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Hanspeter Eicher

Energies renouvelables
Un approvisionnement
respectueux de l’environnement

Conférence des directeurs


cantonaux de l’énergie
Contenu

1. L’approvisionnement énergétique Le processus métabolique bactérien 106


de demain 3 Utilisation du biogaz 109
L’approvisionnement énergétique Biomasse destinée à la fermentation 113
en Suisse 4 Fermentation ou combustion? 115
Chauffage et production d’ECS 6 Variantes de la fermentation 117
Chaleur de processus 11 Exemple d’une installation de
Appareils et installations  12 fermentation régionale 121
Mobilité13 8. Energie éolienne 125
Electricité renouvelable 13 Technologies d’utilisation de
2. Choix du système 17 l’énergie éolienne 125
Critères de choix d’un système 17 Utilisation de l’énergie éolienne Suisse 128
Individuel ou en réseau? 18 Utilisation de l’énergie éolienne Europe130
3. Chaleur solaire 23 Planification d’installations 131
Rayonnement solaire  23 Rentabilité133
Capteurs solaires 24 9. Géothermie135
Puissance thermique  26 Géothermie hydrothermale et
Tests de fonctionnement et durabilité  28 pétrothermale135
Principales applications  29 Transformation de chaleur en électricité140
Installations de production d’eau Coûts et rentabilité 141
chaude29 Respect de l’environnement,
Installations solaires d’assistance au bilan écologique 143
chauffage33 Potentiel en Suisse 144
Comportement de stagnation 36 10. Le système électrique
Chaleur solaire pour immeubles de demain  145
d’habitation  36 Le système électrique aujourd’hui
Capteurs à concentration 39 et en 2065 146
4. Photovoltaïque41 Mesures prioritaires 146
Cellule solaire 41 Technologies de réseaux intelligents 147
Composants d’une installation PV 42 Production d’électricité et réseaux 148
Planification d’une installation PV 50 Mesures et lois 151
Exemples d’installations 59 11. Froid durable efficace  153
Applications spéciales 59 Froid renouvelable 154
Rentabilité61 Sondes géothermiques 155
5. Pompes à chaleur 65 Production active de froid  156
PAC à compression 65 12. Bases et outils 161
Dimensionnement des installations 75 Normes relatives à la technique du
Chauffage individuel de bâtiments  78 bâtiment et à l’énergie  161
Systèmes de chauffage à distance 81 Exigences pertinentes sur le plan
6. Energie bois 85 énergétique163
Le bois énergie en Suisse 85 Méthodes de calcul et outils 164
Types de combustible 86 Standards de construction 168
Combustion du bois 90 13. Subventions171
Chauffages à bois à alimentation Modèles de subvention 171
manuelle94 Subvention des énergies renouvelables172
Chauffages à granulés de bois 95 14. Annexe177
Chauffages automatiques 100 Auteurs177
7. Biogaz105 Répertoire des mots-clés 178
Fermentation105
Impressum

Energies renouvelables – Un approvi-


sionnement respectueux de l’environ-
nement

Editeur: Fachhochschule Nordwest­


schweiz, Institut Energie am Bau

Auteurs: Hanspeter Eicher, Rainer Bacher,


Christof Bucher, René Burkhard, Hans-
Heiri Frei, Philippe Hennemann, Heinrich
Huber, Mike Keller, Peter Meier, Reto
Rigassi, Matthias Rommel, Daniel Trüssel,
Maurus Wiget. Informations sur les au-
teurs page 177.

Direction de projet: Achim Geissler,


Fachhochschule Nordwestschweiz; Institut
für Energie am Bau, Muttenz

Lectorat spécialisé: Armin Binz

Lectorat et mise en page: Faktor Journa-


listen AG, Zürich; Othmar Humm,
Christine Sidler, Sarah Jost, Noemi Bösch

Traduction: Ilsegret Messerknecht

Lectorat spécialisé: Charles Weinmann,


Weinmann-Energies SA

Cet ouvrage fait partie de la série de publi-


cations spécialisées «Construction durable
et rénovation». Il se base sur les cours du
cursus Master visant à l’obtention d’un
certificat «Energie et construction du-
rable» (www.en-bau.ch), une offre de for-
mation continue de 5 hautes-écoles spé-
cialisées suisses. Cette publication a été
financée par l’Office fédéral de l’énergie
OFEN/SuisseEnergie et la Conférence des
directeurs cantonaux de l’énergie (EnDK).

Commande: A télécharger gratuitement


sous forme de livre auprès de Faktor Ver-
lag, info@faktor.ch ou www.faktor.ch

Janvier 2015
ISBN: 978-3-905711-31-8
Chapitre 1

L’approvisionnement énergétique
de demain
Hanspeter Eicher En 2011, le Conseil fédéral et le Parlement ]]éclairage, appareils, climatisation, tech-
ont pris des décisions importantes dans le nologies de l’information
domaine de l’énergie et de l’environne- ]]mobilité
ment. Il s’agit d’une part, dans le cadre de
la loi sur le CO2, de réduire les émissions de Cela représente env. 90 % de la consomma-
CO2 de 20 % par rapport à 1990 au niveau tion énergétique totale de la Suisse, mais ne
national, et d’autre part, de sortir du nu- signifie pas pour autant qu’il n’y a pas lieu
cléaire à moyen terme. A long terme, pour de prendre des mesures dans d’autres do-
combattre le réchauffement climatique, maines pour atteindre l’objectif final. Toute-
les émissions de CO2 devront être réduites fois, si l’on souhaite aller à l’essentiel, cette
à une tonne par personne et par an. La simplification doit être admise.
Suisse fait donc face à de grands boulever-
sements dans le domaine de l’énergie, qui Deuxièmement
présupposent une exploitation à grande La publication se concentre sur les techno-
échelle des potentiels d’efficacité énergé- logies-clés les plus élaborées sur le plan
tique et une utilisation accrue des énergies technique et économique, aujourd’hui dis-
renouvelables. Les contenus suivants se ponibles sur le marché, et les utilise de fa-
basent en partie sur la publication Energie- çon rigoureuse dans tous les domaines
respekt [1] et sur l’approche qui y est utili- d’application concernés. Dans cette op-
sée, constituée de trois éléments. tique, il est moins important de savoir si
une avancée majeure semble envisageable
Premièrement pour 2050 ou ne sera possible qu’en 2080,
La publication se concentre sur les princi- que de déterminer ce que l’on peut déjà
paux domaines concernés par le tournant réaliser avec les techniques actuelles.
énergétique, c’est-à-dire sur l’utilisation
efficace de l’énergie et l’approvisionne- Troisièmement
ment en énergies renouvelables pour: La publication montre dans quelle mesure,
]]chauffage et production d’eau chaude du point de vue quantitatif, il est ainsi pos-
]]moteurs et processus dans l’industrie sible de contribuer à la réalisation des ob-
jectifs de politique énergétique de la Suisse.

TWh
300

Autres énergies renouvelables


250
Chauffage à distance

200 Electricité

Gaz
150

111
Carburants
100

Bois Illustration 1:
50 Combustibles pétroliers
Consommation fi-
Déchets industriels
Charbon nale d’énergie de la
0 Suisse entre 1910 et
1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010
2010.
4
L’approvisionnement énergétique de demain

L’approvisionnement énergé- 1 illustre les principales grandeurs caracté-


tique en Suisse ristiques économiques, à l’exception des
coûts externes résultant de la consomma-
Statistique globale suisse de l’énergie tion d’énergie.
Pour comprendre quel rôle peuvent et
doivent jouer l’efficacité énergétique et les Emissions de CO2
énergies renouvelables dans l’approvision- L’illustration 2 montre l’évolution des émis-
nement énergétique de demain, il faut sions de CO2 en Suisse, conformément à la
connaître la structure de consommation loi sur le CO2. Au total, 38 millions de
actuelle de la Suisse (illustr. 1) [2]. tonnes de CO2 ont été émises en 2011. Si
l’objectif partiel n’a pas pu être atteint
Grandeurs économiques dans le domaine de la mobilité, il a toute-
Les coûts de l’énergie consommée en fois été dépassé pour les combustibles. A
Suisse représentent une dépense impor- long terme, les émissions de CO2 de la
tante pour la micro et la macroéconomie, Suisse doivent être réduites à 9 millions de
notamment parce qu’en raison des grandes tonnes par an (1 t par an et par personne),
quantités d’énergie importée, des sommes ce qui correspond à une baisse de presque
importantes partent à l’étranger. Le tableau 80 % par rapport à 2012.

Millions de t de CO2
50
Total des émissions
45 Trajectoire indicative
38,2 Total
40
Objectif Total 2008–2012
35 36,7 Emissions des
combustibles
30
Trajectoire indicative
25 Combustibles
20,9
Objectif Combustibles
20 21,5 2008–2012
15 17,3 Emissions des carburants
14,2 Trajectoire indicative
10
Carburants
5 Objectif Carburants
2008–2012
Illustration 2: Emis- 0
90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12
sions de CO2 en
Année
Suisse

2009 2010
Dépenses de consommation en millions de Fr. 27 580 30 530*
% du PIB (nominal) 5,1 % 5,6 %
Excédent d’importation
Millions de Fr. 8669 9306**
% du total des importations 4,0 % 4,0 %
Dépendance vis-à-vis de l’étranger en % 79,8 78,5
Indice des prix à la consommation (1990 = 100), réel
Mazout 150,6 185,4
Essence 112,0 120,7
Gaz 136,3 129,0
Tableau 1: Gran- Electricité 94,5 98,6
deurs caractéris-
Consommation finale par habitant (1990 = 100) 95,3 98,5**
tiques économiques
Production industrielle (indice 1990 = 100) 140,1 148,8
de la consommation
finale d’énergie. * estimation, ** provisoire
5
Energies renouvelables

Consommation finale vs utilisations gie finale, mais aussi 60 % de l’électricité


Pour évaluer les potentiels de l’efficacité totale. 30 autres % de la consommation
énergétique et des énergies renouvelables, d’électricité reviennent à la production de
le plus simple est de partir de la consomma- chauffage et de chaleur de processus, ainsi
tion finale d’énergie selon les utilisations qu’à la production d’eau chaude.
(tableau 2) [2]. On peut ensuite en déduire
les principaux champs d’action: Energies renouvelables
]]Le chauffage, la production d’eau chaude La consommation finale d’énergies renou-
et la chaleur de processus représentent velables s’élevait en 2010 à 49,2 TWh, soit
55 % de la consommation finale d’énergie 19,4 % de la consommation finale d’éner-
au niveau national. gie (illustr.3). C’est l’énergie hydraulique
]]La mobilité représente une part de 28 % utilisée pour produire de l’électricité qui re-
de la consommation finale d’énergie au ni- présente la plus grande part de ces énergies
veau national. renouvelables, suivie par le bois et la chaleur
]]L’éclairage, les dispositifs d’information, environnementale. Le potentiel de crois-
de communication et de divertissement, sance le plus important réside sans aucun
ainsi que les moteurs et processus, consom- doute dans la chaleur environnementale
ment certes à peine plus de 10 % de l’éner- ainsi que, dans une moindre mesure, dans

2. Utilisation de l’énergie solaire 3. Utilisation de l’énergie


0,23% environnementale
1,19%
4. Utilisation de la bio-
masse (bois et biogaz)
4,34%
5. Utilisation de
l’énergie éolienne
Consommation finale Consom- 0,01%
non renouvelable mation finale
1. Energie 6. Utilisation de parts
80,56% renouvelable
hydraulique renouvelables issues
19,44% de déchets
12,17%
1,24%
7. Utilisation de l’énergie Illustration 3:
dans les STEP Consommation
0,20% d’énergie finale re-
8. Carburants biogènes nouvelable en
0,07%
Suisse

Valeurs en TWh 2000 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Chauffage 74,9 81,1 81,0 83,0 79,5 70,9 77,2 75,4 83,4
Eau chaude 13,2 13,2 13,4 13,3 13,2 13,3 13,3 13,3 13,4
Chaleur de processus 26,4 27,5 28,0 28,1 29,3 29,1 29,4 27,5 28,3
Eclairage 7,0 7,2 7,4 7,5 7,5 7,6 7,6 7,5 7,5
Climatisation, ventilation et installa- 5,1 5,8 5,4 5,7 5,8 5,3 5,6 5,6 5,9
tions domestiques
Informatique et communication, 2,4 2,5 2,6 2,6 2,7 2,8 2,9 2,9 2,9
médias de divertissement
Moteurs, processus 18,4 18,5 19,1 19,3 19,4 19,7 19,9 19,2 19,9
Mobilité nationale 62,7 63,1 63,1 63,2 63,0 63,4 63,4 63,1 63,0
Autres 3,1 3,5 3,7 3,7 3,8 3,9 3,9 3,9 4,1 Tableau 2: Consom-
Consomm. finale d’énergie nationale 213,2 222,3 223,7 226,5 224,2 216,0 223,0 218,4 228,3 mation finale
d’énergie en Suisse
Autres carburants 21,4 16,8 16,3 16,6 18,2 20,1 22,8 21,7 22,4
selon les utilisations
Consomm. finale d’énergie totale 234,6 239,1 240,0 243,1 242,4 236,1 245,8 240,0 250,6 en TWh.
6
L’approvisionnement énergétique de demain

le photovoltaïque et la biomasse. L’utilisa- l’obtention de bons rendements avec les


tion de l’énergie éolienne en Suisse est im- pompes à chaleur, qui deviendront la prin-
portante, mais limitée, et est en outre très cipale technologie de production de cha-
fortement entravée par des oppositions. leur pour le chauffage et l’eau chaude
dans les prochaines décennies. Pour finir,
Chauffage et production d’ECS une mise en œuvre cohérente de techno-
Les mesures techniques d’amélioration de logies efficaces, déjà connues aujourd’hui
l’efficacité énergétique s’orientent vers dans le bâtiment, permettra de réduire à
trois caractéristiques du bâtiment, déter- env. 30 % du besoin actuel en chaleur de
minantes pour le bilan de la chaleur de chauffage le besoin résiduel en chaleur du
chauffage: futur parc de bâtiments à chauffer, qui
]]Une bonne protection thermique de tous sera 40 % plus important qu’aujourd’hui.
les composants de l’enveloppe du bâti- L’iIlustration 4 et l’illustration 5 montrent
Source [1]: Energie- ment tels que les murs de façade, la toi- les principaux résultats de cette évolution.
respekt, Armin ture, le sol, les fenêtres et les portes. ]]Besoins en chaleur pour le chauffage:
Binz, Hanspeter ]]Une bonne étanchéité à l’air de l’enve- L’illustration 5 montre que, malgré l’aug-
Eicher) loppe du bâtiment et la récupération de mentation des surfaces de référence éner-
chaleur de l’air extrait chaud. gétiques, il est possible, en utilisant dans
]]L’utilisation optimale du rayonnement une large mesure les meilleures technolo-
solaire et de la chaleur rejetée de l’éclai- gies connues à ce jour, de réduire à long
rage, des appareils et des personnes. terme le besoin en chaleur de chauffage à
La réduction du besoin en chaleur de moins de 20 TWh/an (énergie utile). Si l’on
chauffage s’attaque à l’origine du pro- prend en compte la réduction des pertes de
blème, à l’inverse des solutions «en bout distribution par rapport à aujourd’hui, il
de chaîne». En outre, il existe également conviendra dans l’avenir de couvrir un be-
d’autres bonnes raisons de mettre en soin en chaleur pour le chauffage de
œuvre une réduction des besoins de ma- 21 TWh.
nière cohérente et à grande échelle. Avec ]]Besoins en chaleur pour la produc-
une bonne isolation de l’enveloppe du tion d’eau chaude: En 2010, le besoin
bâtiment, le système de chauffage existant énergétique final pour l’eau chaude s’éle-
peut être utilisé comme un chauffage vait à 13,3 TWh par an. Les exigences de
basse température, sans qu’il soit néces- confort n’augmenteront que faiblement
saire d’installer des surfaces de chauffe dans l’avenir, et pourront être à peu près
supplémentaires, coûteuses et encom- compensées par des mesures d’efficacité
brantes. Ces conditions sont nécessaires à (réduction des déperditions thermiques

Surface de référence énergétique en millions de m2


1000
BS: Bâtiments de
900
service
800
Autres
700

Illustration 4: Sur-
600
BS
face de référence 500
énergétique (sur- 400
face de plancher Immeubles
brute chauffée) des
300
bâtiments en Suisse, 200
Maisons
estimée aujourd’hui familiales
100
et en 2060 (M. Ja-
kob, H. Wallbaum, 0
Aujourd’hui Dans l’avenir
A. Binz, 2009).
7
Energies renouvelables

dues à l’accumulation, à la circulation et à 24 TWh par an. En raison de leur faible


la distribution). L’augmentation étant pro- puissance, les installations fonctionneront
portionnelle au nombre de personnes, on en mode monovalent. Le coefficient de
obtiendrait donc à long terme, pour 9 mil- performance annuel moyen, qui s’élève
lions d’habitants, une augmentation à aujourd’hui à 3,2, augmentera à 4. Le be-
15 TWh par an. soin en électricité s’élèvera ainsi à 6 TWh
]]Consommation de chaleur totale par an.
pour le chauffage et la production ]]Chaleur solaire: En raison d’un poten-
d’eau chaude: On obtient ainsi à long tiel d’évolution nettement inférieur à celui
terme un besoin en chaleur pour le chauf- du photovoltaïque, la chaleur solaire ne
fage et la production d’eau chaude de 36 présentera à long terme qu’une croissance
TWh par an, c’est-à-dire moins de la moitié limitée. Les surfaces de toit disponibles sur
de la valeur de 2010. les bâtiments d’habitation seront à l’avenir
principalement couvertes par des installa-
Chaleur renouvelable pour le chauf- tions photovoltaïques car celles-ci, combi-
fage et la production d’ECS nées à des pompes à chaleur, permettent
]]Pompes à chaleur pour le chauffage aujourd’hui déjà de fournir davantage de
des bâtiments: Selon la statistique sur les chaleur que les installations solaires ther-
pompes à chaleur, 190 000 pompes à cha- miques, pour une utilisation identique du
leur sont actuellement en exploitation et toit. La chaleur solaire sera, à plus long
produisent une quantité de chaleur de 4,5 terme, utilisée notamment dans les mai-
TWh par an, soit env. 5 % du besoin total sons individuelles dotées d’une excellente
en chaleur de la Suisse pour le chauffage et isolation thermique, car celles-ci per-
la production d’eau chaude. A long terme, mettent un approvisionnement quasiment
la majeure partie des bâtiments aura été complet et que dans de telles applications,
rénovée sur le plan des techniques de la rentabilité joue un rôle mineur. Dans les
chauffage et sera dotée de systèmes à immeubles principalement destinés à la
basse température de départ, appropriés à location, c’est la technologie des pompes à
l’utilisation de pompes à chaleur. Pour des chaleur et du photovoltaïque qui s’impose-
raisons financières, il est fort probable que ront. On peut estimer que la production de
les pompes à chaleur deviendront le princi- chaleur solaire thermique, de 0,5 TWh au-
pal moyen de production de chaleur pour jourd’hui, augmentera à long terme jusqu’à
le chauffage des bâtiments et la produc- 3 TWh par an.
tion d’eau chaude. A long terme, la pro- ]]Remplacement des chauffages élec-
duction de chaleur passera de 4,5 TWh à triques directs: Les chauffages électriques

Chaleur de chauffage en GWh/a

70 000
Autres
60 000
BS
50 000

40 000 BS: Bâtiments de


Immeubles
service
30 000
Constructions
nouvelles
20 000
Autres
BS
10 000 Maisons Illustration 5: Besoin
Immeubles
familiales Maisons en chaleur actuel et
0
familiales futur pour le chauf-
Aujourd’hui Dans l’avenir
fage.
8
L’approvisionnement énergétique de demain

directs et chauffe-eau électriques se verront peuvent être réalisés de façon intéressante


remplacés par des pompes à chaleur, pour que dans des régions ayant une densité de
des raisons d’efficience. La consommation chaleur élevée. Selon [5], 40 % du besoin
des systèmes de chauffage directs s’élevait en chaleur se situera en 2035 dans des
en 2010, selon la statistique, à 8,5 TWh, régions ayant une densité de chaleur suffi-
soit 14,4  % de la consommation totale samment élevée pour permettre la mise en
d’électricité. La part du chauffage ambiant place de réseaux de chauffage à distance
s’élève à 5,0 TWh par an, celle de la produc- avec des coûts de vente de chaleur de
tion d’eau chaude à 2,6 TWh par an. Si l’on 4,5 ct./KWh. A plus long terme, cette part
considère la part déjà couverte par des diminuera avec la baisse du besoin en cha-
pompes à chaleur, la consommation des leur pour le chauffage des bâtiments, et se
chauffages électriques directs s’élève pour concentrera sur les régions à forte densité
le chauffage ambiant à 4,9 TWh/an et pour de construction au cœur des aggloméra-
l’eau chaude à 2,4 TWh/an, pour un total tions. La part future du besoin en chaleur
d’env. 7 TWh/an. La consommation d’élec- dans ces régions n’est pas connue; on
tricité pour les pompes à chaleur est indi- peut estimer qu’elle s’élèvera à 1/3 du be-
quée à la rubrique Pompes à chaleur. soin de toute la Suisse. En d’autres termes,
Les systèmes de chauffage des bâtiments à l’avenir, 24 TWh/an seront produits ou
de demain pourront fonctionner sans au- distribués dans des installations indivi-
cune émission de CO2. Dans le cas des duelles et 12 TWh/an seront produits ou
pompes à chaleur monovalentes, il arrive distribués via des réseaux de chauffage à
cependant déjà que la production d’électri- distance. Si l’on prend en compte les
cité s’effectue sans émissions de CO2. Eton- pertes de distribution des systèmes de
namment, l’utilisation de plus en plus fré- chauffage à distance, la quantité de cha-
quente des pompes à chaleur n’entraîne leur brute qui doit être mise à disposition
Tableau 3: Résumé aucune surconsommation d’électricité. Au pour couvrir le besoin en chaleur utile de
des chauffages de contraire, lorsque les chauffages électriques 12 TWh/an s’élève à 13 TWh/an.
bâtiment. ohmiques actuels et les chauffe-eau seront
* Les pompes à cha- remplacés par des pompes à chaleur, il en Rejets thermiques à haute tempéra-
leur ont consommé résultera même une diminution de la ture des UIOM et chaleur de processus
en 2010 env. 1,2 consommation d’électricité de 2 TWh/an. Selon une étude [5], on pourrait, pour une
TWh d’électricité et production d’électricité stable, augmenter
ont produit 4,5
Chauffage à distance ou chauffages la production de chauffage à distance issu
TWh de chaleur. Ces
propres aux bâtiments? des usines d’incinération des ordures mé-
installations seront
A l’avenir, pour des raisons financières, la nagères (UIOM), pour le domaine du bâti-
à long terme rem-
placées par de meil- demande de chaleur sera couverte autant ment, de 3 TWh aujourd’hui à 5 TWh par
leures installations que possible de manière décentralisée, car an. A long terme toutefois, étant donné
qui, conjointement les systèmes de chauffage à distance ne que la consommation d’énergie dans les
avec les nouvelles
pompes à chaleur Type d’installation Production de cha- Consommation Bilan
installées dans les leur d’énergies fossiles électricité
bâtiments rénovés TWh/a TWh/a TWh/a
sur le plan du Pompes à chaleur * 24,0 0 4,0
chauffage, ne né-
Chaleur solaire 3 0 0
cessiteront alors
que 5,2 TWh/a Chauffages électriques 0 0 –7,0
d’électricité au to- Chauffe-eau électriques
tal. Si l’on soustrait Aérations douces dans des Pris en compte dans le 1,0
la consommation bâtiments d’habitation modèle des bâtiments
actuelle de 1,2
Total des installations indi- 27,0 0 – 2,0
TWh/a, il en résulte
viduelles
un bilan électricité
de + 4 TWh/a.
Part du besoin de la Suisse 66 %
9
Energies renouvelables

régions desservies par le chauffage à dis- Eau des lacs, des rivières et eaux sou-
tance diminuera fortement, ce recul devra terraines
être compensé par l’expansion des réseaux Comme le montre l’étude [14], on peut
existants et par l’intégration de régions tabler à long terme, dans ce domaine, sur
jusqu’à présent non alimentées en rejets une part de 3 TWh/an, dont 0,3 TWh issu
thermiques par les UIOM. Les ventes pour- d’énergies fossiles. La consommation
raient ainsi rester stables. d’électricité supplémentaire s’élève à 0,6
TWh/a (COPan 4). L’illustration 8 montre
Utilisation des rejets thermiques de les nacelles de captage d’eau souterraine
l’industrie du système de chauffage de proximité à
Le besoin énergétique final pour la chaleur
de processus dans l’industrie s’élevait en
2010 à presque 26 TWh. On peut, avec
réserve, estimer l’utilisation des rejets ther-
miques à 2 TWh/an. Etant donné que la
température de la chaleur rejets est supé-
Illustration 6:
rieure à celle de la chaleur environnemen-
Pompes à chaleur à
tale, on peut estimer à 6 le coefficient de
ammoniac pour
performance annuel (COPan) des pompes
l’utilisation de la
chaleur rejetée du à chaleur utilisées pour l’exploitation des
moulin à huile de rejets thermiques. L’illustration 6 montre
Florin AG à des pompes à chaleur à ammoniac dans le
Muttenz (Dr. Eicher moulin à huile Florin à Muttenz, qui uti-
+ Pauli AG). lisent les rejets thermiques pour alimenter
les bâtiments environnants en chauffage à
distance dans le Polyfeld. Pour utiliser 2
TWh/an de rejets thermiques industriels,
env. 300 installations seulement seraient
nécessaires. Cela correspond à une crois-
sance moyenne de 6 installations par an.
Illustration 7:
Utilisation de la Rejets thermiques des STEP pour
chaleur rejetée de pompes à chaleur
la STEP de Rheinfel- Les rejets thermiques des STEP possède un
den pour le chauf- potentiel élevé qui ne peut être utilisé que
fage du quartier
partiellement, en raison de leur éloigne-
d’Augarten (Dr.
ment vis-à-vis des régions fortement
Eicher + Pauli AG).
consommatrices et de la multitude de sta-
tions de petite taille. Si l’on se base sur
Illustration 8: l’étude [14], on peut estimer que la part de
Nacelles de captage couverture à long terme provenant des
de l’approvisionne- STEP s’élèvera à 2 TWh/a, dont 10 % pro-
ment en chauffage viendront d’énergies fossiles pour la couver-
de proximité, à par- ture des besoins de pointe. La consomma-
tir de chaleur issue
tion électrique correspondante est de l’ordre
des eaux souter-
de 0,4 TWh/an (COPan 4,5). L’illustration 7
raines, de
montre une installation de pompe à chaleur
l’Agroscope de Lie-
befeld de l’Office dans la STEP de Rheinfelden d’une puis-
fédéral des sance de 2 MW. Cette installation permet
constructions et de de chauffer le quartier d’Augarten, situé à
la logistique (Dr. moins d’un km, et ses 1000 logements.
Eicher + Pauli AG).
10
L’approvisionnement énergétique de demain

pompes à chaleur de l’Agroscope de Lie- approvisionnées en chaleur environne-


befeld à Berne. mentale renouvelable ou en rejets ther-
miques disposent malgré tout de la solu-
Géothermie profonde tion bois. Une simple combustion de bois
La géothermie profonde ne fait pas partie n’est cependant pas envisageable pour
des technologies éprouvées prises en consi- assurer le chauffage des bâtiments. Le bois
dération. Lors de l’exploitation de l’aqui- peut être utilisé pour générer de la chaleur
fère profond, une seule installation est en industrielle jusqu’à des températures de
fonctionnement et on ne peut espérer à 300 °C. Pour produire du chauffage et de
l’avenir davantage de forages fructueux l’eau chaude, le bois ne peut être utilisé
que par le passé. Les installations Hot-Dry- que dans des installations CCF. Etant
Rock, qui pourraient être utilisées partout, donné que ces installations ne peuvent
en sont encore au stade de la recherche et être utilisées qu’à partir d’une puissance
du développement. A long terme, la géo- thermique d’env. 4 MW (ce qui correspond
thermie pourra, on l’espère, remplacer les à 500 kWél), et que 5000 heures de service
installations CCF fossiles. Celles-ci offrent, par an sont nécessaires pour en garantir la
avec leurs réseaux de chauffage de proxi- rentabilité, un système de chauffage à dis-
mité, des conditions intéressantes pour tance doit fournir une puissance ther-
l’utilisation de la géothermie issue de mique supérieure à 10 MW pour être ren-
grandes installations. table. En outre, de telles installations fonc-
tionnent de façon bivalente et la couver-
Couplage chaleur-force (CCF) avec du ture fossile des besoins de pointe repré-
biogaz, du bois et des énergies fossiles sente env. 40 % de l’énergie annuelle.
Les régions qui possèdent une forte den- C’est pourquoi il est plus intéressant de
sité de chaleur et qui ne peuvent pas être faire fonctionner les installations de petite

Total du chauffage à distance


Type d’installation Production de chaleur Consommation d’éner- Consommation élec-
gies fossiles * trique **
Chauffage à distance et de TWh/a TWh/a TWh/a
proximité
Usines d’incinération des or- 3,0 0,3 −0,3
dures ménagères
Chaleur rejetée de l’industrie 2,0 0,2 0,3
Chaleur rejetée des stations 2,0 0,2 0,4
d’épuration
Eau souterraine et de surface 3,0 0,3 0,6
Total du chauffage à distance 10,0 1,0 1,0
Couplage chaleur-force Production de chaleur Consommation d’éner- Production d’électricité
gie finale
Géothermie profonde A long terme, en remplacement des couplages chaleur-force fossiles
CCF avec énergies renouve- 1,5 2,5 (renouvelable) −0,5
lables 0,2 (fossile)

