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Principaux faits
Les requérants, Daniel Arpad Rezmiveş, Marius Mavroian, Laviniu Moşmonea et Iosif Gazsi, sont des
ressortissants roumains nés respectivement en 1970, 1966, 1976 et 1972.
MM. Rezmiveş, Moşmonea et Gazsi, qui sont actuellement détenus dans les prisons de Timişoara,
Pelendava et Baia Mare, ainsi que M. Mavroian, qui était détenu à la prison de Focşani et qui fut
libéré le 13 janvier 2015, se plaignent en particulier du surpeuplement carcéral, de l’insuffisance
d’hygiène dans leurs cellules (présence de rats, moisissures dans les murs, etc.), de l’accès insuffisant
1 Conformément aux dispositions des articles 43 et 44 de la Convention, cet arrêt de chambre n’est pas définitif. Dans un délai de trois
mois à compter de la date de son prononcé, toute partie peut demander le renvoi de l’affaire devant la Grande Chambre de la Cour. En
pareil cas, un collège de cinq juges détermine si l’affaire mérite plus ample examen. Si tel est le cas, la Grande Chambre se saisira de
l’affaire et rendra un arrêt définitif. Si la demande de renvoi est rejetée, l’arrêt de chambre deviendra définitif à la date de ce rejet.
Dès qu’un arrêt devient définitif, il est transmis au Comité des Ministres du Conseil de l’Europe qui en surveille l’exécution. Des
renseignements supplémentaires sur le processus d’exécution sont consultables à l’adresse suivante :
http://www.coe.int/t/dghl/monitoring/execution.
aux douches et aux WC, de l’absence d’éclairage naturel, du manque de ventilation, ainsi que de la
mauvaise qualité du matériel fourni et de la nourriture dans les prisons dans lesquelles ils ont été ou
sont encore actuellement détenus.
Décision de la Cour
Article 3 (interdiction des traitements inhumains ou dégradants)
La Cour constate que l’espace personnel attribué aux requérants a été dans la majeure partie de leur
détention de moins de 3 m2. Ce manque sévère d’espace vital dont ils ont souffert pendant plusieurs
mois semble avoir été aggravé par d’autres traitements, notamment par l’absence d’éclairage
naturel, la très courte durée de la promenade journalière, les toilettes insalubres et parfois
dépourvues de cloison, l’absence d’activités socioculturelles (pour M. Rezmiveş), l’insuffisance des
installations sanitaires et l’accès insuffisant à l’eau chaude (pour M. Mavroian), l’absence de
ventilation des cellules, la présence de moisissures dans une partie des cellules, la présence
d’insectes et de rats, la vétusté des matelas, la mauvaise qualité de la nourriture, la présence de
punaises (pour M. Moşmonea), la mauvaise qualité de la nourriture, l’insuffisance des installations
sanitaires et l’absence d’hygiène (pour M. Gazsi). La Cour estime donc que toutes ces conditions,
bien que ne constituant pas en soi un traitement inhumain et dégradant, n’ont pas manqué
d’engendrer chez les intéressés des souffrances supplémentaires.
Par ailleurs, la description détaillée que font les requérants des conditions matérielles des prisons
est similaire à la situation retenue par la Cour dans plusieurs affaires de ce type. En outre, les
conditions matérielles régnant dans les locaux de détention de la police roumaine ont fait l’objet
d’une analyse par la Cour dans plusieurs affaires dans lesquelles elle a constaté le surpeuplement, la
médiocrité des conditions d’hygiène, l’inadéquation des annexes sanitaires et la possibilité très
limitée de passer du temps à l’extérieur de la cellule. De plus, eu égard aux constats du Comité
européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants
(CPT) lors des visites qu’il a effectuées en 2010 et en 2014 dans certains établissements
pénitentiaires et dépôts de la police, aux évaluations par le Comité des Ministres des mesures
générales adoptées en exécution du groupe d’affaires Bragadireanu2, aux recommandations émises
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par l’avocat du peuple à l’issue des enquêtes ouvertes à la suite des plaintes formulées par certains
détenus, ainsi qu’aux données statistiques officielles visant la population carcérale en Roumanie, la
Cour estime comme crédibles les allégations des requérants relatives aux conditions matérielles de
leur détention.
Par conséquent, la Cour estime que les conditions de détention des requérants, compte tenu
également de leur durée d’incarcération, les ont soumis à une épreuve d’une intensité qui excédait
le niveau inévitable de souffrance inhérent à la détention. Elle dit donc qu’il y a eu violation de
l’article 3 de la Convention.
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Opinion séparée
Le juge K. Wojtyczek a exprimé une opinion concordante dont le texte se trouve joint à l’arrêt.
Rédigé par le greffe, le présent communiqué ne lie pas la Cour. Les décisions et arrêts rendus par la
Cour, ainsi que des informations complémentaires au sujet de celle-ci, peuvent être obtenus sur
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La Cour européenne des droits de l’homme a été créée à Strasbourg par les États membres du
Conseil de l’Europe en 1959 pour connaître des allégations de violation de la Convention
européenne des droits de l’homme de 1950.