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TD TEC 2

Division 1

Dossier 2
BAPTISTE.LAGUERRE@UNIV-PARIS1.FR
Dossier 2 : Keynes et les post-keynésiens

Présenter Keynes et sa critique de la loi des débouchés et de toutes ses conséquences


et ouvrir sur les théories post-keynésiennes avec notamment KALECKI et MINSKY.

Nous analysons analyser cette “révolution paradigmatique” (Thomas Kuhn) en deux


dossiers :
Dossier 2 : L’importance de la demande, l’équilibre de sous-emploi et l’influence de la
répartition des revenus
Dossier 3 : Le rôle de la monnaie, des investissements et de la finance

25/01/2021
John Maynard Keynes

1883 - 1946
Économiste britannique qui “révolutionne” la science
économique
Keynes : Révolution paradigmatique
après la crises des années 30
Classiques (Ricardo, Smith, Say) Keynes

Axe de réflexion Croissance et équilibre Crise et le chômage

“Marché” du travail Marché du travail, offre et une demande, ajustement Le marché n’existe pas, le volume d’emploi se
des prix et quantités détermine le marché des biens et services

Rôle de la monnaie Neutralité de la monnaie, ce qui compte c’est Economie est monétaire : les variables
l’économie “réelle” monétaires et financières sont très déterminantes

Offre / Demande Loi de Say (équilibre automatique). Offre est Analyser le rôle de la demande pour comprendre
première. équilibres et déséquilibre. Demande est
première.

Crises Les crises sont exogènes notamment démographie Les crises sont endogènes, elles ont des causes
(Ricardo) et politiques (intervention de l’Etat), réelles (variation de demande), monétaires,
lointaines, et rares financières. Crises régulières.
Keynes se distingue de Marx et
de Malthus
Keynes s’inspire de Malthus (il faut analyser la demande comme première par rapport à l’offre :
“demande effective”) et Marx (idée des crises de surproduction, thésaurisation de la monnaie).
Marx : Pour Marx c’est l’offre qui est première (Marx est un classique), pour Keynes c’est l’inverse
la demande est première et détermine l’offre.
Malthus : Il y a des crises de surproduction possibles mais elles peuvent se “régler” en
augmentant les revenus des rentiers qui sont ceux qui consomment dans l’économie (biens de
luxe et des travailleurs improductifs - domestiques). Keynes est contre cette idée car la PMC des
plus pauvres (des travailleurs) est plus forte que celle des capitalistes et rentiers il faut donc pour
augmenter la demande redistribuer les revenus vers les plus pauvres.
La critique keynésienne de la loi
de Say (loi des débouchés)
3 arguments :
● Les revenus ne sont pas entièrements dépensés : une part de thésaurisation donc Offre
> Demande.
● La demande ne dépend pas que des revenus mais aussi des crédits (création monétaire
ex nihilo) : si les crédits augmentent possible d’avoir Offre < Demande.
● Pour Keynes c’est la demande qui détermine l’offre = quand la demande anticipée est
faible = moins de production = moins d’emplois = moins de revenus (salaires et profits)
= moins de demande, etc.
Document 1
La “loi psychologique fondamentale” : Le revenu n’est pas intégralement consommé.
Quand le revenu augmente la consommation augmente mais moins que
proportionnellement au revenu.
Exemple : Si j’ai 2000 euros de salaires et que je passe à 4000 euros. Avant j’avais une
consommation de 1500 euros, dans la deuxième situation je vais consommer plus que
1500 euros mais moins que 3000 euros.
Donc PmC < 1.
Conséquence de cette loi
fondamentale
Importance de l’investissement : la demande d’investissement doit “
absorber l’excès de la production totale “.
POUR RAPPEL : L’investissement est une des composante de la
demande globale.
DE (demande effective) = C + I
Le niveau d’investissement est donc déterminant
sur le niveau de l’emploi pour Keynes

Si le montant d’investissement est supérieur = baisse du chômage


Si le montant d’investissement est inférieur = hausse du chômage, équilibre
de sous-emploi
Comment expliquer le niveau des
investissements ?
Le niveau d’investissement est déterminé par :
- la demande anticipée
- l’efficacité marginale du capital
- les taux d’intérêts

