Vous êtes sur la page 1sur 11

Convulsions, crises épileptiques,

épilepsie
I. Convulsions et crises épileptiques du nourrisson et du jeune enfant
A. Analyser les convulsions
1. Identifier et analyser les convulsions
Si les convulsions persistent au-delà de 5 minutes, il nécessite une prise en charge
spécifique urgente pour faire céder la crise.
Souvent, le diagnostic repose sur l'interrogatoire. Aucun examen complémentaire ne permet
de confirmer ou d'infirmer le diagnostic. L'interrogatoire devra recueillir : la description des
phénomènes observés et leur déroulement dans le temps (signes avant-coureurs, signes post-
critiques, durée approximative…).
La sémiologie très variée mais certaines crises sont plus spécifiques :
• crises généralisées tonico-cloniques : rares avant l'âge de 2 ans, elles se traduisent par une
phase tonique de contraction musculaire soutenue avec blocage respiratoire, suivie d'une
phase clonique de secousses rythmiques des membres ; en post-critique, la respiration est
bruyante, il existe une hypotonie et une confusion de résolution progressive ;
• crises cloniques : elles débutent d'emblée par des secousses rythmiques ;
• crises toniques : elles sont caractérisées par une contraction tonique des membres et de l'axe,
avec révulsion oculaire et trismus ;
• crises atoniques : elles correspondent à une résolution complète du tonus avec chute si
l'enfant est assis ou debout.
Diagnostics différentiels:
• frissons : à l'ascension thermique; généralement les secousses sont moins amples et plus
rapides ;
• trémulations : tremblements fins des extrémités disparaissant à l'immobilisation forcée ;
• myoclonies du sommeil : survenant à l'endormissement et exclusivement dans le sommeil ;
• spasmes du sanglot : séquence pleurs/apnée/cyanose en cas de frustration, de colère ou de
peur, survenant généralement entre 6 mois et 3 ans ;
• syncopes vagales convulsivantes : perte de connaissance puis secousses des quatre membres
survenant au décours d'un traumatisme ou en cas de contrariété ;
• mouvements anormaux : effets secondaires de certains médicaments ;
• malaises autres : épisode brusque de changement de teint (cyanose, pâleur…) avec rupture
de contact et hypotonie, sans mouvement anormal.
2. Repérer les situations d'urgence
Urgence liée à la convulsion en elle-même et à ses conséquences :
• signes neurologiques :
– durée de convulsion supérieure à 15 minutes,
Crise récidivant sans que la conscience ne soit revenue à la normale ;
– signes focaux durables, troubles de conscience prolongés ;
• signes respiratoires :
– bradypnées, irrégularités respiratoires,
– cyanose, encombrement bronchique majeur ;
• signes hémodynamiques :
– tachycardie, temps de recoloration cutanée allongé ;
– marbrures, extrémités froides, pouls périphériques mal perçus ;
Urgence liée à la cause de la convulsion :
• contexte infectieux :