Tableau 4: Agents
CCF avec énergies fossiles 1,5 3,3 (fossile) −1,5
énergétiques et Total CCF 3,0 7,0 dont 4,5 fossile −2,0
technologies dont Total du chauffage à distance 13,0
le rendement est
Part à long terme du besoin 34 %
approprié à une dis-
de la Suisse
tribution via des
systèmes de chauf- * La consommation fossile est la consommation nécessaire à la production totale de chaleur et d’électricité.
fage à distance. ** Le bilan électricité résulte de la surconsommation (+) et de la surproduction (–) par rapport à 2010.
11
Energies renouvelables

taille sur une base fossile. Ces installations soustraire les 5,1 TWh issus de déchets et
pourront à l’avenir, si la technologie est d’énergies renouvelables déjà utilisés (base
disponible, fonctionner à l’aide de la géo- 100  % bois): le potentiel bois restant
thermie profonde. s’élève ainsi à 14,7 TWh/an. La production
d’électricité dans ces installations s’élevait
Chaleur de processus en 2010 à env. 0,2 TWh et on peut estimer
qu’elle restera stable.
Consommation finale d’énergie de A défaut de données statistiques perti-
l’industrie nentes, on peut supposer qu’env. 20 % du
La consommation d’énergie totale de l’in- besoin énergétique final fossile industriel
dustrie s’élevait en 2010 à 47,5 TWh [3]. peuvent être couverts par des couplages
Depuis l’année 2000, elle a connu une aug- chaleur-force basés sur la combustion de
mentation de 2,8 TWh. L’illustration 9 bois. On estime ainsi qu’une part de 3,2
montre que plus de la moitié de cette TWh/an peut être couverte par le bois. Le
consommation correspond à de la chaleur besoin énergétique final fossile restant
de processus. La majeure partie de l’énergie s’élève donc à 11 TWh/an (14,2 TWh/an
fossile consommée est destinée à la pro- moins 3,2 TWh/an). En outre, ces installa-
duction de chaleur. Le chauffage et la pro- tions permettent de produire 0,6 TWh/an
duction d’eau chaude sont traités au cha- d’électricité. La consommation finale de
Tableau 5: Le besoin pitre «Bâtiment». Les deux parts de bois pour ces installations CCF est estimée
énergétique final
consommation restantes ont une impor- à 4,7 TWh/an, car celles-ci fonctionnent
industriel de 2060
tance capitale: il s’agit de la chaleur de pro- parfois en mode de condensation, afin
est estimé égal à ce-
cessus ainsi que de l’énergie des moteurs et d’atteindre des temps de fonctionnement
lui de 2010 (les po-
tentiels d’efficacité processus. annuels suffisamment élevés. Il reste donc
un potentiel d’énergie bois de 10 TWh/an, Illustration 9:
sont compensés par
Chaleur de processus dont 2,5 TWh/an sont déjà utilisés dans les Consommation fi-
la surproduction).
réseaux de chauffage de proximité pour le nale d’énergie de
Outre la consomma- Le besoin énergétique final pour la chaleur
2010 dans l’indus-
tion fossile et élec- de processus s’élevait en 2010, selon la chauffage et la production d’eau chaude.
trie.
trique, on utilise statistique, à 25,8 TWh/an [3], ce qui cor-
également les dé- respond à 6,5 TWh/an d’électricité et 19,3 Information et communication, Mobilité nationale
chets industriels à médias de divertissement 0,05%
TWh/an de combustible. Selon la statis- 0,4 %
hauteur de 2,8 tique globale suisse de l’énergie, les éner- Autres
TWh/an (comme en Moteurs, 1,7%
gies fossiles couvrent 73 % du besoin en Climatisation, processus
2010) ainsi que 14,5 23,3% Eau chaude
chaleur de l’industrie. Si l’on reprend le ventilation et
TWh/an de bois et 3 Chauffage 2,3%
même pourcentage pour la chaleur indus- installations 13,8%
TWh/an de biogaz. techniques
L’augmentation de trielle, la consommation d’énergies fos-
0,6 %
la production siles finale pour la chaleur de processus
Eclairage
d’électricité par rap- s’élève à 14,2 TWh/an. La part couverte 3,4%
Chaleur de processus
port à 2010 s’élève par les déchets et les énergies renouve- 54,4%
à 0,6 TWh/an issu lables s’élève ainsi à 5,1 TWh/an.
de bois et 1,6 TWh/ Le bois forestier, le bois résiduel et le vieux
an issu de biogaz, bois présentent, selon [12], un potentiel
c’est-à-dire au total de 17 TWh/an. Etant donné que ces éner-
2,2 TWh/an issus gies ne seront plus, à long terme, utilisées Usage Besoin Consomma- Consom- Emissions
d’énergies renouve- énergé- tion d’éner- mation de CO2
pour le chauffage et la production d’eau
lables. En outre, 0,6 tique final gies fossiles d’électricité
chaude, elles seront disponibles pour la
TWh/an d’électricité TWh/an TWh/an TWh/an mio. t/an
chaleur de processus. A celles-ci s’ajoute-
sont produits dans Chauffage Déjà pris en compte pour les bâtiments 0
des CCF qui gé- ront 2,8 TWh issus de déchets industriels,
Eau chaude Déjà pris en compte pour les bâtiments 0
nèrent un besoin qui ont déjà été utilisés dans cette propor-
Chaleur 25,8 2 6,5 0,4
énergétique final tion en 2010. Au total, on disposera ainsi
processus
fossile de 1,0 TWh/ de 19,8 TWh/an produits à partir de bois et
Total 25,8 2 6,5 0,4
an. de déchets. A ce total, il faut à nouveau
12
L’approvisionnement énergétique de demain

Il reste donc 7,5 TWh/an pour la chaleur de Appareils et installations


processus industrielle. Cela permet ainsi de Tableau 6: Grâce à
des mesures techno-
substituer env. 7 TWh/an de besoin éner- Potentiel d’efficacité énergétique
logiques et à des
gétique final fossile, ce qui laisse encore un Dans le domaine des appareils et des instal-
améliorations d’effi-
besoin énergétique final fossile de 4 TWh/ lations, il est primordial de garantir une uti-
cience dans la tech-
an. La moitié de ce besoin résiduel peut lisation efficace de l’énergie. Dans les pers- nologie des mo-
être couverte par des installations CCF à pectives énergétiques [6], scénario «Nou- teurs, au passage à
biogaz, qui peuvent être utilisées lorsque la velle politique énergétique», on prévoit l’électromobilité et
chaleur de processus requise ne dépasse pour les moteurs, les processus, les appa- aux décalages de la
pas une température de 120 °C. Ces instal- reils, l’éclairage, la climatisation et l’infor- répartition modale
lations CCF à biogaz produisent en outre matique une économie de 20 % entre 2010 (vers les transports
1,6 TWh/an d’électricité. Le besoin énergé- et 2050. Ces chiffres prennent déjà en publics), la consom-
tique final total en biogaz s’élève donc à compte la croissance dans les ménages et mation d’énergie
env. 4 TWh/an. Selon [12], le potentiel en les différents secteurs. Les énergies renou- dans les transports
peut être diminuée
termes de biomasse non utilisée pour la velables pourront à l’avenir jouer un rôle
de plus de moitié,
fermentation est suffisamment élevé. Les 2 nettement plus important dans la climatisa-
pour passer d’env.
TWh/an de chaleur de processus restants tion et le refroidissement. Dans le cas de la
55 TWh aujourd’hui
doivent être produits par des agents fos- climatisation, qui présente un potentiel de à moins de 25 TWh
siles. Dans la mesure du possible, ces instal- croissance élevé notamment en raison des par an (structure de
lations seront conçues sous forme d’instal- températures extérieures estivales en quantités dans le
lations CCF, dont on estime la production constante augmentation, l’avenir semble domaine des trans-
d’électricité à 0,6 TWh/an. Le besoin éner- notamment être au refroidissement passif ports 2010 confor-
gétique final fossile est donc estimé à 3 par le biais de sondes géothermiques, d’eau mément à la Straté-
TWh/an (2 TWh/an pour la chaleur, 1 TWh/ souterraine ou de surface ou également de gie énergétique
an pour l’électricité). Pour 2060, il en ré- l’air environnant. Ce type de refroidisse- 2050; variations
sulte une consommation finale d’énergie ment passif présente de grands avantages, pour l’image «De-
main» conformé-
pour le besoin en chaleur de l’industrie car ces sources de froid sont également dis-
ment aux hypo-
telle qu’indiquée dans le tableau 5. ponibles pendant la période de chauffe en
thèses du tableau).
Aujourd’hui
Type de moteur Voitures Véhicules Véhicules Chemin de Autres Non-routier Total
person- utilitaires utilitaires fer, trans- transports
nelles légers lourds ports publics (bus, motos)
Moteur à combustion TWh 42,5 3,3 6,5 2,3 4,5 59,1
Moteur électrique TWh 3,3 3,3
Total TWh 42,5 3,3 6,5 3,3 2,3 4,5 62,4
Demain
Type de moteur Voitures Véhicules Véhicules Chemin de Autres Non-routier Total
person- utilitaires utilitaires fer, trans- transports
nelles légers lourds ports publics (bus, motos)
Moteur à combustion TWh 5,1 1,1 4,4 1,2 3,1 14,9
Moteur électrique TWh 8,5 0,5 0,5 4,2 0,4 0,4 14,5
Total TWh 13,6 1,5 5,0 4,2 1,6 3,5 29,4
Variation entre aujourd’hui et demain
Type de moteur Voitures Véhicules Véhicules Chemin de Autres Non-routier Total
person- utilitaires utilitaires fer, trans- transports
nelles légers lourds ports publics (bus, motos)
Moteur à combustion % – 88 % – 70 % – 30 % – 47 % – 32 % – 75 %
Moteur électrique % 28 % 338 %
Total % – 68 % – 54 % – 23 % 28 % – 30 % – 24 % – 53 %
13
Energies renouvelables

tant que sources de chaleur, à des fins de biogaz issu de processus de fermentation
chauffage (pompes à chaleur). Il est particu- de déchets organiques qui ne peuvent pas
lièrement avantageux, par exemple, de re- être recyclés sur le plan matériel. Cela peut
froidir tout d’abord l’eau souterraine à des également être intéressant sur le plan
fins de chauffage pour la réutiliser ensuite énergétique, car l’utilisation de biogaz
directement (sans autres apports énergé- dans des installations de couplage chaleur-
tiques) à des fins de refroidissement. Une force va souvent de pair avec une utilisa-
installation combinée chaleur-froid de ce tion incomplète de la chaleur. Ce biogaz
type a par exemple été réalisée au nouveau ne parviendra pas directement de l’instal-
centre administratif de Neumatt à Ber- lation de production dans le réservoir d’un
thoud, certifié Minergie-P-Eco. Le refroidis- véhicule, mais devra être injecté dans le
sement de l’ensemble du complexe de bâti- réseau de gaz naturel. Une fois dans ce
ments s’effectue via les eaux souterraines, réseau, il peut alors être utilisé dans des
sans aucune machine de froid. Le chauf- couplages chaleur-force, dans l’industrie
fage des bâtiments s’effectue en premier ou dans les transports.
lieu à l’aide des rejets thermiques propres (Source [1]: Energierespekt, Mario Keller)
du bâtiment, et en complément à l’aide
d’une pompe à chaleur à eau souterraine. Electricité renouvelable
L’énergie nucléaire a permis de produire en
Mobilité 2010 24,5 GW d’électricité. Cette électri-
cité nucléaire devra autant que possible
L’efficacité énergétique prioritaire être remplacée par de l’électricité renouve-
Quatre facteurs déterminent la consomma- lable, dès que les installations arriveront en
tion énergétique dans les transports et son fin de vie. L’électricité renouvelable peut
importance vis-à-vis du climat: être produite à partir des agents énergé-
]]La quantité du trafic, c’est-à-dire la de- tiques suivants:
mande de prestations de transport ]]Energie hydraulique
]]La part des différents moyens de trans- ]]Energie solaire
port (transports publics, TIM, mobilité ]]Energie éolienne
douce) sur la demande totale ]]Biomasse
]]Le mix des différentes technologies de ]]Géothermie
motorisation (moteur à combustion, mo-
teur électrique etc.) dans les moyens de Energie hydraulique
transport Aujourd’hui comme demain, l’énergie hy-
]]L’intensité des différents carburants en draulique est et restera le pilier de la pro-
termes de CO2 duction d’électricité Suisse. La quantité de
Le tableau 6 illustre la consommation fi- production annuelle moyenne issue des
nale d’énergie actuelle et future documen- 557 installations de plus de 300 kW s’élève
tée par M. Keller dans [1]. à presque 36 GWh par an (source: Office
fédéral de l’énergie). La Confédération
Energies renouvelables dans le do- souhaite à l’avenir promouvoir encore da-
maine de la mobilité vantage l’utilisation de l’énergie hydrau-
Quel sera demain le rôle des énergies re- lique par différentes mesures. Les centrales
nouvelables dans le domaine de la mobi- existantes doivent être rénovées et aména-
lité? Il est pour l’instant difficile de ré- gées en prenant en compte les exigences
pondre à cette question. Il faut tout écologiques, afin d’exploiter ainsi le poten-
d’abord exclure les matières premières re- tiel réalisable. Pour ce faire, on dispose
nouvelables utilisées spécifiquement à des d’instruments tels que la rétribution à prix
fins énergétiques, qui pourraient nuire à la coûtant du courant injecté pour les cen-
production de denrées alimentaires et à trales hydrauliques jusqu’à une puissance
une agriculture respectueuse de l’environ- de 10 MW, ainsi que les mesures prévues
nement. Il reste donc pour l’essentiel le dans le plan d’action «Energies renouve-
14
L’approvisionnement énergétique de demain

lables» visant à promouvoir l’utilisation de d’électricité sur le marché européen, due


l’énergie hydraulique. L’objectif quantitatif notamment à la forte augmentation de la
d’ici 2030 est une augmentation des prévi- production éolienne et solaire.
sions de productions moyennes, par des
transformations et des constructions nou- Photovoltaïque
velles, d’au moins 2000 GWh par rapport à L’électricité produite par les centrales pho-
la situation de l’année 2000 (source: Office tovoltaïques présente certes actuellement
fédéral de l’énergie). Prognos mentionne encore les prix de revient les plus élevés de
un potentiel d’énergie hydraulique supplé- toutes les nouvelles énergies renouve-
mentaire, selon les scénarios, de 5 à 8 lables. Cependant, ces coûts ont baissé au
TWh/an, selon [6]. L’énergie hydraulique cours des dernières années et se situent
joue un rôle décisif non seulement dans la aujourd’hui, selon la taille de l’installation,
mesure où elle doit contribuer à la majeure le type d’intégration, le taux d’intérêt du
partie de la production d’électricité future, capital et la durée d’utilisation, entre 25 et
mais également parce que, grâce aux cen- 45 ct./kWh, pour une commune du Pla-
trales d’accumulation, elle est primordiale teau suisse [11].
pour la stabilisation du réseau électrique à Pour estimer le potentiel de ce secteur, on
l’échelle journalière et annuelle. En effet, dispose de différentes sources. Si l’on se li-
l’électricité issue des installations solaires et mite aux surfaces appropriées sur les bâti-
éoliennes est irrégulière, l’énergie solaire ments et les installations d’infrastructure,
étant principalement produite pendant la les potentiels se situent entre 8 et 18 TWh/
saison d’été; les excédents doivent donc an [8, 9]. Si l’on se base sur les surfaces de
être transférés dans la saison d’hiver. Tou- toit et de façade appropriées, le potentiel a
tefois, l’aménagement des centrales hy- été estimé en 2002 à 18 TWh/an [10]. Ce
drauliques ne laisse pas indifférentes les potentiel a augmenté depuis 2002 en rai-
organisations de protection de la nature et son du rendement accru des installations et
du paysage, et l’on peut craindre d’innom- continuera à augmenter grâce aux dévelop-
brables oppositions aux projets d’aména- pements techniques. En outre, d’autres sur-
gement. Tout récemment, la rentabilité de faces appropriées sont disponibles en plus
nouvelles centrales hydrauliques et des des surfaces de toit et de façade, et le
aménagements de centrales existantes nombre de surfaces sur les bâtiments conti-
s’est en outre dégradée, en raison de la nuera à augmenter avec les nouvelles
surabondance momentanée des offres constructions. Finalement, le potentiel à

TWh
33,3
Potentiel théorique
27,8
Potentiel de production
nette écologique
22,2
Utilisation 2005
16,7

11,1

5,6

0
Bois Plantes Prairies Résidus de Biomasse très Vieux bois, Déchets
énergétiques récoltes, diversifiée résidus de bois biogènes
engrais de ferme
Total
Illustration 10: Po- Potentiel théorique 93 TWh
Potentiel de production nette écologique 35 TWh
tentiel de biomasse
Utilisation 2005 15 TWh
de la Suisse [12].
15
Energies renouvelables

Bilan énergétique final en 2010 et 2060 (cons. d’énergie nationale en TWh/an)


Usage
Agents énergétiques fossiles 2010 2060
Chauffage 73,9 2,5
Chaleur de processus 14,2 2,0
Mobilité 59,7 12,9
Autres 1,0 0,0
Total des agents énergétiques fossiles 148,8 17,4
Agents énergétiques renouvelables et déchets 2010 2060
Chauffage et production d’eau chaude 16,7 34,5
Chaleur de processus 5,2 17,3
Mobilité 0,1 2,0
Autres 0,3 0,0
Total des agents énergétiques renouvelables et déchets 22,3 53,8
Electricité 2010 2060
Chauffage, production d’eau chaude, aération douce 8,9 6,4
Chaleur de processus industrielle 6,5 6,5
Moteurs, processus, appareils, éclairage, climatisation, informatique, 37,3 29,8
chaleur de processus, habitation, services
Mobilité 3,2 14,5
Autres 3,3 3,3
Total de l’électricité 59,8 60,5
Consommation d’énergie nationale 230,9 131,7
Autres carburants, non consommés dans le pays 22,4 0,0
Cons. finale d’énergie selon la statistique globale suisse de l’énergie 253,2 131,7
Différence 0,1
Agents énergétiques Tableau 7: Consom-
Combustibles et carburants fossiles 2010 2060 mation finale
Pétrole 114,9 10,0 d’énergie selon
Gaz 32,1 7,4 l’utilisation (en
Charbon 1,3 0,0 haut) et selon les
Autres carburants, non consommés dans le pays 22,4 0,0 agents énergé-
Total des combustibles et carburants fossiles 170,7 17,4 tiques (en bas), res-
Combustibles et carburants renouvelables 2010 2060 pectivement pour
Bois et biomasse 11,2 18,8 2010 et 2060. Va-
Energie solaire thermique 0,5 3,0 leurs de 2010 selon
Chaleur environnementale 3,0 22,0 [2] et [3]; les valeurs
Autres (chauffage à distance, déchets etc.) 7,6 10,0 de 2060 se basent
Total des agents énergétiques renouvelables 22,3 53,8 sur des explications
Production d’électricité 2010 2060 dans [1]. Les faibles
Energie hydraulique 37,5 40,5 différences dans la
structure du bilan
Photovoltaïque 0,1 14,0
de consommation
Energie éolienne 0,0 4,0
reposent sur le fait
Centrales thermiques non renouvelables 2,3 4,0
que les bilans éner-
Centrales thermiques renouvelables 1,2 5,0
gétiques finaux of-
Energie nucléaire 25,2 0,0
ficiels selon l’utilisa-
Import 0,5 0,0
tion et la statistique
Consommation propre du secteur de l’énergie –7,0 –7,0
globale suisse de
Total de la production d’électricité 59,8 60,5 l’énergie ne coïn-
Consommation finale d’énergie 252,8 131,7 cident pas totale-
Cons. finale d’énergie selon la statistique globale suisse de l’énergie 253,2 131,7 ment.
16
L’approvisionnement énergétique de demain

long terme augmentera pour atteindre net- des CCF, puisque c’est là que les rende-
tement plus de 20 TWh/an. Avec une pro- ments sont les plus élevés et qu’il s’agit de
portion importante de courant photovol- la seule énergie renouvelable permettant
taïque dans le réseau électrique suisse, il aujourd’hui de mettre à disposition une
sera nécessaire de réaliser des investisse- chaleur de processus supérieure à 80 °C (la
ments pour l’équilibrage jour-nuit et l’équi- chaleur environnementale ne le permet
librage été-hiver. Dans le cas de l’équili- pas) à un coût raisonnable (par rapport à la
brage jour-nuit, les productions d’eau chaleur de processus solaire très coûteuse).
chaude et de froid climatique peuvent
s’avérer des atouts majeurs, car ces produc- Sources
tions s’effectuent surtout aux heures de [1] Energierespekt: Rainer Bacher, Armin
faible charge. De même, la charge des bat- Binz, Hanspeter Eicher, Rolf Iten, Mario
teries des véhicules électriques peut servir à Keller. Faktor Verlag AG, Zurich 2014
lisser le profil journalier. [2] Statistique globale suisse de l’énergie:
Office fédéral de l’énergie
Energie éolienne [3] Verwendungszwecke: Analyse des
La Suisse n’est pas un très bon producteur schweizerischen Energieverbrauchs 2000
d’énergie éolienne. De plus, les meilleurs – 2010 nach Verwendungszwecken, Pro-
sites se situent soit dans des endroits isolés gnos, Basics, INFRAS, TEP, octobre 2011
et peu accessibles dans les Alpes, soit dans [4] Statistique suisse des énergies renouve-
des régions sensibles au plan de la protec- lables: U. Kaufmann, Dr. Eicher + Pauli AG
tion de la nature et du paysage. Malgré sur mandat de l’OFEN
tout, il existe des sites appropriés et le po- [5] Thermische Stromproduktion inklusive
tentiel, selon le concept suisse pour l’éner- WKK in der Schweiz, Dr. Eicher + Pauli AG,
gie éolienne, s’élèverait à long terme à 4 2010 sur mandat de l’OFEN, 2011
TWh. La mise en œuvre est toutefois très [6] Energieperspektiven für die Schweiz bis
difficile, car les organismes de protection 2050: Prognos sur mandat de l’OFEN, 2012
du paysage saisissent le Tribunal fédéral [7] Potenziale zur energetischen Nutzung
pour pratiquement tous les sites, afin d’em- von Biomasse in der Schweiz: INFRAS sur
pêcher la construction des installations. mandat de l’OFEN, 2004
[8] Akademie der Technischen Wissenschaft:
Biomasse Zukunft Stromversorgung Schweiz, 2012
Le potentiel utilisable à long terme sur le [9] Trialogue Energie Suisse: stratégie éner-
plan énergétique, en prenant en compte gétique 2050, rapport de base
les aspects écologiques, s’élève, selon [12], [10] NET Nowak Energie & Technolgie AG:
à 35 TWh. Selon [13], on a utilisé en 2010 Potential for Building Integrated Photovol-
15,5 TWh/an, soit 45 % de ce potentiel. taics, 2002
Selon les perspectives énergétiques 2035 [11] NET Nowak Energie & Technolgie AG:
de l’OFEN, le potentiel de développement Photovoltaik (PV) Anlagekosten 2012 in
écologique de la production d’électricité à der Schweiz, 2012
partir de biomasse se situe entre 3,2 TWh [12] Potenziale zur energetischen Nutzung
et 4,2 TWh, un tiers du potentiel de bio- von Biomasse in der Schweiz, INFRAS, et
masse étant utilisé pour la production al., 2004
d’électricité (OFEN 2007). Une estimation [13] Schweizerische Statistik der erneuer-
correspondante du Trialogue énergie baren Energien, Dr. Eicher + Pauli AG, 2010
Suisse (ETS 2009) se situe à 5 TWh. La pro- [14] Langfristige Perspektiven für erneuer-
duction d’électricité et de chaleur à partir bare und energieeffiziente Fernwärme,
de biomasse fait concurrence à la produc- eine GIS Analyse. Etude par Dr. Eicher +
tion de chaleur de processus et à la trans- Pauli AG sur mandat de l’Association suisse
formation en carburant liquide ou gazeux. du chauffage à distance et de l’OFEN, 2013
La priorité est donnée à la production de
chaleur de processus et à l’utilisation dans
Chapitre 2

Choix du système

Hanspeter Eicher Pour choisir un système, on établit des cri- peut être utilisé de la façon la plus com-
tères permettant de sélectionner un agent plète possible.
énergétique renouvelable parmi d’autres, ]]Les installations réalisées sont les plus
lorsque plusieurs agents énergétiques sont simples possibles sur le plan technique,
disponibles sur un même site. fonctionnent de façon optimale et néces-
Dans le cas de la production d’électricité, il sitent peu d’entretien.
convient de se demander quel potentiel
présentent les différentes énergies renou- Critères relatifs à la rentabilité
velables, à quel prix de revient celles-ci Si, sur un site donné, on dispose de plu-
peuvent être utilisées, et quels sont les sieurs agents énergétiques renouvelables
obstacles auxquels il faudra faire face lors et qu’aucun critère relatif au site ou critère
de la réalisation des installations corres- de qualité énergétique ne s’oppose ferme-
pondantes. Il n’y a dans ce cas quasiment ment à leur utilisation, le choix doit se ba-
aucune concurrence entre les différents ser sur le critère de la meilleure rentabilité
sites, donc aucune liberté dans le choix du en termes de coût du cycle de vie. Afin que
système. En effet, les centrales éoliennes cet objectif de rentabilité d’exploitation
ne sont pas bâties sur le toit des maisons n’induise pas des coûts trop importants, le
et les installations photovoltaïques ne sont législateur doit internaliser les coûts ex-
(espérons-le) pas construites dans les prés. ternes de l’utilisation de l’énergie dans les
Les centrales hydrauliques ne peuvent être prix des agents énergétiques par le biais
réalisées que là où l’on trouve de l’eau et d’une taxe d’incitation.
leur emplacement ne risque pas d’être re-
vendiqué pour la construction de centrales Critères relatifs au site
éoliennes ou d’installations photovol- Il s’agit là de déterminer s’il existe des cri-
taïques. tères qui facilitent le choix d’un agent éner-
Il en va tout autrement de la chaleur desti- gétique dans le cas où, sur un site donné,
née au chauffage, à la production d’eau on dispose de plus d’un agent énergétique.
chaude et aux processus. Sur ce plan, il Etant donné que toutes les énergies renou-
existe non seulement une concurrence de velables ne sont pas disponibles en quan-
site entre les énergies renouvelables desti- tité inépuisable, il s’agit en priorité, en plus
nées à la simple production de chaleur, des considérations de rentabilité, de choisir
mais également une concurrence avec les l’agent énergétique renouvelable qui est lié
installations de production combinée de au site et ne peut pas être utilisé dans
chaleur et d’électricité à partir d’énergies d’autres objets. Les agents énergétiques
renouvelables. Exemple: la concurrence ayant la priorité absolue vis-à-vis du site
entre les surfaces de production d’énergie sont les suivants:
solaire thermique et photovoltaïque vis-à- ]]Rejets thermiques d’installations pré-
vis de la place disponible sur le toit d’un sentes sur le site (industrie, UIOM, STEP)
bâtiment. En présence de ce type de ]]Chaleur environnementale et froid envi-
concurrence de site, il est intéressant de ronnemental issus de sondes géother-
s’aider de critères pour effectuer son choix. miques, d’eaux souterraines et d’eaux de
surface
Critères de choix d’un système ]]Chaleur issue d’installations de géother-
Les critères doivent permettre de garantir mie profonde
que: ]]Chaleur issue du bois et de la biomasse
]]En premier lieu, l’énergie renouvelable est ]]Chaleur environnementale et froid envi-
utilisée avec la meilleure rentabilité possible. ronnemental issus de l’air et de la chaleur
]]Le potentiel des énergies renouvelables solaire
18
Choix du système

Critères relatifs à la qualité énergé- Un choix sans équivoque


tique Dans de nombreux cas, ces critères
La qualité énergétique se mesure à une conduisent rapidement à des résultats
utilisation la plus complète possible des clairs dans le choix de l’agent énergétique
agents énergétiques renouvelables dispo- approprié pour un site donné. Toutefois,
nibles et des rejets thermiques, dans le sens aujourd’hui, les conditions économiques
d’une production combinée d’électricité, ne permettent pas de garantir que l’agent
de chaleur et de froid. Cela implique les énergétique optimal sur le plan énergé-
critères suivants (l’énumération ne suite tique est également le meilleur sur le plan
aucun ordre de priorité): économique. C’est pourquoi, notamment
]]Pour la chaleur basse température dans les cas où deux ou plusieurs des
(chauffage et production d’eau chaude), agents énergétiques renouvelables sont
utiliser dans la mesure du possible des possibles, c’est souvent le critère de la ren-
énergies à faible valeur (chaleur environne- tabilité qui prime. C’est là que la politique
mentale et rejets thermiques présentant de énergétique doit fixer des conditions ap-
basses températures). propriées, afin que les objectifs écono-
]]Génération de chaleur de processus à miques et de rentabilité d’exploitation
l’aide de biomasse, d’énergie solaire ou de coïncident.
rejets thermiques à haute valeur.
]]Production combinée de chaleur et Individuel ou en réseau?
d’électricité (couplage chaleur-force à Le besoin en chaleur et en froid devrait à
l’aide d’énergies renouvelables). plus long terme être essentiellement cou-
]]Production combinée de chaleur et de vert par des énergies renouvelables.
froid à l’aide d’eaux de surface, d’eaux Lorsque l’approvisionnement d’un bâti-
souterraines et de sondes géothermiques. ment individuel en chaleur et en froid re-
nouvelables est possible de façon écono-
Critères relatifs à la complexité mique et avec un degré de couverture
Les critères relatifs à la complexité ont une élevé, on privilégie, pour des raisons de
importance non négligeable. Les systèmes simplicité, un approvisionnement indivi-
simples, dans la mesure du possible mono- duel du bâtiment. Toutefois, dans les ré-
valents (fonctionnant avec un seul agent gions à forte densité de population no-
énergétique), sont à préférer aux systèmes tamment, il est souvent impossible de
bivalents plus complexes. Ils induisent des chauffer et de refroidir tous les bâtiments
coûts de maintenance et d’entretien plus individuellement avec des énergies renou-
bas et garantissent un fonctionnement velables car, par exemple, on manque de
optimal pour une surveillance nettement place pour les sondes géothermiques ou
moindre. Cela s’applique en particulier aux que les eaux souterraines ne sont utili-
installations individuelles destinées au sables que dans une partie de la zone.
chauffage des bâtiments et à la production L’utilisation de sources de chaleur et de
d’eau chaude. Les grandes installations froid renouvelables intéressantes, telles
dédiées à la génération de chaleur de pro- que par exemple les eaux souterraines et
cessus et à l’approvisionnement en chauf- les eaux des lacs, les rejets thermiques de
fage de proximité sont, pour des raisons l’incinération des ordures ménagères, des
de rentabilité, toujours des systèmes biva- usines de production et des installations
lents dans lesquels outre l’agent énergé- de traitement des eaux usées etc., n’est en
tique renouvelable, on utilise également outre possible de manière économique
un agent énergétique fossile pouvant être que dans des installations centrales suffi-
stocké pour la couverture des besoins de samment grandes.
pointe et la garantie de la redondance. La Dans ces régions, on utilise ainsi à bon
part fossile ne doit pas dépasser 10 à 15 % escient des systèmes en réseau pour la
de la consommation d’énergie totale. production de chaleur et de froid renouve-
lables. Des analyses récentes montrent
19
Energies renouvelables

que même avec une diminution à long tèmes de pompes à chaleur s’imposeront
terme du besoin en chaleur de 50 %, plus de plus en plus à l’avenir et deviendront à
d’un tiers du besoin de toute la Suisse en long terme le système dominant dans les
chauffage et en eau chaude continuera à objets individuels de toutes tailles.
se situer dans des régions présentant une
densité de consommation suffisamment Energie solaire
élevée pour permettre la réalisation de sys- La principale utilisation de l’énergie solaire
tèmes interconnectés. à des fins de chauffage est l’utilisation pas-
sive du rayonnement solaire à travers des
Objets individuels éléments de construction transparents
Dans les bâtiments individuels, on ne se d’un bâtiment. Cela permet de couvrir une
contente plus de garantir l’approvisionne- part importante du besoin en chaleur de
ment en chaleur et en froid, mais on s’ef- chauffage. Celle-ci augmentera encore
force de plus en plus de produire égale- nettement dans l’avenir grâce à l’utilisation
ment de l’électricité au moyen d’installa- de meilleures fenêtres et à la réduction des
tions photovoltaïques installées sur les déperditions thermiques des parties
toits, et à plus long terme également sur opaques de l’enveloppe du bâtiment.
les façades. Dans les constructions nou- Dans la plupart des cas, il n’est pas intéres-
velles, les pompes à chaleur dédiées au sant de combiner des capteurs solaires
chauffage et à la production d’eau chaude, thermiques à des pompes à chaleur et ce,
fonctionnant dans une plage de puissance pour deux raisons. Premièrement, l’installa-
jusqu’à 20 kW, sont aujourd’hui déjà de tion globale est plus complexe et plus
très loin les systèmes de chauffage les plus chère, car il faut relier entre elles deux ins-
fréquemment utilisés. Les bâtiments exis- tallations différentes. Deuxièmement, la
tants présentent quant à eux, après un combinaison d’une installation photovol-
assainissement énergétique, des tempéra- taïque hautement efficace à une pompe à
tures de départ du chauffage inférieures à chaleur est aujourd’hui déjà plus efficace
40 °C, et sont donc appropriés à l’utilisa- sur le plan énergétique. Toutefois, il
tion de pompes à chaleur. Aujourd’hui convient également de préciser que les ins-
déjà, les bonnes installations de pompes à tallations photovoltaïques injectent en été
chaleur pour le chauffage et la production dans le réseau électrique les excédents pro-
d’eau chaude présentent des coefficients duits et reportent ainsi sur l’exploitant du
de performance annuels de 3,0 (air envi- réseau le problème du stockage, problème
ronnant), 4,0 (géothermie) et 5,0 (eaux que l’on sait néanmoins résoudre de façon Illustration 11: Im-
souterraines). Toutefois, à l’inverse des relativement économique en Suisse grâce meuble d’habita-
chaudières, les pompes à chaleur dis- aux centrales de pompage-turbinage. L’in- tion Burgunder à
Berne (Dr. Eicher +
posent encore d’un potentiel d’améliora- convénient des installations solaires ther-
Pauli AG).
tion important.

