלְמֹו‬
(Oto, singulier) créa. Mâle (Zakhar) et ‫ ּב ָָרא א ֹתָ ם‬,‫זָכָר ּונְקֵ בָה‬. 
femelle (Neqéva) il les (sic Otam,
pluriel) créa.

Genése II

21 L’Éternel-Dieu (Yahvé –Elohim) fit ‫כא ַוּיַּפֵל י ְהוָה אֱֹלהִים ּתַ ְרּדֵ מָה‬
peser une torpeur sur Adam, qui ‫ ַאחַת‬,‫ ַוּי ִיׁשָ ן; ַוּי ִּקַח‬,‫הָָאדָ ם‬-‫עַל‬
s’endormit; il prit une de ses côtes ‫ ּתַ חְּתֶ ּנָה‬,‫ ַוּיִסְּג ֹר ּבָׂשָ ר‬,‫מִ ַּצלְע ֹתָ יו‬. 
(miTsalatav), et forma un tissu de chair
à la place.

22 L’Éternel-Dieu organisa en une ‫ ַה ֵּצלָע‬-‫כב ַוּיִבֶן י ְהוָה אֱֹלהִים אֶת‬


femme la côte qu’il avait prise d’Adam, ;‫ לְאִ ּׁשָה‬,‫הָָאדָ ם‬-‫לָקַח מִ ן‬-‫אֲ ׁשֶ ר‬
et il l’apporta à Adam ‫הָָאדָ ם‬-‫ אֶל‬,‫ ַויְבִאֶ ָה‬. 

23 Et Adam dit: "Celle-ci, pour le coup, ‫ ז ֹאת ַה ַּפעַם‬,‫ הָָאדָ ם‬,‫כג וַּי ֹאמֶ ר‬
est un membre extrait de mes membres ;‫ ּובָׂשָ ר מִ ּבְׂשָ ִרי‬,‫ֶעצֶם מֵ ֲעצָמַ י‬
et une chair de ma chair; celle-ci sera ‫ ּכִי מֵאִ יׁש‬,‫לְז ֹאת י ִּקָ ֵרא אִ ּׁשָה‬
nommée Icha, parce qu'elle a été prise ‫ּז ֹאת‬-‫לֻקְ חָה‬. 
de Ich."

Genèse V  On n’y parle plus de la cote d’Adam. «  Il


(Adam) se   reproduisit à son image  » C’est Adam lui-
même qui fabrique Seth, sans même passer par le ventre d’
une femme. Etrangement, il est dit que Dieu dès le départ
désigne Adam comme un pluriel «  il les appela Adam le
jour de leur création  mais cela ne désigne aucunement un
homme et une femme mais bien un être double, androgyne,
dénommé Adam.. En tout état de cause, Adam n’englobe pas
la femme puisque la femme lui sera ajoutée dans un second
temps. Si Adam est créé à la ressemblance de son Créateur
(et cela ne concerne pas un dieu universel mais un dieu issu
de cette divinité première, cela signifie selon nous qu’Adam –
et ses descendants - seront capables plus que d’autres de
comprendre son projet, de l’expliciter et éventuellement de le
restituer si celui-ci a été corrompu  et selon nous, les Juifs
sont les véritables descendants d’Adam et en tout cas de
Seth, le troisième fils, ce qui les prédispose à la gestion de la
Deuxième Création  :

1 Ceci est l'histoire des  :‫ ּתֹולְד ֹת ָאדָ ם‬,‫א ז ֶה ֵספֶר‬


générations de l'humanité. ‫ עָׂשָה‬,‫ ּבִדְ מּות אֱֹלהִים‬,‫ ּבְר ֹא אֱֹלהִים ָאדָ ם‬,‫ּבְיֹום‬
Lorsque Dieu créa Adam, il le ‫א ֹתֹו‬. 
fit à sa propre ressemblance
(Demouth, synonyme de
Tselem employé plus bas).

2 Il les (pluriel) créa mâle ‫ ַוּי ִקְ ָרא‬,‫ ּב ְָרָאם; ַויְב ֶָרְך א ֹתָ ם‬,‫ב זָכָר ּונְקֵ בָה‬
(zakhar) et femelle (Neqéva), ‫ ִהּב ְָרָאם‬,‫ ּבְיֹום‬,‫ׁשְ מָם ָאדָ ם‬-‫אֶת‬. 
les bénit et les (pluriel) appela
Adam, le jour de leur (pluriel)
création.

3 Adam, ayant vécu cent ‫ וַּיֹולֶד‬,‫ ׁשְֹלׁשִ ים ּומְַאת ׁשָ נָה‬,‫ג ַויְחִי ָאדָ ם‬
trente ans, se reproduisit à ‫ ׁשֵת‬,‫ׁשְ מֹו‬-‫ ְּכ ַצלְמֹו; ַוּי ִקְ ָרא אֶת‬,‫ּבִדְ מּותֹו‬. 
son image (beTsalmo) et selon
sa forme, et lui donna pour
nom Seth.

L'esclavage dans le Pentateuque

Dès le deuxième chapitre du Livre de la Genèse, l'on trouve


une justification de l'esclavage (Ezer, l'aide), de tout ce qui
peut se mettre au service d'Adam. L'esclavage est intégré
d'ailleurs dans les Dix Commandements, dans deux d'entre
eux.(Exode et Deutéronome)

"Tu ne feras aucune besogne, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni


ton serviteur, ni ta servante"

« Tu ne convoiteras pas la maison de son prochain, ni sa


femme, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf ni son
âne » (Ex 20,17)

Genèse II…19

"L’Éternel Dieu forma de la terre tous les animaux des


champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers
Adam, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout
être vivant portât le nom que lui donnerait l'homme. 20 Et
Adam donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et
à tous les animaux des champs; mais, pour Adam, il ne
trouva point d'aide semblable à lui." L'esclave (Ish/Isha) doit
être à l'image d'Adam, ou plutôt à la ressemblance, un peu à la
façon dont nous cherchons à«  humaniser  » nos
robots quant à leur apparence...

On voit ainsi que le choix même de tous les animaux qui


défilent devant Adam ne visait nullement un accouplement.
On est là en plein dans la dynamique de la maisonnée, c’est à
dire des êtres qui pourraient servir Adam comme c’est le cas
de tel ou tel animal «  domestique  », ce
qui n’est pas sans évoquer précisément les « alliances  » de
l’homme avec par exemple le cheval «  la plus belle
conquête de l’homme  ». Au cœur de cette maisonnée, on va
poser un être issu d’Adam lui-même. En ce sens  , cette
femme serait la fille d’Adam, la chair de sa chair et nullement
la femme telle que nous l’entendons de nos jours, avec le
tabou de l’inceste.

Genèse II, 22

«  Le Seigneur Dieu dit : « Il n'est pas bon que l'homme soit


seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra. »

Mais à propos de cette «  aide  », n’est- ce pas de


l’esclave qu’il s’agit  ? Rappelons que le Décalogue
témoigne de l’existence d’une population servile aux côtés
des Hébreux, notamment à propos du respect du Shabbat
lequel s’impose à toute la «  maisonnée  », ce qui englobe
d’autre populations, animales et humaines que les mâles
Juifs adultes, entrant dans le «  minian  », ceux qui seuls
comptent pour la tenue de l’office.- soit un minimum de dix
participants- principe qui n’est pas respecté par le « 
libéral  ». D’ailleurs, nous verrons que le respect de ce jour
(attribué à Saturne) est propre à une certaine caste et que les
autres castes pourraient être liées à d’autres jours de la
semaine et ce n’est peut- être pas par hasard si les Chrétiens
(avec le Dimanche, étymologiquement le jour du seigneur) et
les Musulmans ne célèbrent pas le Shabbat mais ont d’autres
repères de temps.

Est-ce que le récit de la Genèse ne vient pas légitimer une


certaine dichotomie au sein du monde juif, entre le Juif et le
non Juif et n’est-ce pas chez ces non Juifs côtoyant les Juifs
au quotidien que seront recrutés les «  païens  » désireux
de se christianiser  ? Le christianisme, en quelque sorte,
serait le cheval de Troie des païens pour pénétrer dans la
citadelle juive, en recourant à l’artifice magico-juridique du
baptême censé être en mesure de transmuter
miraculeusement un païen en juif. . Le judéo-christianisme
refléterait au départ la dualité du monde juif, comme le
montre d’ailleurs l’Épître de Saint Paul aux Éphésiens. Pour
se sentir «  en dehors  », il faut en fait avoir été dans une
proximité.  Ne vaudrait-il pas mieux parler, d’ailleurs,  d’un
judéo-israélisme  ?

Le texte nous décrit bien la situation frustrante de ces


païens vivant au sein du monde juif tout en étant maintenus à
sa marge  :
Chapitre II  :

11 Vous qui autrefois étiez païens, traités de «  non-circoncis 


» par ceux qui se disent circoncis à cause d’une opération
pratiquée dans la chair, souvenez-vous donc

12 qu’en ce temps-là vous n’aviez pas le Christ, vous n’aviez


pas droit de cité avec Israël, vous étiez étrangers aux alliances
et à la promesse, vous n’aviez pas d’espérance et, dans le
monde, vous étiez sans Dieu.

Il serait illusoire de penser qu’un tel message ait pu


s’adresser à des populations n’étant pas au contact des
Juifs. Ce qui limite d’autant les enjeux du christianisme
originel, lequel n’avait vraiment rien d’universel  ! Or,
force est de constater que le fait de reporter la «  faute  »
sur Adam et Eve vise à minimiser les accusations plus
spécifiques à l’encontre des seuls Israélites. On peut même
penser qu’il y aurait là une tentative de renversement
accusatoire  en permutant les rôles entre Israelites et
Judéens.

Le texte est clair, il ne s’adresse aucunement à des Juifs


mais à des   "incirconcis  » lesquels côtoyaient
constamment les Juifs. Cela vise les Israélites, qui se sont
retirés de l’Alliance et donc de la circoncsion  ; On connait
la formule «  faire de nécessité vertu  ». Etrangement, le
sang de Jésus serait salvateur pour les fautes des Israélites
et en ce sens, la crucifixion s’apparenterait à une
circoncision collective  !

On peut toutefois se demander si ce marqueur de la


circoncision n’impliquait pas une société de la nudité  car
les marqueurs d’appartenance sont généralement conçus
comme comportant une dimension visuelle, comme un
tatouage. Le décalage est saisissant entre cette circoncision
cachée par le vêtement et, le chapeau pointu, la rouelle ou
l’étoile que portèrent les Juifs au Moyen Age  ou sous Vichy.
Cela dit, il nous apparait que le processus de circoncision
n’est pas compatible avec notre idée de la troisiéme
théologie d’autant qu’il suffirait alors d’être circoncis pour
devenir Juif  ! Dailleurs, si le fait de couper les cheveux et la
barbe obéit à un processus cyclique, en quelque sorte
végétal, il n'en est pas de même de la corconcision dont les
effets sont irreversibles et donc constituent une atteinte à
l'oeuvre du "Créateur".

Ces populations glorifiaient le dieu d’Israël tout en leur


semblant inaccessible. C’est dire que le christianisme n’était
pas une religion pour les Juifs mais par les Juifs et en fait
une sorte de prosélytisme de la part des Juifs. Dans le débat
autour d’un prosélytisme juif, l’on ferait bien de prendre en
compte le christianisme lui-même comme en étant une
expression remarquable. Mais il ne faudrait peut-être pas
exagérer ce que promettait un tel prosélytisme, à savoir se
mettre en orbite autour du noyau juif et non pas se fondre en
lui  !

Rappelons que- comme le rapporte le Nouveau Testament- le


Juif n’était pas censé fréquenter le «  non Juif  »  :
Actes des Apôtres, ch. X, 28 Il leur dit  : «  Vous savez
qu’un Juif n’est pas autorisé à fréquenter un étranger ni à
entrer en contact avec lui », ce qui selon nous va au-delà de
considérations strictement religieuses mais comporte une
dimension «  raciale  ».

Ce qui nous interpelle à propos de la circoncision tient au


fait qu’il s’agit d’une pratique que chacun, en principe, peut
imiter, reproduire quelle que soit sa naissance, ce qui
ressemble fort à un processus de conversion à l’instar du
baptême. Quand Paul oppose Juifs et non Juifs plus ou
moins judaïsés tout de même, de par leur proximité sinon de
leur promiscuité, du fait de la circoncision, on a comme
l’impression que les Juifs naitraient, en quelque sorte,
circoncis  ! Et comment se fait-il justement que le
christianisme- à la différence de l’Islam par la suite- n’ait
pas jugé bon d’ adopter la circoncision, signe de l’alliance
depuis le temps d’Abraham,  en dehors du fait que cela ne
pouvait viser que les mâles  . Tout se passe comme si ce
rituel de la circoncision pratiquée au huitième jour restait un
secret bien gardé que cela exigeait une technique particulière
– un tour de main - non divulguée et que seule maîtrisait une
certaine caste.(le «  mohel  »). Les musulmans reçurent-
ils ce secret de la part des Juifs initiés ou bien procèdent-ils
autrement, sans en respecter les règles établies, leur
circoncision se pratiquant plus tardivement  ? Est-ce que
les dites règles furent fidèlement transmises jusqu’à nos
jours dans le monde juif  ? Il semble qu’il soit possible de
distinguer entre les différentes formes de circoncision et il
importe donc de préciser circoncision à la mode juive, ce qui
signifie qu’elle n’est pas aisément imitable par les non-initiés/
En fait, le christianisme aura transposé le lien entre
l’alliance et le sang de la circoncision vers la crucifixion,
notamment avec l’eucharistie  où il est question du « 
sang de l’alliance  » On nous parle de la circoncision par le
sang par opposition à celle par le cœur alors même que la
crucifixion est bel et bien liée au sang  !

La circoncision

Evangile de Jésus selon Marc XIV, 22-24

« Tandis qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le


rompit et le leur donna en disant : Prenez, ceci est mon
Corps. Puis prenant une coupe, Il rendit grâces, la leur donna
et ils en burent tous. Et Il leur dit : Ceci est mon Sang, le
Sang de l'alliance qui va être répandu pour une multitude. »

Genèse XVII

9 Dieu dit à Abraham: "Pour toi, ‫ וְאַּתָ ה‬,‫ַאב ְָרהָם‬-‫ט וַּי ֹאמֶ ר אֱֹלהִים אֶל‬
sois fidèle à mon alliance (Brith), ,‫אַּתָ ה ְוז ְַרעֲָך ַאח ֲֶריָך‬--‫ּב ְִריתִ י תִ ׁשְ מ ֹר‬-‫אֶת‬
toi et ta postérité après toi dans ‫לְד ֹר ֹתָ ם‬. 
tous les âges.

10 Voici le pacte (Brith) que vous ,‫ ּבֵינִי ּובֵינֵיכֶם‬,‫י ז ֹאת ּב ְִריתִ י אֲ ׁשֶ ר ּתִ ׁשְ מְ רּו‬
observerez, qui est entre moi et ‫הִּמֹול‬  :‫ ַאח ֲֶריָך‬,‫ּובֵין ז ְַרעֲָך‬
vous, jusqu'à ta dernière ‫זָכָר‬-‫ ּכָל‬,‫ ָלכֶם‬. 
postérité: circoncire tout mâle
d'entre vous.

11 Vous retrancherez la chair de ‫ אֵת ּבְׂשַ ר ע ְָרלַתְ כֶם; ְו ָהי ָה‬,‫יא ּונְמַ לְּתֶ ם‬
votre excroissance, et ce sera un ‫ ּבֵינִי ּובֵינֵיכֶם‬,‫לְאֹות ּב ְִרית‬. 
symbole d'alliance (Brith) entre
moi et vous.

12 A l'âge de huit jours, que tout --‫זָכָר‬-‫ י ִּמֹול ָלכֶם ּכָל‬,‫ׁשְ מֹנַת י ָמִ ים‬-‫יב ּובֶן‬
mâle (zakhar), dans vos ‫לְד ֹר ֹתֵ יכֶם‬:
générations, soit circoncis par
vous;

13 Oui, il sera circoncis, l’enfant ;‫ ּומִקְ נַת ַּכ ְסּפֶָך‬,‫יג הִּמֹול י ִּמֹול יְלִיד ּבֵיתְ ָך‬
de ta maison ou celui que tu ‫ ִלב ְִרית עֹולָם‬,‫ ְו ָהי ְתָ ה ב ְִריתִ י ִּבבְׂשַ ְרכֶם‬. 
auras acheté; et mon alliance
(Brith), à perpétuité (Brith Olam),
sera gravée dans votre chair.

Epître de Paul aux Ephésiens

Ch Ier

05 Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par


Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté,

06 à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous


donne dans le Fils bien-aimé.

07 En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon


de nos fautes. C’est la richesse de la grâce

Ch 2
12  » qu’en ce temps-là vous n’aviez pas le Christ, vous
n’aviez pas droit de cité avec Israël, vous étiez étrangers aux
alliances et à la promesse, vous n’aviez pas d’espérance et,
dans le monde, vous étiez sans Dieu.

13 Mais maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois


étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. 
»

Autrement dit, il fallait d’une façon ou d’une autre que le


sang vint sceller cette «  nouvelle alliance 
».

Mais selon nous, la circoncision était bel et bien prohibée


pour ceux qui avaient démérité de l’alliance tout comme l’est
la communion chrétienne. Le droit canonique écarte de la
communion « les excommuniés et les interdits (…) et ceux
qui persistent avec obstination dans un péché grave et
manifeste. » (cf. Canon 915) L’Epitre de Paul aux Ephésiens
fait bel et bien a référence à une incapacité propre à une
certaine population à revendiquer le droit à la circoncision.
Ce ne sont évidemment pas les «  païens  » qui sont ici
visés mais bien des «  excommuniés  », ceux qui ont
été exclus de l’accès à une telle pratique libératrice puisque
la circoncision est un acte qui libère, qui décharge. On
pense à la formule chrétienne «  Délivre-nous du mal  »,
ce qui est la fonction même de la circoncision.

Pour nous, le judaïsme ne fait sens qu’au prisme du monde


judéo-chrétien  le juif est censé y jouer un rôle central –
placé au milieu des nations (Goyim), non pas par un message
que tout un chacun pourrait s’approprier mais par sa
présence et sa «  puissance  ». Un Juif qui n’est
pas en mesure d’assumer une certaine centralité, dans
quelque domaine que ce soit, ne se réalise pas comme Juif et
cela signifie qu’il soit reconnu de facto par les non-juifs
quant à sa centralité, celle de chaque individu juif où qu’il se
trouve et non au sein de quelque «  Etat Juif  ». Etre
Juif, comme l’annonce Jérémie, dans le cadre de la Nouvelle
Alliance, est une affaire personnelle  et chaque Juif doit se
demander en conscience s’il assume pleinement un destin
juif dans le monde de par l’impact qu’il y exerce. La relation
entre Juifs et Chrétiens ne saurait être symétrique  : le Juif
peut devenir Chrétien mais le Chrétien ne saurait devenir juif,
car dans un cas l’on s’inscrit dans le registre de la
surconscience et dans l’autre dans celui de la
Subconscience. Or, la Surconscience (Ancienne Alliance)
peut se transmettre par la culture alors que la Subconscience
relève de la transmission héréditaire.(Nouvelle Alliance)

L’antisémite qui dénonce le pouvoir juif ne fait que mettre en


évidence un état de fait qu’il serait aberrant de nier car si le
Juif est souvent jugé responsable de ce qui se passe, de ce
qui se trame, dans le monde, n’est-ce pas là le revers de la
médaille  ? C’est de bonne guerre. En ce sens, il
est tentant d’instrumentaliser l’antisémite en tant que
révélateur et observateur du fait juif plutôt que de vouloir le
diaboliser. On peut même se demander si l’antisémite ne
plaque pas sur le Juif une certaine idée de Dieu, omniscient,
omnipotent et quelque part, cela n’est pas sans faire sens si
l’on admet que les Juifs sont les «  agents «  d’une
certaine forme de divinité. Au vrai, l’antisémite se rend
parfois compte qu’il accorde trop de pouvoir aux Juifs, ce
qui serait leur faire trop d’honneur.

Érotisme et religion

Dans "Lakshmi Tantra" La Grande Déesse dit: «Quand le yogi


rencontre une belle femme avec un corps très harmonieux, il
doit d'abord voir moi, Lakshmi dans cette femme. Il doit
prendre en compte le souffle vital de la femme (prana)
comme étant le soleil, et son âme comme étant le Soi
Suprême. Sa beauté et le charme doit être vu comme étant le
feu céleste. L'homme doit toujours voir la femme douée
comme étant l'un avec moi, La Grande Déesse! "

D’ailleurs, nous verrons que selon nous le(s) dieu(x) d'es


Hébreux est/sont une entité féminine qui exige de ses
sectateurs d’être adorée, «  bénie  », «  louée  »
comme le montre ce texte du Deutéronome qui marque le
début de la prière juive par excellence du «  Chéma Israël 
»  . En fait, l’homme est l’entité qui transfigure le monde, qui
transmute le plomb en or

Écoute, Israël, l'Éternel, notre Dieu, l'Éternel est UN.Chmâ,


Israël, Ado-nay Elohim, Ado-naï Ehad'

Béni soit à jamais le nom de Son règne glorieux.

