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L'écriture à sa place
Jacques Anis
Anis Jacques. L'écriture à sa place. In: Linx, n°28, 1993. Sans thème. pp. 53-67;
doi : https://doi.org/10.3406/linx.1993.1260
https://www.persee.fr/doc/linx_0246-8743_1993_num_28_1_1260
Résumé
The debate on the primacy or secundarity of writing is entrenched in the opposition of nature vs culture.
This opposition is the background of an analysis of some features of written language. Then we come
to the core of the discussion on the basis of Vachek's works : we deal with the differentiation and
complementariness of written and spoken language, we mention the provocative hypothesis of the
primacy of writing, and finally we suggest that writing is an obligatory starting point for the development
of linguistic science. The end of the paper is dedicated to some guiding assumptions for research, such
as the social character of language, the centrality of writing for cognition, the influence of computer on
writing.
L'écriture à sa place
Jacques ANIS
Paris X - Nanterre
1 Voir notamment Anis 1981, 1983, 1984, 1988a et b; Catach 1988; Pellat 1988.
2 Chiss et Puech (1988) ont montré la complexité et la richesse des positions
saussuriennes sur l'écriture. Rappelons entre autres les formules du CLG
(p. 26) : "La question de l'appareil vocal est[...] secondaire dans le problème du
langage." et "... ce n'est pas le langage parlé qui est naturel à l'homme, mais la
faculté de constituer une langue, c'est-à-dire un système de signes distincts
correspondant à des idées distinctes."
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Primauté ou secondante
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La primauté de l'écrit?
Pourquoi ne pas évoquer à ce stade la thèse polémique de la
primauté de l'écrit avancée par Fred W. Householder (cf. Vachek, 1974)?
On peut avec Householder imaginer le cas où un sujet accède à une
langue par le canal de l'écrit : sans reprendre à notre compte l'évocation
du cas mythique de Tarzan, notons que certains locuteurs sont capables
de lire dans une langue étrangère sans la parler ni la comprendre à
l'oral. Les langues mortes que nous pratiquons se voient affecter une
prononciation qui restera toujours conventionnelle, même si elle cherche
plus ou moins la vraisemblance historique - comme la prononciation
dite restituée du latin (cf. les observations malicieuses de M. Arrivé,
1983). D'autre part, Householder évoque aussi le fait que si l'on veut
définir des règles de correspondance grapho-phoniques, il est bien plus
efficace de le faire de la forme orthographique vers la forme
phonologique. Il rejoint en ce sens, malgré des différences, le point de
vue développé par Chomsky, pour qui l'orthographe constituerait une
représentation lexicale profonde* . Sur un autre plan, celui de la
diachronie, on peut voir l'écrit modeler l'oral à son image : c'est ce que
les Anglo-Saxons appellent spelling pronunciation, phénomène que
Saussure évoquait en termes apocalyptiques. La prononciation
historique de Bruxelles ou Auxerre, [brysel] ou [oser] cède la place à
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Propositions
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manipulable par tous, en direct, à l'état brut, sans filtrage préalable (cf.
Anis 1990). Si l'écriture y perd un peu du halo qui la nimbait, ses
pouvoirs se développent, sa dimension cosmopolitique et multi-
linguistique s'accroît, dès lors que s'instaure un code graphique de base
universel, capable de transcrire tous les systèmes symboliques.
Jacques ANIS
290, avenue d'Argenteuil
92600 ASNIERES
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Références
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