Chauffage et refroidissement
A cela s’ajoute le fait qu’une pompe à cha-
leur est en même temps une machine de
froid et que les objets ayant un besoin en
froid climatique peuvent être refroidis avec
la même installation, pour un investisse-
ment supplémentaire très faible. En cas
d’utilisation de sondes géothermiques ou
d’eaux souterraines en tant que source de
chaleur, une grande partie du froid clima-
tique peut en outre être produit directe-
ment de façon passive, c’est-à-dire sans
machine de froid. C’est pourquoi les sys-
20
Choix du système

miques monovalentes réside dans le fait sure le chauffage et la production d’eau


que pour des raisons climatiques, il est im- chaude. En été, les sondes géothermiques
possible chez nous d’atteindre, à prix rai- servent, par l’intermédiaire du chauffage
sonnable, une couverture de 100 % du au sol, au refroidissement doux des locaux,
besoin en chaleur et que dans les objets ce qui permet de recharger en énergie le
existants, il n’y a généralement pas de sol exploité. La température de l’eau
place pour l’intégration d’un accumulateur chaude au niveau des points de soutirage
annuel. Dans les nouvelles maisons fami- dans les appartements s’élève au mini-
liales, ces inconvénients sont moins impor- mum à 45 °C et le problème de la légionel-
tants et l’utilisation de «chauffages 100 % lose a pu être résolu par un circuit hydrau-
solaires» est ainsi une alternative possible, lique spécial.
en combinaison avec une simple couver-
ture des besoins de pointe avec du bois Bâtiments de service
(fourneaux). Grâce à la réaffectation, réalisée par alb
Cependant, pour des raisons exergétiques, Architekten, d’un ancien bâtiment de
le bois devra disparaître du domaine de la stockage sur la Fellerstrasse, l’Office fédé-
chaleur de confort à moyen ou long terme, ral des constructions et de la logistique
et être utilisé en priorité pour la chaleur de (OFCL) a pu implanter son nouveau siège
processus ou le couplage chaleur-force. dans un immeuble administratif certifié
Minergie (illustr. 12). Le grand hall vitré
Bâtiments d’habitation ouvert (atrium), découpé dans le complexe
La société BSR Architekten SIA AG a planifié de bâtiments existants sur les six étages, Illustration 13:
et réalisé pour la société npg, SA pour une fut un véritable défi pour l’équipe de pla- Construction de
construction durable à Berne, les immeubles nification. Pour le chauffage et le refroidis- l’Institut de patho-
logie et de méde-
d’habitation du quartier Burgunder (illustr. sement, des serpentins ont été intégrés
cine légale de l’hô-
11). L’objectif du projet était de proposer dans le revêtement de sol. Ce système de
pital cantonal de St-
non seulement une haute qualité énergé- chauffage et de refroidissement écono-
Gall. Refroidisse-
tique et d’habitation, mais aussi de réaliser mique offre un confort optimal grâce aux ment passif par
un concept sans voiture dans le voisinage faibles différences de température. Du champ de sondes
d’une station de RER. Pour répondre aux point de vue énergétique, le bâtiment est géothermiques;
exigences élevées des planificateurs, les également à la hauteur de son rôle de chauffage au
Illustration 12: Le bâtiments ont été construits selon le stan- modèle. Le refroidissement s’effectue par moyen de la chaleur
siège certifié Miner- dard Minergie-P-Eco. les eaux souterraines, sans utiliser aucune rejetée du centre de
gie de l’Office fédé- Pour des raisons techniques et écono- installation mécanique de froid. Pour la données et d’une
ral des construc- miques, le choix s’est porté sur la géother- génération de chaleur, on utilise les rejets pompe à chaleur à
tions et de la logis- mie. Dix sondes d’une longueur de 150 m thermiques provenant du centre de don- sondes géother-
tique (Marco miques (Helen Bi-
ont été forées, et la pompe à chaleur as- nées voisin.
Schibig). net).
21
Energies renouvelables

Laboratoires et hôpitaux Systèmes interconnectés


En juin 2011 a été inauguré le nouvel Ins- ]]Chaleur rejetée issue des eaux usées:
titut de pathologie et de médecine légale Depuis fin 2011, on utilise à Lucerne de
de l’hôpital cantonal de St-Gall, planifié l’énergie issue des eaux usées à des fins de
par Silvia Gmür Reto Gmür Architekten chauffage. Le bâtiment de la Kasernenplatz
(illustr. 13). Ce laboratoire ultramoderne et les propriétés adjacentes peuvent être
allie des exigences de convivialité, d’écolo- alimentés de façon neutre en CO2 par la
gie et de fonctionnalité et a été le premier chaleur rejetée provenant de la canalisa-
laboratoire en Suisse à obtenir la certifica- tion d’eaux usées d’Hirschengraben (illustr.
tion Minergie-Eco. Pour l’approvisionne- 14). Grâce au volume d’eau constant, la
ment en chaleur et en froid de cette nou- canalisation d’Hirschengraben présente
velle construction pionnière, on a utilisé 13 même les jours les plus froids une tempéra-
sondes géothermiques d’une longueur de ture relativement élevée des eaux usées.
200 m. Cela a permis de renoncer presque Dans la centrale de chauffe, le niveau de
totalement à une génération active de température est élevé à env. 65 °C.
froid. Grâce au système de dalles actives La nouvelle centrale de chauffe d’Hirschen-
(TABS), de très basses températures de graben, réalisée par ewl (Energie Wasser
départ sont nécessaires pour la régulation Luzern), remplace quatre centrales de
de la température dans le complexe de chauffe au mazout existantes. La pompe à
bâtiments, ce qui permet d’obtenir une chaleur à eaux usées produit annuelle-
efficacité maximale des pompes à chaleur. ment env. 2200 MWh pour le chauffage et
La régulation fine des températures dans la production d’eau chaude. Chaque an-
les salles de laboratoire s’effectue par le née, ce sont donc 130 000 litres de mazout
biais d’un système de refroidissement qui sont substitués, ce qui représente une
souple séparé. économie de plus de 300 tonnes de CO2
Le système de ventilation répond aux par an.
toutes dernières exigences en termes d’hy- ]]Chaleur et froids issus de la chaleur
giène et régule la quantité d’air individuel- rejetée: Le froid est produit à partir de la
lement pour chaque laboratoire, en fonc- chaleur rejetée du bâtiment voisin. La
tion de la teneur en CO2 ou de la tempéra- «Stücki IWB’Powerbox» réalisée par les ser-
ture ambiante. La récupération de chaleur vices industriels de Bâle (Industrielle Werke
Illustration 14: Ca- à partir de la ventilation et des salles de Basel – IWB) fait le lien entre l’excédent de
nalisation d’eaux serveurs garantit une utilisation optimale chaleur rejetée des infrastructures exis-
usées d’Hirschen- des ressources énergétiques disponibles. tantes et les consommateurs d’énergie. Sur Illustration 15:
graben avec échan- le plan énergétique, le concept est nova- Chauffage à vieux
geurs de chaleur teur. L’IWB fournit, dans le cadre de services bois et résidus de
dans la rigole bois à Spiez (Dr. Ei-
de contracting, la chaleur et le froid néces-
d’eaux usées (ewl). cher + Pauli AG).
22
Choix du système

saires au centre commercial planifié par Energie AG s’est vue décerner le Watt d’or
Diener & Diener Architekten, à l’hôtel ratta- par l’Office fédéral de l’énergie pour cette
ché ainsi qu’au Stücki Business Park voisin. installation, conjointement avec Eicher +
La chaleur rejetée provenant de l’exploita- Pauli.
tion d’infrastructures voisines est utilisée
pour la production de froid, au moyen
d’une installation frigorifique à absorption.
L’approvisionnement en chaleur s’effectue
à l’aide de chaleur rejetée directement utili-
sable. Il s’agit de la plus grande installation
de ce type en Suisse, dotée d’une puissance
frigorifique de 7450 kilowatts et d’une
puissance thermique de 8000 kilowatts, ce
qui correspond aux besoins d’env. 2000
nouvelles maisons familiales. L’IWB, en tant
qu’entreprise, et Eicher + Pauli en tant que
planificateurs, se sont vus décerner pour
cette performance le Watt d’Or par l’Office
fédéral de l’énergie.

Vapeur industrielle issue de résidus


de bois
Oberland Energie AG, une société com-
mune d’AVAG et de FMB, a construit à
Spiez un centre de biomasse (illustr. 15).
Ce système de recyclage intelligent se
compose d’une installation de fermenta-
tion, d’une usine de compostage et d’un
chauffage utilisant du vieux bois et des
résidus de bois. Ce chauffage à bois four-
nit de la vapeur à la société voisine Nitro-
chemie AG, qui peut ainsi quasiment se
passer de combustibles fossiles. La vapeur
neutre en CO2 ainsi générée est achemi-
née via une conduite de vapeur à distance
d’env. 450 m de long jusqu’à la société
Nitrochemie AG, où elle est utilisée pour
les processus de production. Comme com-
bustibles, on utilise des résidus de bois is-
sus de la fermentation, du bois provenant
de l’entretien paysager et du vieux bois.
Le centre ABC de Spiez est en outre égale-
ment consommateur du chauffage à dis-
tance. Il utilise en premier lieu la chaleur
rejetée provenant de du couplage chaleur-
force alimentée en biogaz, et atteint ainsi
une utilisation hautement efficace de
l’énergie à partir du processus de fermen-
tation. Si cette énergie est insuffisante, de
l’énergie est injectée en supplément dans
le réseau à partir du chauffage à vieux bois
et résidus de bois. La société Oberland
Chapitre 3

Chaleur solaire

Matthias Rommel Rayonnement solaire («constante solaire»). Par ciel dégagé, le


Sans l’énergie du soleil, il ne pourrait y rayonnement n’est que peu affaibli par
avoir de vie sur notre planète Terre. A l’aide l’atmosphère terrestre, de sorte que l’on
de capteurs, nous sommes capables de peut mesurer à la surface du globe des in-
convertir directement le rayonnement so- tensités d’environ 1000 W/m². Cela signifie
laire en chaleur, et des modules photovol- également que par une belle journée sans
taïques nous permettent de le transformer nuage en Suisse, l’intensité mesurée est
en courant électrique. Du point de vue de identique à celle relevée à l’Équateur. Dans
la physique, l’énergie du soleil est un les régions très ensoleillées d’Afrique ou
rayonnement électromagnétique dans la dans les pays arabes, le soleil brille certes
plage de longueurs d’onde (λ) comprise plus souvent et plus longtemps, mais pas
entre 300 et 2500 nm (illustr. 16). Nous, plus intensément! Illustration 16: AM0
humains, percevons une partie importante Le rayonnement solaire se compose du désigne le spectre
du spectre solaire, car le domaine du visible rayonnement direct et du rayonnement dif- de rayonnement so-
s’étend dans la plage de longueurs d’onde fus: rayonnement direct + rayonnement dif- laire extraterrestre
entre 400 et 800 nm. La lumière fait ainsi fus = rayonnement global, voir l’illustration mesuré en dehors
de l’atmosphère
partie du spectre solaire. Environ la moitié 17. Le rayonnement direct est un rayonne-
terrestre. AM1.5g
de l’énergie du rayonnement solaire se si- ment orienté (lumière parallèle qui provient
désigne le spectre
tue dans cette plage de longueurs d’onde uniquement de la direction du soleil et qui
du rayonnement
visible. Environ 45 % se trouvent dans la cause l’ombre). Le rayonnement diffus, à global mesuré à la
plage du rayonnement infrarouge proche l’inverse, n’est pas orienté et «provient de surface de la Terre
(800 à 2500 nm) et les 5 % restants se toutes les directions». Lorsque aucun nuage par ciel dégagé,
trouvent dans la plage du rayonnement ne masque le soleil, la part de rayonnement lorsque le soleil se
UV. Le rayonnement solaire est émis dans direct est élevée, sans pour autant atteindre trouve à 41,8 ° au-
l’espace par le soleil, en raison de sa tem- 100 %. La part de rayonnement diffus, qui dessus de l’horizon.
pérature de surface d’env. 5800 K. Etant se forme non seulement par diffusion au Les baisses brutales
donné la distance entre le soleil et la Terre, niveau des nuages, mais survient également (p. ex. autour de
l’intensité du rayonnement solaire s’élève à au niveau d’autres particules de l’atmos- 1400 nm) sont dues
à des processus
1367 W/m² en dehors de l’atmosphère phère (aérosols), s’élève, même par temps
d’absorption et de
diffusion au niveau
Intensité du rayonnement spectral Ee,λ en W/(m2 µm)
de la vapeur d’eau,
UV visible infrarouge du CO2 et d’autres
2500
composants de l’at-
mosphère. La distri-
2000 bution spectrale du
Spectre AM0 rayonnement so-
laire est impor-
1500 tante, lors du déve-
loppement de cap-
teurs, de modules
1000
photovoltaïques et
de fenêtres, pour
Spectre AM1,5g les propriétés op-
500
tiques des absor-
beurs, des réflec-
0 teurs, des vitres en
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 verre et des maté-
riaux semi-conduc-
Longueur d’onde λ en µm
teurs.
24
Chaleur solaire

clair, à env. 10 à 20 % (en présence d’une nent d’utiliser des dispositifs de poursuite
Illustration 17: Le part de rayonnement diffus de 0 %, le ciel pour les capteurs plans ou les modules pho-
rayonnement direct serait noir). Dans les technologies utilisant tovoltaïques. Ceux-ci ne feraient que com-
est le rayonnement l’énergie solaire, il est important de prendre pliquer les systèmes et rendre difficile l’inté-
orienté (lumière pa- en compte le fait que seul le rayonnement gration des capteurs et modules photovol-
rallèle provoquant direct peut être concentré par des miroirs et taïques dans l’enveloppe du bâtiment. De
des ombres); le
des lentilles. Sous nos latitudes, en Europe manière générale, le rayonnement global
rayonnement diffus,
centrale, moins de la moitié de l’énergie annuel sur une surface horizontale s’élève à
à l’inverse, est non
solaire nous parvient sous forme de rayon- env. 1000 à 1200 kWh/m² (illustr. 18 et 19).
orienté et «provient
de toutes les direc-
nement direct. En raison de la part élevée de En altitude, au-dessus de la limite du brouil-
tions». Le rayonne- rayonnement diffus, les capteurs à concen- lard, la somme du rayonnement annuel at-
ment solaire total tration et les systèmes photovoltaïques à teint 1000 à 1600 kWh/m².
qui parvient concentration sont souvent peu intéres-
jusqu’aux récep- sants, car le rayonnement diffus reste inuti- Capteurs solaires
teurs est appelé lisé. Les capteurs plans et modules photo- Les capteurs sont le principal composant
rayonnement glo- voltaïques peuvent quant à eux exploiter la d’une installation solaire thermique. Du
bal. Pour un récep- totalité du rayonnement global. En raison point de vue technique, il est important de
teur horizontal, de la part élevée de rayonnement diffus en différencier les capteurs non recouverts, les
l’égalité suivante
Europe centrale, il n’est pas non plus perti- capteurs plans et les capteurs à tubes sous
s’applique: Rayon-
nement global =
Rayonnement direct
+ Rayonnement dif-
Diffusion
fus.
Réflexion
Illustration 18: Rayonnement direct
Carte du rayonne-
ment global en Rayonnement
Suisse, valeur diffus
moyenne entre
1981 et 2000.
Rayonnement
Somme annuelle du Diffusion et
diffus
réflexion
rayonnement glo-
bal sur une surface
horizontale. De ma-
nière générale, on
peut tabler pour la
majeure partie de la
Suisse sur 1000 à
1200 kWh/(m2 a).
Cela correspond à la
teneur énergétique
d’environ 100 litres
de mazout reçus
chaque année sous
forme de rayonne-
ment sur chaque
mètre carré. Malgré
les variations mé-
téorologiques, la
somme du rayonne-
ment global ne va-
rie que de moins de
10 % d’une année
sur l’autre. © METEOTEST; based on www.meteonorm.com
25
Energies renouvelables

vide (illustr. 20). Ceux-ci convertissent le L’absorbeur a pour tâche de convertir le


rayonnement global total en chaleur. D’un rayonnement solaire incident en chaleur et
autre côté, il existe des capteurs à concen- de transmettre celle-ci, avec peu de déper-
tration tels que, par exemple, les capteurs ditions thermiques, à un fluide qui le tra-
cylindro-paraboliques et les capteurs à mi- verse (dans la pratique un mélange d’env.
roirs de Fresnel, qui convertissent unique- 60 % d’eau et 40 % de propylène glycol, ou
Illustration 19:
ment la part de rayonnement direct mais simplement de l’air pour les capteurs aéro-
Sommes mensuelles
atteignent des températures plus élevées. thermiques). Dans le cas des capteurs plans du rayonnement
La structure de base et les principaux com- et des capteurs à tubes sous vide, on utilise global et diffus sur
posants d’un capteur sont toutefois tou- pour les applications de production d’eau une surface hori-
jours les mêmes. L’illustration 21 présente chaude et de chauffage en Europe centrale zontale pour une
l’exemple d’un capteur plan. quasiment exclusivement des absorbeurs année typique à
dotés de revêtements sélectifs. Les proprié- Rapperswil. Somme
Somme de rayonnement mensuelles en kWh/m2 tés de ces surfaces permettent une absorp- annuelle du rayon-
180 nement global =
Rayonnement global Gh Rayonnement diffus Dh tion très élevée dans la plage de longueurs
kWh/m2 kWh/m2 d’onde du rayonnement solaire (typique- 1104 kWh/m2,
160
rayonnement diffus
ment, α = 0,92 à 0,96). En fonctionnement,
140 = 556 kWh/m2. La
l’absorbeur chauffe et émet lui-même un
part de rayonne-
120
rayonnement infrarouge en fonction de sa
ment diffus s’élève
température. C’est pourquoi la seconde ainsi à 49 %. En hi-
100 propriété du revêtement sélectif est impor- ver, la part de
tante: à la différence d’une simple couleur rayonnement diffus
80
noire, le revêtement possède un degré est même supé-
60 d’émission plus faible pour le rayonnement rieure. En outre, on
infrarouge dans la plage de longueurs peut voir qu’en hi-
40 ver, on ne dispose
d’onde supérieure à 2500 nm. Le degré
20 d’émission des absorbeurs sélectifs est gé- que d’environ un
néralement de l’ordre de ε = 0,05 à 0,10 septième du rayon-
0 nement global esti-
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
(dans le cas d’une couleur noire, il serait
val (pour une sur-
Mois d’env. 0,90). En raison de ce faible degré
face horizontale).
d’émission, les déperditions thermiques de
l’absorbeur sont considérablement réduites.
Valeurs importantes relatives au rayonnement solaire
La tôle d’absorbeur dotée du revêtement
]]Constante solaire: 1367 W/m2 (intensité du rayonnement
sélectif se compose principalement de
solaire en dehors de l’atmosphère terrestre)
cuivre (0,2 mm d’épaisseur) ou d’aluminium
]]Intensité à la surface de la Terre par ciel dégagé:
(0,4 mm). La construction tôle-tube ou Fin-
1000 W/m2 (à Rapperswil comme dans le Sahara)
and-tube représentée dans l’illustration 21
]]Somme journalière du rayonnement global sur une
est fréquemment utilisée. Les tubes d’ab-
journée moyenne en été sur le Plateau suisse:
sorbeur qui conduisent le fluide possèdent
5250  Wh/m2 par jour (horizontal). Cela correspond à un jour
généralement un diamètre de 8 mm et une
normal en moyenne annuelle dans le Sahara.
épaisseur de paroi de 0,5 mm. Ils sont reliés
]]Somme journalière du rayonnement global par une
à la tôle à une distance d’environ 10 cm, par
belle journée d’été sur le Plateau suisse: 6000 à 7000 Wh/m2
des points de soudure au laser ou par ultra-
par jour (horizontal)
sons. Il existe en outre également des
]]Somme annuelle pour le Plateau suisse (horizontal):
constructions d’absorbeur traversées par le
1100 à 1200 kWh/m2 (cela correspond à la teneur énergétique
fluide sur toute leur surface, telles que l’ab-
de 110 litres de mazout!)
sorbeur en acier inoxydable (illustr. 20) ou
]]Somme annuelle pour le Sahara: 2500 kWh/m2 (seule-
l’absorbeur Rollbond en aluminium.
ment environ deux fois la valeur de la Suisse!)
Le recouvrement transparent d’un cap-
]]Puissance continue dans l’année en Suisse (moyennée
teur doit posséder un degré de transmission
sur le jour et la nuit, l’été et l’hiver): 1 200 000 Wh/m2 /
le plus élevé possible dans toute la plage de
8760 h = 137 W/m2
longueurs d’onde du rayonnement solaire.
26
Chaleur solaire

On utilise donc un verre solaire spécial (éga- sa fabrication, posséder une durée de vie
lement appelé «verre blanc» ou «verre élevée et, selon la structure du bâtiment,
pauvre en fer») ayant des degrés de trans- posséder des propriétés mécaniques adé-
mission types de τ = 0,89 à 0,91. L’utilisation quates (rigidité à la torsion).
de revêtements anti-réfléchissants permet Le boîtier ainsi que tous ses éléments
d’obtenir des degrés de transmission encore d’étanchéité doivent remplir de très nom-
plus élevés, entre 0,94 et 0,96. Les verres breuses conditions qui influent de façon
sont thermiquement précontraints, afin de importante sur la durée de vie d’un capteur.
résister à des charges mécaniques (grêle, Bien entendu, il est primordial que le boîtier
charge de vent et charge de neige) et ther- soit étanche à la pluie et soit suffisamment
miques plus élevées que le verre des fe- stable sur le plan mécanique pour résister
nêtres. aux charges du vent, de la neige et de la
L’isolation thermique sur l’arrière peut grêle. Les capteurs doivent atteindre une
être constituée de différents matériaux durée de vie de 25 à 30 ans. Le boîtier doit
(p. ex. laine minérale ou laine de roche, en outre permettre un montage approprié
mousse PUR), l’important étant, outre les sur le toit ou la façade.
propriétés isolantes, le comportement de
l’isolant en termes de dégazage et d’humi- Puissance thermique
dité. Les capteurs plans n’étant pas hermé- La puissance thermique des capteurs est
tiquement étanches, leurs composants ainsi déterminée selon la norme de test des cap-
que leur isolation thermique sont constam- teurs EN12975 (ou ISO 9806) et est décrite
ment en contact avec l’air environnant et par cinq paramètres: η0, a1 et a2, IAM, Cc.
son hygrométrie variable. En outre, le cap- ]]La caractéristique de rendement, avec les
teur doit être capable de résister aux varia- paramètres η0, a1 et a2 décrit le rendement
tions de température, être maniable lors de pour un rayonnement perpendiculaire au

Illustration 20:
Capteurs non vitrés Capteurs plans Capteurs à tubes sous vide
­Formes de capteurs

Absorbeur synthétique Capteur plan Capteur à tubes sous vide «Heat pipe» ou «caloduc»

Absorbeur sélectif en acier inoxydable Capteur plan sous vide (avec entretoises) Capteur à tubes sous vide avec absorbeur plan

Illustration 21:
­Capteur plan
1 Châssis
Capteur aérothermique Capteur à tubes sous vide à circulation directe selon le
2 Joint principe de la bouteille thermos (avec réflecteur CPC)
3 Recouvrement
transparent
4 Cadre, profilé
latéral 1 2
5 Isolation 3
thermique
6
6 Absorbeur sélectif
7
7 Canal de liquide
4 5
8 Rainure de
fixation
8 9
9 Paroi arrière
27
Energies renouvelables

capteur: η = η0 – (a1 + a2 · ΔT) · ΔT/I, avec rayonnement global de 800 W/m². Au


ΔT = TFluide – TAir environnant et I = rayonnement point d’intersection des caractéristiques de
global dans le plan du capteur. rendement avec l’axe x, on peut lire la tem-
]]Le facteur de correction de l’angle d’in- pérature maximale que peut atteindre le
cidence IAM (IAM = Incidence Angle Mo- capteur en présence de ce rayonnement
difier) décrit la façon dont le rendement incident. Par exemple, elle est de ΔT =
varie lorsque le rayonnement n’est pas 125 °C pour le capteur plan sélectif. Si l’on
perpendiculaire mais oblique par rapport ajoute une température estimée de l’air
au capteur. environnant de 25 °C, on obtient la tempé-
]]La capacité thermique du capteur Cc rature maximale possible de 150 °C (pour le
prend en compte l’inertie avec laquelle le rayonnement incident de 800 W/m² sur le-
capteur se réchauffe. quel se base le graphique). Toutefois, dans
ces conditions, le rendement est égal à
L’illustration 22 représente les paramètres zéro, c’est-à-dire que le capteur ne fournit
types et les caractéristiques de rendement aucune énergie utile. Cependant, si, dans
de différents capteurs. Le rendement (η = les mêmes conditions météorologiques, le
Output / Input) indique l’efficacité avec la- capteur est utilisé pour la production d’eau
quelle l’énergie du rayonnement solaire (= chaude, c’est-à-dire par exemple à des
Input) est convertie par le capteur en éner- températures de fluide de capteur de 60 °C,
gie thermique, c’est-à-dire en fluide chauffé alors ΔT = 60 °C – 25 °C = 35 °C ce qui
(= Output). Plus la température du capteur donne, selon la caractéristique de l’illustra-
est élevée, plus les déperditions thermiques tion 22, un rendement de 62 %. Le capteur
de l’absorbeur au niveau de l’air environ- chauffe donc le fluide avec un rendement
nant sont importantes et plus le rendement de 496 W/m²: Output = η · Input = 0,62 ·
est faible. Le graphique se rapporte à un 800 W/m2 = 496 Watt par m2 de surface de

Rendement η
1

0,9

0,8

0,7

0,6

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

0
0 50 100 150 200 250

Absorbeur non vitré Capteur à tubes sous vide 1


(non sélectif)
Capteur plan Capteur à tubes sous vide 2
(sélectif)
Absorbeur non vitré
Illustration 22:
(sélectif)
Capteur plan Caractéristiques de
(non sélectif) rendement typiques
TFluide de capteur - TAir ambiant en °C de différentes struc-
tures de capteurs.
28
Chaleur solaire

Illustration 23: Capteur plan. capteurs. Le capteur possède son rende-


Illustration 24: Capteur sélectif non recouvert pour le préchauf- ment maximal lorsque le fluide est à la
fage de l’eau chaude (Energie Solaire S.A.). même température que l’air environnant.
Illustration 25: Capteur à tubes sous vide installé sur la façade
Dans ce cas, les déperditions thermiques
(Université de Stuttgart).
sont nulles et le capteur plan possède un
Illustration 26: Capteur de piscine (Roos GmbH).
rendement de 80 %. Les brochures des en-
treprises mentionnent souvent la puissance
maximale de 1000 W/m². Si l’on considère
que le capteur plan possède une surface de
2,35 m², on trouve dans ce cas dans la bro-
chure l’indication: Puissance du capteur =
1880 W (= 1000 W/m2 · 0,8 · 2,35 m2 =
1880 W).

Tests de fonctionnement et
durabilité
Pour évaluer les capteurs disponibles sur le
marché, il est important de prendre en
compte, outre la puissance thermique, éga-
lement la qualité du produit. En d’autres
termes, les capteurs doivent répondre à des
exigences de durabilité, de facilité de mon-
tage et de fiabilité, et proposer de bons rap-
ports prix-prestation. Toutes les installations
énergétiques régénératives doivent garantir
un fonctionnement fiable pour une durée
de vie élevée. C’est pourquoi les capteurs
doivent être soumis à des contrôles impor-
tants selon EN12975, afin d’obtenir le label
de qualité Solar Keymark qui, en Suisse
comme dans de plus en plus d’autres pays,
est exigé par les autorités comme condition
d’obtention de subventions:
]]Contrôle de la pression intérieure de l’ab-
sorbeur
]]Tests de résistance aux hautes tempéra-
tures
]]Test d’exposition
]]Variation de température extérieure rapide
]]Variation de température intérieure rapide
]]Etanchéité à l’eau de pluie
]]Sollicitations mécaniques (résistance aux
chocs, à la grêle, aux charges de neige et de
vent)
]]Résistance au gel
]]Test de température d’arrêt

Pour les bons capteurs, on peut tabler, sur


la base du test de qualité, sur une durée de
vie de l’ordre de 25 à 30 ans. Les illustra-
tions 23 à 26 montrent des photos des
29
Energies renouvelables

quatre principaux types de capteur: capteur Installations de production


plan, capteur sélectif non couvert, capteur d’eau chaude
à tubes sous vide et capteur de piscine.
L’illustration 28 montre la structure et les
Principales applications composants d’une installation solaire de
Les capteurs sont principalement utilisés production d’eau chaude dans une maison
pour la production d’eau chaude et l’assis- familiale.
tance au chauffage dans les maisons d’ha- 1. Pompe du circuit de capteur: On
bitation. L’illustration 27 montre la réparti- n’utilise plus aujourd’hui des pompes is-
tion des surfaces de capteurs dans des sues des techniques de chauffage, mais
installations réalisées en Suisse entre 2001 des pompes de circuit solaire spéciales,
et 2011. La part des installations dédiées à adaptées aux conditions d’exploitation des
la production d’eau chaude et au chauf- installations solaires et ainsi plus efficaces
fage ainsi que la part des installations réa- (débit plus faible et hauteur manomé-
lisées dans des immeubles d’habitation trique plus élevée que les pompes des cir-
continuera d’augmenter dans l’avenir. Au cuits de chauffage).
cours des années 2008 à 2012, 135 000 2. La pompe achemine le fluide froid
m² de surface vitrée de capteurs plans et à jusqu’à l’entrée du champ de capteurs.
tubes sous vide en moyenne ont été instal- Comme dans les systèmes de chauffage, le
lés chaque année en Suisse, dont env. côté froid du champ de capteurs est ap-
90 % de capteurs plans et env. 10 % de pelé «retour au capteur» et le côté chaud
capteurs à tubes sous vide. «départ du capteur».
3. Champ de capteurs: Selon la construc-
tion de l’absorbeur du capteur (diamètre

Maisons familiales: Eau chaude Autres


61% 2%
Immeubles d’habitation:
Eau chaude & chauffage
3%
Immeubles d’habitation: Illustration 27: Ré-
Eau chaude partition des sur-
12% faces de capteurs
dans des installa-
tions réalisées en
Maisons familiales:
Suisse entre 2001 et
Eau chaude & chauffage
2011 (projet Swisso-
22%
lar Roadmap).