1
– sepsis, purpura fébrile ;
– syndrome méningé, signes encéphaliques ;
• autres contextes sévères :
– pâleur, hématomes multiples (maltraitance ?) ;
– coma, possibilité d'intoxication médicamenteuse.
3. Préciser le contexte de survenue de la crise
Données d'interrogatoire :
• antécédents périnatals de l'enfant ;
• antécédents neurologiques personnels et familiaux :
– crises fébriles chez des apparentés ;
– épilepsie connue chez l'enfant ou un membre de la famille ;
– maladie chronique (diabète sous insuline, maladie néphrologique ou hématologique) ;
• circonstances particulières :
– contage infectieux, voyage ;
– traumatisme crânien récent, traitement médicamenteux en cours ;
– facteurs de risque de maltraitance ;
• développement psychomoteur de l'enfant.
Au terme de l'interrogatoire sont consignés :
• la description de la crise, et les symptômes post-critiques ;
• l'interprétation médicale : de quel type de convulsion (à début généralisé, à début focal ou à
début inconnu) ?
• l'existence d'une fièvre ;
• les éventuels facteurs de gravité ;
• une orientation étiologique possible.
4. Enquête diagnostique
Enquête clinique
Interrogatoire essentiel pour le diagnostic positif de convulsion ou de crise épileptique.
Constantes vitales : température, fréquence cardiaque, fréquence respiratoire, pression
artérielle, temps de recoloration cutanée, diurèse.
Examen neurologique :
• état de conscience et de vigilance : Glasgow pédiatrique ; qualité du contact ou des pleurs ;
• mesure du périmètre crânien et report sur la courbe de PC (augmentation récente sur la
courbe en faveur d'un hématome sous-dural aigu) ;
• palpation de la fontanelle antérieure (caractère bombant en faveur d'un hématome sous-dural
aigu, d'une méningite) ;
• signes neurologiques focaux : déficit moteur durable, troubles de conscience prolongés,
stable ou s'aggravant entre deux examens séparés de 15 à 30 minutes, qui sont des signes de
gravité.
Examen cutané :
• purpura, exanthème maculo-papuleux ;
• ecchymoses ou hématomes (maltraitance) ;
• pâleur conjonctivale (hématome sous-dural aigu, SHU).
Examen général :
• auscultation cardiopulmonaire (cardiopathie congénitale) ;
• douleurs de reliefs osseux (fractures), masse abdominale (traumatisme).
Urgence : état de mal convulsif, sepsis, purpura, syndrome méningé, pâleur, hématome, coma.
Évaluer : fièvre, Glasgow, périmètre crânien et fontanelle, développement psychomoteur.
Enquête paraclinique
Dans la majorité des cas, un interrogatoire et un examen clinique complets permettent
d'éliminer les causes nécessitant un traitement en urgence (méningite ou encéphalite,

2
hématome intracrânien, troubles ioniques) et de décider de réaliser ou non une ponction
lombaire, une imagerie cérébrale ou un ionogramme sanguin.
*En l'absence de contexte évocateur (diabète traité par insuline, réveil après resucrage…), la
glycémie capillaire n'a pas d'intérêt chez l'enfant de plus de 1 an ayant fait une convulsion
sans critère de gravité.
* convulsion fébrile, il faut pratiquer une ponction lombaire en cas de syndrome méningé,
trouble du comportement, crise focale et/ou prolongée plus de 15 minutes ou avec un déficit
postcritique, et systématiquement avant l'âge de 6 mois.
*Une surveillance hospitalière de courte durée (4 heures) peut être envisagée pour les crises
fébriles simples chez les nourrissons âgés de moins de 12 mois.
*La réalisation d'un scanner cérébral avant ponction lombaire est conseillé en l'absence
d'amélioration de troubles de la conscience ou en l'absence d'amélioration d'une anomalie
neurologique focale entre deux examens séparés d'au moins 30 minutes.
* convulsion sans fièvre, il faut réaliser un scanner cérébral (avec IV) en urgence en cas de :
signe de localisation à l'examen et/ou troubles de conscience persistant plus de 30 minutes
après la fin de la crise, âge <1 an.
*En cas de contexte particulier (déshydratation, diarrhée glairosanglante, diabète), de signes
de gravité ou avant l'âge de 6 mois, il faut pratiquer un bilan biologique comprenant
ionogramme sanguin (natrémie), calcémie, glycémie, NFS-plaquettes.
*L'EEG n'est pas un examen, doit être fait après une première crise non fébrile ou inhabituelle
pour un patient épileptique connu.
Il est inutile en cas de crise fébrile simple.
Crise fébrile simple : aucun examen complémentaire nécessaire (en dehors du bilan de fièvre
éventuellement indiqué).
L'EEG est systématique en cas de convulsions sans fièvre et sera suivi d'un avis spécialisé.
B. Rechercher une cause
1. Orientation diagnostique devant une première convulsion
• les crises épileptiques aiguës symptomatiques, fébriles ou non ;
• les crises épileptiques récidivantes sans cause identifiée (possible épilepsie débutante).