Baroukh chem kevod malkhouto le'olam vaed


Tu aimeras l'Éternel ton Dieu, de tout ton cœur,
de toute ton âme et de tous tes moyens

Vehaavata et Ado-naï Elo-hekha, bekhol levavekha,


ou bekhol nafchekha, ou bekhol meodekha

En fait, il conviendrait (cf infra) de traduire Eloheynou par « 


nos dieux  » et Eloheykha par «  tes dieux  (» (à toi
Israël). Quant à la mention de Yahvé, cela désigne le dieu de la
Création du premier chapitre de la Genèse et non celui qui
s'est adressé à Moise, dès lors que l'on aura pris la mesure
des interpolations, des permutations et autres
"incorporations" , comme on les qualifie chez les savants
Musulmans, très conscients de ce que certains
commentaires ont pu être considérés à tort comme faisant
partie du texte commenté

Ce n’est pas l’amour du «  prochain  » qui est ici mis en


avant mais celle du dieu (des dieux) des Hébreux les
Commandements envers autrui ne viennent qu’après. Mais si
on lit le Décalogue, on note que la femme n’y est présente
qu’en un seul commandements, le dernier   : tu ne
convoiteras pas la femme de ton prochain, ce qui fait écho au
premier commandements  : Dieu ne tolère pas l’infidélité,
pas plus que la femme ne la pardonnera, tout en sachant
qu’il est d’autres dieux et d’autres femmes.  : ceux et
celles du prochain. D’aucuns voudraient qu’il n’existât qu’un
seul dieu mais cela ne vaut que pour l’amant qui a fait son
choix et le mérite de l’homme Juif est de s’y tenir.
Exode XX, 2-17

I Tu n’auras pas d’autres dieux face à moi. Tu ne te


prosterneras pas devant d’autres dieux que moi et tu ne les
serviras point car moi l’’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu
jaloux

X Tu ne convoiteras point la femme de ton prochain 


»

Selon nous, ces Commandements ne s’adressent pas


spécialement aux Juifs et ne sont donc pas fondateurs du  
: les Hébreux n’ont pas attendu le Décalogue pour exister en
tant que peuple et bien avant Moïse, ils avaient leur propre
culte.  Ne pourrait-on penser que le Décalogue est une
reprise du Deutéronome lequel comporte le même texte, à peu
près littéralement  ? Dans ce cas, il daterait d’une période
initiée par David (cf. Daniel Boyarin, Le Christ juif. A la
recherche des origines, Paris, Cerf, 2014), marquée par
l’ouverture 'horizontale" du aux «  nations  » et par un
processus de colonisation des populations environnantes
dont on n’a pas fini de subir les effets pervers, puisque cela a
donné le christianisme paulinien. Encore convient-il de ne
pas exagérer la portée d’une telle ouverture  : le colonisé
n’est pas pour autant placé sur le même pied que son
colonisateur et il reste un citoyen de seconde zone.

Ajoutons qu’il existe également une sorte de «  Décalogue 


», au demeurant plus complet et probablement moins tronqué
au chapitre XIX du Lévitique, un des livres du Pentateuque 
avec celui de l’Exode. On peut même se demander si le dit
Décalogue ne serait pas un résumé du dit chapitre du
Lévitique  : on pense au respect des parents et du Shabbat,
à la prohibition du vol, du faux témoignage,

1 L’Éternel dit à Moïse: 2 «Transmets ces instructions à toute


l'assemblée des Israélites: *Vous serez saints, car je suis
saint, moi, l’éternel, votre Dieu. 3 Chacun de vous traitera sa
mère et son père avec déférence et respectera mes sabbats.
Je suis l’éternel, votre Dieu. 4 Vous ne vous tournerez pas
vers les faux dieux, vous ne vous ferez pas des dieux en
métal fondu. Je suis l’Éternel, votre Dieu.

5 »Quand vous offrirez à l’Éternel un sacrifice de communion,


vous l'offrirez de sorte qu'il soit accepté. 6 On mangera la
victime le jour où vous la sacrifierez ou le lendemain. On
brûlera au feu ce qui restera jusqu'au troisième jour. 7 Si l'on
en mange le troisième jour, ce sera une chose infecte: le
sacrifice ne sera pas accepté. 8 Celui qui en mangera
supportera les conséquences de sa faute, car il profane ce
qui est consacré à l’Éternel: cette personne-là sera exclue de
son peuple.

9 »Quand vous ferez la moisson dans votre pays, tu ne


moissonneras pas ton champ jusqu'aux bords et tu ne
ramasseras pas ce qui reste à glaner. 10 Tu ne cueilleras pas
non plus les grappes restées dans ta vigne et tu ne
ramasseras pas les grains qui en seront tombés. Tu le
laisseras au pauvre et à l'étranger. Je suis l’Éternel, votre
Dieu.
11 »Vous ne commettrez pas de vol et vous ne recourrez ni au
mensonge ni à la tromperie les uns envers les autres. 12
Vous ne jurerez pas faussement par mon nom, car ce serait
déshonorer le nom de ton Dieu. Je suis l’Éternel.

13 »Tu n'exploiteras pas ton prochain et tu ne prendras rien


par violence. Tu ne garderas pas chez toi jusqu'au lendemain
la paie d'un salarié. 14 Tu ne maudiras pas un sourd et tu ne
mettras devant un aveugle rien qui puisse le faire tomber,
mais tu craindras ton Dieu. Je suis l’Éternel.

15 »Tu ne commettras pas d'injustice dans tes jugements: tu


n'avantageras pas le faible et tu ne favoriseras pas non plus
le grand, mais tu jugeras ton prochain avec justice.

16 »Tu ne propageras pas de calomnies parmi ton peuple et


tu ne t'attaqueras pas à la vie de ton prochain. Je suis
l’Éternel. 17 Tu ne détesteras pas ton frère dans ton cœur,
mais tu veilleras à reprendre ton prochain, ainsi tu ne te
chargeras pas d'un péché à cause de lui. 18 Tu ne te vengeras
pas et tu ne garderas pas de rancune contre les membres de
ton peuple. *Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je
suis l’Éternel.

19 »Vous respecterez mes prescriptions. Tu n'accoupleras


pas deux bêtes d'espèces différentes. Tu n'ensemenceras pas
ton champ de deux espèces de semences. Et tu ne porteras
pas un vêtement tissé de deux espèces de fils.

20 »Lorsqu'un homme couchera avec une femme, si c'est une


esclave fiancée à un autre homme et qui n'a pas été rachetée
ou affranchie, ils seront punis, mais non de mort, parce
qu'elle n'a pas été affranchie. 21 L'homme amènera un bélier à
l’Éternel, à l'entrée de la tente de la rencontre, en sacrifice de
culpabilité pour sa faute. 22 Le prêtre fera l'expiation pour lui
devant l’Éternel avec le bélier offert en sacrifice de culpabilité
pour le péché qu'il a commis, et le péché qu'il a commis lui
sera pardonné.

23 »Quand vous serez entrés dans le pays et que vous y


aurez planté toutes sortes d'arbres fruitiers, vous rejetterez
leurs fruits comme étant impurs; pendant trois ans vous les
considérerez comme impurs, on n'en mangera pas. 24 La
quatrième année, tous leurs fruits seront consacrés à l’Éternel
au milieu des réjouissances. 25 La cinquième année, vous
mangerez leurs fruits et vous continuerez à les récolter. Je
suis l’Éternel, votre Dieu.

26 »Vous ne mangerez rien avec du sang. Vous n'observerez


ni les serpents ni les nuages pour en tirer des pronostics. 27
Vous ne couperez pas en rond les coins de votre chevelure et
tu ne raseras pas les coins de ta barbe. 28 Vous ne ferez pas
d'incisions sur votre corps pour un mort et vous ne vous
ferez pas de tatouages. Je suis l’Éternel.

29 »Tu ne déshonoreras pas ta fille en la livrant à la


prostitution, de peur que le pays ne se prostitue et ne se
remplisse de crimes.

30 »Vous respecterez mes sabbats et vous traiterez mon


sanctuaire avec déférence. Je suis l’Éternel. 31 Ne vous
adressez pas à ceux qui invoquent les esprits et aux spirites,
ne les recherchez pas, de peur de vous rendre impurs par
eux. Je suis l’Éternel, votre Dieu.

32 »Tu te lèveras devant la personne aux cheveux blancs et tu


traiteras le vieillard avec honneur. Tu craindras ton Dieu. Je
suis l’Éternel. 33 Si un étranger vient séjourner avec vous
dans votre pays, vous ne le maltraiterez pas. 34 Vous
traiterez l'étranger en séjour parmi vous comme un Israélite,
comme l'un de vous; vous l'aimerez comme vous-mêmes, car
vous avez été étrangers en Égypte. Je suis l’Éternel, votre
Dieu.

35 »Vous ne commettrez pas d'injustice ni dans les


jugements, ni dans les mesures de dimension, ni dans les
poids, ni dans les mesures de capacité. 36 Vous aurez des
balances justes, des poids justes, des mesures de solides
justes et des mesures de liquides justes. Je suis l’Éternel,
votre Dieu, qui vous ai fait sortir d’Égypte. 37 Vous
respecterez toutes mes prescriptions et toutes mes règles,
vous les mettrez en pratique. Je suis l’Éternel.»

Or, force est de constater que cette présence réitérée de la


mention des Israélites, des Beney Israel, lors de la Sortie
d’Egypte a quelque chose de choquant, d’insolite et nous
montre à quel point le Pentateuque vise à fausser la
chronologie biblique, au moyen d’une réécriture de l’Histoire.
Nous voudrions que l’on mit fin à une telle confusion en
soulignant l’israélisme des Chrétiens, à savoir leur filiation –
sur quelque plan que cela puisse être-.avec ces peuplades
colonisées et dominées par les Judéens, intégrées
artificiellement au sein du royaume davidien.
Économie de la maisonnée

On ne saurait, à notre sens, penser la laïcité si l’on refuse la


dualité de l’homme avec sa «  maisonnée  », ce
qui signifie de placer la femme, la isha  » au cœur de la dite
maisonnée en compagnie de toute une domotique, qui va des
objets – au sens d’éléments extérieurs -comme dans le sens
d’objectivement- les plus anciens aux plus modernes. Il est
clair, selon nous, que l’on se sert des Écritures pour nier le
réel car il est plus facile de pinailler sur le sens des mots
surtout quand il s'agit de traduction - que sur l'évidence des
faits, d'où ces leçons biaisées du récit de la création d'Adam,
au premier chapitre d'Adam. Étrangement, la lecture des
Écritures peut aussi bien nous aider à mieux appréhender le
réel qu'à nous en éloigner  !

La façon dont une société masculine «  traite  » sa « 


maisonnée  » se situe au cœur de la diversité sociale telle
qu’on est amené à l’appréhender dans le temps et dans
l’espace. Quelles lois alimentaires se fixe tel groupe, quel
statut le groupe confère aux femmes, tout cela est très relatif
et la laïcité ne peut que s’articuler sur une telle relativité. On
nous dit que la façon dont une société se comporte avec les
femmes qu’elle englobe ne saurait être laissée à la liberté de
ladite société. Il nous semble qu’une telle attitude est
excessivement intrusive et ce d’autant que cette attitude est
susceptible de varier cycliquement (cf infra). C’est la notion
de variable d’ajustement qui est à la base de la créativité
sociale. Qu’une société souhaite conférer un même statut à
des éléments de la maisonnée (femmes, animaux
domestiques) qu’aux hommes est tout à fait concevable,
mais de toute façon sera voué à des changements en cours
de cycle. On notera -(avec le journal Libération) que le
principe de réalité aura fait plier les politiques ayant préconisé
la parité, lors des récentes élections  : pas de femme
comme premier ministre, ni comme chef des députés de la
République en marche à la présidence de l’Assemblée
Nationale, alors que ce mouvement a la majorité absolue.

Au sein de la maisonnée, il ne doit pas exister de rapports


d’argent. Ce qui appartient à la maisonnée se situe d’emblée
dans le prolongement de son centre, à savoir l’homme ou ce
qui en a le statut. Les Dix Commandements révèlent un
certain mode de fonctionnement impliquant une solidarité–
c’est à dire un sentiment d’unité- la maisonnée marche
comme «  un seul homme  »- entre ses membres, tant
humains qu’animaux ou machines. Plus largement, la
communauté qui est l’octave supérieure de la maisonnée, ce
qui suppose une proximité, un voisinage, devrait également
ne point fonctionner sur la base d’on ne sait quel contrat de
travail et cela explique quelque part le scandale des « 
emplois familiaux  » (cf. infra) La Révolution Française a
voulu ne rien placer entre l’état et le citoyen en interdisant les
corps intermédiaires, comme les corporations. Or, nous
pensons que c'est précisément ce niveau qui doit jouer un
rôle capital en ce qui concerne la politique de solidarité,
d’entraide et de proximité si ce n’est que dans certaines régions, le
lointain sera préféré au proche  : on ne souhaite pas que nos
proches soient au courant de nos problèmes et nos proches préfèrent
ne pas entendre parler de nos succès, ce qui conduit à défaire le lien
social de proximité avec les conséquences économiques que l’on sait.
Un tel blocage doit être traité car il crée une dépendance par rapport
au «  lointain  » en termes d’endettement, d’emprunt. Préférer
le regard de celui qui nous est étranger est un syndrome qu’il faut
traiter. Cela nous renvoie d’ailleurs à la question juive et du « 
bon usage  » des Juifs au sein d’une société qui dispose d’une
certaine population juive sans parler de la possibilité d’en exporter
ou d’en importer. Dès lors que l’on admet que les Juifs jouent un
rôle spécifique au regard de la verticalité monarchique- davidienne –
et rappelons que la ‘royauté  » de Jésus passait par une telle
filiation- ne serait-ce pas une erreur, une faute, que de ne pas
exploiter cet atout comme il le mérite  ? C’est en fait toute
la question du rapport au prochain, à notre prochain qui se pose ici
au prisme d’une économie de la proximité.

Selon nous, celui qui est doté de talent, qui a besoin de


donner s’inscrit dans une logique de gratuité alors que celui
qui n’a pas reçu une telle grâce s’enferme dans une logique
d’argent et il se plie et se conforme à des exigences
extérieures. Le pire, c’est que celui qui n’est pas doué ne
pourra fournir qu’un travail médiocre – et que celui qui est
doué excellera dans ce qu’il accomplit. L’étranger est la
plupart du temps condamné à appartenir à cette « 
seconde société  » mais tout particulièrement quand cela
se caractérise par une différence visuelle (sexe, couleur de la
peau, forme du visage etc)  immédiatement perceptible,
repérable à l’instar des signaux er des icônes de
circulation  ; Tout se passe comme si dans son rapport de
la société avec la machine, l’on avait besoin d’une interface
occupant un statut intermédiaire et susceptible d’être traitée
en conséquence  ; Paradoxalement, l’outil – au sens large
du terme et cela englobe le serviteur, le «  garçon de café 
», la caissière - du fait qu’il partage notre intimité, devra –
pour que l’on tolère son intrusion - apparaître comme neutre,
en quelque sorte transparent, sinon insignifiant.

On ne saurait contester que tout ce qui constitue la


maisonnée, relève, comme le souligne le commandement du
décalogue sur la convoitise des biens, d’une dynamique
d’acquisition, de possession  ; On ne peut s’approprier que
l’avoir pas l’être et ce que l’on a acquis peut se perdre, se
dérober. La femme, étant que composante de cette « 
Bayit  » est elle aussi objet de désir, signe d’enrichissement,
à l’instar de la maison, stricto sensu, elle-même et tout ce
qu’elle contient et tout cela forme un tout, souvent symbolisé
par l’existence et les moyens d’existence de la ‘famille  ».
Proudhon disait que la propriété c'était le vol, ce qui signifie,
pour nous, que toute acquisition est une appropriation, le vol
n'étant qu'une désappropriation.

Que ce soit le respect du Shabbat s’imposant à toute la


maisonnée, sans exception que la mise en garde contre toute
interférence entre les membres de deux maisonnées
distinctes (tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain
etc.), la maisonnée apparaît bien comme une entité
économique à part entière qui doit, optimalement, jouir d’une
certaine autonomie. La notion de maisonnée rejoint d’ailleurs
peu ou prou celle de famille et souvent l’on dit de telle
personne qu’elle fait partie de la famille (amis, domestiques
etc.). On note que dans certains cas, l'on a isolé, par quelque
artifice, le commandement concernant la femme de ton
prochain de celui sur la maison de ton prochain,
probablement pour éviter que la femme soit considérée
comme un élément de la maisonnée. Mais rappelons que le
prochain est avant tout celui qui nous est semblable, qui
appartient au même groupe que nous et non l’étranger, ce qui
est souvent sous- entendu et allant de soi même si cela n’est
pas précisé explicitement. Il ne fait pas sens de distinguer ce
qui ne se ressemble pas. Selon nous, le Shabbat est un
devoir réservé aux hommes Juifs c’  est donc un devoir
fonction d’un droit. Celui qui n’est pas Juif n’a ni le droit, ni
le devoir de respecter un tel commandement.

Il importe de comprendre que le domestique est par


définition quelqu'un qui n'appartient pas au milieu dans
lequel il est accueilli sous certaines conditions mais cela
vaut évidemment pour l'animal dit «  domestique  » qui
n'est reçu parmi les hommes qu'à un certain prix, qui peut
être qu'il est voué à terme à être consommé.. La fable du Rat
des villes et du Rat des champs (La Fontaine) illustre bien,
selon nous, une telle problématique  quant au prix à payer
pour vivre en dehors de son milieu naturel, avec les siens,
non pas d'adoption mais de naissance  :
Autrefois, le Rat de ville

Invita le Rat des champs,


D'une façon fort civile,
A des reliefs d'Ortolans.

Sur un Tapis de Turquie


Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis.

Le régal fut fort honnête,


Rien ne manquait au festin  ;
Mais quelqu'un troubla la fête
Pendant qu'ils étaient en train.

A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit  :
Le Rat de ville détale  ;
Son camarade le suit.

Le bruit cesse, on se retire  :


Rats en campagne aussitôt  ;
Et le citadin de dire  :
Achevons tout notre rôt.

- C'est assez, dit le rustique  ;


Demain vous viendrez chez moi  :
Ce n'est pas que je me pique
De tous vos festins de Roi  ;
Je mange tout à loisir.
Adieu donc  ; fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre.  »

— 

Les choses n’ont guère changé depuis des millénaires  : il a


toujours existé des outils, et peu importe leur degré de
sophistication. Ces outils, et notamment ceux qui
contribuaient à marquer le temps auront accompagné l’essor
de la Science et l’on ne peut poser la question du temps sans
prendre la mesure de ce qui est mécanique dans le
fonctionnement de l’Humanité, à savoir la dimension
cyclologique, laquelle ne saurait être considérée comme « 
naturelle  », mais bel et bien le fait d’une «  création  ».
En fait, le monothéisme ne serait nullement, selon nous, un
hommage à la Nature mais bel et bien à un Deus Faber, à un
Architecte non pas de l’Univers mais de notre monde, partie
infime de l’Univers et même l’héliocentrisme ne traite en vérité
que de notre monde et non du Monde  . Le Deus Faber
s'apparente à l'ange, être intermédiaire entre le Dieu
primordial et l'Humanité.

D’ailleurs, dans le chapitre premier de la Genése, est-il


jamais question d’une quelconque construction comme c’est
le cas pour un Arche, une Tour, un tabernacle, un Temple, des
«  tables » (de la Loi ) comportant une écriture  ? Deux
idées de dieu se succèdent dans le Pentateuque, celle d’un
dieu de la Nature et celle d’un dieu de la Culture encore que
ce soient les humains qui construisent la Tour de Babel ou
l’Arche de Noé.

Il semble d’ailleurs qu’il y ait une contradiction entre les deux


entreprises  d’un côté, Noé se voit encouragé à construire
alors que dans l’autre, les bâtisseurs de la Tour ne sont pas
bien vus. Mais dans les deux cas, l’on est bel et bien sorti du
plan de la Nature, celui qui caractérise le chapitre premier
lequel ne prévoit aucune forme de bâtiment  ! Dans un cas,
la construction fait suite à la destruction et dans l’’autre, c’est
la destruction qui succède à la construction  :

Genèse VI

13 Dieu dit à Noé  : «  Je l’ai décidé, c’est la fin de tout


être de chair  ! À cause des hommes, la terre est remplie
de violence. Eh bien ! je vais les détruire et la terre avec eux.

14 Fais-toi une arche en bois de cyprès. Tu la diviseras en


cellules et tu l’enduiras de bitume à l’intérieur et à l’extérieur.

15 Tu la feras ainsi  : trois cents coudées de long, cinquante


de large et trente de haut.

16 Tu feras à l’arche un toit à pignon que tu fixeras une


coudée au-dessus d’elle. Tu mettras l’entrée de l’arche sur le
côté, puis tu lui feras un étage inférieur, un deuxième étage et
un troisième.

Genése XI

«  1 Tout le monde se servait d'une même langue


et des mêmes mots.
2 Comme les hommes se déplaçaient à l'orient, ils trouvèrent
une vallée au pays de Shinéar et ils s'y établirent.
3 Ils se dirent l'un à l'autre  : “ Allons  ! Faisons des
briques et cuisons-les au feu  !  ” La brique leur servit
de pierre et le bitume leur servit de mortier.
4 Ils dirent  : “  Allons  ! Bâtissons-nous une ville et
une tour dont le sommet pénètre les cieux  ! Faisons-nous
un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre  ! 

5 Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les
hommes avaient bâties.
6 Et Yahvé dit  : “ Voici que tous font un seul peuple et
parlent une seule langue, et tel est le début de leurs
entreprises  ! Maintenant, aucun dessein ne sera
irréalisable pour eux.
7 Allons  ! Descendons  ! Et là, confondons leur
langage pour qu'ils ne s'entendent plus les uns les autres. 

8 Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils
cessèrent de bâtir la ville.
9 Aussi la nomma-t-on Babel, car c'est là que Yahvé
confondit le langage de tous les habitants de la terre et c'est
de là qu'il les dispersa sur toute la face de la terre. 
»

Nous parlerons d'épistémologie projective quand il s’agira


de restituer un projet initial dans sa formulation première et
d'épistémologie non projective quand on s’intéresse au
résultat final sans d'ailleurs supposer nécessairement que
cela corresponde à un quelconque aboutissement d'un plan
de départ./

Il est vrai cependant que la robotisation croissante semble


devoir mettre en péril la maisonnée traditionnelle.
L’automobile a chassé l’hippomobilr; l’ordinateur/
l'informatique a fait de la sténodactylo voire de la correctrice
un personnage assez archaïque tout comme le chauffeur de
maître ou le barbier. Le seigneur de la maisonnée a acquis
une autonomie de plus en plus grande. au point que l’on
puisse dire comme pour le dieu des philosophes qu’il est un
premier moteur et non une cause seconde. On pense aussi
au garçon d'ascenseur (au groom, souvent représenté de race
noire), à la standardiste quand il fallait lui annoncer le numéro
demandé, aux agents de la circulation remplacés par des feu
de signalisation, aux poinçonneurs du métro, immortalisés
par Gainsbourg, et plus globalement à la désanimalisation
(animaux et humains confondus) qui correspond à une
nouvelle ère de l'assistanat avec le triomphe des mots en
'auto” et en “self” dont la vraie signification est en fait que
l'homme peut se débrouiller tout seul, le serveur robot
remplaçant la serveuse ou la liseuse. Même les parents sont
remplacés auprès de l'enfant par des consoles et bien
évidemment les enregistrements remplacent les spectacles
en temps réel avec évidemment des coûts bien moindres et
une plus grande fiabilité.....Mais il importe de se méfier des
faux outils qui n'existent que par leur utilisateur, sans lequel
les dits outils seraient bien peu opérants. Comment
distinguer un faux d'un vrai outil  ? Nous dirons que le
faux outil est alambiqué, genre usine à gaz mais que
miraculeusement il va quand même fonctionner par la grâce
du praticien qui, c'est le cas de le dire, y donne «  du sien 
». Il est clair que telle machine qui ne comporte pas la
fonctionnalité voulue et qui néanmoins produit des résultats,
ne peut le faire qu'au prix de quelque stratagème si ce n'est
que tout le monde n'a pas un sens spécialement aiguisé des
rapports de cause à effet, ne capte pas assez puissamment
les hiatus, les décalages et peut ainsi être berné et mené en
bateau.

