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INTRODUCTION
Avec la pierre et le bois, la terre l’un des matériaux de construction les plus anciens de
l’histoire de l’humanité. Il s’agit d’un matériau disponible localement et en quantité suffisante,
présentant de nombreux avantages écologiques, thermiques, économiques et même esthétiques,
mais avec beaucoup de pathologies qui nécessitent d’être appréhendées en vue d’une utilisation
efficace. On parle alors de stabilisation de la terre, qui peut être mécanique, par compactage
essentiellement, chimique ou physique. C’est ce dernier aspect qui fait l’intérêt de la présente
étude, où il conviendra de balayer les méthodes de stabilisation physique de la terre en général, en
mettant tout de même un accent particulier sur celles par densification et par ajout d’armatures,
avec une analyse comparative et un arrêt sur le cas précis du Cameroun.
1. Contexte et justification
La terre est un matériau de construction auquel les ingénieurs et techniciens du bâtiment
qui la manipulent, connaissent beaucoup d’imperfections et de pathologies. Il est ainsi nécessaire,
lorsqu’on veut la mettre en œuvre, de combler les manquements que présente ce matériau, à
travers un processus dit de stabilisation qui peut nécessite l’apport d’adjuvants ou non.
On dénombre plus d’une centaine de produits pouvant être utilisés comme stabilisant dans
la construction en terre, qu’ils soient ajoutés dans la masse ou dans l’enduit. Bien qu’étudiée depuis
les années 1920, la stabilisation ne connaît toujours pas de « recette miracle » pouvant répondre à
tous les besoins. Les méthodes les plus pratiquées sont celles de : la densification par
compression, l’ajout de fibres au mélange, l’addition de ciment ou de chaux à la terre ou encore le
mélange de la terre avec du bitume. Mais il ne faut pas pratiquer la stabilisation de façon
automatique car celle-ci coûte relativement cher et complique la production du matériau en
ajoutant des études préalables. La terre présente déjà de nombreuses propriétés intéressantes à
l’état naturel. Les stabilisants ne sont donc pas toujours utiles. Ils doivent être utilisés de façon
réfléchie afin de répondre à des besoins faisant défaut. Ainsi, pour un projet, il existe trois façons
de procéder : Soit on construit avec la terre présente sur site en adaptant le projet à cette terre,
soit on importe de la terre afin de répondre aux exigences du projet, soit on modifie la terre présente
sur site afin qu’elle puisse correspondre au projet souhaité. Ce constat fait nous amène à bien
situer le contexte et la justification de cette méthode en ce sens qu’elle permet lorsqu’elle est bien
étudiée de palier à de nombreux problèmes liés aux faiblesses et aux insuffisances tant sur le plan
technique qu’esthétique des constructions en terre cuites. D’où la nécessité d’inclure dans le
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programme de formation un module qui traite de ce sujet afin de mieux préparer et de rendre plus
aptes le plus tôt possible les jeunes élèves ingénieurs dans la compréhension des différents
mécanismes et procédés de construction en terre en vue d’une innovation ou d’un
perfectionnement de ce domaine de la construction.
La stabilisation est par définition un ensemble d’actions ou processus mis en jeu pour
modifier les propriétés du système terre – eau – air, afin d’obtenir les propriétés permanentes ou
provisoires de compatibilité avec les exigences du projet. Stabiliser une terre c'est donc lui donner
des propriétés irréversibles face aux contraintes physiques ; c’est dire que ce processus nécessite
vivement une véritable maitrise et connaissance de :
Les propriétés et des constituants minéralogiques initiaux de la terre, qui influencent
largement tout comme le choix du stabilisant utilisé, le procédé de stabilisation, sont
essentiellement liés à ces propriétés de base que sont sa granulométrie, son état hydrique
qui est la valeur de sa teneur en eau, son indice de plasticité ou de liquidité ou l’activité du
sol par la mesure de son argilite, sa texture, sa teneur en matière organique …
Les améliorations ou les performances envisagées ;
Les économies réalisées sur l’ensemble du projet (coût, délai, maintenance, entretien) ;
La durabilité future envisagée.
