La lettre est traitée sur les quinze dernières minutes du film, découpées en six séquences dont voici le découpage.
1 « Princesse, très chère Marie, Enfant, si je prends aujourd’hui cette liberté de vous écrire comme j’ai pris celle de vous aimer, c’est que, décidé à regagner Maucombe où je m’enfermerai dans le silence, je me faisais un devoir de vous servir une dernière fois. Je crains pour vous, Madame. Ayant eu le bonheur de vous examiner tant d’heures, qui vous connaîtrait mieux que moi ? Qui connaîtrait mieux que moi votre dure innocence ? Jamais offerte, toujours dans le secret, attendant des autres qu’ils vous tirent un cri et rageant s’ils vous y contraignent. Vous poursuivez seule le voyage de la vie comme un pèlerin dans les ténèbres. Ne vous trompez pas d’étoile, Marie. Moi je connais la vôtre. A la distance d’une main au-dessus de la constellation du Dauphin que nous avons observée ensemble. Je lui ai donné votre nom. Et je suis assuré qu’elle est bien vôtre car dès que je lui parle de ce qui me broie le cœur, elle s’éteint. S’il advenait comme je le redoute que vous soyez un jour... » 1:54:42 Plan sur Chabannes en train de l’écrire avec léger travelling latéral ; voix off de ce qu’il est en train d’écrire. Voix-off se poursuit sur la scène suivante dont les teintes sont semblables à celles du plan où se trouve Chabannes. Montage cut sur préparatifs et début de la nuit du massacre des protestants par les catholiques, mais continuité chromatique et continuité du type de plan - moyen et/ou américain avec perspective - personnages en fond de plan. Pendant lecture de la lettre et préparatifs de la nuit de la Saint-Barthélemy, apparition de Guise (1:55:44) Fin de la voix off sur phrase inachevée – Massacre en cours.
1:56:09 Retour sur Chabannes qui cachette la lettre et sort. Se trouve au milieu du massacre, protège une femme enceinte, se bat seul contre plusieurs et meurt.
2 1:58:43 Lettre retrouvée par Montpensier - tachée de sang. Zoom sur le visage de Montpensier qui se saisit de la lettre puis gros plan où l’on lit le nom de la destinataire, sa femme. Le Prince prend la lettre.
3 Montage cut visuel (mais pas sonore) sur le Prince chevauchant à brides abattues vers Mont-sur-Brac où il arrive épuisé.
Montage alterné : la princesse en-dehors du château – sur la terrasse ou au pied de celui- ci - et le prince chevauchant. Paysages d’automne. Musique qui s’atténue doucement.
4 2:01 - Entrée du prince au château où il s’excuse auprès de sa femme d’être resté si longtemps loin d’elle en raison de « la reprise de la guerre, le départ d’Anjou pour la Pologne » puis donne à Marie la lettre en lui en citant le début ; il l’a « apprise par cœur » ! Le prince annonce à Marie que Chabannes est mort « lors de la grande boucherie d’hérétiques à Paris ». Emoi de Marie en train de lire de dos. Le prince imagine qu’elle vient de lire le passage sur son étoile. Commentaire amer du Prince : « Il semble que le sage M. de Chabannes ait été frappé par le mal dont vous touchez tant d’hommes. » Le prince annonce à Marie que Guise épouse Mme de Clèves « très belle, très riche surtout », et se trouve à Blois pour préparer les contrats de mariage. Marie annonce qu’elle ira voir Guise le lendemain.
2:03:20 Pour l’en dissuader, le prince cite la suite de la lettre de Chabannes, en poursuivant Marie dans l’escalier : « ... S’il advenait comme je le redoute que vous soyez un jour reprise par la passion que vous a inspirée M. de Guise, sachez que rien ne vous assure de la continuité de sa propre passion. Les gens de sa nature ont l’éclat, le charme, l’audace, ni la profondeur, ni la durée… » On notera la coïncidence du décor avec les propos de la lettre, inscription sur le mur de l’escalier : “Vertu pour guide’’. Silence sur porte qui se ferme. Echange à travers la porte - Le prince à Marie : « Je pouvais détruire cette lettre, Marie ! mais j’ai crevé deux chevaux dans ma hâte à vous la porter. Quel plus grand témoignage de ma loyauté, de mon pardon ? ”
5 2.05:02 Montage cut sur Guise s’entraînant au combat Scène de retrouvailles et de rupture définitive. Marie à son tour cite la lettre de Chabannes. « Tout est dit. N’allez pas plus loin dans l’abaissement. M. de Chabannes a bien prophétisé : « …Sachez que rien ne vous assure de la continuité des sentiments de M. de Guise. S’il se présente une occasion plus favorable à ses intérêts, vous lui verrez tourner la tête ailleurs. » Départ de la princesse qui croise celle qui lui succède. On la retrouve à cheval. Reprise de la musique et de la voix off de Chabannes qui accompagne la longue chevauchée de Marie alors qu’elle s’éloigne de Guise. « Pour moi, vous m’avez apporté l’émerveillement de la jeunesse, la vôtre et la mienne, tardivement ressurgie. Où que je sois, vous m’accompagnerez. Adieu Marie, chère enfant ! Le bonheur est une éventualité peu probable dans cette aventure qu’est la vie pour une âme aussi fière que la vôtre. Permettez-moi de reparaître de temps à autres dans votre souvenir comme une de ces vieilles chansons que l’oubli n’efface jamais vraiment de notre mémoire. Ayant perdu l’estime de votre mari et le cœur de votre amant, au moins vous restera la parfaite amitié de François, comte de Chabannes. »
6 2:09:13 Montage cut sur la chapelle au milieu du plateau enneigé. Scène silencieuse de recueillement de Marie et Nicolas sur la tombe de Chabannes. Musique et Voix off de Marie, lorsqu’elle sort de la chapelle et marche dans la neige. “Comme François de Chabannes s’était retiré de la guerre, je me retirai de l’amour. Ma vie ne serait plus pour moi que la succession des jours. Et je souhaitais qu’elle fût brève puisque les secrètes folies de la passion m’étaient devenues étrangères.”