BLACK BARREL, la dernière création de Mount Gay qui a nécessité 310 ans pour voir le jour.
Un assemblage de notes puissantes et épicées à apprécier pur ou sur glace.
RCS Lixir Bobigny 393 611 561
L’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É . À C O N S O M M E R A V E C M O D É R A T I O N .
© Mikael PEILLOUX
Q
ui dit été, dit nouvelle édition spéciale de Rumporter pour les barten-
ders ! Bien qu’apprécié à toutes les saisons, le rhum renforce sa position
derrière le bar et dans les cocktails avec le retour de beaux jours. Cette
année, le maestro Yoann Demeersseman nous a concocté un véritable
florilège de cocktails cubains avec pas moins de neuf recettes à décou-
vrir ou redécouvrir, grands classiques, néoclassiques ou twists indis-
pensables dans vos répertoires rhumés ! Autre figure incontournable et même bartender
français vedette de cette année 2015, Guillaume Ferroni nous a accordé un entretien ex-
clusif autour de son parcours, de ses affaires marseillaises, de ses créations de spiritueux
et tout particulièrement sa toute récente gamme de rhums pour cocktails et dégustation
: créateur de cocktails, entrepreneur du bar et désormais entrepreneur des spiritueux et
même historien à ses heures perdues pour mieux nous faire découvrir l’incroyable patri-
moine des spiritueux français et les spécificités historiques de la cité phocéenne. Jamais
deux sans trois, nous avons ensuite rencontré Stephen Martin, figure incontournable
du bar en France, à la tête depuis un an de A la Française, bistrot-bar où les spiritueux
français sont seuls à pouvoir siéger et être allégrement découverts de A à Z, tant sur le
plan historique que sur le plan gustatif. Ambassadeur pour les 250 des plantations Saint
James, il met son talent au service du rhum agricole AOC, blanc ou vieux, catégorie
pour laquelle le nombre de recettes de cocktails se comptaient sur les doigts de la main
ou presque et qui se révèle donc être un terreau fertile à l’expression du talent des bar-
tenders. De nombreuses pages à parcourir pour mieux exploiter l’immense potentiel du
rhum dans le monde du bar et bien préparer les très nombreuses compétitions profes-
sionnelles de la rentrée prochaine ! Et nous vous donnons donc rendez-vous en octobre
© photo couverture Xavier Roy
pour la première Old Fashioned Week dont Rumporter est bien évidemment partenaire.
6 What's up
6 22 Actu concours
Actu produits
22 Homo bararhum
Guillaume Ferroni
L’esprit marseillais
32 Focus distillerie
Botran
32 38 ou les singularités
gualtémaltèques
38 interview
Mario Navarro
64 Banc d’essai
Rhums antillais
64 72 élevés sous bois
et vieux 3 ans
72 Officines à Rhum
Redwood à Lyon
74 Billet d’humeur
Hervé Damoiseau
www.angostura-bitters.com
PLANTATION
Astérix chez les Géants
Drinks International vient de faire paraître un double sondage sur la popula-
rité des rhums au sein du réseau des ‘50 World Best Bars’. Le premier porte
sur les meilleures ventes et le second sur les rhums les plus prisés par les bar-
men eux-mêmes au sein de ces 50 établisssements. Dans les deux sondages
une surprise : Plantation se classe 4ème au niveau de la popularité (Trend)
et, plus surprenant encore 3ème à la catégorie des ventes. On peut glo-
ser longtemps sur la méthodologie World Company à tiroir qui sous-
tend ces classements et la légitimité de l’appellation "50 World Best bars"
(l’Academy des World Best Bars est composée dans son immense majo-
rité de bartenders anglo-saxons), mais le fait est là, la marque lancée il y a
une dizaine d’année par Alexandre Gabriel tient tête à des mastodontes
globaux comme Zacapa, Havana, Bacardi, Mount Gay, Sailor Jerrry.
Cocorico !
