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1. Description du mouvement
1.1 Définition
Dans un référentiel R d’origine O, on considère un milieu continu qui se déforme avec le temps (i.e.
milieu en mouvement). Soient C t et Ct ' les configurations de ce milieu aux instants t et t '
respectivement. L’application f t ,t ' définie par :
f t ,t ' : Ct Ct '
M M ' f t ,t ' (M )
Dans la suite on prendra Ct0 comme configuration de référence (on prendra généralement t0 0 ).
Exercice :
Montrer que les transformations suivantes vérifient les propriétés citées ci-dessus :
Exemple 1 :
Dans un repère cartésien orthonormé R(O, i , j , k ) , on considère la transformation suivante :
X 01 X 1 X 01 at 2 X 02
M 0 X 02 M X 2 X 02 , où a est une constante et t0 0
f t 0 ,t
X3 X X0
3 3
0
2at X 02
d OM
V 0 V ( X 0i , t )
dt
X 0i constan ts 0
Dans la description eulérienne, on ignore la configuration de référence et on définit les grandeurs physiques
en fonction du temps et de la position de la particule dans la configuration actuelle (i.e. dans C t ). Alors
pour chaque position M de coordonnées ( X 1 , X 2 , X 3 ) , on a : A= A ( M , t ) = A ( X 1 , X 2 , X 3 , t ) . Les
variables ( X 1 , X 2 , X 3 , t ) sont appelées variables eulériennes.
Pour revenir à la description lagrangienne, il suffit de remplacer les variables X i dans l’expression de A en
utilisant les relations X i = X i ( X 0j , t ) qui définissent la transformation.
2t aX 02
V 0
0
2ta X 2
V 0 V ( X i , t)
0
Quand on fixe X i et on fait varier t dans l’expression de A, cela revient à observer la variation de la
grandeur A dans une position fixe du repère de l’observateur et pour des particules différentes (le milieu
étant en mouvement, donc la particule qui occupe une position donnée de l’espace change d’un instant à
l’autre).
La trajectoire d’une particule est l’ensemble des positions occupées par cette particule au cours du
temps. Les équations paramétriques d’une trajectoire sont obtenues en fixant X 0i dans les trois
équations X i = X i ( X 0j , t ) . De plus, si on élimine le temps de ces équations (cette technique n’est pas
toujours possible), on aboutit à deux relations (entre les variables X i ) qui définissent les trajectoires.
Dans le cas où on a pas les relations X i = X i ( X 0i , t ) , on peut déterminer les expressions des X i à partir
du champ de vitesses en résolvant les équations :
dX i
Vi ( V i étant les composantes de la vitesse)
dt
et en tenant compte des coordonnées de la configuration de référence (i.e. X 0i ) pour la détermination des
constantes d’intégration.
Exemple 2 :
Dans un repère cartésien orthonormé R(O, i , j , k ) , on considère la transformation suivante :
X 01 X 1 X 01 at X 02
M 0 X 02 M X 2 X 02 bt 2 (a est une constante et t0 0 )
f t 0 ,t
X3 X 3 X 03
0
2 b( X 1 C 1 ) 2
X C
2
(aC 2 ) 2
X 3 C3
Dans cet exemple, les trajectoires sont des paraboles situées dans des plans normaux à l’axe ( OX 3 ).
Pour passer d’une trajectoire à l’autre, il suffit de changer les valeurs des constantes C i .
dX 1 dX 2 dX 3
V 1( X i , t) V 2 ( X i , t) V 3 ( X i , t)
où V i sont les composantes de la vitesse. Pour intégrer ces équations, on utilise la vitesse en variables
eulériennes et on fixe le temps.
Remarque :
Une trajectoire implique une même particule et différents instants, alors qu’une ligne de courant implique
un même instant et différentes particules.
Exemple 3 :
Dans un repère cartésien orthonormé R(O, i , j , k ) , on considère un champ de vitesses défini en variables
eulériennes par :
dX 1 dX 2 dX 1 dX 2
2
V1 V atX 1 b
at
X2
X1 Ce b ( C est une constante)
Ainsi, les lignes de courant sont définies par les deux équations suivantes :
1 at 2
X C e b
X
X 3 C 3
Dans cet exemple, les lignes de courant sont des courbes qui ont des formes exponentielles et qui
appartiennent à des plans normaux à l’axe ( OX 3 ).
dX 1
dt atX
1
dX 2
b
dt
dX 3
0
dt
En prenant ( X 01 , X 02 , X 03 ) comme coordonnées des particules à l’instant t=0, on obtient :
1
2
at
X X 0 e 2
1
2
X bt X 0
2
3
X X 0
3
La ligne d’émission d’un point géométrique fixe N, à un instant t fixé, est l’ensemble des positions (à
l’instant t) des particules qui sont passées et qui vont passer par N. La ligne d’émission de N change
d’un instant à l’autre.