Bien retenir : crise fébrile, infection neuro-méningée, hématome sous-dural aigu,


hypoglycémie, SHU.
2. Causes de crises épileptiques symptomatiques avec fièvre
Crises fébriles
Ce sont les crises épileptiques symptomatiques les plus fréquentes. Elles concernent 2 à 5 %
des enfants, avec une fréquence majorée en cas d'antécédent familial.
Une crise fébrile est définie comme :

3
• une crise épileptique liée à la fièvre ;
• survenant chez un nourrisson ou un enfant :
– âgé de 6 mois à 5 ans (le plus souvent de 1 à 3 ans) ;
– dont le développement psychomoteur est normal ;
– en dehors de toute atteinte (infectieuse ou non) du SNC.
Toute pathologie fébrile peut en être à l'origine, (infections virales).
La crainte d'une méningite purulente ou d'une encéphalite révélée par une convulsion fébrile
conduit à recommander quel que soit le tableau clinique associé, de pratiquer une ponction
lombaire chez un nourrisson âgé de moins de 6 mois ou en cas de crise fébrile prolongée (>
15 minutes), focale ou avec un déficit focal post-critique.
En l'absence de signe clinique de méningite (syndrome méningé, fontanelle bombée, trouble
du tonus, fièvre mal tolérée) ou d'encéphalite (trouble du comportement, de la conscience)
associé à la convulsion fébrile, la PL est toujours normale lorsque la crise fébrile est simple.
On distingue les crises fébriles simples et les crises fébriles complexes.
La présence d'un seul critère des crises fébriles complexes permet de définir la crise fébrile
comme complexe.
Ces critères de crise fébrile complexe sont utiles pour répondre aux trois questions pratiques
que posent les convulsions fébriles :
• Sont-elles révélatrices d'une infection cérébro-méningée ?
• Quel est le risque de récidive et de faire une crise prolongée ?
• Quel est le risque d'épilepsie ultérieure ?

4
Atteintes infectieuses du SNC
Des signes de méningite bactérienne doivent toujours être recherchés et la ponction lombaire
réalisée au moindre doute.
Une crise convulsive fébrile focale et/ou prolongée, ce d'autant qu'il existe des anomalies
neurologiques inter-critiques, doit faire redouter jusqu'à preuve du contraire une
méningoencéphalite herpétique et conduire à un traitement probabiliste en urgence par
aciclovir.
Autres causes plus rares
Le diagnostic de neuropaludisme doit être évoqué dans les régions d'endémie paludéenne ou
dans les 3 mois suivant le retour d'un séjour dans un pays à risque.
Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) doit être évoqué en cas de : diarrhée
± sanglante avec fièvre, syndrome anémique (pâleur), HTA, insuffisance rénale aiguë.
Les thrombophlébites cérébrales surviennent le plus souvent en contexte infectieux local
(ORL) chez l'enfant et sont associées à des signes d'HTIC.
Les abcès cérébraux peuvent ne pas être fébriles ; il existe souvent une altération marquée de
l'état général et un foyer infectieux local, plus rarement des convulsions.
Connaître les critères de crise fébrile complexe et leur application pratique.
Toujours rechercher des signes évocateurs d'une infection du SNC et débuter un traitement
dans le doute.
3. Crises épileptiques aiguës symptomatiques hors contexte fébrile
Hématomes cérébraux
Un hématome sous-dural ou extradural aigu peut compliquer un traumatisme crânien
accidentel de l'enfant. L'anamnèse oriente le diagnostic.
Un hématome sous-dural aigu peut s'intégrer dans un tableau clinique de maltraitance,
notamment chez le jeune nourrisson.
Autres causes
L'interrogatoire et l'examen clinique permettent d'éliminer : les causes tumorales (signes
d'HTIC, augmentation du PC, anomalie de l'examen neurologique), les causes neuro-
vasculaires (accident vasculaire cérébral sur cardiopathie emboligène, rupture de
malformation artérioveineuse ou d'anévrisme, HTA), mais également les causes toxiques
(intoxication : CO, antidépresseurs, alcool, anti-H2).