Utilisable jusqu’à des


Type de capteur η0 a1a a2a
températures de service de
Sans unité W/(m2 · K) W m-2 · K-2 ˚C
Absorbeur non vitré
0,85 12 0 35
(non sélectif)
Absorbeur non vitré (sélectif) 0,9 8 0,01 40
Capteur plan (non sélectif) 0,8 6 0,02 50
Capteur plan (sélectif) 0,8 3,6 0,012 80
Capteur à tubes sous vide 1 0,83 1,1 0,008 140
Capteur à tubes sous vide 2 0,7 2 0,01 90
Tableau 8: Valeurs
Les paramètres indiqués ici se rapportent à la surface d’ouverture (indice a). Ils peuvent également être
caractéristiques des
convertis en la surface d’absorbeur (indice A) ou la surface brute (indice B).
types de capteurs.
30
Chaleur solaire

des petits tubes de fluide intégrés en forme heure et par mètre carré de surface de cap-
de cordes de harpe ou en serpentins, sec- teurs. Dans les installations dotées d’accu-
tion des canaux collecteurs, pertes de mulateurs plus grands, qui doivent égale-
charge) et selon les prescriptions du four- ment être appropriées à une charge strati-
nisseur de systèmes complets, un certain fiée, on peut utiliser des débits volumiques
nombre de capteurs (dans la pratique sou- plus faibles de 15 l/(m2 h), ce qui permet
vent jusqu’à 6 ou 8 capteurs) peuvent être d’obtenir une augmentation de tempéra-
connectés en série sur une rangée. De ture dans le champ de capteurs jusqu’à 20
même, selon les prescriptions du fournis- à 30 K. On abordera les avantages de telles
seur de systèmes, plusieurs rangées peuvent installations «Low-flow» dans la section
être connectées en parallèle. Les fournis- des installations destinées aux immeubles
seurs de systèmes prennent en compte, d’habitation.
dans leurs prescriptions, des conditions 5. Le fluide solaire est un composant im-
d’un écoulement le plus homogène pos- portant du circuit solaire. Etant donné qu’il
sible dans le champ de capteurs, ce qui si- ne doit pas geler en hiver, on n’utilise pas de
gnifie que la perte de charge du champ de l’eau mais un mélange de 60 % d’eau et de
capteurs (conjointement avec la perte de 40 % de propylène glycol (en volume). Le
charge des autres composants du circuit circuit du capteur est ainsi protégé contre le
solaire) doit être adaptée à la hauteur ma- gel jusqu’à environ -20 °C (à l’inverse de
nométrique de la pompe du circuit solaire. l’éthylène glycol, utilisé dans les radiateurs
4. Dans des conditions d’exploitation ty- automobiles et les pompes à chaleur, le pro-
piques (rayonnement incident de 800 W/m², pylène glycol n’est pas toxique. Ce point est
température d’entrée du fluide de 50 °C et important pour des raisons sanitaires, car
température de l’air environnant de 20 °C), des fuites dans l’échangeur de chaleur
le fluide se réchauffe d’env. 10 K en traver- d’eau sanitaire peuvent se produire (fluide
sant le champ de capteurs. Cela s’applique solaire). L’éthylène glycol, par contre, est
aux installations dites «High-flow», dans plus facilement biodégradable, ce qui est
lesquelles le débit de fluide dans le champ important en cas de fuite éventuelle dans les
de capteurs est réglé à env. 50 litres par radiateurs automobiles et les circuits de

Champ de capteurs

Eau chaude

Illustration 28: Accumulateur


Structure hydrau- Chaudière F
lique et composants Régulateur
d’une installation
F
solaire de produc-
tion d’eau chaude
dans une maison fa- Eau froide
miliale.
31
Energies renouvelables

pompes à chaleur. En outre, des inhibiteurs rieur est raccordé l’échangeur de chaleur
sont ajoutés au fluide solaire afin d’empê- du système de réchauffage (mazout, gaz,
cher toute corrosion pendant la durée de vie granulés de bois, pompe à chaleur, égale-
de l’installation). ment chaud en haut, froid en bas). Le vo-
6. Le fluide réchauffé dans le capteur est lume disponible s’étend du bord inférieur
acheminé jusqu’à l’accumulateur dans la de l’échangeur de chaleur de réchauffage
cave, par la tuyauterie bien isolée du cir- jusqu’au couvercle de l’accumulateur. Cette
cuit solaire. Règle générale: vitesse d’écou- partie est en permanence maintenue, par le
lement inférieure à 1 m/s, afin d’éviter les système de réchauffage, à la température
bruits d’écoulement; l’épaisseur de l’isola- d’eau chaude réglée par les consomma-
tion thermique doit correspondre approxi- teurs, d’env. 50 à 60 °C. De manière géné-
mativement au diamètre du tuyau. Les dé- rale, on dispose pour l’accumulation de la
perditions des conduites ne doivent pas chaleur solaire uniquement du volume de
être sous-estimées. Dans les petites installa- l’accumulateur solaire. Celui-ci ne doit pas
tions, elles peuvent égaler les gains énergé- être sous-dimensionné. Dans les petites ins-
tiques d’un demi à presque un mètre carré tallations, le volume d’accumulateur total
du champ de capteurs! est dimensionné approximativement en
7. Accumulateur: L’illustration 29 montre fonction du besoin en eau chaude pour 2
trois accumulateurs d’eau utilisés dans des jours (400 à 500 litres pour un ménage de
installations solaires. Avec des installations 4 personnes).
de production d’eau chaude dans des mai- 8. Le circuit de l’illustration 28 est celui
sons familiales, on utilise les «accumula- d’une installation de production d’eau
teurs solaires» représentés à gauche. Il chaude purement solaire, ne permettant
s’agit d’«accumulateurs bivalents», car aucune assistance au chauffage: La chaleur
l’eau sanitaire peut être chauffée à la fois solaire ne peut pas être transférée au sys-
via le circuit solaire et via le circuit de ré- tème de chauffage par l’accumulateur.
chauffage. Les deux échangeurs de chaleur Celui-ci est exclusivement alimenté via le
sont des «échangeurs de chaleur à tubes générateur de chaleur conventionnel.
lisses spiralés intégrés». Dans l’accumula- 9. Le fluide refroidi par l’échangeur de cha-
teur se trouve l’eau sanitaire (entrée d’eau leur solaire revient ensuite à la pompe du
froide en bas, sortie en haut). L’échangeur circuit solaire (illustr. 28). Le circuit solaire est
de chaleur inférieur permet essentiellement un circuit fermé sous pression, dans lequel la
de préchauffer le volume (volume d’accu- température du fluide varie constamment
mulateur solaire) jusqu’au bord inférieur (température ambiante la nuit, température
de l’échangeur de chaleur de réchauffage. de l’eau chaude pendant la journée). Il en
Au niveau de l’échangeur de chaleur supé- résulte des variations de volume, qui re-

Illustration 29: Les


trois principaux
types d’accumula-
teurs utilisés dans
les installations so-
laires: Accumula-
teur d’eau sanitaire
bivalent (à gauche),
accumulateur-tam-
pon (au centre) et
accumulateur com-
biné, système Tank-
in-tank (à droite).
32
Chaleur solaire

quièrent l’intégration dans le circuit solaire ]]Soupape de sécurité: Elle s’ouvre


d’un vase d’expansion à membrane (la lorsque pour des raisons imprévues, la
pression dans le circuit solaire n’est pas pression dans le circuit solaire dépasse la
constante en raison des variations de tem- valeur maximale (souvent fixée à 6 bars,
pérature. En présence des températures les parfois à 10 bars).
plus basses dans le capteur (tubes d’absor- ]]Les clapets anti-retour empêchent les
beur supérieurs), elle doit se situer env. 0,5 mouvements de circulation déclenchés par
bar au-dessus de la pression atmosphérique. des forces de thermosiphon, qui pourraient
Dans la cave, la pression est plus élevée en refroidir l’accumulateur la nuit via le champ
raison de la pression statique correspondant de capteurs.
à la hauteur de la maison). ]]Les purges sont nécessaires pour remplir
10. Le circuit solaire est ainsi fermé. Pour complètement en fluide solaire le circuit
son exploitation, il nécessite toutefois éga- solaire, notamment lors du remplissage et
lement d’autres composants, adaptés indi- de la mise en service. La présence d’air
viduellement à l’installation par le fournis- dans le circuit solaire entraînerait des dé-
seur de systèmes, et prémontés ensemble faillances de fonctionnement et une per-
dans ce que l’on appelle une station so- formance réduite de l’installation.
laire. Ces composants sont ceux cités dans ]]Vannes de remplissage: Une vanne est
l’illustration 30. montée en amont et une autre en aval de
]]Régulateur solaire: Lorsque la tempéra- la pompe du circuit solaire, afin que lors de
ture dans le capteur est supérieure d’env. 6 la mise en service, à l’aide d’une pompe de
à 8 K à la température dans l’accumulateur remplissage parallèle à la pompe du circuit
à hauteur de l’échangeur solaire, la pompe solaire, l’air puisse être refoulé avec une
du circuit solaire s’active. Elle se désactive à vitesse d’écoulement élevée hors du circuit
4 K (les températures d’activation et de solaire et de la tuyauterie du champ de
désactivation (hystérèse) sont prédétermi- capteurs.
nées par le fournisseur de systèmes).

P1 Pompe du circuit solaire


Tk Sonde de capteur Tk
Champ de capteurs
Tspo Sonde d’accumulateur en haut
Tspu Sonde d’accumulateur en bas
* Thermomètre
** Manomètre

Régulateur solaire
ECS

Station
solaire
Réch. P1
Tspo

Illustration 30: Com-


posants du circuit Tspu
solaire prémontés
dans une «station
Eau froide
solaire».
33
Energies renouvelables

La conception et le dimensionnement sion du champ de capteurs, il convient


des installations (dimension du champ de également de se reposer sur l’expérience
capteurs et du volume de l’accumulateur) du fournisseur de systèmes, qui utilise à
font partie des attributions du fournisseur cet effet des programmes informatiques
de systèmes, qui a optimisé son système (tels que par exemple Polysun ou T-Sol).
global à la faveur de nombreuses années Souvent, les profanes surestiment énor-
d’expérience (choix des composants, hau- mément les conséquences de l’orientation
teurs de raccordement des tuyaux à l’accu- du toit. L’illustration 31 montre qu’une ins-
mulateur, position des sondes, paramétrage tallation de production d’eau chaude dont
de la régulation, dimensionnement du vase la surface de capteurs est inclinée de 30 °
d’expansion à membrane, réglage des pres- et est orientée vers le sud-ouest ne pré-
sions initiales etc.). L’installation et la mise sente environ que 7 % de baisse de rende-
en service ne doivent être réalisées que par ment par rapport à un champ de capteurs
des installateurs qui connaissent bien ces orienté de façon optimale, c’est-à-dire
systèmes et ont été formés par le fournis- avec une inclinaison de 42 ° et une orien-
seur de systèmes. En général, on fixe pour tation vers le sud avec 5 % de décalage
le dimensionnement des installations de vers l’ouest, avec les données météorolo-
production d’eau chaude dans les maisons giques utilisées pour les calculs de simula-
familiales: tion. Même si l’inclinaison est de 30 ° et
]]1,5 à 2 m2 de surface de capteurs par que le champ de capteurs est précisément
personne orienté vers l’ouest, il ne faudra que 20 %
]]80 à 120 litres de volume d’accumula- de surface de capteurs en plus pour com-
teur d’eau chaude par personne penser la baisse de rendement due à
l’orientation (la raison de la faible influence
Cela permet de couvrir sur une année env. de l’orientation du champ de capteurs est
50 à 60 % du besoin en eau chaude. La la part élevée de rayonnement diffus sous
majeure partie du temps, de mai à sep- nos latitudes).
tembre, la chaudière peut être complète-
ment désactivée. Avec ce dimensionne- Installations solaires
ment, le rendement annuel des capteurs d’assistance au chauffage
s’élève à env. 350 à 550 kWh/m² (rapporté
à la surface d’absorbeur). Lorsque la chaleur solaire ne doit pas seu-
Pour la prise en compte de l’orientation du lement être utilisée pour la production
toit, permettant de déterminer la dimen- d’eau chaude sanitaire mais également,

90
Horizontal Angle d’inclinaison [°] Perpendiculaire

75 80
65 85 80
80 70 95%
85
55

90 90 90%
70
60

95
70

85%
75

60 95
65

80%
80

100
85

50
95

75%
75

80
90

40
85

70%
70
90

30 95 65%

20 90 60%
80

85
85
75

10 55% Illustration 31:


75 80
80
­Influence de l’orien-
75 75 50%
0 tation et de l’incli-
−90 −75 −60 −45 −30 −15 0 15 30 45 60 75 90
Ouest Orientation [°] Est naison du champ de
capteurs.
34
Chaleur solaire

dans les périodes de transition, pour assu- Cela permet au système chauffage de
rer une partie du chauffage, un autre ac- fonctionner avec de basses températures
cumulateur doit être utilisé. La variante la de départ (p. ex. 35 °C). En effet, avec les
plus fréquemment employée en Suisse est petites surfaces des corps de chauffe
celle de l’«accumulateur combiné» selon conventionnels, des températures de dé-
le concept «Tank-in-tank» (illustr. 32). Le part de 60 °C sont nécessaires pour trans-
réservoir extérieur ne contient pas d’eau férer la chaleur des corps de chauffe dans
sanitaire mais de l’eau de chauffage, qui la pièce. Pendant la période de chauffage,
s’écoule également à travers les corps de la zone d’accumulation de l’accumulateur
chauffe. Dans la partie inférieure de cette combiné à laquelle est raccordé le départ
zone d’accumulation est installé l’échan- du chauffage n’est que rarement chauffée
geur de chaleur du circuit solaire. Tous les à 60 °C, de sorte que la contribution de la
composants du circuit solaire sont exacte- chaleur solaire au chauffage pour des tem-
ment les mêmes que dans les installations pératures de départ du chauffage de 60 °C
de production d’eau chaude. L’eau sani- est nettement plus faible que pour des
taire se trouve dans l’accumulateur inté- températures de 35 °C.
rieur (arrivée d’eau froide en bas dans la En dehors de l’accumulateur combiné
zone étroite, soutirage d’eau chaude en conçu selon le principe Tank-in-tank, il
haut dans la zone élargie). Le réchauffage existe plusieurs autres systèmes possibles
de l’eau chaude s’effectue à l’aide du gé- (p.ex. un réservoir d’eau sanitaire en tant
nérateur de chaleur conventionnel, qui que grand échangeur de chaleur à tube en
réchauffe la partie supérieure de la zone spirale, un soutirage d’eau sanitaire via un
d’eau de chauffage (l’enveloppe de la module d’eau chaude instantanée, une élé-
zone supérieure de l’accumulateur d’eau vation du retour du chauffage), décrits dans
sanitaire remplace en quelque sorte le répertoire «Installations solaires ther-
l’échangeur de chaleur de réchauffage de miques» de la DGS et de Swissolar. Les
l’installation de production d’eau chaude combinaisons de capteurs solaires avec des
solaire de l’illustration 28). A la zone d’eau chauffages à bois ou à granulés notam-
de chauffage de l’accumulateur combiné ment permettent des synergies avanta-
est raccordé le circuit de chauffage, avec geuses pour les deux technologies, car un
mélange du retour. Si l’on souhaite utiliser grand accumulateur-tampon permet de ré-
la chaleur solaire pour le circuit de chauf- duire le nombre d’enclenchements du brû-
fage, il est important de disposer de sur- leur.
faces de chauffe les plus grandes possibles Dans les installations solaires d’assistance
dans le logement, par exemple de chauf- au chauffage, il est encore plus important
fages au sol ou de chauffages muraux. d’utiliser des systèmes globaux optimisés

Capteur solaire Protection


anti-brûlures Vanne à 3 voies
Eau chaude
Accumu-
Régulation lateur
ECS Départ du chauffage

Illustration 32: Ins-


tallation solaire Départ du chauffage
d’assistance au
chauffage compre- Mélange du
Pompe du circuit solaire retour
nant un accumula-
teur combiné selon Retour du chauffage
le principe Tank-in- Eau froide
tank.
35
Energies renouvelables

par le fournisseur de systèmes que dans les alors inutilement en mode de production
installations solaires de production d’eau d’eau chaude et en raison de l’absence de
chaude. La hauteur des installations et la stratification dans l’accumulateur, la partie
conception géométrique des raccords solaire de l’accumulateur est chauffée par
d’accumulateur, les positions des sondes la pompe à chaleur, ce qui empêche tout
et le paramétrage des régulateurs ont une apport solaire, ou les capteurs doivent
influence considérable sur le rendement fonctionner à des températures inutile-
solaire du système. ment élevées et ainsi à faible rendement.
Cela est également très net dans le cas de Les fournisseurs de systèmes doivent donc,
la combinaison de capteurs solaires avec pour la combinaison de capteurs solaires
des pompes à chaleur: Un accumulateur- et de pompes à chaleur, adapter très soi-
tampon parfaitement approprié pour le gneusement la structure de l’accumula-
réchauffage par un brûleur à mazout ou à teur combiné et la régulation à cette tech-
gaz peut être inapproprié pour la combi- nique.
naison avec une pompe à chaleur. La Le dimensionnement des installations dans
pompe à chaleur nécessite, pour transférer les maisons familiales dépend fortement
une puissance thermique donnée, des dé- du système de chauffage conventionnel
bits volumiques relativement élevés, car utilisé et des températures de départ du
elle génère une élévation de température chauffage requises. Il est élaboré par le
plus faible que les brûleurs à mazout ou à fournisseur de systèmes. Souvent, on ins-
gaz. Cela implique des vitesses d’écoule- talle des surfaces de capteurs de 12 à
ment plus élevées pouvant causer du bras- 20 m² avec 800 à 1500 litres de volume
sage dans l’accumulateur. En raison de la d’accumulateur total. Cela permet d’at-
destruction de la stratification, les empla- teindre une part solaire sur le besoin total
cements des sondes deviennent inappro- en chaleur (chauffage plus eau chaude) de
priés ou les distances entre les raccords 10 à 50 %, ce pourcentage dépendant
d’entrée et de sortie de l’accumulateur par bien entendu très fortement du standard
rapport à la position de l’échangeur de d’isolation de la maison et des tempéra-
chaleur ne sont plus correctes, de sorte tures de départ du chauffage requises (il-
que les régulations ne peuvent pas fonc- lustr. 33). Dans de tels systèmes, le circuit
tionner de la manière prévue pour le cas des capteurs fournit entre 250 et 350 kWh
des brûleurs à mazout ou à gaz. Par consé- par mètre carré de surface de capteurs.
quent, les pompes à chaleur fonctionnent

Economie d’énergie en %
70
30 m²/1500 l
60 Illustration 33:
20 m²/1000 l L’économie d’éner-
50 gie réalisée grâce à
12 m²/800 l une installation so-
40 laire d’assistance
au chauffage dé-
30 pend très fortement
du besoin en cha-
20 leur de chauffage
du bâtiment et de
10 la température de
départ du système
0 de chauffage (sur-
250 100 70 20 face de capteurs/
Besoin spécifique en chaleur annuel en kWh/(m² · a) volume d’accumula-
tion).
36
Chaleur solaire

Comportement de stagnation du fluide, est également appelé système


Les installations solaires d’assistance au steam-back, car la vapeur refoule le fluide
chauffage connaissent obligatoirement en vers le vase d’expansion à membrane. Il
été des situations dites d’arrêt, dans les- existe également des systèmes dits drain-
quelles le champ de capteurs produit plus back, dans lesquels même en fonctionne-
d’énergie que la quantité pouvant être ab- ment normal, le champ de capteurs se vide
sorbée dans l’accumulateur. Lorsque la toujours lorsque la pompe solaire est dé-
température maximale admissible de l’ac- sactivée. De cette manière, en situation
cumulateur est atteinte (p. ex. 95 °C), la d’arrêt, aucun fluide ne se trouve dans le
pompe du circuit solaire doit être désacti- capteur et l’installation est protégée.
vée par la régulation. Le fluide solaire pré-
sent dans les capteurs est alors rapidement Chaleur solaire pour immeub-
chauffé à des températures supérieures à la les d’habitation
température d’évaporation. Le fluide pré-
sent au niveau des points les plus chauds A partir de surfaces de capteurs d’env.
dans les capteurs commence à s’évaporer, 50 m², les concepts d’accumulateur com-
ce qui entraîne une importante augmenta- biné atteignent leurs limites (p. ex., parce
tion de volume. La vapeur refoule le fluide qu’il n’y a pas assez de place dans l’accu-
hors du champ de capteurs et le pousse mulateur pour une surface d’échange de
dans le vase d’expansion à membrane. Afin chaleur suffisante pour des échangeurs de
que cela soit possible, le champ de cap- chaleur solaires à tube en spirale , et que la
teurs doit être correctement vidangé et le stratification dans l’accumulateur n’est pas
circuit solaire doit être conçu sur le plan optimale). C’est pourquoi on utilise des ac-
hydraulique de manière à ce que le fluide cumulateurs-tampons. Le circuit solaire est
puisse être acheminé sans entrave jusqu’au conçu comme décrit au chapitre «Installa-
vase d’expansion à membrane. Cela tions de production d’eau chaude» et est
concerne également la position du clapet traversé par le fluide du circuit solaire. L’ac-
anti-retour et de la pompe du circuit solaire cumulateur-tampon contient de l’eau tam-
par rapport au vase d’expansion à mem- pon, qui n’est jamais remplacée tout au
brane, ainsi que le chemin des tubes dans long de la durée de vie de l’installation.
le champ de capteurs et du toit jusqu’à L’unité de charge de l’accumulateur se
l’accumulateur dans la cave. Le vase d’ex- compose d’un échangeur de chaleur à
pansion à membrane doit être dimen- plaques et des deux pompes P1 et P2. La
sionné suffisamment grand pour absorber régulation du circuit solaire enclenche les
totalement le fluide refoulé hors du champ deux pompes ensemble lorsque la chaleur
de capteurs. Le système, déjà brièvement solaire est disponible et doit être transférée
décrit, avec évaporation d’une petite partie dans l’accumulateur-tampon. Dans ces sys-

Accumu-
lateur- Accumulateur
Illustration 34: tampon de réchauffage Réchauffage
Grande installation
solaire de produc- Tmax
tion d’eau chaude
avec accumulateur-
tampon à stratifica-
tion pour im-
meubles d’habita- P1 P2 P3 P4 Accumulateur Eau froide
tion. de préchauffage
37
Energies renouvelables

tèmes, on utilise toujours des dispositifs de ments dans lesquels vivent au total environ
charge stratifiée. Il peut s’agir de lances de 60 personnes. Le besoin journalier en eau
charge stratifiée, comme représentées dans chaude s’élève à 3000 litres. L’installation
l’illustration 34, ou la charge stratifiée est vient suppléer le système de production
réalisée par des vannes à 3 voies commu- d’eau chaude existant, un chauffe-eau ho-
tables, permettant l’entrée de la chaleur rizontal de 600 litres alimenté par une
solaire à différentes hauteurs de l’accumu- chaudière à mazout. Sur le toit plat a été
lateur. Le soutirage d’énergie à partir de installé un champ de 18 capteurs plans
l’accumulateur-tampon s’effectue par la (format transversal) (illustr. 35). Le champ
station de décharge (ou «station d’eau se compose de trois rangées de capteurs
chaude instantanée»), qui se compose d’un orientées vers le sud, disposées les unes
échangeur de chaleur à plaques et des derrière les autres et connectés hydrauli-
pompes P3 et P4 connectées ensemble. quement en parallèle. Une rangée de cap-
Cette station permet de chauffer l’eau sani- teurs se compose ainsi de six capteurs
taire dans l’accumulateur de préchauffage. connectés en série. La surface d’absorbeur
Pour le dimensionnement de l’installation, il totale du champ de capteurs s’élève à
est particulièrement important de veiller à 41,4 m². Le champ est raccordé selon le
disposer d’un échangeur de chaleur à principe dit de Tichelmann (longueur
plaques suffisamment grand, afin d’obtenir d’écoulement identique pour tous les
dans le circuit solaire des températures champs partiels de capteurs, illustration Illustration 35: Les
conduites (ici en
d’entrée de capteur les plus basses possible 36). Dans la conduite située tout à fait à
acier inoxydable
et ainsi des rendements élevés des cap- droite dans la photo, le fluide à réchauffer
avec raccords à ser-
teurs. Dans les deux échangeurs de chaleur, est acheminé par la pompe du circuit so-
tir) ne sont pas en-
la différence de température logarithmique laire, depuis l’accumulateur situé dans la core isolées, ce qui
moyenne de doit pas dépasser 5 K. La taille cave, jusqu’au toit. permet de com-
de l’échangeur de chaleur de la station de Le coût de l’installation pour les clients fi- prendre le concept
décharge est ainsi encore plus importante naux, toutes taxes incluses, s’élève à hydraulique du cir-
que celle de l’échangeur de chaleur de la 76 150 Fr. (illustr. 37). On sous-estime très cuit du champ de
station de charge. souvent les travaux annexes de montage capteurs selon l’il-
(pose et isolation des conduites solaires lustration 36. Les
De l’eau chaude pour 60 personnes dans la cave, sur la façade et sur le toit, tra- capteurs sont tra-
En tant qu’exemple concret d’installation vaux de maçonnerie (carottage) et d’électri- versés de bas (froid,
«entrée du cap-
de production d’eau chaude dans un im- cité, équipement, mise à disposition d’une
teur» ou selon la
meuble d’habitation, on peut citer une ins- grue pour l’élévation des capteurs, raccords
terminologie
tallation réalisée en 2011 à proximité de sanitaires d’eau froide, circulation).
d’usage en tech-
Winterthour par la société Lutz Bodenmül- Comment cela se traduit-il en termes de nique du chauffage
ler AG. L’immeuble compte 20 apparte- prix de revient de la chaleur? On peut esti- «retour du cap-
teur») vers le haut
(chaud, «sortie du
capteur» ou «dé-
part du capteur»). A
la sortie de chaque
rangée de capteurs
se trouve une sou-
pape d’aération. En
outre, la sécurité
mécanique des cap-
teurs est assurée
par des poids en
forme de plaques
de béton (au total
126 plaques de bé-
ton de 38 kg).
38
Chaleur solaire

mer, avec les conditions météorologiques le baril de pétrole ne coûtait encore que
du site et les données techniques de l’instal- 27,59 $, que le prix aurait quadruplé (!) d’ici
lation, un apport annuel des capteurs d’env. fin 2012, pour atteindre 111,27 $, et que
500 kWh par m² de surface d’absorbeur. les clients suisses devraient débourser env.
Pour une durée de vie de 30 ans, cela cor- un franc pour un litre de mazout? Si l’on
respond à un apport énergétique total de considère un rendement moyen (été et hi-
500 kWh/(m2 a) · 41,4 m2 · 30 a = 621 000 ver) de l’installation de 80 % et une teneur
kWh. Si, de façon très simplifiée, on se base énergétique de 10 kWh/litre de mazout, on
sur le temps d’amortissement statique (sans obtient un prix au kWh de 0,125 Fr./kWh
prendre en compte l’évolution future de pour la production d’eau chaude avec du
l’inflation et des coûts du capital ainsi que mazout, c’est-à-dire à peu près la même
les coûts d’entretien), on obtient un prix de valeur que pour la production d’eau chaude
revient de la chaleur de 76 150 Fr. / 621 000 solaire. En raison de l’incertitude qui règne
kWh = 0,12 Fr./kWh. Cela représente à autour de l’évolution des prix de l’énergie
peine plus que le prix de revient de la cha- sur les 20 à 30 prochaines années, il est peu
leur pour la production d’eau chaude à probable que des calculs prétendument plus
l’aide d’agents énergétiques convention- précis prenant en compte les taux d’infla-
nels, même au prix actuel de l’énergie. Mal- tion et les coûts du capital permettraient
heureusement, personne ne peut prévoir d’obtenir des résultats plus pertinents que
comment évolueront les prix des agents les estimations réalisées à l’aide de simples
énergétiques conventionnels dans les 30 calculs d’amortissement statiques. Même si
prochaines années. Qui aurait pu se douter on considère pour l’installation uniquement
il y a 30 ans, c’est-à-dire en 1983, alors que un apport de 400 kWh/(m²a) et une durée

chaud froid

Illustration 36:
Schéma de circuit
hydraulique du
champ de capteurs.

Travaux de Capteurs
montage annexes 25%
24%

Illustration 37: Coût


de l’installation
pour les clients fi- Montage du Matériaux pour le
naux toutes taxes champ de champ de capteurs
comprises, sans capteurs 13%
prise en compte des 15%
éventuelles subven-
Accumulateur Composants du circuit solaire
tions. Coût total
13% 10%
76 150 Fr. (TTC).
39
Energies renouvelables

de vie de 20 ans, le prix de revient de la tubes sous vide, ne permettent d’atteindre


chaleur calculé statiquement s’élève à env. des rendements supérieurs à 30  % que
0,23 Fr./kWh, ce qui signifie que l’installa- jusqu’à des températures inférieures à
tion pourra probablement être amortie sur 200 °C. L’utilisation du rayonnement solaire
le plan économique au cours de sa durée de pour des températures plus élevées n’est
vie. En outre, dans le prix final de 76 150 Fr. possible que par concentration du rayonne-
sur lequel on se base ici, aucune subvention ment direct. L’illustration 38 montre les
éventuelle n’est prise en compte. Sur le plan principales constructions de réflecteurs
macroéconomique, l’installation solaire, qui pour la concentration linéaire capteur cylin-
utilise des énergies régénératives, n’émet ni dro-parabolique et capteur de Fresnel) et
CO2 ni autres polluants, contribue à créer pour la concentration ponctuelle (concen-
des emplois sûrs et à renforcer l’indépen- trateur Dish et centrale à tour solaire). Selon
dance de l’approvisionnement énergétique la physique du rayonnement, les concentra-
suisse, est dans tous les cas une démarche tions maximales théoriquement possibles C
gagnante. (C = surface d’entrée/surface d’absorption)
sont de 215 pour la concentration linéaire
Capteurs à concentration et de 46 225 pour la concentration ponc-
Le rayonnement direct du soleil peut être tuelle. Dans la pratique, les capteurs at-
concentré à l’aide de miroirs et de lentilles. teignent environ la moitié de ces valeurs de
Les capteurs à concentration n’utilisent tou- concentration. Dans les capteurs cylindro-
tefois pas la part de rayonnement diffus du paraboliques (illustr. 39), de l’huile ther-
rayonnement global, c’est pourquoi leur mique est chauffée à 400 °C ou plus. La
rendement, par rapport au rayonnement largeur d’ouverture des réflecteurs s’élève à
global, est bien plus faible que celui des env. 6 m. Ils concentrent le rayonnement
capteurs sans concentration. Toutefois, la direct sur le tube d’absorbeur de 70 mm de
concentration du rayonnement permet diamètre. Le récepteur se compose du tube
d’atteindre des températures de capteur d’absorbeur à revêtement sélectif, qui se
nettement plus élevées. Les capteurs sans trouve dans un tube de verre sous vide. Les
concentration, même les bons capteurs à rangées de capteurs s’étendent sur plu-

Réflecteur

Tube d’absorbeur
Réflecteurs
Tube d’absorbeur

Illustration 38:
­Capteurs à concen-
Absorbeur
tration. Réflecteurs
à poursuite
Absorbeur
uniaxiale pour
concentrateurs li-
néaires (en haut),
réflecteurs à pour-
suite biaxiale pour
Réflecteur Réflecteurs concentrateurs
ponctuels (en bas).
40
Chaleur solaire

sieurs centaines de mètres et suivent le so- permettent d’atteindre des températures


leil de façon uniaxiale. L’énergie de l’huile de services supérieures (1300 °C), et d’ob-
thermique chauffée par le soleil est conver- tenir ainsi des conditions thermodyna-
tie, via de la vapeur d’eau et un générateur miques optimisées pour de meilleurs ren-
de courant conventionnel, en énergie élec- dements des processus cycliques de géné-
trique. L’unité type d’une centrale solaire ration de courant électrique. Pour l’instant,
possède une puissance électrique de 50 il n’existe toutefois que très peu de cen-
MWél. En 2012, des installations ont été trales à tour solaire commerciales.
réalisées dans le monde entier pour une
puissance totale de 2600 MWél, et pro- Sources
duisent chaque année env. 4,6 TWh d’élec- Volker Quaschning: Regenerative Energie-
tricité. Les centrales solaires thermiques systeme, Hanser-Verlag ISBN 978-3-446-
sont en concurrence avec les grandes instal- 43526-1 (2013, 8è édition). Manuel stan-
lations photovoltaïques, qui ont déjà béné- dard; avec DVD et collection logicielle com-
ficié au cours de ces dernières années d’im- plète sur la simulation des systèmes énergé-
portantes baisses de prix. Toutefois, les cen- tiques régénératifs.
trales solaires thermiques permettent, via Viktor Wesselak, Thomas Schabbach:
des accumulateurs de chaleur (à 400 °C!), ­Regenerative Energietechnik, Springer Ver-
Exemples de cap-
de stocker l’énergie, ce qui permet de pro- lag, ISBN 978-3-540-95881-1 (2009). Ma-
teurs à concentra- longer la production d’électricité même la nuel, comprenant un peu plus de détails
tion nuit et de contribuer à la régulation de la techniques sur les capteurs et leur modélisa-
Illustration 39: Cap- production d’électricité régénérative forte- tion physique.
teurs cylindro-para- ment fluctuante. Swissolar: Leitfaden Solarthermische
boliques pour la Les réflecteurs cylindro-paraboliques sont Anlagen, ISBN 978-3-9805738-8-7,
chaleur de proces- conçus sur le même principe et sont utilisés (2013). Un guide très orienté vers la pra-
sus industrielle de dans l’industrie (p. ex. Laiteries, brasseries, tique pour les artisans plombiers-chauffa-
200 °C (ewz). industrie pharmaceutique, installations so- gistes, électriciens et couvreurs, les planifica-
laires thermiques pour la production de teurs spécialisés, les architectes, les maîtres
Illustration 40:
froid) pour des applications de chaleur de d’ouvrage et les institutions de formation
­Concentrateur Dish
processus jusqu’à env. 250 °C. Ces cap- continue.
avec
moteur Stirling
teurs sont généralement dimensionnés John A. Duffie & William A. Beckman:
(Volker avec des largeurs d’ouverture de 2 m, des Solar Engineering of Thermal Processes,
­
Quaschning). diamètres de tube d’absorbeur de 35 mm (ISBN 978-0-471-69867-8 (2006, 3rd Edi-
et des longueurs de capteur de 20 à 40 m. tion). Ouvrage standard sur le solaire ther-
Illustration 41: Dans les centrales à tour solaire, le rayon- mique.
­Centrale à tour so- nement solaire est concentré sur le récep- Polysun: Une version de démonstration
laire avec champ teur visible en haut à gauche, via des hé- gratuite de ce programme de simulation est
d’héliostats (Centre liostats. Des gaz font office de fluide so- disponible sur www.velasolaris.com.
allemand pour l’aé- laire. En principe, en raison des valeurs de
ronautique et l’aé-
concentration plus élevées, ces systèmes
rospatiale, DLR).
Chapitre 4

Photovoltaïque

Christof Bucher Cellule solaire tension en circuit ouvert UOC. Si un


consommateur est raccordé à la cellule,
Illustration 42 Fonctionnement l’électricité passe par le consommateur et
(en haut): Structure Dans la cellule solaire (ou cellule photovol- la tension de la cellule baisse. Dans un cas
et principe de fonc- Illustration 44 (en
taïque, cellule PV), la lumière est convertie extrême (court-circuit), la tension est nulle
tionnement d’une haut): Courbe carac-
en électricité. Grâce à l’effet photoélec- et le courant correspond au courant de
cellule solaire en si- téristique pour dif-
trique, dont l’interprétation valut le Prix court-circuit ISC. La cellule délivre sa puis-
licium cristallin férents rayonne-
(Swissolar).
Nobel à Albert Einstein en 1921, l’énergie sance maximale lorsque le produit de l’in- ments incidents
des photons (lumière) est transmise aux tensité et de la tension (c.-à-d. la puis- avec une tempéra-
Illustration 43 électrons, et génère ainsi une tension entre sance) est maximal. Ce point de fonction- ture de cellule de
(en bas): Intensité la face avant et la face arrière de la cellule nement est appelé Maximum Power Point 25 °C.
et puissance en solaire. Cette tension dépend du matériau (MPP), l’intensité associée IMPP et la tension
fonction de la ten- de la cellule et s’élève, pour le silicium, à associée UMPP (illustr. 43). Illustration 45 (en
sion. Voir l’encadré env. 0,5 à 0,6 volts. La tension dépend du matériau de la cel- bas): Courbe carac-
sur la puissance en lule et de sa température. Pour chaque téristique de diffé-
watts-crête page Propriétés électriques degré Celsius d’élévation de température, rentes températures
44. (MPP = point de pour un rayonne-
Lorsque la lumière frappe une cellule so- la tension baisse de presque 0,5 % (illustr.
puissance maxi- ment solaire inci-
laire non raccordée, celle-ci provoque une 45). L’intensité, quant à elle, est propor-
male) dent de 1000 W/m2.

