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Macroéconomie

I: Chapitre 6
L1 EG 2022-2023

CHAPITRE 6:
Le modèle ISLM
Jordan Loper
Université Clermont Auvergne, CERDI
Macroéconomie 1, L1 EG, J. Loper 1
CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Plan de chapitre
1. Motivation
1.1 La Grande Dépression
1.2 De la théorie Classique…
1.3 à la théorie Keynesienne
1.4 Origines du modèle IS-LM
2. La courbe IS
2.1 Le marché des biens et la courbe IS
2.2 Le taux d'intérêt, l'investissement et la courbe IS
2.3 La courbe IS
3. La courbe LM
3.1 Théorie de la préférence pour la liquidité
3.2 Revenu, demande de monnaie et courbe LM
Au termes de ce chapitre, vous devrez :
- Comprendre les caractéristiques de la fonction de consommation et les interactions entre la demande, la
production agrégée et le revenu,
- Interpréter la relation IS et expliquer la forme de la courbe IS
- Expliquer le principe du multiplicateur.
- Comprendre comment déterminer la courbe LM et expliquer sa forme.
- Comprendre a quoi se réfère le concept d’équilibre dans le modèle IS-LM.
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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 1: Motivation
Partie 1.1: La Grande Dépression

Entre 1929 et 1939, les Etats-Unis font face a la plus grande crise économique jamais rencontrée, appelée la Grande
Dépression, qui a commencé par un krach boursier (le marche boursier a perdu quasiment 90% de sa valeur entre 1929
et 1933...)

Précédant la crise, les consommateurs et investisseurs faisaient face a une vague d'optimisme. Le système économique
reposait sur un endettement important des ménages, une surproduction, de la spéculation sur les actifs financiers.

Le pic de la crise a été entre 1932 et 1933 ou 25% de la population active s'est retrouvée au chômage (3% de chômage
en 1929...). La faillite de nombreuses banques a provoqué un "bank-run" et le revenu moyen des ménages a diminué de
40% pendant la crise...

La perte de ressources monétaire a généré une vague de migration sans précèdent (Les raisins de la colère, J. Steinbeck)

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 1: Motivation
Partie 1.1: La Grande Dépression

Pendant la Grande récession, la faillite des banques a provoqué un effondrement de l'offre de monnaie et une baisse
des prix et des salaires. La Fed est souvent critiqué dans son rôle lors de la Grande Récession car elle a réduit l'offre de
monnaie !!!
“You're right. We did it. We're very sorry. But thanks to you, we won't do it again.“ - Ben Bernanke à Milton Friedman
(2002)

John Maynard Keynes publie un livre en 1936 "La théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" qui visait à
élucider le phénomène de chômage de masse.

La théorie Classique ne peut expliquer la Grande Récession: la production est seulement dirigée par les facteurs de
production et la technologie mais aucun ne varie vraiment pendant la crise...

(1) : Y = F(K; L) = Y

Keynes propose de nouvelles bases de la théorie économique : c'est la faiblesse de la demande agrégée qui est à la base
de la chute des revenus et de la hausse du chômage
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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 1: Motivation
Partie 1.2: De la théorie Classique…

Nous avons vu dans le Chapitre 3 que pour la théorie Classique, la production du point de vue de l'offre est déterminée
uniquement par les facteurs de production et la technologie, laquelle est donnée tandis que les inputs sont fixés par le
marché des facteurs de production qui est parfaitement concurrentiel.
(2) : Y = F(K; L) = Y

* Il n'y a donc pas de chômage involontaire, les salaires s‘égalisent pour assurer que l'offre de travail est égale à la
demande de travail.
* La quantité de capital qui est déterminée sur le marché des biens de capitaux, les biens d'investissement sont
échangés à un prix qui est le taux d'intérêt réel (taux de rendement du capital).

La demande agrégée est la destination de l'offre agrégée, les prix étant parfaitement flexibles, ils vont s'ajuster pour
s'assurer que O=D.

