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MATIÈRES
PLASTIQUES
Propriétés, mise en forme et applications
industrielles des matériaux polymères
4e édition
Avec la collaboration de
Jean-François Agassant Claude Janin
Bruno Ameduri Philippe Larraillet
Michel Biron Jean-Pierre Machon
Sophie Commereuc Régis Mercier
Olivier Denizart Gilles Meunier
Marc Dupire Jacques Michel
Christian Esbelin Pierre Noguès
Michel Feder Jean-Pierre Queslel
Étienne Fleury Brigitte Seguela
Jean-Marc Haudin Gilbert Villoutreix
Philippe Heim Bruno Vuillemin
Charles Houdret René Wirth
Avant-propos
Cet ouvrage se veut un fil conducteur qui permette de choisir et d’utiliser les
matériaux polymères industriels. On a supposé que les lecteurs n’étaient pas des
spécialistes des polymères mais plutôt des praticiens des matériaux désireux d’être
orientés dans leurs choix. Ce sont donc des propriétés d’usage, de mise en œuvre
et des exemples d’application qui sont rassemblés pour chaque type de matériau.
Les monographies concernent tous les matériaux polymères industriels. Ce sont
donc des formulations et pas des résines pures. Un grand nombre de matériaux
sont en effet des mélanges de résines, de charges minérales – souvent des fibres
courtes – et d’additifs nécessaires au bon comportement à la chaleur et aux agents
atmosphériques ou à la mise en forme. La plupart des matériaux étudiés sont des
thermoplastiques ou des caoutchoucs. Les thermodurcissables non-élastomères
ne sont pas oubliés. Seuls n’ont pas été pris en compte les composites à fibres
longues pour lesquels la nature et l’arrangement spatial des fibres ont un rôle
essentiel dans l’obtention des propriétés recherchées. En revanche un ensemble
d’applications du même type est réuni pour tous les polymères : il s’agit des
polymères allégés ou sous la forme de mousses, et d’un chapitre qui traite des
colles et adhésifs qui sont des formulations particulières des polymères.
Les monographies concernent des classes de matériaux que l’on trouve sur le
marché français, c’est-à-dire tels qu’ils sont présentés dans leur forme commer-
ciale. Des marques sont citées pour l’exemple, sans intention d’exhaustivité. Les
noms des producteurs ne sont pas des données très pérennes dans les mouve-
ments qui affectent actuellement le monde industriel.
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
IV
Remerciements
Les sujets suivants ont été traités par un certain nombre de collaborateurs que
nous remercions vivement :
– Mise en forme des polymères thermoplastiques : Jean-François Agassant et
Jean-Marc Haudin.
– Polymères biosourcés et polymères : Claude Janin
– Polyéthylènes et polypropylènes : Marc Dupire et Jacques Michel.
– Polychlorure de vinyle : Olivier Denizart.
– Polystyrènes et copolymères : Philippe Heim et Bruno Vuillemin.
– Copolymères ABS, polyesters insaturés : Jean-Pierre Machon, Brigitte Seguela
et René Wirth.
– Polyuréthanes, polymères thermodurcissables : Christian Esbelin
– PMMA et copolymères : Gilles Meunier.
– Polyamides : Pierre Noguès.
– Polysulfones, polysulfure de phénylène, polyéthercétones, polyétherimides,
polyimides, polyamideimides et polybismaléimides avec l’aide de Régis
Mercier.
– Polymères fluorés : Bruno Ameduri.
– Silicones : Michel Feder, Philippe Larraillet, Louis Vovelle et Étienne Fleury.
– Colles et adhésifs : Gilbert Villoutreix et Sophie Commereuc.
– Caoutchouc naturel et élastomères : Jean-Pierre Queslel et Claude Janin.
– Polymères alvéolaires : Michel Biron.
