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« Au cours de la première moitié du XXe siècle, l’enfance était considérée comme une
période d’innocence et d’isolement, une période où il fallait protéger les enfants des
sombres réalités du monde adulte. A la différence d’habillement entre ces deux groupes
s’ajoutait une différence de « langage », étant donné que l’on estimait que certains mots
ou sujets-la vie, la mort, le sexe et l’argent- n’étaient pas faits pour des oreilles enfantines.
Il existait en outre un système rigide de délimitation de tranches d’âge, favorisé par la
structure de l’école, qui désignait ce que devait savoir et ce que devait faire un enfant
d’un âge donné.
Ces trente dernières années, l’image et le rôle de l’enfant ont considérablement
changé. L’enfance en tant que période de vie protégée et à l’abri des soucis a pour ainsi
dire disparu. Aujourd’hui, les enfants ressemblent moins à des enfants. Ils s’expriment,
s’habillent et se comportent davantage comme des adultes que par le passé. Nous
pourrions, certes, appeler cette tendance « la fin de l’enfance ». Toutefois, les choses ne
s’arrêtent pas là puisque sans une perception nette de l’enfance, nous ne saurions avoir
d’idée claire de l’âge adulte. En effet, il y a lieu de croire qu’une forte proportion des
adultes qui ont atteint leur majorité au cours de ces vingt dernières années a conservé le
langage, l’habillement et le comportement d’enfants qui auraient grandi trop vite. Ce qui,
semble-t-il, se passe dans notre culture, c’est la fusion complète de l’enfance et de l’âge
adulte. » Joshua Meyrowitz, Le temps de la réflexion, VI, « l’enfant adulte et l’adulte
enfant », trad. Evelyne Clavaud, Gallimard(1985).