FERRONI
Une histoire marseillaise
Catégorie : Catégorie :
Rhum blanc à base Spécialité à base
de mélasse de rhum
Avec son concept “Essence of Cuba”, la grande appel aux deux bartenders passionnés, Ste-
marque de rhum cubain nous propose de re- phan Berg et Alexander Hauck, fondateurs de
découvrir l’incontournable Havana Club 7 The Bitter Truth. Ceux-ci ont déjà développé
ans. Cette nouvelle expérience de dégustation une large gamme de produits pour l’univers du
consiste à ajouter trois gouttes de l’une des bar et notamment des cocktails bitters et autres
quatre essences, véritables exhausteurs de goûts exhausteurs, tous inspirés de produits anciens
créés à partir de et dont les arômes sont inspirés et élaborés selon des méthodes traditionnelles
par ce rhum iconique. Sur le même principe que et artisanales. « Nous avons conçu une gamme
les cocktail bitters mais sans amertume, ces es- d’exhausteurs naturels qui font faire ressortir
sences issues d’ingrédients d’origine naturelle harmonieusement les arômes dominants de ce
se déclinent en quatre versions : Aromatic Leaf rhum légendaire dans des signature drinks ».
à la feuille de tabac, piment de Jamaïque, figue Il fallait en effet une grande expérience et une
et écorce d’orange ; Island Fruit aux arômes de connaissance approfondie de ce rhum et de
mangue et de papaye, avec des notes de fruits l’univers de la mixologie pour compléter aro-
secs, d’épices et de fumée ; Honey et ses notes matiquement ce symbole des rhums âgés cu-
délicates et pâtissières de miel et de caramel ; bains créé par la Maestro Ronero Don José
Coffee aux arômes de grains de café torréfiés, Navarro. Comme le souligne Alexander, « avec
chocolat noir et expresso. Toutes ses essences l’expansion de l’univers cocktail dans le monde
peuvent compléter votre Havana 7 on the rocks, entier, ces essences sont une nouvelle occasion
en long drink avec du ginger ale ou encore en pour les bartenders d’expérimenter autour
cocktails bien évidemment. Havana Club a fait d’Havana Club 7 ans ».
BEACH HOUSE
SPICED AND RELAX
1 Pur jus et agricole blanc moins de 50% 5 Pur jus et agricole 7 à 10 ans
Médaille d’or Médaille d’or :
La Mauny 40° Reimonenq 9 ans Cuvée Prestige
Médaille d’argent Médaille d’argent
Trois Rivières, Cuvée de l’Océan Saint James Single Cask 1999
Médaille de bronze Médaille de bronze
Issan 40° HSE Small Cask 2004
2 Pur jus et agricole blanc 50% et plus 6 Pur jus et agricole 11 ans et plus
Médaille d’or Médaille d’or
Longueteau 55° Saint James 12 ans
Médaille d’argent Médaille d’argent
Damoiseau 50° Bielle 2002
Médaille de bronze Médaille de bronze
La Mauny 55° Dillon 12 ans XO
16 Brut de fût
10 Mélasse 7 à 10 ans
Médaille d’or
Pas de médaille d’or ni d’argent dans cette catégo-
Trois Rivières Cask Strength Millesime 2006
rie.
Médaille d’argent
Médaille de bronze
Bielle 2003 Agricole Guadeloupe
Plantation Gran Anejo Guatemala
Médaille de bronze
Bielle 2007 Agricole Guadeloupe
11 Mélasse 11 ans et plus
Médaille d’or 17 Cachaça
Plantation Sainte Lucie 2003 Médaille d’or
Médaille d’argent Leblon
Mount Gay 1703 Médaille d’argent
Médaille de bronze Abelha Silver
Cie des Indes Guadeloupe Bellevue 16 ans Médaille de bronze
Leblon Reserva Especial
G u ill a u m e F e r r oni
l’ esprit marseillais
Par Laurence Marot
Guillaume Ferroni, c’est l’homme de bar qui fait le buzz en France pour cette année
2015. Naviguant entre le Château des Creissauds, le bar perché « Dans les arbres »,
et le bar clandestin « Carry Nation », ce féru de mixologie ressuscite avec pas-
sion une vieille tradition perdue de l’histoire de la cité phocéenne : l’élevage de
rhum avec son concept, Le Chai N°2 et la société Bariana. Un travail remar-
quable avec un rhum doublement primé sur Rhum Fest et un magnifique écho
à la montée en puissance des spiritueux français et du rhum !