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
A
Présentation générale des matériaux polymères
Introduction et plan 3
VII
B
Polymères de grande diffusion
6 • Polyoléfines 167
6.1 Polyéthylènes : notions de base 167
6.2 Polyéthylènes : propriétés d’usage 172
6.3 Polyéthylènes : mise en œuvre 181
6.4 Normalisation 186
6.5 Poléthylènes : applications, évolution, commercialisation 187
6.6 Polypropylènes : notions de base 190
VIII
10 • Polyuréthanes 249
10.1 Définition et notions de base 249
10.2 Normalisation 250
10.3 Propriétés d’usage – mise en œuvre 251
10.4 Applications 256
10.5 Précautions d’emploi 257
10.6 Aspects environnementaux 257
IX
C
Polymères techniques et de spécialités
12 • Polyamides 287
12.1 Définition et notions de base 287
12.2 Propriétés physiques 288
12.3 Classification des polyamides 289
12.4 Polyamides de types 6 et 66 290
12.5 Polyéther-bloc-amides (PEBA) (cf. 29.3.5) 305
12.6 Polyamides 11 et 12 310
12.7 Polyamides semi-aromatiques semi-cristallins 323
12.8 Polyamides transparents 329
12.9 Polyamide 46 335
12.10 Polyamides d’origine renouvelable et biotechnologie 345
13 • Polyacétals 347
13.1 Définition et notions de base 347
13.2 Propriétés d’usage et de mise en œuvre 348
13.3 Applications 353
13.4 Commercialisation 355
13.5 Bibliographie 356
14 • Polycarbonates 357
14.1 Définition et notions de base 357
14.2 Propriétés d’usage et de mise en œuvre 358
14.3 Applications 366
14.4 Commercialisation 367
14.5 Bibliographie 368
17 • Polysulfones 389
17.1 Définition et notions de base 389
17.2 Propriétés d’usage et de mise en œuvre 390
17.3 Applications 396
17.4 Commercialisation 397
XI
18.4 Commercialisation 405
18.5 Bibliographie 405
19 • Polyéthercétones 407
19.1 Définition et notions de base 407
19.2 Propriétés d’usage et de mise en œuvre 408
19.3 Propriétés des fibres de PEEK 414
19.4 Applications 415
19.5 Commercialisation 417
20 • Polyétherimide 419
20.1 Définition et notions de base 419
20.2 Propriétés d’usage et de mise en œuvre 420
20.3 Applications 421
20.4 Commercialisation 422
21 • Polyimides 423
21.1 Polyimides de type 1 423
21.2 Polyimides de type 2 : New TPI 426
21.3 Films polyimides 433
22 • Polyamideimides 437
22.1 Définition et notions de base 437
22.2 Propriétés d’usage et de mise en œuvre 437
22.3 Applications 442
22.4 Commercialisation 443
23 • Polybismaléimide 445
23.1 Définition et notion de base 445
23.2 Propriétés d’usage et de mise en œuvre 446
23.3 Applications 449
23.4 Commercialisation 451
XII
25 • Silicones 495
25.1 Définition et notions de base 495
25.2 Propriétés physico-chimiques des polydiméthylsiloxanes [4] 498
25.3 Propriétés d’usage 500
25.4 Conclusion 508
25.5 Bibliographie 509
XIII
D
Autres matériaux polymères
Index 685
XIV
A
Présentation générale
des matériaux polymères
Introduction et plan
1 • Nature, structure
et choix des matériaux polymères
A
Marc Carrega
Vincent Verney
A–A–B–A–B–B–B–A–A
ou
A–A–A–A–A–B–B–B–B
pour lesquels on parle de copolymères. Le premier ensemble, où les chaînons se
placent sans ordre, est représentatif d’un copolymère statistique, le second est un
copolymère à blocs.
Des exemples de polymères sont donnés au tableau 1.1. La nomenclature consiste
à écrire poly devant un nom qui représente le chaînon A. Le polyéthylène –PE–
représente un enchaînement de groupes (CH2–CH2). On pourrait simplifier en
(CH2) mais l’origine chimique du produit fait intervenir le monomère éthylène,
qui comporte deux groupes CH2 ; il doit donc y avoir, théoriquement, un nombre
pair d’atomes de carbones C dans la macromolécule ; la taille de l’objet est telle
que la présence d’un carbone en plus ou en moins ne change rien à ses propriétés.
Le nom polypropylène – PP – indique que le monomère produit de départ de
l’enchaînement est le propylène (ou propène en nomenclature officielle). La chaîne
principale est, comme pour le polyéthylène, une suite d’atomes de carbone :
–C–C–C–C–
L’enchaînement précédent est représentatif de toute une classe de polymères, les
polyoléfines et les polyvinyliques. La construction de la macromolécule utilise
des monomères pour lesquels l’accrochage des chaînons se fait par deux carbones
voisins. Le reste du groupe A peut être volumineux comme pour les polymé-
thacrylates ou le polystyrène – PS – par exemple. A peut être schématisé par
la figure 1.1, où R représente un radical composé de différents atomes, radical
phényle pour le PS, un méthyle et une fonction ester pour le poly(méthacrylate
de méthyle) ou PMMA. On réserve le nom de polyoléfines aux polyvinyliques,
pour lesquels R est une chaîne hydrocarbonée saturée.
H H
C C
H R
Figure 1.1 – Chaînon A pour les polyvinyliques.
polypropylène PP CH2 CH A
CH3
CH2 CH3
polystyrène PS CH2 CH
polyacrylate de R CH2 CF 2
R=
méthyle (CH3)
= éthyle (C2H5)
= butyle (C4H9)
polyméthacrylate de R PMMA CH3
R=
méthyle (CH3) C CH2
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
= éthyle (C2H5) O C O R
= butyle (C4H9)
polyacrylonitrile PAN CH CH2
C N
O O H H
O H
O H
O O
10
∑ Nn nMA3
Mz =
∑ Nn nMA2
On a toujours :
Mn < Mw < Mz
Il existe une autre moyenne qui est obtenue par des mesures de viscosité en solu-
tion, elle est dite moyenne viscosimétrique et représentée par Mv.