Selon Keynes les pouvoirs publics ont un rôle à jouer : politiques


d’investissements publics, baisser les taux d’intérêt, améliorer les
anticipations, etc.
Conclusion document 1
Les entrepreneurs vont choisir un niveau de production et une
combinaison production en fonction du niveau de
consommation et d’investissement réel et anticipé.
Rôle fondamental de la demande et rôle fondamental de la
confiance ! “L’état de confiance” détermine le niveau de la
demande anticipée et l’évaluation des rendements escomptés.
Document 2
Phrase 1 : Quand l’écart entre les revenus et la consommation augmente, l’investissement doit
“équilibrer” cet écart. Mais plus l’écart augmente plus il y a besoin de capital = il faudrait de plus en
plus d’investissement alors qu’il y a relativement de moins en moins de consommation. Pourtant,
paradoxe, l’investissement est incité quand la demande anticipée augmente. C’est “un problème d’une
difficulté croissante à mesure que le capital augmente”.
Phrase 2 : L’écart peut être comblé par des investissements en augmentation quand la demande
anticipée augmente.
Phrase 3 : Plus les investissements “assurent l’équilibre” plus il y a besoin d’investissements, et moins
les incitations à investir sont fortes.
Incitation investissement et EmK
Quand l’investissement augmente, l’EmK (efficacité marginale du
capital) baisse = baisse de l’incitation à l’investissement.
Raisons :
● Loi des rendements décroissants : les premiers investissements sont
les plus rentables, plus productifs.
● Quand l’EmK et qu’on augmente les investissements : coût moyen
des produits augmente.
Document 2 - Question 2
Phrase 2 :
Le capital ne peut pas exister indépendamment de la consommation / la demande. Quand on accumule trop
de capital par rapport à la demande = surproduction = baisse des prix = conséquences négatives (baisse de
profit, baisse de production, baisse des salaires, EmK baisse, etc).
Pour Keynes, l’investissement n’est pas une relation automatique avec le niveau d’épargne.
Donc : si dans une économie la consommation baisse, les investissements vont baisser même si le profit était
à la hausse et qu’il y a de l’épargne pour financer l’investissement.
Classiques : Le niveau des profits détermine l'investissement / Keynes : le niveau de la demande et la
confiance qui détermine l’investissement.
Rôle de l’épargne
Classique = plus d’épargne = positif : plus d’investissements
● Donc : plus d’épargne = plus de production = revenus = demande

Keynes = plus d’épargne = négatif : moins de consommation = besoin de plus d’investissements pour faire face
à la baisse de la consommation = mais en réalité baisse des investissements car l’incitation à investir est faible
en période de baisse de la consommation.
● Donc : plus d’épargne = moins de consommation et moins d’investissements = moins de production

En plus, l’épargne est inutile = les crédits peuvent se faire ex nihilo (création monétaire).
Investissement et épargne
Ce n’est pas l’excès d’investissement qui est négatif pour l’économie mais
l’excès d’épargne.
Une hausse des investissements se basant sur un excès d’épargne a vocation
à ne pas être durable.
Pour Keynes dans une économie en croissance il faut réduire l’épargne et
augmenter les investissements.
Donc comment limiter l’épargne ?
Importance de la répartition des revenus sur le niveau de l’épargne.
Plus les inégalités de revenu sont fortes plus l’épargne augmente, et inversement.
Raison : les moins riches ont une PmC (propension marginale à consommer) plus forte que les
plus riches.
Les plus riches ont plus de probabilités d’épargner un revenu en hausse alors que les plus
pauvres ont plus de probabilités de le consommer.
Pour réduire l’épargne il faut donc plus redistribuer les revenus vers les plus pauvres.
Michal Kalecki

Economiste polonais
1899 - 1970
(contemporain de Keynes)
Kalecki : une analyse hétérodoxe
du niveau de l’emploi
Les profits servent à la consommation et aux investissements : pour Kalecki ce sont les décisions de
consommation et d’investissement qui vont faire les profits futurs de l’entreprise = renverse la causalité.
Pour Kalecki la demande = salaires + profits servant à l’investissement + profits servant à la
consommation.
“Profits servant à l’investissement + Profits servant à la consommation” = “dépense autonome réelle”
“Paradoxe kaleckien des coûts”
Hausse du salaire réel (w/p) = Hausse de la demande de travail (hausse du niveau de l’emploi)

Explication = HAUSSE du salaire réel = baisse des profits et hausse de la consommation = hausse de la demande
globale car moins d’épargne et plus de consommation* = hausse de l’emploi pour plus produire.

*Hypothèse : les ménages consomment plus leur revenu que les entreprises qui ont plus tendance à l'épargne : les
ménages ont une plus forte propension marginale à consommer que les entreprises à consommer et investir ; les
entreprises ont une plus forte propension marginale à épargner.

Donc : la courbe de la demande de travail est croissante avec le coût du travail ce qui est l’exact opposé des
modélisations néoclassiques du marché du travail.

