Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
UN #51
RENDEZ-VOUS OCTOBRE
NOVEMBRE
FRANÇAIS 2019
—
PARIS
M 06430 - 51 - F: 11,90 E - RD
BEL-ITA-LUX-PORT.CONT. 12,90€ / CH 20CHF
FLORENCE CANE
—1—
SOMMAIRE
PARIS
—8— — 48 — — 78 — — 94 —
LA GRIVOISE YAMORAMA LÉGENDE LA SAISON
Guillaume Gomez Farines VIGNERONNE
— 96 / 98 —
— 10 — — 56 — — 79 — PRODUITS
GRAIN DE SEL L’ÉTOILE MONTANTE LE CHIFFRE D’EXCEPTION
Daroco 16 Coaching Brie Dongé
— 80 — Jambon de Paris
— 13 — L’ENGAGÉ
— 58 —
ORIGINE TEMPS YAMISEZ Une distillerie — 100 —
Le temps de la culture VOTRE RECETTE dans Paris ? LES RACES
C’est possible !
Tête de veau, La poule de Houdan
— 15 — sauce gribiche
par Yoan Delorme — 86 —
ORIGINE MATIÈRE — 102 —
LE PRISME DU VIN
Le miel de Paris FACE-À-FACE
— 60 — Nicolas Julhès,
Les micro-pousses
LA COULEUR Distillerie de Paris,
— 18 — d’Audrey et de Xinhui
DU GOÛT Gin Batch #1
ORIGINE CONTRÔLÉE 43 % alc/vol
Le champignon
L’écosystème — 109 —
de Paris
parisien luxuriant — 88 — SUCRÉ
—2—
DES CHIFFRES
1186
1968
Cette année-là, le roi Philippe Auguste, écœuré
par la puanteur de la ville donne l’ordre de faire
paver les rues de pierre. Le chantier ne s’achève
qu’au xive siècle. En 1502, « paveur » devient un
métier officiel, régi par un statut.
1,5 kg
contre les forces de l’ordre.
8 000 tonnes
C’est le poids moyen d’un pavé
parisien. Son arête est de 10 cm.
Il est composé de granit mosaïque,
une pierre naturelle, réputée
pour sa longévité.
C’est le poids moyen de pavés parisiens
récupérés chaque année lors des travaux.
Ils sont alors stockés à
Bonneuil-sur-Marne.
60 €
C’est le prix qu’il vous faudra débourser
pour vous offrir un vrai pavé parisien,
223 m
C’est la longueur de la rue Pavée,
sise dans le 4e arrondissement de Paris.
C’est la première rue à avoir été pavée.
estampillé par la mairie de Paris. Si d’autres rues portaient ce nom, à Paris,
La tonne est vendue quant à elle 40 €, c’est la seule qui a gardé cette dénomination.
mais on n’en fait pas le même usage.
—4—
UNE LETTRE
B
P P COMME PAVÉS
étonné Paris ? Si les rues ont été recouvertes de bitume après
les événements de 1968, les pavés n’en ont jamais été retirés.
Ils sont bel et bien là, trace du patrimoine historique de la ca-
pitale. Que serait Paris sans ses pavés ? Sous nos pieds, pas moins de
neuf siècles d’histoire. Car c’est le roi Philippe Auguste qui, s’inspi-
rant des Romains, décida de paver les rues pour raison hygiénique
et faciliter la circulation. Un travail manuel de longue haleine. Pas
moins de 5 revêtements successifs ont été utilisés : tour à tour bois,
grès, macadam, asphalte, bitume. En 1968, près de 800 hectares de
rues sont pavées, les étudiants les utilisent contre les forces de l’ordre
et découvrent Paris-Plage : sous les pavés, une mer de sable !
—5—
01
RECEVOIR
GUILLAUME GOMEZ
Guillaume Gomez, un des chefs les plus charismatiques de la capitale,
officie au palais de l’Élysée. Depuis 1997, il gère une brigade de
25 personnes et veille tant aux menus quotidiens qu’aux cérémonies
officielles. Dans cette nouvelle rubrique, La Grivoise, nous passons une
personnalité de l’univers de la gastronomie et plus globalement de l’art de
vivre au crible de quelques questions. Histoire de découvrir des facettes
insoupçonnées de nos invités.
—
TEXTE
LESLIE GOGOIS
PORTRAIT
ORIANA FENWICK
—8—
LA GRIVOISE
Ma contre-vérité (ce qu’on imagine de vous et qui n’est pas vrai) Comme je
suis assez présent sur les réseaux sociaux, les gens imaginent tout connaître de moi.
Mais c’est totalement faux ; je ne parle jamais de ma famille, de ma vie, je ne donne
pas le nom de mon chien, d’ailleurs je n’en ai pas… Ma communication reste toujours
axée autour des produits et de la transmission. Je mets quiconque au défi d’avoir vu
quelque chose sur ma vie personnelle sur les réseaux sociaux ! Et même profession-
nellement, je ne dévoile qu’une part infime de ma vie, que ce soit pour des raisons de
confidentialité ou autre.
Mon secret caché (une petite manie, un péché mignon…) Alors, il faut que je trouve
quelque chose d’avouable… (Rires). Tous les soirs, avant d’aller me coucher, je mange
au moins un carré de chocolat, parfois plus. C’est souvent du chocolat noir, mais pas
toujours. En ce moment, je dévore les tablettes que Sébastien Bouillet m’a offertes.
Un vrai péché mignon. Et sinon, je ne m’endors jamais sans lire quelques pages… Là,
je suis plongé dans Les guerres intérieures de Valérie Tong Cuong.
Mon plus grand amour dans la vie, c’est… Ma famille, sans hésiter. Mais comme je
ne parle jamais de ma vie, n’essayez pas d’en savoir plus !
Ce que je ne sais vraiment pas faire… Vous avez de la place dans votre interview ?
Car il serait beaucoup plus court de faire la liste de ce que je sais faire ! Par exemple,
je n’ai jamais réussi à monter à la corde lisse, ni à sortir en wakeboard, ni à tenir sur
un skateboard. Il y a une foule de choses que j’ai testées mais que je n’ai pas réussies.
Si j’avais mené une autre vie… Je n’aurais pas pu mener une autre vie ! Je cuisinerai
tout le temps, toujours. Contrairement à beaucoup de chefs, je n’ai pas de souvenirs
gastronomiques, enfant. L’une de mes grands-mères me préparait des steaks hachés
et des pommes de terre Lunor à Montreuil, et mon autre grand-mère, en Espagne,
ne cuisinait pas bien non plus. Et pourtant, j’ai toujours voulu faire ce métier. Je me
souviens qu’en maternelle, j’étais le seul déguisé en cuisinier au milieu des pirates et
des princesses. C’est d’ailleurs sûrement ma plus grande chance dans la vie : avoir tou-
jours su le métier que je souhaitais exercer. Et aussi d’être tombé sur des passionnés,
qui m’ont transmis les bonnes valeurs, et notamment Johny Benariac, mon patron
d’apprentissage, à la tête du restaurant La Traversière à Paris.
La question bonus : quelles sont les recettes que vous préparez le plus à l’Ély-
sée ? Ce que je peux vous dire, c’est qu’il n’y a aucune recette qu’on réalise plus que
d’autres ! Notre objectif est de représenter le terroir et le territoire français, Dom-
Tom compris. Toutes les influences nous inspirent, la cuisine des îles, lyonnaise, alsa-
cienne, même si l’Île-de-France représente évidemment une part importante car nous
travaillons avec de nombreux producteurs installés à moins de 100 km de Paris. Mais
pour autant, on ne s’interdit rien, je peux aussi bien cuisiner un poulet landais, une
poule noire d’Alsace, une volaille de la Sarthe ou de Bresse. Pas de routine à l’Élysée, et
c’est précisément ce qui est intéressant. Ici, nous ne servons pas de jambon de Parme,
de truffe blanche, ni de Jabugo, ce n’est pas notre rôle. Tous les éleveurs et agriculteurs
de l’Hexagone pourront toujours compter sur nous !
—9—
GRAIN DE SEL
D
aroco 16 vient d’ouvrir ses portes, il jeté son dévolu sur le Grana Padano AOP.
y a quelques jours seulement. Après « Il nous sert de base sur nos pizzas : nous met-
sa première version installée rue Vi- tons d’abord la sauce tomate, puis un peu de
vienne près de la Bourse à Paris, les associés Grana Padano AOP avant de passer le tout
à l’origine de cette jolie table italienne ont au four. La garniture, telle que le jambon de
posé leurs burratas et autres pizzas au pied de Parme ou la mozzarella di Buffala, est ra-
la Maison de la Radio. « Notre envie ? Pro- joutée après cuisson. Nous ajoutons aussi du
poser des recettes simples réalisées avec des pro- Grana Padano AOP dans nos risottos pour
duits italiens de qualité et de saison. Le tout leur apporter du fondant. » Sans compter sur
dans une ambiance chaleureuse » annoncent la saveur « umami », si singulière, apportée
de concert Julien Ross, l’un des fondateurs, par ce fromage italien. Comme dans cet in-
et Federico Schiavon, chef exécutif. Une croyable risotto à la milanaise, mêlant safran
équation qui ne peut être que gagnante. Sur- et moelle de bœuf, un régal.
tout si elle a été pensée dans un décor à la La clé du succès selon Julien Ross ? « La cui-
fois élégant et éclatant mis en scène par Oli- sine italienne plaît beaucoup. Elle est à la fois
vier Delannoy, jeune architecte talentueux. intemporelle et universelle. Il faut savoir qu’en
Miroirs au plafond, fresque bleu Majorelle France, nous sommes les 2es plus gros mangeurs
XXL, plantes vertes, bar tout en longueur of- de pâtes et de pizzas au monde ». Et, ici, la
frant une joyeuse palette d’alcools et liqueurs pizza est soignée. « Nous avons investi dans
italiens. Tout a été conçu pour rendre ce lieu un four électrique qui monte en chaleur – à
chaleureux. 520 °C – très rapidement. Ainsi, nos pizzas
Ce qui plaît aux clients côté menu, c’est une cuisent en 1 minute, voire 1 minute 30 », en-
habile combinaison de plats traditionnels, chaîne Federico Schiavon, originaire de Sar-
réalisés dans les règles de l’art, comme la daigne. Après avoir officié pendant 7 ans à la
caponata sicilienne ou la pizza napolitaine, Romantica, fameux restaurant italien de Cli-
et de recettes simples et efficaces mettant chy, ce chef italien avait pris la gérance d’un
en scène des produits italiens d’exception. petit restaurant à Rosny-sous-Bois. Jusqu’à
« Nous aimons sourcer nos produits : notre sa rencontre avec Julien Ross et Alexandre
sauce tomate, par exemple, est spécialement Giesbert, alors à la recherche d’un chef au
fabriquée pour nous en Calabre ; une petite moment de l’ouverture du premier Daroco.
productrice italienne nous prépare une pâte à « Entre nous, tout a immédiatement fonction-
tartiner fromage-andouille que nous sommes né. » Il faut dire que tout ce petit monde est
les seuls à avoir… » s’enthousiasme Federico mû par la même envie : faire constamment
Schiavon. L’objectif est clair : proposer des plaisir aux clients. Pari réussi.
choses singulières. Côté fromages, le chef a
DAROCO 16
Cette nouvelle rubrique de Yam a pour ambition d’aller mettre
son « grain de sel » dans les tables italiennes qui valent le détour.
Celles qui font la part belle à une cuisine transalpine de qualité.
Premier arrêt chez Daroco 16, une pépite qui, à peine ouverte,
ne désemplit pas.
— TEXTE
LESLIE GOGOIS
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
Rubrique présentée
par Grana Padano
— 10 —
ORIGINE TEMPS
LE TEMPS
ACTE 01—
DE LA CULTURE
PAR RYOKO SEKIGUCHI
—
Originaire de Tokyo, cette amoureuse
de cuisine se consacre dans ses écrits
à la gastronomie. Exploration, en 6 actes
et 6 numéros de Yam, des différents temps
qui traversent la gastronomie.
I
l fut un temps où la gastronomie était un monde comparti-
menté. Les cuisiniers évoluaient dans un monde séparé de
celui de leur patron ; quant aux paysans et aux pêcheurs, ils
étaient coupés de la haute cuisine, au même titre que les mar-
chands. Au cours de ces dix dernières années, l’une des évolu-
tions les plus fondamentales qu’ait connue la gastronomie a été
de se reconsidérer comme un monde organique, où chaque par-
tie est liée au tout. Par conséquent, on a vu introduire la notion
de produit. Pour autant, a-t-on prêté attention au temps de la
culture ?
Patience et constance sont la devise de la culture, qu’il s’agisse
de l’agriculture ou de l’élevage. Pour pouvoir récolter une as-
perge, il faut l’avoir cultivée des années auparavant. En hiver, les
arbres laissent tomber leurs feuilles, tandis que les racines pré-
parent leurs ramifications. Le sol n’est jamais en repos. Les pro-
duits « de saison », qui semblent n’apparaître qu’à un moment
précis de l’année, ne peuvent venir à l’existence qu’après des
années de « vie » antérieure, et une préparation toute l’année
durant. On ne consomme souvent qu’une partie d’un légume,
mais la vie de la plante se prolonge bien en amont, ou en aval.
Lorsqu’un produit « de saison » se présente dans l’assiette, on
déguste toujours les trois autres saisons qui l’ont vu pousser,
grandir jusqu’à la floraison, graines ou tubercules.
Le temps de la culture, s’il n’est pas le plus long parmi toutes
les étapes de la gastronomie, est du moins celui qui dépend le
plus directement de la nature. Le plus dangereux dans la culture
industrielle n’est pas tant le fait de cultiver des légumes « hors
saison », comme on dit, mais de « raccourcir » le temps de
culture. Celui-ci prendra sa revanche en appauvrissant le pay-
sage, car le temps court représenté dans une assiette ne saurait
déployer un horizon à perte de vue. La gastronomie ne com-
mence qu’au moment où l’on invite dans la cuisine le temps de
la nature.
— 13 —
Tulakalum 75% Pur Belize
La révélation d’un goût rare
L’étonnant profil de ce chocolat pur Bélize, né de l’alliance étroite entre force de caractère et
douceur des épices, saura vous surprendre et vous inspirer.
#ValrhonaTulakalum #ValrhonaUnbelizeable
ORIGINE MATIÈRE
S’il est un miel que l’on veut tous s’arracher, à la fois exclusif,
pur à 100 %, toutes fleurs et labellisé, c’est bien le Miel de Paris.
Il suffit de prendre un peu de hauteur pour constater que
les toits de la Ville lumière revêtent des atours bien bucoliques.
Les butineuses parisiennes y excellent dans leur tâche,
et les apiculteurs citadins s’enorgueillissent d’un tel trésor.
ORIGINE MATIÈRE
LE MIEL DE PARIS
—
TEXTE
ÉLODIE GIRONDE
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
— 15 —
ORIGINE MATIÈRE
I
l est 5 h, Paris s’éveille en douceur et
CHACUNE DES il en est de même pour les 200 ruches
installées par Lionel Potron, éleveur
200 RUCHES RÉPARTIES et apiculteur citadin d’Apis Civi.
Les abeilles Buckfast, reconnues pour
SUR 25 RUCHERS leur douceur comportementale, sont des
locataires bien occupées. Les butineuses
PARISIENS VA FOURNIR, reprennent leur activité, entament leur
danse, avant de partir jusqu’à 2 km à la
À L’ISSUE DE L’ÉTÉ, ronde, à la recherche du précieux nectar
qu’elles seules savent transformer.
30 À 35 KG DE MIEL.
COLLECTE ET TRANSFORMATION,
LE TRAVAIL DES ABEILLES
Sur les 60 000 abeilles qui composent
une ruche, 20 000 en moyenne partent
en quête de nectar et de miellat. L’essen-
tiel de la collecte porte sur le nectar, ce si-
rop sucré produit par le calice des fleurs.