(3) : Y = C(Y - T) + I(r) + G

=> Les prix relatifs des biens et services et les prix des facteurs de production équilibrent les marchés respectifs.
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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 1: Motivation
Partie 1.2: De la théorie Classique…

Les individus détiennent de la monnaie uniquement pour faciliter les transactions, les variables monétaires sont donc
déterminées uniquement sur le marché de la monnaie:
• L'offre de monnaie émane de la banque centrale,
• La demande de monnaie est déterminée par le montant des achats de biens et services que les agents économiques
souhaitent réaliser.

Þ Les variables monétaires (offre et demande de monnaie, niveau général des prix) n’ont pas d’effets sur les quantités
(neutralité de la monnaie).

(4) : M x V = P x Y
(5) : ΔM = ΔP

Il y a donc une dichotomie entre la sphère réelle et la sphère nominale (voir slide suivant).

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Section 1: Motivation
Partie 1.2: De la théorie Classique…

La théorie Classique est une théorie de long-terme, i.e. on suppose que les prix sont flexibles, alors qu'il est
communément supposé qu'ils sont rigides à court-terme.
La relation entre production et prix dépend donc de l'horizon temporel considéré....

- Pour comprendre cela, on peut tracer la courbe d'offre agrégée qui résume le lien entre la quantité de biens et
services produits et le niveau général des prix (nous verrons plus bas comment déterminer la courbe de demande
agrégée).

- A long-terme (théorie Classique), la courbe d'offre agrégée de long-terme (AS-LT) est donc verticale. Ce sont alors les
variations de la demande agrégée qui déterminent le prix (et non la production).

=> En supposant que la demande agrégée est fonction de la demande de monnaie, cela confirme la dichotomie
Classique, i.e. le niveau de production est indépendant de l'offre de monnaie.

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Section 1: Motivation
Partie 1.2: De la théorie Classique…

On peut donc résumer l'esprit de la théorie Classique en un graphique simple d'offre et de demande agrégée (a long-
terme).

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Section 1: Motivation
Partie 1.3: à la théorie Keynesienne

En réalité, à court-terme, les prix sont rigides et ne s'ajustent donc pas instantanément aux variations de la demande.

Þ Cette rigidité de prix de court terme empêche la courbe d'offre agrégée de court-terme (AS-CT) d‘être verticale...

Dans le cas extrême où les prix ne peuvent pas bouger, la courbe AS devient même horizontale. Dans ce cas, puisque les
prix ne s'ajustent pas à une hausse de la demande agrégée, c'est la production qui doit le faire ! C'est la base de la
réflexion de la théorie Keynesienne.

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Section 1: Motivation
Partie 1.3: à la théorie Keynesienne

Face a cette incapacité de la théorie Classique à comprendre la Grande Récession, Keynes offre une vision nouvelle de la
théorie économique avec son livre de la Théorie Générale.

Il met en avant le concept de chômage involontaire, i.e. que les agents peuvent ne pas travailler alors même que le
salaire de marché est au dessus de leur salaire de réserve.

Þ Ce chômage involontaire résulte d'une insuffisance de la demande effective, définie comme l'intersection de la
demande agrégée et de l'offre agrégée. En d'autres termes, la demande effective est inferieure a la demande qui
assurerait le plein-emploi.

Keynes critique donc la théorie Classique qui fait l'hypothèse que l'offre agrégée (capital, travail, technologie) est le seul
déterminant du revenu national. Selon lui, c'est la faiblesse de la demande agrégée qui est à l'origine de la chute des
revenus et de la hausse du chômage.

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Section 1: Motivation
Partie 1.3: à la théorie Keynesienne

Les économistes contemporains ont réconcilié ces deux approches a travers le modèle AS-AD que vous verrez en L2. La
source de la macro moderne est base sur l'hypothèse réaliste que :
* à long-terme, les prix sont parfaitement flexibles et l'offre agrégée détermine le revenu,
* à court-terme, les prix sont rigides et ce sont les variations de la demande agrégée qui affectent le revenu.

La théorie Keynesienne met en avant l'importance de la demande agrégée pour comprendre les crises économiques.
Elle a connu un regain d'intérêt pendant la crise de 2007, notamment a travers des plans de relance de la demande.

