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Sommaire Module 6 25

MODULE 6

Buts • Eviter les ruptures de système temporel inadéquates


• Distinguer l’emploi du passé simple de celui de l’imparfait
• Utiliser le plus-que-parfait pour exprimer l’antériorité dans un récit avec passé simple
Matériel • Fiches 15, 16 et 17

Une observation des difficultés des élèves en particulièrement indiqué de différencier les exer-
matière d’emploi des temps dans le récit fait appa- cices en fonction des besoins de chacun.
raître toujours les mêmes problèmes, à savoir :
Activité 1 : rupture de système
• utilisation non motivée du passé composé ou
du présent dans un récit au passé simple, (fiche 15)
• maîtrise insuffisante des questions de mise en Pour amorcer l’activité, on demande aux élèves
relief (distinction de l’emploi du passé simple quel système de temps est utilisé en général dans
de celui de l’imparfait), les contes (système avec passé simple). Ensuite,
• difficulté à exprimer l’antériorité avec le plus- individuellement, ils essaient de repérer dans les
que-parfait. textes de la fiche les anomalies dues à des ruptu-
res au présent et/ou au passé composé. Afin de ne
Il est bien clair que ce n’est pas dans le cadre de pas brouiller la compréhension d’un sujet qui
la seule séquence sur la parodie de conte que les n’est pas facile, nous avons volontairement écarté
élèves réussiront à maîtriser la question de la possibilité d’un présent de narration.
l’emploi des temps dans le récit. Pourtant, le
Après la mise en commun, il serait judicieux que
genre offre l’occasion de reprendre certains
les élèves reprennent leur production initiale et
points dans une perspective récurrente d’appren-
vérifient systématiquement que de telles ruptures
tissage à long terme.
n’y figurent pas. On peut leur proposer d’échan-
Parmi les activités proposées, l’enseignant choisit ger les copies, les erreurs des autres étant toujours
ce qui convient le mieux à ses élèves. Il est plus flagrantes.
Corrigé : textes originaux

Il était une fois une vieille reine, son époux était mort depuis Il était une fois un homme qui était sur le point de faire un
longtemps et sa fille était très belle. Quand elle fut grande, on la grand voyage, et au moment de partir, il demanda à ses trois filles
fiança au prince d’un pays lointain. Une fois venu le temps des ce qu’il devait leur rapporter. L’aînée demanda des perles, la
épousailles, comme la jeune fille devait partir pour le royaume deuxième des diamants, quant à la troisième, elle dit : « Cher
étranger, la vieille mit dans sa malle beaucoup de vaisselle pré- père, je voudrais une alouette chanteuse et sauteuse. » Le père
cieuse et de parures, d’or et d’argent, de coupes et de joyaux, dit : « Oui, si je peux en trouver une, tu l’auras », puis il les
embrassa et s’en fut. Quand le temps fut venu de prendre le che-
bref tout ce qui fait partie d’une dot royale, car elle chérissait son
min du retour, il avait acheté les perles et les diamants pour les
enfant de tout son cœur. Elle lui donna aussi une camériste qui
deux aînées, mais l’alouette chanteuse et sauteuse demandée
devait l’accompagner à cheval et la remettre entre les mains de par la cadette, il l’avait cherchée partout en vain, et cela le chagri-
son fiancé, et chacune d’elles reçut une monture. Or, le cheval de nait, car c’était son enfant préférée. Or son chemin passait par
la princesse s’appelait Falada et savait parler. Quand vint l’heure une forêt au cœur de laquelle s’élevait un château splendide, et à
des adieux, la vieille mère monta dans sa chambre, prit un canif, côté du château il y avait un arbre, et tout en haut de l’arbre il vit
et se coupa les doigts si fort qu’ils se mirent à saigner. Puis elle une alouette chanter et sauter. « Eh, tu tombes fort à propos », se
mit dessous un chiffon blanc et y laissa tomber trois gouttes de dit-il tout heureux, et il appela son domestique pour qu’il mon-
sang, après quoi elle le donna à sa fille en disant : « Ma chère tât sur l’arbre et prît le petit animal. Mais quand il s’approcha
enfant, conserve-les bien, tu en auras besoin en route. » de l’arbre, un lion en sortit d’un bond […] et se mit à rugir si
terriblement que le feuillage en trembla sur les arbres.
La gardeuse d’oies de Grimm dans Contes, Gallimard, 1976. L’alouette chanteuse et sauteuse de Grimm dans Contes,
Traduction de Marthe Robert. Gallimard, 1976. Traduction de Marthe Robert.
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Activité 2 : mise en relief (fiche 16) Activité 3 : expression de l’antériorité