celle de David Roussier, dirigeant de la distil- et américains et une clientèle fuyant les alcools
lerie Warenghem en Bretagne pendant une for- frelatés des speakeasy aux Etats-Unis. De mon
mation sur le vieillissement des alcools. Nous côté, j’accumule depuis 1998 une collection d’au
avons alors décidé de nous associer pour créer moins 400 bouteilles de rhum dans ma cave au
une gamme de produits destinée aux profes- château des Creissauds : agricoles, de mélasse,
sionnels du bar avec Bariana. J’ai démarré mes caribéens, américains, japonais et bien d’autres.
premiers pas avec la liqueur de gingembre il y Je suis très fier de l’une de mes acquisitions, une
a six ans maintenant puis un pastis millésimé cuvée de Saint-James de 1885, achetée dans
élaboré à partir de plantes fraiches récoltées la plantation à l’occasion d’un concours natio-
sur du domaine des Creissauds. nal de la maison. Sans oublier mes voyages au
cœur des plantations. Ma première expédition
Barman, liquoriste, embouteilleur indépen- dans une distillerie de rhum ? Celle de Bologne
dant et aussi expert en rhum ? à Basse-Terre, l’un des leaders de la catégorie
Dans les spiritueux, mon principal savoir rhum agricole en Guadeloupe.
tourne autour du rhum. Avant la Prohibition, le Tu es devenu aujourd’hui un maître de chai
rhum était considéré comme une boisson popu- en faisant vieillir ton rhum selon l’ancienne
laire et bon marché, et de ce fait souvent ab- tradition marseillaise : quelle typicité recher-
sent dans la composition des cocktails. Durant chais-tu dans le Rosé Rhum Blend ?
la Prohibition, les bars cubains ont permis un J’ai démarré véritablement ma production de-
retour en grâce de cette eau-de-vie de canne à puis seulement deux ans et demi. Mon objec-
sucre grâce au travail des barmen autochtones tif pour ce Rosé Rhum Blend : une signature
marseillaise qui se traduit par un finish en fût vue de capter les arômes et de la douceur de ce
de vin muté régional. L’idée du vieillissement vin. J’apporte une réelle « patte » avec ce type
dans un fût de Vin Doux Naturel (VDN) de d’élevage inédit dans le monde du rhum.
Rasteau, un vin de la région, s’est rapidement
imposée à moi. Si dans les spiritueux la matu- Pour assembler ce rhum tu as choisi trois
ration en fûts de vin mutés est une chose repen- rhums de trois provenances. Comment as-
due et très qualitative, très peu utilisent les fûts tu procédé à la sélection ? Es-tu intervenu
des vins mutés français et à ma connaissance dans le travail d’élaboration de chacun de
personne pour le Rasteau. ces rhums ?