Aux Etats-Unis, Obama nouvellement élu a applique le "American Recovery and Reinvestment Act" (ARRA) en Février
2009 dont l'objectif est de soutenir l'emploi en réponse à cette crise financière de grande ampleur. Ce type politique de
relance a été appliqué dans de nombreux pays affectés par la crise.

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Section 1: Motivation
Partie 1.3: à la théorie Keynesienne

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Section 1: Motivation
Partie 1.3: à la théorie Keynesienne

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Section 1: Motivation
Partie 1.4: Origines du modèle IS-LM

La Théorie Générale de Keynes reste un livre complexe dont l'interprétation a fait débat au sein des économistes.
"Je pense ne dévoiler aucun secret en armant solennellement que personne a Cambridge, Massachussetts, ne comprit
vraiment ce dont il s'agissait dans le livre de Keynes jusqu'a 12 ou 18 mois apres sa parution." - Samuelson (1964)

- En 1937, Hicks propose une modélisation pour "traduire" la théorie de Keynes, qui sera la base du modèle IS-LM .
Þ L'objet du modèle IS-LM est de montrer ce qui détermine le niveau de revenu a niveau de prix donné. Il peut donc
être interprété comme montrant les déterminants de la variation de revenu a court-terme, lorsque les prix sont fixes.

Le modèle IS-LM est résumé deux équations (courbes) :


- La courbe IS, IS désignant l'Investissement et l'Epargne ('Saving'): représente le marché des biens et services que
nous avons étudié au Chapitre 3.
- La courbe LM, LM désignant Liquidité et Monnaie: représente l'offre et la demande de monnaie discuté au Ch. 5.

Þ Puisque le taux d'intérêt affecte à fois la demande d'investissement et la demande de monnaie, il relie les deux
marches du modèle. L'interaction entre ces deux marchés va déterminer la demande agrégée et donc le revenu
national de court-terme.
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Section 2: La courbe IS
Partie 2.1: Marché des biens et la courbe IS

Keynes propose une loi psychologique des consommateurs qui est basée sur l'idée que nous accroissons notre
consommation lorsque notre revenu augmente, mais dans une proportion moindre.
S'il fallait formaliser cette loi :

où ΔC est la variation de la consommation et ΔY est la variation de la production.

Rappelez vous la définition de la propension marginale à consommer (PmC) dans le Chapitre 3 qui désigne la variation
de consommation résultant d'un accroissement du revenu disponible d'une unité monétaire, c'est bien ΔC/ΔY !

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Section 2: La courbe IS
Partie 2.1: Marché des biens et la courbe IS

Par conséquent, si vous vous souvenez la fonction de consommation introduite dans le Chapitre 3 :

(7) : C = C(Y - T)

où C(.) est une fonction, nous pouvons lui donner la forme fonctionnelle suivante :

(8) : C = c x (Y - T) + b

où c est la PmC (attention de ne pas confondre c et C) et b est une constante appelée consommation incompressible. Ici,
nous avons fait l'hypothèse que les impôts, T, sont exogènes.

Pourquoi peut-on dire que la PmC et c sont le même objet? Rappelez vous que la PmC correspond à la pente de la
fonction de consommation sur le plan (C,Y) qui correspond exactement au coefficient c dans l‘équation linéaire (8).
D’après la loi psychologique de Keynes, cette pente est donc inferieure à 1.

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Section 2: La courbe IS
Partie 2.1: Marché des biens et la courbe IS

Quelle est la différence entre propension marginale a consommer et propension moyenne a consommer?

- La propension moyenne a consommer (PMC) est le niveau de consommation en proportion du revenu : C/Y
- La propension marginale a consommer (PmC) est la consommation additionnelle résultant d'une hausse du revenu
d'une unité : ΔC/ΔY

Dans le cas de la fonction affine (8), nous avons

Par consequent, PMC > Pmc.

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 2: La courbe IS
Partie 2.1: Marché des biens et la courbe IS

Il est maintenant possible de représenter la fonction de consommation (8) dans un diagramme dit "diagramme à 45
degré", lequel va déterminer le niveau d‘équilibre du revenu et donc de la production globale dans une économie
simplifiée (en économie fermée).