Les quanta de lumière élèvent les électrons au Intensité I [A]


potentiel plus élevé où ils sont happés
par les pistes conductrices.
Particules de lumière

ISC 1,00 kW/m2 Rayonnement


8

0,75 kW/m2
6

Pist 0,50 kW/m2


Co es co 4
Couche Couuche anduc–t
Couche ntirefrices

de silicium c sil le Courant continu 0,25 kW/m2
Cou he inticium dt –
+ 2
che erfa opé +
Co sili cial n UOC
Subuche c cium d e 0
strat on
d+uc opé p 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
tric
e
Tension U [V]

Intensité I [A] Puissance P [W] Intensité I [A]

ISC
8 4 8
MPP
6 3 6
–40˚C
–20˚C
4 2 4
0˚C
2 1 2 20˚C
40˚C
UOC 60˚C
0 0 0
0 0,53 0,60 0,65 0,72
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
0,57 0,64 0,68
Tension U [V] Tension U [V]
42
Photovoltaïque

tionnelle au rayonnement incident (illustr. câbles), les cellules solaires sont connectées
44), à la surface de la cellule et à son ren- en série dans le module. Ainsi, les tensions
dement. Une cellule en silicium standard des différentes cellules s’additionnent pour
de 6 pouces possède généralement un atteindre généralement 30 à 40 volts. L’in-
courant de court-circuit de 8 ampères. tensité reste la même à travers chaque cel-
lule. Par conséquent, en cas de dysfonction-
Différents types de cellules solaires nement d’une cellule, c’est le module tout
Les cellules solaires peuvent être fabri- entier qui tombe en panne si rien n’est mis
quées à partir de différents matériaux. en œuvre pour y remédier. Des diodes de
Avec une part du marché mondial de dérivation (voir encadré) intégrées dans le
90 %, c’est toutefois le silicium qui vient module permettent de réduire ce risque.
largement en tête. Le tableau 9 présente Les modules PV possèdent généralement
les principales technologies et leur impor- une vitre avant durcie et antireflet, un film
tance. Les principaux avantages du silicium arrière multicouche en matière synthétique
résident dans la disponibilité quasi illimitée et, entre ces deux éléments, d’autres ma-
de ce matériau ainsi que dans son rende- tières synthétiques pour le laminage des cel-
ment relativement élevé. D’autres maté- lules solaires. Ces matériaux d’encapsula-
riaux n’ont jusqu’à présent pu s’imposer tion font l’objet d’améliorations et d’optimi-
que dans des marchés de niche, (p. ex. cel- sation constantes, notamment car ils consti-
lules multicouches en indium, gallium, tuent la principale cause de défaillance des
phosphore, arsenic et germanium) qui,
grâce a leur rendement élevé, trouvent des Cristallines ou à couche mince?
applications entre autres dans l’aérospa- Pour le moment, les cellules solaires en silicium amorphe (éga-
tiale. Toutefois, leur fabrication est coû- lement appelées cellules à couche mince) n’ont pas su s’impo-
teuse et les matières premières ne sont ser par rapport aux cellules cristallines. Leur avantage financier
disponibles qu’en quantités limitées. présumé a été surcompensé par une industrie photovoltaïque
présentant d’impressionnants taux de croissance à deux chiffres
pendant de nombreuses années, et par la courbe d’apprentis-
Composants d’une installa-
sage résultante. Le rendement nettement inférieur des cellules
tion PV en silicium amorphe représente un inconvénient de plus en
plus important, face à des prix en baisse constante. Leurs avan-
Module PV et branche tages, p. ex. un meilleur comportement en température et par
Un module PV (module solaire) se compose faible éclairement, ne se sont dans la pratique vérifiés que dans
de plusieurs cellules solaires assemblées par certaines conditions, et ne sont pas suffisants au regard des vi-
laminage. Les dimensions de module les tesses de dégradation souvent plus élevées. Seuls une appa-
plus répandues sont 0,8 m sur 1,6 m et 1 m rence plus homogène ainsi que des coûts nettement plus bas
sur 1,6 m, avec 60 ou 72 cellules solaires par unité de surface font nettement pencher la balance en fa-
(illustr. 46). Pour obtenir une tension la plus veur des cellules à couche mince dans certains projets.
élevée possible (et réduire les pertes par

Type de cellule Rendement Part de marché Utilisation primaire


de la cellule mondiale 2011
Tableau 9: Les prin- Silicium monocristallin 18 % à 23 % 30,9 % Standard pour de nombreuses
cipaux types de cel- Silicium polycristallin 12 % à 18 % 57 % applications
lules solaires, leurs Silicium amorphe ou 6 % à 12 % 3,4 % Grandes centrales, intégration
rendements et parts micromorphe (couche mince) dans des bâtiments
de marché ainsi que
Tellurure de cadmium 7 % à 12 % 5,5 % Grandes centrales
leurs finalités d’uti-
lisation. Les pro- Cuivre indium diselenide (CIS) 7 % à 13 % 2,4 % Intégration dans des bâtiments
duits de niche non Arséniure de gallium 23 % à 30 % Moins de 1 % Systèmes de concentrateurs, ap-
indiqués sont princi- plications spéciales, aérospatiale
Multicouches (divers matériaux) Jusqu’à 40 % Moins de 1 %
palement intéres-
sants pour la re-
Cellules organiques (OPV), Laboratoire: Encore insignifiant sur Laboratoire, objectif: Intégration
cherche (état 2013).
cellules colorées env. 12 % le plan commercial dans des bâtiments, intérieur
43
Energies renouvelables

modules, se traduisant par une délamina-


tion, une dégradation, l’apparition de traî-
nées, un brunissement etc.
La plupart des modules PV sont entourés Illustration 46: Mo-
d’un cadre en aluminium. Celui-ci sert de dule PV standard
protection mécanique et facilite le montage. doté de 60 cellules
Les modules non encadrés sont souvent uti- solaires monocris-
lisés dans des installations PV particulières tallines (LG).
sur le plan architectural, ou en cas de faible
Diodes de dérivation
inclinaison des modules afin d’éviter les dé-
Généralement, deux à trois diodes de
pôts de saleté sur les bords des modules.
dérivation sont intégrées dans un mo-
Une branche (String en anglais) comprend
dule PV. Elles possèdent deux fonctions:
jusqu’à env. 20 modules PV connectés en ]] En cas de dysfonctionnement d’une
série, soit 5 kWc de puissance. Les ten- cellule, elles court-circuitent la partie
sions des modules s’additionnent alors concernée du module et protègent
pour délivrer une tension de branche gé- ainsi la cellule défectueuse d’une des-
néralement comprise entre 200 et 800 truction thermique.
volts. Dans les grandes installations PV, ]] De cette manière, elles réduisent la
plusieurs branches sont connectées en chute du rendement énergétique en
parallèle. La tension reste ainsi constante, cas de défaut ou d’ombre sur une cel-
mais les intensités s’additionnent. L’en- lule.
Lorsqu’une diode de dérivation s’ac-
semble de toutes les branches, y compris
tive, elle court-circuite la partie concer-
les câbles DC associés ainsi que le système
née du module et fait ainsi baisser la
de fixation mécanique, est appelé généra-
tension de branche. Si plusieurs
teur PV. Les valeurs maximales et mini- branches sont connectées en parallèle,
males de la tension, de l’intensité et de la la tension de branche des modules in-
puissance sont prédéterminées par l’ondu- tacts est quasiment maintenue au ni-
leur (voir la section sur l’onduleur). Etant veau initial, mais une intensité réduite
donné que jusqu’à 20 modules et ainsi passe dans la branche concernée en
env. 1200 cellules solaires peuvent être raison de la cellule défectueuse ou
connectés en série dans une même ombragée.
branche, une ombre projetée sur une seule

Coffret de raccordement du générateur Câble de Interrupteur


branche principal DC

Limiteur de
surtension

Fusibles

*Raccordement au paratonnerre extérieur


(le cas échéant)
Ligne principale DC
Interrupteur
principal
Compteur Onduleur
Ligne
Fusible principale AC
Illustration 47:
Système de communication Schéma de principe
électrique d’une
Point de mise à la terre local ou central
Réseau installation PV (Bas-
ler & Hofmann AG).
44
Photovoltaïque

cellule peut avoir des conséquences dra- ]]Les connecteurs peuvent être exposés à
matiques. Dans un circuit en série, le cou- l’humilité, mais ne doivent pas baigner
rant doit pouvoir passer à travers chaque dans l’eau.
cellule. S’il est interrompu dans une seule
cellule, toute la branche est interrompue. Dans la gamme des câbles solaires, on dis-
Les diodes de dérivation permettent certes tingue essentiellement les câbles de bran-
d’amoindrir cet effet, mais non de le sup- che de modules PV menant jusqu’au cof-
primer complètement. fret de raccordement du générateur et la
ligne principale de courant continu me-
Câble solaire nant du coffret de raccordement du géné-
Le câble solaire n’est pas un élément ano- rateur à l’onduleur.
din: A l’inverse des autres câbles élec-
triques, il est quotidiennement exposé aux Raccordement du générateur
influences extérieures. De plus, il conduit Le coffret de raccordement du générateur
du courant continu et ne peut être protégé rassemble les câbles des branches, connec-
ni par des interrupteurs, ni par des fusibles. tés en parallèle sur la ligne principale de
C’est pourquoi lors du choix et de l’instal- courant continu. En général, les éléments
lation des câbles solaires, les principes sui- de protection et de commutations suivants
vants font foi: sont intégrés:
]]Utiliser des câbles à double isolation ]]Fusibles de branche
ayant une résistance élevée aux UV. ]]Limiteur de surtension
]]Malgré leur résistance aux UV, les câbles ]]Interrupteur principal de courant continu
ne doivent pas être directement exposés au ]]Unité de surveillance
rayonnement solaire. Les installations PV dotées de petits ondu-
]]Les câbles doivent disposer d’une protec- leurs ne disposent généralement d’aucun
tion contre les sollicitations mécaniques et coffret de raccordement du générateur. Les
doivent si possible être posés dans des câbles de branche sont dans ce cas directe-
gaines métalliques fermés et mises à terre. ment raccordés à l’onduleur, qui rassemble
non seulement les câbles mais doit égale-
Watt-crête (W ou Wc) ment assurer la fonction de protection et de
La désignation «watt-crête» (puissance de pointe) s’est géné- commutation du coffret de raccordement.
ralisée avec l’unité non officielle «Wc». Cette unité désigne la
puissance d’un module PV en watts dans des conditions d’es- Onduleur
sai normalisées (Standard Test Conditions STC), c.-à-d. 1000 L’onduleur possède deux fonctions princi-
W/m² de rayonnement incident à une température de cellule
pales: il convertit le courant continu des
de 25 °C et pour un spectre lumineux de Air Mass (AM) 1,5
modules PV en courant alternatif conforme
(valeur standard pour la lumière solaire). Cette puissance ainsi
au réseau et il exploite les modules PV à leur
que d’autres caractéristiques déterminées dans des conditions
STC sont indiquées sur la fiche technique de chaque module. point de fonctionnement optimal (MPP). En
outre, il doit garantir le maintien de la qua-
lité du réseau, ce qui implique toute une
Les risques du courant continu
série d’exigences précises. Les onduleurs
Tandis que le courant alternatif (en anglais alternating current,
AC) passe par la valeur zéro 100 fois par seconde, le courant modernes sont multitâches et offrent sou-
continu (en anglais direct current, DC) s’écoule de façon vent bien davantage que ne l’exigent les
constante. Par conséquent, un arc électrique dû à un mauvais prescriptions actuelles. Cela est toutefois
contact s’éteint 100 fois par seconde avec du courant alternatif primordial pour éviter de remplacer sans
avant de disparaître complètement après peu de temps, tandis cesse les onduleurs à chaque évolution des
qu’avec du courant continu, il peut persister même si la dis- prescriptions relatives au raccordement des
tance entre les contacts défaits est importante. Un mauvais installations PV. Les onduleurs sont propo-
contact en présence de courant continu est ainsi plus rapide- sés dans des classes de puissance de
ment dommageable qu’en présence de courant alternatif. Tou- quelques centaines de watts jusqu’à plus
tefois, une installation de haute qualité permet de réduire gran- d’un mégawatt. Toutefois, ce n’est pas tou-
dement ce risque.
jours la taille d’une installation PV qui déter-
45
Energies renouvelables

mine celle de l’onduleur. Bon nombre de ]]Fusibles: Côté courant alternatif, on uti-
grandes installations peuvent fonctionner lise des fusibles identiques à ceux des instal-
avec plusieurs petits onduleurs. Le tableau lations électriques traditionnelles. Côté
10 représente les concepts d’onduleur tra- courant continu, des fusibles empêchent
ditionnels utilisés aujourd’hui. qu’en cas de court-circuit sur un circuit pa-
rallèle, plusieurs branches intactes n’in-
Eléments de protection et de sécurité jectent du courant sur cette branche court-
Différents éléments de protection et de circuitée. Un court-circuit dans une branche
sécurité doivent être intégrés dans une ins- isolée ne peut pas être protégé car l’inten-
tallation PV. Avec le développement fulgu- sité de court-circuit correspond approxima-
rant des installations PV, les prescriptions tivement à l’intensité normale de fonction-
s’y rapportant sont en constante évolu- nement.
tion. Alors que l’on a longtemps fait appel ]]Disjoncteur à courant de défaut: Le
à des prescriptions relatives à des installa- disjoncteur à courant de défaut sépare une
tions et dispositifs «comparables», tels installation PV du réseau si, p. ex., du cou-
que p. ex. les installations domestiques, rant provenant de l’installation passe à la
des réglementations spécifiques aux instal- terre en raison d’un défaut d’isolation.
lations PV sont aujourd’hui en vigueur. En Pour les installations PV qui ne sont pas
voici les principales: séparées galvaniquement du réseau (c.-à-
]]Protection contre la foudre: Une ins- d. les installations PV avec onduleur sans
tallation PV n’est soumise à aucune obliga- transformateur), une surveillance du cou-
tion de protection contre la foudre. La né- rant de défaut est prescrite. Souvent, celle-
cessité pour un bâtiment de disposer d’une ci est déjà intégrée dans l’onduleur. Un
telle protection ne dépend pas de la pré- disjoncteur à courant de défaut supplé-
sence ou non d’une installation PV, mais mentaire est nécessaire si le câble de cou-
est déterminée par les assurances incendie. rant alternatif menant à l’onduleur passe
Les prescriptions s’y rapportant figurent dans des pièces à risque d’incendie (p. ex.
dans les principes directeurs de la SPE (sys- une étable dans une ferme).
Illustration 48:
tème de protection contre la foudre, 4022).
Coffret de raccorde- ]]Limiteur de surtension: Les limiteurs Disjoncteurs et interrupteurs
ment du générateur de surtension empêchent qu’une tension En tant que disjoncteurs et interrupteurs,
pour câbles solaires induite par la foudre n’endommage les ins- on utilise côté courant alternatif les mêmes
avec fusibles, limi- tallations électriques. Les limiteurs de sur- composants que dans les installations élec-
teur de surtension, tension sont, dans l’idéal, installés au ni- triques traditionnelles. Côté courant
surveillance de veau de l’entrée des câbles de l’installation continu, on utilise des interrupteurs adap-
branche et interrup- PV dans le bâtiment. Selon l’incidence pré- tés au courant continu. Dans les installa-
teur principal de sumée de la foudre, directe ou indirecte, tions PV dotées de longues lignes de cou-
courant continu
les exigences vis-à-vis des limiteurs de sur- rant continu ou dans les installations élec-
(SMA Solar Techno-
tension sont plus ou moins strictes. triques difficilement accessibles, on utilise
logy AG).

Illustration 49: Fu-


sibles à courant
continu et indica-
tions de mesure
dans un coffret de
raccordement de
générateur (Basler
& Hofmann AG).
46
Photovoltaïque

Schéma Exemple de produit Description


Onduleur central
]]Puissance: 20 kW – 2 MW
]]Poids: 100 kg – 10 000 kg
]]Un tracker MPP
]]Généralement avec transformateur
]]Triphasé
]]Nécessite généralement un coffret de raccorde-
ment de générateur (CRG)
CRG Sunny Central 630
www.sma.de
Onduleur multibranches
]]Puissance: 8 kW – 20 kW
]]Poids: 50 kg – 100 kg
]]Un ou plusieurs trackers MPP
]]Avec ou sans transformateur
]]Triphasé
SolarMax 15MT3 ]]Montage mural
www.solarmax.ch ]]En général sans coffret de raccordement de
générateur
]]Raccordement de 3 à 6 branches
Onduleur de branche
]]Puissance: 0,5 kW – 10 kW
]]Poids: 10 kg – 50 kg
]]Un tracker MPP
]]Avec ou sans transformateur
]]Généralement monophasé
]]Montage mural
SolarMax 3000S ]]Raccordement de 1 à 3 branches
www.solarmax.ch
Onduleur de module
]]Puissance: 150 W – 300 W
]]Poids: quelques kg
Surveillance ]]Un tracker MPP
]]Monophasé
]]Montage sur le module ou le système de mon-
tage PV
]]Généralement surveillance supplémentaire du
réseau requise
Aurora Micro 0,3 I ]]Aucune expérience à long terme, fiabilité
www.power-one.com inconnue
Optimiseur de puissance
]]Puissance: 150 W – 300 W
]]Poids: Moins de1 kg
]]Un tracker MPP
]]Montage sur module ou système de montage PV
]]Concept à deux niveaux: Convertisseur DC/DC
dans chaque module, convertisseur DC/AC cen-
OPJ300-LV tral
www.solaredge.de ]]Aucune expérience à long terme, fiabilité incon-
nue

Tableau 10: Comparaison de cinq concepts


d’onduleurs courants (Basler & Hofmann).
47
Energies renouvelables

parfois des interrupteurs à déclenchement


à distance. Pour plus d’informations, on se
référera aux sections «Installations élec-
triques» et «PV et incendie». Illustration 50: Le
système de commu-
nication Solar-Log
Système de communication
est l’un des rares
Toutes les installations PV standard com-
produits de surveil-
portent aujourd’hui un système de com- lance compatible
munication, hormis parfois les petites ins- avec de nombreuses
tallations. En général, le système de com- marques d’ondu-
munication prend en charge les fonctions leurs (Solare Daten-
suivantes: systeme GmbH).
]]Interface bidirectionnelle entre l’installa-
Communication: Pour le meilleur ou
tion PV et l’exploitant
pour le pire?
]]Envoi quotidien des données de produc- Le système de communication a pour
tion de l’installation par e-mail tâche de surveiller et d’accroître la dis-
]]Alarme de défaut par e-mail ou SMS ponibilité et la fiabilité d’une installa-
Le système est relié à Internet par Internet tion PV. Cependant, on a pu remarquer
à large bande ou téléphonie mobile. La qu’il est souvent la cause de défail-
grande majorité des fabricants d’ondu- lances. Un bon support du fabricant ou
leurs accompagnent leurs appareils d’un du fournisseur peut épargner de nom-
système de communication approprié. breux tourments au maître d’ouvrage.
Celui-ci permet certes une exploitation et
une surveillance optimales de l’installa- plaques. Un système de support confère
tion, mais n’est toutefois pas compatible aux modules PV l’angle d’inclinaison sou-
avec d’autres onduleurs. Ainsi, si l’on sou- haité et transfère les charges de vent et de
haite surveiller simultanément différentes neige dans la toiture (illustr. 51).
installations PV, il est plus intéressant d’uti- Pour les toitures plates ayant une ré-
liser un système de communication indé- serve de charge réduite, on a développé
pendant de celles-ci. au cours des dernières années des systèmes
de montage aérodynamiques qui exploitent
Systèmes de montage les forces du vent de telle manière que les
Les systèmes de montage confèrent d’une modules PV ne sont pas soulevés par le
part aux modules PV l’orientation et l’incli- vent, mais sont pressés encore davantage
naison souhaitées, et protègent d’autre contre la toiture (illustr. 52). Il convient tou-
part les modules PV contre les charges de tefois de rester prudent dans le choix de
vent et de neige. Sur le Plateau suisse, les ces systèmes: Il est très rare qu’un système
charges de vent constituent la grandeur aérodynamique puisse être utilisé sans au-
dominante pour le dimensionnement. Le cun poids supplémentaire, même si les bro-
tableau 11 illustre cinq concepts de mon- chures prétendent le contraire. Dans tous
tage courants. les cas, une expertise statique est requise
Pour les toitures plates, on fait au- pour chaque projet. Sur les toitures en
jourd’hui principalement appel à des sys- tuiles, les systèmes les plus courants sont
tèmes qui utilisent le substrat existant de la les systèmes de rails ou de rails croisés en
toiture comme socle lourd. On retire alors aluminium, comprenant des crochets de
tout d’abord le substrat existant et on pro- toit ancrés sous les tuiles. Les modules PV
tège la couverture à l’aide d’un revêtement sont vissés sur ce système de rails ou inté-
de protection supplémentaire. On pose grés dans un profilé en U (illustr. 53).
ensuite sur celui-ci des plaques ou des Les systèmes de montage les plus écono-
cuves en matière synthétique auxquelles miques en termes de matériel sont ceux
est vissé un profilé en aluminium. L’ancien utilisés pour les toitures en tôle. On fixe
substrat de toiture et ensuite réparti sur ces sur celle-ci, à l’aide de rivets étanches ou
48
Photovoltaïque

d’agrafes, de courts rails profilés, auxquels


sont ensuite fixés les modules PV encadrés.
Cette configuration permet aujourd’hui de
réaliser les installations PV les moins coû-
teuses (illustr. 54). Dans le cas du système
intégré classique pour toitures inclinées
les modules PV remplacent les tuiles. A cet Illustration 51:
effet, les modules peuvent être équipés Système de mon-
d’un cadre qui assure l’étanchéité de la tage Schletter avec
même manière qu’une tuile (illustr. 55), ou du gravier comme
socle lourd (Basler &
un réseau de canalisations d’évacuation
Hofmann).
d’eau peut être intégré sous les modules PV.
Illustration 52:
Les systèmes intégrés sont en général consi-
Système de mon-
dérés comme plus esthétiques que les sys-
tage aérodyna-
tèmes apposés et obtiennent générale-
mique de Solven-
ment, en raison du coût du système sou- ture avec tôles
vent un peu plus élevé, une rétribution su- pare-vent, appro-
périeure du courant injecté. prié pour des sur-
faces de toiture
Intégration dans le bâtiment / façade présentant une
Aujourd’hui, les installations PV s’intègrent faible réserve de
presque à loisir dans l’enveloppe du bâti- charge (Basler &
ment. Les modules peuvent prendre diffé- Hofmann).
rentes formes et couleurs, mais également
Tableau 11: Cinq
posséder différentes propriétés, p. ex. com-
types de systèmes
porter du verre de sécurité composite ou
de montage.

Système de montage Avantages Inconvénients Domaine d’utilisation, remarque


Socle lourd avec poids ]]Modulaire ]]Sollicitation élevée de la toiture ]]Toiture plate
supplémentaire ]]Le gros œuvre de la toiture ]]Non approprié pour les grands ]]Rarement utilisé aujourd’hui
n’est pas touché modules pour des raisons de statique de
]]Il n’est pas nécessaire de la toiture et de taille des mo-
traverser la toiture dules
Socle lourd avec gra- ]]Economique en matériaux ]]Le gravier de la toiture doit être ]]Le standard aujourd’hui pour les
vier de la toiture ]]Aucune traversée de toi- modifié toitures plates
comme poids ture requise ]]Approprié aux toitures en gravier
]]Faible poids supplémen- et toitures végétalisées
taire ]]Ballasts supplémentaires ponc-
tuels possibles
Vissage au ]]Faible poids supplémen- ]]Traversée de la toiture requise ]]Standard pour toitures inclinées
bâtiment taire ]]Coûteux pour les toitures plates et façades
]]Economique en matériaux ]]Risque de ponts thermiques ]]Une solution coûteuse pour les
]]Résistance élevée toitures plates ayant une faible
]]Positionnement précis possibilité de charge statique
Collage au bâtiment ]]Faible poids supplémen- ]]Durabilité de l’adhérence non véri- ]]Pour toitures en membrane de
taire fiée bitume (toitures nues)
]]Economique en matériaux ]]Remplacement des modules et dé- ]]Utilisé uniquement de façon
construction relativement complexes isolée
Systèmes aérodyna- ]]Très faible poids ]]Compatible avec SIA 261 seule- ]]Nouveau sur le marché
miques (tôle pare-vent) ]]Faibles coûts ment dans certaines conditions ]]Approprié pour des toitures
]]Offres ou calculs de statique parfois plates à la statique étudiée
peu sérieux
49
Energies renouvelables

du verre isolant. Les dimensions des mo-


dules PV peuvent être choisies librement
jusqu’à env. 2 m x 5 m. La notion de «BIPV»
(building integrated Photovoltaics, photo-
voltaïque intégré au bâti) regroupe un Intégrés ou apposés?
La rétribution à prix coûtant du cou-
grand nombre de projets de référence sur
rant injecté (RPC) distingue trois caté-
Internet. Les exigences optiques et méca-
gories d’installations pour lesquelles Illustration 55:
niques des modules et des systèmes de
s’appliquent différents taris d’injection Solution typique
montage sont totalement différentes de (2003). Une installation est considérée pour systèmes inté-
celles des installations PV classiques, la plu- comme intégrée si outre la production grés à la toiture.
part du temps dans le but d’obtenir une d’électricité, elle assure également une Dans le système
façade d’aspect particulier. Les facteurs autre fonction. Généralement, dans le Solrif, les modules
générateurs de coût sont les suivants: cas d’une installation intégrée, les mo- PV sont équipés
]]Fabrication spéciale des modules PV dules PV remplacent les tuiles et for- d’un cadre spécial
Illustration 53: Sys-
(verre spécial, formats spéciaux, notam- ment ainsi une couverture de toiture leur permettant de
tème de pose stan-
ment modules non rectangulaires) qui draine l’eau de pluie. Une installa- jouer le rôle des
dard pour modules
]]Installations PV segmentées, en particu- tion PV peut toutefois également en- tuiles (Ernst Schwei-
PV sur toitures en
trer dans cette catégorie si elle est inté- zer Metallbau).
tuiles (Tritec AG). lier modules PV intégrés individuellement
grée à des fins purement optiques,
dans la façade
p. ex. lorsqu’une bordure est réalisée Illustration 56: Sys-
Illustration 54: Sur ]]Bordures des modules PV
autour d’une installation apposée de tème de montage
les toitures en tôle,
manière à ce que la surface de la toi- sur mesure pour la
le système Mon- Pour intégrer une installation PV dans une ture présente un aspect homogène. façade d’un im-
tavent permet p. ex. façade à un coût raisonnable, il est recom- Nous présenterons ci-après quelques meuble administra-
la pose d’installa- mandé de prendre en compte les éléments systèmes typiques classés selon leur tif (Basler & Hof-
tions PV avec peu
suivants: domaine d’utilisation. mann / Stücheli Ar-
de matériel (Mon-
chitekten).
tavent AG).
50
Photovoltaïque

]]Création de grandes sections de façade idéalement une énergie électrique de


regroupées pour le photovoltaïque (p. ex. 1000 kWh. En réalité, la production an-
bande entourant le bâtiment) nuelle de l’installation Eréel, qui est effecti-
]]Utilisation de modules PV dans les for- vement injectée dans le réseau électrique,
mats standard (p. ex. 1 m x 1,6 m); ceux-ci est généralement plus faible. Cela est dû à
peuvent alors être d’un noir homogène ou toute une série de déperditions, telles que
même semi-transparents. le rendement de l’onduleur, les pertes oh-
miques dans les câbles, l’efficience réduite
Planification d’une installa- des modules PV en raison de températures
tion PV de cellules élevées ou un faible rayonne-
ment global. Le rapport entre la produc-
En Suisse, les installations photovoltaïques tion énergétique réelle et idéale est appelé
sont principalement installées sur des bâti- «Performance Ratio» (PR):
ments. Par conséquent, la planification et
la réalisation d’une installation PV est une Eréel
= PR
tâche pluridisciplinaire, qui nécessite le Eidéal
savoir-faire et la qualification d’un cou-
vreur ainsi que d’un électricien. L’expérience montre que la grande majo-
rité des installations PV possède sur l’an-
Calcul de la production énergétique née un PR de 75 à 85 % (0,75 à 0,85).
La production énergétique annuelle d’une Ainsi, si l’on connaît la puissance, le site
installation PV peut être estimé de façon ainsi que l’orientation et l’inclinaison d’une
remarquablement précise avec très peu installation PV planifiée, on peut prédire
d’indications sur l’installation. La «produc- de façon relativement précise le rende-
tion annuelle idéale» Eidéal d’une installa- ment de l’installation, en utilisant un PR
tion PV se calcule selon la formule estimé de 80 % (0,8):

P(kW) kWh Eréel = PR • Eidéal


Eidéal(kWh) = ∙ 𝐺𝐺 � 2 �
1 kW m Prenons comme exemple de calcul une ins-
m2 tallation PV de 5 kWc bien orientée vers le
P étant la puissance de l’installation en sud et exposée à une somme de rayonne-
kW, valable dans les conditions STC (c.-à- ment global annuelle de 1200 kWh/(m²an).
d. pour ISTC = 1 kW⁄m2 d’intensité de Le rendement énergétique annuel s’élève,
rayonnement) et G la somme annuelle du dans l’hypothèse d’un PR de 80 %, à 0,8 ∙ 5
rayonnement global en kWh/m². Cette ∙ 1200 = 4800 kWh. Des programmes de
formule énonce qu’une installation PV de simulation permettent d’estimer encore
1 kWc exposée à une somme de rayonne- plus précisément la production énergétique.
ment global de 1 000 kWh/m² produit Toutefois, une précision supérieure du calcul

