Un isolement accentué dans les territoires ruraux qui renforce

les fragilités du lien social

E n 2017, l’INSEE a changé sa définition d’un

territoire rural, désormais “il désigne l’ensemble des
communes peu denses ou très peu denses” en se
basant sur la grille communale de densité (carte ci-
contre). Aujourd’hui, les territoires ruraux réunissent
88% des communes en français, ce qui comprend
environ 33% de la population française, soit 22,357
millions de français.

Internet : le combat pour une reconnexion

auprès des autres :
Selon un article de “Journal du net”, la fracture
numérique est particulièrement visible dans les zones
rurales, où l’accès à internet à haut débit est souvent
difficile voire impossible. Les habitants de ces zones
sont confrontés à des débits
faibles, des coupures régulières et
une couverture mobile insuffisante,
ce qui limite leur accès à certains
services en ligne et leur capacité à
travailler à distance. Cette situation
a des conséquences négatives sur
l’emploi, l’attractivité des territoires et la qualité de vie
des habitants.
Un autre article d’Europe1 souligne que la qualité du
débit de données mobiles est très inégale selon les
zones géographiques. Un tiers des usagers habitant à
la campagne dispose d’un mauvais débit de données
mobiles, soit 60 fois moins que celui des usagers se
trouvant en ville. Les habitants des zones rurales
paient le même prix pour leur forfait que ceux des
zones urbaines, sans bénéficier des mêmes services.
Cette situation est source d’inégalités territoriales
extrêmement fortes, renforçant l’isolement numérique
des habitants des zones rurales. L’ensemble de ces
constats met en lumière les difficultés que rencontrent
les habitants des zones rurales en matière de
connectivité numérique. Ces difficultés ont des
conséquences négatives sur la qualité de vie des
habitants et l’attractivité des territoires. Elles renforcent
également les fragilités du lien social, en isolant les
habitants des zones rurales et en limitant leur accès
aux services en ligne.
Grille communale de densité (Insee - Janvier 2021)
Une éducation compromise :
Les espaces ruraux étant moins peuplés, il y a moins
d’enfants pour aller à l’école. Or, d’après le Monde, le
gouvernement suit depuis 2000 une politique de
fermeture des petits établissements pour en faire des
RPI (Regroupement Pédagogique Intercommunaux).
Résultat, sur 449 communes, seulement 130
possèdent une école en 2022 sachant qu’en plus de
ce manque d’établissement scolaire, des
établissements scolaires situés dans les zones rurales
continuent, à ce jour, de fermer leurs portes, faute de
personnel, d’étudiants, ou de matériel.
On peut d'ailleurs faire un lien entre le thème de
l’éducation, et celui sur Internet abordé
précédemment. En effet, durant le confinement, les
élèves ont dû suivre les cours via des
vidéoconférences, ou tout autre type de moyen de
communication en ligne.
Tous ces élèves qui ne Trouver une
disposaient pas d’une école
connexion haut débit
suffisant pour accéder Pour
aux cours en ligne, ont . Les Nuls
donc perdu un trimestre
entier de leur scolarité à
cause d’un manque de
matériel dû à cet
isolement des espaces
ruraux.
 Des services en manque ? :
Et à ces problèmes s'ajoute le manque de services, et
plus particulièrement, les commerces et les médecins.
Selon une étude de l'INSEE en 2021, plus de 21 000
communes ne disposaient pas de commerce, surtout
les communes rurales. De plus, toujours selon cette
étude, 59% des communes rurales n'ont plus de
commerces de proximité et
50% des habitants de ces
communes doivent
parcourir 2 km pour trouver
un boulanger. Cela pose
des problèmes pour les
personnes à mobilité réduite comme les personnes
âgées qui sont pourtant plus nombreuses dans les
communautés rurales.
D'après une autre étude menée par l'association des
maires ruraux de France, il manque 6000 médecins
dans les bassins de vie ruraux pour atteindre un
objectif de 1 médecin pour 1000 habitants (un bassin