Le charlatan, c'est celui qui vend un outil en laissant croire


que le dit outil est «  'à la portée de tous  », du «
premier venu  » alors qu'en réalité, il ne donne un semblant
de résultat que par le biais de celui qui s'en sert./ C’est
notamment le cas du «  thème astral » qui est le type
même du faux outil qui doit tout à l'entregent de l'astrologue,
ce qui n'empêche pas le dit astrologue de chercher à faire
croire que l'outil en question serait autonome tant il est
flatteur de pouvoir prétendre avoir créé un outil dépassant
l'équation personnelle de son concepteur.. Même dans le cas
de l'interprétation passant par l'ordinateur, il faudrait prouver
que le texte proposé correspond réellement aux possibilités
du savoir astrologique et non du talent du rédacteur du dit
programme.(cf. infra)

Nous verrons qu'au bout du compte, la femme garde le


pouvoir subconscient, à son corps défendant – et ce encore
pour longtemps- de capter et d'enregistrer certains signaux
cosmiques qui structurent la cyclicité sociale depuis des
millénaires. Cela expliquerait notamment l'engouement des
femmes pour tout ce qui touche à l'astrologie. La femme
garde par ailleurs le pouvoir des sirènes dont Ulysse
cherchait à se prémunir et nous verrons que cette tentation
reste un enjeu moral majeur en ce XXIe siècle.

Mais pour l’heure, on n’en est pas encore là et on observe


une confusion des genres qui ne permet pas clairement une
division et une répartition du travail entre les deux sexes. La
femme doit continuer à assumer son rôle d’interface entre
l’homme et la machin, statut qui fait de la femme un stade
intermédiaire entre l’homme et la machine. Trop souvent, les
hommes négligent de se décharger sur les femmes des
tâches ancillaires. On pense notamment à tout ce qui relève
du passage de l’écrit à l’oral. Il n’est pas admissible qu’un
homme lise à haute voix un texte écrit, il doit se réserver et se
cantonner aux prises de parole spontanées et en phase avec
la situation immédiate et cela vaut évidemment aussi dans le
domaine musical. (cf. infra). Il y a donc un modus vivendi à
repenser et à redéfinir entre les deux sexes  . Selon nous,
l’écrit relève d’un acte de conservation, de momification, ce
qui constitue une provision en vue d’une pénurie, d’une
disparition, d’une destruction annoncées. Une société qui a
confiance en ses sources vives a-t-elle besoin de procéder
ainsi  ? A l’approche de l’hiver, l’on assiste à un processus
de stockage, de conservation (confitures, charcuterie (chair
cuite) etc., ce qui passe par l’abattage d’animaux, la récolte.
L’on retrouve la dialectique de la Subconscience et de la
Surconscience, du masculin vers le féminin, au sens de la
Genése  I, 27  :

,‫הָָאדָ ם ְּב ַצלְמֹו‬-‫כז ַוּיִב ְָרא אֱֹלהִים אֶת‬


 :‫ְּב ֶצלֶם אֱֹלהִים ּב ָָרא א ֹתֹו‬
‫ ּב ָָרא א ֹתָ ם‬,‫זָכָר ּונְקֵ בָה‬. 

27 Dieu créa l'homme à son


image; c'est à l'image de
Dieu qu'il le créa. Mâle et
femelle furent créés à la
fois.
La part féminine d’Elohim, c’est sa création et cela vaut pour
tout créateur inséparable de sa création, d’où une double
contrainte : cette création encombre son créateur et en
même temps en est inséparable.

La «  création  » de la femme.

Tout le récit de la création (qui n’est jamais ex nihilo) -ou


plutôt de la «  formation  » (selon le verbe hébraïque
employé) de la femme, au chapitre III de la Genèse nous
semble sonner faux mais il est de la plus grande importance.
Toute la question est de savoir dans quel ordre les choses se
sont faites. Le chapitre V nous interpelle puisqu'il annonce
un retour à l'androgynat avec la naissance de Seth alors que
ses frères, Abel et Caïn, nés avant lui, seraient nés d'un
homme et d'une femme et non d'un être à la fois mâle et
femelle... Adam n’a pas besoin d’une femme pour générer
Seth qu’il crée comme l’a fait Dieu pour lui «  à sa
ressemblance  », «  à son image  ». En revanche, Seth
tout comme ses descendants devront passer par le
truchement d’une femme. C’est par erreur d’ailleurs que l’on
traduit Adam par homme alors que c’est bel et bien le Saint
Esprit dont l’homme est issu, ce qui donne sens à la formule
«  fils d’Adam  », pour désigner l’homme alors que « 
fils d’homme  » ne fait pas sens. Selon nous, Jésus ne dit
pas qui’il est le fils de l’homme mais qu’il est le fils d’Adam
c’est à dire du Rouach haKodesh, du Saint Esprit (cf
Mathieu I) Autrement dit, le chapitre Ier de la Genése ne traite
pas de la création de l’homme mais seulement de celle de
l’Esprit Saint et ce n’est qu’au chapitre V qu’est relatée la
création du premier homme à partir d’Adam., soit un fils
d’Adam et non un fils d’homme, comme le rendent de
fausses traductions qui rendent Adam par homme 
!.

Seth serait seul «  fils d’Adam  »- il est l’ancêtre


notamment d’Enoch (nom qui signifie homme en araméen,
équivalent d’Adam) et de Noé- alors que Caïn et Abel seraient
les descendants de Ish et de Isha, Ish (Aleph Shin) étant la
forme contractée de Enosh. (Aleph Noun Shin) Cela dit, si « 
Ish  » est Enosh, cela fait plus sens que s’il s’agissait
d’Adam  dans les scénes du Jardin d’Eden car pour nous
Adam n’a pas besoin d’une femme  étant à la fois masculin
et féminin à l’instar du Dieu de la Genése.(chapitre Ier)

Eve est aussi mère de Seth mais non pas du fait d’Adam
mais, tout comme Marie, du fait d’une intervention, « 
opération  » de l’esprit saint, à l’instar de Sarah,
ultérieurement et c’est ainsi du moins que l’on peut
comprendre la fin du chapitre IV de la Genèse. Ajoutons
qu’un autre nom est utilisé pour désigner l’homme, à savoir
Guéver (ce qui a donné Gabriel) Ce qui nous conduit à penser
qu’Adam n’incarne pas toute l’humanité mais une humanité
particulière.
 :‫ׁשְ נֵי ַהּמְא ֹר ֹת ַהּגְדֹלִים‬-‫ אֶת‬,‫ טז ַוּיַעַׂש אֱֹלהִים‬16 Dieu (Elohim) fit les deux grands
‫ ַהּמָאֹור ַהּקָט ֹן‬-‫ ְואֶת‬,‫ׁשלֶת הַּיֹום‬ֶ ְ‫ לְמֶמ‬,‫הַּמָאֹור ַהּגָד ֹל‬-‫ אֶת‬luminaires (méoroth): le plus grand
 .‫ וְאֵת הַּכֹו ָכבִים‬,‫ לְמֶ מְׁשֶ לֶת ַה ַּליְלָה‬luminaire pour la royauté du jour
(Soleil), le plus petit luminaire pour
la royauté de la nuit (Lune), et aussi
les étoiles.
 .‫ָָארץ‬
ֶ ‫ה‬-‫ עַל‬,‫ ְל ָה ִאיר‬,‫ּׁש ָמי ִם‬
ָ ‫ ּב ְִר ִקי ַע ַה‬,‫ יז ַוּי ִּתֵ ן א ֹתָ ם אֱֹלהִים‬17 Et Dieu les plaça dans l'espace
céleste (raqiya hashamayim) pour
rayonner sur la terre (haAretz)
;‫ ּבֵין הָאֹור ּובֵין הַחֹׁשְֶך‬,‫ ּו ְל ַהבְּדִ יל‬,‫ ּבַּיֹום ּו ַב ַּליְלָה‬,‫ יח ְולִמְׁש ֹל‬18 pour régner le jour et la nuit, et
 .‫טֹוב‬-‫ ּכִי‬,‫ ַוּי ְַרא אֱֹלהִים‬pour séparer la lumière (haOr) des
ténèbres. Dieu considéra que c'était
bien.

 .‫מְ לַאכְּתֶ ָך‬-‫ ְועָׂשִ יתָ ּכָל‬,‫ ח ׁשֵׁשֶת י ָמִים ּתַ עֲב ֹד‬8 Durant six jours tu
travailleras et tu feras
(veAssita) toutes tes
tâches (Melakhtekha),
‫תַ ֲעׂשֶה‬-‫ֹלא‬  :‫ לַיהוָה אֱֹלהֶיָך‬,‫ׁשַ ּבָת‬--‫ הַּׁשְ בִיעִי‬,‫ ט וְיֹום‬9 mais le septième jou
 .‫ׁשע ֶָריָך‬
ְ ‫ ֲאׁשֶר ִּב‬,‫ ְוג ְֵרָך‬,‫ ַעבְּדְ ָך וַאֲ מָתְ ָך ּו ְב ֶהמְּתֶ ָך‬,‫מְ לָאכָה אַּתָ ה ּו ִבנְָך ּובִּתֶ ָך‬-‫ כָל‬la trêve de Yahvé ton
Dieu: tu n'y feras aucu
travail, toi, ton fils ni t
fille, ton esclave mâle
femelle, ton bétail, ni
l'étranger qui est dans
murs.
‫ ַהּי ָם‬-‫ אֶת‬,‫ָָארץ‬ֶ ‫ה‬-‫הַּׁשָ מַ י ִם ְואֶת‬-‫י ָמִים עָׂשָה י ְהוָה אֶת‬-‫י ּכִי ׁשֵ ׁשֶת‬
--‫ּׁשּבָת‬
ַ ‫יֹום ַה‬-‫ ּב ֵַרְך י ְהוָה אֶת‬,‫ּכֵן‬-‫ ּבַּיֹום הַּׁשְ בִיעִי; עַל‬,‫ ַוּיָנַח‬,‫ּבָם‬-‫אֲׁשֶ ר‬-‫ּכָל‬-‫וְאֶת‬
}‫{ס‬  .‫ַוי ְקַ ּדְ ׁשֵהּו‬
10 Car en six jours l'Eternel a fait le ciel, la terre, la mer et
tout ce qu'ils renferment et il s'est reposé le septième jour;
c'est pourquoi l’Eternel a béni le jour du Sabbat et l'a
sanctifié.

Si l'on s'en tient à une lecture non critique des premiers


chapitres de le Genèse, Dieu aurait changé d'avis à propos
d'Adam, mettant fin à l'androgynat du premier chapitre en
adjoignant à Adam, non pas une femme mais un clone (isha,
c’est Eve qui est mère de Caïn). Mais il existe d'étranges
similitudes entre ces premiers chapitres et le chapitre VI, où
Dieu déclare vouloir mettre fin à l'Humanité existante, ce qui
recoupe peu ou prou le climat de l'expulsion du Jardin
d’Éden.

Genèse VI, 9  : «  Dieu dit à Noé  : «  le terme de


toutes les créatures est arrivé, à mes yeux, (…) et je vais les
'créatures) détruire avec la terre  » Suit l'instruction pour
bâtir une «  arche  » (.) Tu entreras dans l'arche, toi et
tes fils et ta femme «  . Le mot femme utilisé est le même
mot qu'au chapitre II, Isa (Ishtekha, avec le suffixe du
possessif).
Genèse chapitre VI

‫מָ לְָאה‬-‫ּכִי‬--‫ ָּבׂשָר ּבָא ְל ָפנַי‬-‫ קֵץ ּכָל‬,‫ יג וַּי ֹאמֶ ר אֱֹלהִים לְנ ֹ ַח‬13 Et Dieu dit à Noé: "Le terme de
 .‫ָָארץ‬
ֶ ‫ה‬-‫ אֶת‬,‫ׁשחִיתָ ם‬ ְ ‫ מִ ְּפנֵיהֶם; ְו ִהנְנִי ַמ‬,‫ָָארץ חָמָס‬
ֶ ‫ ה‬toutes les créatures est arrivé à mes
yeux, parce que la terre, à cause d'ell
est remplie d'iniquité; et je vais les
détruire avec la terre.
ָ‫הַּתֵ בָה; ְו ָכפ ְַרּת‬-‫ ִקּנִים ּתַ ֲעׂשֶה אֶת‬,‫גֹפֶר‬-‫ יד עֲׂשֵה לְָך ּתֵ בַת ֲעצֵי‬14 Fais-toi une arche de bois de gôfè
 .‫ ּבַּכֹפֶר‬,‫ א ֹתָ ּה מִ ַּבי ִת ּומִחּוץ‬tu distribueras cette arche en cellules
tu l'enduiras, en dedans et en dehors,
poix.

Autrement dit, Dieu met ainsi fin en effet à l'androgynat lors


de la décision de tout recommencer. L'argument avancé au
chapitre II semble d'ailleurs assez spécieux 
: « 

Genèse II, 18  :  »L’Éternel Dieu dit «  il n'est pas bon


que l'homme soit isolé, je lui ferai une aide digne de lui « 
(trad. Rabbinat)

On notera que la question de la nudité est également


présente dans l'Histoire de Noé  :

Genèse III  ; 12  :  »

L’Éternel Dieu appela l'homme et lui dit  : Où es-tu. Il


répondit  (…) J'ai eu peur parce que je suis nu et je me
suis caché. Alors (Dieu) dit  : Qui t'a appris que tu étais nu
Cet arbre ont je t’avais défendu de manger, tu en as donc
mangé  « 

Signalons en passant, une certaine invraisemblance dans le


texte (Genèse, III)  car le couple avait déjà
couvert sa nudité au moyen de feuilles de figuier quand Dieu
l’interpelle. Il n’avait donc plus de raison de se cacher. Par la
suite, Dieu leur taillera des tuniques de peau de bête.

Genèse X, 21  : «  Noé (.) planta une vigne. Il but de son


vin et s'enivra et il se mit à nu au milieu de sa tente. Cham
(..) vit la nudité de son père et alla dehors l'annoncer à ses
deux frères. Sem et Japhet prirent la couverture, la
déployèrent sur leurs épaules et, marchant à reculons,
couvrirent la nudité de leur père mais ne la virent point, leur
visage étant retourné. Noé réveillé de son ivresse connut ce
que lui avait fait son plus jeune fils et il dit «  Maudit soit
Canaan  etc.  »Il s'agit ici d'une vigne dont Noé boit le
fruit et cela conduira à la malédiction à l'encontre de l'un de
ses fils, du fait de la question de la nudité, laquelle se
retrouve à propos d'Adam.

Mais cela vaut aussi plus tard pour Loth. (Genèse XIX, 36) et
en fait c'est dans cet épisode qui figure dans ce que nous
avons appelé le premier volet de l'Exode, au-delà du chapitre
XI, que la dimension scandaleuse est la plus marquante à
telle enseigne que ce qui est dit  ; en comparaison, à
propos de Noé et d'Adam ne faisait pas sens en soi car il
s'agit bien d'un cas d'inceste  :

«  Nous allons faire boire du vin à notre père.


Ensuite nous coucherons avec lui. Alors grâce à nous, des
enfants et des petits enfants naîtront de mon père 
».

Si l'on confronte ces trois récits, l'on assiste à une


déperdition de sens, en passant du cas de Loth à celui de Noé
puis du cas de Noé à celui d'Adam.

En fait, Dieu le Père renonce à faire de Noé, le nouvel Adam,


un être génial, à part, au sein des créatures terrestres et il
décide donc de partir sur de nouvelles bases, ce qui fait de
Noé en quelque sorte le premier homme «  normal  »
doté d'une femelle, comme toutes les autres créatures qui
vivent en couple. Il désigne le mâle et la femme  : Ish et
Ishto, (VII, 2) termes repris au chapitre II 22, pour désigner
l'homme et sa femme mais qui ne désignent aucunement
l'homme et la femme en particulier, comme les traducteurs le
rendent, mais n'importe quel couple animal, ce qu'il convient
de distinguer de zakhar/neqéva, (cf la création d'Adam
Genèse I, 27 la naissance de Seth, Genèse V, 2). En fait, il
existe deux récits, celui du premier et celui du second
chapitre, pour nous placé entre le chapitre I et le chapitre V
de la Genèse.

L'astuce des faussaires aura consisté à faire de la version


originale la formulation finale en interpolant un récit d'échec
avec Abel et Caïn  , mettant ainsi en scène le tout premier
meurtre, ce qui n'est pas sans évoquer la crucifixion, dans
un chapitre qui traite du sacrifice. Eve déclare (fin ch. IV) « 
Dieu m'a donné  une autre semence à la place d'Abel  . 
» Le terme «  Aher  » pour autre est le mot clef ici.
Seth devient ainsi le nouveau fils et l'on ne sera pas surpris
de voir que les généalogies évangéliques ignorent Caïn et
Abel et mentionnent le seul Seth, la descendance de Caïn
étant maudite alors que paradoxalement, c'est le seul Seth
qui figurait, selon nous, dans la version première. Tour de
passe-passe  Selon nous (cf. infra), ces premiers chapitres
empruntent à une littérature édifiante illustrent en quelque
sorte les Dix Commandements (cf. La Décade prodigieuse,
film de Claude Chabrol, 1971)  ; On y retrouve peu ou prou
la tonalité des Fables de La Fontaine (avec sa «  morale 
» de l'histoire ainsi contée comme tout flatteur vit aux dépens
de celui qui l'écoute, pour le Corbeau et le Renard) et la
lecture de la Bible si souvent conseillée s'expliquerait par
cette dimension sapientiale(plusieurs pièces y portent
d'ailleurs le nom de «  sagesse  »  ) dont elle
semble être truffée et à laquelle ses rédacteurs ont dû
emprunter pour étoffer leurs propos. Il s'agit d'une littérature
dite «  moraliste »  décrivant les mœurs en vigueur,
notamment durant la seconde moitié du XVIIe siècle.(cf. Paul
Bénichou, Morales du Grand Siècle, Gallimard, 1948 )

On retrouvera un procédé assez comparable pour la


composition des Centuries de Nostradamus et à ce propos
l'on notera le parallélisme formel entre le repérage par
chapitres et versets dans un cas et celui par centurie
(ensemble de 100 éléments) et quatrains dans l’autre... Le
contrecoup d'un tel procédé littéraire, dans la constitution du
récit biblique serait alors t de nous présenter des
personnages en train de commettre des actes moralement
répréhensible, ce qui tend à développer l'idée de péché
originel, de faute, de domination du mal etc. On pense ainsi
que la relation entre deux autres frères, Jacob et Esaü, les
deux fils d'Isaac, est marquée par de tels exemples à ne pas
suivre plutôt que par une quelconque réalité historique,
subvertie par des enjeux d'ordre éthique...

Selon nous, l’idée même de péché originel est à rechercher


chez les Israélites (issus du Royaume d’Israël), eux-mêmes,
peu ou prou rejetés par le royaume de Juda, le décalogue
étant en fait un catalogue, un réquisitoire de tous les points
qui leur sont reprochés. L’Epitre de Paul aux Ephésiens dans
le Nouveau Testament témoigne de ce sentiment d’exclusion.
On aura compris qu’il y a une différence majeure entre le
païen, l’étranger et l’excommunié, le condamné.

Ephésiens chapitre II

«  Vous étiez mort à cause de vos fautes et de vos


péchés (…) Dieu nous a rendu vie avec Christ (..) Vous
n’êtes plus des étrangers  » entendons par là des
exclus, des acteurs de seconde zone, des «  brebis
perdues  », des brebis galeuses, des moutons noirs. On
comprend ainsi pourquoi les Chrétiens ont voulu, à
plusieurs reprises, «  chasser  » les Juifs en ce sens
qu’eux-mêmes descendent de ceux qui furent bannis par les
Juifs. / On voit bien que ce qui se passe dans la Bible
concerne l’histoire interne des Juifs – on s’inscrit ici dans
une dynamique de guerre civile - et de ceux qui gravitent
autour d’eux et non des populations lointaines, « 
paiennes  », qui auraient épousé des querelles qui ne sont
point les leurs. On pense aux Africains et aux Asiatiques.
Quand les Juifs parlent de Yahvé comme étant leur dieu (« 
notre dieu  » Elohénou) cela signifie que ce n’est pas un dieu
pour ceux qui n’appartiennent pas à leur monde.

L’histoire d’Elie (en hébreu Elyahou – on retrouve le nom de


Yahwé- comme chez Isaie et Jérémie- illustre bien le regard
porté sur le Royaume du Nord lequel a "abandonné  »
les lois de Yahvé, notamment avec le couple Achab-Jézabel.
– forcément avant la chute du Royaume en 722 avant JC..
On voit bien ici –le doute n’est plus permis- que l’appellation
d’Israël désigne ici le seul Royaume du Nord, ce qui peut
choquer  : pourquoi les gens du Royaume de Juda ont-ils
fait leur deuil du nom d’Israël  si ce nom les avait
antérieurement englobés  ? On devine ici l’existence d’un
clivage remontant loin dans le temps et que l’e nom d’Israël
n’aurait fait que recouvrir  :

Livre des Rois I,

17 En apercevant Elie, Achab (le roi ;‫אֵ ִלּי ָהּו‬-‫ אֶת‬,‫יז ַויְהִי ּכ ְִראֹות ַאחְָאב‬
d’Israël) lui dit: "Te voilà donc, ‫ הַאַּתָ ה ז ֶה עֹכֵר‬,‫וַּי ֹאמֶ ר ַאחְָאב אֵ לָיו‬
perturbateur d'Israël?" ‫י ִׂשְ ָראֵל‬. 

