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L
AUTEURS ’émergence des nouvelles technologies
LIMITES DU RÉFÉRENTIEL ACTUEL
a rendu obsolète le référentiel de relevé
Luc-Amaury George créé au début des années 1990. C’est
Directeur rechnique
NextRoad Engineering pourquoi le projet national Durée de vie En matière d’auscultation, le référentiel utilisé par
Julie Maignol des chaussées (PN DVDC) a créé, dans les outils actuels de relevés visuels présente de
Responsable technique et R & D
NextRoad Engineering son thème 2, un groupe de travail sur les relevés de nombreuses limites, notamment liées au facteur
Frédéric Sagnier dégradations et déformations : humain, qui influent sur la précision des relevés :
Chef d’agence
• Son premier volet a consisté à proposer une • prise en compte de 2 voies simultanément lors
Technologies Nouvelles
Sébastien Wasner
refonte de la méthode d’essai LPC n° 38-2 avec d’un même relevé, selon les cas ;
Adjoint au chef du laboratoire comme objectif de simplifier le nombre de modes • nombreux modes opératoires de relevés pouvant
Cerema
opératoires et le contenu pour tenir compte de induire des erreurs dues à la difficulté d’appropria-
l’amélioration des capteurs, de l’informatique tion de tous les modes ;
embarquée et réduire les dispersions dues aux • luminosité variable sur l’itinéraire de relevés
facteurs humains. (ombres, humidité…) ;
• Le second volet consiste à proposer une • insertion dans le trafic à des vitesses faibles ;
méthode de relevé s’appuyant sur les possibilités • objectivité des opérateurs (nécessité de forma-
apportées par les relevés automatiques, ce qui tions et qualifications) ;
représente une véritable rupture imposant de • attention des opérateurs sur toute la durée du
reconcevoir l’ensemble de la méthode sans les relevé ;
contraintes des relevés visuels traditionnels. Cet • homogénéité entre les différents opérateurs ;
article présente le travail réalisé au sein de DVDC • précision sur la localisation des informations.
sur ce thème.
–Figure 1–
Une (r)évolution dans le domaine de l’auscultation.
UNE VÉRITABLE RUPTURE DANS
LES TECHNIQUES D’AUSCULTATION
analyses spatiales ;
• une véritable localisation surfacique des don-
nées, non limitée à leur début et à leur fin ;
• le passage d’une approche linéaire à une
approche surfacique, voire 3D, pour les déforma-
tions, beaucoup plus pertinente et précise pour
détecter à la fois gravité et étendue d’un défaut
identifié.
À titre d’exemple, ces nouvelles technologies
peuvent restituer beaucoup plus d’informations
relatives aux fissures (figure 2, photo 1 et tableau 1),
qui contribuent à mieux les caractériser : –Photo 1–
• longueur réelle des fissures ; Faïençage sur une route
• taux de ramification (via la densité) ; départementale.
• ouverture moyenne ;
• localisation exacte ;
• déformations au droit des zones fissurées.
Ainsi, il semble délicat de relier directement les
relevés automatiques aux méthodes d’essai
é tablies dans les années 1990 : l’état de surface
est caractérisé de façon différente et l’approche
du relevé des dégradations, des déformations
et de la macrotexture est désormais au moins
surfacique.
Si cette approche plus fine constitue assurément –Tableau 1–
une plus-value pour une meilleure définition des Comparaison entre un relevé visuel et un relevé automatique sur le faïençage de la photo 1.
besoins d’entretien, les référentiels existants ne
RD0 0, PR 5+200 à 5+235 Relevé visuel Relevé automatique
semblent plus adaptés. Au contraire, il devient
Type de localisation Relevé en début/fin Relevé en (x,y)
essentiel de mettre en place une nouvelle méthode
d’essai spécifique prenant en compte de belles Faïençage non spécifique
bande de roulement
avancées :
• une qualité du relevé ne dépendant plus des Surface du faïençage : 140 m²
facteurs humains et des conditions de relevé ; Données obtenues Longueur du faïençage : 35 m
Densité des fissures : 15 m/m²
• une meilleure répétabilité ;
• une connaissance améliorée des pathologies ; Pas de déformations
sur la dégradation
• une estimation de l’évolution de l’état des chaus-
sées plus fiable et plus fine.