Le VDN Rasteau est un merveilleux produit et Le Rosé Rhum Blend se caractérise par un as-
il confère au rhum une couleur rouge-rosée, un semblage autour de trois origines avec 5 distil-
léger côté tannique, des saveurs de fruits com- leries. Deux de ces rhums ont été choisis parmi
potées ainsi que structure et douceur qu’ap- 50 échantillons : l’un originaire de Guyana avec
portent le cépage Grenache. Le vieillissement un style britannique adapté au vieillissement et
de ce blend se divise en deux temps : d’abord l’autre de Trinidad qui m’a séduit pour sa dou-
un an d’élevage pour consolider sa structure, ceur et sa souplesse. La troisième provenance
en fût de cognac d’occasion acheté à la maison est l’île Maurice où j’ai pu effectuer ma sélec-
Vicard, un des grands tonneliers de Cognac. tion en visitant trois distilleries : un rhum de
Cette première phase exige une certaine du- mélasse pour sa vigueur et deux rhums agri-
rée pour donner du corps à l’assemblage. Pour coles, l’un avec un côté poivre vert, distillé en
finir six mois en fût de VDN de Rasteau en colonne et l’autre avec une belle rondeur en
© dr
Dans ce cas précis de ma série « Single Distil-
leries », je n’ai pas surtout cherché à créer des
blends mais au contraire d’isoler des lots pro-
venant d’une seule distillerie, d’un seul distillat
et d’un seul millésime. J’ai retenu le Belize 2007
pour ses arômes grillés voir parfois bitumeux,
son élevage initial s’est fait en fût de Bourbon,
et je le retravaille en petits fûts de Cognac pour
lui donner plus de rondeur. Pour le Guadeloupe
1998 je poursuis son vieillissement dans es fûts
d’origine (ex bourbon) et je souhaite l’amener
Le légendaire Bar dans les Arbres
à 20 ans d’âge. Je suis encore en pleine phase
© dr
conditions. Ajouté au phylloxera qui infestait et à l’élevage d’eaux-de-vie. J’ai donc pu pro-
les vignes et contribua ainsi à l’apogée du rhum duire mes liqueurs et démarrer mon activité
à Marseille. Parallèlement, cette ville possédait afin d’assembler et d’élever mon rhum de Mar-
dans ses murs également une filière de sucre seille. Second statut, le plus difficile à acquérir :
très connue aujourd’hui, Saint-Louis, qui valo- le droit de distillation. Et je suis très heureux
risait également ses mélasses en les distillant. et fier d’enfin avoir l’autorisation produire de A
Marseille réunissait d’autres fabriques célèbres à Z mes propres alcools. En quelques mois, j’ai
de spiritueux : Picon (produit à Marseille), réalisé l’acquisition de deux alambics anciens
Noilly Prat, et pendant quelques années la cé- en état de marche (du XIIIe et du XIXe de vo-
lèbre Chartreuse. Plusieurs facteurs expliquent lumes de 100 et 200 litres), certes d’allure rus-
la disparition du rhum au cours du XXe siècle : tique mais totalement adaptés pour distiller des
le retour de la vigne, la baisse d’activité des liqueurs anciennes à base de fruits et d’herbes.
ports… Ces recherches sur l’histoire du rhum Leur capacité est toutefois trop réduite pour
m’ont donné l’envie de revenir aux sources et produire du rhum en grosse quantité... mais je
d’imaginer mon propre rhum de Marseille. ferai tout de même quelques essais !
Quelles sont les démarches douanières à Tu as été doublement médaillé pour le Rosé
entreprendre pour produire des spiritueux à Rhum Blend au Rhum Fest, quelles ont été
Marseille ? les réactions du public et des professionnels
D’abord, la première étape a été celui de liquo- sur ta gamme de rhum ?
riste, ce statut douanier obtenu en 2012 m’a Un bel accueil avec des encouragements et fé-
permis de facto, outre la fabrication de liqueur, licitations dans tous les sens du terme auprès
de procéder au vieillissement, à la maturation des professionnels du bar et également de mes
A côté du rhum, tu es à l’origine du Roof Rye inspiré d’une recette de 1830 et l’Eau Verte de
avec Bariana ; l’esprit made in France dans les Marseille, reconnue pour ses vertus à l’époque
spiritueux semble très important pour toi ? contre la peste. Et surtout une chose qui me
Notre patrimoine de spiritueux est tombé en tient à cœur : une petite collection de catégories
désuétude alors qu’il est d’une richesse im- de liqueurs disparues du 17ème siècle avec un
mense. Il y a 10 ans, on classait encore beau- premier aperçu au nouveau salon de spiritueux
coup de nos alcools français comme ringards. français France Quintessence qui aura lieu les
Bariana a pour vocation de renouer avec ces 6 et 7 septembre. n
vieux alcools. J’ai collaboré avec la distillerie
Warenghem pour remettre à l’honneur leurs
produits historiques centenaires : l’Elixir d’Ar-
➔ Dans les Arbres
morique et l’Elixir d’orange. Leur packaging a Château des Creissauds - Tél : 04 91 24 84 45
été revu pour illustrer leur histoire, et le degré www.danslesarbres.com
d’alcool a été remonté pour se conformer à la
recette historique. ➔ Carry Nation
Adresse secrète - Tél : 09 50 26 01 66
Quels sont aujourd’hui tes projets pour la www.carrynation.fr
rentrée ?