On sait que le marché des biens et services est équilibré dès lors que la production globale (le PIB) est reparti entre
consommation privée, investissement, dépenses publiques :

où dans une première étape, on va supposer que l'investissement et les dépenses publiques sont exogènes, i.e. I = I et G
= G.
=> La dépense effective désigne donc la production globale, i.e. le PIB, tandis que dépense prévue désigne le montant
que les ménages, entreprises et Etat désirent acheter en biens et services.

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Section 2: La courbe IS
Partie 2.1: Marché des biens et la courbe IS

Nous allons voir dans un diagramme que le marché des biens et services est équilibré lorsque la courbe représentant les
dépenses prévues croise la droite à 45 degré.

Commençons par la dépense prévue que l'on peut très bien représenter graphiquement comme une fonction du
revenu. Puisque I et G sont exogènes, elle ne va dépendre que du revenu à travers la fonction de consommation.

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Section 2: La courbe IS
Partie 2.1: Marché des biens et la courbe IS

Le marche des biens et services est a l‘équilibre dès lors que la dépense prévue est égale à la dépense effective, i.e. tout
ce qui est produit est dépensé :

(12): Y = C(Y - T) + I + G

La droite à 45 degré (premiere bissectrice) représente tous les points pour lesquels cette condition est vérifiée

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Section 2: La courbe IS
Partie 2.1: Marché des biens et la courbe IS

L‘écart entre la dépense effective et la dépense prévue (PE) correspond à des variations de stocks:

• Si la dépense effective > PE, alors le stock des entreprises augmente puisqu'elles vendent moins que ce qu'elles ont
effectivement produit. Cet accroissement non programmé des stocks incite les entreprises à limiter leur production,
ce qui se traduit par une baisse du PIB jusqu'au point ou la production égalise avec les dépenses.

• Si la dépense effective < PE, alors le stock des entreprises diminue puisqu'elles vendent plus que ce qu'elles ont
effectivement produit. Cette réduction des stocks incitent les entreprises a produire plus jusqu'au point d‘équilibre
ou la production globale est égale aux dépenses.

• Si la dépense effective = PE, alors le marche des biens et services est équilibre puisque tout ce qui est produit est
dépense.

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 2: La courbe IS
Partie 2.1: Marché des biens et la courbe IS

A partir de ce graphique simple, on peut en déduire un résultat simple connu comme le concept de multiplicateur des
dépenses publiques . Il nous indique combien augmente le revenu en réaction a une hausse d'une unité monétaire
des dépenses publiques.

Ce multiplicateur est supérieur a 1. Pour comprendre ce résultat, reprenons l‘équilibre (10) dans lequel nous mettons la
forme fonctionnelle de la fonction de consommation (8):

2 remarques:
1) Pour regarder l'effet d'une hausse des dépenses publiques, supposons une hausse de la valeur exogène de G.
2) On peut très bien trouver le multiplicateur sans imposer une forme fonctionnelle de la fonction de consommation, à
l'aide d'un peu de calculs différentiel, nous obtenons le même résultat...

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Partie 2.1: Marché des biens et la courbe IS

Supposons maintenant que l'Etat décide d'augmenter les dépenses publiques d'1 euro, alors la hausse de production
sera de 1/(1-c) > 1. En d'autres termes, on peut définir le multiplicateur des dépenses publiques comme l'effet d'une
hausse de G sur Y :

L'effet multiplicateur peut être très important puisque si c = 0.8, alors le multiplicateur 1/(1 - c) = 5 : une dépense
publique de 1000 euros permet d'augmenter la production globale de 5000 euros !!

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 2: La courbe IS
Partie 2.1: Marché des biens et la courbe IS

Pour comprendre ce résultat, il faut tracer les hausses de consommation (C) qui résultent de la hausse de production (Y),
elle-même résultat de la hausse des dépenses publiques (G) :

• L'Etat injecte ΔG dans l‘économie qui a pour impact direct d‘augmenter la production: ΔY1 = ΔG,
• Cette augmentation de Y va stimuler la consommation dans une proportion c: ΔC1 = c x ΔY1,
• La hausse de C se transforme en une hausse de revenu: ΔY2 = c x ΔY1,
• La nouvelle hausse de Y sera à nouveau consommée dans une proportion c: ΔY3 = c x ΔY2 = c2 x ΔY1.