— 16 —
ORIGINE MATIÈRE
Une infime partie, de l’ordre de 1 à 2 %, EXTRACTION, FILTRAGE ET SOINS, ruches réparties sur 25 ruchers parisiens
concerne le miellat, à savoir la sève de LE TRAVAIL DE L’APICULTEUR va fournir, à l’issue de l’été, 30 à 35 kg de
certains arbres, que la butineuse récupère Pour héberger leurs abeilles, Lionel et son miel. L’ensemble de la récolte est ensuite
et qui confère au miel une douce et sub- associé Mathieu ont fait le choix de ruches mélangé et stocké dans un même fût, et
tile amertume. Mais avant d’en arriver là, dernière génération. Un système à robinet là encore il faut rester attentif au bon ni-
chaque délicate substance est transpor- permet de limiter le stress des abeilles et fa- veau d’hygrométrie. 16 à 22 % d’humidité
tée dans le jabot de l’abeille, une sorte de cilite la collecte sur les toits. Pas besoin de est la bonne moyenne pour que la qualité
réservoir hermétique. tout déplacer, tout se fait sur place. Mais ne soit pas endommagée. Ce miel toutes
De retour à la ruche, le butin est transmis avant de débuter, une fois la tenue de sé- fleurs, véritable concentré de parfums et
à de nouvelles abeilles qui vont progres- curité enfilée, il faut enfumer la colonie, de saveurs, est régulièrement mis en pot,
sivement transformer le nectar en miel, pour éviter toutes représailles. Chanvre et et se conserve alors 2 ans. Parfaitement
en intensifiant sa concentration en sucre. granulés de fleurs font leur effet. Ensuite, onctueux, si on l’observe attentivement,
Vient ensuite le temps d’enfermer ce à l’aide d’une longue clé en métal, les dif- on constate que sa robe n’est pas totale-
miel dans une alvéole operculée de cire. férents cadres, sans être sortis, sont déso- ment lisse, mais à peine granuleuse. Il s’agit
Au total, chaque rayon se charge de 5 kg perculés, permettant au miel de s’écouler là de sa signature gustative, l’empreinte de
d’or jaune, richesse sur laquelle veille la progressivement. Il est doré et translucide, son lieu de production, ce sont tout sim-
reine, bien affairée également à renouve- mais comporte encore quelques résidus, plement de microparticules de pollen, au-
ler son cheptel. que notre apiculteur filtre dans la foulée à trement dit de microparticules de saveurs
l’aide d’un double tamis. Chacune des 200 supplémentaires. Goûté, approuvé !
— 17 —
ORIGINE CONTRÔLÉE
ORIGINE CONTROLÉE
L’ÉCOSYSTÈME PARISIEN
LUXURIANT —
TEXTE
ÉLODIE GIRONDE
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
— 18 —
ORIGINE CONTRÔLÉE
C
haque quartier de Paris bénéficie pesticide et intrant chimique sont inter- entretenir un environnement équili-
de son propre écosystème, plus dits. Les abeilles sont donc ici en sécurité. bré, dont l’homme bénéficie largement.
boisé pour certains, et plus floral C’est la raison pour laquelle les ruches y C’est ce que Lionel l’apiculteur dé-
pour d’autres. Au total, on y recense à ce ont un tel rendement et rencontrent un montre, à travers ses différents ruchers,
jour 2 000 espèces végétales différentes. tel engouement. que ce soit sur le toit de la gare Foch dans
La capitale devient alors une terre d’éle- le 16e arrondissement, ou sur celui de la
vage pour les abeilles, aussi étonnant QUAND UNE ABEILLE BUTINE Rotonde Stalingrad dans le 19e.
soit-il de conjuguer vie citadine et api- UNE FLEUR, AU-DELÀ D’EN COLLECTER D’ailleurs, chaque habitant bénéficiant
culture. Ce sont les arbres qui tiennent SON NECTAR, ELLE PARTICIPE d’un balcon ou d’un espace suffisant
le haut de l’affiche, avec une majorité À SA POLLINISATION peut solliciter Apis Civi pour héberger
de châtaigniers, les suivent de plus loin L’abeille est un maillon essentiel dans le une colonie d’abeilles et participer à sa
les tilleuls, talonnés par les acacias. Les maintien de la biodiversité à travers son façon à cette production citadine.
autres essences ne sont pas en reste, bien rôle de pollinisatrice. En butinant les
que minoritaires, et les balcons fleuris fleurs, elle participe à leur fécondation, UN MIEL DÉPOURVU DE POLLUTION
par les Parisiens y participent. La ville de et donc à la production de fruits et de Il faut reconnaître qu’il fait bon vivre à
Paris a effectivement encouragé les ini- graines, tout en pérennisant les plantes. Paris pour les abeilles.
tiatives locales et les habitants à investir Un cercle vertueux dans lequel les plantes Qui n’éprouve pas un sentiment d’im-
les moindres parcelles, pour faire de son ont besoin des abeilles et les abeilles des puissance face à la disparition des
biotope un exemple, dans lequel tout plantes. Les butineuses participent à abeilles dans nos campagnes françaises,
— 19 —
ORIGINE CONTRÔLÉE
— 20 —
ORIGINE CONTRÔLÉE
tristement rebaptisées « déserts verts » ? capitale est mieux lotie que de trop nom- touchent à leur fin, les ruchers vont être
Un terme qui fait référence aux cultures breuses zones agricoles. Le miel de fleurs mis au repos. Les abeilles vont hiber-
intensives abondamment nourries d’in- de Paris est indéniablement un produit ner et pour les y aider, Lionel apportera
trants chimiques, qui font disparaître à sain et d’exception, puisqu’il n’est sou- quelques derniers soins à la ruche, la pré-
tour de bras la flore diversifiée. Les terres mis à aucune pollution directe. La ville munissant d’éventuelles agressions exté-
s’appauvrissent en même temps que leur bénéficie d’ailleurs d’un écolabel, alors rieures, à l’aide d’une décoction de thym.
faune. qu’elle applique une politique écores- Des fleurs, encore des fleurs…
Le comble dans tout cela, qui fait la fier- ponsable à ses espaces verts depuis 2006.
té des Parisiens, c’est qu’aujourd’hui la L’automne approche, les récoltes
— 21 —
LA MER
— 22 —
SENS
MARSAN
PAR HÉLÈNE DARROZE
L’essence par les sens, voilà le pitch de cette nouvelle rubrique.
Avec l’envie de vous faire découvrir des lieux inspirants à travers
la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût. Premier stop chez
Marsan, le nouveau restaurant qu’Hélène Darroze a ouvert après
un an de travaux en lieu et place de son ancienne table étoilée de
la rue d’Assas à Paris. Entretien croisé entre cette cheffe qui a mis
tout son cœur dans cette adresse et Patrice Gardera,
l’architecte et ami avec qui elle a travaillé.
—
TEXTE
LESLIE GOGOIS
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
— 23 —
SENS
“JE TROUVE
QU’ON RESSENT
UNE GRANDE SÉRÉNITÉ,
DU CALME ET
DE L’APAISEMENT
QUAND ON ARRIVE ICI .”
— 24 —
SENS
C
hose rare dans un même
lieu, une réelle dichotomie
a été pensée entre les deux
étages de ce restaurant : en
bas, des attaches littérales au
Sud-Ouest, région d’origine
d’Hélène Darroze, notamment incarnées par
ce mur recouvert d’un ancien plan de Mont-
de-Marsan et de tuiles de verre couleur arma-
gnac, ou cette sublime table de partage réalisée
sur mesure par un artisan de Biarritz avec des
lames de chêne de 6 mètres de long. Ici, l’am-
biance est volontairement plus sombre qu’à
l’étage. Le mur du fond est orné d’une fresque
représentant une forêt landaise de l’artiste
basque Zigor, traduisant une ambiance de bar
à vin et revendiquant un côté rustique et brut.
— 25 —
SENS
— 26 —
SENS
— 27 —
LA MER
— 28 —
SENS
OUÏE
L’acoustique, détermi-
nante dans un restau-
rant, est assurée par un
TOUCHER ODORAT habile équilibre entre
Ici, un toucher orien- L’odeur du bois, omni- des matériaux réfléchis-
té vers des matières présente à l’ouverture, sants compensés par des
brutes : des tables recou- s’estompe petit à petit. matériaux absorbants, GOÛT
vertes de plateaux en En dehors de ce maté- tels que la moquette, les « Ici, finalement, le
quartz fabriqués par un riau naturellement odo- voilages, le rainurage des goût est sollicité en
marbrier de Saint-Jean rant, aucune identité ol- panneaux en béton qui dernier, après la décou-
VUE de Luz, du cuir grainé factive n’a été travaillée ont tendance à atténuer verte du lieu. À nous de
L’enjeu visuel : faire ren- en provenance d’une pour le moment… Mais les sons. D’autant que faire en sorte que ce qui
trer la lumière en dépit tannerie d’Espelette cela pourrait bien chan- le fait d’opter pour des se passe dans l’assiette
d’un plafond assez bas pour orner les chaises, ger. La cuisine ouverte tables en quartz, sans soit le plus marquant de
pour rendre l’espace des panneaux de béton fut, quant à elle, une nappe, pouvait faire l’expérience vécue par
frais et lumineux. D’où moulé sur les murs, vraie contrainte tech- peur. Après avoir hésité nos clients », conclut
des choix intemporels, des céramiques d’Ema nique. « Les flux d’air à mettre des sets de Hélène Darroze dans
feutrés et élégants, axés Pradère, autant de ont dû être pensés pour table, le choix a été pris un sourire. D’où le
sur des tons clairs. Pour références à un monde éviter que les odeurs de laisser les tables à nu choix d’une décoration
que le décor s’efface assez rugueux, rappe- de cuisine ne viennent et de former les serveurs douce et discrète qui
(presque) pour laisser lant l’univers du Pays perturber la salle » dé- à poser délicatement la laisse une place de choix
parler l’assiette. basque. crypte Patrice Gardera. vaisselle. à la saveur des plats.
— 29 —
— 30 —
REPORTAGE
TOMY GOUSSET
& LE FOIE GRAS
Tomy and Co, cette table lancée en 2016 et nichée au cœur
du calme 7e arrondissement, ne désemplit pas. Auréolée d’une étoile
au Guide Michelin en mars dernier, cette adresse nous a emballés.
À sa tête, Tomy Gousset, un chef atypique, qui charme par ses plats
aussi généreux que subtils. Il nous dévoile deux recettes réalisées avec
l’un de ses produits de prédilection, le foie gras : un pithiviers traditionnel
et si efficace, et une étonnante alliance de bonite et foie gras,
pour lesquelles Jean-Luc Danjou, MOF et directeur culinaire
de l’École du foie gras Rougié, apporte ses précieux conseils.
— TEXTE
LESLIE GOGOIS
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
— 31 —
REPORTAGE
— 32 —
REPORTAGE
Vous avez décroché une étoile Michelin Quels ingrédients fonctionnent bien
à la dernière édition du guide, que avec le foie gras ?
représente-t-elle pour vous ? La garniture doit « casser » le côté gras du
C’est un plus, j’en suis fier et content. D’autant foie gras. Comme avec les fruits crus et cuits
que je suis le seul chef d’origine cambodgienne qui apportent de la fraîcheur, de l’acidité. Je
à avoir une étoile. Pour autant, cette récom- me souviens de mon expérience chez Daniel
pense n’a pas changé notre façon de penser, Boulud, il servait le foie gras avec des prunes,
de cuisiner. Mais cette étoile est la preuve qu’à du raisin, des fraises… Je pense que le foie gras
force de travail, on peut y arriver. J’ai toujours marche avec tous les fruits. J’aime aussi le ser-
travaillé non pas deux fois plus, mais trois fois vir avec des légumes en pickles, radis ou navet
plus que les autres pour être à leur niveau. par exemple, qui viennent apporter un jeu de
texture avec leur croquant.
Après Tomy and Co, vous avez ouvert
Hugo and Co, puis Marso and Co. Soit Et du côté des épices ?
3 restaurants en 3 ans… Pourquoi ce « co » J’apprécie particulièrement le poivre de ver-
dans tous les noms de vos restaurants ? veine, dont le côté à la fois floral et fruité
Ce co fait référence à la cohésion des équipes, marche bien avec le foie gras. Il y a sinon le
à mes collaborateurs, à ma femme Constance piment d’Espelette, la fève de tonka, des asso-
qui travaille avec moi… C’est ensemble que ciations plus classiques mais qui ont fait leurs
nous avons créé Tomy and Co, un restaurant preuves.
étoilé servant une cuisine populaire. Notre
dernier-né, Marso and Co, met à l’honneur Quelles sont vos envies pour la suite ?
la cuisine méditerranéenne, dans un esprit de Selon moi, la cuisine est un moyen de faire
partage. Je souhaitais rendre hommage à l’Ita- plaisir aux gens et à mes équipes. J’ai 39 ans et
lie, au Liban, à la Grèce, des pays où j’ai sou- je suis chef depuis 7 ans. Ma vision se construit
vent voyagé avec ma famille. à long terme, car je sais que le plus dur, c’est
de durer. Je m’inspire de mes modèles, Julien
Comment aimez-vous cuisiner le foie gras ? Duboué, Alain Solivérès, Yves Camdeborde.
Je le mets à la carte plutôt en automne et en Je veux être reconnu par mon travail et j’es-
hiver. J’aime surtout le foie gras rôti, poêlé. père sincèrement que ce n’est que le début du
Il m’arrive même de rôtir un lobe entier pour chemin aujourd’hui. Aujourd’hui, nous em-
certains de mes clients : dans un sautoir, je l’ar- ployons 25 personnes entre nos 3 restaurants.
rose tout au long de la cuisson pour lui appor- Mon rôle est de montrer la voie à mes équipes
ter ce croustillant incroyable en bouche. et de poursuivre ce que nous avons démarré…
— 33 —
REPORTAGE
— 34 —
REPORTAGE
Vinaigrette au citron 2 cuil. à soupe de moutarde de Dijon / 5 cl de vinaigre de xérès / 20 cl d’huile de pépins de raisin /
1 citron / Sel, poivre du moulin Bonite et foie gras 600 g de bonite / 2 artichauts poivrades / 1 citron / 2 oignons grelots /
4 cébettes / 300 g de lobe de foie gras de canard Rougié / Sel, poivre du moulin Finition et dressage Pousses de coriandre
— 35 —
REPORTAGE
— 36 —
REPORTAGE
Farce 200 g de chair à saucisse / 200 g de lobe de foie gras de canard Rougié / 200 g de suprêmes de pintade / 100 g de lard de
Colonnata / 1 botte d’estragon / 1 botte de cerfeuil / 1/2 botte de persil plat / 1 gousse d’ail / 3 cuil. à soupe de cognac / 3 cuil. à
soupe de porto rouge / 5 cl de vinaigre de xérès / Sel, poivre du moulin Montage du pithiviers 1,5 kg de pâte feuilletée / 2
jaunes d’œufs Purées 300 g de potiron / 300 g de céleri-rave / 100 g de beurre / Sel, poivre du moulin Finition et dressage
Jus de volaille / Sel, poivre du moulin
Farce Purées
Dans un cul-de-poule, mélanger la chair à saucisse avec Éplucher le potiron et le céleri. Les recouvrir de papier
le foie gras, la pintade et le lard de Colonnata taillés d’aluminium et les mettre au four à 180 °C pendant
en brunoise. Ajouter les herbes ciselées ainsi que l’ail, 45 min environ. Une fois cuits, récupérer leur pulpe et
le cognac, le porto et le vinaigre. Assaisonner. Laisser les mixer séparément à l’aide d’un blender en ajoutant
reposer la farce au frais pendant 24 h. Former la farce la moitié du beurre dans chacune des purées de légumes.
en demi-sphère. Assaisonner.
— 37 —
REPORTAGE
— 38 —
REPORTAGE
LA RÉOUVERTURE
D’UN MYTHE
HÔTELIER
Rares sont les hôtels à devenir le symbole d’une ville.
C’est le cas du Raffles Singapore, bijou hôtelier inauguré
en 1887 et hissé au rang de monument national un siècle
plus tard. Autant dire que l’enjeu de sa rénovation était
énorme. Denis Reichrath, fondateur de Safran Paris,
spécialiste des arts de la table, a travaillé main dans la main
avec Pierre Burgade, le chef exécutif de l’établissement,
pour offrir des solutions sur mesure pour le petit-déjeuner,
l’afternoon tea et les amenities. Le résultat est à la fois
élégant et en totale adéquation avec la décoration signée
Alexandra Champalimaud. Retour sur ce projet d’envergure
qui met la créativité française à l’honneur.