C’est à partir des expériences des différents opéra-
FAIRE TABLE RASE DES PRÉJUGÉS teurs de matériels de relevés automatiques qu’une
Le niveau d’information souhaité oblige toutefois première méthode de relevé a été établie. Ses
à préciser en amont du relevé des notions parais- grandes lignes en sont présentées dans la suite de
sant évidentes. En effet, les définitions actuelles cet article.
des dégradations sont fondées sur des images
connues de tous, mais qui n’ont jamais été décrites EN RÉALITÉ, QUELLES DIFFÉRENCES SUR LE TERRAIN ?
formellement. Afin d’évaluer l’apport des nouvelles technologies
Ainsi, il est difficile pour l’instant de donner une d’auscultation 3D et de vérifier leur niveau de
description exacte et objective de la notion de performance, le conseil départemental de l’Eure
faïençage. (CD 27) a mis à disposition du groupe de travail des
Or, cette subjectivité, liée à l’expérience et à l’intui- planches de référence sur lesquelles des relevés
tion, est impensable à émuler dans un système récents avaient été réalisés.
automatique, qui doit être fiable, démontrable, et L’objectif était de comparer un relevé de dégrada-
dont les résultats doivent être répétables. Il tions de type « M3 » à un relevé de dégradations et
convient donc de formaliser des définitions afin de déformations provenant des détections automa-
disposer d’un référentiel technique homogène tiques réalisé par le système LCMS. Le véhicule
chez tous les ausculteurs et de concevoir une nou- Evalis3D de la société Technologies Nouvelles a
velle méthode de relevé intégrant les volets dégra- effectué les relevés 3D sur ces planches, dans les
dations et déformations. deux sens de circulation, à la vitesse de 80 km/h.
Nouvelles technologies
Le LCMS (Laser Cracks Measurement System) est un
La technologie LCMS.
capteur à balayage laser fourni par la société
Pavemetrics, issu de l’Institut national d’optique du
Québec (INO). Ce capteur est composé de deux
émetteurs laser et de deux caméras vidéo, dont le rôle
est d’acquérir deux images matérialisant l’intersec-
tion entre la surface de chaussée et un plan lumineux.
Grâce à l’ensemble des profils acquis, on peut consti-
tuer une image « 3D » représentant 2,5, 5 ou 10 mètres
de longueur de chaussée, sur 4 mètres de largeur.
La résolution transversale du LCMS est de 1 mm, et sa
résolution longitudinale est de 1, 2,5 ou 5 mm, en fonc-
tion de la vitesse maximale retenue pour l’auscultation.
Les LCMS peuvent relever les dégradations de la Il est également possible d’en fusionner plusieurs
chaussée, mais aussi les déformations, tant longitu- passages afin de disposer de relevés sur plusieurs
dinales que transversales, ainsi que la macrotexture. voies ou sur une plate-forme.
Aigle 3D Diagway 2
Evalis 3D SYMAN®
Les sections auscultées étaient de type route Le relevé automatique a une meilleure granularité sur
b idirectionnelle. Sur le schéma itinéraire de la l’étendue des pathologies avec une visualisation surfa-
figure 3 sont représentés les principaux résultats cique des dégradations (non représentée sur le schéma
obtenus lors de cette comparaison. itinéraire) et une précision beaucoup plus fine concer-
Dans la partie haute du schéma (partie verte) nant leur description. Dans le cas de la fissuration par
a été reportée la fissuration relevée selon le exemple, chaque segment de fissure élémentaire est
mode opératoire M3 de la méthode d’essai décrit selon sa position, sa longueur et son ouverture.
LCPC n° 38-22 (dégradations présentes sur les deux Il ressort de cette expérimentation que les relevés
voies saisies en début/fin lors d’un passage dans automatisés fournissent une caractérisation diffé-
un seul sens). rente de l’état de surface à partir d’une approche
Dans les parties suivantes, les couleurs bleu (voie surfacique des dégradations et non plus linéaire en
lente sens 1) et saumon (voie lente sens 2), « extension/gravité » comme le proposent les
représentent, au pas de 10 mètres, les linéaires de méthodologies actuelles de relevé. Cette approche
fissures cumulées pour chaque sens. surfacique est également disponible pour les
Malgré une assez bonne corrélation des zones de fis- mesures des déformations longitudinales et trans-
suration détectées, la comparaison a mis en évidence versales, ainsi que pour la macrotexture. Les relevés
les limites du relevé visuel en termes d’exhaustivité automatiques ne fournissent toutefois pas instan-
et de précision, celui-ci globalisant davantage les tanément des niveaux de gravité et d’étendue, qui
informations (absences ou surdosage). nécessitent un post-traitement.
–Figure 3–
Schéma itinéraire
de relevé LCMS.