La création d’un nouveau spiritueux à sortir dé- ➔ Chai n°2
but 2016 mais aussi la réédition d’un catalogue 6 boulevard Tellène - 13007 Marseille
de produits anciens : le ratafia de Marseille www.chai2.fr
Botran
ou les singularités
guatémaltèques
Par Gilbert Delos
Encore assez méconnus, les rons Botran, en vedette sur le Rhum Fest Paris, sont en train
d’émerger grâce à leurs singularités. Propres au Guatemala, celles-ci leur donnent un
profil sans équivalent dans le reste de la planète rhum.
© dr
véritable authenticité du rhum guatémaltèque.
Une réglementation qui a d’ailleurs demandé
plusieurs années de mise au point avant d’en- Dans ce pays, la canne est arrivée assez tardi-
trer en vigueur. vement, à la fin du XVIIIe siècle. Son utilisa-
tion première a rapidement été l’élaboration du
Histoire et géographie rhum, et non du sucre, quand les cours mon-
diaux ont fortement chuté et que produire du
L’une des obligations de la DOP guatémal- sucre n’était plus très rentable ». Le jus frais
tèque est que le rhum doit être élaboré à par- se conservant très peu de temps sous le climat
tir de “miel“ de canne à sucre. Cette subs- tropical comme on le sait, les distillateurs ont
tance, peu utilisée par les distillateurs, résulte alors eu l’idée de le chauffer, pour pouvoir le
du chauffage du jus de canne frais obtenu par conserver plusieurs mois, et ainsi ne plus dé-
broyage juste après la récolte. Cette opération pendre des récoltes pour pouvoir élaborer du
le concentre et lui donne des notes plus gour- rhum de façon continue. Certes, c’est deux fois
mandes car il est légèrement caramélisé. « Ce plus coûteux : le procédé diminue nettement le
traitement n’est pas le fruit du hasard, explique rendement de la plantation, car il ne donne au-
Mario Navarro, mais résulte de l’histoire spé- cun sucre commercialisable. Avantage induit,
cifique de la culture de la canne au Guatemala. cela donne après vieillissement des arômes plus
complexes, avec des notes de vanille, de banane
et de citron. En outre, le miel de canne est à peu
près exempt de soufre, à la différence des mé-
lasses utilisées généralement en Amérique cen-
trale et aux Caraïbes, le soufre, pour être éli-
miné, nécessitant une distillation à haut degré
d’alcool (jusqu’à 92 % d’alc.vol). Avec le miel,
pas besoin de grimper aussi haut, et cela donne,
là aussi, une plus grande richesse aromatique.
Par ailleurs, la DOP a défini des zones précises
pour la culture de la canne, qui correspondent
à des terres volcaniques particulièrement fer-
tiles. Aujourd’hui, la famille Botran en possède
plus de 2 400 ha, qui lui donnent une entière
© dr
Mario Navarro
Directeur Export Europe
Par Cyrille Hugon
© dr
Rumporter : Mario Navarro, latino américain, MN : Quand on a vécu un peu partout on
de culture française, qui êtes vous au fond ? est un peu de nulle part, on n’a pas de repère.
Mario Navarro : Je suis un citoyen du Ces repères j’ai dû les chercher. J’ai dû me les
monde, une personne qui cherche le meil- construire sur la base de ma culture latino. Les
leur de différentes cultures. J’ai grandi en gens qui me connaissent comprennent bien que
France et mûri en République Tchèque mais je ne suis pas un 100% chilien (sauf dans le
je me suis toujours considéré latino-améri- look, un authentique Mapuche!), ni 100% cari-
cain, je suis très fier de mes racines (NDLR : béen ou centro-américain.