En effet le choix du stabilisant en dépend fortement tout comme son efficacité est
fonction de la comparaison des performances avant et après le traitement du sol, de la
compatibilité avec les impératifs du projet : coût et délais de réalisation, coût d’entretien, gain du
point de vue économique ou des performances physiques et mécaniques acquises, l’atteinte des
différents objectifs liés au processus de stabilisation qui sont essentiellement regroupés en :
L’obtention des meilleurs caractéristiques mécaniques (compression, traction,
cisaillement)
L’obtention d’une meilleure cohésion lorsque l'on exerce sur le matériau une contrainte de
traction
La réduction de la porosité, du gonflement et du retrait
L’amélioration de la résistance à l’érosion due au vent et à la pluie ;
La réduction du risque d’abrasion de la surface et la perméabilité.
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C'est dire que ce procédé opère donc de trois manières différentes. La première est de jouer
sur la porosité du matériau terre en réduisant le volume de vides présents entre les particules de
celui-ci. La seconde est de modifier la perméabilité de la terre en obstruant les vides ne pouvant
être supprimés. La dernière possibilité est d’opérer à une modification de la résistance mécanique
en renforçant les liens entre particules.
Ces modifications peuvent se faire selon trois procédés différents : le premier est la
stabilisation mécanique. Cette méthode correspond à la compression de la terre, ce qui modifie sa
densité, sa résistance mécanique, sa compressibilité, sa perméabilité et sa porosité. Le second
procédé est la stabilisation physique. Il agit sur la texture de la terre en contrôlant la granulométrie,
en lui faisant subir un traitement thermique ou encore un traitement électrique. Le dernier système
est la stabilisation chimique. Elle correspond à la modification des propriétés de la terre par l’ajout
d’autres matériaux ou de produits chimiques. Il est important de préciser que « chaque stabilisant
n’agit pas obligatoirement selon un procédé exclusif mais il peut aussi cumuler plusieurs procédés :
physique et chimique » (Guillaud & Houben, 1995 : p. 81). Six mécanismes de stabilisation sont
majoritairement présents dans la construction en terre. Ceux-ci sont repris dans le tableau suivant
:
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A. METHODE « DENSIFIER »
A-1 Définition.
Il s’agit d’une méthode de stabilisation de la terre remaniée qui joue sur sa granulométrie
et le compactage. Dans le cas où l’on modifie la granulométrie de la terre, on parle de densification
par gradation et lorsqu’il est question de compactage, on parle de densification par compactage.
Principe : soit γd la masse volumique du matériau densifier, e = indice du vide, w = la teneur en eau
γd = γs/(1+e)
= γs(1-n)
= γh/(1+ω)
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Ainsi, densifier c’est augmenter γd,, c'est-à-dire diminuer e ou n .De manière plus explicite ,
ce procédé consiste à créer un milieu dense qui bloque les pores et les canaux capillaires.
Le compactage est une opération ayant pour but de permettre une réduction du vide
interstitiel, ce qui contribue à augmenter la densité sèche du matériau étant donné le lien étroit
chez la plupart des matériaux entre densité sèche et résistance mécanique. De plus, une terre qui
fait l’objet de ce procédé verrait sa compacité boostée ; par analogie au béton qui, plus il est
résistant, et plus il est dense. Dès lors, se distinguent 4 méthodes de densification par
compactage :
La compression statique : elle peut être manuelle ou hydraulique. Cependant, elle a vite
montré ses limites liées d’une part à l’insuffisance de la résistance mécanique obtenue vue
la méfiance à l’égard du matériau et d’autre part l’inadaptation de la technologie
hydraulique au contexte d’expérimentation notamment dans les pays chauds.
La compression dynamique par vibration.
La compression dynamique par impact.