—TEXTE
LESLIE GOGOIS
PHOTO
JEAN-REYNALD AMBROZO ET RAFFLES SINGAPORE
— 39 —
REPORTAGE
APRÈS UN PASSAGE À L’ÎLE MAURICE ET haitais prendre et les menus que je voulais de trouver une vaisselle élégante qui pouvait
EN INDE, PIERRE BURGADE A REJOINT LE mettre sur pied, il me fallait ensuite adapter plaire à la fois à la clientèle et à la direction
RAFFLES IL Y A 10 ANS. IL REVIENT SUR SA une belle vaisselle aux différentes recettes. et c’est ainsi que notre collaboration avec
COLLABORATION AVEC SAFRAN PARIS. Tout cela requiert beaucoup de temps. Au Safran Paris est née. J’ai adoré travailler avec
final, nous avons combiné des marques de cette équipe, notamment lors de deux jours
« Le Raffles est assez unique dans l’univers porcelainiers connues et déjà bien implan- d’ateliers créatifs, où nous avons échangé,
de la restauration car il propose 6 restau- tées avec de la vaisselle sur mesure, comme dessiné, pensé les motifs que nous voulions
rants et 5 bars pour 115 suites seulement. Sa celle de l’afternoon tea. Nous avons opté avoir, choisi les plats, les corbeilles et autres
rénovation était un défi vraiment stimulant. pour une ligne à la fois pure et contempo- contenants. S’en sont suivis des échanges
Dès 2016, avant même la fermeture pour raine mettant en scène les orchidées et spé- permanents pour ajuster nos choix initiaux.
travaux, je savais déjà l’importance que l’art cialement créée pour le Raffles. L’afternoon Notre travail sur les amenities a été aussi très
de la table allait prendre. De façon concrète, tea était un enjeu important pour nous : il poussé car au Raffles, nous savons la valeur
une fois que les concepts de restauration nous fallait l’amener à un autre niveau, alors ajoutée que ces derniers peuvent représen-
ont été définis, j’ai travaillé avec mon équipe qu’il était déjà très prisé. Nous voulions ter. Nous avons cherché l’effet « waouh »
sur des maquettes, des photos… Dès le dé- améliorer la qualité, la constance, la mise en pour que nos clients se disent qu’ils n’avaient
part, j’avais en tête la direction que je sou- scène, l’art de la table… Mon objectif était pas encore vu cela ailleurs… »
— 40 —
REPORTAGE
— 41 —
REPORTAGE
— 42 —
REPORTAGE
de longue haleine car cela implique que table, nous ne devons surtout pas appor-
le chef pense, dès cette étape, à ce qu’il ter un élément décoratif supplémentaire.
aimerait mettre sur son buffet. Une fois L’ambiance conçue pour le buffet du
toutes ces informations récoltées, nous Raffles est très blanche, lumineuse et le
leur proposons des planches déco et des pep’s est apporté par les viennoiseries, les
mises en plan avec différentes alterna- fruits…
tives. La dernière étape consistera à im-
planter physiquement le matériel choisi Pour l’afternoon tea, vous avez aussi
sur des plans techniques. créé de la vaisselle sur mesure…
Effectivement, nous avons fait graver des
Dans le cas du buffet orchidées sur les théières, une fleur très
du petit-déjeuner du Raffles, emblématique en Asie. L’idée était de
quelles étaient les contraintes ? proposer un service discret, élégant mais
Quel que soit le projet, la dimension des aussi personnalisé. Ces créations sur me-
tables est une contrainte à prendre en sure étaient importantes pour nous car
compte car elle détermine la surface dont ce point de vente marche particulière-
on dispose. Ensuite, en allant sur place, ment bien. Le tea time est une institu-
on s’est rendu compte que la salle du pe- tion au Raffles…
tit-déjeuner avait une très grande hauteur
sous plafond. Pour créer du rythme sur Et concernant les amenities,
le buffet, il nous fallait impérativement quelles étaient les contraintes ?
amener de la hauteur. Nous avons donc Dans le cas du Raffles, nous avons créé
prévu des élévations allant jusqu’à 58 cm avec Pierre Burgade 8 configurations
de haut. À nous de résoudre les problèmes différentes d’amenities, en fonction de
esthétiques et visuels avec des pièces, telles la catégorie de chambre et de l’heure
que nos supports Vénus, de grands vases d’arrivée des clients. Toute la difficulté
ou autres. C’est cette expertise-là que nos a ensuite été de trouver des contenants
clients recherchent, car ils ont parfois du esthétiques qui soient en harmonie avec
mal à se projeter avec un plan 3D. la décoration de la chambre, puis d’en
évaluer les volumes nécessaires. Nous
Qu’est-ce qu’un buffet avons utilisé le palmier, qui est l’emblème
de petit-déjeuner réussi ? du Raffles, sous la forme d’une feuille de
Un buffet doit se fondre de façon élé- palmier stylisée. Il est rare qu’un hôtel
gante dans la décoration et être en har- pousse aussi loin l’expérience et la per-
monie avec le reste sans prendre le pas. sonnalisation des amenities… Le niveau
Lorsque nous choisissons les arts de la est particulièrement haut.
— 43 —
REPORTAGE
— 44 —
REPORTAGE
— 45 —
02
CRÉER
— 48 —
YAMORAMA
YAMORAMA
FARINES
—
JÉRÔME BERGER
TEXTE
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
— 49 —
YAMORAMA
BLÉ ÉPEAUTRE
Derrière cet indispensable du garde-manger se cachent diverses On distingue deux types de cet ancêtre du blé : l’engrain ou « petit
variétés, plus ou moins blanches, en fonction de la quantité de épeautre », à l’origine de farines rustiques, pauvres en gluten,
cendres minérales résiduelles après incinération. Par exemple utiles à l’élaboration de pains typés, assez denses et peu levés ; et
0,45 g pour 100 g de T45, 0,55 g pour 100 g de T55… Chacune l’épeautre ou « grand épeautre » dont la farine offre un effet
a sa spécificité : T45 (pâtisserie), T55 (pains blancs, pâtes à tarte, « levain » supérieur, tout en conservant cette typicité de goût.
pizzas), T65 (pains de campagne et pizzas), T80 ou semi-
complète (pains bis), T110 ou complète (pains complets) et
T150 ou intégrale (pains au son).
— 50 —
YAMORAMA
SEIGLE AMARANTE
La farine de seigle contient un gluten de piètre qualité. Résultat ? Originaire d’Amérique du Sud, cette plante donne de minuscules
Difficile de réussir de belles panifications sans lui associer une graines grâce auxquelles on réalise une farine blanc nacré, très
farine de blé. Néanmoins, sa couleur foncée et son profil intense digeste, au léger goût de noix et d’épices. Parfait, en association,
font aussi merveille sur un pain d’épices. pour relever des biscuits secs.
CHANVRE CHÂTAIGNE
Intensément verte, cette farine « alternative » vaut surtout pour Gnocchi, polenta, gâteau, gaufre, sauce de volaille ou de gibier…
son caractère. Ses notes noisettées font mouche sur des pains, gagnent en gourmandise et en onctuosité grâce à cette farine sans
muffins, cakes, sauces, crêpes… gluten, assez dense, aux saveurs typées très addictives.
— 51 —
YAMORAMA
MAÏS MILLET
Une histoire très ancienne, une couleur flashy et des notes Doré, brun, perlé…, cette farine se décline en diverses variétés en
légèrement sucrées expliquent le succès de cette farine sans gluten. fonction de sa céréale d’origine. Son léger goût de noisette invite
En attestent ses multiples applications : avec de la fécule ou de à la marier à du müesli, un lait d’amande, une purée de fruits ou à
l’amidon pour apporter plus de moelleux à une pâtisserie, avec de d’autres farines, comme celle de souchet, dans la réalisation de pâte
la gomme de xanthane pour davantage d’élasticité, dans une soupe à tartiner au miel par exemple.
pour l’épaissir et la relever, en association avec d’autres farines
comme celles de blé dans un millas du Sud-Ouest…
— 52 —
YAMORAMA
— 53 —
YAMORAMA
RIZ TEFF
Cette farine se décline en 3 variétés principales: blanche, semi- Derrière ce drôle de nom se cache une graine originaire d’Éthiopie
complète et brune. Plus ou moins neutres au goût, elles remplacent où elle se consomme en semoule, mais aussi en farine.
aisément les farines de blé, en cas d’intolérance au gluten, dans De blanche à beige, celle-ci se révèle particulièrement riche en
l’élaboration de pâtes à tarte, gâteaux, crèmes…, sans oublier nutriments et noisettée en bouche. Si les Éthiopiens l’utilisent
les pâtes à ravioli ou nouilles chinoises ainsi que les pâtes à frire principalement dans la réalisation des injera, sortes de galettes,
des nems par exemple. elle se prête aussi assez bien, en association, à la panification
et à la pâtisserie, grâce à son effet levain.
— 54 —
DES VIANDES D’EXCEPTION POUR L’HÔTELLERIE,
LA RESTAURATION & LES PARTICULIERS.
BOUTIQUE :
191, boulevard Bineau - 92200 Neuilly-sur-Seine +33 (0)1 41 92 19 19
boucherie-metzger.com
RUNGIS :
2, rue de L’Aubrac - Bât V1P - CP 60532 - 94595 Rungis Cedex +33 (0)1 41 80 10 30
metzger-freres.com
— 55 —
REPORTAGE
— 56 —
REPORTAGE
COACHING
Le 9 octobre, à Paris, la finale régionale Europe Nord-Ouest
du S.Pellegrino Young Chef 2020 déterminera son lauréat.
À cette occasion, retour avec quelques grands chefs
sur les bonnes pratiques à mettre en place pour préparer
aux mieux les jeunes talents de demain à la 4e édition
de ce concours international de renom.
— TEXTE
JÉRÔME BERGER
PHOTO
© ANNE-EMMANUELLE THION, HRVPROD
L’assiette hauteur, le plus simple est de déguster régionale Europe Nord-Ouest, comme
Elle focalise toutes les attentions. Quoi et de faire déguster son plat encore et pour la Grande Finale. Le timing im-
de plus normal pour un concours de encore. Dans cette quête, il convient de porte également. Cinq heures. Tel est le
cuisine ? Sa réussite nécessite de res- rester humble et à l’écoute face aux cri- temps attribué à la réalisation du plat si-
ter vigilant, sur de nombreux points. tiques, de façon à parfaitement prendre gnature. Pas une seconde de plus. S’orga-
À commencer par le choix du plat à en compte ces dernières et adapter le plat niser permet « d’écarter un maximum de
exécuter. Une étape déterminante. Pour en conséquence. Enfin, la présentation problèmes et aide à garder son sang-froid
Alexandre Gauthier (La Grenouillère, achève le travail. C’est le premier am- le jour J » rappelle Yannick Alléno (Al-
2**), membre du jury français en 2016, bassadeur du plat. À elle seule, elle en dit léno Paris, 3***), parrain du concours en
il convient de mettre en avant « une cui- beaucoup. Un marqueur donc, qu’il vaut 2016. De ce point de vue, les candidats
sine engagée dans son époque ». Philippe mieux traiter comme tel, au fil de cou- doivent s’entraîner en amont, plusieurs
Mille (Les Crayères, 2**), jury en 2018, leurs tranchées, tout en conservant une fois avant l’épreuve, pour optimiser leur
va plus loin : « Il faut que l’on retrouve élégance et une simplicité certaines. Fré- organisation. Last but not least, le mental
les saveurs de notre enfance, mais trans- déric Anton (Le Pré Catelan, 3***), par- peut jouer les trouble-fêtes. Remporter
formées avec la créativité et les techniques rain de la précédente édition du S.Pelle- une finale nécessite « ténacité et persé-
actuelles. » Cela fait, reste à choisir les grino Young Chef et mentor d’Antonio vérance », souligne entre autres la prési-
produits concernés. De ce point de vue, Buono, se souvient notamment de la dente du jury Europe Nord-Ouest 2019,
il vaut mieux sélectionner avec le plus rascasse rouge de ce finaliste de la région Anne-Sophie Pic (La Maison Pic, 3***).
grand soin, et conformément à la recette France en 2018 : une assiette « pleine de Rester positif est donc de mise. « La plus
arrêtée bien sûr, les meilleurs ingrédients couleurs », dont le dressage avait été re- grosse erreur serait de baisser les bras »,
possible. D’autant que seuls deux d’entre travaillé avant la finale mondiale pour un assure ainsi Alexandre Gauthier. « Pen-
eux, parmi les secondaires uniquement, résultat « plus clair et irréprochable ». dant un concours tout peut arriver, le
pourront être modifiés. Plus précisé- meilleur comme le pire. Il y a toujours une
ment, il est recommandé de respecter la L’épreuve dose d’éléments extérieurs que l’on ne maî-
saisonnalité, au gré d’un nombre limité Si l’assiette focalise toutes les attentions, trise pas… Mais il faut se reprendre et ne
de saveurs, afin d’éviter de rendre la pré- d’autres éléments entrent en ligne de pas baisser les bras, aller jusqu’au bout ! »
paration trop confuse. Là intervient la compte. Parmi eux, le message délivré. Le succès est à ce prix. Et quelle victoire !
technique. L’un des trois critères majeurs Capital, il donne le la aux juges, en leur Tous les finalistes le reconnaissent vo-
de notation du plat. Un élément clef du permettant de comprendre l’histoire de lontiers : le concours S.Pellegrino Young
concours donc, qui doit pourtant s’ef- la préparation et la personnalité du can- Chef les a aidés à grandir tant profession-
facer au profit de l’expérience culinaire. didat. De fait, il doit être parfaitement nellement que personnellement, en leur
Ainsi, Jean-François Piège (Le Grand clair et précis. Et ce d’autant plus qu’un ouvrant grand les portes d’une commu-
Restaurant, 2**) prône-t-il une « parfaite prix lui est consacré désormais : le Fine nauté gastronomique de haut vol et en
connaissance des techniques de base de la Dining Lovers Food for Thoughts award. leur donnant pleinement conscience de
cuisine tout en faisant passer une émotion Là, pas de secret : il faut s’entraîner à dé- leurs qualités exceptionnelles. Voilà qui
à travers l’assiette ». La suite est affaire clamer son texte, encore et toujours, et mérite bien quelques efforts, non ?
de goût. Afin de s’assurer qu’il est à la en anglais s’il vous plaît, pour la finale
— 57 —
YAMISEZ
VOTRE RECETTE !
Pour ce numéro de Yam consacré à Paris, nous vous avons
concocté un « Yamisez votre recette » spécial Brasseries.
Nous avons fait appel à vous, chers lecteurs, que vous soyez
professionnels ou amateurs, pour que vous nous envoyiez vos
recettes emblématiques des brasseries parisiennes. Avec un
nombre record de participations, il fut difficile de trancher
mais notre coup de cœur fut finalement attribué à l’unanimité
à Yoan Delorme, 22 ans, actuellement second aux côtés de
Florent Pietravalle, chef à La Mirande, jolie table en Avignon
auréolée d’une étoile Michelin en 2019.
—
TEXTE
LESLIE GOGOIS
PHOTO
YOAN DELORME
— 58 —
YAMISEZ VOTRE RECETTE
YOAN DELORME
TÊTE DE VEAU,
SAUCE GRIBICHE
4 personnes
Tête de veau 1 tête de veau / 10 carottes / 1 céleri branche / 5 oignons / 3 poireaux / 1 tête d’ail / 1 bouquet garni
/ Clous de girofle / Poivre en grains / Gros sel Gelée 50 cl de bouillon de cuisson (cf. ci-dessus) / 200 g de blancs
d’œufs / 10 g d’agar-agar Panure 500 g de chapelure panko / 500 g de persil / 250 g de farine / 200 g de jaunes
d’œufs / Huile de friture / Sel Sauce gribiche 3 œufs durs / 15 g de moutarde / 10 g de vinaigre de xérès / 30 g
de cornichons / 10 g de câpres / 25 g de persil / 10 g d’estragon / 45 cl d’huile de pépins de raisin / 30 cl de crème
Excellence 30 % de M G / Sel, poivre du moulin / 2 cartouches de gaz Garniture et décoration 3 carottes / 2
pommes de terre / 1 mini-carotte fane orange / 1 mini-carotte fane jaune / 1 mini-carotte fane pourpre / 1 branche
de céleri branche / Concombre lactofermenté / Huile d’olive / Poudre d’herbes (persil, estragon, coriandre blan-
chis, séchés et mixés) / Pousses de carotte fane Finition et dressage Jaune d’œuf cuit / Lichen / Mayonnaise
— 59 —
LA COULEUR DU GOÛT
LA COULEUR DU GOÛT
LE CHAMPIGNON
DE PARIS
—
TEXTE
MYRIAM DARMONI
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
F
ace à la concurrence mondiale, le champignon de Paris fait de la résistance.
Il existe encore des producteurs passionnés en Île-de-France. Chaque jour,
ils perpétuent la tradition pour mettre en lumière cette merveilleuse tête
blanche, tout droit sortie de leurs caves. Apparu à Versailles sous Louis XIV, le
champignon de Paris a vu sa production exploser dans les carrières parisiennes
du 15e arrondissement. Température idéale, humidité et fumier de cheval lui per-
mettent de prospérer. Les champignonnières parisiennes connaissent leur apogée
au xviiie siècle, il y en a alors des centaines. Les catacombes sont leur royaume, mais
la construction du métro va les en déloger. Direction Saumur et l’Anjou. Toutes ?
Et non, grâce à une poignée de producteurs enthousiastes, on trouve encore des
champignons en Île-de-France. Bichonnés, ils sont produits « à l’ancienne » : dans
des caves sur du fumier composté. Le résultat ? Un champignon croquant, bien
blanc, à la saveur inégalable : celle du terroir parisien !
— 60 —
LA COULEUR DU GOÛT
LA CARTE CHROMATIQUE
DES CHAMPIGNONS DE PARIS
BLANCS BIOLOGIQUES
TEXTE
DIDIER MICHEL
Au nez En bouche
En premier nez, expression En deuxième nez, petite En troisième nez, Résistant à un doux
d’humidité de cave acidité légèrement piquante, confirmation du corps du mordillement, le
enveloppant des notes évoquant des notes minérales champignon exprimé par des champignon de Paris dépose,
lactiques et fermentaires de calcaire et de silice, notes onctueuses, souples, en fond de palais, un goût de
évoquant l’humus de souche appuyée d’une note poivrée. mates et tactilement proches boisé fumé, terreux minéral,
noisetté. de la peau délicatement avec une linéarité sensuelle
tourbée. très fondante.