18 Il répondit: "Ce n'est pas moi qui ai ,‫י ִׂשְ ָראֵל‬-‫ ֹלא ָעכ ְַרּתִ י אֶת‬,‫יח וַּי ֹאמֶ ר‬
jeté le trouble en Israël, c'est toi et la ‫ ַּב ֲעז ָ ְבכֶם‬--‫ ּובֵית ָאבִיָך‬,‫אַּתָ ה‬-‫ּכִי אִם‬
maison (Bayit) de ton père, puisque ‫מִ צְו‬-‫אֶת‬ ‫ וַּתֵ לְֶך ַאח ֲֵרי‬,‫ת י ְהוָה‬
vous avez abandonné (BeAzavkhem) ‫ ַה ְּב ָעלִים‬. 
les lois (Mitzwoth)de Yahwé, puisque
tu es allé vers les Baalim (les
prêtres de Baal)!

Dans l’Evangile de Luc, l’on revient sur le personnage


d’Elie, au chapitre 4 et cela montre bien que le nom d’Israël
renvoyait au royaume du Nord, encore du temps de Jésus 
:

Jésus ajouta: «Amen, je vous le dis: aucun prophète n’est


bien accueilli dans son pays. En toute vérité, je vous le
déclare: Au temps du prophète Élie, lorsque la sécheresse et
la famine ont sévi pendant trois ans et demi, il y avait
beaucoup de veuves en Israël; pourtant Élie n’a été envoyé
vers aucune d’entre elles, mais bien à une veuve étrangère,
de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon. Au temps du
prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël;
pourtant aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman, un
Syrien.»

Mais le parallèle qui nous semble le plus flagrant concerne la


construction du personnage de Jésus, éclairée par celle,
quinze siècles plus tard, par celle du personnage de
Nostradamus. Il existe d’ailleurs une Vie (Vita) de
Nostradamus (dans le Janus François de 1594) qui se
présente, peu ou prou, comme une Vie de Jésus. Dans les
deux cas, on a affaire à une œuvre collective, étalée dans le
temps dans sa composition et bien plus encore au prisme de
son exégèse. S'il n'est pas question de contester qu'il exista
un astrologue du nom de Michel de Nostredame pas plus
qu'on ne saurait le faire, toutes proportions gardées, le
dossier Nostradamus, bien plus récent, étant, on s'en doute,
beaucoup mieux documenté et renseigné- pour un "prophète"
surnommé Jésus, l'on n'en reste pas moins en droit de se
demander quelle aura été la part de leur instrumentalisation,
pour l'un comme pour l'autre. On a fait de l'astrologue Michel
de Nostredame besogneux auteur d'almanachs astrologiques
annuels le poète de quatrains prophétiques débordant
largement en portée -quelle ubris! - le cadre de son temps -il
meurt e 1566 tout comme on aura fait d'un Jésus d'abord
centré sur le seul peuple hébreu, un "fils de dieu" venu
"sauver" l'humanité toute entière. A plus d'un titre, nous
pensons que l'histoire de Jésus emprunte fortement à celle
de Moïse, du moins dans la mouture d'origine -perdue- du
récit traitant du dit Moïse, tout comme les personnages de
Moïse et de Jésus voire de Jean-Baptiste doivent beaucoup
à Isaac voire à Ismaël (selon le Coran) Nul ne conteste qu’il
ait existé un certain Jésus qui aura fait parler de lui mais
aucun témoignage ne saurait fournir autre chose que des
propos tenus par l’intéressé ou son entourage.

Dans les deux cas de Jésus et de Nostradamus


(d'ascendance juive, rappelons-le) , il y a un évident
changement d'échelle. De même, le personnage de Jésus va
nous renseigner sur celui bien antérieur de Moïse et nous
permettre de rétablir, avec une vraisemblance raisonnable,
des aspects de la narration concernant le dit Moïse qui ont
pu être gommés, comme en ce qui concerne le fait que tout
comme Jésus il ne serait pas un humain ordinaire et comme
lui serait apparu tel un être à mi-chemin entre l'état de dieu et
celui d'homme...Ce n'est pas toujours ce qui est antérieur qui
éclaire sur ce qui se présente ultérieurement, cela peut en
effet être l'inverse comme dans le cas de la chronologie des
éditions des "Centuries" (cf infra)

Seth, le vrai «  fils d’Adam  »

On notera que dans l'Ecclésiaste, le nom Abel (Hevel)


signifie buée, souvent rendu par vanité. (Vanité des vanités,
tout est vanité!), étrange nom au demeurant pour le fils
d'Adam  ! Seth en fait remplace à la fois Abel (et qui n’aura
pas de descendance) qui a été tué et Caïn qui a été maudit
mais qui n’en est pas moins «  fils d’Élohim  et d’Eve,
tout comme le sera, nous dit-on, dans l’Évangile de Mathieu,
Jésus, le fils de Marie et d’une divinité. Mais il y a un évident
hiatus entre les naissances de Caïn et d’Abel et celle de Seth
(et ce malgré les aménagements de la fin du chapitre IV). Seth
est né d’ Adam qui n’a nul besoin d’un partenaire sexuel
alors que les deux frères seraient nés d’une femme fécondée
par un homme Ish. A moins qu’à l’instar d’un Isaac ou d’un
Jésus, Seth ne soit né d’une femme, Eve, et d’une entité
divine sans passer par un père. Cain et Abel seraient nés par
un processus ordinaire, conséquence de la relation de Ish et
de Isha alors que Seth annoncerait une autre forme de
naissance, celle des «  fils d’Adam  ».. Notons que les
deux frères, Caïn et Abel, sont à rapprocher des dieux
égyptiens, Horus et Seth, ce dernier étant maudit à l’instar de
Caïn. Par ailleurs, l’animal de Seth est le porc, lequel serait
donc lui aussi maudit, d’où l’interdit concernant la
consommation de cet animal, chez les Hébreux. Signalons
toutefois la présence de porcs du temps de Jésus lors d'un
exorcisme:

Evangile selon Luc VIII

" Or, il y avait là un important troupeau de porcs, qui cherchaient leur nourriture sur la
colline. Les démons supplièrent Jésus de leur permettre d'entrer dans ces porcs, et il le
leur permit. Ils sortirent de l'homme et entrèrent dans les porcs. Du haut de la falaise, le
troupeau se précipita dans le lac, et il s'y étouffa. »

Aussi, le chapitre IV ne peut qu’être plus tardif que le


chapitre V. CQFD. Selon nous, ces chapitres n’étaient en fait
pas censés se trouver à cet endroit. Ils y ont été placés
malencontreusement ou délibérément et sans grand souci de
continuité chronologique pour faire écho à la naissance de
Jésus, faisant d’Eve une sorte de Marie, l’Ancien Testament
faisant ainsi écho au Nouveau, étant entendu que les relations
compliquées entre frères ne sont pas sans nous faire songer
à celles entre les jumeaux Jacob et Esaü, lequel Esaü était
sur le point de tuer son frère surnommé Israël. (Genèse XXXII-
XXXIII)

Qu'est-ce que l'homme  ?

Les frontières ne sont pas claires  : l'on nous parle d'un


homme «  perfectible » qui le serait par le biais d'un
appareillage et se pose alors la question du trans-
humanisme. Mais sommes-nous si différents des animaux 
? La femme se caractériserait- par-delà la question des
organes génitaux qui intéressa Freud avec une situation en
quelque sorte inverse-- par sa possession d’objets extérieurs
alors que l’homme s’affirmerait par la possession de facultés
intérieures. Ce qui distingue le c’est à moi et le c’est de moi.

D'où cette notion de maisonnée que nous empruntons au ,


dans les Dix Commandements et qui inclut les animaux,
domestiques, la progéniture, l'épouse. Pour notre part, nous
pensons qu’il est préférable de recourir à une nouvelle
polarité, celle de l’génie adamique et de l’androïde car la Isha
de la Bible, tirée de la cote d’Adam correspond bien selon
nous à la signification littérale du mot androïde, à savoir en
grec ce qui est fils d’Adam (en grec Anthropos)  .
Cependant, la formule «  Et Dieu créa la femme  » ne
doit pas faire penser que c'est le verbe «  bara  » du
premier chapitre qui est employé à son intention. Si le verbe
bara est utilisé pour la «  création du génie adamique »
(désigné d'ailleurs au pluriel) et plus généralement de toute
la Création, c'est, en revanche, le verbe yatsar (d'où le Sefer
Yetsira en kabbale) qui sert pour la «  formation  » de
l'androïde (l'être qui est fabriqué à l'image de l'homme, Isha
tirée de Ish). La lecture parfois proposée de «  tirée du côté
d’Adam  » voire «  à côté d’Adam  », à la place de la « 
côte d’Adam  » ne change rien à l’affaire puisqu’il est dit, par
ailleurs, que Isha est tirée de Ish.

Selon nous, d’ailleurs, l’idée de création devrait en fait


signifier une transformation et certainement un processus
généré ex nihilo  !

Essayons d'y voir clair au regard du texte biblique: on notera


d'abord (chapitre I) que ce sont des adjectifs (zakhar et
neqéva) et pas des noms communs qui sont utilisés pour
désigner la dualité adamique, la traduction homme et femme
n'étant pas recevable. Le fait que le texte désigne Adam tantôt
au singulier, tantôt au pluriel tient à cette nature duelle. Qu'il
soit demandé à Adam de se multiplier ne prouve nullement
qu'il ait besoin d'une “aide” extérieure. Rappelons qu'Adam
est créé après les animaux qui eux sont sexués, il fonctionne
autrement. Passons au séjour dans le Jardin d’Éden (ch. II-
III), il n'y est pas question d'enfantement. On notera que ce
n'est pas Adam et son épouse qui sont chassés du Jardin
d’Éden mais seulement Adam car c'est à Adam qu'il avait été
prescrit de ne pas manger du fruit “défendu” et à la fin, il est
dit “Voici Adam devenu comme un de nous (…) Ayant chassé
Adam etc.”. Là encore, pas question d'une autre personne.
Autrement dit, l'existence de la Isha n'a pas à ce stade de
fonction précise et seul Adam importe Cette Isha, qui est une
sorte d'appendice, d’hypostase, ne fait que suivre Adam
mais elle n'est pas visée directement et compte “pour du
beurre”. Au début du chapitre II, on rappelle qu'Adam a été
créé par Élohim mais Élohim entend lui associer une aide
mais Adam est parfaitement viable sans la dite aide qui est
d'abord recherchée parmi les êtres déjà crées avant qu’Élohim
se résolve à explorer une autre voie, que nous qualifierons de
technologique. Au regard de la mythologie grecque, en
revanche, la Isha serait, selon nous, Proserpine
(Perséphone), la fille de Cérès (Démeter), qui mangea les
pépins de la grenade l’enchaînant fatalement à Pluton
(Hadés).(cf. infra). Elle quitte le paradis pour l’enfer.

Il y a un passage particulièrement étrange à Genèse II, 15, bien


souvent ignoré:

“Je ferai régner la haine entre toi et ta femme, entre ta


postérité (Zéra) et la sienne. Ceux qui naîtront d'elle
t'écraseront à la tête et toi tu les blesseras au talon”. C'est
bien d'une guerre des sexes qu'il est ici question! Rien à voir
avec le serpent!

. On a tendance à vouloir comprendre qu''Elohim s'adresse là


au serpent puisque c'est de cela qu'il s'agit au verset
précédent mais nous pensons que cela traite bel et bien des
rapports à venir entre Adam et cette Isha, dérivée du Ish
qu'est Adam.

Ce passage nous semble très éclairant au regard de l'Histoire


de l'Humanité, à savoir qu'à chaque génération jusqu'à nos
jours, les deux postérités sont confrontées, celle d'Adam et
celle de cette Isha, au service d'Adam, un peu comme dans
les plantations du Sud des États Unis, se perpétuent les
enfants des maîtres et ceux des servants.

«  YahvéÉlohim façonna (Yatsar, ce qui donnera le Sefer


Yetsira en kabbale) Adam  » ni sa ressemblance avec le
Créateur  ! Tout se passe comme si tout le discours sur
l'androgynat était gommé par le nouveau chapitre, si ce n'est
que la solitude d'Adam ne se conçoit que du fait de
l'androgynat à moins qu'il ne s'agisse de la découverte par
l'homme de l'outil, ce contre quoi un Jean-Jacques
Rousseau nous met en garde (cf. supra) au milieu du XVIIIe
siècle.

Selon nous, ce qui importe ce n'est pas la façon dont le


parle de Dieu, c'est à dire d'Elohim mais bien dont le parle
de «  son  » Dieu (Yahvé). Il ne s'agit pas de noyer
Yahvé dans l'océan élohique, mais bien de l'en extraire, en
quelque sorte, tout en reconnaissant la dimension élohique
partagée mais qui n'est pas spécifiquement juive. Ajoutons
que le n'est pas une religion de la conscience individuelle
mais de la conscience collective, du «  nôtre  » et non
pas du «  mon  » (ce que l’on retrouve d’ailleurs , en
héritage, dans le christianisme  : Notre Dame, Notre Père
etc) ce qui n'exclue nullement notamment la prise en compte
de la question de l'androgynat et celle de la cyclicité, qui
n'ont rien de proprement «  yahvique  ». Pour le
judaisme , les enjeux collectifs priment, et pour les années 40
du Xxe siècle, tout à fait déterminantes, cela aura valu tant
pour ce qui est de la Shoah que de la création de l’État
d'Israël. Dans un cas comme dans l’autre, l’on aura été
témoin des mirages de la Praxis, lorsque la théorie se mue en
idéologie nazie ou sioniste et passe le relais à une pratique
aveugle et rigidifiée..

Or, selon nous, les Hébreux ne savent plus prier leurs dieux,
confondant le dieu de la création et leurs dieux
providentiels car les textes ont été frelatés et c'est pour cette
raison que ces dieux ne les ont point protégés. Mais ce fut
déjà le cas après la mort de Salomon, qui fut suivie de la
Captivité de Babylone car c'est sous David et Salomon
(encore que l’existence même de Salomon ne soit pas
attestée), que l'on avait voulu faire des dieux d'Israël et de
Juda le dieu universel.

Soulignons que depuis des siècles, la part de la conversion


au judaïsme est restée résiduelle et que le judaisme a bien
montré qu'il pouvait exister sans un tel apport. En tout état de
cause, le christianisme reste bel et bien la voie par
excellence de la conversion au sens de reconnaissance du
fait matriciel hébraïque. En ce sens, il est absurde d'attendre
une conversion de la part des Juifs au christianisme dans la
mesure où une telle conversion viserait à permettre aux non
Juifs - ce qui renvoie quelque part à l’Épître aux Éphésiens-
de devenir Juifs ou en tout cas d' acquérir une statut
équivalent au regard de l’Alliance Renouvelée, telle que
définie par Jérémie au chapitre XXXI (cf infra). Au fond,
demander à des Juifs de se convertir serait du même ordre
que de demander à des citoyens français de suivre une
procédure de naturalisation. C'est le monde à l'envers.

Pourtant, dans l’Apocalypse de Jean, l’accent est bien mis


sur la filiation des 12 tribus  :

Chapitre VII  :  »J’entendis le nombre de ceux qui étaient


marqués du sceau. Ils étaient cent quarante- quatre mille de
toutes les tribus des fils d’Israël. De la tribu de Juda douze
mille marqués du sceau, de la tribu de Ruben, douze mille
etc  »
Cela montre que le projet du  Nouveau Testament était
bien de réaffirmer l’existence des 12 tribus  dont les noms
sont repris de la bénédiction de Jacob à ses fils, à la fin du
Livre de la Genèse, lequel se prolonge dans celui de l’Exode 
.

En vérité, une telle conversion des païens à la judéité ( terme


utilisé par les Juifs laïcs) plutôt qu'au (Ancienne Alliance)
relèverait bel et bien du miracle! Nous dirons que les païens
passent par une double conversion en ce qu’ils doivent
d’avoir devenir Juifs (puis assumer l’Alliance Renouvelée
alors que les Juifs qui entendent rejoindre cette Alliance
Renouvelée n’ont évidemment pas à devenir Juifs puisqu’ils
le sont déjà. Quand on parle de Chrétiens, il importe de
préciser Juifs chrétiens-Juifs étant sous-entendu- puisque l’
Alliance Renouvelée est réservée aux Juifs, quitte à devenir
Juifs au moyen de quelque rituel, ce qui vaut plus selon
nous pour les femmes que pour les hommes étrangers et
dans l’histoire juive, et ce n’est pas par hasard, que l’on
parle de conversions de femmes et non d’hommes. Les
Chrétiens d’origine païenne sont de «  nouveaux Juifs (»
comme l’on désignera les Juifs espagnols convertis au
christianisme (à partir de la fin du XVe siècle), en tant que « 
nouveaux Chrétiens  » (appelés aussi par dérision
marranes). Il importe de comprendre que la société juive du
temps de Jésus était marquée, comme bien d’autres sociétés,
par la cohabitation avec des populations asservies mais n’en
partageant pas moins, au quotidien, les mêmes conditions de
vie avec les tensions, oppressions et frustrations qui en
découlent. On le sent bien à la lecture de l’Épître
démagogique de Paul aux Éphésiens  ! Proposer l’égalité
fait surtout sens pour ceux dont le sort est précisément
marqué par l’inégalité. Le païen, du temps de Jésus, ce n’est
pas le Romain mais l’esclave non Juif, non pas le dominant
mais le dominé  ! Et ce dominé n’est pas taillé pour incarner
une Alliance Renouvelée propre aux maîtres  ! Or, les
Chrétiens semblent vouloir- selon une logique d’interface-
ignorer et les Juifs et les païens non christianisés

En fait la conversion des païens correspond à une deuxième


vague de conversion  : la première venait des Juifs
désireux d’adhérer à une «  Alliance Renouvelée  » qui allait
être suivie d’un afflux de non Juifs ne comprenant pas les
conditions d’une telle conversion, laquelle passait au départ
nécessairement par le fait d’être né«  juif  ». Nous avons
noté que tout processus d’immigration changeait de nature
quand à une première vague succédait une seconde. Cela
vaut notamment pour l’immigration issue d’Afrique du Nord 
: les premiers arrivants n’avaient certainement pas la même
conscience des enjeux que ceux qui les suivirent, à
commencer par leurs enfants, nés en France et qui
constituent bel et bien une nouvelle vague migratoire d’un
autre type risquant fort de sauter certaines étapes de
l’intégration. On ajoutera qu’il existe aussi une immigration
de type linguistique comme ce fut le cas des Kabyles
algériens victimes de l’arabisation de l’enseignement en lieu
et place du français lequel se perpétua bien après
l’Indépendance de 1962. A la différence des algériens non
kabyles, cette population ne pratiquait pas l’arabe en famille
et elle fut donc vouée à immigrer vers la France ou en tout
cas vers un pays francophone. D’une façon générale, la
deuxième vague tout comme la deuxième génération posent
plus de problèmes que la première du fait que la deuxième
vague se sert de la première vague comme interface au lieu
d’être en contact direct avec la population locale.

De même quand on parle de «  planètes  », rappelons que


planète est un adjectif apposé à étoile, en ce que l’on
distingue étoiles fixes et étoiles errantes (planète étant un
barbarisme dérivant du grec, signifiant errant)

D'aucuns contestent que les païens se convertissant ne


pensaient pas pour autant devenir Juifs. Or, dans l’Épître aux
Romains (II, 28), tout est clairement exposé : il s'agit bien de
"se faire juif":

« Ce n'est pas ce qui est visible qui fait le Juif, ni la marque


visible dans la chair qui fait la circoncision, mais ce qui fait le
Juif c'est ce qui est intérieur, et la vraie circoncision est celle
que l'Esprit opère dans le cœur et non celle que l'on pratique
en obéissant à la lettre de la Loi. Tel est le Juif qui reçoit sa
louange, non des hommes, mais de Dieu. »

Face à l’Épître aux Hébreux qui rappelle ce qu'est cette


judéité, le Nouveau Testament place l’Épître aux Éphésiens
qui annonce qu'il sera désormais possible de franchir la
frontière entre Juifs et non Juifs. Or, à l'arrière-plan d'une
telle proposition, il ressort que c'est alors un honneur que de
devenir Juifs pour les "non Juifs ", ce qui sous-tend une
certaine forme de jalousie, de convoitise pour le bien
d'autrui chez ces derniers. Le paradoxe, c'est que la
conversion ne fait sens que dans le cadre de l'Ancienne
Alliance laquelle passe par un enseignement alors que
l'accès à l’Alliance Renouvelée est conditionné par une
appartenance, une descendance, à un héritage qui serait
réservé au «  peuple saint  » (Épître aux Colossiens). Il
reste que Paul qualifie Pierre d’  »apôtre des Juifs (  »
alors que lui-même serait devenu, bien que né Juif, l’apôtre
des païens. (Galates, II) et l’on retrouve cette dualité quand
on compare l’Épître aux Hébreux et celle adressée par Paul
aux Éphésiens.

Le baptême ne fait sens que pour les Juifs désireux de


déclarer que le temps de la Alliance Renouvelée est advenu, il
relève certes d'une prise de conscience, de l'entrée dans une
"Église" réunissant ceux qui sont "partants" mais il ne
saurait transformer un non Juif en Juif du moins sur la base
de la dite Alliance Renouvelée!...Cela nous fait penser à ce
qui s'est passé en France sous la Révolution, laquelle
s'adressait à tous les "anciens" Français tout comme
l’Émancipation des Juifs , à l'époque, ne pouvait viser que
les "anciens" Juifs En fait, l'esprit de l’Alliance Renouvelée
n'est pas censé impliquer une quelconque prise de décision
de la part des intéressés, cela relève, peut-on dire, de la grâce
et non de la volonté. Paul (Épître aux Galates, notamment)
oppose la Loi de l’Ancienne Alliance à la Foi qui serait
propre à la Nouvelle, l’esclavage à la liberté, Ismaël (fils
d’une servante, Agar) à Isaac (né dans des conditions
merveilleuses). Les Juifs sont convertis- s'il faut employer
ce terme- de l'intérieur, malgré eux, car cela entraîne un
changement de leurs facultés. L’on bascule du vers la
judéité, de l'orthopraxie surconsciente vers une orthopraxie
subconsciente. Nous dirons que le christianisme aura servi
d'interface aux païens pour devenir Juifs si ce n'est qu'il
aura outrepassé ce statut au point que la conversion aura fini
par s'effectuer non plus vers les Juifs mais vers les
Chrétiens. Sur un autre plan, pour mieux nous faire
comprendre, les Juifs arrivés en France de Pologne ou du
Maghreb ont-ils rejoint leurs "frères" Juifs de souche,
installés en France de longue date ou bien plutôt la France?