La compression par pétrissage : il s’agit ici d’une consolidation de la terre crue à l’aide de
certains polymères et argiles très souvent utilisés comme enduits et repartis en 2 grandes
classes que sont les stabilisants d’origines animale et végétale. Toutefois, ces derniers ne
sont pas toujours disponibles in situ. Une trentaine de méthodes à travers le monde sont
employées pour ce type de stabilisation parmi lesquelles :
L’usage de cellulose avec les bouses de vaches et crottins : Ce sont de
véritables armatures à plusieurs échelles : du grain de sable à la plaquette
d’argile. La macromolécule de cellulose est assez stable et rigide quel que
soit le pH du milieu et les sels présents. Sa surface porte une faible charge
négative, parfois nulle. Elle est capable de s’adsorber facilement sur des
particules minérales. D’ailleurs, elle est suffisamment longue pour se fixer
à plusieurs plaquettes d’argile à la fois et les relier entre elles. Lorsque cette
adsorption est homogène et bien proportionnée, elle participe à la cohésion
du mortier et augmente la résistance de l’enduit. Cette méthode est aussi
utilisée au Burkina Faso comme stabilisant en forme d’enduits.
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Les fibres fermentées : cette méthode est très répandue au Mali avec les
balles de riz fermenté.
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Les propriétés de la terre sont plus influencées par la teneur en eau que par tout autre
paramètre. La présence d’eau dans le sol a une influence négative sur la résistance – en terme
général - d’une terre (diminution de la Résistance à la compression et à la traction, augmentation
du gonflement, du retrait et de la compressibilité).
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La compacité maximale est atteinte lorsque son indice des vides est au minimum. Cet état
est atteint pour une teneur en eau du sol dite optimale. Ainsi donc, il est important de noter qu’un
sol trop sec sera le siège de frottements entre les grains du sol. Et un sol trop humide sera moins
susceptible d’être compacté car une partie importante de l’énergie de compactage sera absorbée
par l’eau (incompressibilité) et ne sera donc pas communiquée aux grains du sol. Ces deux critères
nous permettent d’ores et déjà de limiter le champ d’action de la stabilisation par compactage. La
détermination de la teneur en eau optimale est faite au laboratoire et plus précisément en
géotechnique routière elle est obtenue à l’aide de l’essai Proctor. Il est important de souligner qu’un
compactage dynamique est mieux adapté aux sols à tendance pulvérulente.
Une granulométrie étroite ne permet pas d’atteindre une forte compacité. La courbe de
compactage est peu aplatie avec un maximum peu accentué. Par contre, les granulométries
étalées dont les matériaux ont des grains de grosseur variées, donnent des courbes de compactage
à maximum accentué, ce qui signifie que la compacité obtenue est meilleure.
Pour une teneur en eau donnée, si l’énergie de compactage devient trop élevée, la
diminution des vides peut avoir des effets suivants :
Rendre le sol très proche de son état de saturation ;
Induire une augmentation des pressions interstitielles qui va décompacter la terre, et à terme
conduire à sa liquéfaction.
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Pour une terre riche en fines : une terre de ce type peut être améliorée en enlevant les fines
par lavage. Toutefois, cette méthode est risquée car on risque d'enlever la totalité des fines.
Pour les sols très sableux ou très argileux: Si les terres disponibles sont très différentes et
particulièrement sableuses et argileuses, il sera nécessaire de les mélanger (reconstitution
artificielle d’un matériau de courbe granulométrique fixée d’avance). Il est théoriquement
possible d’obtenir une granulométrie spécifique par le mélange de matériaux de
granulométries différentes. Il suffit de calculer les proportions de chaque constituant de
granulométrie connu pouvant permette d’obtenir le matériau désiré. Les méthodes peuvent
être graphiques ou mathématiques (résolution d’équations du premier degré pour chaque
tamis de contrôle).
α%
Optimale
visée
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n
i (Ti ti ) 2 (Ti j t ji ) 2 , carré de l’écart granulométrique au tamis de rang i entre la
1
C’est la mesure de l’erreur correspondant au tamis n° i entre les tamisâts du matériau idéal S et
le mélange S’ des matériaux S1, S2,…, Sn.
m
L’erreur totale cumulée est : i .
1
Le but c’est de déterminer les inconnues qui minimisent cette erreur (d’où le problème
d’optimisation).