La dérivée particulaire d’une grandeur A (appelée aussi dérivée totale ou lagrangienne) est sa dérivée
par rapport au temps en suivant une même particule dans son mouvement. Mathématiquement, cela
revient à dériver A ( X 0i , t ) par rapport au temps en gardant les coordonnées lagrangiennes, X 0i ,
dA DA
constantes. Cette dérivée est notée ou et elle est donnée par :
dt Dt
dA A( X 0i , t dt ) A( X 0i , t ) A( X 0i , t )
dt dt t X i constan ts 0
A A
dA( X 1 , X 2 , X 3 , t ) (*)
t X i constan ts X i t cons
j i
tan t
X constan ts
A
dA gradA. dM (où gradA est calculé en variables eulériennes avec t constant)
M
dA A
grad A . V
dt t
gradient
dérivée dérivée en coordonnées
avec X 0i avec X i eulériennes
cons tan ts cons tan ts
A
La dérivée temporelle (calculée en gardant les X i fixes) est appelée dérivée eulérienne ou dérivée
t
propre de A (ou encore dérivée partielle de A). Le terme gradA. V est appelé dérivée convective de A.
Exemple 4 :
Soit la transformation suivante en coordonnées cartésiennes :
X 01 X 1 X 01 (1 at 2 )
M 0 X 02 M X 2 X 02 (a est une constante et t0 0 )
f t 0 ,t
X3 X X0
3 3
0
La vitesse est donnée par :
2at X 1
V 2at X 01 i i
1 at 2
L’accélération est donnée par :
d (2at X 01 )
2a X 1
i 2a X 01i i
dt 1 at 2
On peut retrouver ce résultat en passant par la relation :
V
gradV . V
t
En effet :
V 2at X 1 2a X 1 2at X 1
2
i
2at i
t t 1 at 1 at
2
(1 at )
2 2
2at 2at X
1
0 0
1 at 1 at 2
2
2at 2at X 1
gradV . V 0 0 0 0 i
1 at 2 1 at 2
0 0 0 0
En régime stationnaire les trajectoires, les lignes de courant et les lignes d’émission sont confondues.
2. Tenseurs des taux de déformations et de rotations
2.1 Définitions
Soit un milieu continu caractérisé par le champ de vitesses V (M , t ) V ( X i , t ) en description eulérienne. A
un instant t fixé, la variation spatiale de la vitesse entre deux positions infiniment voisines, M et M ' ,
reliées par le segment élémentaire dM est donnée par :
V V
dV gradV . dM ( gradV )
M M 0
gradienten
coordonnées
eulériennes
En décomposant gradV en parties symétrique, D, et antisymétrique, W, on a :
gradV D W
où :
1
D ( gradV T gradV )
2
1
W ( gradV T gradV )
2
Le tenseur symétrique, D, est appelé tenseur des taux de déformations (ou tenseur des vitesses de
déformations) et le tenseur antisymétrique, W, est appelé tenseur des taux de rotations (ou tenseur des
vitesses de rotations).
Pour deux particules infiniment voisines repérées par les positions, M et M ' , on a :
dM
dV
d MM
V ( M ) V ( M )
dt
Pour éviter la confusion, on utilisera le symbole " d " pour les variations temporelles et "d " pour les
variations spatiales. Donc :
d(dM )
dV gradV . dM
dt
Calculons la variation instantanée de la longueur d’un segment matériel dM :
2
d dM d(dM dM ) d(dM )
2 dM 2 dM dV 2 dM gradV . dM
dt dt dt
2(dM D dM dM W dM )
Et puisque dM W dM 0 (car W est antisymétrique), alors on obtient :
d dM dM D dM
dt dM
Cette relation montre que le tenseur D permet de mesurer les variations instantanées des longueurs dans le
milieu continu.
Ainsi, le tenseur D est nul pour le mouvement d’un solide indéformable. De plus, on a :
D 0 dV W dM dM
où est le vecteur vitesse instantanée de rotation du milieu solide, donné par :
1
rot V
2
Pour D=0, on montre que W et sont indépendants de la position M (i.e ne changent pas d’une
position à l’autre d’un solide indéformable), mais dépendent généralement du temps. Dans une base
orthonormée directe, ils sont tels que :
0 3 2
1
W 3 0 1 ; 2
2 1 0 3
dv dM (dM dM )
En utilisant le gradient de la vitesse (i.e. gradV ) en M, les variations instantanées de ces segments
donnent :
d(dM ) d(dM ) d(dM )
gradV . dM ; gradV . dM ; gradV . dM
dt dt dt
d(dv)
( gradV . dM ) (dM dM ) dM (( gradV . dM ) dM ) dM ( dM ( gradV .dM ))
dt
d(dv)
Trace( gradV ) dv
dt
Trace( D) dv
divV dv
Donc le taux de dilatation volumique est donné par :
d(dv)
dt div V
dv
Exercice :
Dans une base cartésienne directe ( i , j , k ) , prendre les segments dM , dM et dM parallèles à i , j
et k , respectivement, et montrer que :
- dv dM dM dM
- ( gradV . dM ) (dM dM ) dM (( gradV . dM ) dM ) dM ( dM ( gradV .dM )) div V dv
On prendra les coordonnées ( X 1 , X 2 , X 3 ) pour M, et les composantes (V 1 ,V 2 ,V 3 ) pour la vitesse V .
Pour le tenseur D , on a des conditions de compatibilité analogues à celles données pour le tenseur
dans le chapitre précédent (on remplace ij par Dij dans les relations de compatibilité).