Avantage pour le réseau électrique


Sans accumulateur, on ne peut généralement consommer sur
place, sur une année, que de faibles quantités produites d’une
installation PV. Les accumulateurs à batterie destinés au stoc-
kage de la production journalière d’une installation PV
coûtent aujourd’hui à peu près le même prix que l’installation
PV elle-même. Les accumulateurs à batterie saisonniers, quant
à eux, sont aussi inabordables qu’inefficaces, en raison de
l’autodécharge des batteries. Lorsqu’une installation PV est
Illustration 57: Ins- construite à proximité d’un réseau électrique, elle doit donc
tallation PV inté- être reliée à celui-ci. Les systèmes en îlotage ne sont au-
grée au bâtiment jourd’hui intéressants que si aucun réseau électrique n’est dis-
sur le campus No- ponible.
vartis à Bâle.
51
Energies renouvelables

est à double tranchant: Les grandes incon- lières d’une installation PV par une journée
nues sont entre autres la somme de rayon- ensoleillée et par une journée nuageuse,
nement global réel, l’encrassement des ainsi que la consommation quotidienne
modules PV et le comportement en tempé- d’un ménage (profil de charge normalisé et
rature et en faible éclairement des modules variations journalières réalistes) dont la
PV. Ces facteurs influent davantage sur le consommation annuelle coïncide avec la
résultat que les erreurs d’une méthode de production annuelle de l’installation PV.
calcul simplifiée. En règle générale, on peut Sur le Plateau suisse, une installation PV
donc renoncer à une simulation précise de
la production pour les installations PV sans Heures à pleine charge
ombrage partiel important. Les heures à pleine charge ou heures de
Dans le cas d’une installation PV typique régime nominal désignent le temps cu-
sur le Plateau suisse, env. les deux tiers de mulé, sur une année, pendant lequel
la production annuelle sont concentrés une installation PV fonctionne à la puis- Illustration 58: Puis-
sance nominale. Si une installation PV sance d’une installa-
dans la saison d’été, le dernier tiers interve-
de 5 kWc produit une énergie électrique tion PV de 10 kWc à
nant dans la saison d’hiver. L’illustration 58
de 4800 kWh, cela signifie qu’elle fonc- Berne avec un on-
montre la puissance d’une installation PV tionne pendant 4800 kWh/5 kWh =
sur une année. La production énergétique duleur 8 kW, sur
960 heures. Les bonnes installations PV une année. La pro-
d’une seule journée peut fortement varier atteignent, sur le Plateau suisse, presque duction énergé-
selon les conditions météorologiques. L’il- 1000 heures à pleine charge. tique dans l’année
lustration 59 montre les variations journa-
représentée s’élève
à 10 615 kWh (Bas-
Puissance (W) ler & Hofmann).
9000
8000 Illustration 59:
7000 Courbe journalière
6000 d’une installation
PV de 5 kWc dotée
5000
d’un onduleur 4 kW
4000 lors d’une journée
3000 de juin ensoleillée
et nuageuse. Les
2000
modules PV sont
1000 orientés vers l’est
0 avec un écart de 40°
Jan Fév Mar Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc par rapport au sud
Mois et sont inclinés de
20°. Sont représen-
Puissance (kW) tés en superposition
4 un profil de charge
PV par journée ensoleillée standard pour des
3,5
ménages ainsi
3
qu’une courbe de
2,5 Courbe journalière charge journalière
2 d’un ménage réelle d’un ménage.
La consommation
1,5 PV par journée
nuageuse annuelle des profils
1 des ménages, de
Profil de charge standard 4500 kWh, corres-
0,5
pond approximati-
0 vement à la produc-
00:00
01:00
02:00
03:00
04:00
05:00
06:00
07:00
08:00
09:00
10:00
11:00
12:00
13:00
14:00
15:00
16:00
17:00
18:00
19:00
20:00
21:00
22:00
23:00

tion annuelle de
l’installation PV
Heures
(Basler & Hofmann).
52
Photovoltaïque

orientée vers le sud, avec un angle d’incli-


Des modules PV en façade?
Par rapport à une installation PV orien- naison d’env. 30 à 45 °, donne les meilleurs
tée de façon optimale, la production rendements. Toutefois, des écarts relative-
énergétique d’une installation PV instal- ment importants par rapport à cette orien-
lée sur la façade sud sur le Plateau suisse tation optimale n’entraînent pas de baisses
est env. 30 % plus faible. Pour une ins- considérables du rendement énergétique.
tallation placée sur la façade est ou Ainsi, sur un toit plat sur lequel les modules
ouest, la différence est d’env. 50 %. sont installés à l’horizontale et non inclinés,
L’amortissement énergétique reste tou- on atteint encore p. ex. env. 90 % du ren-
tefois inférieur à env. 5 ans, ce qui rend dement énergétique maximal, tout du
l’installation de façade intéressante sur moins dans des régions peu enneigées (il-
le plan écologique. Les coûts d’une ins-
lustr. 60 et 61).
tallation de façade, en raison d’exi-
gences esthétiques élevées, sont souvent
supérieurs à ceux d’une installation de Dimensionnement du module PV et
toiture. Toutefois, si l’on substitue une de l’onduleur
installation PV à une façade alternative Aujourd’hui, presque tous les modules PV
haut de gamme également très coû- sont compatibles avec presque tous les
teuse, l’installation peut n’engendrer onduleurs. Pour garantir cette compatibi-
que des frais supplémentaires faibles, lité, les principes suivants doivent être res-
voire nuls. Les installations de façade en pectés:
montagne sont également intéressantes: ]]La tension de branche maximale ne doit
En raison du rayonnement incident élevé pas dépasser la tension d’entrée maximale
en hiver, le rendement énergétique peut admissible de l’onduleur.
être plus élevé que celui d’une installa-
]]L’intensité maximale de toutes les
tion de toiture.
branches ne doit pas dépasser l’intensité
d’entrée maximale admissible de l’onduleur.
90 ]]Certains modules PV doivent être mis à la
terre. Dans ce cas, l’onduleur doit disposer
Illustration 60: Ren- 95
d’une séparation galvanique côté courant
75

dement énergé-
continu et courant alternatif (transforma-
tique relatif d’ins- 65
tallations PV sur des 50 teur).
70 65 ]]Les puissances du module PV et de l’on-
surfaces orientées
duleur doivent être adaptées l’une à l’autre.
E

différemment en
pour cent du maxi- Le dernier point reste controversé: Etant
mum (Swissolar). donné que la puissance nominale des mo-

Perte de rendement en pour cent


10%
9%
8%
25° Sud
7%
6%
5%
25° Est
4%
Illustration 61: Perte 25° Ouest
de rendement en 3%
Horizontal
fonction du dimen- 2%
sionnement de l’on- 25° Nord
1%
duleur pour une
installation PV à Zu- 0%
100% 95% 90% 85% 80% 75% 70% 65% 60% 55% 50%
rich (Basler & Hof-
Puissance AC en pour cent de la puissance DC
mann).
53
Energies renouvelables

dules PV n’est que rarement atteinte, voire mensionnés à 60 %, pour injecter dans le
jamais pour les modules mal orientés, l’on- réseau 99 % de l’énergie solaire.
duleur peut être dimensionné plus petit que
les modules PV. Mais à quel point? L’illustra- Angle d’inclinaison des modules PV
tion 61 montre les pertes production éner- Sur une toiture plate, l’angle d’inclinaison
gétique en fonction de la taille de l’ondu- des modules PV peut en principe être
leur pour une installation réalisée à Zurich. choisi librement. Plus l’inclinaison des mo-
Plus l’onduleur est petit, plus bas sont les dules PV se rapproche de l’inclinaison opti-
coûts de l’onduleur et du raccordement au male (en Suisse env. 35 °), plus la produc-
réseau. Ces économies doivent être compa- tion énergétique annuelle de chaque mo-
rées aux pertes de rendement attendues, dule individuel est importante. En contre-
afin d’en déduire la dimension optimale de partie, il faut toutefois augmenter la dis-
l’onduleur. Malgré des modules PV toujours tance entre les modules afin qu’ils ne se
moins chers, on peut admettre des pertes fassent pas de l’ombre mutuellement.
de rendement d’env. 1 à 2 %. Pour une ins- C’est pourquoi on doit installer moins de
tallation orientée de façon optimale vers le modules sur un même toit. Il faut donc
sud à Berne, on peut admettre des puis- inévitablement parvenir à déterminer où
sances d’onduleur d’env. 70 % de celle des se situe le compromis optimal. L’illustra-
modules. Une installation placée à l’hori- tion 62 montre à titre d’exemple, pour une
zontale ne nécessite que des onduleurs di- toiture plate de 100 m², les productions
énergétiques relatives et absolues en fonc-
Le dimensionnement de l’onduleur tion de l’angle d’inclinaison. Deux prin-
dépend du lieu d’installation! cipes généraux ressortent nettement: Pre-
Les installations PV situées dans des ré- mièrement, l’optimisation de l’angle d’in-
gions très ensoleillées requièrent des clinaison des modules PV permet une aug-
précautions toutes particulières: Ainsi, mentation de la production de chaque
dans le cas d’une installation PV au
module d’env. 10 %. Deuxièmement, en
Jungfraujoch, même avec un dimen-
raison des écarts accrus entre les rangées
sionnement 1:1 de l’onduleur, il faut
de modules, on ne peut installer que net-
prendre en compte jusqu’à 3 % de
perte de rendement en raison des tement moins de modules sur le toit, de
pointes de puissance multiples. Dans ce sorte que la production énergétique totale
cas, il peut être intéressant, voire né- diminue de plus de moitié. La question de
cessaire, de choisir un onduleur plus l’optimisation financière dépend quant à
puissant que celle des modules. elle fortement de la répartition entre coûts
Illustration 62: Plus
de projet fixes et coûts variables. Si les
l’inclinaison des mo-
dules augmente,
Production annuelle pour une Production annuelle pour une plus la production
toiture plate de 100 m² en kWh puissance de module de 1 kWc par module PV aug-
10000 1020 mente, mais plus la
9000 1000 production globale
8000 980 d’une surface de
Production par kWc toit donnée baisse.
7000 960
L’encrassement ac-
6000 940 cru des modules en
Production absolue
5000 920 présence de faibles
4000 900 angles d’inclinaison
3000 880 n’est pas pris en
2000 860 compte. Une incli-
naison des modules
1000 840
inférieure à 5 ° n’est
0 820 donc pas recom-
0 5 10 15 20 25 30 35
mandée (Basler &
Angle d’inclinaison des modules PV
Hofmann).
54
Photovoltaïque

coûts sont majoritairement fixes (p. ex. pour lustration 63), leurs conséquences doivent
un petit toit avec un effort de planification être estimées ou simulées. Attention,
élevé), il faut alors opter pour une installa- même dans les meilleures simulations, de
tion de taille maximale, c.-à-d. un angle grandes incertitudes persistent.
d’inclinaison plus faible. A l’inverse, si les ]]Les modules ombragés simultanément
coûts fixes sont faibles (p. ex. dans le cas doivent dans la mesure du possible être
d’un gros projet), les modules doivent être intégrés dans la même branche, même si
davantage inclinés afin d’optimiser le projet cela augmente légèrement les travaux de
sur le plan financier. De façon générale, on câblage.
peut toutefois affirmer qu’avec des prix de ]]Mieux vaut renoncer complètement aux
modules en constante baisse pour des modules individuels fortement ombragés,
coûts fixes en stagnation voire en augmen- ou les remplacer par des modules aveugles.
tation, la solution la plus appropriée reste ]]Les situations d’ombrage complexes
très souvent celle de l’installation des mo- doivent être gérées avec de courtes
dules avec de faibles angles d’inclinaison. A branches (petits onduleurs ou circuits pa-
l’avenir, il conviendra d’optimiser non plus rallèles), avec des onduleurs dotés de plu-
le simple module, mais toute la surface de sieurs trackers MPP ou même avec des
la toiture. onduleurs de modules ou des optimisa-
tions de puissance.
Gestion de l’ombre
Les ombres projetées sur les installations Installation électrique
PV causent des chutes de puissance dis- On distingue en principe l’installation AC
proportionnées. Elles peuvent avoir des (installation de courant alternatif, de l’on-
causes très diverses et sont notamment duleur au réseau électrique) et l’installa-
critiques lorsqu’elles projettent sur les mo- tion DC (installation de courant continu,
dules une ombre portée. L’illustration 63 de l’onduleur aux modules PV). Côté AC,
montre un exemple d’installation photo- une installation PV doit être traitée essen-
voltaïque partiellement ombragée. tiellement comme une charge: Les câbles,
La gestion de l’ombre implique le respect interrupteurs ou fusibles doivent être di-
des principes suivants: mensionnés dans le bâtiment comme si
]]Par principe, éviter au maximum tout l’onduleur était une charge, avec la même Illustration 63: Om-
ombrage. puissance nominale. Si un autre consom- brage pris en
]]Si des ombres sont consciemment prises mateur est raccordé à un point de raccor- compte consciem-
en considération (comme p. ex. dans l’il- dement donné à côté de l’installation PV, ment. Les modules
les intensités maximales des onduleurs et doivent être reliés
La neige tient-elle sur les modules? des consommateurs ne doivent pas être parallèlement au
Par rapport aux tuiles de toit, les modules PV possèdent une additionnées pour le dimensionnement de bord de l’ombre
surface lisse qui permet à la neige de glisser plus facilement. l’alimentation; celle-ci doit simplement pour minimiser les
Toutefois, si la neige reste sur les modules, c’est principale- effets de l’ombre
être dimensionnée en fonction de la plus
ment dans une période où le rendement énergétique sur le (Basler & Hofmann).
Plateau suisse est de toute façon faible. Pour le bilan énergé-
tique annuel en plaine, la neige peut ainsi être quasiment né-
gligée. Il en va différemment en montagne: Outre des quanti-
tés de neige plus importantes, le rayonnement incident en
montagne pendant les mois d’hiver est nettement plus élevé
qu’en plaine. Il est donc intéressant, dans le cas d’une installa-
tion PV de montagne, d’incliner davantage les modules
(> 30 °) et de veiller à ce qu’il y ait suffisamment de place au
sol pour que la neige puisse facilement glisser. Que l’on soit
ou non en montagne, la neige doit dans tous les cas être prise
en compte dans le dimensionnement de crochets à neige et
dans la statique du système de montage.
55
Energies renouvelables

grande des deux intensités. Cela peut même une source d’erreur potentielle, à
avoir des conséquences importantes en l’instar de tout composant électrique.
termes de coût de l’installation (voir l’en-
cadré «Système centralisé ou décentra- Compteur d’électricité
lisé?»). La revente totale ou partielle de l’électri-
cité d’une installation PV requiert l’installa-
Interrupteurs et disjoncteurs tion d’un compteur d’électricité étalonné.
Côté AC et DC, chaque onduleur doit Selon l’accord passé avec le fournisseur
pouvoir être commuté par les câbles de d’électricité, différentes positions du
raccordement. Le dispositif de commuta- compteur peuvent être utilisées.
tion côté AC doit en outre être protégé ]]Mesure de l’excédent (illustr. 64): Dans
contre tout réenclenchement involontaire. le cas de la mesure de l’excédent, on mesure
Concrètement, cela signifie qu’à toute ins- le besoin en électricité d’un bâtiment et
tallation PV est associé un interrupteur l’injection d’une installation PV sous forme
principal AC, qui doit en règle générale de somme au niveau d’un unique compteur.
être verrouillable. Si l’interrupteur et l’on- Le compteur effectue donc une mesure bidi-
duleur sont à portée de vue l’un de l’autre, rectionnelle et dispose de deux registres de
la fonction de verrouillage n’est pas néces- comptage séparés. Dans un premier re-
saire. Les interrupteurs DC sont souvent gistre, il décompte l’électricité consommée,
intégrés dans l’onduleur. Dans le cas des dans un second registre l’électricité pro-
petits onduleurs, les fiches des câbles de duite. Si, à un moment donné, l’installation
branche peuvent être considérés comme PV produit une quantité de courant précisé-
des interrupteurs DC. Si l’onduleur se ment égale à celle consommée dans le bâti-
trouve dans une zone à risque d’inonda- ment, le compteur ne bouge pas. Si, à la fin
tion (p. ex. dans la cave d’un bâtiment près de la période de calcul, le courant injecté est
d’une rivière), il convient de prévoir des soustrait du courant consommé, on parte
postes de commutation appropriés en de- d’une mesure de solde ou mesure nette. La
hors de la zone menacée. mesure de l’excédent n’est aujourd’hui pas
Bien entendu, chaque onduleur est garanti autorisée pour les installations PV bénéfi-
sans tension côté AC lorsque l’interrupteur ciant de la RPC.
principal est désactivé. Le côté DC, par
contre, reste sous tension indépendam- Qui peut se charger de l’installation?
ment de l’état de fonctionnement de l’on- Dans la réalisation d’une installation PV, couvreurs et électri-
duleur dès que les modules PV sont expo- ciens travaillent main dans la main. Le principe suivant s’ap-
sés à la lumière. plique habituellement (été 2013): Les installations électriques
fixes ne doivent être réalisées que par des personnes bénéfi-
Dans certains cas, il est intéressant d’ins-
ciant d’une autorisation d’installation de l’Inspection fédérale
taller des interrupteurs ou disjoncteurs
des installations à courant fort (IFICF). Le couvreur peut ce-
supplémentaires. Côté AC, dans des ins-
pendant brancher les connecteurs des modules.
tallations relativement grandes, on installe
souvent dans une distribution secondaire
un poste de sectionnement supplémen- Système centralisé ou décentralisé?
taire pour l’ensemble de l’installation, tan- Les installations PV sont des installations de production
dis que côté DC, en présence de longues d’énergie décentralisées. L’électricité solaire est produite à
lignes DC, on installe généralement un in- proximité du consommateur et ne doit pas être transportée
terrupteur dans un boîtier collecteur à dans de longues lignes électriques. Ce concept peut être ap-
pliqué dans le bâtiment. Ainsi, dans les grands complexes im-
proximité des modules PV. Si celui-ci peut
mobiliers, il est souvent avantageux de raccorder l’installation
être déclenché à distance, il est également
PV non pas via de longues lignes jusque dans la distribution
appelé «interrupteur pompier». Toutefois,
principale, mais en petites unités, directement aux distribu-
plus l’onduleur est proche des modules PV, tions secondaires décentralisées. Cela permet non seulement
moins il est utile d’installer un interrupteur de faire baisser les coûts d’installation, mais également de ré-
pompier: Celui-ci ne protège plus qu’un duire les déperditions d’énergie dans les lignes électriques.
petit tronçon de câble et représente lui-
56
Photovoltaïque

Réseau kWh

Consommateurs

Installation PV

Réseau kWh

Consommateurs

kWh
Installation PV +
Appareils auxiliaires

Illustration 64: Me- Réseau kWh


sure de l’excédent
Consommateurs
Illustration 65:
Mesure de la pro- kWh
duction Installation PV +
Appareils auxiliaires
Illustration 66:
Mesure combinée

Une mesure est-elle vraiment Plus d’interrupteurs ne signifie pas plus de sécurité!
nécessaire? Avec le boom solaire de ces dernières années, on a égale-
En règle générale, oui. En dernier recours, c’est le fournis- ment assisté à un boom de directives spontanées, insuffi-
seur d’électricité qui prescrit ce qui doit être mesuré et de samment réfléchies et parfois non autorisées, émanant des
quelle manière. De façon générale, les principes suivants autorités, des pompiers ou des assurances. La prescription
s’appliquent: forfaitaire d’un interrupteur pompier en est le plus parfait
]]Toute production d’électricité doit être relevée par un sys- exemple. Chaque interrupteur supplémentaire augmente le
tème de mesure, quelle que soit sa forme. coût d’une installation PV, mais pas nécessairement sa sécu-
]]Les installations PV d’une puissance supérieure à 30 kW rité. En effet, chaque poste de commutation constitue égale-
doivent être équipées d’une mesure de la courbe de ment un risque de défaillance potentiel. Pour chaque instal-
charge (avec surveillance à distance par le fournisseur lation PV, il convient de choisir individuellement la meilleure
d’électricité) pour la garantie d’origine; les coûts associés solution. Ainsi, l’installation de l’onduleur à proximité immé-
sont généralement pris en charge par le producteur d’élec- diate des modules PV est souvent non seulement une solu-
tricité solaire. tion plus sûre que l’ajout d’un interrupteur pompier, mais
]]Le fournisseur d’électricité peut édicter des règles avec cer- également la solution la moins coûteuse.
taines restrictions et facturer au producteur d’électricité les
coûts associés.
57
Energies renouvelables

]]Mesure du courant injecté (illustr. ment en feu comporte une installation PV,
65): Dans le cas de ce circuit de compteur, les pompiers doivent relever deux défis
le courant solaire est injecté dans le réseau supplémentaires:
indépendamment des consommateurs. Le ]]Parfois, les modules PV gênent l’accès au
compteur des consommateurs n’est donc toit. En outre, selon l’installation, ils peuvent
pas déchargé par l’installation PV et in- tomber plus facilement du toit que les tuiles
dique la consommation du bâtiment indé- traditionnelles et présenter ainsi un risque
pendamment de la production d’électricité de chute de débris plus important.
solaire. ]]L’installation électrique entre les modules
]]Mesure combinée (illustr. 66): Le cir- PV et les onduleurs est sous tension en pré-
cuit fonctionne, sur le plan administratif, sence de lumière du jour, même après l’ar-
de la même manière que la mesure du rêt ou la désactivation de l’installation PV,
courant injecté mais est techniquement
similaire à la mesure de l’excédent. Au ni- Faut-il nettoyer les installations PV?
veau d’un unique compteur central situé à Une installation PV ne doit être nettoyée que si la chute de
l’entrée du bâtiment, l’électricité est mesu- rendement due à l’encrassement est supérieure au coût du
rée de façon bidirectionnelle. La produc- nettoyage. Avec les prix de plus en plus bas des installations,
tion et la consommation ne peuvent pas ce cas se présente de plus en plus rarement. Les installations
PV sont en outre en principe autonettoyantes: La majeure par-
être différenciées au niveau de ce comp-
tie de l’encrassement (p. ex. pollen au printemps) est lavée par
teur. Au niveau de l’installation PV est ins-
la pluie et ne nécessite aucun nettoyage. En général, le net-
tallé un second compteur également bidi-
toyage s’impose seulement lorsqu’une couche de saleté croît
rectionnel, qui mesure uniquement la pro- sur les cellules solaires à partir du bord du module, ce qui
duction et le besoin en énergie auxiliaire peut se produire après 3 à 10 ans selon l’angle d’inclinaison.
de l’installation PV. Grâce à la mesure des Les installations PV présentant de faibles inclinaisons des mo-
deux compteurs, le fournisseur d’électri- dules (moins de 10 ° env.) tendent à être davantage encras-
cité peut ainsi déterminer séparément la sées et doivent donc être nettoyées.
production et la consommation du bâti-
ment concerné.
Le circuit arrière est intéressant lorsque Réseaux intelligents
l’électricité solaire est revendue ou relevée Tandis que quelques rares installations PV déchargent encore
séparément, mais que l’injection de l’élec- le réseau électrique, de très nombreuses installations pré-
tricité doit s’effectuer de façon décentrali- sentes sur un même site peuvent engendrer une charge sup-
sée dans un bâtiment ou dans une zone. plémentaire du réseau. Dans ce cas, c’est le gestionnaire de
réseau de distribution compétent qui détermine les mesures à
C’est souvent le cas des grands bâtiments
prendre.
industriels, dans lesquels l’injection de
Les onduleurs proposent aujourd’hui, dans la configuration
l’électricité solaire dans la distribution prin-
standard, toute une série de fonctions permettant de soutenir
cipale nécessiterait la réalisation d’un ré- les réseaux. Ils sont capables de limiter la puissance automati-
seau électrique supplémentaire dans le quement ou à distance, de régler le facteur de puissance (c.-à-
bâtiment et ainsi un effort de câblage im- d. de consommer ou d’injecter la puissance réactive) ou de
PV portant, avec les pertes de réseau asso-
ciées.
mettre à disposition à tout moment les données de mesures
souhaitées. Ils sont aujourd’hui déjà préparés à des «réseaux
intelligents» (Smart grids).
Illustration 67: Pan- PV et pompiers Les réseaux, pour leur part, n’en sont pas encore là en Suisse.
neau indicatif pour Heureusement, il est très rare qu’une ins- Ils sont d’ailleurs pour le moment exploités de façon unique-
les pompiers. Une ment passive, sans aucune régulation automatique comme
tallation PV soit impliquée dans un incen-
meilleure informa- pour les réseaux à grande distance. Avec des durées d’amor-
die. Et la plupart du temps, le feu n’est pas
tion est l’un des tissement de l’infrastructure des réseaux de plusieurs décen-
déclenché par l’installation PV elle-même.
principaux facteurs nies, on peut comprendre que le passage d’un réseau tradi-
d’augmentation de Néanmoins, lorsqu’un bâtiment brûle, les
tionnel à un réseau intelligent ne puisse pas s’effectuer du
la sécurité d’une risques sont nombreux: Outre le danger du jour au lendemain. Il serait toutefois souhaitable que les ins-
installation PV feu lui-même, la statique du bâtiment tallations PV puissent réellement utiliser les fonctions d’assis-
(pompiers de peut p. ex. ne plus être garantie, d’où un tance du réseau qu’elles ont déjà intégré aujourd’hui.
Filderstadt). risque d’effondrement. Lorsqu’un bâti-
58
Photovoltaïque

c’est pourquoi il ne faut jamais toucher les les remplacer une fois sur une période de
câbles DC sans protection. 20 à 30 ans d’exploitation.

Ces deux risques ne sont pas nouveaux La gestion classique d’une installation PV
pour les pompiers et peuvent être réduits comprend, outre la surveillance automa-
comme suit: tique de la production et la transmission
]]Information: Le point le plus important des alarmes en cas de dysfonctionnement,
est l’information, ou la collaboration avec un contrôle régulier par un spécialiste. La
les pompiers. En règle générale, ceux-ci période de contrôle prescrite correspond à
évaluent le risque supplémentaire, en cas celle du bâtiment sur lequel se trouve l’ins-
d’intervention d’extinction, comme faible tallation. Il est en outre recommandé de
s’ils disposent d’informations sur l’installa- réaliser tous les un à cinq ans un contrôle
tion PV. La pose d’avertissements et de des points suivants:
plans simplifiés de l’installation constitue ]]Contrôle visuel de tous les composants
une mesure concrète d’amélioration de installés
l’information. ]]Modifications mécaniques de la sous-
]]Protection accrue contre tout contact structure
avec les lignes DC, p. ex. en posant celles-ci ]]Logement correct de toutes les
dans des tubes métalliques. connexions (y compris mises à la terre, cof-
]]Utilisation de goulottes de câbles présen- fret de raccordement de générateur etc.)
tant des classes de résistance au feu éle- ]]Etat et installation des câbles (notam-
vées. ment câbles de branches à l’extérieur)
]]Installation des onduleurs à proximité des ]]Encrassement (notamment bord infé-
modules PV afin de réduire la longueur des rieur des modules)
lignes DC. ]]Gros œuvre de la toiture, croissance de
]]Pose des lignes DC à l’extérieur du bâti- plantes
ment. ]]Si la surveillance ne s’effectue pas auto-
]]Pas de lignes DC dans les issues de se- matiquement: intensités DC (IMPP) et ten-
cours et voie d’accès. sions DC (UOC), éventuellement valeurs
]]Dans les parties combustibles du bâti- d’isolation.
ment, protection particulièrement soi-
gneuse des lignes DC. PV sur toitures végétalisées
]]Possibilité de déconnexion à distance des La combinaison d’une installation photo-
longues lignes DC à l’aide d’un interrup- voltaïque et d’une toiture végétalisée est
teur pompier. intéressante sur le plan écologique. Grâce
aux ombres projetées par l’installation PV,
Exploitation et entretien la diversité des espèces présentes sur une
Une installation PV doit pouvoir injecter de toiture végétalisée augmente. Lors de la
l’électricité dans le réseau pendant des an- construction d’une installation PV sur une
nées sans connaître aucun dysfonctionne- toiture végétalisée, il convient toutefois de
ment. Afin de le garantir, il est nécessaire de prévoir une distance nettement plus éle-
procéder à certains contrôles et travaux vée entre le substrat de la toiture et les
d’entretien. La plupart des dysfonctionne- modules PV, par rapport à une installation
ments sont de grands classiques: comparable sur une toiture en gravier. Les
]]Le système de communication chargé de systèmes spéciaux pour toitures végétali-
signaler les dysfonctionnements est lui- sées présentent la plupart du temps une
même, par expérience, l’élément le plus distance au substrat d’env. 40 cm. La prise
sensible de l’installation PV. au vent est donc plus importante, le sys-
]]La plupart des onduleurs fonctionnent tème de montage doit répondre à des exi-
certes de façon très fiable, mais possèdent gences accrues, accroissant ainsi la charge
une espérance de vie inférieure à celle de de toit. En outre, à l’inverse d’un toit avec
l’installation PV. Il faut donc envisager de gravier ou avec membrane de bitume, une
59
Energies renouvelables

toiture végétalisée ne peut pas être garnie ter au maximum les surfaces de toiture, les
de modules PV sur toute sa surface, ce qui modules ont pour certains été installés
réduit la puissance maximale de l’installa- avec seulement 3 degrés d’inclinaison.
tion. L’entretien de l’installation PV n’est
pas différent avec une toiture végétalisée, Applications spéciales
bien qu’il faille de temps en temps couper
les plantes, qui ne doivent jamais dépasser Cellules solaires colorées
du bord inférieur des modules. Les cellules solaires traditionnelles sont soit
noires, soit bleutées (cellules cristallines et
Exemples d’installations certaines cellules à couche mince), ou en-
core rougeâtres (cellules à couche mince).
Maison familiale Dans le cas des cellules en silicium cristal-
Dans une maison familiale construite selon lin, quelques fabricants produisent toute-
le standard Minergie-P à Küsnacht, une fois des cellules dans différentes couleurs Illustration 69:
Centre de manuten-
toiture légèrement inclinée a été intégrale- (et formes). Tous ont cependant les trois
tion de marchan-
ment recouverte de modules PV. L’installa- éléments suivants en commun:
Illustration 68: Mai- dises de la société
tion PV injecte chaque année dans le ré- 1. Ces cellules possèdent un rendement
son à énergie posi- Pistor AG à Ro-
tive à Küsnacht do- seau env. 3 fois la quantité d’énergie élec- inférieur aux cellules non colorées (env. 1 à thenburg doté
tée d’une installa- trique consommée par le bâtiment lui- 3 %). d’une installation
tion PV de 13,2 kWc même. Cette maison a reçu en 2011 le Prix 2. Ces cellules sont légèrement plus chères PV apposée d’une
intégrée dans la toi- Solaire Suisse. que les cellules non colorées. puissance de 850
ture (Huber, Metz- 3. L’intensité des couleurs est faible, toutes kWp.
ler, Rufer). Bâtiment industriel les couleurs sont relativement sombres et
Sur le bâtiment de la société Pistor AG à mates. Les tons rappellent les couleurs de Tableau 13: Don-
Tableau 12: Don- Rothenburg, Edisun Power a fait construire la terre. nées relatives à
nées relatives à la la plus grande installation PV de Suisse l’installation PV de
maison familiale de la société Pistor AG
centrale de l’époque. Pour pouvoir exploi-
Küsnacht. – Edisun Power AG.