Chili), de ma culture et de mes gens. Mon intérêt pour mon continent vient de ma
volonté de me projeter avant tout comme un la-
Rumporter : Vous avez une grande connais- tino-américain,. C’est pas toujours facile, mais
sance de l’ensemble du monde latino-amé- si on s’intéresse à ce qui nous rassemble plutôt
ricain, d’où vous vient cette curiosité pour ce que ce qui nous différencie, alors, le chemin est
continent ? plus facile.
40 Rumporter Edition
novembrespéciale
2014 bartenders SOMMAIRE
co ck ta il & rhum
19 0 0 -19 5 9 :
L’ â g e d ’ o r
des c o c k tails c ubains
Par Yoann Demeersseman
Photos de Mikael Peilloux
D
e 1900 à 1959, entre la guerre Presidente que j’ai eu l’idée de créer « El Tri-
d’indépendance et la Révo- nidad Cocktail » qui a remis au goût du jour
lution Cuba en passant par la le « Byrrh » et le Cuban Roll. C’est une recette
prohibition, Cuba aura été le devenue classique pour les formations de CQP
paradis hédoniste des yankee, Barmen ! Et si la finesse de ces rhums d’origine
le bar flottant des Etats- cubaine m’a inspiré quelques
Unis. Ses rhums fins et lé- créations ou twists quand je
gers se prêtant particuliè- n’ai pas choisi, comme pour
rement aux mélanges et une le Caney, un service straight,
clientèle fine connaisseuse y j’ai particulièrement sou-
ont fait le bonheur des créa- haité rendre hommage
teurs de boissons mélangées. au « seigneur Daiquiri »,
La Floridita qui a rendu le la plus pure expression du
Daiquiri célèbre a vu pas- rhum cubain selon moi. Né
ser derrière son comptoir en 1896, rendu célèbre dès
les meilleurs cantineros de les années 1910, le Daiquiri,
l’époque (Constante, Mi- qui se consomme tradition-
guel Boadas...). C’est l’âge nellement frozen (au blen-
d’or des cocktails Cubains. der) plutôt que straight up
A travers ce dossier, j’ai vou- à Cuba, y est devenu une
© MIKAEL PEILLOUX
© MIKAEL PEILLOUX
jusqu’à ce que vos doigts restent collés au shaker!
Verrerie : Daiquiri
Ingrédients :
50 ml Ron Bacardi Superior
1/2 lime fraichement pressé
2 bar spoon sucre poudre blanc
Glace :
1/3 glace
concassée,
2/3 glace cube
Décoration :
aucune
© MIKAEL PEILLOUX
© MIKAEL PEILLOUX
une belle découverte, le design du flacon est
magnifique, le bouchon est en liège, la bouteille
est la reproduction de celle de 1862 .
Méthode : shaker
Verrerie : verre à cocktail
Ingrédients :
45 ml Caney Carta Blanca
Superior
10 ml Bitter Campari
15 ml sirop fruit de la
passion
25 ml citron vert
fraichement pressé
Décoration : aucune
© MIKAEL PEILLOUX
© MIKAEL PEILLOUX
Bocoy). C'est là qu'est notamment pratiqué la
filtration sur lit de silice et charbon actif qui
est sa marque de fabrique. L'Elixir, son produit
phare est une liqueur de rhum élaborée par
macération de raisins secs dans des rhums de
7 ans d'âge minimum.
Méthode : shaker
Verrerie : Martini ou
coupette
Ingrédients :
40 ml Legendario Elixir de
Cuba
20 ml Crème cacao Brune
1 expresso
Décoration : 3 grains de café
© MIKAEL PEILLOUX
Ambre
10 ml Mandarine Napoléon
10 ml Cocchi Vermouth Italien
Dash Bitters Truth Xocolatl Mole
Décoration : Cerise à l’eau-de-vie
© MIKAEL PEILLOUX
1840 que Dale Degroff (le King des cocktails
américains) a remis au goût du jour récemment
avec le "Whiskey Peach Smash".