(fiche 17)
Selon le niveau de compétences des élèves, on
décide si une phase d’observation et de repérage Il est peut-être utile de souligner que l’activité sui-
s’avère nécessaire. Auquel cas, on fait faire le vante est relativement difficile, à faire plutôt avec
premier exercice qui devrait aboutir au constat de grands élèves et à guider au maximum. En
énoncé ci-dessous et appliqué dans le second effet, l’expression de l’antériorité est un sujet diffi-
exercice. cile et les élèves n’utilisent quasi jamais spontané-
Sinon, on ne fait faire que le deuxième. Et c’est en ment ce procédé dans leurs productions. Dans le
transformant le texte que les élèves doivent choi- meilleur des cas, l’antériorité n’apparaît qu’à
sir entre imparfait et passé simple et comprendre l’intérieur de la phrase sous la forme d’une subor-
les raisons de ce choix. Le constat qu’ils sont ainsi donnée.
amenés à faire (on utilise le passé simple pour Cette activité a pour but d’élargir leurs connais-
les événements qui font avancer le récit et sances en la matière et leur montrer que l’on ne
l’imparfait pour les éléments d’arrière-plan) raconte pas toujours les événements dans l’ordre
devrait leur permettre de reprendre leur texte ini- où ils se sont passés (distinction ordre du récit /
tial et d’y vérifier et corriger l’emploi des temps. ordre de l’histoire). Si tel est le cas, dans un récit
avec passé simple, le temps utilisé pour exprimer
Corrigé (exercice b) : texte original l’antériorité est le plus-que-parfait.
Il était une fois deux frères, un riche et un pauvre. La première partie de l’exercice (trois premiers
Le riche était orfèvre et méchant de cœur, le pauvre paragraphes) sert à dégager le constat ci-dessus.
gagnait son pain en faisant des balais, et il était bon et Les élèves complètent ensuite le texte proposé
honnête. Le pauvre avait deux enfants, deux frères avec les verbes donnés dans la marge en repérant
jumeaux qui se ressemblaient comme une goutte les passages décalés par rapport à l’ordre de l’his-
d’eau ressemble à une autre. Les deux garçons allaient toire et qui demandent l’emploi du plus-que-par-
de temps en temps dans la maison du riche et, parfois, fait. Comme les précédents, cet exercice devrait
on leur donnait quelques restes à manger. Il advint se faire à deux, afin que les élèves puissent con-
que le pauvre homme, en allant chercher du petit bois fronter leurs observations.
dans la forêt, vit un oiseau qui était tout doré, et si beau
que jamais encore ses yeux n’en avaient vu de pareil.
Alors il ramassa un caillou, le lui jeta et toucha juste ;
mais il ne tomba qu’un plume d’or et l’oiseau s’envola.
L’homme prit la plume et la porta à son frère, celui-ci la
regarda et dit : « C’est de l’or pur », et il lui donna
beaucoup d’argent en échange.
Les deux frères de Grimm dans Contes,
Gallimard, 1976. Traduction de Marthe Robert.
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Corrigé

L’ordre de l’histoire est : 2, 1, 4, 3, 6, 5, 7 Tout se terminafort bien. La jeune femme hérita


Le temps qui n’apparaît que dans le deuxième paragra- d’une coquette fortune grâce à laquelle elle maria sa
phe est le plus-que-parfait. sœur à un gentilhomme, acheta des charges de capi-
taine pour ses frères et se maria elle-même avec un
Les événements exprimés au plus-que-parfait ont été
homme qui la rendit très heureuse.
accomplis avant ceux racontés dans le premier paragraphe.

Un jour Barbe-Bleue, personnage inquiétant qui por-


tait ce nom à cause de la couleur de sa barbe, dit à sa A la fin de ce module et selon le type de difficul-
femme qu’il devait partir en voyage. Il lui laissa les clés tés rencontrées, les élèves devraient inscrire dans
de toutes les pièces de la maison mais il attira son atten- leur aide-mémoire tout ou partie des constats
tion sur une clé particulière qui ouvrait un cabinet suivants :
secret. Il lui interdit formellement d’ouvrir cette pièce
et s’en alla. La jeune mariée réfléchit à la situation. Elle Dans un récit au passé simple/imparfait,
était très curieuse mais elle ne connaissait pas encore
• il faut éviter les ruptures au présent ou passé
très bien son mari.
composé ;
La première fois qu’elle l’avait vu, elle avait eu peur
parce qu’il était laid et on lui avait dit qu’il avait été marié • on utilise le passé simple pour les événements qui
plusieurs fois et que ses femmes avaient toutes disparu font avancer le récit et on utilise l’imparfait pour les
mais, ensuite, elle s’était laissé convaincre de l’épouser éléments d’arrière-plan ;
parce qu’il était riche et qu’il s’était montré gentil lors • pour exprimer l’antériorité, on utilise le plus-que-
d’une invitation qu’il lui avait faite. parfait.
Trois jours plus tard, Barbe-Bleue était de retour et
demandait son trousseau de clés. En voyant sa femme si
troublée, il comprit que la clé du cabinet manquait et
ordonna à sa femme d’aller la chercher. Celle-ci courut
dans sa chambre et tenta de gagner du temps pour pou-
voir demander de l’aide à sa sœur. Elle était en danger
de mort.