Maison familiale Minergie-P à Küsnacht Halle industrielle à Rothenburg


Mise en service Décembre 2010 Mise en service Novembre 2010
Puissance de l’installation 13,2 kWc / 75 m2 Puissance de l’installation 850 kWc / 6092 m2
/ Surface des modules / Surface des modules
Modules PV 60 Sunpower SPR 220 blk, 220 Wc Modules PV 3692 REC 230 AE, 230 Wc
Onduleur Fronius IG Plus 150-3, 12 kW Onduleur 26 SMA STP 17000 TL, 17 kW, 1
Sputnik Solarmax 300C, 300 kW
Système de montage Solrif Système de montage Spécifique au client
Orientation 35 ° ouest, 15 ° d’inclinaison Orientation Diverse, minimum 3 ° d’inclinaison
Rendement énergétique Env. 13 000 kWh Rendement énergétique Env. 720 000 kWh
annuel annuel
60
Photovoltaïque

Capteurs hybrides Systèmes en îlotage


L’idée n’est pas nouvelle: Produire de la Il y a à peine quelques années, les systèmes
chaleur et de l’électricité dans un même en îlotage représentaient encore la princi-
capteur. La difficulté, dans ce cas, réside pale voie de développement des modules
dans le fait qu’un bon capteur thermique PV. La plupart du temps, par l’intégration
possède une température de stagnation la d’une batterie au plomb, quelques mo-
plus élevée possible, tandis que les cellules dules PV alimentaient un bâtiment éloigné
solaires, en fonctionnement, doivent être du réseau électrique. Malgré une popula-
les plus froides possibles. Pour que la tem- rité croissante de ces systèmes, ils ne
pérature des cellules solaires reste faible, il jouent plus aujourd’hui qu’un rôle secon-
faut donc évacuer une grande quantité de daire en raison de la dominance des instal-
chaleur basse température (30 à 40 °C). lations PV raccordées au réseau sur le mar-
Cela n’est aujourd’hui possible qu’à l’aide ché mondial du photovoltaïque.
d’accumulateurs thermiques longue du-
rée, notamment géothermiques. Les obs- Systèmes solaires mobiles et intégrés
tacles financiers et techniques au raccor- On retrouve du photovoltaïque dans diffé-
dement de tels accumulateurs expliquent rents appareils et systèmes mobiles: Les
en partie pourquoi les capteurs hybrides feux de signalisation mobiles, les parc-
sont aujourd’hui très peu utilisés. mètres, les calculatrices de poche mais
également les satellites sont équipés de-
Systèmes hybrides (PV-diesel) puis des années de cellules solaires. La plu-
Dans les pays possédant une mauvaise in- part du temps, l’objectif est de minimiser
frastructure électrique, mais également les coûts: L’électricité solaire, associée à un
dans les régions isolées de pays industriali- accumulateur, est souvent moins chère
sés, le générateur diesel représente au- que le raccordement de l’appareil à l’aide
jourd’hui encore l’une des principales d’un câble ou le changement régulier
sources de production d’électricité. Dans d’une batterie, notamment pour les appa-
la plupart des régions du monde, l’électri- reils peu gourmands en énergie.
cité solaire est toutefois aujourd’hui déjà
moins chère que l’électricité produite par Systèmes autonomes et systèmes de
des générateurs diesel. Sans grandes gestion de l’énergie
Illustration 70: Sys- adaptations de ces systèmes, on peut utili- A partir des systèmes en îlotage et des ali-
tème autonome de ser une partie d’électricité solaire pour mentations sans coupure (ASC) ce sont les
SMA pour l’intégra- économiser du diesel. Néanmoins, si l’élec- systèmes de secours (illustr. 70) et plus ré-
tion d’installations tricité solaire doit être la source d’énergie cemment les systèmes de gestion de l’éner-
PV, de batteries et primaire, une nouvelle gestion de l’énergie gie qui se sont tout d’abord développés.
de générateurs die-
et une certaine capacité d’accumulation Tous ces systèmes ont en commun le fait
sel (SMA Solar Tech-
sont généralement requises. de pouvoir exploiter une installation PV
nology AG).

Compteur
d’injection PV Installation PV

Poste de commutation auto-


matique pour installations PV
Réseau
électrique Compteur Compteur Contacteur PV
public d’achat d’injection PV Consommateurs
Poste de sectionnement
réseau / réseau en îlotage

Protection
Générateur
du générateur
61
Energies renouvelables

ainsi que des consommateurs avec ou sans solaires traditionnelles, de sorte que la part
raccordement au réseau. Les systèmes au- de marché des CPV est aujourd’hui réduite,
tonomes sont en premier lieu utilisés pour et en constante régression.
accroître la sécurité d’approvisionnement,
tandis que les systèmes de gestion de Rentabilité
l’énergie, grâce à leurs atouts écono-
miques, diminuent la consommation Prix des installations
propre et déchargent ainsi le réseau élec- A mesure que les prix des modules PV ont
trique. Les deux systèmes représentent au- chuté, la pression sur les prix s’est répercu-
jourd’hui, par rapport aux installations clas- tée sur d’autres composants des installa-
siques reliées au réseau, une part de mar- tions PV ainsi que sur l’intervention de
ché relativement faible et en régression. l’installateur, de sorte qu’une installation
PV clé en main ne coûte plus aujourd’hui
Installations PV à concentrateurs (CPV) qu’env. la moitié à un quart de ce qu’elle
On sait certes fabriquer aujourd’hui des coûtait il y a 10 ans (illustr. 71). Les coûts
cellules solaires ayant un rendement pou- spécifiques du projet sont donc aujourd’hui
vant atteindre 40 %, mais on ne sait géné- d’autant plus conséquents.
ralement pas les utiliser de façon écono- Malgré tout, notamment pour les petites
mique et écologique. Les CPV proposent installations PV, les coûts restent nette-
un début de solution: Sur une cellule haute ment plus élevés en Suisse qu’en Alle-
puissance de la taille d’un ongle, la lumière magne (tabl. 14). Outre les facteurs tradi-
du soleil est concentrée jusqu’à 500 fois à tionnels de «l’îlot de cherté Suisse», cela
l’aide d’un système de lentilles. Les notions est également dû à la taille encore relative-
de coût et d’écologie de la cellule ne jouent ment petite du marché suisse et au
alors qu’un rôle secondaire, toutefois le manque d’efficience qui en résulte dans la
système global est nettement plus com- chaîne de valeur ajoutée globale.
plexe, notamment en raison du système de
guidage requis. L’avantage financier initial Instruments de subvention
de ces systèmes a quasiment disparu en Avec la rétribution à prix coûtant du cou-
raison de la forte chute des prix des cellules rant injecté (RPC), la Suisse dispose d’un

Euro / kWc
6000

5000
Illustration 71: Les
4000 prix des installa-
tions PV de 10 kWc
3000
ont chuté de deux
2000 tiers en Allemagne
en 5 ans. En Suisse,
1000 les prix ont évolué
de la même ma-
0 nière, bien qu’à un
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
niveau un peu plus
Année
élevé (BSW Solar).

Taille de l’installation Gamme de prix pour installations clé en main


Tableau 14: Prix
Jusqu’à 5 kWc 3500 Fr. à 8000 Fr. par kWc spécifiques en fonc-
Jusqu’à 20 kWc 3000 Fr. à 6000 Fr. par kWc tion de la taille des
installations en
Jusqu’à 50 kWc 2500 Fr. à 4500 Fr. par kWc
Suisse (Niveau de
Grandes installations 2000 Fr. à 3000 Fr. par kWc prix 2013).
62
Photovoltaïque

instrument de subvention national. Ce sionnels de l’énergie solaire, s’efforce de


n’est pas l’installation PV elle-même qui proposer une liste toujours actualisée des
est subventionnée, mais l’électricité pro- instruments de subvention cantonaux dis-
duite. Les taux de rétribution dépendent ponibles (www.swissolar.ch).
des prix du marché et ont ainsi baissé
chaque année. La RPC est financée par Calcul de rentabilité
une taxe payée par tous les consomma- Le calcul de rentabilité présenté ici pour-
teurs sur l’électricité consommée. Une li- suit deux objectifs:
mite supérieure (plafond) est définie pour ]]La détermination du prix de revient de
cette taxe. Les taux de rétribution actuels l’électricité pour un prix du système donné
sont indiqués sur le site Internet de Swiss- et un taux d’intérêt donné
grid (www.swissgrid.ch) à la rubrique ]]La détermination des rendements (taux
«Energies renouvelables». Outre la RPC, il d’intérêt) pour une rétribution d’injection
existe toute une série d’instruments de donnée
subvention cantonaux et communaux, Pour simplifier, on laissera de côté les
ainsi que quelques bourses solaires privées considérations de rentabilité prenant en
sur un modèle similaire à celui de la RPC. compte les prix du marché de l’électricité
Swissolar, l’Association suisse des profes- conventionnelle.

Année Production Revenu brut Entretien Frais d’intérêt Revenu net Solde
kWh Fr. Fr. Fr. Fr. Fr.
0 – 17 500
1 4 800 1 594 336 791 467 – 17 033
2 4 776 1 586 336 770 480 – 16 553
3 4 752 1 578 336 748 494 – 16 060
4 4 728 1 570 336 726 508 – 15 552
5 4 705 1 562 336 703 523 – 15 029
6 4 681 1 554 336 679 539 – 14 490
7 4 658 1 546 336 655 556 – 13 934
8 4 634 1 539 336 630 573 – 13 361
9 4 611 1 531 336 604 591 – 12 770
10 4 588 1 523 336 577 610 – 12 160
11 4 565 1 516 336 550 630 – 11 530
12 4 543 1 508 336 521 651 – 10 879
13 4 520 1 501 336 492 673 – 10 206
14 4 497 1 493 336 461 696 – 9 510
15 4 475 1 486 336 430 720 – 8 790
16 4 452 1 478 336 397 745 – 8 046
17 4 430 1 471 336 364 771 – 7 274
18 4 408 1 463 336 329 799 – 6 476
19 4 386 1 456 336 293 827 – 5 648
Tableau 15: Calcul 20 4 364 1 449 336 255 858 – 4 791
de rentabilité pour
21 4 342 1 442 336 217 889 – 3 902
la détermination
des rendements du 22 4 320 1 434 336 176 922 – 2 980
projet ou du prix de 23 4 299 1 427 336 135 957 – 2 023
revient de l’électri- 24 4 277 1 420 336 91 993 – 1 030
cité pour une instal-
25 4 256 1 413 336 47 1 030 0
lation PV de 5 kWc.
63
Energies renouvelables

Le calcul de rentabilité s’effectue à l’aide ]]Revenu net en francs: revenu brut moins
d’un plan des flux de trésorerie. D’année entretien moins frais d’intérêt
en année, on calcule les entrées et sorties ]]Solde en francs: solde de l’année précé-
par rapport au capital investi, jusqu’à ce dente plus revenu net
que le capital ait été totalement remboursé Toutes les grandeurs peuvent être modi-
à la fin de la durée de vie de l’installation. fiées pour calculer une situation donnée.
Cela permet de déterminer le rendement Dans cet exemple (tabl. 15), le taux d’inté-
du capital ou, pour un rendement donné rêt est modifié jusqu’à ce que le solde de
du capital, de calculer le prix de revient de la dernière année tombe à zéro. Cela signi-
l’électricité. Considérons une installation fie qu’après 25 ans, le capital investi a été
PV à poser de 5 kWc, raccordée au réseau entièrement remboursé. Le taux d’intérêt
en 2013 au prix de 17 500 francs et rece- ainsi déterminé s’élève à 4,52 %.
vant une rétribution du courant injecté de
33,2 ct./kWh (tarifs RPC). L’installation Ecologie
produit la première année 4800 kWh, puis Par rapport à d’autres méthodes de pro-
chaque année 0,5 % de moins. Les coûts duction d’électricité, le photovoltaïque
d’entretien s’élèvent à 7 ct./kWh, ce mon- possède un très bon bilan environnemen-
tant se référant toujours à la première an- tal global. Il est toutefois très compliqué
née de service. d’appréhender globalement l’influence
Le tableau des flux de trésorerie calcule environnementale d’une forme d’énergie
Illustration 72: Bilan
ainsi année par année les grandeurs sui- et les études s’y rapportant sont à considé-
écologique de diffé-
vantes: rer avec précaution. L’une des études les
rentes technologies
]]Production en kWh: en baisse de 0,5 % plus complètes à ce sujet a été publiée en de production
chaque année 2009 par l’Institut Paul Scherrer (illustr. d’électricité en pre-
]]Revenu brut en francs: production en 72). Cette étude a pris en compte non seu- nant en compte 61
kWh multiplié par 33,2 ct./kWh lement les émissions de CO2, mais égale- critères des secteurs
]]Entretien en francs: production en kWh ment 61 critères issus des domaines de de l’environnement,
de la première année multiplié par 7 ct./ l’environnement, de l’économie et de la de l’économie et de
kWh société. la société. Les va-
]]Frais d’intérêt en francs: solde de l’année Le photovoltaïque se différencie très forte- leurs extrêmes ont
précédente multiplié par le taux d’intérêt ment des centrales conventionnelles, c’est été supprimées
pour une meilleure
non encore connu pourquoi il est particulièrement difficile de
lisibilité. (PSI).

Worst

Best
Gen III - EU Press. Reactor

Gen IV - EU Fast Reactor

Offshore wind, 24 MWe


Integ. Gasification, CCS

Integ. Gasification, CCS

Small engine, < 1 MWe

MC Fuel cell, < 1 MWe

MC Fuel cell, < 1 MWe


Pulverized Lignite (PL)

PV, thin film, sm. scale


SO Fuel cell, < 1 MWe
Combined Cycle (CC)

MC Fuel cell, 2 MWe


Pulverized Coal (PC)

Waste straw, 9 MWe


CC, post-comb. CCS
PC, post-comb. CCS

PL, post-comb. CCS

Solar thermal plant


SRF Poplar, 9 MWe
Integ. Gasification

Integ. Gasification
PC, oxy-fuel CCS

PL, oxy-fuel CCS

PV, small scale


PV, large scale

Nuclear Coal Lignite Coal Lignite Natural Natural Gas Biomass Solar Wind
Gasification Gas Combined Heat & Power
64
Photovoltaïque

réaliser des comparaisons directes. Voici mique et hydraulique. Cela est dû au fait
quelques remarques relatives au photovol- que les modules PV sont fabriqués avec
taïque qui peuvent donner quelques pistes une énergie ayant un très mauvais bilan
sur le caractère écologique des installa- CO2. Si les modules PV étaient fabriqués en
tions PV: circuit fermé avec de l’électricité solaire, ils
]]Une installation PV clé en main possède seraient quasiment neutres en CO2, comme
en Suisse un facteur de retour énergé- l’énergie qu’ils produisent.
tique d’env. 10, c.-à-d. qu’elle injecte dans ]]Les modules PV sont un produit haute-
le réseau, au cours de sa durée de vie, 10 ment industrialisé. Pour leur production,
fois plus d’énergie qu’elle n’en nécessite comme dans l’ensemble du secteur de
pour sa production. l’électronique, des substances toxiques
]]Le délai d’amortissement énergé- pour l’environnement sont utilisées. A la
tique d’une installation PV clé en main est différence de l’achat d’un appareil électro-
en Suisse d’env. 2 à 3 ans. Ensuite, l’éner- nique de divertissement, l’acheteur moyen
gie consommée par tous les composants d’une installation PV possède toutefois une
de l’installation PV est compensée par sa conscience environnementale élevée. Très
production électrique. récemment, cela a poussé de nombreux
]]Par rapport à des centrales convention- fabricants à respecter, sur une base volon-
nelles, la dépense d’énergie pour la taire, des standards environnementaux éle-
construction d’une centrale photovoltaïque vés et à produire leurs modules PV de façon
est élevée. Toutefois, cette énergie est plu- aussi écologique que possible.
sieurs fois récupérée, tandis que dans le cas
des centrales utilisant des énergies fossiles Sources
ou nucléaires, il faut sans cesse faire venir [1] Leitfaden Photovoltaische Anlagen,
de l’énergie sous forme de combustible. www.swissolar.ch
]]La quantité de matières premières utili- [2] Häberlin Heinrich: Photovoltaik, Strom
sée pour chaque kWh converti est égale- aus Sonnenlicht für Verbundnetz und
Illustration 73: ment relativement élevée dans le cas du Insel­anlagen, 2. wesentlich erweiterte und
Charge environne- photovoltaïque. Les matières premières aktualisierte Auflage 2010, Electrosuisse
mentale de diffé- peuvent toutefois être quasi entièrement Verlag, Fehraltorf
rentes productions recyclées et, à la fin de la durée de vie [3] Allgemeine Informationen zur Sonne-
d’électricité (Huber d’une installation PV, être réutilisées dans nenergie in der Schweiz, Verzeichnis von
H., Metzler Th., Ru- une nouvelle installation. Solarprofis, diverse Merkblätter: Swissolar,
fer D., Plusenergie- ]]Le bilan CO2 de l’électricité solaire est Association suisse des professionnels de
Haus, Faktor Verlag
moins bon que celui de l’électricité ato- l’énergie solaire, www.swissolar.ch
2013).
[4] Prescriptions importantes sur la réalisa-
Unités de charge écologique Gaz à effet de serre tion d’installations PV: Norme sur les instal-
UCE/kWh g éq-CO2 /kWh lations basse tension (NIBT 2010), notam-
1000 2000 ment partie 7.12, www.electrosuisse.ch
900 1800 [5] Informations et prescriptions relatives à
800 1600 la protection incendie: Association des
700 1400 établissements cantonaux d’assurance in-
600 1200 cendie (AEAI), www.praever.ch
500 1000 [6] Informations et prescriptions sur la pro-
400 800 tection contre la foudre: Principes direc-
300 600 teurs de la SEV sur la protection contre la
200 400 foudre: 4022:2008, www.electrosuisse.ch
100 5035 200 [7] Calculs des charges de vent et de neige:
0 0 SIA 261 Actions sur les structures por-
Charbon Nuclé- Centrale Eolien Hydrau- Prod. teuses, SN 505261
aire à gaz à lique domestique
cycle combiné d’él. solaire
Chapitre 5

Pompes à chaleur

Philippe Les pompes à chaleur (PAC) sont des ma- versibles idéaux, représentés dans un dia-
Hennemann, chines qui, à l’aide d’une précieuse source gramme température-entropie (illustr. 74).
Hanspeter Eicher d’énergie, permettent d’élever la tempéra- Les processus isothermes sont ceux qui se
ture d’une chaleur basse température déroulent à température constante. Les
(chaleur environnementale ou rejets de processus isentropiques ou adiabatiques
chaleur) à un niveau plus élevé, approprié sont ceux pour lesquels en présence de
à des applications de chauffage et de pro- changements d’états réversibles, la capa-
duction d’eau chaude. cité thermique reste inchangée. Les quatre
Les pompes à chaleur entraînées par une étapes du cycle sont les suivantes:
énergie mécanique sont appelées pompes 1. Compression adiabatique de l’état 1 à
à chaleur à compression. Les modules en- l’état 2, accompagnée d’une augmenta-
traînés par de la chaleur haute température tion de température de To (basse tempéra-
sont appelés pompes à chaleur à absorp- ture) à Tc (haute température). Pour ce
tion. Ces dernières n’ont jusqu’à présent faire, un travail mécanique doit être fourni.
joué qu’un rôle secondaire dans la techno- 2. Dégagement de chaleur isotherme
logie des pompes à chaleur et sont surtout (QPAC) à la température Tc, de l’état 2 à
utilisées pour la production de froid. Cette l’état 3. Cela correspond à la distribution
technologie est traitée au chapitre 11 «Pro- de chaleur utile.
duction de froid renouvelable». 3. Détente adiabatique de l’état 3 à l’état
4, associée à une diminution de tempéra-
PAC à compression ture de Tc à To. Un travail mécanique est
Le rôle d’une pompe à chaleur à compres- ainsi récupéré.
sion est d’élever la température de la cha- Apport de chaleur isotherme à basse tem-
leur jusqu’à la valeur requise pour l’applica- pérature To de l’état 4 à l’état 1. Cela cor-
tion prévue, en utilisant le moins d’énergie respond à l’apport de chaleur de la source
mécanique possible. Par exemple, le chauf- de chaleur.
fage nécessite une élévation jusqu’à 30 à L’énergie mécanique nette WPAC fournie
45 °C selon le système de chauffage utilisé, est la somme de l’énergie mécanique ap-
et la production d’eau chaude jusqu’à 50 à portée et récupérée. La chaleur utile est
60 °C selon le domaine d’utilisation. désignée par QPAC. L’indice de performance Illustration 74:
Le rapport entre la chaleur utile et l’éner- εc de ce cycle met en relation la quantité Cycle de Carnot
dans le diagramme
gie mécanique dépensée est la principale d’énergie mécanique WPAC qui doit être
température-en-
valeur décrivant l’efficience d’une pompe fournie pour mettre à disposition la chaleur
thalpie.
à chaleur. Dans la pratique, on s’intéres-
sera surtout à l’efficience maximale pos- T = température absolue
sible de pompes à chaleur réelles, sur le
banc d’essai et en exploitation. 3 Isotherme 2−3 2
Tc
Principes de base
Le cycle de Carnot d’une pompe à chaleur
décrit le processus réversible idéal permet- Isentrope Isentrope
3−4
tant de transformer, avec une performance
maximale, un travail mécanique en chaleur
ou, à l’inverse, de la chaleur en travail. Il cor-
respond au processus thermodynamique To
4 Isotherme 4 −1 1
qui permet d’obtenir l’efficience maximale.
Le cycle de Carnot d’une pompe à chaleur
S
se compose de quatre processus partiels ré-
66
Pompes à chaleur

QPAC dégagée à haute température Tc à par- 1. Compresseur pour l’apport mécanique


tir de la chaleur apportée à basse tempéra- de l’énergie et l’augmentation de tempé-
ture To. La thermodynamique permet de rature du fluide frigorigène
déduire la formule suivante du cycle de 2. Condenseur (échangeur de chaleur)
Carnot pour les pompes à chaleur: pour la distribution de chaleur au système
de chauffage à haute température
3. Détendeur pour la diminution de la
QPAC Tc
εc = = température par détente
WPAC (Tc − To) 4. Evaporateur (échangeur de chaleur)
pour l’absorption de chaleur à partir de la
L’indice de performance de Carnot est source de chaleur
certes de nature théorique, et ne peut en Le fluide frigorigène utilisé doit permettre
pratique jamais être atteint. Toutefois, il d’approcher le plus possible le cycle de
montre qu’il est primordial, pour obtenir Carnot, tout en remplissant également
une efficacité élevée des pompes à cha- d’autres exigences importantes telles que
leur, que la différence entre les tempéra- la non toxicité, la non inflammabilité, le
tures Tc et To reste la plus faible possible. Si respect de l’environnement et des coûts
To est essentiellement déterminée par le bas. Il passe au cours du cycle par différents
choix de la source de chaleur, Tc peut quant changements d’état. Dans la moitié gauche
à elle être très fortement influencée par les de l’illustration 76, le fluide frigorigène est
niveaux de température choisis pour la dis- à l’état liquide et dans la moitié droite, à
tribution de chaleur. En outre, la construc- l’état vapeur. Dans la moitié supérieure, il
tion de la pompe à chaleur influe elle aussi présente une pression élevée, dans la moi-
considérablement sur cette différence de tié inférieure une pression basse.
température.
L’illustration 75 montre l’indice de perfor- Le cycle réel d’une pompe à chaleur
mance de Carnot εc qui peut être atteint Pour expliquer un cycle réel de pompe à
en fonction des températures To et Tc. chaleur avec des fluides caloporteurs don-
nés (fluides frigorigènes), on utilise le dia-
Principaux composants de la pompe à gramme log-p-h (diagramme pression-en-
chaleur à compression thalpie). Sur l’axe vertical est reportée de
Les pompes à chaleur réelles permettent façon logarithmique la pression p, sur l’axe
seulement d’approcher le cycle de Carnot horizontal est reportée de façon linéaire
Illustration 75: idéal. Outre ses quatre principaux compo- l’enthalpie h. Dans la zone bleue, le fluide
Indices de perfor- sants (illustr. 76), une pompe à chaleur frigorigène est à l’état liquide, dans la zone
mance selon Carnot possède également un fluide caloporteur orange (en dessous de la courbe en cloche) Illustration 76: Cycle
en fonction des (fluide frigorigène) qui change quatre fois il se trouve dans un état mi-liquide, mi-va- d’une machine de
températures basses production de froid
d’état au cours du cycle: peur (vapeur humide) et dans la zone rouge,
et hautes (To et Tc ). à compression.

Indice de performance de Carnot


14 Liquide Vapeur
To = + 8 °C
Haute pression

12
Condenseur
3 2
10
To = + 4 °C
8
To = − 4 °C Organe Condenseur/
Basse pression

6 d’étranglement compresseur

4
4 1
Evaporateur
2
30 35 40 45 50
Température Tc
67
Energies renouvelables

il est à l’état de vapeur uniquement. Ce dia- soit atteinte et qu’il n’y ait plus aucune va-
gramme illustre ainsi les variations d’état peur surchauffée. Ensuite, le fluide frigori-
thermodynamiques importantes du cycle de gène se condense dans la zone de vapeur
la pompe à chaleur. Les isothermes sont des humide en dégageant de la chaleur à pres-
lignes de température constante, les iso- sion constante et à température constante,
bares celles de pression constante. Le long jusqu’à ce qu’il se liquéfie totalement au
des isenthalpes, la somme de l’énergie in- niveau de la ligne d’ébullition et soit ensuite
terne (dans cette considération simplifiée, la encore sous-refroidi jusqu’à atteindre le
chaleur) et de l’énergie mécanique est point 3. Ce sous-refroidissement permet
constante, mais une transformation de d’optimiser le processus, sinon le point 4 se
l’énergie mécanique en chaleur ou inverse- trouveraient trop bas dans la zone de va-
ment reste possible. Les isentropes (ou adia- peur humide et le fluide frigorigène perdrait
batiques) sont des lignes d’entropie une partie de sa capacité à absorber la cha-
constante, c.-à-d. des lignes sur lesquelles la leur pendant l’évaporation. La variation
quantité de chaleur reste constante dans d’enthalpie entre le point 2 et le point 3 cor-
des changements d’état réversibles. Toutes respond précisément à la quantité de cha-
ces lignes correspondent à des change- leur que la pompe à chaleur idéale cède au
ments d’états thermodynamiques idéalisés, système de chauffage. En effet, l’énergie
qui ne peuvent qu’être approchés dans la mécanique dans le fluide frigorigène ne va-
pratique. Le rapport entre l’indice de perfor- rie pas lorsque la pression reste constante.
mance de Carnot et l’indice de performance Entre le point 3 et le point 4, il se produit
réel est appelé niveau de qualité. Les une détente sans déperdition d’énergie,
pompes à chaleur actuelles atteignent des donc le long d’une adiabatique qui s’étend
niveaux de qualité d’env. 0,6. Des valeurs de
0,7 seraient techniquement possibles, mais log p
t h s
ne font aujourd’hui pas partie du standard Isenthalpe Point critique
pour des raisons de coût.
Au point 1, le compresseur aspire le fluide Isentrope
frigorigène à l’état de vapeur et le com- Isobare
presse à un niveau de pression et de tempé- Liquide
rature plus élevé, le long d’une adiabatique (sous-refroidi) Isotherme Gazeux
Ligne Transition (surchauffé)
jusqu’au point 2. L’énergie mécanique four-
d’ébullition (vapeur humide) v
nie est entièrement convertie en travail volu-
x
mique et permet, avec le plus petit apport
Isochore
de travail mécanique possible, d’obtenir
l’augmentation de température souhaitée Ligne de
vapeur saturée
Illustration 77: dans le fluide frigorigène. L’énergie méca-
h
Diagramme log-p-h nique requise pour la compression adiaba-
tique (augmentation de température) ré-
sulte de l’augmentation de l’enthalpie entre log p
le point 1 et le point 2. Les fluides frigori-
gènes les plus performants sur le plan ther- Condensation
3 p = constant 2
modynamique sont donc ceux qui pré- pc
sentent des isentropes raides, car ils per-
mettent ainsi d’atteindre l’augmentation de Détente Compression
Illustration 78: Dia- h = constant
température souhaitée avec peu d’énergie s = constant
gramme log-p-h du p0
4 Evaporation 1
mécanique.
cycle de pompe à p = constant
chaleur idéal d’une La distribution de chaleur s’effectue ensuite
pompe à chaleur à en deux étapes. Premièrement lors de la
compression, avec désurchauffe, lors de laquelle la tempéra- h
∆hEvaporateur ∆hCompresseur
un fluide frigori- ture est réduite sans modification d’état ∆hCondensateur
gène donné. jusqu’à ce que la ligne de vapeur saturée
68
Pompes à chaleur

verticalement conformément au dia- sement qui se produit avant le point 3. L’effi-


gramme. Par définition, la capacité énergé- cience du cycle d’une pompe à chaleur est
tique du fluide frigorigène ne varie pas et le le résultat du gain de chaleur utile (delta h
travail volumique fourni est converti en cha- du condenseur) divisé par la consommation
leur, ce qui entraîne une évaporation d’une d’énergie mécanique (delta h du compres-
partie du fluide frigorigène. Il se produit seur).
ensuite entre le point 4 et la courbe de va-
peur saturée l’évaporation du fluide frigori- Valeurs d’efficience des pompes à
gène par apport de chaleur à partir de la chaleur à compression
source de chaleur, à pression et à tempéra- Les principales valeurs d’efficience d’une
ture constantes. pompe à chaleur dans la pratique sont les
Juste avant le point 1, le fluide frigorigène suivantes:
est surchauffé afin que le compresseur n’as- ]]Coefficient de performance, COP
pire pas de liquide. La chaleur nécessaire à la ]]Coefficient de performance annuel,
surchauffe est récupérée du sous-refroidis- COPan

Installation de chauffage
Installation de production de chaleur Installation d’utilisa-
tion de chaleur
Installation de Distribution de
Installation de pompe à chaleur
Installation chauffage chaleur
Installation PAC d´accumulateur auxiliaire
de source Condenseur
de chaleur
Accu-
mula-
teur Chau-
dière
Source de Evaporateur
chaleur
Distribution de
chaleur

Indice de performance ε Coefficient de performance COP


· ·
QPAC QPAC
= P COP =
PAC
PPAC+ PV + PK + PSR + PA

Coefficient de performance COP


QPAC - QSPA
COP =
EPAC + EP,V + EP,K + ESR + EA + EC

Puissances (valeur instantanées ou valeurs moyennes sur une courte période)


·
QPAC Puissance de chauffe de la pompe à chaleur
PPAC Puissance électrique du compresseur de la pompe à chaleur
PV Puissance relative nécessaire pour pallier la perte de charge de l’évaporateur
PK Puissance relative nécessaire pour pallier la perte de charge du condenseur
PSR Puissance électrique de la commande et de la régulation à l’intérieur de la pompe à chaleur
PA Puissance électrique moyenne du dispositif de dégivrage

Quantités d’énergie (valeurs annuelles)


QPAC Quantité de chaleur produite par la pompe à chaleur
QSPA Pertes de chaleur de l’installation d’accumulation
EPAC Consommation d’énergie du compresseur de la pompe à chaleur
EP,V Consommation d’énergie de la pompe de l’évaporateur (partie)
Illustration 79: EP,K Consommation d’énergie de la pompe du condenseur (partie)
Limites du système ESR Consommation d’énergie de la commande et de la régulation
et caractéristiques EA Consommation d’énergie du dispositif de dégivrage
des pompes à cha- EC Consommation d’énergie du chauffage de carter
leur.
69
Energies renouvelables

COP Pour obtenir le label de qualité de l’EHPA,


Le coefficient de performance COP est le les pompes à chaleur doivent présenter
rapport de la puissance de chauffe sur la depuis 2011, aux points de fonctionne-
puissance absorbée de tous les consomma- ment indiqués, les valeurs de COP mini-
teurs électriques (pompes, dégivrage etc.) males suivantes:
de la pompe à chaleur qui ne sont pas éga- ]]Pompes à chaleur air-eau: 3,1
lement présents dans une installation de ]]Pompes à chaleur saumure-eau: 4,3
chauffage conventionnelle. Les valeurs de ]]Pompes à chaleur eau-eau: 5,1
COP sont déterminées conformément à la
norme européenne, dans des centres de test Les améliorations importantes de ces der-
des pompes à chaleur. En Suisse, le Centre nières années sont surtout dues à l’utilisa-
de test des pompes à chaleur (WPZ) se situe tion de compresseurs Scroll spécialement
à Buchs (St-Gall) à la Haute école spécialisée conçus pour les applications de pompes à
de Buchs NTB. Ce Centre propose des pres- chaleur, ainsi qu’à l’utilisation de déten-
tations de contrôle relatives à la technologie deurs électroniques. Dans les installations
des pompes à chaleur pour les entreprises réalisées, c’est le coefficient de perfor-
de production et de distribution de la mance annuel (COPan) qui est déterminant.
branche. Les valeurs de COP des pompes à Pour fournir une indication d’efficience sur
chaleur air-eau et saumure-eau n’ont cessé toute une année, la quantité de chaleur
de s’améliorer au cours des dernières an- produite doit être mesurée et comparée à
nées (illustr. 80 et 81). Etant donné que les la consommation d’énergie électrique de
valeurs de COP dépendent de la tempéra- l’installation de pompe à chaleur. Lorsque
ture d’évaporation et de condensation, les les installations de pompe à chaleur sont
conditions suivantes s’appliquent: planifiées de façon optimale, elles peuvent
]]Pompe à chaleur air-eau: A2/W35 avec atteindre des coefficients de performance
température extérieure 2 °C et température annuels qui, dans les mêmes conditions,
de départ de l’eau de chauffage 35 °C correspondent quasiment aux valeurs de
]]Pompe à chaleur saumure-eau: B0/ COP mesurées. Dans les constructions
W35 avec température du sol 0 °C et tem- nouvelles optimisées, le COPan pour le
pérature de départ de l’eau de chauffage chauffage et la production d’eau chaude,
35 °C dans le cas des pompes à chaleur air-eau,
]]Pompe à chaleur eau-eau: W10/W35 est compris entre 3 et 3,5. Dans le cas des Illustration 81:
Illustration 80: avec température de l’eau de captage 10 °C pompes à chaleur à sondes géother- Evolution du COP
Evolution du COP et température de départ de l’eau de chauf- miques, il est compris entre 4 et 4,5 et des pompes à cha-
des pompes à cha- fage 35 °C dans le cas des pompes à chaleur à eaux leur saumure-eau
leur air-eau depuis depuis 1993 (WPZ
souterraines, entre 4,5 et 6,5.
1993 (WPZ Buchs). Buchs).