A la différence de l'Islam, les Juifs ne se sont pas confondus


-ou si peu- avec ceux qui entendaient les suivre et en cela, il
faut se réjouir de l'existence même du christianisme car cela
permet de ne pas tout mélanger, à moins de considérer le
chiisme (qui revendique une filiation, une descendance) dans
son rapport avec le sunnisme comme équivalent au face au
christianisme. L’Islam tout comme le christianisme ont
renoncé à tout enracinement géographique et ethnique à la
différence du judaïsme, ce qui aura eu pour avantage de
favoriser la conversion. Or, nous pensons que le rejet de la
dimension «  raciale  » , génétique, ne peut aboutir qu’à
un retour du refoulé.

Les théologiens chrétiens se sont divisés autour de la notion


de consubstantialité (cf. l'hérésie d'Arius). Mais la question se
pose en effet, quant à ce qui distingue l'homme de la femme.
La plupart des commentateurs ne semblent pas avoir pris la
mesure de l'enjeu et concluent un peu vite que la femme
(Neqéva) de Genèse II est identique à celle de Genèse I. Or, ce
n'est pas du tout notre avis  : pour nous, la femme-
épouse (Isha) est un être à part, né de l’homme et non de
Dieu que l'on pourrait assimiler à une machine, laquelle
comporte certes des similitudes avec l'homme mais présente
des particularités qui lui sont propres. Or, la dimension « 
féminine  » d'Adam est inséparable de sa dimension
masculine ces deux dimensions étant inséparables et
consubstantielles l'une par rapport à l'autre. Au fond, la
Trinité Chrétienne ne met elle-pas en scène trois
personnages et non deux  ?. En tout état de cause, le
judaïsme tel qu’il est devenu a beaucoup à apprendre du
christianisme lequel réactive des sources fort anciennes et
parfois oubliées en cours de route par le dit mais cette « 
trinité  » que l’on retrouve dans la mythologie et dans une
astrologie renouvelée(cf notre tome III) s’ancre sur un savoir
lui aussi passé par -dessus bord.

Nous dirons que l’humanité d’Adam diffère singulièrement de


celle de l’homme ordinaire (ish) même si dans tous les cas de
figure, cela passe par le truchement d’une femme si bien que
lors de l’accouchement, l’on peut se demander s’il est
possible de faire, voir la différence sous une apparence si
semblable au premier abord. Le fils d’Adam ne saurait être
confondu, à terme, avec le fils de l’homme-Ish et bien
entendu –l’on s’en doute-le nombre de fils d’Adam est bien
inférieur à celui des fils de Ish. Mais il est vrai que la
traduction grecque rend Adam par Anthropos, ce qui prête à
confusion. Il vaudrait mieux ne pas traduire Adam.

Mais il nous semble que le personnage de la Vierge Marie


serait une comparaison plus heureuse d’autant qu'elle sert
avant tout de réceptacle. (Mathieu, I) Tout se passe comme si
le Père -on sait qu'il est dans la dualité sujet-objet (cf Genèse
I, il créa la lumière et vit que c’était une bonne chose)
puisque Adam a été crééà sa ressemblance- s'était servi de
Marie pour faire naître son Fils  ; Jésus. De même les
femmes serviront mécaniquement aux hommes à enfanter
leur progéniture. 

Il convient de rappeler dans quelles conditions «  Isha 


» est apparue car c'est un point trop souvent occulté  :
Yahvé-Elohim (sic), une fois qu'il a observé qu'Adam devait
être «  aidé  »  commence par à«  amener  « 
toutes sortes d'animaux mais Adam «  ll ne trouva pas
de compagne qui lui fut assortie  » (Genèse II trad.
Rabbinat)) Et c 'est alors que l’Éternel Dieu décida de créer
un être en passant par Adam.(c'est l’histoire de la «  cote 
» d'Adam) Mais cette traduction ne rend pas bien l'hébreu
Ezer ke negdo, Ezer étant le même mot utilisé quelques
versets plus haut, dans le même chapitre  et cette fois on
avait traduit «  une aide digne de lui  » (Genèse II, 18 et
21). Ainsi, on est passé de «  aide digne de lui «  à« 
compagne qui lui fut assortie  »  ! pour traduire les
mêmes termes  ! D'autres traductions ne prennent pas
une telle liberté et rendent dans les deux cas par «  une
aide qui lui convienne parfaitement  » ( Parole de Vie,
Société Biblique Française, 2000) Quel est ici l'enjeu  ?
Reprenons la chronologie  : On traduira Ezer Kenegdo,
comme une aide, une assistance, externe, comme lorsque
l'on parle d'un disque dur externe venant soulager le disque
dur interne. Neged signifie ce qui est en face de soi (neged 
contre, opposé, en face, versus)., ce dont on se sert ou pas, à
sa propre convenance (cf. infra, la dialectique de la
cyclologie selon Saturne, Jupiter et Mars ), sachant que l'idée
de se faire aider, de complément, d'ajout, est en soi
éthiquement problématique d'un point de vue ontologique.
Néged (qui en hébreu renvoie à Nigoud, contradiction, à
opposition), c'est aussi, tout simplement, l'idée de Négation
(le nicht allemand), en s'en tenant à la similitude formelle,
c'est à dire à l'altérité, à la conscience qui est une contre-
science, à la rencontre (ce qui va à l'encontre), ce qui répond,
réplique, l'antithèse. Mais cette dualité, elle se trouve déjà
dans le génie adamique, en son “neqéva” et par conséquent,
la isha, ne fait que soulager le ish de sa tension, de son
altérité intérieure : on voit que l'on ne se focalise pas ici sur le
sexe. On nous dit que l'homme n'est pas adamique parce
qu'il ne peut à lui seul procréer mais en revanche, il est en
pleine possession de l'acte créatif; ce qui implique une
remise en question permanente (cf Bachelard)., un dialogue
intime en soi-même (comme le préconisait Platon), ce qui
exige un regard critique, un retour sur soi, une réflexion, Le
maître se questionne lui-même, de l’intérieur, alors que le
servant a besoin d’être sollicité pour fonctionner, comme si la
question devait venir d’un autre espace-temps, d’un avant,
d’un en-haut.

En fait, la création de la femme serait liée à ce que nous


appelons la Seconde Création, celle du «  Deus Faber  » et
cela commence avec la perte de la «  nudité  », mise en
scéne dans le Jardin d’Eden. Cette nudité conduit à recourir
à toutes sortes de prothèses.

Genése II
25 Or ils étaient tous deux nus ‫ הָָאדָ ם‬,‫כה ַוּיִהְיּו ׁשְ נֵיהֶם עֲרּוּמִ ים‬
(Aroumim), l'homme et sa femme, ‫ י ִתְ ּב ֹׁשָ ׁשּו‬,‫וְאִ ׁשְּתֹו; וְֹלא‬. 
et ils n'en éprouvaient point de
honte

Genése III

21 L'Éternel-Dieu fit pour ‫ ּכָתְ נֹות‬,‫כא ַוּיַעַׂש י ְהוָה אֱֹלהִים לְָאדָ ם ּולְאִ ׁשְּתֹו‬
l'homme et pour sa (sic) femme }‫{פ‬  .‫ ַוּי ַ ְלּבִׁשֵם‬--‫עֹור‬
des tuniques de peau, et les en
vêtit.

On note qu’il n’est pas écrit «  pour la femme  », mais bien


«  pour sa femme  ». Il semble qu’en français, il y ait là
une ambiguité qui n’existe pas dans toutes les langues mais
qui se retrouve également en hébreu  : la isha, c’est à la
fois la femme par rapport à l’homme mais aussi l’épouse.

Or, dans le même chapitre III, on se sert du même terme « 


Isha  » sans préciser dans quel sens il faut entendre la
formule  ! Autrement dit, on sera passé en quelques
versets, de «  la femme  » à «  sa femme  »  ! En
anglais, on aurait dit d’abord «  the woman  » et ensuite
«  the wife » comme cea peut se constater dans la Bible
de King James où les deux expressons se croisent.

4 Le serpent dit à la femme:  :‫הָאִ ּׁשָה‬-‫ אֶל‬,‫ד וַּי ֹאמֶ ר ַהּנָחָׁש‬


"Non, vous ne mourrez point; ‫ ּתְ מֻתּון‬,‫מֹות‬-‫ֹלא‬. 

On n’est plus le monde de la Briah, de la Création, Dieu


(Elohim) «  fit » (Veyaassé) , fabriqua  , c’est le monde
de la Technique. La femme incarne un tel passage. Quand
Sarag propose son esclave Agar à Abraham, elle indique en
cela qu’elle est remplaçable tout comme un objet peut en
remplacer un autre, ce qui renvoie à la gestation pour autrui.

Nous voyons dans la femme le prolongement de l’homme et


en ce sens elle peut lui être supérieure tout comme une
cathédrale peut dominer son archictecte, lui survivre.
Décidément le temps de l’homme n’est pas celui de la femme,
celui de l’homme, on l’aura compris, tient à un fil et pourrait
passer inaperçu. Le temps de l’homme est dans la
discontinuité et nous dirons qu’il est cyclique, avec des
passages à vide, par à coups, ce qui implique une forme
d’attente d’un retour d’une forme d’euphorie (le euréka 
d’Archiméde).

Voilà qui pose la question du rapport entre le créateur et sa


création et renvoie selon nous à la dialectique du masculin
et du féminin telle qu’évoquée dans le premier chapitre du
Livre de la Génèse  : est masculin le processus de
création et féminin le fait ainsi accompli, le passage de la
puissance à l’acte. On notera toutefois, une certaine
confusion dans le texte puisque au début du verset 27, il est
question d’Adam face à Elohim, «  oto  », lui et dans
la suite du même verset, l’on passe subrepticement au pluriel
de «  oto  », à savoir «  otam  », les, eux. Ce que
ne rendent pas certaines traductions lesquelles éludent le
paralléle du singulier et du pluriel

27 Dieu créa l'homme à son ‫ ְּב ֶצלֶם‬,‫הָָאדָ ם ְּב ַצלְמֹו‬-‫כז ַוּיִב ְָרא אֱֹלהִים אֶת‬
image; c'est à l'image de Dieu ‫זָכָר‬  :‫אֱֹלהִים ּב ָָרא א ֹתֹו‬
qu'il le (oto) créa. Mâle et ‫ ּב ָָרא א ֹתָ ם‬,‫ּונְקֵ בָה‬. 
femelle, il les (otam) créa.

27 «  Dieu créa l'homme à son image; c'est à l'image de


Dieu qu'il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois  » (
https://www.mechon-mamre.org/f/ft/ft0101.htm)

Quant à la traduction Segond, la forme «  les  » ne figure


qu’au verset 28 suivant  : «  Dieu les bénit  ».

27 Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de


Dieu, il créa l'homme et la femme.

28

Dieu les (otam) bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds,


multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez
sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout
animal qui se meut sur la terre
Il importe de bien comprendre ce qui distingue les deux
facettes de la Création. D’un côté, nous avons un acte
ponctuel, ce que l’on pourrait comparer à ce qui se passe
pour la procréation. De l’autre, une continuation, avec la
grossesse de 9 mois  ; pour poursuive dans le même sens.
On aura compris que le temps n’est pas le même dans les
deux phases. La première phase est fugace, c’est l’affaire
d’un instant tandis que la seconde est bien plus tangible de
par sa durée, son étendue, ce qui conduit à dire que c’est la
femme qui «  donne la vie  », tant le rôle masculin est
comme un clignement de l’œil (en allemand Augenblick), Et
pourtant, sans cet enclenchement, rien ne se fera  ! Il y a
réaction en chaîne. Le rôle de l’Historien est d’établir la
genèse, donc le point de départ (Beréshit, de rosh, la tête),
d’où la première phrase de l’Ancien Testament  : Genèse 1 
où le créateur est désigné  comme étant le centre autour
duquel le monde s’organisera, gravitera ou d’où tout
découlera.

1 Au commencement, Dieu ‫ וְאֵת‬,‫ אֵת הַּׁשָ מַ י ִם‬,‫ ּב ָָרא אֱֹלהִים‬,‫א ּב ְֵראׁשִית‬


créa le ciel et la terre. ‫ָָארץ‬
ֶ ‫ה‬. 

La femme serait une “doublure”; au regard de l'Histoire et


de la Sociologie, les femmes nous apparaissent comme les
“doubles”, les miroirs voire les sosies (à s'y tromper) de
l'homme, capables de le représenter, de l'incarner, de le
remplacer c'est à dire de le rendre présent dans l'absence et
bien sûr au-delà de la mort., .On pense aux films doublés (en
version française) ainsi qu'aux comédiens qui sont doublés
pour certaines scènes ainsi au fait de doubler quelqu'un.(“il
s'est fait doubler”). Pour nous cet être “façonné” (et non crée,
si l'on s'en tient au verbe hébreu utilisé, yatsor), représente
l'entrée dans une ère technologique, et la Isha serait une
fabrication due à l'homme, avec l'aide de Dieu et non plus
une création de Dieu. Cette isha préfigure toute l'histoire de
l'homo faber. La Chute d'Adam tiendrait au fait qu'Adam
n'aura pas su résister à la tentation de cette assistance (on
parle de publication assistée par ordinateur, PAO), et cela a
tenu au fait qu'il se soit perçu comme nu. Or le fait qu'Adam
se confectionne un pagne, avec des feuilles de figuier, relève
déjà d'un processus de fabrication d'objets puisque seul
l'homme est capable d'en produire. A aucun moment il n'est
dit qu’Élohim a fabriqué des outils, en dehors du seul cas de
la Isha. On bascule de la Science, domaine de Dieu vers la
Technique domaine de l'Homme (cf. infra). On notera
qu’Élohim ne s'est résolu à créer l'Homme que tout à la fin de
la Création, tout comme il ne se sera décidé à inviter Adam à
“accoucher” de la Isha, qu'après avoir présenté à Adam tous
les animaux dont il avait été question auparavant.

Que signifie ce passage en revue des animaux  que Dieu


propose à Adam (cf Genèse II)  ?

18 Le Seigneur Dieu dit  : «  Il n’est pas bon que


l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui
correspondra.  »

19 Avec de la terre, le Seigneur Dieu modela toutes les bêtes


des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les amena vers
l’homme pour voir quels noms il leur donnerait. C’étaient des
êtres vivants, et l’homme donna un nom à chacun.

20 L’homme donna donc leurs noms à tous les animaux, aux


oiseaux du ciel et à toutes les bêtes des champs. Mais il ne
trouva aucune aide qui lui corresponde.

21 Alors le Seigneur Dieu fit tomber sur lui un sommeil


mystérieux, et l’homme s’endormit. Le Seigneur Dieu prit une
de ses côtes, puis il referma la chair à sa place

Ce passage est assez obscur car l’on sait bien que l’homme
a su faire travailler toutes sortes d’animaux lesquels sauront
l’aider  ! Selon nous, il s’agirait plus spécifiquement de
la façon dont Adam se reproduira et il semble donc qu’Adam
n’ait pas souhaité que cela se fasse au travers de tel ou tel
animal « modelé  » par Dieu mais par un être spécial plus
proche de lui, issu de lui., On notera que les langues
sémitiques ont remplacé en quelque sorte le “no” par le “lo”,
pour dire non, ce N que l'on retrouve dans les langues
latines, germaniques et slaves. La trace du N en hébreu se
retrouve donc dans ce Négued et il serait bon d'y rétablir ce
phonème, même si en anglais et en allemand, le “less”/los
signifie ce qui manque. (useless, ce qui est inutile, hopeless,
désespéré, heimatlos, sans patrie etc. ).

.Au fond, ne pourrait-on voir dans la femme une interface


entre l'homme et le monde extérieur à la façon de notre main
qui serait aussi une «  ezer kenegdo  »,
laquelle nous relie à la machine. L'homme sans la femme
serait comme l'homme sans mains et il est des moments, où
l'homme est prisonnier de ses femmes et de ses mains et
par là même de tout ce qui le met en contact avec le monde
extérieur et d'autres où il s'en affranchit.. Il importe en tout
cas de distinguer entre l'outil que l'on me propose et celui
dont je suis l'auteur, et qui sera pour autrui tout autre chose
que ce qu'il est à mes yeux tout comme on ne se voit pas de
la même façon que les autres nous voient.

Rappelons que la formule n'est pas utilisée au départ-comme


on voudrait nous le faire croire au prix d’un raccourci
complaisant pour désigner la femme mais toute forme d'être
vivant puisqu'elle précède la présentation d'animaux existants
avant que Dieu ne se résolve à procéder à une opération d'un
nouveau genre, à savoir -à la différence de ce tout ce qu'il
avait créé jusque-là, de faire d'Adam un créateur, puisque la
femme est tirée de lui. La femme est à l’homme ce que
l’homme est à Dieu, un partenaire, ce qui renforce la
ressemblance entre l'homme et Dieu, déjà semblables de par
leur androgynat. Interne. Selon nous, Adam, à l’image de son
créateur est androgyne, à la fois masculin et féminin, ce qui
n’a rien à voir avec la création d’un homme et d’une femme.
Mais même au niveau du fils d’Adam, Seth (Genése V, 3), il y
a encore androgynat puisque Seth est formé à l’image
d’Adam. C’est avec le fils de Seth que disparait l’androgynat,
du moins pour ce qui est de la procréation mais pas
nécessairement de la création «  géniale  ».(cf infra)
1 Ceci est l'histoire des  :‫ ּתֹולְד ֹת ָאדָ ם‬,‫א ז ֶה ֵספֶר‬
générations de l'humanité. (1) ‫ עָׂשָה‬,‫ ּבִדְ מּות אֱֹלהִים‬,‫ ּבְר ֹא אֱֹלהִים ָאדָ ם‬,‫ּבְיֹום‬
Lorsque Dieu créa Adam, il le ‫א ֹתֹו‬. 
fit à sa propre ressemblance.
(2)

2 Il les créa mâle et femelle, ‫ ַוּי ִקְ ָרא‬,‫ ּב ְָרָאם; ַויְב ֶָרְך א ֹתָ ם‬,‫ב זָכָר ּונְקֵ בָה‬
les bénit et les appela ‫ ִהּב ְָרָאם‬,‫ ּבְיֹום‬,‫ׁשְ מָם ָאדָ ם‬-‫אֶת‬. 
l'homme, le jour de leur
création.

3 Adam, ayant vécu cent ‫ וַּיֹולֶד‬,‫ ׁשְֹלׁשִ ים ּומְַאת ׁשָ נָה‬,‫ג ַויְחִי ָאדָ ם‬
trente ans, produisit (3) un ‫ ׁשֵת‬,‫ׁשְ מֹו‬-‫ ְּכ ַצלְמֹו; ַוּי ִקְ ָרא אֶת‬,‫ּבִדְ מּותֹו‬. 
être à son image et selon sa
forme, et lui donna pour nom
Seth.

Selon nous, Adam est un nom «  propre  » et ne


désigne pas l’homme, en général tout comme le nom de son
fils est réservé à ce dernier. C’est un contre sens de traduire
Adam par «  être humain  »  !

Notons que la création d'Adam se situe à la fin du récit de la


Création alors qu’Élohim en est la manifestation primordiale.
Or ce même Adam est censé avoir été créé à l’image d’Élohim
et l'on voit qu'au chapitre II, ce n'est plus Élohim qui est
créateur mais Adam, et c'est de lui que sorte la Isha et sortir
ici veut dire avoir été engendré, crée. Le chapitre II débute de
la sorte  : «  Ainsi Dieu finit de créer le ciel et la terre et
tout ce qu'il y a dedans. Il ne peut plus intervenir, il doit
passer le relais. Quand il se met en tête de trouver une aide à
Adam, il lui propose ce qui a déjà été créé et ce n'est que du
fait de l’insatisfaction exprimée par Adam qu’Élohim se
résout à révéler à Adam qu'il peut lui aussi créer.
Contrairement à ce que l'on dit le plus souvent avec cette
formule «  Et Dieu créa la femme  », cela n'était plus
possible puisque le processus divin était parvenu à son
terme, à la fin du chapitre I de la Genèse, on peut tout au plus
dire qu’Élohim aida Adam à accoucher de la Isha, en puisant
en lui-même, tout comme Élohim avait puisé en lui-même pour
accomplir «  sa  »Création Élohim se repose après avoir
créé Adam à sa ressemblance, ce qui signifie doté d'une
faculté créatrice qui se manifestera par la «formation"
(Yetsira et non Bria) de la Isha..

Il est possible que le Saint Esprit , troisième personnage


de la Trinité corresponde à la Isha car le verbe «  aider  » lui
est souvent associé  :

«  De même aussi l'Esprit nous aide dans notre faiblesse,


car nous ne savons pas ce qu'il nous convient de demander
dans nos prières  » (Épître aux Romains VIII  ; 26). Dans
l’Évangile de Jean on trouve ce même verbe «  Jésus a dit
que le Saint-Esprit nous aiderait et nous guiderait  »
(Chapitres 15, 26-27 et Ch. 16, 12-15) De même  la femme
est-elle censée-on l’a vu- «  aider  » l’homme. On connaît
la formule –appliquée notamment à la naissance de Jésus- « 
par l’opération du Saint Esprit  », ce qui équivaut à l’idée
d’aide. Aide-toi, le Ciel t’aidera.
Il faudrait donc lire tel passage des Évangiles comme le
chapitre Ier de Mathieu ou celui de Luc, versets 34  :  »
Marie dit à l'ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne
connais point d'homme? 35L'ange lui répondit: Le Saint-Esprit
viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de
son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi
sera appelé Fils de Dieu  » comme indiquant que Marie- et
plus largement la femme- correspond à la dimension du Saint
Esprit (Rouah haKadosh), de la Trinité, à côté du Fils et du
Père.(cf infra) Rappelons, toutefois, qu’il serait plus à propos
de parler du père au singulier et des fils au pluriel (même si
en français, dans ce cas on ne distingue pas entre singulier
et pluriel, ni à l’écrit ni à l’oral)et c’est éventuellement un fils
«  élu  » parmi d’autres, au sein d’une fratrie.