Cette expérimentation n’a cependant pas mis en évi- Le niveau de détail fourni par ces appareils s’appa-
dence les performances métrologiques (répétabilité, rente à des niveaux M1 et M2 de la méthode d’essai
reproductibilité, justesse…) des appareils disposant LCPC n° 38-2, voire leur est supérieur.
des nouvelles technologies 3D. Pour répondre à cet L’un des objectifs du projet DVDC est de proposer un
objectif, une campagne d’essais croisés, initiée par mode opératoire spécifique à même de fournir des
l’Asfa, est prévue au printemps 2021 afin d’évaluer relevés plus fiables, plus précis et plus riches que ceux
le niveau de dispersion des indicateurs élémentaires réalisés jusqu’alors dans le cadre des relevés visuels
restitués par les différents appareils de mesure dispo- traditionnels. Les besoins des maîtres d’ouvrage sont
nibles. Les cinq principaux acteurs du projet DVDC bien de disposer d’indicateurs mettant en évidence
(Cerema, Diagway, Ginger CEBTP, NextRoad et Techno- les pathologies existantes et rendant possible la pré-
logies Nouvelles) ont accepté de participer à ce projet. conisation de techniques d’entretien adaptées.
La société APRR, représentée par Absamad Elabd, est Dans un premier temps, le groupe de travail a listé
chargée du pilotage de cette opération. Un circuit de les principales techniques d’entretien des chaussées
relevé composé de 6 planches présentant des caracté- existantes, puis a observé quelles pathologies
ristiques différentes (âge du revêtement, nature, état) entraînaient le choix de telle ou telle technique. En
a été sélectionné et sera ausculté en même temps par effet, partir d’un ensemble de techniques d’entre-
tous les véhicules pour que les conditions de relevé tien et vérifier le niveau d’informations nécessaires
soient identiques et la comparaison ultérieure la au choix de leur application permet de mettre en
plus objective possible. Certaines planches feront perspective les éléments à relever lors de l’ausculta-
l’objet de plusieurs passages pour chaque véhicule. tion du point de vue qualitatif et quantitatif (dégra-
L’analyse des résultats portera dans un premier dations, déformations, déflexions, etc.). Ce principe
temps sur les descripteurs élémentaires, qui seuls est notamment utilisé dans le guide Aide au choix
permettent de juger facilement de la répétabilité et des techniques d’entretien des couches de surface des
de la reproductibilité des essais, afin de limiter chaussées1. Par exemple, si le support est faïencé, le
l’impact des opérations réalisées par les différents choix de réaliser un enduit n’est pas adapté.
partenaires lors des traitements en phase d’exploi- Dans un second temps, le groupe de travail a établi
tation des données (agrégation des descripteurs, une liste de descripteurs afin de caractériser
définition de nouveaux indicateurs…). chaque pathologie. Ce travail d’association patho-
La comparaison sera réalisée sur les descripteurs logie – descripteur – techniques d’entretien est
élémentaires issus des algorithmes fournis par le présenté dans le tableau 2. Il constitue un point
fournisseur de matériel (Pavemetrics pour le LCMS), d’entrée pour analyser l’apport des relevés auto
chaque participant explicitant la méthode mise en matiques par rapport aux indicateurs attendus.
place pour calculer les indicateurs de dégradations
tels qu’attendus par l’Asfa.
QUELS DESCRIPTEURS RETENIR ?
Le travail illustré précédemment a contribué à l ister Les définitions « classiques » des dégradations four-
les avantages potentiels des appareils de relevés nies dans la méthode d’essai LPC n° 523 sont essen-
automatiques et leur capacité à délivrer des infor- tiellement fondées sur des descriptions générales
mations plus fiables et répétables que celles pro complétées par des images et des photos permet-
venant des relevés réalisés par un o pérateur. tant aux opérateurs de réaliser un relevé visuel.
–Tableau 2–
Lien entre pathologie, descripteurs et entretien des chaussées.