5
Une anomalie de l’ionogramme sanguin (natrémie, calcémie) et de la glycémie sera
systématiquement recherchée avant l'âge de 6 mois.
Après cet âge, le bilan biologique n'est utile qu'en cas de point d'appel (antécédents médicaux,
histoire clinique, signes de gravité).
Convulsions hors contexte infectieux chez un jeune nourrisson : évoquer un hématome sous-
dural aigu.
4. Épilepsie du nourrisson
Généralités
Les épilepsies constituent un groupe hétérogène de maladies qui partagent la caractéristique
de crises épileptiques se répétant sans facteur déclenchant. Une convulsion peut être une crise
inaugurale d'une épilepsie.
Les deux syndromes les plus fréquents sont le syndrome de West et le syndrome de Dravet.
Syndrome de West
Il s'agit d'une épilepsie grave du nourrisson, débutant entre 3 et 12 mois (habituellement vers
l'âge de 6 mois) associant la triade caractéristique de spasmes épileptiques (contraction brève
avec élévation des bras et chute de la tête) survenant par salves, stagnation ou régression
psychomotrice, aspect EEG typique d'hypsarythmie (ondes lentes et pointes multifocales
diffuses et asynchrones de grande amplitude, disparition de l'activité de fond). prise en charge
thérapeutique précoce. Ce syndrome a le plus souvent une cause sous-jacente (séquelles
d'asphyxie périnatale ou d'infections neuro-méningées, sclérose tubéreuse de Bourneville,
malformation cérébrale, anomalie métabolique ou génétique).
Syndrome de Dravet
C'est une épilepsie rare, génétique, qui débute dans la première année de vie par des crises
convulsives prolongées dans un contexte fébrile ou post-vaccinal. Devant toute répétition de
crises prolongées avant l'âge de 1 an, les enfants doivent être vu par un neuro-pédiatre.
Triade du syndrome de West = spasmes, régression psychomotrice, hypsarythmie.
C. Principes de prise en charge thérapeutique
1. Mesures immédiates
Un traitement antipyrétique (en cas de fièvre) et un traitement étiologique (en cas crise aiguë
symptomatique identifiée) doivent être prescrits le plus rapidement possible.
L'état de mal épileptique établi est défini par des crises continues ou par la succession de
crises sans amélioration de la conscience sur une période de 30 minutes. Il est précédé d'un
état de mal « menaçant », défini par des crises de plus de 5 minutes dont on sait qu'elles ont
moins de probabilité de s'arrêter d'elles-mêmes. Il existe donc une définition « opérationnelle
» de l'état de mal qui justifie l'administration du traitement d'arrêt de crise après 5 minutes de
crise.
En cas de convulsions persistantes ou récidivantes :
• mettre en conditions :
– assurer la liberté des voies aériennes (pas de canule de Guedel) ;
– mettre en position latérale de sécurité ;
– monitoring cardiorespiratoire, constantes (avec température) ;
• administrer une benzodiazépine :
– si les convulsions n'ont pas cédé après 5 minutes d'évolution ;
– par exemple : diazépam 0,5 mg/kg (max. : 10 mg) en intrarectal.
En cas de convulsions persistantes au terme de 10 minutes (soit 5 minutes après la première
administration de benzodiazépine) :
• une seconde dose de benzodiazépine doit être administrée, de préférence par voie IV en
milieu hospitalier : clonazépam IVL ;
• en cas de nouvel échec, le traitement anticonvulsivant repose sur la prescription de :
phénytoïne ou phénobarbital par voie IV, au mieux en unité de réanimation infantile.