— 61 —
Aux portes de Paris. C’est là, depuis le xviiie siècle,
que la Manufacture de Sèvres œuvre à la réalisation
de porcelaines d’exception. Si, au fil du temps,
ses locaux ont plusieurs fois changé d’adresse,
les pratiques de ses techniciens d’art, elles,
n’ont pas bougé. La preuve…
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
— 62 —
LE GESTE, L'OUTIL, L’ACTEUR
A
u milieu d’un nœud d’axes routiers classé Monuments historiques. Tout est
vertigineux, la Manufacture de Sèvres fait sur place. De la formulation des 1 001
passe presque inaperçue. Et pour- couleurs répertoriées à la cuisson des porce-
tant… Fondée en 1740 à Vincennes, transfé- laines, en passant par la réalisation des pâtes
rée en 1756 sur la route de Versailles, puis à ou « terres » à partir de kaolin, feldspath,
nouveau déménagée, elle siège depuis 1876 quartz et eau de pluie ; et, bien sûr, le tour-
en bordure de Seine, à l’orée du domaine de nage. Un savoir-faire hautement cinégénique
Saint-Cloud, sur un site de 4 hectares. Un d’ailleurs. C’est sous les toits du Grand
dédale de 24 bâtiments, abritant le Musée Atelier, dans une immense salle baignée de
national de céramique, un centre de for- lumières et de porcelaines en attente d’inter-
mation, un laboratoire, un moulin, 6 fours ventions, que travaillent une dizaine de tour-
à bois XXL, des espaces de production… neurs, chacun à son poste. Gros plan sur l’un
Car rien n’échappe à ce patrimoine culturel d’entre eux, Christian Boaretto… Action !
— 63 —
LE GESTE, L'OUTIL, L’ACTEUR
LE GESTE
L’ÉBAUCHAGE
Le point de départ du travail du tourneur.
En clair, une première mise en forme
de la pièce à réaliser.
—
P
âte de porcelaine en quantité, dessin d’exécution et ou-
tils requis. Christian Boaretto dispose de tout le néces-
saire utile à portée de lui. Lentement, sûrement, il fa-
çonne une petite boule de pâte qu’il plaque sur le tour, avant
de la travailler à la main, en la montant et en la descendant.
Précise, l’opération n’a rien d’anodin. Elle permet d’homo-
généiser la matière en supprimant ses nœuds. L’ouvrage peut
alors réellement commencer. Sur le tour toujours, l’artisan
s’affaire à donner à la pâte la forme globale extérieure, puis
intérieure, de l’objet commandé. Pour aller plus en avant, un
outil inattendu intervient. « La ‘terre’ conserve la mémoire
de nos gestes. Si l’on n’y prend pas garde, la porcelaine restitue
ces vibrations après cuisson. » De là la nécessité de tourner à…
l’éponge, pour gommer les empreintes de ses doigts. Autre
ustensile à faire son apparition : les estèques. D’ardoise ou de
bois, ces formes aident à respecter la courbure de la pièce à
réaliser. Assez rapidement, ses lignes se dessinent, mais dans
une épaisseur conséquente. Ainsi va la conception du métier
selon la Manufacture de Sèvres : à une ébauche très sommaire
répond, après un léger séchage, un dégrossissage de longue ha-
leine. « À cru, la porcelaine de Sèvres se révèle particulièrement
molle. Elle n’autorise pas d’ébauchage très fin… » Une à une,
Christian Boaretto dispose ses ébauches à sa gauche. Dans
quelques jours voire semaines, suivant leur volume, elles se-
ront prêtes à être tournassées…
— 64 —
LE GESTE, L'OUTIL, L’ACTEUR
L’OUTIL
LE TOURNASSIN
Derrière cette lame de métal affûtée
montée sur un manche de bois,
deux autres savoir-faire du tourneur…
—
À
commencer par la réalisation même de l’outil. Elle
incombe au technicien d’art lui-même. Régulièrement
Christian Boaretto se rend donc dans la pièce du Grand
Atelier consacrée à l’outillage, pour y affûter ses tournassins
voire en façonner de nouveaux. Comme le faisaient avant lui
ses pairs. Car, au fil du temps, l’objet n’a pas pris une ride. « Il
est resté le même depuis deux siècles et demi ! » Et pour cause.
Il se révèle essentiel à la seconde phase majeure du travail du
tourneur : le tournassage. Ou comment dégrossir l’ébauche
des ⁴/₅ de sa matière pour arriver à une pièce conforme à ¼ de
mm près au dessin d’exécution. Un travail de haute précision.
Entièrement manuel, il requiert donc différents tournassins,
pour l’extérieur comme l’intérieur de l’objet, que ses lames
sculptent, sur le tour, en déversant des flots de poussières et
de copeaux de « terre », à coups de bruits stridents. Éton-
nant. Tout comme le recours à un pichouret. Une sorte de
long bâton de bois que Christian Boaretto porte à l’épaule et
sur lequel il appuie la main tenant le tournassin, pour mieux
l’immobiliser et éviter, là encore, des vibrations intempestives.
De fait, le temps du tournassage n’est pas le même que celui
de l’ébauchage. Le premier se calcule en semaines, l’autre en
jours… Patience.
— 65 —
LE GESTE, L'OUTIL, L’ACTEUR
L’ACTEUR
LE TOURNEUR
À 61 ans, Christian Boaretto
cumule 34 années de services au sein
de la Manufacture de Sèvres.
—
L
a rencontre entre ces deux-là s’est faite assez fortuite-
ment. Lui, le jeune diplômé des Beaux-Arts de Paris,
passe un jour la grille de l’institution, par curiosité. Très
vite, un responsable d’atelier l’invite à visiter les lieux. Chris-
tian Boaretto découvre le tour, avant de se décider à en faire
son métier. S’ensuivent trois années de formation au sein de
l’école maison, un concours - réussi donc - et des centaines
de pièces de porcelaine réalisées par ses soins. Sans lassitude
apparente. Comment ? En variant les plaisirs d’abord, entre
rééditions d’œuvres anciennes et porcelaines contempo-
raines, petites pièces et ensembles de grande taille… En se
mettant à créer à son tour, pour son compte, en dehors de
l’établissement. Et puis, au fil du temps, si les techniques ont
peu ou pas évolué, les rapports avec les designers, eux, ont
changé. « Fort de mes dizaines d’années d’expérience, j’ai plus
de facilité à accompagner un artiste en résidence et à trouver, le
cas échéant, des solutions viables aux problèmes qui se posent. »
La force de l’âge.
— 66 —
LE GESTE, L'OUTIL, L’ACTEUR
— 67 —
REPORTAGE
— 68 —
REPORTAGE
LES VOYAGES
PUR BEURRE
Depuis plus de deux ans, Bridor développe toute une gamme
de viennoiseries du monde. À l’origine de ces créations,
un savoir-boulanger patent, des équipes commerciales présentes
dans plus de 100 pays en demande d’innovations et des clients
de plus en plus ouverts à différentes cultures du goût.
Analyse avec Blandine Daugenet et Jessica Martin, respectivement
Responsable Marketing et Chef De Groupe Viennoiseries
du fabricant de produits de boulangerie.
— TEXTE
JÉRÔME BERGER
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA ET AMÉLIE ROCHE
Quelle est l’étendue de votre offre est pas un - : ils sont tout aussi demandeurs de
de recettes du monde ? réassurance. C’est pourquoi nous avons mis
j. m. | Depuis 2017, différentes créations de en place une stratégie d’ouverture aux cultures
viennoiserie inspirées de cultures étrangères boulangères du monde teintée d’un profond
ont vu le jour. Parmi elles, les croissants fourrés respect de notre savoir-faire français. Des ra-
(abricot, cacao-noisettes, framboise ou crème cines et des ailes d’une certaine façon…
pâtissière), typiquement italiens ; le Croissant
de Campagne à la farine d’orge maltée d’ins- Quel est l’ADN de Bridor
piration scandinave ; le Délice Érable Pécan, en matière de viennoiserie ?
venu tout droit du Canada et, depuis sep- j. m. | Dans les grandes lignes, il consiste à res-
tembre, le Croissant Laugen, à la façon d’un pecter autant que faire se peut les préceptes de
bretzel allemand. la boulangerie traditionnelle française. Soit le re-
cours à des matières premières de choix (farines
Comment expliquez-vous issues de meuniers locaux, beurre fin maturé ou
ces récents développements ? en AOP Charentes-Poitou, sucre cristal et œufs
b. d. | Il y a deux raisons à cela. D’une part, de ponte au sol) et à des procédés garantissant
Bridor est en pleine croissance. Notre entre- l’authenticité et la qualité premium de nos
prise compte aujourd’hui plus de 100 relais créations : feuilletage exclusivement pur beurre,
à l’international et, de fait, reçoit davantage fermentation lente pour permettre le dévelop-
de demandes de nouveautés. D’autre part, les pement des arômes, laminage doux et progressif
clients sont bien plus ouverts sur le monde des pâtes et longues phases de repos. À la clef,
que par le passé. À un détail près – qui n’en l’excellence de la viennoiserie à la française.
— 69 —
REPORTAGE
— 70 —
REPORTAGE
— 71 —
— 72 —
REPORTAGE
LA MONNAIE DE PARIS,
VERSION CHOCOLAT
La table triplement étoilée de Guy Savoy située au sein
de la Monnaie de Paris, a été un terrain de jeu inspirant pour
Matthieu Carlin, le chef pâtissier. Une pièce chocolatée a en effet
été créée sur mesure grâce au travail d’orfèvre de Joaquin Jimenez,
maître graveur, et des équipes Valrhona Signature.
Retour sur ce défi technique.
— TEXTE
LESLIE GOGOIS
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
À
la Monnaie de Paris, le dessert choco- d’obtenir un moulage très fin, de quelques
laté vaut vraiment le détour. Outre sa millimètres à peine. « C’est une réelle prouesse
gourmandise incontestée, il crée une technique » se réjouit Matthieu Carlin. « Nous
jolie surprise visuelle auprès des convives : un ne voulions pas de transfert, mais bien un effet
délicieux cromesqui brûlant déposé sur une de pièce gravée. Pour renforcer ce relief, certaines
pièce chocolatée, fait fondre cette dernière et parties sont mates, d’autres brillantes, c’est vrai-
permet ensuite de déguster une déclinaison de ment très réussi ».
chocolat travaillée selon différentes textures Pour le chocolat, le choix s’est porté sur le
(cf. recette page suivante). « Guy Savoy sou- Guanaja, et ce pour deux raisons : « Tout
haitait que cette pièce sur mesure rappelle à la d’abord, parce que Monsieur Savoy l’aime par-
fois le lieu et l’univers de la cuisine » se souvient ticulièrement ; d’ailleurs la mousse au chocolat
Matthieu Carlin. Joaquin Jimenez, maître gra- du chariot de mignardises est réalisée avec le
veur de la Monnaie de Paris, a donc eu l’idée Guanaja. Et aussi parce que cette couverture
de reproduire les bâtiments historiques, ainsi permet d’obtenir la fluidité idéale pour les
que des casseroles stylisées. moulages ; elle épouse bien les formes du moule.
Après plusieurs échanges entre ce médailleur J’ajoute un peu de beurre de cacao pour avoir
charismatique, Guy Savoy et Matthieu Carlin, quelque chose de visuellement parfait, sans
ont émergé les premières ébauches sur infor- bulles, ni aspérités ».
matique. S’en est suivi un travail particulière- Après une première version alliant chocolat
ment délicat pour mettre cette idée en œuvre et miel, ce dessert est désormais uniquement
techniquement. « Toute la difficulté est venue axé sur le chocolat. « Je crois que les puristes
du fait que la pièce devait être lisible, rappeler au du chocolat ne veulent pas que leur ingrédient
maximum une vraie pièce, sans pour autant être favori soit associé à un autre produit. J’ai donc
épaisse ou grossière en bouche. Il fallait qu’il n’y retravaillé le dessert, pour qu’il n’y ait plus que
ait pas de résistance sous la cuillère. Nous avons du chocolat décliné sous différentes textures et
fait appel aux équipes de Valrhona Signature qui températures » continue Matthieu Carlin.
nous ont envoyé des dessins en 3D, puis des échan- Aujourd’hui, cette recette est tant plébiscitée,
tillons de moule » raconte Matthieu Carlin. qu’elle ne quitte plus la carte du 11 quai de
Une fois par semaine, les pâtissiers utilisent dé- Conti. Une signature de la maison.
sormais des moules thermoformés permettant
— 73 —
REPORTAGE
— 74 —
REPORTAGE
PUREMENT CHOCOLAT
10 personnes
Sorbet chocolat 230 g d’eau / 28 g de sucre semoule / 20 g de glucose atomisé / 5 g de poudre de lait / 1 g de stabilisateur /
70 g de chocolat noir de couverture à 70 % de cacao (Papouasie) / 20 g de cacao en poudre Mousse légère chocolat 50 g de
grué de cacao torréfié / 250 g de lait / 250 g de crème liquide / 75 g de chocolat noir de couverture à 70 % de cacao / 25 g de chocolat
lait de couverture Bahibé à 46 % de cacao / 2 cartouches de gaz Gelée de cacao 110 g d’eau / 60 g lait / 25 g de poudre de cacao
/ 1 g d’agar-agar / 3 feuilles de gélatine Biscuit chocolat 90 g de beurre pommade / 100 g de farine / 16 g de cacao en poudre /
3 g de levure chimique / 50 g de sucre semoule / 1 g de fleur de sel / 90 g de chocolat noir de couverture à 70 % de cacao (Papouasie)
/ 1 poivre long de Java Opaline chocolat 240 g de fondant / 200 g de glucose / 45 g de chocolat pure pâte 100 % / 1 g de fleur
de sel Croquette au chocolat 130 g de lait entier / 100 g de chocolat noir de couverture à 70 % de cacao / 33 g de chocolat
au lait de couverture Bahibé à 46 % de cacao / 18 g de crème liquide à 35 % de M G / 0,3 g de fleur de sel / Chapelure blanche
de brioche humide / Huile de friture / Œuf / Poudre d’amandes Pièces en chocolat 200 g de chocolat noir de couverture
Guanaja à 70 % de cacao / 20 g de beurre de cacao Finition et dressage Fèves de cacao
— 75 —
03
BOIRE
LÉGENDE VIGNERONNE
LE VIN,
EXCLUSIVEMENT
MASCULIN ?
—
Machiste, l’univers du vin ?
Sûrement mais moins qu’avant ! Les femmes
s’invitent de plus en plus nombreuses dans
ce monde autrefois phagocyté par les
hommes. Dans le vignoble, elles ne sont plus
forcément reléguées au rôle de « femme de »
ou de secrétaire administrative. De même,
la profession de caviste se féminise petit à petit,
comme celle de sommelière dans le sillage
de « stars » à l’instar de Pascaline Lepeltier ou
Paz Levinson. Dans la capitale, par exemple,
Virginie Routis est la « Madame vin » de l’Élysée,
Marine Delaporte officie au Yam Tcha,
Justine Baissac au Bristol ou encore
Estelle Touzet au Ritz.
TEXTE
PIERRICK JÉGU
PHOTO
OLIVIER ROUX
— 78 —
LE CHIFFRE
LE CHIFFRE
300 —
Comme le nombre de vignes
dans l’Île-de-France viticole historique.
Pour l’instant, le vignoble francilien s’étend
sur 30 ha seulement, mais sa superficie
en atteindra une centaine dans moins de
cinq ans d’après Patrice Bersac, président
du Syndicat des Vignerons d’Île-de-France.
L’essor se poursuit avec un élément essentiel :
l’officialisation par l’INAO, courant 2020
normalement, d’une Indication Géographique
Protégée (IGP) Île-de-France.
— 79 —
L’ENGAGÉ
L’ENGAGÉ
UNE DISTILLERIE
DANS PARIS ?
C’EST POSSIBLE !
—
Au cœur de la capitale,
Nicolas Julhès invente des spiritueux
absolument remarquables.
Rencontre avec ce passionné
qui n’a pas fini d’étonner son monde.