En effet, dans le cabinet, elle avait fait une macabre


découverte : les autres femmes de Barbe-Bleue
égorgées baignaient dans une mare de sang. Prise de
panique, elle avait lâché la clé dans le sang et celle-ci
s’était tachée. Lorsqu’elle avait voulu la nettoyer,
elle s’était rendu compte que c’était inutile parce
que la clé était magique.
Heureusement, au moment où Barbe-Bleue allait
punir de mort la désobéissance de sa femme, les deux
frères de la malheureuse entrèrent dans la pièce et
délivrèrent leur sœur bien-aimée en tuant son affreux
mari.
Par chance, Anne, la sœur appelée à l’aide était mon-
tée sur la tour et avait vu venir les deux frères. Elle
leur avait fait des signes désespérés pour les avertir
de se dépêcher. Ils avaient compris qu’il se passait
quelque chose d’anormal et ils avaient accéléré.
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PRODUCTION FINALE

But • Mettre en œuvre les apprentissages effectués au cours de la séquence


Matériel • Production initiale
• Aide-mémoire (annexe 7)
• Grille d’évaluation (fiche 18)
Les apprentissages faits au cours de ces six modu- de prévoir une phase de récapitulation des
les devraient avoir donné aux élèves quelques constats.
outils pour améliorer leur texte initial. Pour qu’élè- Oralement, l’enseignant peut demander aux élè-
ves et enseignant puissent mesurer les progrès ves ce qu’ils ont appris au cours de la séquence,
réalisés, il convient d’élaborer une activité de ce à quoi ils vont être attentifs dans la réécriture
synthèse. de leur texte. Sans les avoir sous les yeux, il leur
On peut envisager deux possibilités : demande d’évoquer les constats de leur aide-
mémoire. Il en fait la liste au tableau noir. Les élè-
1. RÉÉCRITURE DU TEXTE INITIAL ves habitués à ce genre de travail de réécriture
savent que ces constats correspondent aux critè-
Les élèves reprennent leur production initiale et la
res sur lesquels ils seront évalués.
récrivent entièrement en tenant compte des cons-
tats faits au fur et à mesure des modules et des On peut alors distribuer la grille d’évaluation,
modifications qu’ils ont déjà apportées à leur voir si elle appelle des commentaires et lancer les
texte. Cette deuxième version peut s’éloigner pas- élèves dans la production finale.
sablement de la première si, par exemple, l’élève Il est évident que la grille ne devra comporter que
choisit de modifier les éléments parodiques. les critères qui ont été l’objet d’un apprentissage
dans les modules. Si un module n’a pas été traité,
2. ÉCRITURE DE LA PARODIE D ’ UN AUTRE CONTE on supprime les critères correspondants de la
L’enseignant fournit aux élèves (ou ceux-ci choi- grille.
sissent eux-mêmes) un autre conte à parodier. La Dans les modules, l’accent n’a pas été mis sur la
tâche est plus difficile puisque le travail sur la correction orthographique. Néanmoins, ce critère
structure, par exemple, ne pourra être utilisé tel peut apparaître dans toute production écrite, il
quel. suffit d’en avertir les élèves. Il est souvent profita-
On peut aussi différencier la démarche et choisir ble de ménager un moment de relecture mutuelle
le genre de réécriture en fonction du niveau de où l’attention est portée sur ce critère particulier.
difficultés des élèves. Un élève ayant de grosses La grille de relecture remplit donc un double
difficultés d’écriture tirera peut-être plus profit rôle :
d’une mise au propre de son premier jet et aura la • elle guide l’élève dans sa tâche d’écriture et lui
satisfaction d’aboutir à un texte amélioré plutôt permet de vérifier, lors de la relecture, s’il a res-
que de se lancer dans une autre histoire avec pecté tous les critères ; il peut donc déjà de se
d’autres problèmes à résoudre. faire une idée de l’évaluation de son travail ;
De toute manière, avant de lancer les élèves dans • elle permet à l’enseignant d’évaluer le travail
la rédaction de cette production finale, il convient de l’élève.

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