• Reprofilage Tous Sur structure souple ne pas mettre une GB. GE c’est bon
• Purge profonde (touche la structure) Tous Présence de réseaux enterrés - densité de purges
• Purge superficielle (porte sur le revêtement de surface) Tous Problème structurel - densité de purges
• Rebouchage de nids de poule (pour mémoire) Tous
• BBME Tous
• BBDr Enrobés En urbain, périurbain, trafic faible, VH
• BBF (BB à froid) Tous Trafic faible à moyen
Enrobés - structure
• BCMC Sections courantes
en bon état
Techniques lourdes
• Renforcement Tous
• Retraitement en place à froid (émulsion) Tous
• Retraitement en place à froid hydraulique Chaussées GH
Dans le cadre des relevés automatiques, ces Les premiers travaux, en cours de réalisation,
définitions ne sont pas directement appli- consistent à proposer des définitions de dégrada-
cables, car pas suffisamment descriptives, tions de chaussée fournissant des caractéristiques
notamment en termes de géométrie et de minimales de reconnaissance « utilisables par des
quantification. Par ailleurs, les relevés automa- systèmes de traitement informatiques », puis des
tisés contribuent à la constitution d’un recueil paramètres objectifs de classification pour évaluer
des dégradations plus précis en termes de loca- leur gravité. Ces travaux étant toujours en cours au
lisation et d’informations disponibles, comme moment de la rédaction de cet article, seule
cela a déjà été évoqué. l’approche relative à la fissuration est abordée ici.
Indications Indicateurs
Niveau de
Extension surfacique des
Fissuration sans déformation Déformation
fissures
(IP ?)
Amplitude
Etanchéité, agglo Ressuage Présence agglo Etanchéité Déflexion (?)
déformation
Amplitude
Etanchéité Ressuage Etanchéité
déformation
Idem BBSG sur trafic canalisé ou giratoire Adhérence Arrachement Fissuration et déformation en BdR
Précipitations,
Idem BBSG, accepte des déformations Adhérence Arrachement Fissuration et déformation en BdR
Orniérage ou flaches, charges statiques,
Adhérence Arrachement Fissuration et déformation en BdR
freinage ou démarrage fréquents
Chaque fissure élémentaire détectée est consti- • La longueur « projetée » d’une fissure corres-
tuée de plusieurs segments élémentaires dispo- pond à la longueur de sa projection orthogonale
sant de caractéristiques telles que la longueur sur sa droite de régression.
et l’ouverture : • Le taux de ramification d’une fissure transver-
• L’o r i e n t a t i o n d ’u n e f i s s u r e é l é m e n t a i r e sale ou longitudinale pourrait être calculé
c orrespond à l’angle de la droite de régres- comme le rapport entre la longueur des projec-
sion par rappor t à l’axe de la voie, calculée tions et la longueur du linéaire concerné. Il vau-
en prenant en compte ses tronçons élémen- drait ainsi 1 ou plus, ce qui est assez logique
taires. intuitivement.
–Figure 5 –
Analyse d’une fissuration par mailles.
Terminologie
• Tronçon élémentaire : segment rectiligne de
petite dimension.
• Fissure élémentaire : fissure constituée de
plusieurs tronçons contigus.
• Fissure : fissures élémentaires pas forcément
contiguës, mais agrégées, dont le nombre
d é p e n d d e s o n ni veau d ’é t at (f r an c h e,
r amifiée).
• Faïençage : stade le plus élevé de la fissu-
ration.
• Descripteur unitaire : grandeur mesurée brute
c a r a c té r is a nt u n e d é g r a d at i o n o u u n e
–Figure 6–
d éformation, par exemple la longueur de fis-
Cas d’une fissure franche.
sure dans une maille de 25 x 25 cm ou son
ouverture.
• Descripteur agrégé : grandeur résultant d’un
traitement des données unitaires issues des
capteurs, comme leur taux de f issuration
selon leur ouverture sur une s urface donnée.
• Indicateur : grandeur agrégée sur une surface
donnée combinant plusieurs descripteurs.
• Indicateur structurel : grandeur issue du
regroupement sur une chaussée des indica-
teurs de dégradation et de déformation et
d’autres données comme la déflexion, l’état
des interfaces… permettant ainsi de connaître
–Figure 7– l’état structurel de la chaussée et sa durée
Cas d’une fissure ramifiée. de vie.
Pourcentage GO (%)
40 Ecart LCMS - MLPL
d’une chaussée.
30
De même, le positionnement des informations, 20
et plus particulièrement de la fissuration, par 10
0
rapport aux bandes de roulement (BdR) semble -3 - 2,5 -2 - 1,5 -1 - 0,5 -0 - 0,5 1 - 1,5 2 2,5 3
une p ropriété importante pour le groupe de Point NBO
travail. 40
Pourcentage MO (%)
La difficulté rencontrée concerne la localisation 30
même des BdR, qui n’a jamais été définie rigou- 20
reusement et qui n’est pas fixe, même au sein 10
0
d’un même réseau. Traditionnellement, la réalité -3 - 2,5 -2 - 1,5 -1 - 0,5 -0 - 0,5 1 - 1,5 2 2,5 3
est généralisée, par exemple en donnant la posi- Point NBO
CONCLUSION
–Figure 11–
Maillage de type IRL.