D
errière les portes cochères, Paris quides, avec une sélection de vins et spiritueux
planque parfois des trésors, des airs épatante, et désormais les productions « home
de campagne, des maisons avec jardin, made » dans cette distillerie de poche mon-
des oasis de calme à quelques pas de la fréné- tée en 2015. Rencontre avec Nicolas Julhès.
sie urbaine… Rue du faubourg Saint-Denis, Rendez-vous à 9 heures. Ce garçon extrême-
dans le 10e arrondissement, un fond de cour ment sympathique et volubile ouvre le rideau
vibre d’une autre manière, à la petite agitation sur la dernière-née de ses boutiques, inau-
d’une distillerie et à la chauffe quotidienne de gurée au printemps 2019 au 56 de la rue du
son alambic de compétition. Une distillerie faubourg Saint-Denis. Un petit bijou de bon
au cœur de la capitale, c’est donc possible et goût et d’apparente simplicité imaginé par
cette idée pas si folle est née dans le cerveau Nicolas lui-même et Shinichiro Ogata, célèbre
de Nicolas Julhès. Sa famille a pignon sur designer japonais. Beaucoup de bois et du
cette rue depuis des lustres et a récemment cuivre, bien sûr, pour évoquer l’univers de la
étendu son petit empire gourmand à la rue du distillerie. D’un côté, les spiritueux, de l’autre,
faubourg Saint-Martin, à la rue du faubourg les parfums. Car Nicolas fait aussi dans le par-
Poissonnière et au boulevard Voltaire, dans le fum… D’ailleurs, vu l’activité débordante du
11e arrondissement voisin. Fromagerie, fournil bonhomme, on se demande s’ils ne sont pas
à pains, sandwicherie, épicerie, charcuterie, plusieurs Nicolas Julhès. Pas vraiment du genre
cave, traiteur […], la maison Julhès occupe à s’endormir, pas tout à fait non plus du style à
le terrain de ses appétits insatiables pour une foncer menton dans le guidon sans regarder ce
gastronomie de qualité. Un garde-manger qui se passe autour de lui, il est très vif, rapide
plus que complet, côté solides comme côté li- et ultra-curieux : « En étant à Paris, je suis en
— 80 —
L’ENGAGÉ
— 81 —
L’ENGAGÉ
— 82 —
L’ENGAGÉ
permanence au contact des gens, des artistes, des « alambic de folie. L’alambic, c’est un jeu de
chefs, des photographes, des artistes contempo- thermodynamique. Avec celui-là, on peut chan-
rains… Paris est une zone de créativité particu- ger de musique pendant la distillation. C’est un
lière avec des gens de partout et très différents qui saxophone ! », explique Nicolas. Gins, rhums,
s’y rencontrent. Cela donne un grand mélange, vodkas, agave spirit et bien d’autres spiritueux
une sorte de vortex très stimulant et passion- naissent dans l’instrument. Dans chaque ca-
nant ». Nicolas s’en inspire, bâtit des passe- tégorie de spiritueux, Nicolas et ses acolytes
relles entre son métier et d’autres disciplines. cherchent à apporter un vent nouveau. « On
Pour évoquer les gins issus de sa distillerie par veut quelque chose de complexe, de riche, mais
exemple, son propos échappe au vocabulaire on ne veut pas écraser la matière. La patte de nos
classique et parfois convenu des spécialistes spiritueux, ce sont les côtés ciselé et texturé à la
en spiritueux pour emprunter au design ou à fois. » Parole confirmée à la dégustation tenue
l’architecture : « Faire un gin est pour moi un par un fil rouge de fraîcheur, de dynamisme et
acte de design. On crée une forme, à la fois facile d’intensité. Comment arriver à cette qualité ?
et compliquée. Il faut une bonne architecture, si- Au-delà de la précision de la distillation, abso-
non ça ne marche pas. Avant, j’avais des images lument primordiale, rien n’est laissé au hasard.
dans la tête du design des spiritueux, mais Pour les matières premières, Nicolas, en bon
comme un peintre sans pinceau. Aujourd’hui, épicier, connaît Rungis sur le bout des doigts.
avec la distillerie, véritable laboratoire, je peux Surtout, il voyage beaucoup : « Au préalable,
laisser libre cours à mon inspiration ». Et ça se j’ai le design du spiritueux dans la tête. Donc je
passe donc au fond d’une cour parisienne pas cherche le produit qui va correspondre. Ensuite,
tout à fait comme les autres, au chevet d’un la façon dont on dessine les alcools est essentielle,
— 83 —
CARNET VIN
— 84 —
L’ENGAGÉ
chaque étape est dans cette idée de design, on ne sement – la tonnellerie Seguin Moreau –, pas
fabrique pas », dit Nicolas. En sortie d’alam- question de galvauder un élément du process
bic, l’alcool monte à 75 %. « Puis on ajoute de de production. Sur ce sujet comme une foule
l’eau pour dilution, de manière à ce que le spi- d’autres, Nicolas Julhès, très porté sur la pé-
ritueux ne soit pas trop brutal, qu’il y ait une dagogie, est intarissable. Et il n’a pas fini de
intégration chimique de la matière. On sait que « phosphorer », de chercher, d’explorer de
nos alcools vont être mixés, il est donc important nouveaux champs des possibles. « Quand
qu’ils soient capables d’intégrer le soft à basse j’avais 15-16 ans, je m’étais dit que lorsque je
température ». Choix des matières premières, serai grand, je voudrais inventer un parfum, un
délicatesse de la distillation, mais aussi sélec- alcool, un sac en cuir et une voiture », raconte-t-
tion rigoureuse de barriques pour le vieillis- il. Une partie des rêves est réalisée !
— 85 —
LE PRISME DU VIN
NICOLAS JULHÈS,
DISTILLERIE DE PARIS,
GIN BATCH #1
43 % ALC/VOL
—
TEXTE
PIERRICK JÉGU
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
Spiritueux Ingrédients
Les Français ne connaissent pas trop ce mot. Ils Comme la technique, ils sont à la base de tout.
parlent souvent d’alcool fort. Un spiritueux fait On ne fait pas de grands produits avec de mauvais
appel à la distillation : ce savoir-faire alchimique ingrédients. Mais c’est loin d’être suffisant. Il faut
qui permet d’extraire la quintessence. C’est en fait les faire vibrer ensemble.
la partie la plus légère et la plus délicate qui est
prélevée de la matière. Goûte à goutte
La manière dont on doit déguster un spiritueux.
Gin On laisse passer une micro-quantité entre les lèvres
J’aime particulièrement ce spiritueux. Il offre des et on la laisse couler devant la gencive pour qu’elle
possibilités incroyables. Beaucoup cherchent à se mêle à la salive. On peut alors apprécier. Ne
analyser la technique, mais c’est la formulation buvez pas à grandes lampées, c’est un massacre.
qui est la plus importante. Le spiritueux qui se
rapproche le plus de la parfumerie. High Ball
Une façon plus cool de dire « allonge d’eau
Paris pétillante ». C’est comme ça que j’aime Batch#1
La capitale, la ville où toute la diversité française pour accompagner la gastronomie asiatique que
se retrouve et fusionne. Un endroit où les gens du j’adore. Ça peut surprendre, mais leur cuisine
monde entier viennent pour parler, apprendre, n’est pas très adaptée au vin. En revanche, ce gin
transmettre ou réfléchir autour du beau. versatile accompagne parfaitement cette diversité
aromatique.
Distillerie de Paris
C’est la seule distillerie parisienne, mon labo, mon « C’est pas un crime»
lieu de création. On y capture l’énergie de la ville Vous pouvez faire des cocktails, y ajouter de
pour créer des spiritueux différents. la glace ou le diluer avec de l’eau. Un grand
spiritueux doit être bon comme vous l’aimez.
Design
Le goût est une forme d’expression. Comme la
grande gastronomie qui fait bien plus que nourrir
mais crée des souvenirs et des émotions, je milite
pour des spiritueux dessinés pour bouleverser.
— 87 —
CARNET VIN
— 88 —
LES INDISPENSABLES
LES INDISPENSABLES
L
es spiritueux constituent une famille qui se comporte a changé notre fusil d’épaule. En revanche, ce qui a aidé les spi-
plutôt bien chez nous. Les whiskies – 40 % du chiffre sur ritueux, c’est le développement des cocktails basiques dont la
les alcools ! – ont toujours du succès avec un public atti- margarita. Malgré un léger tassement, le rhum marche bien et,
ré vers des choses de plus en plus pointues, des single casks ou si la vodka est un peu en recul, le gin connaît un grand succès.
des embouteillages spécifiques par exemple, plutôt que les clas- Gustativement, il apporte d’ailleurs beaucoup de choses, une
siques des grandes marques. Le Japon tire aussi cet univers vers diversité de goûts et d’arômes. On voit aussi revenir des pro-
le haut avec les malts et les blends en général. Sur l’Irlande, il y duits comme la tequila, le mezcal plus timidement. De manière
a une minuscule émulation sur des produits rares, des niches. générale, la qualité des spiritueux augmente grâce à un travail
Notre rôle est aussi de garder, de faire vieillir des bouteilles de plus en plus précis. En France aussi, je trouve intéressant le
pour satisfaire notre clientèle la plus pointue. Lorsqu’on a re- développement des distilleries car il ne faut pas oublier qu’on a
fait la cave du magasin, on avait misé sur la mixologie, mais on une véritable histoire de distillation dans l’Hexagone.
— 89 —
ET LES AUTRES ?
PROFESSION
AGENT
Très reconnu dans l’univers du vin, Romuald Cardon
n’est pas un simple marchand de bouteilles.
Il pratique son métier d’agent avec une sacrée dose
de passion et de convictions.
N
e pas confondre VRP et agent… Pour vois pas de sens à ce métier ». Comment choi-
caricaturer, le premier se balade avec sit-il « ses » vignerons ? « Tu goûtes les vins, tu
un attaché-case, des cartes de visite et vas sur le domaine, il y a quelque chose qui se
vend les vins de son catalogue comme il ven- passe et tu sens la volonté d’aller dans le même
drait des poêles à frire. Le second défend une sens. Je veux qu’on ait des choses à se raconter, je
certaine idée du vin, connaît ses vignerons, ne suis pas un apporteur d’affaires. Et, bien sûr,
leur terroir et leurs vins par cœur, les suit sur je suis très attaché à une démarche la plus natu-
le long terme, et se place comme le véritable relle possible, en bio ou biodynamie ». Ses com-
trait d’union entre les domaines et les ca- bats ? Faire comprendre que le vin n’est pas du
vistes ou les restaurateurs. Romuald Cardon coca, sensibiliser sur le fait qu’un millésime
est à classer dans cette dernière catégorie. Sa peut être un peu moins convaincant qu’un
rencontre avec le vin ? Francine Legrand, sa autre, etc. Romuald est aussi l’un des fon-
tante, patronne de la fameuse cave parisienne dateurs de Vendanges solidaires, association
Legrand Filles et Fils, joue les entremet- dont la vocation est d’aider les vignerons en
teuses. À 21 ans, il est officiellement embau- proie à des catastrophes météorologiques et,
ché. Son baptême du feu : royal, chez Rayas, au-delà, de se placer comme une plate-forme
Beaucastel et Gramenon ! Après huit ans chez d’échanges sur les questions climatiques.
Legrand, il rachète la cave Les Coteaux du 9e Au compteur de Romuald, 250 à 300 clients
en 1999. Et se met en plus à faire l’agent pour sur Paris et Ile-de-France, en majorité des
une petite poignée de domaines du sud de la cavistes et des restaurateurs, des bistrots de
vallée du Rhône, l’Oratoire Saint-Martin, la quartier ou des tables triplement étoilées. Son
Réméjeanne et la Monardière. La double cas- quotidien ? Faire des plans de communication
quette caviste-agent s’avère peu à peu lourde pour annoncer la sortie de telle ou telle cuvée
à porter. En 2006, Romuald baisse le rideau par exemple, aller rencontrer d’éventuels nou-
de sa boutique et devient agent à 100 %. veaux clients, cultiver la relation avec les res-
Aujourd’hui, 34 domaines de presque tout taurateurs, leur faire goûter des vins, accom-
l’Hexagone viticole lui font confiance… Et pagner les vignerons en tournée parisienne,
ils ont bien raison ! « Avec les vignerons, je s’échapper de la capitale pour filer dans le vi-
construis un vrai partenariat sur le long terme, gnoble… Il s’éclate : « Le jour où je m’ennuie,
c’est un accompagnement à de nombreux ni- j’arrête tout de suite », affirme-t-il avant d’enfi-
veaux… J’ai un avis critique. C’est dans cet es- ler son casque et d’enfourcher sa bicyclette.
prit que je veux continuer à avancer, sinon je ne
— 91 —
04
MANGER
OCTOBRE
NOVEMBRE
DÉCEMBRE
—
TEXTE
JÉRÔME BERGER
ILLUSTRATIONS
AMBER DAY
— 94 —
LA SAISON
Chaque année, ils sont encore quelques di- Plus que quelques jours pour apprécier les Parmi les blondes navel, celle-ci tire son
zaines de bergers à perpétuer un savoir-faire dernières noisettes fraîches du Piémont. épingle du jeu. Et de quelle façon ! La Cara
ancestral. En période estivale, les voilà qui La Rolls du genre, avec la Cervione corse. Cara se distingue en effet de ses consœurs
déposent leurs troupeaux dans les estives En IGP, sa production est concentrée sur par une peau relativement fine et surtout
des hautes montagnes du Béarn, pour les y les départements de Cuneo, Asti e Ales- une pulpe rose foncé, à la fois tendre, goû-
laisser paître, effectuer les traites à la main sandria, entre Turin et Gênes. Récoltée à la teuse, peu acide et très sucrée. Mieux, cette
en plein air, puis élaborer leurs tommes de fin de l’été, au sol, les noisettes sont le plus dernière contient assez peu de pépins.
brebis, vache, mixte et chèvre, avant de les souvent décortiquées, torréfiées puis triées Achetée ferme, elle se prête particulière-
laisser maturer 4 à 5 mois. En bouche, la ri- avant d’être conditionnées. Choisies lisses ment bien à la cuisson, en accompagne-
chesse de la flore et de la faune de ces zones et brillantes, elles affichent alors une forme ment de canard, poulet, porc…
pastorales produit des fromages d’une sphéroïdale spécifique et un goût doux mais
belle complexité. Comme des parfums de persistant qui fait florès dans le tradition-
vacances… nel gianduja, mais aussi sur les premiers
radicchio de Trévise, avec du miel, sur une
viande de gibier…
— 95 —
— 96 —
PRODUIT D’EXCEPTION
LE BRIE DONGÉ
—
TEXTE
MYRIAM DARMONI
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
C
’est Luc, codirigeant avec son frère de la fromagerie Dongé, qui nous en dé-
voile les secrets. Encore fabriqué comme le faisait leur grand-père Étienne dès
1922, ce fromage est avant tout une histoire familiale. Nous sommes dans
la Meuse, à Triconville, zone couverte par l’AOC, obtenue en 1980. « Un siècle plus
tard, tout est resté fidèle » raconte Luc. « Il faut savoir que jusqu’au xixe siècle, ce fro-
mage était fabriqué par les fermiers, qui venaient le vendre aux affineurs sur le marché
de Meaux. Avec l’ouverture de la ligne Paris-Strasbourg, ces derniers allaient chercher
ce fameux brie de Meaux à l’est » explique-t-il. Pour ce qui est du brie de Dongé, tout
démarre avec du lait cru produit dans un rayon de 30 km. « Moules en inox, égouttage
sur du jonc naturel, ici la tradition est respectée. » Il faut ainsi 25 litres de lait pour
fabriquer un fromage de 36 cm environ de diamètre. « Nous employons 60 personnes.
Le moulage manuel nécessite, en effet, une main-d’œuvre importante et requiert plusieurs
étapes. » Car le temps, avec la matière première et le savoir-faire, est le troisième se-
cret de cette merveille. « Il ne faut pas mouler trop vite. Chaque produit est unique »
poursuit Luc. L’affinage de deux mois est réalisé sur place, à la fromagerie. Un choix
Rubrique judicieux des parents de Luc car c’est à ce stade que se développe toute la palette aro-
présentée par matique de ce brie d’exception. « Je vous recommande de le déguster avec un verre de
Metro Premium
vin blanc légèrement minéralisé » conclut Luc. 1 000 pièces sortent chaque jour des
caves et sont ensuite à découvrir chez METRO, tous les bons fromagers-crémiers et
les jolies tables de France et d’Europe.
— 97 —
— 98 —
PRODUIT D’EXCEPTION
LE JAMBON DE PARIS
—
TEXTE
MYRIAM DARMONI
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
L
e « Prince de Paris » est le dernier jambon blanc à être fabriqué à Paris. Un jam-
bon à l’ancienne, travaillé à la main selon la recette de 1795. Ce projet ambi-
tieux, on le doit à Yves Le Guel, gourmet passionné qui, en 2005, quitte sa car-
rière de chimiste pour reprendre la société Sojadam. « Le Prince de Paris existait déjà
explique-t-il car jambon de Paris est une marque déposée par un industriel ! » Dans son
atelier du 11e arrondissement, 4 employés fabriquent ainsi 500 jambons par semaine.
« Les porcs viennent de la Sarthe, la Mayenne et la Bretagne. Nous travaillons pièce
par pièce et uniquement les cuisses : une cuisse, un jambon. Notre saumure est réalisée
avec un bouillon de légumes maison, du sel gris de Guérande et 0,1 % de sel nitrité, un
choix affirmé pour raison de sécurité. » Désossé à la main, sans l’ouvrir, le jambon est
ensuite « moulé » en chaussette, mis sous vide, puis cuit à la vapeur à 68 °C à cœur.