U i Ti tni
On pose : connus
u ji t ji tni
n 1 n 1 n 1
i (U i j u ji ) 2 U i 2 2U i j u ji ( j u ji ) 2
1 1 1
m
m n 1
n 1
i ; U i 2 2U i j u ji ( j u ji ) 2
1 1 1 1
m
i est donc une Forme Quadratique positive ou nulle, elle est minimale lorsque ses
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dérivées partielles par rapport aux αj sont toutes nulles (j=1à n-1), c’est-à-dire:
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0; k 1, n 1 ;
k
m 2 n 1 n 1
2
U i 2U i j u ji ( ju ji )
k k 1 1 1
m
2 n 1 n 1
U i 2U i j u ji ( ju ji ) 2
i 1 k 1 1
m
m
n 1
m n1 2
U i 2 2U i j ji
u ( ju ji )
i 1 k i 1 k 1 i 1 k 1
m
n1 m n1 2
0 2U i j ji ( ju ji )
k 1
u
k i 1 i1 k 1
m
n1
2U iuki 2uki ( j u ji )
i 1 1
m
n1 m m n1
0 2U iuki 2uki ( ju ji ) 0 U iuki uki ( ju ji )
k i 1 j 1 i 1 i 1 j 1
Pour i=1, n-1 on a n-1 équations linéaires; Pour j=1, n-1 on a n-1 inconnues αj ;
La résolution de ce système linéaire de n-1 équations à n-1 inconnues détermine α1, α2,…. et αn-1.
n 1
Enfin: on détermine n 1 j
1
Il est important de rappeler que les méthodes de densification ont pour but premier de boucher les
capillaires à l’intérieur du matériau terre afin d’en augmenter les capacités telles que la résistance ;
toutefois malgré les différents types de stabilisations dans cette catégorie, plusieurs
manquements se déplorent dans cette catégorie parmi lesquels:
Diminution considérable de la résistance en milieu humide
Mauvais comportement des matériaux: lorsqu’ils sont soumis aux sollicitations
dynamiques
Faible résistance aux tractions
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B. METHODE « ARMER ».
La stabilisation par armatures est un ensemble d’action ou processus mis en jeu pour modifier les
propriétés de la terre en y introduisant des particules appelées armatures fibreuses ou tout
simplement fibres.
Fibres
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Une série de paramètres agissent sur l’effet du renforcement parmi lesquels on peut citer :
Les dimensions des fibres : le module d’Young des fibres est proportionnel à leur
diamètre moyen, la déformation à la rupture est fonction de la section moyenne et
la longueur des brins est également importante et dépend du type de fibre utilisée.
La quantité de fibres : ce paramètre joue un rôle sur les performances du
renforcement. Il existe une quantité dépendant des types de matériau et de fibres
à ne pas dépasser, qui augment trop la masse volumique, réduisant dans une large
mesure les point de contacts de la matrice.
La qualité de fibre : il s’agit de leur type, l’état de leur surface… qui ont un impact
sur les propriétés mécaniques à apporter au matériau terre.
La distribution des fibres au moment du malaxage. Cette distribution doit être bien
faite pour éviter la formation de boules ou de nœuds entre les fibres, qui
concentrent les renforts seulement à certains endroits, créant des points faibles.
B-4 AVANTAGES :
Augmentation remarquable de la résistance à la traction des produits finis
Faible augmentation de la résistance à la compression à sec qui dépasse rarement les 15%
Des possibilités qu’ont les matériaux armés de fibres de subir de grandes déformations font
en sorte que leur utilisation en zone sismique est intéressante
Possibilité d’utiliser les fibres en combinaison avec d’autres stabilisants.
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B-5 INCONVENIENTS :
Les matériaux armés de fibres peuvent perdre leurs qualités lorsque :
Pour palier tous ces inconvénients, on pourrait avoir recours à certains liants synthétiques ou
minéraux à l’exemple du ciment.
Ces techniques de construction en terre fibrée ont été employées en France jusqu’au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale, puis ont cédé la place à de nouveaux matériaux, le béton
notamment, sous la pression d’un nouveau modèle économique. Le souci écologique d’un
développement durable amène à reconsidérer ces techniques soit en les réemployant directement
soit en les aménageant, par exemple en associant des fibres végétales à des liants hydrauliques.