de vie est un petit territoire où les habitants ont accès
aux équipements et services courants).
Prenons l'exemple de la Dordogne: on y retrouve
400 000 habitants pour 30 médecins généralistes ce
qui indique un manque de 122 médecins généralistes
pour atteindre l'objectif de 1 médecin pour 1000
habitants. Ce manque se retrouve aussi dans la
médecine spécialisée. Et toujours en Dordogne, on
manque de 194 médecins généralisés alors qu'on en
trouve 1862 en Bouches-du-Rhône. Au final, même si
31% des bassins de vie urbains atteignent le ratio de
1/1000, seuls 18% des bassins ruraux l'atteignent.
La question des mobilités au cœur des
préoccupations :
Lorsque l’on parle transports, la question ne passe pas
inaperçue chez certains habitants vivants en milieu
rural. En France, dans ces mêmes zones, plus de 90%
des trajets se font en voiture. Or il faut rouler de
nombreux kilomètres avant d’atteindre une zone
urbaine, comportant des services qui ne sont pas
disponibles en milieu rural, tels que des pharmacies,
des supermarchés, ou encore des écoles. Et pour
accéder à des services encore plus spécifiques,
comme des laboratoires d’analyse médicale, le temps
de trajet s’allonge. A mesure que l’on s’éloigne des
centres urbains importants, le niveau de service
proposé s’amoindrit. D’autant plus que la question
environnementale pèse de plus en plus dans la
balance. Aujourd’hui, on privilégie les transports en
commun. Mais toutes les régions ne sont pas dotées
des mêmes infrastructures : dans les zones urbaines
on trouve des trains et des bus qui passent tous les
jours de la semaine, tandis que dans le zones rurales
le trafic s’affaibli durant le week-end, ne leur reste
alors plus que le choix de la voiture. Les jeunes
déplorent une offre pour les transports en communs
quasiment inexistante dans ces zones-là. La majorité
des bus ne passent que du lundi au vendredi (lors des
horaires scolaires). Pourquoi ce manque
d’égalité entre les différentes régions ? L’Organisation
de coopération et de développement économiques
(OCDE) déplore notamment un tourisme qui se raréfie
en milieu rural (et presque inexistant un milieu hyper-
rural qui représente près de 4 millions de français) en
raison d’un manque important de transports en
commun qui réduit les déplacements. De plus, la
grande vitesse (autoroutes, LGV, haut débit internet) a
notamment privilégiée les connexions les plus
rentables et certaines zones y ont perdues en
accessibilité par effet tunnel, en d’autres mots, lors de
la construction de grands axes reliant deux grands
pôles, les zones rurales traversées par ces axes
perdent alors en accessibilité étant donné que les
petits pôles ne sont plus reliés. Mais ce qui pèse le
plus dans la balance se sont les différents enjeux
auxquels font face ces régions.
Les transports en commun sont donc supposés être
une bonne solution : moins polluant et moins émetteur
de CO2, ils permettent de répondre aux enjeux
écologique et énergétique afin de lutter contre le
réchauffement climatique, mais également aux enjeux
économiques et planétaire en proposant des offres de
transports attractives, permettant une transition
favorable au bien être des utilisateurs et à celui de la
Terre.
Mais pour les habitants en milieu rural ne sont pas
tous convaincus par ces solutions, puisqu’il faut
prendre en compte le temps de trajet vers l’arrêt du
transport, le trajet en lui-même, et le temps nécessaire
pour rejoindre les équipements recherchés à la sortie
de ce même transport. Alors pour lutter contre cela,
certaines communes n’hésitent pas à redoubler
d’effort. C’est le cas notamment de la région Occitanie
qui propose « l’éco-chèque » permettant d’aider les
habitants à acheter par exemple un vélo. Mais la
région ne s’arrête pas là, puisque pour inciter la
population à prendre les transports en commun, elle
propose de voyager pour 1€ seulement tous les
premiers week-end du mois, en partenariat avec la
SNCF
Voyageurs.
La guerre pour mettre fin à l’isolement des
milieux ruraux est-elle lancée  ???