Rubrique Si la saumure reste un secret de fabrication bien gardé, Yves le Guel accepte de nous
présentée par révéler comment il confère à son produit toute sa saveur : « Après une cuisson lente de
Metro Premium
8 à 9 heures, nous laissons le jambon reposer 8 jours dans son jus de cuisson ! » En 2010,
ce jambon d’exception était notamment découvert par Yannick Alléno. Sa réputation
fut faite. Labellisé par le Cervia, il a obtenu le prix de la Ville de Paris en 2018.
— 99 —
LES RACES
— 100 —
LES RACES
LA POULE
DE HOUDAN
—
TEXTE
JÉRÔME BERGER
L
ouis XIII, Georges Clemenceau, Orson Welles… Tous à façon. « Une espèce difficile, qui gagne à grandir avec des
auraient raffolé de la poule de Houdan, dont l’extrême consœurs plus tranquilles comme les Faverolles. Sans parler de
finesse de chair et le goût prononcé sont vantés dès le sa croissance lente, qui s’étale sur 6 à 8 mois et nécessite de revoir
xive siècle. Une madeleine de Proust encore 700 ans plus tard. très régulièrement l’alimentation. » Malgré l’absence en Île-de-
Dans les Yvelines comme en Eure-et-Loir, les élevages se multi- France d’abattoir réellement adapté à ce produit d’exception,
plient alors, laissant apprécier le plumage de cette volaille me- les chefs et artisans exigeants en redemandent. Frédéric Vardon
nue, le plus souvent noir « caillouté blanc », sa crête double, au 39V a déjà servi ce gallinacé en déclinaison : le « bateau »
sa huppe à plumes et ses pattes à 5 doigts. Une rareté chez les rôti, le gras de cuisse en ballottine façon poule au pot, les pilons
gallinacés. Un beau spécimen à n’en pas douter. Reste que l’ani- en quenelle, puis les gésiers et le foie en farce sur une tranche
mal est fragile, au point de ne pas supporter l’élevage en batterie. de pain à la graisse de volaille… Au Waldorf Astoria Versailles
Incompatible avec le rythme effréné des Trente Glorieuses. La - Trianon Palace (1*), Frédéric Larquemin, lui, privilégie une
race ne survit pas à l’industrialisation et à la consommation de cuisson douce, sous vide, avec un nappage à la sauce soubise. De
masse. Enfin presque… Ces dernières années, Éric Sanceau est son côté, Antoine Westermann ambitionne de travailler à son
l’un des rares à avoir misé dessus. À Auffargis, en plus de ses éle- tour la poule de Houdan dans son Coq Rico, tout comme Gilles
vages de chevaux de concours et de bœufs, cet ancien cavalier Vérot de la maison du même nom, désireux lui de réaliser un
international dispose de plus de 250 poules de Houdan élevées véritable pâté de Houdan. Vivement demain !
— 101 —
FACE À FACE
— 102 —
FACE À FACE
FACE À FACE
LES MICRO-
POUSSES
D’AUDREY ET
DE XINHUI
En 2016, ce couple d’autodidactes
crée Hydropousse, la première
ferme verticale en intérieur
de Paris. Visite.
—TEXTE
JÉRÔME BERGER
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
— 103 —
FACE À FACE
— 104 —
FACE À FACE
— 105 —
FACE À FACE
— 106 —
FACE À FACE
L
es Grands Voisins. Tel est le nom donné pas tout. « Derrière la technique, il y a l’usage
à l’espace pluriel aménagé dans les locaux qu’on en fait. » Eux ont pris le parti de pro-
de l’ex-hôpital Saint-Vincent-de-Paul. À duire bon. Pour la planète comme pour leurs
deux pas de Denfert-Rochereau, sur des mil- clients. À la fibre de coco, utilisée habituelle-
liers de mètres carrés, fourmillent un accueil de ment comme substrat, nos deux entrepreneurs
jour de demandeurs d’asile, des associations, préfèrent celle de laine recyclée, au meilleur
des artisans, de jeunes entreprises… Parmi elles, bilan carbone. Pour les mêmes raisons, ils
Hydropousse, installée dès l’année de sa créa- s’interdisent de démarcher des chefs en dehors
tion, en 2016, dans un ancien bloc opératoire de Paris et de sa proche banlieue. Et bien sûr,
du site. Son alimentation électrique sûre et sa aucun pesticide ni autre traitement de syn-
ventilation filtrée se prêtent alors particulière- thèse ne sont administrés. Côté goût, ils fa-
ment bien à la culture en intérieur. En tout cas, vorisent une croissance douce, permettant de
mieux que les 30 m2 du salon de Montreuil mieux respecter le cycle des micro-pousses,
du couple de fondateurs, transformé en deux de leur germination en quelques jours à leur
coups de cuillère à pot en ferme urbaine. L’en- développement au-delà des cotylédons. « Ces
gouement suscité chez les chefs parisiens fait premières feuilles n’ont pas toutes les qualités
le reste. « Il en a suffi d’un, puis très vite une organoleptiques des suivantes. Patience donc. »
dizaine a suivi, jusqu’à cent désormais ! » Au- Et pas que. Au cas par cas, Xinhui stimule cer-
jourd’hui, Audrey Bonneil et son compagnon, tains végétaux. Ici, en les exposant à plus de
Xinhui Xu, veillent sur un sous-sol de 160 m2, lumière, de façon à ce qu’ils produisent une
où poussent basilic citron, oxalis, persil plat, huile essentielle de défense qui renforce leurs
tagète, coriandre… Pas de fenêtre. Des étagères saveurs. Là, en les ventilant pour raffermir leur
métalliques en majesté. Tout un écosystème tige et offrir plus de résistance en bouche. Ré-
technique garantissant un éclairage artificiel sultats ? Coupées au stade de maturité et à la
de 16 h par jour, une température constante taille demandés, les micro-pousses sont livrées
de 25 °C, un taux d’humidité avoisinant les chez les chefs dès le lendemain de leur récolte.
70 %, un arrosage en circuit fermé, une ven- « Contre 4 à 5 jours pour celles achetées en
tilation adaptée afin d’apporter le CO2 né- Hollande. » Elles jouissent de fait d’une bien
cessaire à la photosynthèse… « Les conditions meilleure longévité. « Durant près de 7 jours,
idéales », selon Xinhui. Cette conviction, nos végétaux continuent d’offrir une belle inten-
le développeur informatique qu’il était l’a sité en bouche. » Soit une seule commande par
acquise sur Internet. Son guide à l’heure de semaine, pas de tri ni de lavage avant chaque
s’auto-former, en particulier auprès de sites utilisation, et des goûts au sommet. De quoi
hollandais, « particulièrement en pointe dans ravir les sceptiques de la culture indoor…
ce domaine ». Mais l’environnement ne fait
— 107 —
Sous Le Haut Patronage
de S.A.S. Le Prince
Albert II de Monaco
Votre
invitation
au CWS avec
Les Chefs changent
le code
de modèles...
YAM19
Réservez vos dates !
24-25-26 MONACO
Novembre Grimaldi
2019 Forum
www.chefsworldsummit.com
SUCRÉ
L’OPÉRA
L’HISTOIRE
—
MYRIAM DARMONI
TEXTE
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
1955
L’opéra est à la pâtisserie ce que le
contrepoint est à la musique : une ré-
volution. Les années 50 battent leur
plein, Christian Dior crée le New-Look et redessine la sil-
houette féminine. À deux pas de l’Opéra Garnier, un pâtissier
s’exerce à réinventer la pâtisserie. Lui aussi veut s’affranchir des
formes en vigueur : halte à la rondeur, son gâteau sera vertical
(comme le contrepoint) et rectiligne. Biscuit joconde, peu sucré
mais beaucoup d’amandes, chocolat et café seront les notes de
cette nouvelle partition gourmande. On ne sait s’il a voulu faire
plaisir à la danseuse étoile de l’époque, l’histoire n’a pas retenu
son nom. La merveille est baptisée Opéra par l’épouse du pâtis-
sier en hommage, raconte-t-on, aux petits rats qui s’exerçaient
aux entrechats dans la boutique des délices. On était en 1955, le
pâtissier s’appelait Cyriaque Gavillon, sa femme Andrée. Tous
deux étaient propriétaires de la Maison Dalloyau et venaient de
créer la pâtisserie emblématique du xxe siècle.
— 109 —
SUCRÉ
— 110 —
SUCRÉ
OPÉRA
LA RECETTE
10 personnes
— 111 —
PAROLE DONNÉE
GUY
SAVOY
—
TEXTE
LESLIE GOGOIS
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
— 113 —
PAROLE DONNÉE
— 114 —
PAROLE DONNÉE
INCONTESTABLEMENT,
GUY SAVOY FAIT PARTIE DE CEUX
QUI ONT FAIT RAYONNER
LA CUISINE FRANÇAISE
À TRAVERS LE GLOBE.
C
e jour-là, Guy Savoy nous accueille chaleureu-
sement dans un des salons de son restaurant
sublimement pensé par Jean-Michel Wil-
motte. L’interview devait durer une heure,
mais nos échanges dépassent largement le
temps imparti… Qu’il est bon d’écouter Guy
Savoy, incarnant la quintessence des chefs hexagonaux, à la fois
charismatiques et passionnés. Incontestablement, Guy Savoy
fait partie de ceux qui ont fait rayonner la cuisine française à
travers le globe. Face à cet homme de convictions, nous nous
imprégnons de sa vision de la gastronomie.
— 115 —
PAROLE DONNÉE
— 116 —
PAROLE DONNÉE
— 117 —
PAROLE DONNÉE
— 118 —
PAROLE DONNÉE
— 119 —
PAROLE DONNÉE
— 120 —
PAROLE DONNÉE
Comment créez-vous vos plats ? charcutiers, fromagers, vignerons… La France est unique. C’est
Tout part d’une envie. Par exemple, lorsque j’associe les mous- plus que jamais à nous, chefs, de montrer la voie.
serons et les moules, j’ai l’idée de dompter la consistance grasse,
onctueuse du champignon avec le jus de moules, qui est brutal Selon vous, la gastronomie française
en bouche. Le relief dans un plat vient de là. Et aujourd’hui, ma est-elle unique ?
« papillothèque » est de mieux en mieux fournie, j’ai les goûts Toutes les cuisines du monde ont un intérêt, mais elles n’ont
en tête, reste à les associer dans ma tête… pas toutes la diversité que nous avons la chance d’avoir ici.
Aujourd’hui, j’ai 12 nationalités différentes dans ma brigade,
Aimez-vous l’expression « plat signature » ? preuve que les cuisiniers viennent se former en France ; quand
Oui, elle est importante. Mais attention, ce n’est jamais le cuisi- ils rentrent dans leur pays d’origine, ils réveillent leur propre
nier qui autoproclame ses plats signatures, ce sont les convives. univers culinaire grâce à ce qu’ils ont appris ici. Prenons
Quand ma soupe d’artichaut à la truffe se retrouve classée par- l’exemple de la Bourgogne, d’une parcelle à l’autre, nous n’ob-
mi les 10 meilleurs plats du monde, c’est une fierté. Il existe tenons pas le même vin, c’est grâce au bon sens, à l’observation
selon moi une vraie signature de la gastronomie française, nous des hommes que nous avons pu atteindre ce niveau de perfec-
avons à notre portée de nombreux savoir-faire : boulangers, tion… Aucun autre pays au monde n’a autant de savoir-faire : la
— 121 —
PAROLE DONNÉE
— 122 —
PAROLE DONNÉE
haute couture, le travail du cuir ou du cristal… Merci Monsieur Vous dites qu’il s’est passé davantage de choses
Colbert d’avoir pris conscience de notre richesse. Souvent, le sur la planète gastronomie dans ces vingt
travail manuel est dévalorisé, ringardisé, ce qui est absurde. Au dernières années qu’en deux mille ans.
Japon, tous ces savoir-faire seraient hissés au rang de légendes. Il Qu’entendez-vous par là ?
existe juste, à mes yeux, un bémol dans les savoir-faire français : Il y a 50 ans, il était difficile de trouver une bonne boulangerie
il faudrait redorer le blason des charcutiers, pour lesquels il n’y ou une bonne chocolaterie… Regardez maintenant. Tout s’est
a pas encore eu l’engouement que les chefs, pâtissiers ou cho- amélioré. Le discours qui consiste à dire « c’était mieux avant »
colatiers ont connu. Il serait pourtant formidable de faire un me paraît totalement aberrant, il suffit d’observer le monde
inventaire de nos recettes de boudins, de terrines, de pâtés et de viticole : nous pouvons trouver de bons vins partout… La ten-
les valoriser… Amis charcutiers, faites bouger votre profession ! dance actuelle s’oriente vers la qualité, la singularité.
La transmission est au cœur de votre vision… Vous avez décroché votre 3e étoile à 49 ans.
Oui, car j’ai eu la chance que ma mère, Jean et Pierre Troisgros, Avec du recul, qu’avez-vous ressenti ?
Louis Outhier me transmettent tant. Aujourd’hui, à mon tour Je n’ai pas honte de le dire, lorsque j’ai appris que j’avais la 3e
de partager mon expérience… étoile, j’ai pleuré comme un gamin. Cette récompense est le
point culminant d’une vie professionnelle. D’autant que dix-
Qu’apportez-vous à tous ces jeunes ? sept années se sont passées entre la 2e et la 3e étoile. Quelque
Autant que ce qu’ils m’apportent ! Grâce à eux, je ressens de part, elle aurait pu ne jamais venir. Pour autant, je n’avais jamais
l’énergie, de la vitalité. tout misé là-dessus, ce n’est pas dans mon tempérament.
— 123 —
PAROLE DONNÉE
— 124 —
100% de nos foies gras
et magrets crus frais
Rougié sont issus de
canards certifiés*
sans antibiotique
depuis leur naissance.
RESTAURANT
GUY SAVOY
À LA MONNAIE DE PARIS
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
— 127 —
LA MONNAIE
DE PARIS
Petits pois 1,6 kg de petits pois / 60 g de crème liquide / 1 cuil. à soupe de glace pilée / Sel
Huile de ciboulette 1 botte de ciboulette / 100 g d’huile d’olive / Sel, poivre du moulin Œufs 4 œufs Finition et
dressage 1 barquette de cressonnette / 4 tranches de pain de campagne / Shiso pourpre / Fleur de sel, poivre mignonnette
— 128 —
LA MONNAIE
DE PARIS
Granité algues et citron 250 g d’eau / 75 g de sucre semoule / 2 g d’algues séchées (type nori) / 250 g de jus de citron
Huître en nage glacée 15 huîtres spéciales n° 2 Prat-Ar-Coum d’Yvon Madec / 200 g de crème liquide
5 feuilles de gélatine / 1 carotte / 4 pousses d’épinards / 500 g d’algues de mer / 1 citron jaune / Sel, poivre du moulin
Huîtres concassées 16 huîtres spéciales n° 3 Prat-Ar-Coum d’Yvon Madec / 4 feuilles d’huître végétale (Mertensia
Maritima) / 1 citron / ½ botte de cébette / Huile d’olive / Poivre du moulin Finition et dressage 8 feuilles d’huîtres végétales
(Mertensia Maritima) / Algues de mer / Huile d’olive / Poivre du moulin
Granité algues et citron seur. Blanchir les algues dans une grande casserole
Porter l’eau à ébullition avec le sucre, puis laisser tiédir d’eau bouillante et les rafraîchir à l’eau glacée pour les
le sirop. Ajouter les algues finement hachées et refroidir rendre bien vertes. Rincer. Sur le nerf de chaque huître,
complètement la préparation avant d’ajouter le jus de disposer une rondelle de carotte ainsi qu’une tige de
citron. Réserver au congélateur pendant une nuit, puis pousses d’épinards pour former une fleur. Dans un cul-
gratter à la fourchette. de-poule, casser la gelée d’huîtres avec le jus du citron à
l’aide d’un fouet.