C’est lors d’une rencontre avec le King que
Joerg Meyer (célèbre mixologiste) a eu l’idée
de créer le désormais classique "Basil Smash"
en 2008 à Hambourg.
Méthode : shaker
Pour réussir ce cocktail, écraser
vivement le basilic avec le sweet
and sour (cette étape donne le
goût et la couleur du cocktail)
ajouter la glace, le Ron,
Shaker et filtrer à l’aide d’une
double strain.
Verrerie : Rock sur glace cube
Ingrédients :
50 ml Legendario Blanco
© MIKAEL PEILLOUX
20 ml sirop sucre
20 ml Citron jaune
2 tiges de basilic avec les feuilles
Décoration : une feuille de basilic
Méthode : shaker
Verrerie : coupette
Ingrédients :
© MIKAEL PEILLOUX
40 ml Varadero Blanco
10 ml liqueur au
Marasquin
10 ml Sirop Grenadine
30 ml jus ananas (pur jus)
Décoration : feuille ananas
(facultatif)
© MIKAEL PEILLOUX
I
nterrogez Stephen ky et le célèbre Whistle
Martin sur son Stop Cafe. Il y découvre
lieu de naissance, les classiques du bar
il vous répondra : américain et la bible des
« dans un bar ». On barmen « le bar amé-
comprend mieux sa fine ricain » de l’Allemand
expertise des spiritueux Charles Schumann. A
tricolores et son titre de 31 ans, retour forcé en
meilleur mixologue fran- France pour ses études
çais en 2009. Trêve de plai- de psycho qu’il n’a ja-
santerie. Né à Laval, d’une mais lâchées. Stephen
© dr
R H UMS A N T I L L A I S É L E V ÉS
S O US B O I S E T V I E UX 3 A N S
Dans notre deuxième numéro, nous avions dégusté les rhums agricoles âgés de 4 à 5
ans, tous vieillis en fûts. Cette fois-ci, nous nous sommes intéressés aux rhums antillais
ayant séjourné de quelques mois à trois ans en fûts ou en foudres, ces grandes cuves
de repos de plusieurs (dizaines) de milliers de litres où le rhum est élevé et non vieilli,
l’interaction avec le chêne étant nettement plus faible que dans les petits contenants
que sont les fûts de quelques centaines de litres. Ces foudres sont très majoritaire-
ment employés en Martinique tandis que les producteurs guadeloupéens privilégient
les fûts. Une différence notable que nous avons retrouvée lors de nos dégustations.
Et comme ces rhums sont souvent conçus non pas seulement comme des produits de
dégustation mais aussi pour cocktail et long drink, nous les avons évalués également
sur leur potentiel dans les boissons mélangées.
Dégustateurs : Alexandre Vingtier, Cyrille Mald et Jean-Claude Liméa
Préparation en cocktail
très bon
recommandé
Distribution France
l’ a b u s d ’ a l c o o l e s t d a n g e r e u x p o u r l a s a n t é - aRumporter
c o n s o mEdition
mer a v e c mbartenders
spéciale 67
odé r at ion .
marie-galante
très bon
martinique
très bon
recommandé
REDWOOD
L e bar p o ur
affi c i o nad o s
des rhums
et c o c k tails à Ly o n
Par Laurence Marot
B
ienvenue à Lyon, la plus grande
scène de la mixolog ie française
après Pa r is ! Direction le Red-
wood, établissement imaginé par
deux personnalités du bar qui ont
fait leur notoriété grâce à leur maîtrise du sha-
ker et à leur expertise sur le rhum. D’un côté,
Marc Bonneton propriétaire du speakeasy
L’Antiquaire, fief des amateurs de breuvages
vintage, et vainqueur de la Bacardi Legacy
en 2011. De l’autre, son jeune associé Franck
Dedieu, meilleur apprenti de France en 2012 et
également heureux lauréat de la finale 2015 de
© redwood
ce prestigieux concours. Deux grands talents
au service du rhum ! « Redwood est le nom
d’une célèbre forêt californienne, en lien avec
l’univers que nous recherchions pour notre bar
à rhum d’inspiration californienne associant le festifs, atteints du virus de la cocktail mania.
