Cas pratique imaginaire 

: l’affaire du PADROB

[nouvelle version, mars 2023]

NB : Nous sommes en 2023, avant l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution. Vous devez envisager le cas
pratique à la fois en droit constitutionnel actuel et au regard de la future Constitution.

Il y a trois semaines l’élection des députés luxembourgeois a eu lieu. Pour la deuxième fois
consécutive, le parti luxembourgeois extrémiste PADROB (Parti pour l'Avènement Du Règne
d'Or du dieu Baal), dirigé par Manon Willmar, a bien tiré son épingle du jeu. Avec une
campagne faite de promesses chocs – le parti prône non seulement un régime politique
abolissant la monarchie, la propriété privée et la démocratie, mais il entend aussi donner le
pouvoir au clergé exclusivement féminin de l'Eglise de Baal –, le PADROB a obtenu six
sièges sur les soixante que compte la Chambre des députés. C’est deux députés de plus que
lors des précédentes élections législatives (qui ont eu lieu en l’année 2018).

Réunie lors de sa première séance publique, la nouvelle Chambre des députés, grâce à une
alliance des partis politiques traditionnels, a décidé d’invalider le mandat des six députés
padrobiens qui viennent d’être élus. Pour les partis politiques traditionnels, le programme
politique du PADROB est « fondamentalement incompatible avec l’esprit de la
Constitution ». Il fallait aussi à tout prix empêcher la montée en puissance du PADROB : avec
deux députés supplémentaires par rapport à l’année 2018, le PADROB aurait obtenu encore
plus de temps d’antenne sur RTL et 100.7 ; surtout, depuis l’adoption de la loi du 16 juin
2017 sur l’organisation du Conseil d’Etat, il aurait eu droit à un siège au Conseil d’Etat.

Manon Willmar, qui n’est pas juriste, est scandalisée par l’invalidation de son mandat et de
celui des cinq autres élus padrobiens. Elle refuse d’accepter l’issue du vote de la Chambre des
députés. Pour le moment, elle s’est contentée d’appeler ses partisans à se réunir chaque jour
« nombreux, très nombreux » devant la Chambre « afin de montrer aux yeux de tous ce qu’est
la volonté populaire des électeurs luxembourgeois ». Avant d’avoir recours à des moyens plus
radicaux que le simple appel à des manifestations, elle souhaite explorer la voie juridique.
Elle vient vous consulter [premier groupe d’étudiants] pour savoir si les invalidations sont
légales. Quel est votre avis ?

Manon Willmar a, par ailleurs, annoncé à la presse son intention de faire un recours contre les
invalidations. Au Luxemburger Wort, elle a parlé de saisir les organes internes de la Chambre,
tandis qu’au Tageblatt, elle a expliqué qu’elle songeait à saisir la Cour administrative. Dans
son dernier tweet, elle a encore évoqué la Cour européenne des droits de l’homme. On lui
répond que ses recours n’auront aucune chance d’aboutir. Qu’en pensez-vous ?

Avec l’entrée prochaine de la nouvelle Constitution, Mme Willmar vous demande d’ailleurs
de savoir si le nouveau texte apporte quelque changement par rapport au droit actuel.
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Prenez soin de bien analyser la nature des faits.

Écrivez un rapport juridique clair, argumenté et structuré. Distinguez nettement les divers
problèmes juridiques qui se posent.

Vous devez développer vos réponses juridiques en citant, à chaque fois, le numéro de l’article
précis du texte auquel vous vous référez et/ou la jurisprudence applicable.

Vous raisonnez d’abord en droit actuel, puis au regard de la future Constitution.

Le premier groupe d’étudiants jouera le rôle d’avocats du PADROB. En effet, suite aux
critiques de Mme Willmar, la présidente de la Chambre des députés, Mme Bollendorf, a
organisé une réunion afin de confronter les deux points de vue. Mme Willmar se fait
représenter à cette réunion par ses avocats (1 er groupe d’étudiants). De l’autre côté, il y aura
les experts juridiques de la Chambre des députés (joués par le 2 e groupe d’étudiants) : ils
aborderont également les diverses questions soulevées dans ce cas pratique, mais défendront
le point de vue de la majorité de la Chambre (les « avocats » de la Chambre).