6
Le suivi immédiat repose sur la surveillance des constantes vitales, l'évaluation de la
conscience et l'examen neurologique à la recherche de signes neurologiques focaux durables.
2. Prise en charge thérapeutique des crises fébriles
Urgence en cas de convulsions : libération des VAS, diazépam si durée > 5 minutes.
Conseils aux parents
En cas de crise fébrile simple, il convient de rassurer les parents sur sa bénignité.
Conseils pour la conduite à tenir lors d'un prochain accès fébrile.
Un avis spécialisé (neuropédiatre) est requis principalement dans les cas suivants : crise
fébrile prolongée avant l'âge d'1 an, crise fébrile focale et prolongée ou focale et répétitive,
répétition d'une crise fébrile complexe (focale ou prolongée ou multiple), présence d'un retard
de développement ou d'une anomalie de l'examen neurologique.
Il permettra d'établir les facteurs de risque d'un début d'épilepsie, de décider des explorations
paracliniques éventuellement utiles ainsi que de poser l'indication d'un traitement
antiépileptique préventif.
Le risque principal est la récidive d'un épisode de crise fébrile ultérieurement (20 à 30 %).
Les traitements antipyrétiques n'ont pas montré d'efficacité dans la prévention de la récurrence
de crises fébriles au cours d'un épisode fébrile.
En cas de survenue d'une récidive de crise fébrile à domicile, une dose de diazépam intrarectal
doit être administrée si celle-ci n'a pas cédé au terme de 5 minutes. En cas de persistance des
convulsions malgré ces mesures, les secours médicalisés doivent être prévenus.
Une consultation médicale systématique (même si la crise a cédé) permet de rechercher une
cause à l'épisode fébrile et de s'assurer de l'état neurologique de l'enfant.
Messages aux parents : reconnaître la crise, l'état post-critique, diazépam 0,5 mg/kg IR si ≥ 5
minutes.