Récapitulons  :

Dieu se dit qu'Adam est seul et qu'il lui faut une aide qui lui
soit attachée (une sorte d'aide de camp, d'assistant). Il n'est
pas question ici d'un élément féminin et l'on a trop vite tiré de
alors qu'Adam est selon le premier chapitre androgyne, à la
fois mâle et femelle. Il serait donc double à l’instar des
équinoxes et des «  demi-lunes  » alors que par
ailleurs, on a droit à une véritable dualité au niveau des
solstices et du couple nouvelle lune-pleine lune.

Pour éviter tout amalgame, il vaudrait mieux éviter certaines


analogies -comparaison n'est pas raison- avec le règne
animal, ce qui est le défaut du terme «  génie adamique  »
(qui étymologiquement signifie homme-femme, ce qui peut
prêter à confusion)  ; il vaudrait mieux parler d'un être mixte
(positif et négatif ) par opposition à un être neutre que serait
la «  isha  ». Un certain féminisme, conscient de la
naissance tardive de la femme (Isha) s'intéressa à Lilith ,
laquelle .  »aurait été formée à partir d’argile comme Adam et
serait donc son «  égale  ». (cf Wikipedia)

Une fois effectué ce constat quant à l'isolement d’Adam, il


est dit «  Avec de la terre, Dieu fait toutes sortes de bêtes
sauvages et toutes sortes d'oiseaux et les amena devant
l'homme  »

Adam n'est pas satisfait de ces «  aides  ». Cela nous


rappelle la vision d’Ézéchiel (Ch. I et ), où apparaissent un
lion, un aigle, un veuf et un être à forme humaine, ce qui
constitue le tétramorphe, associé au 4 Évangélistes, comme
Marc et le Lion (à Venise) ou Jean et l’aigle. On peut y voir la
marque du Livre d’Ezéchiel –parmi tant d’autres- sur
l’imagerie biblique. On notera qu'il est question d'une
apparence, on est dans le «  comme  », expression que
l'on retrouve dans le Livre de Daniel au chapitre VII ainsi
que dans le Livre d'Hénoch.  :

Ezekiel chapitre I verset 10

«  Un de leurs visages ressemblait à celui des


hommes  »

‫ ּו ְפנֵי‬,‫ ְּפנֵי ָאדָ ם‬,‫ י ּודְ מּות ְּפנֵיהֶם‬10 Quant à la ressemblance (Demouth,
semblable) de leurs visages, elles
avaient toutes quatre une face
,‫ְַאר ַּבעְּתָ ם‬
ְ ‫ ַהּי ָ ִמין ל‬-‫ַארי ֵה אֶל‬ְ
d'homme (Adam) et à droite une face
;‫ְַאר ַּבעְּתָ ן‬
ְ ‫ּׂשמ ֹאול ל‬ ְ ‫ׁשֹור מֵ ַה‬-‫ּו ְפנֵי‬
de lion, toutes quatre une face de
‫ְַאר ַּבעְּתָ ן‬
ְ ‫ ל‬,‫נֶׁשֶר‬-‫ּו ְפנֵי‬. 
taureau à gauche et toutes quatre une
face d'aigle.

Daniel VII, 13 On note qu'Adam a été rendu en araméen


par Enosh au lieu de conserver le nom d'Adam, ce qui est
causse d'erreur : en tout état de cause, il n'est pas
questiion ici du fils mais d'un fils, ce qu'il faut entendre
comme appartenant à la lignée d'Adam comme dans
l'expression «  fils d'Israël  » dans le Livre de l'Exode.
On notera qe dans la généalogie de l'Evangile de Luc, (ch . III)
il est question de Seth fils d'Adam et non pas «  fils de
l'homme'  !et Jésus appartient donc à la lignée d'Adam et
non à celle d'IsraËl.qui n'est pas cité. Jésus est un Judée
qui a décidé de s'occuper des Israelites.

13 Je regardai encore dans la vision


‫ ַואֲרּו‬,‫ ְּב ֶחזְוֵי לֵי ְלי ָא‬,‫ יג ָחזֵה ֲהוֵית‬nocturne, et voilà qu'au sein des
‫ ְּכבַר ֱאנָׁש ָאתֵ ה‬,‫ ֲענָנֵי ׁשְ ַמּי ָא‬-‫ עִם‬nuages célestes survint quelqu'un qui
,‫עַּתִ יק יֹו ַמּי ָא מְ טָה‬-‫ֲהוָא; ְועַד‬ ressemblait à un fils de l'homme; (Ke
‫ּוקְדָ מֹוהִי ַהק ְְרבּוהִי‬.  Bar Enosh) il arriva jusqu'à l'ancien
des jours, et on le mit en sa présence.
On notera qu'à l'origine, la forme "United Nations"- en 1941,
sous Roosevelt, - désignait exclusivement 4 puissances- les
"quatre gardiens de la paix"-: les États Unis, le Royaume
Uni , l'URSS et la Chine, cela ne comprenait pas la France.

Cela dit, nous proposerons une autre grille de lecture, basée


sur les noms hébraïques du tétramorphe (cf déjà en 1976
notre étude in Clefs pour l’Astrologie, Paris, 1976) On
distinguera donc d’une part, l’axe «  Shin » avec Shor, le
bœuf et  Nesher, l’aigle et l’axe «  Aleph  » avec
Adam et Arié, le lion. On notera que le nom même d’Israël
(Iod, Shin Resh, Aleph Lamed) s’organise autour de « 
Shor  », le bœuf (Shin-Resh) Tout ce qui comporte la lettre
«  Shin » serait-il relié à Israël comme le Shabbat, dont
Moshé (Moïse) voire comme Satan  ? Selon nous, pour les
Adamites, ce qui passe par la lettre Shin est négatif et cela
vaut pour le Messie (Mashiah) et pour Jésus (Yéoshoua).
Notons que l’usage du mot Mashiash figure dans Isaïe 45
où il est en fait question d’un «  messie  pour la maison
de Jacob  ; L’on sait qu’à partir du chapitre 40 d’Isaie, il
s’agit d’une addition et d’ailleurs le nom même d’Isaie
comporte la lettre Shin. Inversement, pour les Israélites, tout
ce qui comporte le Shin est favorable. Cela vaut pour le
Shabbat, mis en évidence dans la Genése et l’Exode, œuvre
des Israélites et c’est dans le Livre d’ Ezékiel, qiui traite du
retour des Israélites qu’il est fortement insisté sur cette
pratique. Jésus est un Adamite, fils d’Adam, venu sauver les
Israélites ce qui sera considéré comme une trahison 
!

Le texte biblique serait ainsi marqué par la mise en place


d’une forme de morphosémantique. Ce ne serait pas par
hasard que la capitale du Royaume d’Israel serait Schem
(Samarie), le nom même de ce Royaume comportant
carrément le nom de «  Shor  », d’où le culte du « 
veau  », avec un Shin. De même Avram (Abraham)
commence par aleph alors que Sarah débute par un Shin.
Cela dit, il y a matière à réflexion  : à propos de la
nouvelle année «  Rosh Hashana  » lors du mois de Tishri
sans parler de Jérusalem (Yéroushalayim) et de Salomon
(Shlomo/ Shalom) lequel aurait bâti le Premier Temple alors
même que Yahwé avait montré son hostilité envers les
constructions humaines. (cf la Tour de Babel) mais l’on
nous présente Salomon comme s’étant prêté à toutes sortes
de cultes et d’idoles. Par ailleurs, Amen commence par un
Aleph.

En fait, la forme «  qui ressemble à un homme  » que l’on


retrouve, entre autres, dans l’Apocalypse, nous apparait
empruntée au tétramorphe ezéchielien qui recourt à la
même présentation assez étrange  : ressemblant à un aigle,
ressemblant à un lion, ressemblant à un taureau – ce qui
n’est pas sans évoquer l’expression «  à l’image de «  que
l’on trouve aux chapitres I et V du Livre de la Genése dans le
rapport d’Adam à Elohim.

Le récit de Genèse II semble un abrégé d’Ézéchiel et nous


avons souligné que dans ce chapitre, Dieu est désigné de
façon tout à fait inhabituelle par la forme Yahvé Élohim. Il
manque le bœuf dans les propositions faites successivement
à Adam. Il ne s'agit donc nullement ici au départ de trouver « 
femme  »à Adam quand il est question d'oiseaux et de bêtes
sauvages. Et pas plus d'ailleurs, quand la Isha est formée à
partit non plus de la terre mais d'Adam lui-même. Et Adam
déclare préférer cette dernière formule car il s'agit là d'un être
né en quelque sorte de lui -même «  chair de ma chair  ». Et
là encore, cela n'a rien à voir avec une femme. Nous nous
portons en faux contre la lecture la plus répandue qui voit
dans ce chapitre la fin de l'androgynat d'Adam. En réalité,
Adam maintient son androgynat mais se voit doté d'un être
plus ou moins avisé d'ailleurs (un peu comme Don Quichotte
avec Sancho Pansa) comme le montrera l'épisode qui fait
suite du fruit défendu offert par la «  Isha  ».Cet être, non
prévu dans le premier plan de la Création, serait en fait la
machine dont la femme serait une sorte de préfiguration, un
être ayant une vision à court terme des conséquences de ses
actes.

Selon nous, il y a d'une part le génie adamique, qui est la


fois, alternativement sujet et objet et de l'autre l’androïde,
qui est uniquement féminin mais il faut comprendre que le
féminin du génie adamique n'est pas réductible au féminin de
l’androïde, puisqu'il coexiste en permanence avec son
masculin. On dira que le masculin correspond à la
subconscience et le féminin à la surconscience, c'est à dire à
la réalité virtuelle, celle qui relève du langage et dont traite
Lacan. Tout créateur est confronté à une telle dualité entre lui
et sa création laquelle le prolonge voire se substitue à lui, ce
qui constitue la part féminine qui ne saurait être confondu
avec la femme (isha). L’œuvre de tout créateur, de tout
auteur, constitue sa face féminine, le passage de la
Subconscience à la Surconscience, de la puissance à l’acte,
de l’oral à l’écrit.

Mais le masculin n'est pas l'homme pas plus que le féminin


n'est la femme. L'homme est à la fois masculin et féminin, ce
qui fait qu'il n'est prisonnier ni de l'un ni de l'autre, du fait
d'un équilibre entre la réalité et la fiction alors que la femme
est possédée par le virtuel puisqu'elle ne peut le
contrebalancer par un «  vrai  » réel., elle vit dans un monde
de mots qui ont pris une dimension monstrueuse et qui pour
elles sont en quelque sorte vivants et ne peuvent , ne doivent
être utilisés avec désinvolture tant ils sont chargés d'affect..
En fait, le féminin, est un prolongement, le passage du
Créateur à sa création.

Un texte nous vient à l’esprit, ce n'est plus le tétramorphe


mais le décalogue  : on se limitera ici au
commandement relatif à la convoitise  :

«  Ne convoite pas la maison de ton prochain. Ne convoite


pas la femme de ton prochain, son servant, ni sa servante,
son bœuf ni son âne ni rien de ce qui est à ton prochain  »
On y trouve cette fois le bœuf (shor)- à rapprocher de la
divinité égyptienne à tête de taureau Hathor) de la vision
d’Ézéchiel, qui manquait dans Genèse II. Mais l'on notera
surtout que c’est la maison qui est mise en avant et que la
femme ne fait qu'y être mentionnée au même titre que les
autres possessions de ce prochain qui ne peut ici, d'après le
contexte, qu'être un homme. En fait, Dieu en voulant
permettre à l'homme d'être entouré met à son service toute
une maisonnée. Adam ne refuse pas ce que Dieu a commencé
à lui proposer mais laisse entendre que cela ne lui suffira
pas. Étrangement, on notera que ce n'est pas Adam qui s'est
plaint d'être seul mais Dieu qui le lui a suggéré tout comme au
chapitre suivant, la Isha suggérera (sous l'influence du
serpent) de goûter du fruit «  défendu  ». Dans les deux
cas, Adam a suivi de tels conseils mais les conseilleurs ne
sont pas les payeurs. Au fond, Dieu n'aurait-il pas tenté
Adam en lui proposant cette maisonnée sur laquelle il aura
tout pouvoir, et dont il devra se porter responsable comme
pour le respect du Shabbat – autre commandement- dont la
femme est le fleuron, tout comme Satan cherchera à
suborner Jésus  ?(«L'esprit du mal il lui montre tous les
royaumes du monde avec leur richesse et lui dire 'Mets-toi à
genoux devant moi pour m »adorer et je vais te donner tout
cela  » Mathieu, IV) On notera que l'Apocalypse de Jean
se réfère (XII, 9) explicitement au serpent de la Genèse, ce qui
confirme que ces chapitres (II et III) de la Genèse constituent
un socle important pour le christianisme  : «  Ce dragon
c'est le serpent des premiers jours  ». A contrario, pas un
mot sur Adam et Eve ou sur Caïn et Abel en dehors des
premiers chapitres de la Genèse, dans tout le Pentateuque,
alors que ces chapitres s’inspirent quant à eux du Décalogue,
ce qui montre qu’ils en sont le commentaire et non l’inverse.
On ajoutera que l’on est en droit de se demander en quoi
consistaient les coutumes des Hébreux avant la Révélation
du Mont Sinaï. Comme dans le cas de la Genèse en ses
premiers chapitres, on a l’impression que le passé est
télescopé, occulté. Est-ce que le Décalogue apparut comme
radicalement nouveau pour les Hébreux, on est en droit d’en
douter.. De même, cette «  isha  » ne remet-elle pas en
question un état antérieur  à la Création  qui ne serait en
fait qu’un réaménagement  ?

En fait, le seul argument qui puisse être mis en avant est le


fait que «  isha  » a fini par prendre le sens de « 
femme  » mais cela tient simplement à ce que Adam se
servira de cet être pour porter sa progéniture, ce qui est déjà
par anticipation une «  gestation pour autrui  tout comme
d'autres animaux lui serviront par exemple pour tirer la
charrue. On dit ainsi que le cheval est «  la plus belle
conquête de l'homme  ».En tout état de cause, on a d'un
côté Adam à la fois mâle et femelle et de l'autre un être qui
convient si l'on veut à l'accomplissement de certaines tâches
ancillaires, au fond une «  bonne à tout faire  », un
domestique, un serviteur (ce qui correspond
grammaticalement au genre neutre). D'aucuns soutiennent
que cette femme est comme l'homme à la fois mâle et femelle,
ce qui est un contre-sens. Elle est tout au plus dotée de la
seule dimension femelle d'Adam, sans accéder à la
dialectique mâle-femelle. En ce sens, la femme serait la « 
moitié  » de l'homme, selon la formule consacrée. Nous
verrons que tantôt l'homme fait appel à la femme et tantôt il la
maintient à distance et n'en veut pas ou plus dans sa vie. (cf.
infra)

Au demeurant, il importe d’observer le monde et de ne pas


éliminer ce que l’on ne peut pas expliquer. De nos jours, on
assiste à la mode d’un déni scientiste: ce qui ne pourrait être
explicité n’aurait pas àêtre pris en considération. Si l’on ne
sait pas distinguer le cerveau d’un génie de celui qui ne l’est
pas, cela voudrait dire que les génies  » n’existent pas. On
connait un tel raisonnement  : si l’on ne sait pas distinguer
« scientifiquement » les personnes de telle « race » de telle
autre, c’est que les races n’existent pas. Si l’on ne peut
expliquer pourquoi certaines personnes sont capables d’être
des maîtres, des maîtres, c’est que cette catégorie n’existe
pas. Si les femmes peuvent remplacer les hommes – les
imiter c'est à dire les suivre, leur obéir- c'est qu’elles sont
comme lui, comme si l'emprunteur devenait ipso facto
semblable à celui auquel il emprunte alors qu'il ne s'agit que
d'un ajout. Nous sommes ici face à un -une double
contrainte-  il y a fascination pour tel être et en même
temps, volonté de lui ressembler, de devenir «  comme lui
». Dans les faits, la fascination empêche de parvenir à un tel
but tout comme on ne peut être à la fois au four et au moulin 
: en même temps moudre le blé et cuire le pain. En revanche,
il est possible de cueillir les fruits de l’arbre et de s’en
contenter. Cela dit, le chercheur doit se prémunir contre un
tel clivage, un tel déchirement comme le montre bien la
révolution copernicienne laquelle réfute l’impression
première de géocentrisme au profit d’un héliocentrisme. Il
reste que le philosophe – et l’on pense à Socrate- peut être
perçu comme un pervers narcissique, un sadique,
générateur de conflits intérieurs.

L’anglais emprunte au français mais conserve néanmoins


des éléments qui lui sont propres, ce qui conduira à un
résultat hybride, typique de tout processus de mimétisme
propre aux couches inférieures, subalternes de la société.. Le
danger écologique est nécessairement le fait du mimétisme
chez ceux qui entendent égaler ceux qui sont en haut. Alors
que ceux d'en haut , ceux qui sont à l"intérieur , au centre
n'ont pas besoin de recourir à des trucages, à des béquilles,
en revanche ceux d'en bas, ceux qui sont à l'extérieur n à la
périphérie, sont préts à recourir à n'importe quel procédé
pour les rejoindre, ce qui évoque le Cheval de Troie. Toute
forme de mimétisme générera de l’endettement , qu’il soit
matériel, intellectuel ou spirituel. On emprunte souvent par
référence à un certain modèle jugé à tort ou à raison idéal mais
est-ce que l’on parvient à recycler pleinement un tel modèle,
sans en omettre certaines composantes  ? Cela vaut
notamment sur le plan économique quand les Français se
réfèrent à tel ou tel «  exemple  » (Suède,
Danemark, Allemagne) en négligeant certaines particularités
de l’écosystème que l’on entend copier, reproduire

Les êtres humains- au cours des âges – se sont montrés


capables de capter bien des informations sans que cela ait
pu être « rationalisé», c’est à dire sans « raison ». On pense à
tout ce qui est « subconscient », tant au niveau de notre
corps qu’au niveau de notre relation à autrui. Bien des
choses nous échappent au niveau conscient mais dont
néanmoins nous savons tenir compte dans la pratique. Par
exemple, on peut savoir siffler sans savoir comment on s’y
prend. Et cela vaut aussi pour savoir parler même si
l’intelligence artificielle (IA) a fait des progrès

Une Trinité première

D'aucuns arguent du fait que lorsque Élohim «  crée  »


Adam, le pluriel est employé  : «  Il les créa mâle et
femelle  ; Il les bénit en leur disant «  Croissez etc  ».
Cela suffirait, à les entendre, à adhérer à l 'idée qu  »'Élohim
aurait créé deux êtres distincts et non pas un génie adamique,
ce qui vise, à l'évidence, à minimiser le récit propre au
chapitre suivant de la Genèse, où l'on voit Dieu craindre
qu'Adam ne soit «  seul  », ce qui ne fait sens que s'il
n'existe pas deux êtres distincts comme on voudrait nous le
faire croire. La phrase est d'ailleurs étrangement construite
puisqu’  'il est dit «  Dieu créa Adam mâle et femelle (..) à
l'image de Dieu  ». au lieu de «  à sa propre image 
»

D'ailleurs, dans le dit chapitre II, Dieu s'adresse à Adam à la


deuxième personne du singulier..  »Tous les arbres
du jardin, tu pourras en manger etc  » En
revanche, quand le serpent s'adresse à la Isha, celui-ci
s'exprime ainsi  : «  Est-il vrai que Dieu
a dit «  vous ne mangerez rien de tous les arbres du
jardin  » On notre que le Serpent n'est pas vraiment au
courant des termes du commandement et c'est la femme qui
en précise les conditions. Cette fois, le Serpent a employé la
seconde personne du pluriel tout comme Élohim à la fin de
Genèse I «  croissez et multipliez  »

On est donc bien obligé de se demander ce que signifie ce


pluriel à l'intention du seul Adam. D'aucuns disent qu'Adam
ne peut enfanter seul, ce qui va à l'encontre du chapitre V de
la Genèse  « Adam (..) produisit un être à son image et
selon sa forme et lui donna pour nom Seth  ». Il n'est pas
question ici d'une intervention extérieure comme pour la
naissance de Caïn et d'Abel.(voire d'un premier récit de la
naissance de Seth à la fin de Genèse IV) On nous objectera
que l'on voit mal pourquoi Adam aurait procédé autrement
que pour ses précédents enfants mais selon nous, nous
sommes ici en face d'interpolations (Genèse II et III), ce qui
ressort d'une dénomination inhabituelle de Dieu « 
YahvéÉlohim  » au lieu d’Élohim (Genèse I et V)

Il semble donc que Dieu s'adresse à Adam, en tant que génie


adamique, tantôt au singulier tantôt au pluriel. Cela dit, en ce
qui concerne la façon dont Dieu est présenté, lui qui est
également à la fois mâle et femelle, le pluriel est
récurrent( déjà dans le terme Élohim, im étant une finale
plurielle, tout comme d'ailleurs Adonaï qui signifie
littéralement «  mes seigneurs  », pour ne pas prononcer
le tétragramme) et nul n'irait soutenir qu'il existe deux entités
séparées, un dieu masculin et un dieu féminin même si au
début du Décalogue, Dieu parle à la première personne du
singulier.(Exode XX, 2)  ;  » Je suis Yahvé Eloheikha etc 
». Cela tient au fait que Yahvé (le Fils) est un singulier, que
l'on ne saurait d'ailleurs qualifier de génie adamique, alors
qu'Elohim est un être pluriel et génie adamique quoique le
verbe qui l'accompagne soit au singulier. Cela dit, le culte de
Yahwé fut parfois associé à celui de la déesse Achéra/

En fait, il nous apparait qu’il convient d’appliquer une


approche trinitaire aux premiers versets de Gensés V 
lesquels sont pour nous le vrai début du Pentateuque,
intitulé Livre des générations d’Adam
1 Ceci est le Livre des  :‫ ּתֹולְד ֹת ָאדָ ם‬,‫א ז ֶה ֵספֶר‬
générations d’Adam Lorsque ‫ עָׂשָה‬,‫ ּבִדְ מּות אֱֹלהִים‬,‫ ּבְר ֹא אֱֹלהִים ָאדָ ם‬,‫ּבְיֹום‬
Elohim créa Adam il le fit à ‫א ֹתֹו‬. 
sa propre ressemblance.
(bedemouto)

2 Il les créa (baraam) mâle ‫ ַוּי ִקְ ָרא‬,‫ ּב ְָרָאם; ַויְב ֶָרְך א ֹתָ ם‬,‫ב זָכָר ּונְקֵ בָה‬
(zakhar) et femelle (neqéva), ‫ ִהּב ְָרָאם‬,‫ ּבְיֹום‬,‫ׁשְ מָם ָאדָ ם‬-‫אֶת‬. 
les bénit et les (otam) appela
Adam, le jour de leur création.