Si on applique cette boucle « consommation-revenu-consommation » indéfiniment, on obtient l'impact total d'une


variation de G sur Y:

ΔY = (1 + c + c2 + c3 + …) x ΔG
= 1/(1-c) x ΔG

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Section 2: La courbe IS
Partie 2.1: Marché des biens et la courbe IS

Þ Dès lors que l'on accepte le concept de multiplicateur des dépenses publiques, on comprend le rôle que peut avoir
les politiques de relance en situation de crise, notamment pour limiter la hausse du chômage.
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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 2: La courbe IS
Partie 2.1: Marché des biens et la courbe IS

Une autre alternative pour relancer l‘économie est de jouer sur une baisse des impôts, T. La démarche est la même, a
l'exception que nous relâchons maintenant l'hypothèse que les impôts sont fixes.

Nous pouvons reprendre l'Equation (12) sous l'hypothèse G = G et T potentiellement variables.

Il est clair ici que la valeur du multiplicateur est –c/(1-c) < -1. Cela signifie qu'une baisse des impôts augmente le revenu
(i.e. la production globale) d‘équilibre plus que proportionnellement.

La réduction des impôts, T, a le même effet qu'une hausse des dépenses publiques, G, la boucle "consommation-revenu-
consommation" est donc identique.

=> La seule différence est la variation de l'impôt ΔT affecte la production a l'impact dans une proportion c x ΔT et non
plus un pour un comme dans le cas d'une variation de G.
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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

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Partie 2.1: Marché des biens et la courbe IS

En 2009, Obama a mis en place le ARRA, visant a relancer l‘économie en réponse a la crise de 2007. La problématique
est alors de déterminer la taille du multiplicateur, i.e. dans quelle mesure la hausse des dépenses publiques et la baisse
des taxes a permis de limiter la récession... Il est difficile de quantifier la part de la croissance qui est expliquée par les
paquets fiscaux (puisque le contrefactuel n'existe pas) et les économistes adorent ce genre de débat....

Quelques points importants néanmoins:


• Comme nous l'avons vu plus haut, la composition du paquet fiscal joue un rôle : en théorie, une hausse des dépenses
privées est préférable a une baisse des impôts. En d'autres termes, en période de récession, l'Etat est l'acteur en
dernier ressort...
• Le ciblage de la politique budgétaire est aussi important. Quels sont les secteurs, quelles sont les régions qui doivent
bénéficier en priorité de ce type de politique de relance? On peut s'attendre a ce que ce type de politique cible
plutôt les secteurs/régions avec le plus fort potentiel de productivité.
• Quel est le rôle des anticipations? Ce type de politique est annonce à l'avance, comment les agents internalisent-ils
ce genre d'annonce dans leur decision de consommation et d‘épargne?

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 2: La courbe IS
Partie 2.2: Investissement et taux d’intérêt

Pour le moment, nous avons analysé le lien entre dépense prévue et dépense réalisée, tout en supposant que
l'investissement était fixe (I = I).
Rappelez vous que dans le Chapitre 3, nous avons détaille la fonction d'investissement, en montrant que
l'investissement est une fonction décroissante du taux d'intérêt.
Reprenons donc la fonction d'investissement :
(19): I = F(r)
ou r est le taux d'intérêt réel et qui représente le coût de l'investissement. Plus le taux d'intérêt, plus la rentabilité du
projet d'investissement doit être forte et donc la sélection des projets sera plus sévère.
Par exemple, on peut spécifier la courbe d'investissement :

(20) : I = z - d x r

où z et d sont des constantes positives.


Deux conséquences:
- La pente de la courbe d'investissement est donc décroissante sur le plan (r,I).
- La droite de dépense prévue dans les graphique précèdent ne dépend plus seulement de Y mais aussi de r .
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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 2: La courbe IS
Partie 2.2: Investissement et taux d’intérêt

On observe dans les données que la relation négative entre l'investissement et le taux d'intérêt est bien négative en
France.