7
II. Épilepsies de l'enfant
A. Analyser une épilepsie
1. Évoquer une épilepsie et en évaluer la sémiologie
Généralités
L'identification d'une épilepsie est avant tout clinique.
Le diagnostic est précisé à partir des données anamnestiques au décours de chacune des crises
épileptiques.
Arguments cliniques en faveur :
• le caractère paroxystique de la crise, en particulier le début clairement identifiable ;
• la similarité d'une crise à l'autre.
• description par l'enfant et son entourage des crises, en insistant sur le premier symptôme
ressenti ou vu, les signes observés, la phase post-critique immédiate, les éventuels facteurs
favorisants;
• raisonnement médical : de quel type de crise s'agit-il (à début généralisé ou à début focal) ?
Quelles régions cérébrales semblent impliquées en cas de crises focales ? peut-on évoquer un
syndrome ? une étiologie ?
Crises épileptiques à début généralisé
Les crises généralisées tonico-cloniques débutent de manière brutale, avec une perte de
connaissance et une chute si l'enfant est en position verticale sans qu'il ne puisse prévenir ou
se protéger.
Se succèdent : une phase tonique (contraction soutenue des quatre membres avec pause
respiratoire) de 10 à 20 secondes, une phase clonique (secousses rythmiques et synchrones
des quatre membres) de 30 secondes à 2 minutes (avec parfois morsure de langue), puis une
phase de relâchement musculaire (avec perte d'urine fréquente). On observe enfin une phase
post-critique de quelques minutes à 2–3 heures, avec amnésie complète de la crise.
Les absences surviennent de manière pluriquotidienne, avec un début et une fin brusques.
Elles sont marquées par une suspension brève de la conscience (2 à 20 secondes), avec
interruption des activités en cours. Le regard de l'enfant est fixe, avec parfois des myoclonies
de faible intensité des paupières et des globes oculaires. L'enfant reprend ensuite son activité
où il l'avait arrêtée. Elles peuvent être déclenchées par l'hyperpnée.
Les myoclonies entraînent un sursaut brutal et une chute secondaire à une contraction brève
de la musculature axiale, sans rupture de contact, avec récupération rapide. Un enregistrement
EEG est nécessaire pour confirmer la nature épileptique.
Crises épileptiques à début focal
Elles se caractérisent par des signes focaux (moteurs, sensitifs, sensoriels…) stéréotypés,
suivis d'un déficit post-critique, en rapport avec la région cérébrale en cause. Par exemple,
une crise partielle occipitale se traduira par des hallucinations visuelles. Elles peuvent être à
conscience conservée ou altérée. Elles peuvent avoir une évolution tonico-clonique bilatérale.
2. Apprécier la gravité de l'épilepsie
Gravité de l'épilepsie reliée :
• essentiellement à sa cause : épilepsie avec anomalie structurale à l'IRM, telle qu'une
malformation cérébrale, une lésion anoxo-ischémique, ou génétique; ces étiologies
conditionnent souvent la coexistence de troubles majeurs du développement intellectuel et du
spectre autistique ;
• aux caractéristiques des crises épileptiques :
– crises entraînant des chutes traumatisantes ;
– crises prolongées ;
– crises cyanosantes ;
• aux comorbidités : difficultés de développement cognitif et de comportement de l'enfant
(TDAH, troubles attentionnels) avec retentissement sur la vie quotidienne.
8
• à la réponse thérapeutique (pharmaco-résistance).
Crises à début généralisé : crises généralisées tonico-cloniques, absences, myoclonies. Crises
à début focal : à conscience conservée ou à conscience altérée.
Gravité de l'épilepsie reliée à l'étiologie en premier lieu.
3. Enquête diagnostique
Enquête clinique
Elle complète les données sémiologiques déjà précisées.
Examen physique :
• appréciation des traits morphologiques (dysmorphie) ;
• examen neurologique complet ;
• examen général : hépatomégalie, taches cutanées, souffle cardiaque…
Enquête paraclinique
Électroencéphalogramme (EEG) :
• systématique, veille et sommeil ;
• enregistre l'activité cérébrale inter-critique :
– un EEG inter-critique normal n'élimine pas le diagnostic d'épilepsie ;
– inversement, des anomalies EEG peuvent être observées en l'absence de toute épilepsie ;
• si les crises sont fréquentes (pluriquotidiennes) : possibilité d'enregistrement EEG/vidéo
prolongé pour enregistrer une crise.
Imagerie cérébrale = IRM :
• non systématique (selon le syndrome et la cause suspectée) ;
• inutile dans les épilepsies idiopathiques ;
• indiquée si : épilepsies partielles non idiopathiques, épilepsies associées à un retard
psychomoteur et à des signes neurologiques focaux, épilepsie comportant des critères de
gravité ou mal contrôlée par un traitement bien conduit.
Données cliniques essentielles : antécédents neurologiques, évolution du périmètre crânien,
développement psychomoteur, syndrome dysmorphique.
EEG : seul examen indispensable pour le bilan initial et le suivi d'une épilepsie de l'enfant.
Retenir que l'on traite un enfant ayant des crises épileptiques et non des anomalies EEG.
B. Classification des crises épileptiques, syndromes épileptiques
1. Orientation diagnostique
La démarche diagnostique repose sur les étapes suivantes :
• description du types de crises épileptiques ;
• analyse médicale : s'agit-il de crises à début focal ou à début généralisé ?
• diagnostic syndromique ;
• recherche de la cause de l'épilepsie.
Les crises épileptiques (dont la répétition définit l'épilepsie) s'intègrent dans un syndrome
épileptique, dont le diagnostic tient compte des paramètres suivants :
• âge de survenue des premières crises épileptiques ;
• sémiologie des crises et circonstances de survenue ;
• résultats EEG (intercritique et parfois critique) et éventuellement neuroradiologiques.
La classification des épilepsies comprend trois niveaux :
• le type de crise épileptique : à début focal, à début généralisé, à début indéterminé ;
• le type d'épilepsie : les épilepsies avec crises à début focal, les épilepsies avec crises à début
généralisé, les épilepsies avec des crises à début focal et à début généralisé, les épilepsies avec
des crises à début indéterminé ;
• le syndrome épileptique, quand cela est possible.
La classification des épilepsies, quel que soit le niveau, demande de considérer :
• la cause, répartie en six catégories : structurelle, génétique, infectieuse, métabolique,
immune, inconnue ;

