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Introduction à l’enfance:

Déterminer ce à quoi renvoie le terme “enfance” pourrait sembler d’une simplicité


précisément enfantine. Il désignerait au premier abord la période de la vie humaine qui
s’étend de la naissance à l'âge adulte. Le 1er article de la Convention internationale des droits
de l’enfant définit l’enfant comme “un être humain âgé de - de 18 ans, sauf si la majorité est
atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable. Or délimiter l’enfance par une
temporalité commune à tous n’est pas satisfaisante: variations historiques et culturelles.
Ainsi l’enfance offre des contours flous, qu’il nous faudra interroger.

Un peu d’étymologie...
l'enfant signifie “celui qui ne parle pas”= in-fans-, ou encore, selon les mots du
philosophe Alain, celui qui “parle avant de savoir ce qu’il dit”. Ainsi,
l’enfance peut être désignée comme la période où l’être humain n’accède que
progressivement au langage, partant, à la raison.

Victor hugo écrit dans L’Art d’être grand-père à propos de ses petits-enfants qui « jasent » :
«Ce n’est pas la parole, ô ciel bleu, c’est le verbe ; C’est la langue infinie, innocente et
superbe». L’enfance ne serait pas non plus l’âge de la déraison, mais celui d’un rapport au
monde insouciant, empreint d’images, de magie, où les objets s’animent et où les animaux
parlent, où, en somme, tout est possible. L’adulte pourrait alors comprendre l’enfant en
faisant l’effort de se mettre à sa hauteur, en suivant son développement et ses besoins, en
essayant tant bien que mal d' entrer dans son monde. Pour ce faire, il peut tenter de retrouver
en lui le sentiment de l’enfance en se remémorant la sienne, et peut même prendre plaisir à
renouer avec les jeux et les rêveries qui l’habitaient alors.
Ce constat nous conduit à penser le paradoxe de l’enfance : c’est toujours à l’âge adulte que
l’on en parle. Repenser et raconter l’enfance suppose donc soit une introspection soit une
projection : se mettre à la place de celui que l’on a été mais qu’on n’est plus, ou se mettre à la
place de l’enfant pour parler en son nom.

L’enfance fait replonger tout penseur ou écrivain dans un univers d’émotions brutes, de
sensations très puissantes qui ont laissé leur trace. Rien de surprenant alors à ce que
l’enfance soit un topos privilégié de la littérature. Le genre de l’autobiographie apparaît à ce
titre comme une mine d’or pour appréhender l’enfance : la manière dont le sujet se rapporte à
son passé constitue un objet clé pour comprendre l’œuvre, le cheminement artistique de
l’auteur, et pour penser l’enfance en général.
La parole poétique entretient elle aussi un rapport privilégié à l’enfance : nombreux sont les
poètes qui invoquent ce temps comme un paradis perdu, source d’inspiration, ou comme une
matrice synesthésique pour la création, car l’enfance semble bien être un âge où les
impressions sensibles sont décuplées et en communication les unes avec les autres.

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