3 Adam, ayant vécu cent ‫ וַּיֹולֶד‬,‫ ׁשְֹלׁשִ ים ּומְַאת ׁשָ נָה‬,‫ג ַויְחִי ָאדָ ם‬
trente ans, produisit un être à ‫ ׁשֵת‬,‫ׁשְ מֹו‬-‫ ְּכ ַצלְמֹו; ַוּי ִקְ ָרא אֶת‬,‫ּבִדְ מּותֹו‬. 
sa ressemblance (bedemouto)
et selon sa forme, et lui donna
pour nom Seth.

A comparer avec Genèse I où les formules se retrouvent  et


sont manifestement redondantes  :

26 Elohim dit: "Faisons Adam à ‫ נַעֲׂשֶה ָאדָ ם ְּב ַצלְמֵ נּו‬,‫כו וַּי ֹאמֶ ר אֱֹלהִים‬
notre image, à notre ressemblance ‫ּכִדְ מּותֵ נּו; ְוי ְִרּדּו בִדְ גַת ַהּי ָם ּובְעֹוף‬
(kedémouténou), et qu'il domine ,‫ָָארץ‬ֶ ‫ה‬-‫ ּו ַב ְּבהֵמָה ּו ְבכָל‬,‫הַּׁשָ מַ י ִם‬
sur les poissons de la mer, sur les
oiseaux du ciel, sur le bétail; enfin ‫ָָארץ‬
ֶ ‫ה‬-‫ הָר ֹמֵ ׂש עַל‬,‫ה ֶָרמֶ ׂש‬-‫ּו ְבכָל‬. 
sur toute la terre, et sur tous les
êtres qui s'y meuvent."

27 Elohim créa Adam à son ,‫הָָאדָ ם ְּב ַצלְמֹו‬-‫כז ַוּיִב ְָרא אֱֹלהִים אֶת‬
image; c'est à l'image d’Elohim  :‫ְּב ֶצלֶם אֱֹלהִים ּב ָָרא א ֹתֹו‬
qu'il le (oto) créa. Mâle (Zakhar) et ‫ ּב ָָרא א ֹתָ ם‬,‫זָכָר ּונְקֵ בָה‬. 
femelle (Neqéva) furent créés à la
fois

Traduire Adam par «  homme  » constitue, chaque fois,


une grave erreur. Adam n’est pas l’homme mais l’Esprit qui
fait interface entre Dieu et l’homme et c’est pourquoi les
hommes sont désignés comme les «  fils d’Adam  »
Autrement dit, l’ordre de la Trinité Chrétienne, du moins telle
que nous la connaissons, nous semble erroné, l’esprit doit
se trouver en position médiane et le Fils (l’homme, mais
surement pas Adam) ne saurait être conjoint immédiatement
au Père (Dieu)

On note que dans Genèse I il est écrit «  à l’image


d’Elohim, il le créa  » alors que dans Genèse V, on lit « 
baraam  », il les créa . A vrai dire, dans Genèse V, la
formule est moins heureuse que dans Genèse I car l’on y
passe du singulier au pluriel d’un verset à l’autre.

Il est absurde de dire que l’homme est le fils de l’homme, il


est généré par Adam, l’esprit si bien que le récit du Jardin
d’Eden où l’on campe Adam est irrecevable. A un autre
niveau, l’on dira que le «  génie  »-celui qui est inspiré (ce
qui renvoie à l’esprit) est l’interface entre le monde d’en haut
et le monde d’en bas.

On notera que dans la généalogie de Jésus telle que


présentée dans Luc III, le point de départ est bel et bien
Seth  :

23 Quand il commença, Jésus avait environ trente ans  ; il


était, à ce que l’on pensait, fils de Joseph, fils d’Éli,

24 fils de Matthate, fils de Lévi, fils de Melki, fils de Jannaï,


fils de Joseph, (…)

37 fils de Mathusalem, fils de Hénok (Hanokh) , fils de Jareth,


fils de Maléléel, fils de Kaïnam,

38 fils d’Énos (Enosh), fils de Seth, fils d’Adam, fils de Dieu.

pensik

Original grec de Luc III  : τοῦ Ἀδάμ fils dAdam et non fils de
l’homme  !
λδʹ. τοῦ Ἰακώϐ, 34. fils de Jacob,
τοῦ Ἰσαάκ, τοῦ Ἀϐραάμ, fils d’Isaac, fils d’Abraham,
τοῦ Θάρα, τοῦ Ναχώρ, fils de Thar・, fils de Nachor,
λεʹ. τοῦ Σερούχ, 35. fils de Sarug,
τοῦ Ῥαγαύ, τοῦ Φάλεκ, fils de Rhaga・, fils de Phaleg,
τοῦ Ἔϐερ, τοῦ Σαλά, fils d’ Heber, fils de Sal・,
λϛʹ. τοῦ Καϊνάμ, 36. fils de Cain,
τοῦ Ἀρφαξάδ, τοῦ Σήμ, fils d'Arphaxad, fils de Sem,
τοῦ Νῶε, τοῦ Λάμεχ, fils de Noé・, fils de Lamech,
λζʹ. τοῦ Μαθουσαλά, 37. fils de Mathusalem,
τοῦ Ἑνώχ, τοῦ Ἰάρεδ, fils d'Enos, fils de Jared,
τοῦ Μαλελεήλ, τοῦ Καϊνάμ, fils de Malael, fils de Cain,
ληʹ. τοῦ Ἐνώς, τοῦ Σήθ, 38. fils d’Enos, fils de Seth,
τοῦ Ἀδάμ, τοῦ Θεοῦ. fils d’Adam, fils de Dieu.

On note que les traducteurs ont ici évité de rendre Adam par
homme, ce qui aurait été assez ridicule, au demeurant. On
retrouve donc à la fin de cette généalogie à rebours la Trinité
telle que nous l’avons reprécisée  : Dieu, Adam, Seth
prolongée par Enos, ce qui en hébreu signifie «  homme 
»  ; bien plus valablement qu’Adam, terme qui figure
également en araméen en ce sens (cf Daniel VII)

Venons-en au premier chapitre du Livre d’Ezékiel, où l’on


trouve «  demouth  »

5 Et au milieu l'image de quatre Ha‫ן‬ot ; e


‫ּדְ מּות‬--‫ מ ְַר ֵאיהֶן‬,‫ַארּבַע חַּיֹות; ְוזֶה‬
ְ ,‫ּדְ מּות‬--‫ה ּומִּתֹוכָּה‬ leur aspect, elles avaient l’apparence d’
‫ ָל ֵהּנָה‬,‫ָאדָ ם‬.  (demouth Adalm)
6 Chacune avait quatre visages et chacun
‫ לְַאחַת ָלהֶם‬,‫ְַארּבַע ְּכנָ ַפי ִם‬
ְ ‫ ְל ֶאחָת; ו‬,‫ְַאר ָּבעָה ָפנִים‬
ְ ‫ו ו‬.  ailes.
7 Leurs pieds ‫י‬taient des pieds droits; la p
,‫ ְּככַף ֶרגֶל ֵעגֶל‬,‫ ֶרגֶל יְׁש ָָרה; ְוכַף ַרגְלֵיהֶם‬,‫ז ו ְַרגְלֵיהֶם‬ leurs pieds ‫י‬tait comme celle d'un veau e
‫ ְּכעֵין נְחֹׁשֶת ָקלָל‬,‫וְנ ֹ ְצצִים‬.  ‫י‬tincelaient comme de l'airain poli.
‫ַאר ַּבעַת‬
ְ ,‫ עַל‬,‫ מִּתַ חַת ַּכנְפֵיהֶם‬,‫ח וידו (וִידֵ י) ָאדָ ם‬ 8 Et des mains d'hommes (adam) appara
sous leurs ailes des quatre c‫פ‬t‫י‬s; et les qu
‫ְַאר ַּבעְּתָ ם‬
ְ ‫ ל‬,‫ר ְבעֵיהֶם; ּו ְפנֵיהֶם ְו ַכנְפֵיהֶם‬. 
ִ avaient leurs visages et leurs ailes.
9 Joignant leurs ailes l'une ‫ א‬l'autre, elles
 :‫ ַּכנְפֵיהֶם‬,‫אֲחֹותָ ּה‬-‫ט חֹבְר ֹת אִ ּׁשָה אֶל‬ retournaient pas dans leur marche, chac
‫ ֵעבֶר ָּפנָיו יֵלֵכּו‬-‫ ִאיׁש אֶל‬,‫יִּסַּבּו ְב ֶלכְּתָ ן‬-‫ֹלא‬.  allait droit devant elle.
10 Quant ‫ א‬l’image (demouth) de leurs v
elles avaient toutes quatre une face d'ho
(adam) et ‫ א‬droite une face de lion, toute
‫ ַהּי ָ ִמין‬-‫ַארי ֵה אֶל‬
ְ ‫ ּו ְפנֵי‬,‫ ְּפנֵי ָאדָ ם‬,‫י ּודְ מּות ְּפנֵיהֶם‬ une face de taureau ‫ א‬gauche et toutes q
,‫נֶׁשֶר‬-‫ְַאר ַּבעְּתָ ן; ּו ְפנֵי‬
ְ ‫ּׂשמ ֹאול ל‬ ְ ‫ ל‬une face d'aigle.
ְ ‫ׁשֹור מֵ ַה‬-‫ ּו ְפנֵי‬,‫ְַאר ַּבעְּתָ ם‬
‫ְַאר ַּבעְּתָ ן‬
ְ ‫ל‬. 

Selon nous, la Trinité qui ressort, au bout du compte, de


notre exégèse serait la suivante  Elohim, Yahvé, Adam.

Elohim, un pluriel, englobe tous les possibles, c’est le Dieu


primordiale, originel. Puis nous avons Yahvé – un des fils des
Elohim, qui s’occupe de notre humanité, à la façon d’un
Prométhée et enfin nous avons Adam, que nous qualifierons
de «  génie  », doté non pas du Pouvoir mais de
pouvoirs./. Et en dessous, l’humanité ordinaire., celle des fils
d’Adam. Pour nous, dans notre théologie, les Juifs
correspondraient au stade adamique.

On connait la formule : regarder le doigt au lieu de la Lune.


Le doigt, ce sont les textes, la lettre et la Lune, c’est l’esprit
des textes/ D’aucuns se permettent d’interpréter les textes à
leur guise du moment que l’on ne touche pas à la lettre et
d’autres, comme nous, s’accordent un certain droit
d’inventaire des dits textes du moment qu’ils en respectent
l’esprit (le Saint Esprit). En ce sens, Adam serait l’ancêtre
des Hébreux et serait donc un élément constitutif de leur
présence qui viendrait justifier que le Pentateuque ne
commence pas avec Abraham..

Les Juifs laïcs

L’on notera que nombreux sont les Juifs qui ne se référent


pas au niveau religieux. On les appelle des «  Juifs laïcs 
». (secular Judaism) lesquels s'interrogent sur ce qu'ils sont
vraiment par-delà ce que leurs aïeux ont pu avoir à véhiculer.
Il serait bon, toutefois, que l’on acceptât l’idée que toute
forme de pouvoir soit susceptible d’entretenir quelque forme
d’hostilité et que celle-ci soit, par contrecoup, révélatrice de la
réalité du pouvoir.

On notera que dans l’esprit de beaucoup de Juifs et


d’antisémites, le judaïsme passe par la transmission
religieuse. En refusant de prendre en compte l’apport des
Juifs à la modernité, en se limitant à l’Antiquité, l’on se forge
une image très réductrice de leur apport civilisationnel et de
leur présence au monde moderne, ce qui conduit d’ailleurs à
une vision assez pessimiste de l’avenir des Juifs, jugé à la
seule aune du religieux stricto sensu.

De même les femmes peuvent parfaitement ne pas


s'identifier à ce qu'elles ont eu historiquement la charge de
transporter même si elles sont flattées qu'on dise d'elles
qu'elles «  donnent la vie  » tout comme les Juifs le
sont d'avoir reçu la parole divine. Mais tout flatteur vit aux
dépens de celui qui l'écoute. En ce début de XXIe siècle, les
Juifs ( (ceux qui sont confrontés à d'autres images d'eux-
mêmes, plus existentielles, et l'antisémitisme -avec
l'antisionisme – prend le relais ou vient compléter ou
prolonger ce dernier. Celui-ci peut se manifester aussi bien
par une sorte d'exil géographique en ghettoïsant les Juifs (en
Israël que par un autre exil, cette fois historique, en reléguant
les Juifs dans un passé obsolète et révolu, voué à la portion
congrue et minimale d'un peuple parmi d'autres,
définitivement rentré dans le rang et n'étant plus dès lors
qu'une entité parmi tant d'autres. On ne doit au demeurant ne
pas négliger un antisémitisme consistant à amalgamer les
Juifs et l'Etat d’Israël et ici la question n'est pas de porter un
jugement sur le sionisme mais de constater
l'instrumentalisation d'un antisionisme et /ou d'un sionisme
lesquels peuvent en en soi se justifier pour s'en prendre
aux Juifs notamment dans la diaspora. En fait, ne serait-on
pas de nos jours en train de confondre comme par le passé
les judéens et les Israélites  ? Autrement dit, l’Etat d’Israël
ne concernerait-il pas au premier chef les Israélites alors que
la diaspora serait avant tout le fait des Judéens  ? Il se
pourrait, selon nous, que les Judéens constituent un corps
étranger au Proche Orient et qu’ils soient retournés, il y a
2000 ans vers leur terre d’origine  alors que les Israélites
seraient une population locale colonisée par les Judéens, ce
qui aurait conduit au schisme du Xe siècle avant notre ère, la
dite population vouée à se retrouver au sein de l’Etat
d’Israël. En tout cas, de plus en plus, force est de constater
que ce qui se passe autour du dit Etat a des conséquences
sur la diaspora judéenne du fait d’un certain amalgame. En
tout état de cause, l’élite juive n’a pas vocation à vivre en
un espace concentré et force est de constater que le XXe
siècle aura été le témoin de concentrations dramatiques de
toutes sortes. Nous ajouterons que le sionisme aura produit
chez les Juifs une double contrainte  en ce que le
prétendu rapatriment implique inévitablement une
expatriation ne serait-ce que par rapport à la patrie
d’adoption, ce qui représente nécessairement un coût.

Rappelons (cf. notre ouvrage le sionisme et ses avatars) que


l'antisémitisme aura servi à la fin du siècle dernier à affirmer
que tel ou tel groupe était constitué d'agents du judaïsme
mondial, on pense à l'antimaçonnisme entre autres. L'image
diabolisée du Juif aura ainsi servi à stigmatiser d'autres
groupes tout comme l'image diabolisée d'Israël ara servi à
stigmatiser les Juifs non israéliens comme un Alain
Finkielkraut. Selon nous, le sionisme moderne naitrait d’un
prétendu constat d’échec de la diaspora et ferait de nécessité
vertu en se repliant sur la «  norme  » nationale, celles
des Gentils dont ils avaient si souvent voulu se démarquer.
Au lieu de repenser les conditions de la Diaspora, ils auront
jeté le bébé avec l’eau du bain. Mais l’on peut se demander si
le sionisme n’aura pas contribué à fragiliser le processus
judéo-diasporique, comme cela aura été le cas pour la
diaspora séfarade – au sein du monde musulman - laquelle
n’aura guère survécu à l’émergence de l’Etat d’Israël alors
que la diaspora ashkénaze –au sein du monde chrétien-, en
dépit du drame de la Shoah, aura tenu bon  encore que
désormais le conflit israélo-palestinien imprime ses marques
dans la société française, notamment du fait de la présence
maghrébine, suscitant une forme d’alya  et débat autour
de l’antisionisme, étant entendu que la diabolisation d’Israël
permet de s’en prendre allégrement aux Juifs de la diaspora.
Cela dit, on notera un parallèle entre le passage de
l’antijudaïsme à l’antisionisme en passant par l’antisémitisme
tout comme dans la dualité entre musulman et islamiste,
avec le débat autour de ce qui est réellement visé par ces
différents termes. Notons que le seul fait de mettre ensemble,
sous le terme Sémites, Juifs et Arabes est déjà en soi la
manifestation d’un certain antijudaisme qui aura conduit à
vouloir inscrire l’Etat des Juifs au sein du monde arabe.

Il reste une dimension élitique justifiant une diaspora juive au


sein des cultures les plus diverses et réunir celle-ci au sein
d'un même État nous apparaît comme un contre-sens. La
diaspora s’apparente pour nous à des semailles et il ne fait
pas sens de renoncer à semer en conservant les semences
en un seul et même espace confiné. De même, il vient
toujours un temps où ce qui était concentré est voué à se
disperser, à se répandre  : on pense aux élèves de
Polytechnique ou de l’ENA ou encore à l’exogamie des
princesses .On retrouve d’ailleurs cette idée dans la Bible 
:
Genése chapitre II

Evangile selon Matthieu Chapitre 19


…. 29Et quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses
soeurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses
terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle.

‫ ְוהָיּו‬,‫אִּמֹו; וְדָ בַק ְּב ִאׁשְּתֹו‬-‫ ְואֶת‬,‫ָאבִיו‬-‫ אֶת‬,‫אִ יׁש‬-‫ י ַ ֲעז ָב‬,‫ּכֵן‬-‫ כד עַל‬24 C'est pourquoi l'homme aban
 .‫ ְלבָׂשָ ר אֶ חָד‬son père et sa mère; il s'unit à sa
et ils deviennent une seule chair

Nous pensons qu’il faut laisser les Juifs libres de leurs


mouvements, en évitant toute surdétermination qui fausserait
les choses et ferait dire que le judaïsme se rééditait à une
orthopraxie collective, quitte à observer, dans la pratique,
qu’un grand nombre de Juifs suivent des voies assez
semblables, sans s’être pour autant donné le mot. On pense
à la proportion de Juifs ayant obtenu le prix Nobel sur un
siècle. Tout ce qui fige l’identité juive contribue à la niveler.
Le judaïsme est trop souvent associé à une idée d’espace 
-celui de la synagogue, celui de la Terre d’Israël alors que,
selon nous, il a vocation à s’affirmer dans le Temps et la loi
juive devrait d’abord s’inscrire dans une adéquation de
temps plutôt que d’espace et cette prise de conscience est
nécessaire à sa survie en ce que l’espace se partage alors
que le temps est toujours en devenir et ne saurait donc être
confisqué, approprié par ceux qui n’en sont pas les tenants
authentiques.

En fait, nous pensons que le sionisme correspond à la face


féminine de la condition juive, celle qui spécule sur la fin de
l’Histoire, sur un accouchement, un aboutissement ultime
alors que la réalité diasporique correspondrait à la face
masculine, celle qui assume une centralité immergée au sein
des «  nations  » (goyim), se manifestant dans les
domaines les plus variés et certainement pas sous la forme
de stéréotypes que chacun reprendrait à son compte « 
comme un seul homme  ». Nous verrons que l’Alliance entre
Israël et «  son  » dieu, exige une vigilance constante
afin d’éviter toute cristallisation, toute aliénation par rapport
aux créations mêmes des humains- et tout ce qui peut en
résulter au niveau écologique En ce sens, les Juifs ont un
rôle de vigie à jouer au cours des prochaines siècles, ce qui
exigera de leur part qu’ils continuent à faire leurs preuves, ne
serait-ce que pour montrer qu’ils ne sont pas des imposteurs
revendiquant une alliance dont ils ne seraient pas les
véritables héritiers et titulaires. Pour les Juifs qui seraient
incapables de relever de tels défis, ils auront toujours le
loisir de rejoindre l’Etat d’Israël. Nous pensons qu’Israël faute
de constituer un milieu favorable au génie juif – lequel a
besoin d’un environnement non juif pour prospérer- pourrait
toujours devenir exportateur de sperme juif, à l’instar de
l’épice de la planète Arrakis dans le roman Dune de Frank
Herbert

Rappelons cette promesse faite à Abraham dans Genése XII 


qui avait été précédée par un «  Croissez et multipliez  »
1 L’Éternel avait dit à Abram: ‫מֵַארצְָך‬ ְ ‫לְָך‬-‫ לְֶך‬,‫ַאב ְָרם‬-‫א וַּי ֹאמֶ ר י ְהוָה אֶל‬
"Éloigne-toi de ton pays, de ‫ אֲ ׁשֶ ר‬,‫ָָארץ‬
ֶ ‫ה‬-‫ אֶל‬,‫ּומִּמֹולַדְ ּתְ ָך ּומִ ּבֵית ָאבִיָך‬
ton lieu (Artzekha) natal et de ‫ַאראֶ ָּך‬. 
ְ
la maison paternelle, et va au
pays (HaArets) que je
t'indiquerai.

2 Je te ferai devenir une ;‫ וַאֲ גַּדְ לָה ׁשְ מֶָך‬,‫ וַאֲ ב ֶָרכְָך‬,‫ לְגֹוי ּגָדֹול‬,‫ב וְאֶ עֶׂשְָך‬
grande nation (goy gadol); je ‫ ּב ְָרכָה‬,‫ ֶו ְהי ֵה‬. 
te bénirai, je rendrai ton nom
glorieux, et tu seras un type
de bénédiction.

3 Je bénirai ceux qui te ‫ ָאא ֹר; ְונִב ְְרכּו‬,‫ ּומְ קַ ֶּללְָך‬,‫ מְ ב ְָרכֶיָך‬,‫ג וַאֲ ב ְָרכָה‬
béniront, et qui t'outragera je ‫ ּכ ֹל מִ ׁשְ ּפְח ֹת הָאֲ דָ מָה‬,‫בְָך‬. 
le maudirai; et par toi seront
heureuses toutes les races de
la terre (mishpahot
haAdama)."