9
• les comorbidités.
Des exemples de syndromes épileptiques de l'enfant sont détaillés ci-après.
2. Syndromes épileptiques les plus fréquents
Épilepsie-absence de l'enfant (épilepsie généralisée idiopathique)
Elle représente 5 à 10 % des épilepsies de l'enfant. Elle débute vers l'âge de 5–7 ans et
disparaît souvent avant l'adolescence.
Elle se manifeste par des absences pluriquotidiennes, favorisées par l'hyperpnée
(déclenchement aisé d'une absence en consultation par une épreuve d'hyperpnée). Au moment
du diagnostic, les absences sont le seul type de crise observée.
L'EEG est indispensable pour établir le diagnostic ; il montre de façon concomitante des
absences des bouffées de pointes-ondes généralisées, synchrones à 3 cycles/s, de début et fin
brutaux. Attention aux troubles attentionnels qui est une comorbidité fréquemment associée.
Le pronostic est le plus souvent bon dès l'institution d'un traitement.
Épilepsie à pointes centrotemporales (EPCT) (épilepsie focale idiopathique)
Représente 15 à 20 % des épilepsies de l'enfant. Elle survient vers l'âge de 3 à 13 ans (en
moyenne 10 ans). Les crises sont à début focal avec des phénomènes sensitivomoteurs de la
région buccofaciale (avec hypersalivation et arrêt de la parole), survenant en pleine
conscience, le plus souvent en fin de nuit, avec généralisation secondaire possible.
L'EEG montre entre les crises des anomalies qui, associées à la clinique, permettent le
diagnostic. Il s'agit de pointes-ondes amples centrotemporales unifocales ou bilatérales, avec
un aspect particulier en ondes biphasiques. On observe une augmentation de leur nombre au
cours du sommeil.
Le pronostic est excellent, avec guérison constante avant l'âge de 15 ans. Attention aux
troubles attentionnels et cognitifs qui sont des comorbidités pouvant être associées. Le
traitement n'est pas systématique compte tenu de la rareté et de la brièveté des crises, ainsi
que de leur caractère nocturne qui n'impacte pas les activités de l'enfant.
Épilepsie-absence : absences pluriquotidiennes favorisées par l'hyperpnée, de bon pronostic.
C. Prise en charge au long cours de l'épilepsie
1. Stratégie thérapeutique
Le traitement ne doit être introduit que si le diagnostic d'épilepsie est confirmé.
La molécule doit être choisie en fonction du type de crise épileptique, du syndrome
épileptique et parfois de l'étiologie. Il est important aussi de tenir compte du profil du patient
et des contre-indications et effets secondaires potentiels des traitements.
Il faut débuter par une monothérapie et chercher la dose minimale efficace en introduisant
progressivement le traitement. Le traitement ne devra pas être arrêté brutalement. L'enfant
devra être revu 1 à 2 mois après l'introduction pour vérifier l'efficacité sur les crises et les
effets indésirables, puis tous les 6 mois. Le bilan initial et le suivi comprendront
systématiquement l'évaluation du retentissement cognitif, point majeur dans les épilepsies de
l'enfant.
2. Autres éléments de prise en charge
La compréhension de la maladie, la connaissance des règles d'hygiène de vie (sommeil
régulier, absence de prise d'alcool), la reconnaissance des crises, l'apprentissage de la conduite
à tenir par les parents en cas de crise notamment prolongée (> 5 minutes), la compréhension et
la bonne observance (prise régulière à horaires fixes sans oubli) du traitement avec
informations sur les effets secondaires, l'écoute de leurs inquiétudes.
Cela passe par de l'éducation thérapeutique de l'enfant et de ses parents.
Dans les épilepsies graves du fait du retentissement cognitif, psychoaffectif, familial, éducatif
et scolaire pour l'enfant, de crises fréquentes ou sévères, d'effets indésirables importants, un
projet éducatif (dont PAI) est à mettre en place ainsi qu'une demande de prise en charge en
ALD.

10
L'épilepsie est une maladie chronique avec un vécu souvent difficile pour l'enfant et pour la
famille. Un soutien psychologique peut être utile pour l'enfant épileptique et ses parents.
Traitement de fond uniquement si le diagnostic d'épilepsie est confirmé.
Monothérapie avec évaluation de l'efficacité, de l'observance et de la tolérance.
Éducation thérapeutique de l'enfant et de ses parents.

11

Vous aimerez peut-être aussi