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 2: La courbe IS
Partie 2.2: Investissement et taux d’intérêt

On peut donc représenter schématiquement la courbe d'investissement (ou la fonction d'investissement) comme nous
l'avons fait dans le Chapitre 3

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 2: La courbe IS
Partie 2.3: La courbe IS

En relâchant l'hypothèse d'investissement fixée dans l'Equation (9), nous obtenons


(21) : Y = C(Y + T) + F(r) + G

La courbe IS illustre la relation négative entre la production globale (Y) et le taux d'intérêt réel (r) à travers la fonction
d'investissement (relation entre I et r ) et l‘équilibre Keynesien (relation entre I et Y ).
On la nomme la courbe IS car l‘égalité des offre et demande de biens apparaît aussi dans l‘égalité Epargne-
Investissement.

- Remplaçons par exemple la fonction de consommation par sa forme fonctionnelle (8) :

Par conséquent, l'Equation (23) appelée Courbe IS illustre la relation décroissante entre la production globale et le taux
d'intérêt réel.
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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 2: La courbe IS
Partie 2.3: La courbe IS

La courbe IS illustre la relation décroissante entre la production globale et le taux d'intérêt réel. Chaque point de la
courbe IS représente l‘équilibre sur le marche des biens et services.

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 2: La courbe IS
Partie 2.3: La courbe IS

Pour comprendre la construction de la courbe IS, considérons une hausse du taux d'intérêt (voir graphique suivant):
1) A travers la fonction d'investissement, on sait que la hausse du taux d'intérêt réel diminue l'investissement prévu:
I = F (r)
2) La baisse de l'investissement réduit les dépenses prévues: PE = C(Y - T) + F(r) + G
3) La baisse des dépenses prévues réduit la production globale d‘équilibre: Y = C(Y - T) + F(r) + G.

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 2: La courbe IS
Partie 2.3: La courbe IS

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 2: La courbe IS
Partie 2.3: La courbe IS

Effet de la politique budgétaire

Nous pouvons relâcher l'hypothèse de dépenses budgétaire constante pour comprendre dans quelle sens G ou T
affectent la courbe IS. Dans ce modèle, le taux d'intérêt réel n'est pas affecté par la politique fiscale et donc r (et par
voie de conséquence I) sont invariants en G et T.
=> Une hausse de G aura pour seul impact d'augmenter la demande prévue, dans une proportion 1/(1 - c) comme nous
l'avons décrit plus haut. A taux d'intérêt réel donne, une projection de l‘équilibre Keynesien sur la courbe IS implique
que celle-ci se déplace vers la droite.

La courbe IS montre les combinaisons de taux d'intérêt et du niveau de revenu qui sont compatibles avec l‘équilibre sur
le marche des biens et services. On la trace pour une politique budgétaire donnée. Une hausse des dépenses
publiques augmente les dépenses prévues (la demande) et déplace la courbe IS vers la droite.

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 2: La courbe IS
Partie 2.3: La courbe IS

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 3: La courbe LM
Partie 3.1: Théorie de la préférence pour la liquidité

Au final, la théorie de la préférence pour la liquidité va permettre de construire la courbe LM qui détermine la relation
entre le taux d'intérêt et la production.

Ecrivons l‘équation de demande de monnaie sous sa forme la plus simple :


(24): (Md/P) = L(r)
où L(:) est une fonction négative, r est le taux d'intérêt réel et (Md/P) est la demande de monnaie. On suppose ici que
taux d'intérêt réel (r) et le taux nominal (i) se confondent, i.e. les anticipations d'inflation sont constantes, ce qui est
réaliste quand on fait une analyse de court-terme.

Par exemple, on peut spécifier la demande de monnaie:


(25): (Md/P) = -f x r
où f est une constante positive.