Huître en nage glacée
Ouvrir les huîtres en réservant l’eau. Les décoquiller Huîtres concassées
délicatement. Les nettoyer une à une sous un filet d’eau Ouvrir les huîtres, les décoquiller et les rincer à l’eau
pour éliminer le sable, puis les disposer sur un papier ab- claire. Concasser les huîtres préalablement égouttées
sorbant. Les réserver au frais. Gratter les coquilles pour sur du papier absorbant. Assaisonner avec le jus du ci-
ôter le reste du nerf et le sable avant de les sécher. Porter tron, la cébette hachée finement, le poivre du moulin
à ébullition 100 g de crème liquide et la coller avec 2 ainsi que l’huile d’olive.
feuilles de gélatine préalablement réhydratées dans de
l’eau froide. Mixer 3 huîtres dans les 100 g restants de Finition et dressage
crème. Rassembler les deux crèmes, passer au chinois Pour les huîtres en nage glacées, disposer les huîtres
étamine et rectifier l’assaisonnement. Disposer 1 cuil. dans les coquilles sur la crème. Recouvrir chaque huître
à soupe de crème d’huîtres dans le fond de chaque co- avec la gelée d’eau des huîtres. Dresser sur un lit d’al-
quille et laisser prendre au réfrigérateur. Passer le jus gues blanchies. Terminer par un tour de moulin à
d’huîtres réservé à travers un torchon pour retirer tout poivre. Pour les huîtres concassées, dresser la concas-
le sable. Détendre avec un peu d’eau s’il est trop salé, sée dans les coquilles. Les disposer sur les assiettes avec
puis prélever 300 g. Coller le jus d’huîtres avec les 3 les algues de mer au fond. Pour terminer, disposer des
feuilles de gélatine restantes, préalablement réhydratées feuilles d’huîtres végétales. Servir le granité algues et
dans de l’eau froide. Laisser prendre au frais. Éplucher la citron dans une goutte d’eau glacée et déposer l’équi-
carotte, la canneler, puis la couper en rondelles de 1 mm valent d’une petite cuillère sur la concassée d’huîtres au
d’épaisseur. Cuire les rondelles à l’anglaise. Tailler les dernier moment.
pousses d’épinards lavées en julienne de 2 mm d’épais-
— 131 —
LA MONNAIE
DE PARIS
VERDURE,
TENDRES FEUILLES ET DES FLEURS
4 personnes
Haricots verts 500 g de haricots verts / Sel, poivre du moulin Vinaigrette 1 cuil. à soupe de moutarde
1 cuil. à soupe de vinaigre de cidre / 4 cuil. à soupe d’huile de pépins de raisin / Sel, poivre du moulin Finition et dressage
8 mini-champignons de Paris / 50 g d’un mélange de jeunes pousses de salade / Fleurs de bleuet / Fleurs de tagette
— 132 —
LA MONNAIE
DE PARIS
— 135 —
LA MONNAIE
DE PARIS
Tarte à la tomate 1 tomate noire de Crimée / 2 tomates Green Zebra / 1 tomate ananas / 1 tomate cœur-de-bœuf rouge /
Basilic / Huile d’olive / Pâte feuilletée Tartare de tomates ½ oignon rouge / 5 g de gingembre / ½ citron vert / Huile d’olive /
Sel, poivre du moulin Rosace de tomates 50 g de tomates cerises noires de Crimée / 50 g de tomates cerises jaunes /
50 g de tomates cerises orange / 50 g de tomates cerises rouges Pâte à cigarette à la tomate 20 g de beurre pommade /
20 g de farine / 8 g de poudre de tomate / 20 g de blancs d’œufs Parfait à la tomate 50 g de jus de tomate /
2,5 g de vinaigre de xérès / 8 g de poudre de tomate / 50 g de crème fouettée / 4 g d’agar-agar / Sel fin, poivre du moulin
Gelée de vinaigre ximénez 50 g de vinaigre pedro ximénez / 5 feuilles de gélatine / Sel fin, poivre du moulin
Finition et dressage 8 grosses cerises / Huile d’olive / Tomates cerises / Sel, poivre du moulin
— 136 —
LA MONNAIE
DE PARIS
Rouget-barbet 8 rougets-barbets de 130 g environ chacun / 100 g de beurre / 1 citron / Huile d’olive vierge extra / Paprika / Sel
fin, poivre du moulin Poudre d’épinard 10 g de feuilles d’épinards en branches Fregola 150 g de fregola / 200 g d’encornets
/ Sel, poivre du moulin Épinards 300 g d’épinards en branches / Ail / Beurre noisette Finition et dressage 4 lamelles de
tomates confites / 1 citron caviar / Beurre / Croûtons de pain de mie / Huile d’olive / Sel, poivre du moulin
Rouget-barbet Épinards
Couper les barbes, écailler et vider les rougets, puis ôter Faire tomber les feuilles d’épinards à plat avec du beurre
l’arête centrale par le ventre comme un portefeuille noisette à l’ail sous la salamandre ou le gril du four.
ouvert. Récupérer les foies et les arêtes. Rôtir les arêtes
préalablement rincées au four à 180 °C avec du papri- Finition et dressage
ka pendant 10 min environ. Mouiller à hauteur avec de Sur une assiette, réaliser un rond de poudre d’épinard à
l’eau et laisser cuire 20 min à feux doux. Passer le fumet l’aide d’un cercle et d’une passette. Déposer la fregola
au chinois fin, puis lier au foie de rouget. Monter au sur le côté et disposer harmonieusement les épinards
beurre et au jus de citron, assaisonner et terminer avec par-dessus. Ajouter des dés de tomates confites, des
un trait d’huile d’olive. grains de citron caviar, une paysanne de croûtons de
pain de mie et les tentacules des encornets juste saisis
Poudre d’épinard à l’huile d’olive sur les épinards. Terminer par le rouget
Sécher les épinards dans une déshydrateuse pendant 24 assaisonné et juste saisi au beurre à la plancha. Émul-
h. Les passer au Thermomix jusqu’à l’obtention d’une sionner le jus et le servir à part.
poudre bien fine.
Fregola
Cuire la fregola dans le jus de rouget pendant 20 min,
comme un risotto. Ajouter au dernier moment une bru-
noise d’encornets. Rectifier l’assaisonnement. Réserver
les tentacules pour le dressage.
— 139 —
LA MONNAIE
DE PARIS
Aile de raie 3 l d’eau / 25 cl de vinaigre d’alcool blanc / 2 carottes / 2 oignons / 1 bouquet garni / 1 aile de raie de 800 g environ
/ Gros sel, poivre en grains Vinaigrette au caviar 1 jaune d’œuf / 30 g de vinaigre de xérès / 15 g de moutarde / 20 cl d’huile
de pépins de raisin / 30 g de caviar pressé / Sel fin, poivre du moulin Garniture 1 gros artichaut / ¼ de chou-fleur / 200 g de
pommes de terre Charlotte / 4 huîtres spéciales n° 2 Prat-Ar-Coum d’Yvon Madec / Jus de citron / Sel, poivre
Crème de caviar 20 g de caviar Baeri / 50 g de crème épaisse / Sel fin, poivre du moulin
Finition et dressage 80 g de caviar Baeri de Sologne
Garniture
Tourner l’artichaut et le cuire à l’eau bouillante salée et
légèrement citronnée. Le tailler en 20 petits rectangles.
Cuire les petites sommités de chou-fleur à l’eau bouil-
lante salée. Refroidir. Éplucher les pommes de terre et
former 20 petites pommes tournées comme des olives
avant de les cuire également à l’eau bouillante salée. Ou-
vrir les huîtres, les rincer sous l’eau froide, les égoutter,
puis les concasser grossièrement en gros cubes. Les ré-
server au frais.
— 140 —
LA MONNAIE
DE PARIS
(F)ESTIVAL DE HOMARD
4 personnes
Homard 3 homards / 50 cl de vinaigre d’alcool blanc / 1 carotte / 1 oignon / Laurier / Poivre noir en grains / Thym
Crème de homard au basilic 1 oignon / 1 poireau / 1 feuille de laurier / 450 g d’eau / 150 g de crème liquide / Basilic /
Huile d’olive / Sel, poivre Ravioles ½ navet long blanc / Huile / Sel Légumes 5 petits pois / 6 haricots verts / 2 pois gourmands
/ 2 radis rouges / ¼ de chou romanesco / ½ branche de céleri / ½ courgette verte / ½ courgette jaune
Finition et dressage Huile d’olive
Homard Légumes
Cuire les homards dans la nage composée du reste des Écosser les petits pois, les blanchir et retirer leur peau.
ingrédients pendant 4 min. Décortiquer les queues des Cuire les haricots verts à l’anglaise, les rafraîchir et les
homards, couper la chair en rouelles. Décortiquer les égoutter avant de les couper en petits bâtonnets. Émin-
coudes cuits. Réserver le corail et les carapaces. Utiliser cer les pois gourmands et les garder crus. Couper les
les pinces pour un autre usage. radis en petits quartiers et les garder crus. Cuire séparé-
ment à l’anglaise de petites sommités de chou romanes-
Crème de homard au basilic co et de petits bâtonnets de céleri branche. Rafraîchir
Faire revenir les carapaces de homard concassées à le tout et égoutter. Tailler de petits bâtonnets dans la
l’huile d’olive. Faire revenir également la garniture peau des courgettes, les blanchir rapidement, rafraîchir
aromatique. Mouiller avec l’eau et la crème. Ajouter et égoutter.
beaucoup de basilic, cuire pendant 20 min, puis laisser
infuser pendant 2 h. Passer au chinois étamine et assai- Finition et dressage
sonner. Dans une assiette creuse, disposer les légumes harmo-
nieusement avec 3 coudes de homard. Arroser d’un
Ravioles filet d’huile d’olive. Ajouter 3 ravioles de homard par
Tailler le navet en fines lamelles. Les plonger quelques assiette. Terminer par la crème de homard au basilic
secondes dans de l’eau bouillante salée, égoutter et ra-
fraîchir immédiatement. Les éponger sur du papier
absorbant, avant d’étaler le corail mixé à l’aide d’un
pinceau sur les bandes de navets. Déposer un médail-
lon de homard sur un morceau de navet, puis rabattre
les tranches pour former les ravioles. Les disposer sur
une plaque légèrement huilée et cuire au four à 180 °C
pendant 3 min.
— 143 —
LA MONNAIE
DE PARIS
Pâte à sel 800 g de farine / 1 blanc d’œuf / 600 g de gros sel / 350 g d’eau Poulette 1 poulette / 50 g de beurre /
2 brins de thym / 1 gousse d’ail / Sel Chips de salsifis 800 g de salsifis / Citron / Farine / Huile de friture / Sel
— 144 —
LA MONNAIE
DE PARIS
Canette 2 canettes des Landes / 3 g de poivre malabar / 3 g de poivre rouge Kâmpôt / 3 g de poivre long de Kâmpôt
Jus de canette Huile d’olive / Sel, poivre du moulin
Patates douces et cassis 400 g de patates douces / 30 g de cassis frais / Sel, poivre du moulin
Gratin de blettes 4 pieds de blettes blanches / 3 l d’eau / 30 g de farine / 2 feuilles de laurier / Jus de citron
— 147 —
LA MONNAIE
DE PARIS
Feuilletage 120 g de lait entier / 6 g de sel / 125 g de farine T45 / 125 g de farine T55 /
125 g de beurre sec (pour la détrempe) / 125 g de beurre sec (pour le tourage) Crème pâtissière 400 g de lait entier /
2 gousses de vanille de Tahiti / 70 g de jaunes d’œufs / 65 g de sucre semoule / 5 g de Maïzena / 20 g de poudre à crème /
20 g de farine T55 / 1 feuille de gélatine Crème 1 000 feuilles 200 g de crème pâtissière (cf. ci-dessus) / 100 g de crème montée
Finition et dressage Sucre glace
— 148 —
LA MONNAIE
DE PARIS
Pâte à foncer 110 g de beurre fin / 80 g de sucre glace / 1 g de sel / 1 œuf / 225 g de farine T55 / 25 g de poudre d’amandes
Biscuit amande 80 g de beurre / 60 g de sucre semoule / 80 g d’œufs / 100 g de poudre d’amandes / 6 g de Maïzena
Gelée thym citron 250 g d’eau / ½ botte de thym / 2 feuilles de gélatine / ½ zeste de citron jaune / 25 g de jus de citron
Siphon myrtille 60 g de crème liquide / 2 feuilles de gélatine / 200 g de purée de myrtilles / 2 cartouches de gaz
Sirop de thym 45 g de sucre semoule / 4 g de thym citron / 30 g d’eau Crème glacée thym citron 170 g de lait entier /
40 g de sucre semoule / 1,5 botte de thym citron / 150 g de fromage blanc frais / 35 g de crème liquide / 60 g de sirop de thym citron
(cf. ci-dessus) Gel citron 4 g d’agar-agar / 3 g de pectine NH / 75 g de sucre semoule / 250 g de jus de citron
Préparation myrtilles 10 g de nappage neutre / 5 g de purée de myrtilles / 90 g de myrtilles
Finition et dressage Thym citron
— 151 —
LA MONNAIE
DE PARIS
LA FRAMBOISE ET LA PISTACHE
EN GAVOTTE CROUSTILLANTE
10 personnes
Gavottes 230 g d’eau / 30 g de beurre / 1 g de sel / 30 g de farine T55 / 60 g de sucre glace / 30 g de blancs d’œufs
Biscuit à la pistache 180 g d’œufs entiers / 50 g de sucre semoule / 100 g de beurre / 50 g de pâte de pistaches / 100 g de
poudre d’amandes / 45 g de sucre glace Sorbet framboise 100 g d’eau / 50 g de glucose atomisé / 2 g de stabilisateur à sorbet /
500 g de purée de framboises Siphon pistache 300 g de lait / 50 g de pistaches torréfiées / 100 g de crème liquide / 20 g de sucre
semoule / 1 feuilles de gélatine / 50 g de pâte de pistaches / 2 cartouches de gaz Gelée de framboise
190 g de purée de framboises / 7 g de vinaigre de framboise / 5 g de sucre semoule / 2 g d’agar-agar / 2 feuilles de gélatine
Sauce framboise 30 g d’eau / 200 g de purée de framboises / 1 g de gomme xanthane / 5 g de sucre glace
Finition et dressage Framboises / Pistaches de Sicile
Siphon pistache
Porter à ébullition le lait avec les pistaches concassées,
puis laisser infuser hors du feu pendant 30 min. Chauf-
fer légèrement la crème avec le sucre pour faire fondre la
gélatine et la pâte de pistache. Ajouter au lait chinoisé.
Verser dans un siphon et ajouter les cartouches de gaz.
— 152 —
LA MONNAIE
DE PARIS
Sablé muesli 40 g de raisins secs noirs / 90 g de beurre / 50 g de sucre semoule / 10 g de miel d’acacia / 1 œuf /
70 g de farine T 55 / 3 g de baking powder / 1 g de sel fin / 50 g d’avoine Sorbet abricot 500 g d’eau / 70 g de sucre semoule /
160 g de glucose atomisé / 8 g de stabilisateur / 1 kg de purée d’abricots / 40 g de jus de citron
Crème au jasmin 300 g de crème liquide / 10 g de thé au jasmin / 30 g de chocolat blanc
Sirop à 30 °B 1,35 kg de sucre semoule / 1 kg d’eau Abricots 150 g de sirop / 200 g de purée d’abricots / 100 g d’eau / 15 g
d’alcool d’abricot / 1 pincée d’acide ascorbique / Abricots Avoine caramélisée Avoine / Sirop à 30 °B (cf. ci-dessus) Coulis
d’abricot au jasmin 600 g d’eau / 8 g de thé au jasmin / 600 g de coulis d’abricot
Pâte d’amandes abricot 100 g de pâte de nougat / 200 g d’abricots moelleux / 200 g de pâtes d’amandes à 65 %
Glace royale 340 g de sucre glace / 60 g de blancs d’œufs / 6 g de jus de citron
— 155 —
RECETTES
LE
CHIBERTA
GUY SAVOY
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
Stéphane Laruelle, chef exécutif de cette belle maison : « Je suis
arrivé en 1998 rue Troyon en tant que commis de cuisine. Depuis
plus de 20 ans maintenant, nous cherchons constamment avec
Guy Savoy à délivrer une cuisine avant tout lisible réalisée à partir
de bons produits ». Ici, la justesse des préparations et des cuissons
est clairement de mise. Le turbot et truffe côtoie un magnifique
ris de veau aux girolles et amandes, tandis que le saumon fumé
s’associe avec brio à la betterave et au gingembre.
—
LESLIE GOGOIS
EDITING DES RECETTES
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
— 157 —
LE CHIBERTA
TEXTURE D’ARTICHAUT
AU VIEUX PARMESAN,
TRUFFE TUBER AESTIVUM
10 personnes
Soupe d’artichauts 5 artichauts / 1 citron / 2 échalotes / 20 g de beurre / 1 l de bouillon de légumes /
50 g de truffe noire Tuber aestivum hachée / 2,5 cl de jus de truffe / 2,5 cl d’huile de truffe / Sel, poivre du moulin
Brunoise d’artichaut 2 artichauts / 1 citron / 2 l de bouillon de volaille / 1 cl d’huile de truffe /
20 g de truffe noire Tuber aestivum hachée / Sel, poivre du moulin Espuma parmesan 30 cl de crème à 35 % de MG /
150 g de vieux parmesan / 2 cartouches de gaz Chips d’artichaut 1 artichaut / 3 l d’huile de friture / Sel
Finition et dressage Brunoise d’artichaut / Lamelles de truffe noire Tuber aestivum / Huile de truffe / Pousses de roquette
— 158 —
LE CHIBERTA
Tourteau 2 tourteaux / 1 carotte / 1 oignon / 2 gousses d’ail / 50 cl de vinaigre blanc / 5 l d’eau /
1 bouquet garni / Gros sel, poivre en grains Mayonnaise 2 jaunes d’œufs / 1 cuil. à soupe de moutarde / 1 cuil. à soupe de
vinaigre de riz / 50 cl d’huile de pépins de raisin / Sel, poivre du moulin Rémoulade 600 g de chair de tourteau émiettée / 30 g
de mayonnaise (cf. ci-dessus) / 200 g de concombre en brunoise / 5 cl de jus de pomelo réduit / 20 g de poudre de pomelo / ½ botte de
coriandre Avocats 5 avocats / 20 cl d’huile d’olive / 2 citrons Pulpe d’avocat 130 g de parures d’avocats (cf. ci-dessus) / 2 cl
de jus de citron / 3 cl de vinaigre de cidre / 6 cl d’eau / 4 g de sel / 10 cl d’huile d’olive / Poivre du moulin
Finition et dressage 10 segments de pomelo / 1 concombre / Poudre de pomelo / Pousses de coriandre
Tourteau Avocats
Réunir tous les ingrédients dans une grosse casserole, Éplucher les avocats, les couper en 2 et enlever le noyau.
porter à l’ébullition. Cuire les tourteaux pendant Tailler de fines tranches, les étaler, badigeonner d’huile
15 min à petits frémissements. Laisser refroidir avant d’olive et jus de citron. Les brûler au chalumeau et tail-
de les décortiquer. Réserver au frais. ler 30 petits cercles à l’aide d’un emporte-pièce rond.