On ne saurait exclure une multiplication considérable du


nombre de Juifs, dans les prochaines décennies, dès lors
que l’on admet qu’un Juif s’unissant (connaissant) une
femme, quelle que soit l’origine de celle-ci donne naissance à
un enfant juif et dès lors que l’on sort du contexte du « 
mariage  » pour œuvrer à une toute autre échelle. En fait,
nous envisageons un certain eugénisme qui dissocierait le
mariage de la procréation, laquelle passerait par le recours
aux gènes d’une population masculine autorisée à procréer,
le choix de la femme important peu. Il est évident que la
présence juive au monde exigera à terme d’adopter une telle
stratégie passant par les femmes «  non juives 
»

Selon nous, une chose est l’élan, l’envie à raviver à


réinventer, à recréer constamment et inlassablement, une
autre d’en prolonger indéfiniment les effets. 0n pense aux
couples qui se forment et qui tentent de se pérenniser, à
grands renforts d’expédients juridiques, ce qui ne fait sens
que par un processus incessant de séparation et de
retrouvaille

Désormais l'on ne se demande pas si Marx, Freud ou


Einstein sont des Juifs pratiquants ou si leur œuvre doit
tant que cela au «  judaisme » et l'on sait que la Shoah
exprime bien, de façon monstrueuse, le dépassement du
référentiel religieux pour appréhender la «  question juive »
encore que selon nous, le monde juif soit amené à passer
périodiquement par des phases de concentration et de
rassemblement en contrepoint de phases de dispersion, où le Juif se
vit individuellement.

. Un nouvel antisémitisme se manifeste actuellement,


consistant à nier les «  mérites  » de ces trois personnages 
; ce sont là des polémiques d’ordre chronologique dans le
cas d’Einstein que d’aucuns ne craignent pas de le qualifier
de «  plagiaire  » aux dépens du français Henri Poincaré, le
problème n’étant pas tant d’ailleurs la formule elle-même que son
interprétation ( cf. Alexandre Moati, Einstein, un siècle contre lui,
Paris, ed. Odile Jacob, 2007). Et quant à Marx, l’on déclare
l’échec de sa théorie ou quant à Freud, le caractère illusoire
de sa pratique thérapeutique…Le complotisme n’est pas loin
et l’on parle de complaisance coupable envers ces
personnages «  surfaits. Il est vrai que l’enjeu est
d’importance car cette émergence des Juifs à l’époque
moderne rappelle que ceux-ci pourraient avoir été dotés, du
fait de quelque grâce divine, de capacités individuelles
remarquables, dans le cadre de ce que le prophète Jérémie
appelle l’«  Alliance Renouvelée  », bien de siècles avant
Jésus  !(cf. infra). Mais rappelons que l’alliance de Dieu
avec Abraham vaut pour la postérité de ce dernier,
littéralement pour ta semence (Zéra). C’est dire qu’une telle
alliance passe par le sang de la génération, de la génétique
et non par quelque héritage spirituel, comme le prétendent
tant de Chrétiens.  :

7 Cette alliance (Brith), établie entre ‫ ּובֵין‬,‫ּב ְִריתִ י ּבֵינִי ּובֵינֶָך‬-‫ז ַוהֲקִ מ ֹתִ י אֶת‬
moi et entre toi et ta postérité  :‫ ִלב ְִרית עֹולָם‬--‫ז ְַרעֲָך ַאח ֲֶריָך לְד ֹר ֹתָ ם‬
(Zraekha) à ta suite , je l'érigerai en ‫ ּו ְלז ְַרעֲָך ַאח ֲֶריָך‬,‫ ִלהְיֹות לְָך לֵאֹלהִים‬. 
alliance perpétuelle (Brith Olam),
devenant ainsi un Dieu (Elohim)
pour toi comme pour ta
postérité(Zraekha) après toi.

Le texte de Jérémie préfigure et annonce le temps de cette « 


Nouvelle Alliance  »à laquelle se réfère Jésus mais
cette Alliance reste bel et bien celle scellée entre les dieux
des Pères et les Hébreux, ce qui est réitéré dans l’Épître aux
Hébreux, une des pièces maîtresses du «  Nouveau
Testament  » (cf. infra). Notons que cette formule « 
Nouveau Testament  » - en français par exemple - est
rarement comprise comme signifiant «  Nouvelle Alliance 
». Or, en hébreu, de nos jours, c’est bien en tant que « 
Brith Hadasha  » que le «  Nouveau Testament  » est
rendu. Selon nous, la diaspora est le champ d’expérience de
la Nouvelle Alliance alors que la présence en Israël nous
apparait comme une sorte d’aboutissement. Autrement dit, le
judaïsme masculin serait diasporique et le judaïsme féminin
serait israélien. En fait, l’image d’Israël serait double et donc
plutôt brouillée  : à la fois retour vers une «  patrie  »
plus ou moins mythique mais bel et bien ancrée dans une
géographie et à la fois manifestation d’une volonté de
changement de vie de la part des immigrés juifs se rendant
en Israël, Israël représentant non plus le passé mais l’avenir..

D’ailleurs, le nom du cinquième livre du Pentateuque-


Deutéronome selon l’intitulé figurant dans la Septante, la
traduction grecque d’Alexandrie, au Ive siècle avant notre
ère, ne signifie-t-il pas en vérité «  Nouvelle Alliance  » et
donc «  Nouveau Testament  »  ? N’est-ce pas
d’ailleurs dans le dit Deutéronome lié au règne d’Ezéchias
(fin VIIe-début Vie siècle avant notre ère), que l’on trouve des
éléments repris dans le Shéma Israël inspirés de Jérémie
XXXI, avec notamment l’idée de Dieu commandant, branché
directement au cœur, à l’esprit des Hébreux  ? Jésus
n’aurait donc fait que reprendre l’idée deutéronomique,
quelques siècles plus tard.

Emmanuel Kant dira  : "Deux choses remplissent le cœur


d'une admiration et d'une vénération toujours nouvelles et
toujours croissantes, à mesure que la réflexion s'y attache
et s'y applique: le ciel étoilé" au-dessus de moi et la loi
morale en moi" (Critique de la raison pratique)

On parlera d’ailleurs, pour notre part, d’alliance jérémienne.


Précisons immédiatement que ce n’est pas parce que les
Chrétiens ont pu s’emparer de cette idée que les Juifs doivent
se croire obligés de renoncer à s’y référer et de même ce n’est
pas parce que les Chrétiens ont instrumentalisé le
personnage historique de Jésus pour en faire le « 
fils de Dieu  », que les Juifs se verraient contraints de
leur abandonner le dit Jésus. Pour notre part, nous préférons
Yahoo comme dans Jérémie ou Isaïe en hébreu, prophètes qui
ont introduit le rapport très discutable entre tétragramme et
Elohim)-, tout à fait extérieur au alors que Jésus fait partie
intégrante de l’histoire du , en s’inscrivant notamment dans
la lignée de Moïse et de Jérémie. Ce qu'il faut souligner, c'est
que le facteur «  J  » ( Juif) est utilisé par certains pour
expliquer ce qui se passe dans le monde comme l'a bien
montré Sartre dans ses Réflexions sur la Question Juive
(1946). Il serait selon nous lié à une carence des grilles de
lecture - à commencer par celle que pourrait proposer la
recherche cyclologique. Il y a un lien entre occultisme et
antisémitisme en ce que ce dernier est perçu comme une clef
pour comprendre le monde. Il ne suffit pas de dénoncer un tel
phénomène mais de prendre conscience d'une absence de
pédagogie au prisme de la science politique, historique. C’est
ainsi que les gouvernants donnent l’impression qu’ils sont
les maîtres des horloges et donc qu’ils seraient en mesure de
reconfigurer le temps à leur guise, s’ils le voulaient bien. Dès
lors, le peuple peut s’imaginer pouvoir influer sur les dits
gouvernants alors qu’en réalité, il existe une structure
cyclologique sur laquelle ces derniers n’ont pas prise. Si le
peuple comprenait que le calendrier ne dépend pas de la
seule volonté des gouvernants, les choses se passeraient
autrement. Il est vrai que dans le cadre de l’Union
Européenne et de la zone euro, le peuple sait que ses
gouvernants nationaux connaissent des limites. Mais il faut
aller plus loin dans la prise de conscience de ce qui sous-
tend la réalité politique.(cf infra)

Nous dirons que l’on ne saurait ignorer l’existence d’une


structure mentale propre à l’esclave, lequel tend à expliquer
tout ce qui lui arrive du fait de la volonté d’un maître tout
puissant. L'esclave a besoin d'avoir un consensus derrière
lui alors que le maître s'en passe très bien. L'esclave
refoule sa subjectivité ce qui importe n'est pas ce qu'il est
capable de faire mais ce qu'il a le droit de faire. L’esclave a
des certitudes que n’a pas le maître  : celui qui maîtrise son
sujet est conscient de ses tenants et aboutissants alors que
celui qui ne fait que recevoir des ordres les ressent comme
faisant un tout indissociable. Le maître sera en mesure de
négocier, fera preuve de flexibilité alors que l’esclave sera
dans le tout ou rien  . l’un saura quelles sont les priorités et
les données aléatoires alors que l’autre mettra tout sur le
même plan  ;

Autrement dit, l’antisémite est obligé de placer les Juifs tout


en haut (au «  top  ») du système pour pouvoir les
accuser de tous les maux, ce qui lui évite de s’interroger sur
sa propre responsabilité, voir sa propre volonté. C’est ainsi
que l’immigration ne pourrait, selon les dires de ses acteurs,
être due au refus du peuple de se consacrer à certaines
activités mais dépendrait de la volonté des «  patrons  » de
se procurer une main d’œuvre à bon marché. A ce jeu, l’on en
arrive à penser que le peuple est purement et simplement à
la merci de l’élite et qu’il n’a pas de colonne vertébrale  !
Quant aux femmes, elles ne sauraient évidemment, à
entendre certains, avoir de spécificité propre et seraient
modelées par la société (théorie du genre) qui en ferait ce
qu’elle voudrait. On comprend toute l’instrumentalisation qui
est ainsi opérée du discours sociologique qui tend à vider de
toute «  essence  » l’individu ou de considérer toute
différence entre les gens comme de simples artefacts !

L’androgynat

Ce n'est pas seulement Dieu qui serait mort mais le génie


auquel on ne veut plus croire car ce «  génie  », c'est la
bête noire des femmes, le démon qui n'a de cesse de les
humilier, de les rabaisser. Les femmes n’hésiteront pas à
traiter de «  paranoïaque  » toute velléité d’affirmation d’une
quelconque supériorité inacceptable parce qu’inexplicable.
Selon nous, le génie correspond à l’esprit face à la matière, il
est en mesure de l’organiser, de l’ordonner comme dans le
cas de la Trinité, la matière étant son troisième terme, le Fils.
Ceux qui entendent placer le Saint Esprit en troisième
position tendraient selon nous à faire primer la matière sur
l’esprit alors que l’on nous dit, par ailleurs que Jésus serait
né donc issu du Saint Esprit (Mathieu I) Le génie est
foncièrement un maître

Nous dénoncerons également un comportement visant – ce


qui conduit à un nivellement par le bas- à imposer à un
groupe de personnes des valeurs féminines pour son mode
de fonctionnement, par exemple en permettant aux
personnes de lire des textes ou des partitions au lieu
d’improviser ou encore une interdiction de mener de vrais
débats, de s’interpeller au cours d’une réunion, ce qui
conduit à un nivellement par le bas. En quelque sorte,
l’élitophobie serait sous -tendue par une certaine volonté de
castration. On coupe les têtes qui dépassent, les gens trop
brillants qui «  humilient  » les moins doués. Quelque
part, l’élitophobie rejoindrait (cf. infra) la judéophobie. En fait,
le débat fait souvent prendre conscience aux participants de
ce qu’ils tiennent en eux -mêmes des positions
contradictoires. On a parfois reproché à Socrate de n’être
intéressé qu’à obtenir l’avantage sur ses interlocuteurs. En
tout état de cause, la joute verbale est une valeur clef de la
culture européenne, qui met en avant la peur du ridicule
plutôt que celle de la menace physique.

Mais il importe d'insister sur le fait qu'un texte écrit doit être
lu avec attention et non déclamé, il exige un temps bien plus
long que la parole directe si bien que celui qui lit à haute voix
ce qui devrait être médité ne fait qu'agiter des signifiants sans
que l'on ait vraiment accès aux signifiés. C'est ainsi que notre
rapport personnel à notre écrit diffèrera singulièrement de
nos prises de parole car nous attendons de notre lecteur une
progression au sein de notre ouvrage bien plus minutieuse
que de la part de notre auditeur, ne serait-ce que parce qu'à
l'oral, nous perdons déjà beaucoup d'énergie à identifier les
signifiants, ce dont nous dispense l'écrit. L’on notera que
jusqu’à ce jour du moins les moteurs de recherche
répertorient ce qui est écrit et non ce qui est oral. L'on sait à
quel point, par exemple, il est difficile de suivre le cours d'un
texte chanté. .Dans le cas des quatrains centuriques
nostradamiques, le mot l'emporte sur la phrase (cf. Volet II)
Le texte écrit suppose des relectures alors que la parole qui
s'écoule se situe dans la linéarité et privilégie le «  mot de la
fin  ». Rien n'est pire en définitive que de lire à voix haute
un texte conçu pour être appréhendé à tête reposée  ! On
ajoutera que l’exercice du «  résumé  », dans les
concours, est assez salutaire en ce qu’il permet d’observer si
un candidat est capable ou non de s’extraire de la
fascination pour le texte en «  osant  » le modifier, le
réduire . Autrement dit, le quatrain transmute, transcende la
réalité du texte en prose, passant de la réalité féminine où le
sujet témoigne d’un vécu sensible à l’abstraction masculine
dont le sens dépend, in fine, de celui qui la découvre, le
lecteur, l’auditeur. Soulignons qu’une chose est de savoir
lire, une autre de savoir écrire, dès lors que l’on ne réduit pas
l’écriture à un simple codage. Le décalage est grand entre
l’auteur et le lecteur de son œuvre.

Mais l'on pourrait aussi parler d'androgynophobie à savoir le


déni d'un être qui serait à la fois mâle et femelle, au sens de
Genèse I. L'androgynophobe affirme que cette grâce accordée
à Adam lui aurait été ôtée lorsque Elohim aurait retiré la « 
femme  » de son corps et cela nous conduit à préciser le
caractère suspect du chapitre II de la Genèse si l'on admet –
comme cela est d’ailleurs généralement admis- qu'il
correspond- et ce en dépit de sa position en tête- à une
addition tardive marquée par une autre approche théologique
et téléologique (cf. infra). On a l'occasion de devoir entendre
toutes sortes de propos à ce sujet où l'on passe allégrement
l'androgynat par pertes et profits comme annonçant en
quelque sorte le couple homme-femme. C'est un leurre de
faire croire à la femme que par le biais du couple, elle pourra
vivre une situation androgynale laquelle exige une intimité de
l'être qui n'a rien de commun avec celle qui peut exister dans
un rapport d'extériorité, même si lors du coït, l'on peut avoir
l'illusion de ne faire qu'un avec son partenaire. La période
androgynale correspond à une verticalité antérieure au temps
de la mise en place d’un couple (préexistante dans le régné
animal) Il ne faut surtout pas croire que le chapitre I de la
Genèse traite de l’homme et de la femme car il s’agit de
l’androgyne à la fois mâle et femelle. C’est «  Ish  » qui
est le premier impliqué dans cette nouvelle ère, c’est-à-dire
Enosh, dont il est l’abréviation, fils de Seth, créé à l’image
d’Elohim et d’Adam  :En fait, selon nous, l’androgynat
s’est perpétué parallèlement à la formule du couple et c’est
pourquoi il sera question dans la Bible de «  fils d’Adam 
», pour Ezéchiel et pour Jésus, notamment.

Dans les trois premiers chapitres de la Genèse on nous invite


à distinguer entre Adam. un personnage singulier et « 
haAdam  », avec un article défini précédé de «  Et  »i
(comme dans Genèse I, 1 pour la terre et le ciel)et enfin « 
ish  » (Genèse II)
Genèse I

26 Dieu dit: "Faisons Adam à ‫ נַעֲׂשֶה ָאדָ ם ְּב ַצלְמֵ נּו‬,‫כו וַּי ֹאמֶ ר אֱֹלהִים‬
notre image, à notre ‫ּכִדְ מּותֵ נּו; ְוי ְִרּדּו בִדְ גַת ַהּי ָם ּובְעֹוף‬
ressemblance, et qu'il domine sur ,‫ָָארץ‬ֶ ‫ה‬-‫ ּו ַב ְּבהֵמָה ּו ְבכָל‬,‫הַּׁשָ מַ י ִם‬
les poissons de la mer, sur les ‫ָָארץ‬
ֶ ‫ה‬-‫ הָר ֹמֵ ׂש עַל‬,‫ה ֶָרמֶ ׂש‬-‫ּו ְבכָל‬. 
oiseaux du ciel, sur le bétail;
enfin sur toute la terre, et sur
tous les êtres qui s'y meuvent."

7 L'Éternel-Dieu façonna (Et ‫ ָעפָר‬,‫הָָאדָ ם‬-‫ז ַוּי ִיצֶר י ְהוָה אֱֹלהִים אֶת‬
haAdam) l’Adam, - poussière ;‫ נִׁשְמַת ַחּי ִים‬,‫ ַוּיִּפַח ּבְאַ ּפָיו‬,‫הָאֲ דָ מָה‬-‫מִ ן‬
détachée du sol, - fit pénétrer ‫ ְלנֶפֶׁש ַחּי ָה‬,‫ ַויְהִי הָָאדָ ם‬. 
dans ses narines un souffle de
vie, et l'homme devint un être
vivant.

Genèse II

24 C'est pourquoi l'homme (Ish) ,‫ָאבִיו‬-‫ אֶת‬,‫אִ יׁש‬-‫ י ַ ֲעז ָב‬,‫ּכֵן‬-‫כד עַל‬
abandonne son père et sa mère; il ‫ ְוהָיּו ְלבָׂשָ ר‬,‫אִ ּמֹו; וְדָ בַק ּבְאִ ׁשְּתֹו‬-‫וְאֶת‬
s'unit à sa femme (beIshto), et ils ‫אֶ חָד‬. 
deviennent une seule chair.
Genèse V

1 Ceci est l'histoire des  :‫ ּתֹולְד ֹת ָאדָ ם‬,‫א ז ֶה ֵספֶר‬


générations (Elé Toldoth) ‫ עָׂשָה‬,‫ ּבִדְ מּות אֱֹלהִים‬,‫ ּבְר ֹא אֱֹלהִים ָאדָ ם‬,‫ּבְיֹום‬
d’Adam. Lorsque Dieu créa ‫א ֹתֹו‬. 
Adam, il le fit à sa propre
ressemblance.

Les traductions laissent à désirer  : il faut comprendre


l’histoire des générations (Elé Toldoth) à partir d’Adam et
non des «  générations de l’humanité  », comme on le
trouve dans la traduction du rabbinat. Dans Génèse VI, 9, la
même formule «  Ele Toldoth  » vise la descendance de
Noé.

9 Ceci est l'histoire (Elé Toldoth) ‫נ ֹ ַח אִ יׁש צַּדִ יק ּתָ מִ ים‬--‫ ּתֹולְד ֹת נ ֹ ַח‬,‫ט אֵ ּלֶה‬
de Noé. Noé fut un homme juste,  :‫ ּבְד ֹר ֹתָ יו‬,‫ָהי ָה‬
irréprochable, entre ses ‫נ ֹ ַח‬-‫ הִתְ ַהּלְֶך‬,‫הָאֱֹלהִים‬-‫אֶת‬. 
contemporains; il se conduisit
selon Dieu.

10 Noé engendra trois fils: Sem, ‫חָם‬-‫ אֶת‬,‫ׁשֵם‬-‫אֶת‬--‫ ׁשְֹלׁשָה ָבנִים‬,‫י וַּיֹולֶד נ ֹ ַח‬
Cham et Japhet ‫יָפֶת‬-‫וְאֶת‬. 

En bref, la forme Adam est nominative et ne saurait en


aucun cas être traduit par «  l’homme  » ou « 
l  »humanité  »  !

Il n'en reste pas moins que de nos jours, une telle


représentation des choses risque fort de rencontrer des
résistances. Or, en hébreu, les termes employés diffèrent 
: la partie féminine d'Adam est appelée – du moins si l’on
s’en tient à la lettre du texte-Neqéva (à rapprocher
éventuellement du Niqab, un des noms du voile féminin dans
le monde musulman), alors que la partie additionnelle est
appelée Isha, terme qui est d'ailleurs utilisée en hébreu
moderne pour désigner la femme. Pour notre part, nous nous
opposons vivement à l'idée que neqéva et isha puissent
vouloir dire la même chose. Zakhar et Neqéva
correspondent à l’androgynat du Père et du Saint Esprit, les
deux premiers termes de la Trinité (cf Genése V) alors qu’à
partir d’Enos, le fils de Seth, le petit fils d’Adam, les
naissances se feront non plus à l’intérieur mais à l’extérieur
c’est-à-dire entre un homme et une femme et non plus entre
un facteur masculin et un facteur féminin, ce qui correspond
au passage de Seth à Enos  ;

. Il convient de lire la Bible au prisme d’une certaine


anthropologie sur laquelle nous avons prise et de ne pas lui
faire dire n’importe quoi  !
Il est bon que chaque groupe assume pleinement et
sereinement sa spécificité au lieu de tenter de la fuir. Cela
implique une certaine quête ontologique. Le monde a besoin
non pas de déni et de confusion mais de définitions
archétypales bien circonscrites, de repères. Contrairement à
un certain discours «  existentiel  », nous dirons que
l'existence précédé l'essence, c'est à dire que rejoindre
l'essence est un objectif à atteindre et non ce dont il faudrait
se départir. Accéder à la conscience de l'essence est en effet
un travail bien plus ardu que de se contenter de ce qui peut,
de façon contingente, constituer une personnalité au
commencement de la vie, vouée à toutes sortes d'influences
et de représentations plus ou moins fluctuantes.

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