=> L‘équation d'offre de monnaie est celle exposée dans le Chapitre 5, à savoir que l'offre est exogène et dépend de la
Banque Centrale:
(26): (Ms/P) = (M/P),
Où (Ms/P) est l’offre de monnaie, considérée constante. Le taux d'intérêt va donc s'ajuster pour égaliser l'offre et la
demande de monnaie. Macroéconomie 1, L1 EG, J. Loper 37
CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 3: La courbe LM
Partie 3.1: Théorie de la préférence pour la liquidité

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 3: La courbe LM
Partie 3.1: Théorie de la préférence pour la liquidité

Effet d’une baisse de l’offre de monnaie


Quel est l'effet d'une baisse de l'offre de monnaie? Selon la théorie de la préférence pour la liquidité, une baisse de
l'offre de monnaie accroît le taux d'intérêt. En effet, la baisse de la masse monétaire réduit (M/P) puisque P est fixe à
court-terme et ainsi la courbe d'ore de monnaie se déplace vers la gauche.
=> Une hausse de r incite les agents à réduire la quantité d'encaisses réelles détenues jusqu'a ce que l'offre et la
demande s‘égalisent.

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 3: La courbe LM
Partie 3.2: La courbe LM

La courbe LM exprime la relation entre le niveau de revenu et le taux d'intérêt. Reprenons la fonction de demande de
monnaie augmentée:

où e et f est des constantes positives et (M/P) est exogène.

La demande de monnaie dépend positivement du revenu et négativement du taux d'intérêt.

Supposons que le revenu augmente. Alors, la demande de monnaie va augmenter ce qui va impliquer une hausse du
taux d'intérêt pour équilibrer le marché de la monnaie. A offre de monnaie inchangée, le taux d'interêt augmente avec
le revenu. La courbe LM a donc une pente positive.

La courbe LM traduit le taux d'intérêt qui équilibre le marche monétaire pour tout niveau donne de revenu. On peut la
réecrire sous la forme (en reprenant l’équation 2 du slide) :
Eq. (27)

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 3: La courbe LM
Partie 3.2: La courbe LM

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CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 3: La courbe LM
Partie 3.2: La courbe LM

Effet d’une baisse de l’offre de monnaie

La courbe LM se trace pour une offre de monnaie donnée d'encaisses réelles. Si celles-ci varient, par exemple suite a
une variation de l'offre de monnaie décidée par la banque centrale, la courbe LM va se déplacer.

Supposons une baisse de l'offre de monnaie, ce qui réduit les encaisses réelles. Le taux d'intérêt va augmenter pour
équilibrer le marche monétaire. A niveau de revenu constant, la courbe LM va se déplacer vers le haut (voir graphique
suivant).

La courbe LM représente les combinaisons de taux d'intérêt et de niveau de revenu compatibles avec l‘équilibre sur le
marche de la monnaie. La courbe LM se trace pour une offre de monnaie constante. Toute baisse de l'offre des
encaisses réelles déplace la courbe LM vers le haut.

Macroéconomie 1, L1 EG, J. Loper 42


CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

Section 3: La courbe LM
Partie 3.2: La courbe LM

Macroéconomie 1, L1 EG, J. Loper 43


CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

CONCLUSION

Nous pouvons donc maintenant réunir la courbe IS (Equation 18) et la courbe LM (Equation 27), lesquelles forment le
modèle IS-LM:
(IS) : Y = C(Y - T) + F(r) + G
(LM) : M/P = L(r ; Y)
Ce qui est équivalent à :

Nous supposons ici que les variables exogènes sont :


- la politique fiscale (G et T),
- la politique monétaire (M),
- les prix (P),
Þ L‘équilibre de l‘économie se situe à l'intersection des deux courbes, i.e. le niveau de taux d'intérêt (r) et de revenu (Y)
pour lequel à la fois le marché des biens et celui de la monnaie sont équilibrés.

Dans ce chapitre, nous avons décrit comment construire le modèle IS-LM. Dans le chapitre suivant, nous analyserons en
détail son fonctionnement. Macroéconomie 1, L1 EG, J. Loper 44
CHAPITRE 6: Le modèle ISLM

CONCLUSION

Macroéconomie 1, L1 EG, J. Loper 45

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