Réserver les parures pour la pulpe d’avocat.
Mayonnaise
Mélanger les jaunes d’œufs à la moutarde. Chauffer le Pulpe d’avocat
vinaigre, ajouter le sel et incorporer ce mélange à la pré- Réunir dans un blender tous les ingrédients, sauf
paration. Monter vigoureusement à l’huile, poivrer et l’huile. Mixer, puis monter à l’huile d’olive. Débarras-
réserver au frais. ser dans une poche à douille unie.
— 161 —
LE CHIBERTA
SAUMON FUMÉ
AUTOUR DE LA BETTERAVE
PARFUMÉE AU GINGEMBRE
10 personnes
Autour de la betterave
Éplucher toutes les betteraves. Cuire les betteraves
blanches taillées en dés dans une casserole d’eau pen-
dant 1 h environ. Égoutter, mixer, puis monter à l’huile
d’olive citron. Assaisonner de sel, poivre et poudre de
gingembre. Débarrasser cette purée dans une poche à
douille unie. Blanchir les betteraves crapaudines (en-
viron 10 min dans l’eau bouillante salée). Les refroidir
avant de les tailler en dés. Porter le jus de betterave à
ébullition, ajouter l’agar-agar à frémissements pendant
3 min. Débarrasser dans une plaque en une fine couche
et tailler 10 cercles après refroidissement. Couper fine-
ment à la mandoline de fines rondelles de betteraves
rouge et Chioggia, les fariner, puis les frire à 170 °C.
Égoutter et saler en sortie de cuisson.
— 162 —
LE CHIBERTA
Turbot 2 turbots de 3 kg chacun Fumet de turbot 2 échalotes / 10 cl de vin blanc / 2 l d’eau / Huile d’olive / Sel, poivre du
moulin Beurre-truffe 200 g de beurre pommade / 10 cl d’huile de truffe / 10 cl de jus de truffe / 40 g de truffe hachée / Sel,
poivre du moulin Chapelure de truffe 80 g de beurre / 40 g de beurre de truffe (cf. ci-dessus) / 100 g de chapelure fine de pain
/ Sel, poivre du moulin Légèreté de pomme de terre truffée 400 g de pulpe de pommes de terre Charlotte / 20 cl de crème
liquide à 35 % de MG / 20 cl de lait entier / 100 g de beurre de truffe (cf. ci-dessus) / Sel, poivre du moulin / 2 cartouches de gaz
Finition et dressage Lamelles de truffe noire Tuber aestivum / Chips de pommes de terre Charlotte / Huile d’olive
— 165 —
LE CHIBERTA
CABILLAUD RÔTI,
FINE CHAPELURE SAFRANÉE, RISOTTO
AUX ENCORNETS ET OLIVES KALAMATA
10 personnes
Cabillaud Risotto
Lever les filets du cabillaud, ôter les arêtes et la peau. Ré- Dans une casserole, faire suer l’échalote ciselée à l’huile
server les arêtes pour le fumet. Mélanger l’eau et le sel, d’olive. Ajouter le riz, laisser nacrer 2 min, puis déglacer
mariner les filets dans cette eau salée pendant 10 min, au vin blanc. Laisser réduire de moitié, ajouter le safran,
égoutter, disposer les 2 filets tête-bêche puis les rouler puis verser progressivement le fumet chaud jusqu’à ce
dans du film alimentaire pour réaliser un gros boudin. que le riz ne soit plus que légèrement croquant.
Tailler des médaillons de cabillaud de 150 g environ.
Réserver au frais. Sauce cabillaud
Réduire le fumet de cabillaud, monter au beurre, ajou-
Fumet de cabillaud ter le safran et assaisonner.
Concasser les arêtes du cabillaud. Dans une casserole,
les faire suer sans coloration à l’huile d’olive. Ajouter les Finition et dressage
échalotes émincées et le bouquet garni. Déglacer au vin Dans une poêle, cuire les médaillons de cabillaud à
blanc, puis mouiller à l’eau. Laisser cuire à petits frémis- l’huile d’olive 1 min sur chaque face. Ajouter la cha-
sements pendant 20 min. Filtrer. pelure et terminer la cuisson au four pendant 5 min à
70 °C. Mélanger la base de risotto avec le mascarpone,
Chapelure safranée les têtes d’encornets poêlées et concassées, les olives
Fondre le beurre, ajouter la chapelure, mélanger, puis concassées et la ciboulette ciselée. Assaisonner. Dans
ajouter le safran. Assaisonner et étaler à 2 mm d’épais- une assiette creuse, dresser harmonieusement le cabil-
seur entre 2 feuilles de papier sulfurisé. Refroidir, puis laud et le jus autour. Servir le risotto à part avec les corps
tailler 10 petits cercles. Réserver au frais. d’encornets poêlés par-dessus. Décorer d’une chips de
pain.
Encornets
Nettoyer les encornets. Porter à ébullition l’eau avec le
vin blanc, le bouquet garni, le gros sel et le poivre blanc.
Cuire à petits frémissements les têtes 2 min et les corps
4 min. Émincer très finement les corps et concasser les
têtes.
— 166 —
LE CHIBERTA
Tomates confites 5 grosses tomates / 20 cl d’huile d’olive / 1 gousse d’ail / Sucre semoule / Sel, poivre du moulin
Agneau 2 carrés d’agneau / 3 selles d’agneau
Jus d’agneau 10 g de beurre / 1 cl d’huile de pépins de raisin / 2 échalotes / 20 cl de bouillon d’agneau / 20 cl de fond d’agneau
Pesto thym citron 2 bottes de basilic / 3 bottes de thym citron / 1 gousse d’ail / 10 g de pignons de pin / 50 cl d’huile d’olive
Boulgour 600 g de boulgour / 1 fenouil / 100 g de haricots verts / 1 cébette / Huile d’olive / Sel, poivre du moulin
Finition et dressage Beurre / Huile de pépins de raisin / Pourpier sauvage / Pousses de mizuna
— 169 —
LE CHIBERTA
Ris de veau 5 noix de ris de veau de 200 g environ chacune / 2 l d’eau / 10 g de sel / 300 g de quasi de veau /
1 cl d’huile d’olive / 10 g de beurre / Sel, poivre du moulin Girolles et blettes 1 kg de girolles crues /
50 cl de bouillon de veau / 100 g de beurre / 1 pied de blette / Huile d’olive / Sel, poivre du moulin
Condiment citron 6 citrons verts / 2 l d’eau / 200 de sucre semoule Jus de veau 10 cl d’huile de pépins de raisin /
10 g de beurre / 1 échalote / 10 cl de bouillon de veau / 10 cl de fond de veau Jus d’amande 50 cl de lait d’amande /
20 cl de jus de girolles (cf. ci-dessus) / Sel, poivre du moulin Finition et dressage 1 échalote / ¼ de botte de persil /
200 g d’amandes fraîches / 1 citron vert / 160 g de câpres Lilliput frites / Beurre / Sel, poivre du moulin
— 170 —
LE CHIBERTA
ABRICOT-THYM-AMANDE
10 personnes
Base amande-abricot 180 g de purée d’abricots / 60 g de sucre semoule / 240 g de sucre glace / 360 g de poudre d’amandes /
1/6 de bouchon de fleur d’oranger Gelée d’abricot 500 g de purée d’abricots / 85 g de sucre semoule / 5,5 g d’agar-agar
Mousse au thym 50 g de crème liquide / 1,5 g de thym / 1 feuille de gélatine / 166 g de crème / 15 g de sucre glace
Coulis d’abricots 330 g de purée d’abricots / 23 g de sucre semoule / 2 g d’agar-agar
Sorbet abricot 800 g de purée d’abricots / 64 g de sucre semoule / 6,5 g de stabilisateur Stab 2 000
Tuiles abricot 100 g de sucre glace / 30 g de farine / 50 g de purée d’abricots / 63 g de beurre
Glace royale 15 g de blancs d’œufs / 90 g de sucre glace Finition et dressage Abricots / Thym séché
— 173 —
LE CHIBERTA
CHOCOLAT NOIR,
TEXTURE DE FRUITS ROUGES,
CRÉMEUX GIANDUJA
10 personnes
Pâte sucrée chocolat 200 g de sucre glace / 200 g de beurre / 100 g d’œufs / 400 g de farine / 100 g de poudre d’amandes /
52 g de poudre de chocolat / 1 pincée de sel Crémeux gianduja 125 g de lait / 125 g de crème liquide / 25 g de sucre semoule
/ 50 g de jaunes d’œufs / 1 feuille de gélatine / 100 g de gianduja / 45 g de chocolat au lait de couverture Alunga à 41 % de cacao
Sorbet fruits rouges 800 g de purée de fruits rouges / 80 g d’eau / 56 g de sucre semoule / 6,5 g de stabilisateur
Tuiles au chocolat 220 g de sucre glace / 80 g de farine / 100 g d’eau / 25 g de chocolat en poudre / 125 g de beurre
Coulis de fruits rouges 330 g de purée de fruits rouges / 23 g de sucre semoule / 2 g d’agar-agar
Chantilly fruits rouges 100 g de crème liquide / 8 g de sucre glace / 20 g de purée de fruits rouges
Finition et dressage 200 g de chocolat noir de couverture Cuba à 65 % de cacao / 10 mûres / 10 fraises / 10 framboises /
20 myrtilles / 30 groseilles / Poudre d’or
CITRON VERT,
SABLÉ CRÉMEUX-MERINGUÉ,
SORBET CITRON-BASILIC
10 personnes
Crémeux au citron 150 g de jus de citron vert / 50 g de jus de citron jaune / 170 g de sucre semoule / 200 g d’œufs /
1 feuille de gélatine / 200 g de beurre Sorbet citron-basilic 200 g de jus de citron vert / 200 g de jus de citron jaune /
3,5 g de stabilisateur / 56 g de sucre semoule / 3 feuilles de basilic Coulis citron vert 200 g de jus de citron vert / 8 g d’eau /
3,5 g d’agar-agar / 50 g de sucre semoule Pâte sucrée 100 g de sucre glace / 100 g de beurre / 50 g de poudre d’amandes / 200 g
de farine / 50 g d’œufs / 1 pincée de sel Meringue française 60 g de blancs d’œufs / 45 g de sucre semoule / 45 g de sucre glace
Finition et dressage 10 tranches de citron séché / 20 segments de citron vert / Feuilles de basilic / Zestes de citron vert
Pâte sucrée
Mélanger le sucre glace et le beurre à température am-
biante jusqu’à ce que le mélange soit mou. Ajouter les
œufs et mélanger à nouveau. Ajouter en 3 fois la farine
préalablement mélangée avec la poudre d’amandes et le
sel. Étaler la pâte entre 2 feuilles de papier sulfurisé et
placer au frais pendant 15 min. Cuire la pâte à 160 °C
pendant 5 min, puis tailler des carrés de 3 cm. Terminer
la cuisson à 160 °C pendant 7 min.
— 177 —
RECETTES
L’ATELIER
MAÎTRE ALBERT
GUY SAVOY
PHILIPPE
PHOTO
VAURÈS
volaille, recette inspirée de la grand-mère de Guy Savoy.
À l’heure du sucré, la terrine au pamplemousse, sauce au thé,
est un incontournable ! Une cuisine réconfortante, sans tralala
mais parfaitement juste. Aux commandes, Emmanuel Monsallier,
fidèle parmi les fidèles qui a démarré il y a bientôt 30 ans auprès
de Guy Savoy. « J’ai fait l’ouverture du bistrot de l’Étoile en 1989.
Nous sommes plusieurs à avoir évolué avec lui
et surtout grâce à lui ».
—
LESLIE GOGOIS
EDITING DES RECETTES
PHOTO
PHILIPPE VAURÈS SANTAMARIA
— 179 —
L’ATELIER
MAÎTRE ALBERT
SALADIER DU MOMENT
AUX FOIES DE VOLAILLE
4 personnes
Salade 200 g de salades mélangées ( feuille de chêne, frisée, lolo, trévise) / 3 cuil. à soupe de vinaigre de xérès / 1 cuil. à café de
moutarde / 8 cuil. à soupe d’huile de pépins de raisin / Sel Foies de volaille 400 g de foies de volaille / 250 g d’eau / 50 g de
beurre Finition et dressage 50 g de beurre / Cerfeuil / Ciboulette / Estragon / Persil plat / Sel fin, poivre du moulin
— 180 —
L’ATELIER
MAÎTRE ALBERT
THON MI-CUIT,
SEMOULE FAÇON TABOULÉ
SAVEUR ORANGE
4 personnes
Thon 300 g de filet de thon rouge / Huile d’olive / Sel, poivre du moulin Taboulé 50 g de semoule fine / Huile d’olive /
Ciboulette / Persil / Sauge / Sel, poivre du moulin Orange 2 oranges / Huile d’olive / Sel, poivre du moulin
Finition et dressage 50 g de roquette / Piment d’Espelette / Sésame / Zestes de citron vert / Fleur de sel
Thon Orange
Dans une poêle avec de l’huile, colorer à feu vif le filet Récupérer les segments d’une orange. Presser le jus de
de thon sur toutes ses faces. Assaisonner. Tailler le thon l’autre orange. Réaliser la vinaigrette à l’orange : mixer
en tranches de 1 cm d’épaisseur. le jus avec du sel, du poivre et de l’huile d’olive.
— 183 —
L’ATELIER
MAÎTRE ALBERT
PIGEON BRETON
RÔTI À LA BROCHE
4 personnes
Pigeon 4 pigeons de 500 g chacun environ / 80 g de beurre pommade / Sel, poivre du moulin
Jus de pigeon 1 carotte / 1 oignon / 2 brins de thym / 1 gousse d’ail / Beurre / Sel, poivre du moulin
— 184 —
L’ATELIER
MAÎTRE ALBERT
LES GRATINS
DE L’ATELIER MAÎTRE ALBERT
4 personnes
— 187 —
L’ATELIER
MAÎTRE ALBERT
TERRINE DE PAMPLEMOUSSE,
SAUCE AU THÉ
4 personnes
Terrine de pamplemousse 63 g d’eau / 63 g de sucre semoule / 4,5 g de feuilles de gélatine
63 g de concentré d’orange Cap’ Fruit / 400 g de segments de pomelos
Sauce au thé 63 g de jus de pomelos / 13 g de sucre semoule / 4 g de Vitpris ruban noir / 1,5 g de thé Earl Grey
Biscuit crumble 94 g de poudre d’amandes / 63 g de farine / 94 g de sucre glace / 63 g de beurre pommade / 1,5 œuf entier
— 189 —
OFFRES
———————
3
CHOISISSEZ
VOTRE
ABONNEMENT
1——AN
——59 €
6 MAGAZINES
- CHÈQUE -
JE DÉSIRE M’ABONNER AU MAGAZINE BIMESTRIEL YAM ☐ Professionnel / Société ...................................................................................................................................... ☐ Particulier
POUR UNE DURÉE DE 1 AN (12 MOIS) POUR LA SOMME DE
CINQUANTE-NEUF EUROS (59€) / PAIEMENT PAR CHÈQUE (FRANCE Métier → ☐ cuisine | ☐ pâtisserie | ☐ sommellerie | ☐ service | ☐ passionné
UNIQUEMENT) DE CINQUANTE-NEUF EUROS À L’ORDRE DE LAYMON Email .........................................................................................................................................................................................................................
Mme / M. / Mlle Nom ........................................................................................................................................................................................
2——ANS
Prénom .....................................................................................................................................................................................................................
——99 €
N° et nom de la voie ............................................................................................................................................................................................
IBAN …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… ……
AU NUMÉRO
————
N’oubliez pas de joindre un relevé d’identité bancaire à votre courrier
et vous pouvez vous opposer à la cession de vos noms et adresses. - ICS : FR95ZZZ586314 / RUM (ne pas compléter)
MOI, PRODUIT
TEXTE
MALO DE LIMÉ
ILLUSTRATION
AMBER DAY
— 192 —
PROCHAIN
NUMÉRO
28.11.2019
WWW.YAM.PARIS