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photo a : Mélange de terre plus fibres photo b : Mélange terre mouillée plus
végétales a sec fibres végétales
photo c : Mur fait en terre plus fibres photo d : Mur fait en terre plus fibres en
végétales (la bauge) verre.
Rappelons dans cette partie que « stabiliser la terre » consiste à intervenir sur les propriétés
du mélange terre-eau-air, afin de lui conférer des propriétés permanentes et meilleures que celles
à l’état initial. Les méthodes de stabilisation à employer dépendent des paramètres initiaux du
matériau et des propriétés qu’on désire lui conférer. Il n’existe donc pas de méthodes à priori plus
efficaces que d’autres.
Nous nous proposons tout de même de comparer les méthodes de stabilisation par
densification et par armatures, suivant les critères de résistance des matériaux, de mise en œuvre
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Du point de vue de la résistance des matériaux, les deux méthodes assurent une
amélioration de la résistance à la compression du matériau. La méthode de stabilisation par
armatures offre cependant une meilleure résistance à la traction qu’une simple méthode de
stabilisation par densification. La présence des fibres crée des efforts supplémentaires de
frottement entre la terre et les fibres ce qui rend le mélange moins fragile lorsqu’on le soumet à
des efforts de traction.
La résistance au cisaillement du matériau est meilleure dans le cas d’une stabilisation par
armatures que dans celui d’une stabilisation par densification, et s’améliore avec des propriétés
plus performantes des fibres. Une terre stabilisée avec des fibres présente également une très bonne
résistance à la fissuration ainsi qu’à la propagation des fissures car elles s’opposent au clivage
lorsque la contrainte augmente. Selon la résistance à la traction des fibres utilisées, la résistance au
cisaillement sera augmentée d’un certain degré (source : Traité de construction en terre, Guillaud &
Houben, 1995).
Si l’on compare la résistance d’un matériau renforcé avec des fibres au matériau original
sans fibre, on observe un mélioratif d’environ 15% pour le matériau contenant les fibres (Traité de
construction en terre, Guillaud & Houben, 1995). Néanmoins, il est à noter qu’un trop plein de fibres
dans le mélange allège considérablement le matériau tel qu’il diminue les points de contact entre
les fibres et la terre, et donc affaiblit sa résistance.
2. MISE EN ŒUVRE
Toute terre extraite d’une carrière doit premièrement être identifiée afin d’en connaitre les
propriétés. Les essais d’identification sont effectués in situ ou en laboratoire et permettent de
savoir quelle méthode appliquer, et à quelle proportion, pour améliorer les performances du
matériau. Après transport de la terre sur le site de la construction, les étapes de mise en œuvre
varient en fonction de la méthode employée et peuvent même être fonctions des connaissances et
du patrimoine socio-culturels de la région considérée.
Dans le tableau ci-après sont présentés les moyens mis en jeu pour chaque méthode de
stabilisation, et les étapes de leur mise en œuvre.
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Il est important de noter qu’il ne faut pas pratiquer la stabilisation de façon automatique
car celle-ci coûte relativement cher et complique la production du matériau en ajoutant des études
préalables. La stabilisation n’est pas toujours utile du fait que la terre à l’état naturel présente
généralement des propriétés déjà intéressantes.
3-2. Délais
Autant pour l’une que pour l’autre des méthodes faisant l’objet de la présente étude,
l’obtention de résultats peut prendre beaucoup de temps, par exemple des mois d’études
préalables. De plus, la mise en œuvre est lente, avec un temps de séchage relativement long.
3-3. Entretien
Le matériau terre employé dans la construction nécessite beaucoup d’entretien pour être
durable. L’entretien consiste généralement à une protection à l’aide d’un enduit afin de lutter contre
des conditions climatiques instables. Les deux types de stabilisation nécessitent de mettre sur
pied des mesures d’entretien :
Après densification, les pores du matériau sont réduits. Dans ce cas, il faut veiller à ne
pas boucher les trous afin de laisser respirer le matériau.
On peut procéder par injection de fongicides dans une construction en terre armée pour
lutter contre la prolifération des champignons.