Paradoxe : micro-macro : Micro : il est préférable de payer moins les salariés et d’augmenter le profit - Macro : il
est préférable de plus payer les salariés et de réduire les profits.
Un équilibre de sous-emploi chez
Kalecki : chômage technologique
Impact des variations de productivité et le “chômage technologique”.

Hausse du progrès technique = hausse de la productivité mais qui n’augmente pas selon Kalecki les salaires réels
(car les salaires sont plus rigides) = hausse des profits = baisse de la demande globale = baisse de la demande de
travail = hausse du chômage technologique

Paradoxe : l’économie peut être en équilibre de sous emploi à cause d’une hausse de la productivité. Là encore c’est
en complète opposition avec les modèles néoclassiques et schumpétériens qui font du progrès technique et de la
productivité un élément central de la croissance économique et du taux d’emploi élevé.

Solution : il faudrait une augmentation des salaires réels plus que proportionnelle à l’augmentation de la
productivité et une augmentation des entreprises des dépenses autonomes réelles (réduction de l’épargne des
entreprises).
L’importance des rapports de force sur l’évolution
des salaires en lien avec la productivité

Cas 1 : expansion et faible chômage = les salaires ont tendance à augmenter


quand la productivité augmente car les rapports de force sont favorables aux
salariés = plein emploi pas de chômage technologique.
Cas 2 : récession et faible profit des entreprises = entreprises vont “reconstituer
les profits” car le rapport de force est défavorable aux salariés = pas de
d’augmentation des salaires réels = augmentation du chômage technologique
Comment baisser le chômage selon
Kalecki ?
1ere proposition : Baisse des salaires pour réduire le chômage : c’est une mauvaise solution selon Kalecki = baisse de la
consommation et une hausse du profit épargné = baisse de l’offre et de la demande.

2ème proposition : Réduire le temps de travail (idée plus partager le travail) : ça peut être une bonne comme une mauvaise solution :
- si on baisse le temps de travail et on baisse les salaires = le niveau de la productivité reste le même et les salaires baissent donc
hausse des profits et chômage technologique
- il faut donc baisser le temps de travail mais garder le même niveau de salaire = empêche le chômage technologique

3ème proposition : la solution la plus efficace = la hausse des salaires réels pour accroître la consommation.
[Remarque : Cette analyse de Kalecki n’est pas sans poser problème dans notre économie contemporaine ouverte à la mondialisation et ou les
questions de coûts du travail, de compétitivité et de déficit commerciaux sont importants. Cf. La relance de 1981 à 1983 puis le tournant de la
rigueur en 1983 en France sous Mitterrand]
L’analyse de Kalecki du profit - le
rôle de la répartition de la VA
● Hausse de la part des profits dans la VA - Baisse de la part des salaires = mauvaise chose pour
l’économie
○ car : les salaires sont plus consommés que les profits qui sont plus épargnés

Illustration historique : 30 glorieuses = augmentation de la part des salaires jusqu’à 63% de la VA =


augmentation consommation = augmentation de la production (croissance PIB).
● Baisse de la part des profits dans la VA - Hausse de la part des salaires = bonne chose pour
l’économie
○ car : les salaires sont plus consommés que les profits qui sont plus épargnés

Illustration historique : années 2000 = reconstitution des profits, la part augmente = augmentation de
l’épargne des entreprises = manque d’investissement créant une croissance “molle”
Conclusion dossier 2 : Comment
comprendre le chômage ?
Classiques / néoclassiques : Marché du travail (offre et une demande de travail) et le niveau de l’offre et de la demande détermine
un salaire réel d’équilibre (coût du travail par rapport à la productivité). S’il y a du chômage :
● Chômage volontaire (insuffisance de l’offre de travail)
● Chômage lié à un coût du travail légal trop élevé (exemple France SMIC)

Deux théories hétérodoxes qui ont un point commun : ce qui explique le chômage c’est la faible demande de biens et services :
Keynes : Un excès d’épargne et/ou un manque d’investissement créant un “équilibre de sous-emploi” : les entreprises n’ont pas intérêt à
investir davantage car elles répondent à la demande sans ces investissements et qu’elles n’anticipent pas d’augmentation de la demande.
L’excès d’épargne réduit d’autant plus l’intérêt des investissements (cercle vicieux).

Kalecki : Des salaires réels trop faibles (inférieur au niveau de productivité) créant un “chômage technologique” : les entreprises n’ont pas
intérêt à embaucher car elles arrivent à satisfaire le demande sans embaucher grâce aux gains de productivité.

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