bois et le cuivre, un clin d’oeil aux alambics. A Côté décorum : un comptoir XXL qui joue la
contrario de l’Antiquaire, aux codes très clas- vedette, surfant sur cet esprit cuivré et boisé,
siques, nous nous étions mis en tête de créer un accompagné d’une imposante banquette oran-
lieu non conventionnel, en référence aux nou- gée façon seventies et d’une frise de photos il-
velles tendances du bar et à la montée en puis- lustrant des skaters new-yorkais des années 60.
sance du rhum. Nous ne souhaitions pas tom- Et pour la note cool, jeux de lumière et musique
ber dans le cliché d’un bar à tiki mais plutôt chill out. « Pour Redwood, nous avons déniché
privilégier le concept d’un laboratoire de ten- une pléiade d’idées à Berlin, comme l’approche
dances dans un esprit vibe » explique Marc épurée et design du bar Buck and Breck de
Bonneton. Situé en plein coeur de la ville, on l’excellent Gonçalo de Sousa Monteiro ou à
y croise une clientèle de jeunes trentenaires Londres pour le style cuivré du décor de Bo-
© redwood
nouvelles cuvées», ajoute Marc. On n’en
doute pas, mais le point de fort de Redwood
reste la qualité et l’essence de ses cocktails.
« Franck possède une approche très méticuleuse
de la mixologie. Pour moi, il est dans la lignée
des barmen tels que Joseph Akhavan du Ma-
bel et Nicolas de Soto à New-York (élu meilleur
barman français à Cocktails Spirits en 2014) ».
Après quelques mois de rodage, Franck s’est
penché pour cette saison sur une première
carte riche de 15 cocktails, des créations ou des
incontournables revisités dont presque la moi-
tié à base de rhum. « Je m’inspire de ce que
je vois, de ce que je goûte, de la richesse des
différentes scènes étrangères du bar, Londres,
New-York, Hambourg… A vrai dire je n’ai pas
vraiment de méthodes » indique ce dernier. Ne
montrez pas votre déception si, sur la carte, vous © redwood
Rhum d’origine
contre rhum marketing
© dr
Par Hervé Damoiseau
Président du Syndicat des Rhumiers de la Guadeloupe
C
onnaissant actuellement un en- les producteurs indiens prétendaient vendre
gouement sans précédent au sous cette appellation en Europe !
niveau mondial, rhum et vodka
ont en commun de pouvoir être Deuxièmement, le consommateur doit pouvoir
produits dans différentes zones faire le distinguo entre un rhum de qualité et
géographiques. Néanmoins, en tant que pro- d’origine et un rhum « marketing ». Cela im-
ducteur guadeloupéen, je ne souhaite pas que plique l’élaboration de
le rhum connaisse à l’instar de la vodka une labels de qualité et le contrôle de l’éligibilité des
quasi-absence de règles. Ainsi j’alerte réguliè- produits par rapport à un cahier des charges
rement les pouvoirs publics français et com- permettant de faire la différence entre un rhum
munautaires sur la nécessité de fixer et de faire « traditionnel », exclusivement produit à par-
respecter un certain nombre de règles afin de tir de matières premières locales, et un rhum «
garantir au consommateur la qualité et l’ori- générique », produit à partir de matières pre-
gine des produits qui lui sont proposés. mières importées.
Premièrement, le rhum ne doit pouvoir être pro- Selon moi, il n’est pas possible de délivrer une
duit qu’à partir de matières premières issues de indication géographique lorsque l’on ne produit
la canne à sucre. Cela étonnera sans doute nos pas la matière première dans le pays de pro-
lecteurs, mais dans le cadre des accords com- duction (ce qui est pourtant le cas du whisky,
merciaux en cours de négociation avec l’Inde, ndlr). Si l’enregistrement des indications géo-
nous avons découvert que ce pays produisait un graphiques à la Commission Européenne des
alcool appelé « rhum » à partir de céréales, que rhums des DOM est atteint, il reste encore
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