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Les méthodes par armature et par densification peuvent être pratiquées de façon conjointe
dans les constructions en terre. Elles sont complémentaires, c’est-à-dire que l’une peut être
appliquée pour améliorer les performances de l’autre (le compactage d’une terre armée va
augmenter sa résistance à la compression) ou pour amoindrir les défauts de l’autre (l’ajout su sable
ou des fibres afin de réduire les effets de fissuration lors du séchage).
Ceci explique donc leur association dans certaines la mise en œuvre de certains éléments
et certaines techniques de construction en terre, à l’exemple du pisé ou technique de la terre
comprimée, de la bauge et même des adobes.
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Des constructions en terre crue stabilisée peuvent être observées dans d’autres régions du
Cameroun, notamment dans le Littoral et même le Centre, mais elles n’y sont pas très visibles, en
comparaison avec des édifices montés à l’aide de matériaux différents.
2. MANQUEMENTS
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Aussi, bien que les populations aient intégré dans leurs coutumes, des processus de
stabilisation physique du matériau « terre » pour leurs constructions, il demeure que ces méthodes
restent trop souvent appliquées de façon arbitraire. En effet, les dosages et la nature des
armatures, ou des matériaux de densification ne sont régis par aucune norme officielle, seulement
des expériences acquises de façon empirique, ce qui entrave la promotion du matériau terre et de
ses processus de stabilisation parmi les entrepreneurs et les propriétaires qui construisent en
milieu urbain. L’image des édifices en terre crue n’est alors crédible qu’en zone rurale, mais même
là ces-derniers sont en moindre proportion au fil du temps.
En outre, notre investigation nous a amenés à constater qu’il n’y a pas d’organe technique
au Cameroun qui soit engagé dans l’étude des propriétés physiques et mécaniques de la terre crue
stabilisée (stabilisation physique en l’occurrence) qui mettrait à disposition les résultats de son
travail, pour que les problèmes sus-évoqués puissent trouver un début de solution. Néanmoins,
cela ne nous empêche pas de saluer le travail abattu par la Mission de Promotion des Matériaux
Locaux (MIPROMALO) qui se fait tout de même un devoir d’accompagner les populations, autant
que faire se peut, dans le processus de restauration du matériau « terre » à la place qui lui revient
de droit.
CONCLUSION
En définitive, il était question pour nous de présenter les méthodes de stabilisation physique du
matériau terre, en insistant sur le cas particulier des méthodes « densifier » et « armer ». Il ressort
de cette étude que la stabilisation physique de la terre vise à optimiser sa réponse aux agressions
physiques du milieu d’encrage de l’édifice pour lequel elle est utilisée, et prolonger ainsi la durée
de vie de l’ouvrage. Nous avons aussi pu relever que ces méthodes sont appliquées de manière
artisanale en zone rurale, mais que l’absence de document technique normalisé sur les principes
de leur mise en œuvre constitue un gros handicap, dans un contexte où le matériau terre semble
être le mieux indiqué pour les constructions. En outre, le constat est également fait sur
l’insuffisance de la stabilisation physique vis-à-vis de certains facteurs environnementaux, ce qui
élargit la réflexion à d’autres moyens de stabilisation, et à une éventuelle possibilité de
combinaison de ces moyens.
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Bibliographie :
Cours de GCU 441 CT 2013 chapitre III STABILISATION, par Pr. MANJA Marceline.
Mémoire de fin d’études en vue de l’obtention du grade de Master en Ingénieur Civil
Architecte par Jehanne PAULUS, sous le thème CONSTRUCTION EN TERRE CRUE :
DISPOSITIONS QUALITATIVES, CONSTRUCTIVES ET ARCHITECTURALES – Application à un
cas pratique : Ouagadougou.
Mémoire de fin d'études réalisé en vue de l'obtention du grade de master Ingénieur Civil
Architecte par David Miraucourt, sous le thème Stabilisation du matériau terre crue pour
application en brique de terre comprimée au Burkina Faso.
Webographie :
https://www.facebook.com/workshopterrecrue/videos/2028344447240326/
http://doc.lerm.fr/bauge-et-torchis-la-collaboration-des-fibres-vegetales-et-de-la-terre/
www.patrimoine-fondjomekwet.com
www.dafouarchitecture.blogspot.com
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