1
---
∑ Nn nMA
1+
Mv = -----------------------------------------
∑ Nn nMA
11
1.2 Thermoplastiques et thermodurcissables
Les chaînes macromoléculaires acquièrent de la mobilité par élévation de la
température, puisque l’énergie de vibration de tous les atomes augmente. La
cohésion longitudinale est forte à cause de la force des liaisons chimiques le
long de la chaîne, mais les liaisons latérales entre éléments non chimiquement
liés sont beaucoup plus faibles (liaisons de Van der Waals) et des mouvements
coopératifs sont possibles qui déplacent les molécules glissant les unes sur les
autres comme des serpents. Ces mouvements se traduisent par des déplacements
12
13
des solides au-dessous d’une certaine température que l’on désignera par Tg. Dans
un intervalle de température d’une dizaine de degrés autour de Tg leur module
de rigidité subit une diminution importante – quelques puissances de 10. Ils se
comportent alors comme des liquides très visqueux ; cette viscosité décroît quand
la température augmente. Ce changement de comportement est appelé transition
vitreuse, bien qu’il ne s’agisse pas d’une transition thermodynamique au sens strict
du terme. En effet le comportement rappelle celui des transitions du second ordre,
mais l’effet de la température n’y est pas le même ; de plus il ne s’agit pas d’une
transition entre deux états d’équilibre. Il s’agit d’un effet cinétique : l’élévation de
la température augmente la mobilité de portions importantes de la chaîne princi-
pale – quelques dizaines de liaisons chimiques –, et les chaînes peuvent se déplacer
avec des constantes de temps faibles qui donnent des possibilités d’écoulement
macroscopique visqueux. Le coefficient d’expansion thermique subit une variation
finie. Si c’est à un refroidissement à vitesse V depuis une température 20 K au-
dessus de Tg que l’on soumet l’échantillon, on observe une augmentation rapide de
la viscosité et du module de rigidité. Le coefficient d’expansion diminue, à l’opposé
de ce qui a été observé, par élévation de la température. Ce qui est remarquable
c’est que l’intervalle de quelques kelvins dans lequel le changement est observé
est déplacé vers les températures élevées – quelques kelvins – pour des vitesses de
refroidissement importantes. Plus la vitesse est élevée moins la matière a le temps
de « suivre », la matière est hors d’équilibre. Le volume spécifique comme la com-
plaisance (l’inverse du module) sont plus élevés à une température donnée, infé-
rieure d’une dizaine de kelvins à Tg, quand la vitesse de refroidissement a été plus
rapide (figure 1.5). Il faudra attendre beaucoup de temps pour retrouver les valeurs
qui auraient été obtenues lors d’un refroidissement lent. Un réchauffage d’une ou
deux dizaines de kelvins au-dessus de Tg remet rapidement la matière à l’équilibre.
volume
V
V1 > V2
V1
V2
température
pas celui des monocristaux, loin de là, mais il est évident que des zones se sont
organisées. Corrélativement il existe un domaine de température restreint à une
dizaine de kelvins où on observera toutes les caractéristiques d’une fusion – aug-
mentation très rapide du volume spécifique avec absorption de chaleur, passage
de l’état de solide à celui de liquide visqueux. Au refroidissement on observe
les phénomènes inverses quoique avec retard. Le domaine des températures de A
cristallisation est toujours inférieur à celui de la fusion, il y a retard à la cristal-
G’ MPa tan
3
10
2
10 1,0
10 0,1
–1
10 0,01
– 100 0 100 C
Figure 1.7 – Module élastique et tangente de l’angle de perte
en fonction de la température.
log(f )
α β γ
1/T
Figure 1.8 – Logarithme de la fréquence des transitions
en fonction de l’inverse de la température absolue.
Les graphes représentant G’, G”, tanδ sont appelés des spectres mécaniques
dynamiques. La zone où tanδ est élevée est une zone d’amortissement, l’énergie
mécanique s’y transforme en chaleur. On repère le comportement thermomé-
canique en fonction de la température ou de la fréquence des sollicitations. Il
apparaît que, si on porte en abscisse le logarithme de la fréquence, les courbes
obtenues à des températures différentes se superposent par des translations paral-
lèles à l’axe des fréquences. D’où le concept d’une équivalence temps/tempéra-
ture (figure 1.9). En expérimentant à des températures différentes, mais dans
un domaine de fréquences fixé par les possibilités de la technique expérimen-
18
tale utilisée, on obtient des arcs de courbes qui peuvent être raccordés par des
translations parallèles à l’axe des fréquences (figure 1.10). On obtient une courbe
maîtresse qui représente à une température donnée l’ensemble des résultats pos-
sibles dans un domaine de fréquences élargi. Comme on porte le logarithme des
fréquences il suffit de changer le sens de l’axe pour lire les résultats en temps.
Les fréquences très basses correspondent à des résultats que l’on obtiendrait par A
des mesures de fluage de longue durée. La température de transition dépend de
température
– log(f )
Figure 1.10 – Construction d’une courbe maîtresse.
19
température
Figure 1.11 – Plateau caoutchoutique.