COP COP
4,2 5,0
4,0
4,8
3,8
COP (EN 255) COP (EN 255)
3,6 4,6

3,4 4,4
3,2 COP2 (EN14511)
4,2
3,0
COP (EN14511) COP (EN14511)
2,8 4,0
2,6 3,8
Exigences EHPA
2,4 Exigences EHPA
3,6
2,2
2,0 3,4
1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011
70
Pompes à chaleur

Sources de chaleur sance permet déjà d’alimenter un immeuble


Pour l’utilisation d’une source de chaleur, d’habitation de 8 à 10 logements, neuf ou
les critères suivants sont déterminants: rénové sur le plan thermique, soit une
]]Disponibilité grande partie de tous les bâtiments d’habi-
]]Fiabilité de l’utilisation tation de Suisse. Le principal inconvénient
]]Courbe annuelle de la température de l’air extérieur réside dans les coefficients
]]Encrassement de performance annuels encore relative-
]]Corrosion ment bas par rapport aux autres sources de
Sur le plan de l’efficience, les critères les plus chaleur. Pour atteindre des valeurs supé-
pertinents sont ceux de la température et de rieures à 3, les températures de départ du
l’encrassement. Toutefois, il ne faut pas su- chauffage doivent être nettement infé-
restimer l’importance de l’augmentation de rieures à 40 °C.
température d’une source de chaleur. Si la Des améliorations sont néanmoins pos-
température d’évaporation augmente de 1 sibles dans ce domaine, comme le montrent
K sur toute l’année, le coefficient de perfor- les mesures effectuées au Centre de test
mance annuel s’améliore d’env. 3 %. Avec des pompes à chaleur de Buchs (illustr. 80).
une augmentation de 5 K, on obtient ainsi Un autre inconvénient réside dans la sollici-
une augmentation d’env. 15 %. Dans le cas tation élevée du réseau électrique en pré-
d’une pompe à chaleur d’une puissance de sence de basses températures extérieures,
chauffe de 10 kW avec 2000 heures de en raison des coefficients de performance
plein régime, on obtient, pour un coefficient bas à ce point de fonctionnement. A ne pas
de performance annuel initial de 3,0, une négliger non plus, les émissions sonores qui
économie d’électricité de 870 kWh par an, peuvent par exemple limiter l’utilisation des
soit une économie d’env. 130 francs par an pompes à chaleur air-eau dans les zones
(prix de l’électricité 15 ct./kWh). L’utilisation densément peuplées.
d’une source de chaleur correspondante Des études de coûts montrent que pour
présentant une température utile supérieure une maison familiale ayant une puissance
de 5 K, une durée d’utilisation de 20 ans et de chauffe de 6 kW, un investissement de
un intérêt du capital de 2,5 % (annuité seulement 1200 francs peut être amorti
6,4 %) ne doit donc pas coûter plus de 2000 s’il permet d’augmenter le coefficient de
francs, soit 200 francs par kW de puissance performance annuel de 3,0 à 3,5. Cela
de chauffe, ce qui est quasiment impossible. montre que par exemple, l’utilisation d’ac-
cumulateurs de glace ou de surfaces d’ab-
Tableau 16: Princi- L’air extérieur comme source de sorbeur solaire spéciales est très peu perti-
pales sources de
chaleur nente sur le plan économique pour l’amé-
chaleur pour les
Le grand avantage de l’air extérieur est sa lioration du coefficient de performance
pompes à chaleur.
disponibilité, garantie partout. Aujourd’hui, annuel, et compliquerait en outre inutile-
Les eaux souter-
raines et la chaleur des installations compactes standardisées ment l’installation et son exploitation. Les
rejetée sont majori- pour placement intérieur sont disponibles améliorations nécessaires peuvent être ré-
tairement utilisées dans des puissances jusqu’à 20 kW et pour alisées plus avantageusement au niveau
pour les grandes placement extérieur, dans des puissances de la pompe à chaleur elle-même.
installations. jusqu’à env. 40 kW par module. Cette puis-
Source de chaleur Plage de température Autorisation requise
Air environnant Air extérieur – 15 °C à + 35 °C Non
Sol 7 °C à 12 °C (jusqu’à env. 400 m de profondeur) Oui
Eau: lacs, rivières, eaux souterraines 4 °C à 20 °C proche de la surface, variable selon Oui
les saisons, à des profondeurs supérieures à 20 m
autour de 12 °C
Chaleur rejetée de: stations d’épuration, production Stations d’épuration 13 °C à 15 °C, centres de Non
de froid, p. ex. centres de calcul, processus industriels, calcul 18 °C à 25 °C
eau de refroidissement d’installations d’air comprimé
71
Energies renouvelables

Des sondes géothermiques comme En outre, l’exploitation des pompes à cha-


source de chaleur leur saumure-eau, pour une puissance de
Les sondes géothermiques peuvent être uti- chauffe identique, est moins coûteuse que
lisées dans de nombreuses régions de celle des pompes à chaleur air-eau.
Suisse, mais pas partout. Dans certains can- ]]La recharge des sondes géothermiques à
tons, des systèmes SIG indiquent les en- l’aide de capteurs solaires n’est pas intéres-
droits où les sondes géothermiques sont sante sur le plan économique. Une re-
autorisées. Leurs principaux avantages sont charge avec des rejets thermiques non ré-
les suivants: cupérables pour d’autres usages peut être
]]Coefficients de performance plus élevés intéressante, mais nécessite dans tous les
qu’avec l’air extérieur. Des valeurs de 4 et cas une analyse coûts/bénéfices détaillée.
plus peuvent aujourd’hui être atteintes
dans les constructions nouvelles. Eaux souterraines et eaux de surface
]]A la température de dimensionnement L’utilisation d’eaux souterraines et d’eaux
(−8 °C sur le Plateau suisse), un coefficient de surface en tant que sources de froid et
de performance élevé peut encore être at- de chaleur est une solution jusqu’à présent
teint et le réseau électrique est bien moins largement sous-estimée. Souvent, ces
sollicité qu’avec l’air extérieur en tant que eaux sont relativement proches des sites
source de chaleur. ayant un besoin en chaleur et en froid. Il
]]Les sondes géothermiques permettent suffit de jeter un œil sur une carte pour
également de produire du froid climatique constater que les zones habitées sont sou-
renouvelable en été, quasiment sans inves- vent proches des berges de lacs et de ri-
tissement supplémentaire. Pour ce faire, vières. Toutefois, les démarches préalables
aucune machine de froid séparée n’est né- à leur utilisation sont relativement com-
cessaire, ce qui fait fortement chuter les plexes. Dans le cas des eaux souterraines,
coûts d’exploitation. Selon le rapport entre des études préliminaires complètes sont
le besoin en énergie de chauffage hivernal généralement requises afin de déterminer
et le besoin de froid estival, ces systèmes précisément la quantité qui peut être cap-
permettent de produire de façon renouve- tée. Dans le cas des lacs et des rivières, les
lable jusqu’à 90 % du froid climatique. Pour principaux freins sont les autorisations né-
les 10 % restants, la pompe à chaleur peut cessaires, ainsi que l’encrassement et le
être utilisée pour la production de froid sans coût des ouvrages de captage. C’est pour-
requérir aucune installation de climatisation quoi les eaux souterraines et les eaux de
séparée. Ces installations sont donc très surface ne sont appropriées que pour les
économiques. En outre, les sondes géo- grands bâtiments individuels et notam-
thermiques peuvent être rechargées quasi- ment pour les systèmes de chauffage à
ment sans investissement supplémentaire, distance et les systèmes de froid. Les eaux
ce qui permet d’économiser de l’électricité souterraines et de surface n’entrent donc
dans la période de chauffe. Pour le dimen- pas vraiment en concurrence avec les
sionnement de ces champs de sondes géo- sondes géothermiques. De plus, dans les
thermiques, on dispose de programmes de régions disposant de ce type d’eau, les
simulation appropriés permettant d’optimi- sondes géothermiques ne sont de toute
ser le champ de sondes sur le plan écono- façon pas autorisées. Les eaux souterraines
mique. Malgré tout, les inconvénients sont et de surface permettent d’atteindre des
les suivants: coefficients de performance annuels de
]]Les sondes géothermiques destinées au 4,5 à 6. Ces installations sont la plupart du
simple soutirage de chaleur sont nettement temps également intéressantes sur le plan
plus chères que les sources de chaleur ba- économique. Les installations de produc-
sées sur l’air extérieur. Il faut toutefois rela- tion combinée de chaleur et de froid per-
tiviser cela car les sondes géothermiques mettent elles aussi d’obtenir une très
peuvent être utilisées sur deux cycles de vie bonne rentabilité.
de pompes à chaleur, voire davantage.
72
Pompes à chaleur

Rejets thermiques des processus des Rejets thermiques des stations


secteurs de l’industrie et des services d’épuration
Les sources de rejets thermiques pour les Les rejets thermiques des stations d’épura-
pompes à chaleur sont nombreuses. Les tion présentent plusieurs avantages: une
principales comprennent les rejets ther- disponibilité assurée sur le long terme et
miques des processus de la production in- des sources dont la taille permet tout par-
dustrielle, celle des processus de refroidis- ticulièrement son utilisation.
sement dans les entreprises du secondaire Les inconvénients sont souvent la distance
et du tertiaire et celle des stations d’épura- par rapport à des consommateurs de cha-
tion. Dans le cas des rejets thermiques in- leur suffisamment grands et l’encrasse-
dustriels issus des processus, les tempéra- ment des eaux usées traitées. Cela produit
tures sont comprises entre 15 °C et plu- un biofilm sur les échangeurs de chaleur
sieurs centaines de degrés. En présence de qui nuit au transfert de chaleur. Le pro-
températures supérieures à 60  °C, le blème de l’encrassement peut être résolu
chauffage peut s’effectuer directement à l’aide d’échangeurs de chaleur redon-
sans qu’aucune pompe à chaleur ne soit dants, permettant un nettoyage automa-
nécessaire. L’inconvénient de l’utilisation tique. Les eaux usées traitées possèdent
des rejets thermiques industriels pour des une température comprise entre 10 et
bâtiments externes réside dans le fait que 14 °C et peuvent être utilisées aussi bien
le fournisseur de celle-ci ne peut en garan- pour la production de chaleur que pour la
tir la disponibilité jusqu’à l’amortissement production de froid, ce qui représente un
du réseau de chauffage à distance. L’idéal important intérêt économique.
est de disposer déjà d’une source de rem-
placement, par exemple des eaux souter- Composants des pompes à chaleur
De gauche à droite:
raines utilisées pour le refroidissement des Une pompe à chaleur à compression se
Illustration 82: processus. compose de quatre éléments principaux:
Compresseur Scroll Le potentiel de l’utilisation des rejets ther- ]]Compresseur
(Copeland) miques industriels est malgré tout très im- ]]Condenseur
portant. En 2010, 26 TWh d’énergie finale ]]Organe d’étranglement (détendeur)
Illustration 83: ont été utilisés pour la chaleur de processus ]]Evaporateur
Compresseur à vis industriels, sans compter l’énergie élec-
(Bitzer) trique utilisée dans les installations de froid Compresseur
techniques. Si l’on compare ces 26 TWh/an Principaux types de compresseurs:
Illustration 84:
avec le besoin énergétique final à long ]]Les compresseurs Scroll sont utilisés de
Turbocompresseur
terme pour le chauffage et la production façon standard dans les installations de
(Turbocor)
d’eau chaude, de presque 40 TWh/an, l’im- pompe à chaleur dans une plage de puis-
Illustration 85: Com-
portance de cette ressource ne fait aucun sance comprise entre 5 et 150 kW. Au-
presseur à pistons doute. Etant donné que les rejets ther- jourd’hui déjà, ils permettent de chauffer la
élévateurs, com- miques industriels présentent la plupart du majeure partie de tous les bâtiments d’ha-
presseur industriel temps des températures élevées, les coeffi- bitation et de services. Les derniers déve-
(Grasso) cients de performance annuels pouvant loppements s’orientent clairement vers des
être atteints avec les systèmes de pompes à compresseurs Scroll à vitesse variable, per-
chaleur sont également très élevés.
73
Energies renouvelables

mettant d’adapter la puissance thermique


aux besoins de l’objet.
]]Les compresseurs à vis présentent une
structure très compacte et sont utilisés
dans des plages de puissance moyennes à
élevées, principalement dans l’industrie.
]]Les turbocompresseurs présentent des
COP élevés et un très bon comportement
en charge partielle. L’inconvénient est leur
élévation de température relativement
faible d’env. 20 à 25 K. Ils sont principale- Illustration 86:
ment utilisés dans le domaine du froid. Echangeur de cha-
]]Les compresseurs à pistons permettent leur à plaques
une grande élévation de température et (BMS)
ainsi des températures de chauffage
jusqu’à env. 70 °C. Ils sont utilisés dans les
installations de PAC relativement grandes,
notamment avec l’ammoniac comme
fluide frigorigène.

Evaporateur et condenseur Illustration 87:


Les condenseurs et évaporateurs sont des Echangeur de cha-
échangeurs de chaleur spécialement leur à faisceaux tu-
conçus pour une utilisation particulière. bulaires (Bitzer)
Les échangeurs de chaleur à plaques sont
utilisés de façon standard en tant qu’éva-
porateurs dans les pompes à chaleur desti-
nées aux maisons familiales et aux im-
meubles d’habitation, utilisant la géother-
mie ou les eaux souterraines comme
source de chaleur. Ils sont compacts et bon
marché et sont souvent proposés en exé-
cution brasée. Si un nettoyage est néces-
saire, par exemple dans l’industrie alimen-
taire, on utilisera plutôt des exécutions
vissées. Les échangeurs de chaleur à fais-
ceaux tubulaires représentent une techno-
logie éprouvée depuis de très longues an- Illustration 88:
nées et sont par exemple utilisés avec de la Echangeur de cha-
chaleur provenant de fluides non traités leur à lamelles
tels que les eaux usées et les fluides corro- (Günther)
sifs, ou en présence de pressions élevées.
Pour une puissance identique, ils ont be-
soin de plus de place que les échangeurs
Illustration 89
de chaleur à plaques. Les échangeurs de
(à gauche): Déten-
chaleur à lamelles servent d’évaporateurs
deur électronique
pour les pompes à chaleur utilisant l’air
(Stulz)
comme source de chaleur.
Illustration 90 (à
Détente droite): Détendeur
En tant qu’organes d’étranglement, on uti- thermostatique
lise des détendeurs. Le détendeur thermos- (Danfoss)
74
Pompes à chaleur

tatique ne requiert aucune énergie auxi- un impact néfaste sur le réchauffement cli-
liaire. Aujourd’hui, on utilise principalement matique. Malgré les progrès qui ont été
des détendeurs électroniques permettant réalisés dans ce domaine au cours des der-
d’améliorer l’efficience. nières années, la tendance s’oriente claire-
ment vers des fluides frigorigènes naturels
Fluide frigorigène n’ayant quasiment aucun n’effet nocif sur
La plupart des fluides frigorigènes peuvent l’environnement. Pour des raisons de pro-
endommager la couche d’ozone ou avoir tection de l’environnement, il convient

Fluides frigorigènes Fluides frigorigènes de Fluides frigorigènes à moyen et long terme


initiaux transition/service

CFC HCFC / HFC HFC Naturels (combustibles)

(parfois chlorés) (hydrofluorocarbones)


(chlorofluoro-
carbones Fluides frigo- Mélanges Fluides frigo- Mélanges Fluides frigo- Mélanges
halogénés) rigènes à un rigènes à un rigènes à un (Blends)
(Blends) (Blends)
composant composant composant
p.ex. p.ex. Majoritairement p. ex. p. ex. p. ex. p.ex.
R11 R22 contenant du R134a R404A R717 NH3 R290 +
R12 R123 R22 R125 R507 R290 Propane R600a
R502 R124 R401A MP39 R32 R407A/C R1270
R13B1 R142b R402B HP81 R143a R410A Propylène R290 +
R408A FX10 R152a R417A Isc 59 R600a R170
Isobutane
R409A FX56 R413A Isc 49 R170 Ethane
Iceon 29 R744 CO2
Illustration 91: Iceon 29 R718 H2O
Fluide frigorigène
Peuvent continuer à fonctionner Interdiction pour les nouvelles installations Autorisé pour les nouvelles installations si A privilégier pour les nouvelles installations
mais le remplissage est interdit Peuvent continuer à fonctionner aucune alternative avec des fluides frigorigènes Non concerné par l’Ordonnance sur les
Tableau 17: Caracté- Obligation de signalement et de Obligation de signalement et de tenue d’un naturels n’est possible, obligation de signal- substances dangereuses car aucune
tenue d’un cahier de maintenance cahier de maintenance ement et de tenue d’un cahier de maintenance substance stable dans l’air
ristiques des fluides
frigorigènes

Fluide frigorigène GWP100a Valeur limite Indications rela- Température cri- Glissement de Température
(CO2=1,0) pratique (kg/m3) tives à la sécu- tique (°C) température à 1 d’ébullition à 1
rité bara (K) bara (°C)
R-134a 1200 0,25 – 101 0 – 26
R-407C 1520 0,31 – 87 7,4 – 44
R-404A 3260 0,48 – 73 0,7 – 47
R-410A 1720 0,44 – 72 < 0,2 – 51
R-417A 1950 0,15 – 90 5,6 – 43
R-507A 3300 0,52 – 71 0 -47
R-290 (Propane) 3 0,008 Inflammable 97 0 – 42
R-717 (NH3 ) 0 0,00035 Toxique 133 0 – 33
R-723 (NH3 & DME) 8 – Toxique 131 0 – 37
R-744 (CO2 ) 1 0,07 Haute pression 31 0 – 57*
R-718 (H2 O) 0 – – 374 0 100
Italique: Fluide frigorigène naturel
*En raison de la formation de glace, le CO2 doit être exploité au-dessus de 5,3 bars (point triple).
«GWP100a» désigne l’effet de serre rapporté à CO2 = 1, sur une période de 100 ans.
La «Valeur limite pratique (GWP)» désigne la valeur limite maximale admissible du fluide frigorigène dans l’air. Cette valeur prend
déjà en compte les marges de sécurité pour des concentrations inhomogènes (stratification).
La «Température critique» désigne la température au-dessus de laquelle il est impossible de liquéfier un gaz quelle que soit la pres-
sion.
Le «Glissement de température» désigne la différence entre la température d’ébullition et la température du point de rosée, pour
une pression constante.
75
Energies renouvelables

ainsi de minimiser la quantité de fluide et en raison d’une grande baie vitrée située
d’utiliser si possible des agents frigorigènes dans un angle, nécessite une température
naturels (ammoniac, propane, CO2 et eau). de départ élevé. Dans ce cas, l’ensemble du
En raison de leur effet nocif, certains fluides système de chauffage doit être dimensionné
frigorigènes ont déjà été interdits, d’autres en fonction de cette température de départ.
ne peuvent plus être utilisés que de façon ]]Les circuits de chauffage des différentes
limitée. Les installations fonctionnant avec pièces d’habitation doivent être dimension-
des agents halogénés et chlorés (CFC) nés de manière à fonctionner partout avec
peuvent continuer à fonctionner mais au- de basses températures de départ. Ils ne
cun remplissage n’est autorisé. Pour les doivent pas fonctionner inutilement à des
nouvelles installations, les extensions et les températures de départ élevées pour ré-
modifications, ces fluides frigorigènes ne pondre aux exigences de température am-
sont plus autorisés. Dans le cas des installa- biante accrues d’une seule pièce.
tions comprenant des agents partiellement ]]L’eau chaude doit être produite de ma-
chlorés (HCFC), une interdiction s’applique nière à utiliser la basse température de l’eau
aux nouvelles installations, aux extensions froide amenée. Sa température ne doit pas
et aux transformations. Les installations dépasser la température prescrite pour des
existantes peuvent être remplies en fluide raisons hygiéniques.
frigorigène recyclé jusqu’à fin 2014. ]]Les systèmes de circulation de l’eau
Pour les fluides frigorigènes sans chlore chaude doivent être dimensionnés de ma-
(HFC), les nouvelles installations, exten- nière à ce que la température de retour dans
sions et transformations sont soumises à le chauffe-eau soit la plus basse possible.
autorisation. Ces agents sont autorisés à ]]Il convient de déterminer la source de cha-
condition de prouver que l’utilisation d’un leur la plus appropriée au niveau local, en
fluide frigorigène naturel est impossible. prenant en compte non seulement des cri-
Les installations ayant une quantité de tères d’efficience mais également des as-
remplissage en fluide frigorigène supé- pects de rentabilité.
rieure à 3 kg sont soumises à une obliga- ]]L’efficience ne doit pas être atteinte au
tion de signalement et de tenue d’un ca- détriment du confort ou de la fonctionna-
hier de maintenance. Elles doivent se sou- lité.
mettre à des contrôles d’étanchéité pério-
diques. L’utilisation de fluides frigorigènes Système monovalent ou bivalent?
naturels doit être privilégiée dans tous les Les installations monovalentes com-
cas. Conformément à l’Ordonnance sur les prennent un seul type de générateur de
substances dangereuses, les installations chaleur. Dans l’idéal, on cherchera tou-
de froid climatique et de pompe à chaleur jours à réaliser l’installation la plus simple
d’une puissance supérieure à 600 kW ne possible pour atteindre l’objectif fixé. Leur
doivent plus fonctionner avec des fluides exploitation est en général plus sûre que
frigorigènes stables dans l’air. Pour les ins- celle d’une installation complexe. Les ins-
tallations de froid industriel, cette règle tallations de pompe à chaleur monova-
s’applique dès 400 kW. lentes sont donc à privilégier, néanmoins
cela n’est pas toujours possible pour diffé-
Dimensionnement des instal- rentes raisons:
lations ]]Toutes les sources de chaleur ne sont pas
utilisables à des puissances élevées.
Efficacité énergétique ]]Dans le cas des grandes installations, les
]]Dans le cas des constructions nouvelles, le solutions bivalentes sont plus avanta-
bâtiment doit être planifié de manière à geuses.
pouvoir atteindre une basse température de
départ du chauffage dans toutes les pièces. En présence de puissances thermiques rela-
Disposer de la meilleure isolation thermique tivement faibles, les installations monova-
ne sert à rien si une seule pièce, par exemple lentes, au regard des coûts d’investisse-
76
Pompes à chaleur

ment, sont toujours plus avantageuses que tage en cas de production combinée de
les installations bivalentes. En effet, l’in- chaleur et de froid. Ces puissances sont
frastructure d’une seconde installation de suffisantes pour équiper même de très
génération de chaleur, par exemple au grands objets avec des pompes à chaleur à
mazout pour les petites installations, im- sondes géothermiques. Dans le cas des
plique un investissement supplémentaire constructions nouvelles, elles permettent,
important pour la cuve à mazout, la chau- selon le standard d’isolation, d’alimenter
dière, le brûleur, la cheminée et l’intégra- en chauffage et en eau chaude 10 000 à
tion dans l’ensemble du système de chauf- 15 000 m² de surface de référence énergé-
fage. En outre, les coûts de l’énergie sont tique, soit 100 à 200 logements. Dans les
également nettement supérieurs par rap- grands lotissements, les logements sont en
port aux pompes à chaleur. général répartis sur plusieurs bâtiments,
Les grandes installations sont conçues de qui peuvent être chauffés avec leur propre
façon bivalente car les coûts spécifiques pompe à chaleur. La question de la biva-
d’un système supplémentaire au mazout lence ne se pose alors pas.
baissent fortement à mesure que la puis- ]]En présence d’eaux souterraines, la plage
sance augmente, de sorte que l’on obtient de puissance correspondante est de l’ordre
des coûts totaux plus bas pour une installa- de 500 kW.
tion bivalente que pour une installation
monovalente. La puissance à laquelle il On peut donc en conclure que les pompes
devient plus intéressant d’opter pour une à chaleur, hormis pour les grands systèmes
installation bivalente dépend de la source de chauffage à distance, peuvent être
de chaleur et des conditions locales et doit conçues de façon monovalente. Les
être déterminée lors de la planification. Le grandes installations dans les systèmes de
principe suivant peut être retenu: chauffage à distance sont la plupart du
]]Les pompes à chaleur air-eau standard temps planifiées et conçues sous forme
ne sont aujourd’hui que très rarement uti- bivalente pour deux raisons:
lisées dans des puissances supérieures à 40 ]]Cela permet d’obtenir une meilleure ren-
kW, elles sont donc monovalentes, et suffi- tabilité, car la pompe à chaleur coûteuse
santes pour la majeure partie des bâti- ne représente qu’env. la moitié de la puis-
ments. Des installations bivalentes peuvent sance de chauffe et couvre malgré tout la
éventuellement être intéressantes dans le plus grande partie du besoin annuel en
cas de grandes installations spéciales. chaleur.
]]En présence de sondes géothermiques, ]]Le réseau de chauffage à distance peut, à
la transition entre installation monovalente la température de dimensionnement (−8 °C
et installation bivalente se situe à une puis- sur le Plateau suisse), fonctionner avec une
sance thermique d’env. 250 kW, ou davan- température de départ de 90 °C et une tem-

Puissance thermique [kW] Température extérieure [°C]


4500 30
4000 25
Température extérieure
3500 20
3000
15
2500 Chaudière à
10
2000 énergie fossile
5
1500
1000 0
Illustration 92: Pompe à chaleur
500 –5
Diagramme de fré-
quence cumulée 0 – 10
200 1400 2600 3800 5000 6200 7400 8600
d’une installation
Heures [h]
de PAC.
77
Energies renouvelables

pérature de retour de 40 °C. La pompe à sont plus élevées que pour le chauffage. La
chaleur chauffe l’eau de retour de 40 à plupart du temps, une température de 45 °C
65 °C et la chaudière de pointe prend en- est suffisante. Cependant pour éviter la pro-
suite en charge le chauffage de 65 à 90 °C. lifération de légionelles dans l’eau chaude, il
A mesure que la température extérieure convient de respecter les prescriptions de la
augmente, la température de départ est SSIGE. Des précautions particulières doivent
réduite jusqu’à la limite de chauffe de 65 °C, être prises dans les hôpitaux, les maisons de
afin de produire une eau chaude à 60 °C. retraite, les centres de soins ou institutions
Avec la différence de température de 50 K, similaires, où la légionellose peut s’avérer
les conduites peuvent avoir une dimension extrêmement dangereuse chez des per-
relativement faible, ce qui permet égale- sonnes déjà affaiblies. Dans ces endroits,
ment de réaliser des réductions de coûts. une température d’eau chaude supérieure à
Le dimensionnement des installations bi- 60  °C est nécessaire. Cette température
valentes s’effectue à l’aide d’un outil de peut facilement être atteinte à l’aide de
planification qui, sur la base de la courbe pompes à chaleur fonctionnant avec un
annuelle de la demande de chaleur, déter- fluide frigorigène approprié.
mine la contribution de couverture des Pour des raisons de coût, l’eau chaude sani-
deux générateurs de chaleur, les tempéra- taire est principalement réchauffée la nuit,
tures de départ et de retour et la tempéra-
ture de condensation de la pompe à cha-
leur. La pompe à chaleur fournit alors la
chaleur de la charge de base. A la tempé-
rature de dimensionnement, elle couvre
env. 50 % de la puissance thermique. Le
degré de couverture de la pompe à chaleur Illustration 93:
s’élève ainsi à 80 à 90 % du besoin annuel Pompe à chaleur
en chaleur, selon le rapport entre le besoin air-eau pour dispo-
en chauffage et le besoin en eau chaude. sition intérieure
L’illustration 92 montre une image très (FMB Energie SA).
simplifiée de ce dimensionnement. La
zone jaune correspond à la contribution
de couverture de la pompe à chaleur. La
couverture des besoins de pointe s’effec-
tue encore, pour des raisons de rentabilité,
à l’aide d’énergies fossiles, généralement
du mazout. A l’avenir, celui-ci pourra être
remplacé par du biocarburant, par exemple Illustration 94: Grille
de l’éthanol, fabriqué à partir de résidus d’admission d’air via
végétaux. En effet, le prix de l’agent éner- un saut-de-loup.
gétique n’est pas si important, car celui-ci
ne couvre qu’env. 10 % du besoin annuel.

Eau chaude sanitaire


En principe, les installations de pompe à
chaleur doivent être dimensionnées de ma-
nière à pouvoir prendre intégralement en
Illustration 95: Plan
charge la production d’eau chaude. Comme
d’une installation
indiqué au chapitre «Choix du système», la de pompe à chaleur
combinaison de capteurs solaires ther- avec admission d’air
miques avec des pompes à chaleur n’est pas et évacuation d’air
intéressante car pour la production d’eau des deux côtés d’un
chaude, les températures de départ requises angle de façade.
78
Pompes à chaleur

avec priorité sur le chauffage. L’accumula- façade est recouverte d’une grille pare-pluie
teur d’eau chaude est dimensionné en fonc- (si elle se situe au-dessus du sol) ou d’une
tion des besoins d’une journée et est re- grille à maillage grossier (illustr. 94). L’air
chargé pendant la journée en cas de besoin. extérieur est acheminé à travers l’évapora-
teur à l’aide d’un ventilateur et est à nou-
Chauffage individuel de veau rejeté via un second saut-de-loup ou à
bâtiments travers la façade. Afin d’éviter tout court-
circuit, c.-à-d. tout mélange, entre l’air en-
L’air comme source de chaleur trant et l’air rejeté, l’idéal est de disposer
Placement intérieur d’une pompe à l’entrée et la sortie de l’air de chaque côté
chaleur air-eau: Ce type d’installation est d’un angle de façade. La protection pho-
utilisé pour les petits objets, par exemple les nique doit également être soigneusement
maisons familiales. L’air extérieur est aspiré étudiée. Souvent, l’intégration de silencieux
via un saut-de-loup, ou au niveau de la fa- est requise pour pouvoir respecter les va-
çade au-dessus du sol. L’ouverture dans la leurs de protection contre le bruit sur le lieu
de disposition. Tous les composants de la
pompe à chaleur sont installés dans un cais-
son: L’évaporateur, le condenseur, le ventila-
teur, les circulateurs, le circuit de fluide fri-
gorigène, le compresseur, le détendeur, la
régulation etc. Les installations comportent
parfois également un petit accumulateur
Illustration 96: Prin- thermique intégré. La distribution du chauf-
cipe de la pompe à fage peut être raccordée directement à la
chaleur split. pompe à chaleur, et s’effectue souvent via
un plancher chauffant. La pompe à chaleur
Illustration 97:
est ainsi compacte et ne nécessite qu’une
Unité d’évaporateur
à l’extérieur.
petite surface d’installation. Le volume de
fluide frigorigène reste quant à lui inférieur
à la valeur limite d’obligation de contrôle
(3 kg conformément à l’Ordonnance sur les
substances dangereuses).
Illustration 98:
Unité intérieure
d’une pompe à cha-
leur split. A gauche,
l’unité intérieure
compacte de la
pompe à chaleur.
Elle comprend le Illustration 99: Prin-
compresseur, le cipe de disposition
condenseur, le dé- extérieure d’une
tendeur, les circula- pompe à chaleur
teurs, la régulation air-eau.
etc. Etant donné
que dans ce bâti-
ment, la distribu-
tion de chaleur s’ef-
fectue via des corps
de chauffe, l’accu-
mulateur-tampon Illustration 100:
de chauffage à Disposition exté-
droite dans l’image rieure d’une pompe
est requis. à chaleur.
79
Energies renouvelables

Disposition split d’une pompe à cha- de froid. Grâce au système de dalles actives
leur air-eau: Dans le cas des pompes à (TABS), utilisé pour l’introduction de la
chaleur air-eau, l’évaporateur est disposé à charge de base pour la chaleur et le froid,
l’extérieur, donc le circuit de fluide frigori- de très basses températures de départ sont
gène est nettement plus long. Cette va- nécessaires dans le bâtiment, ce qui permet
riante est notamment recommandée dans d’obtenir une efficacité maximale des pom-
la rénovation, car elle évite de faire passer pes à chaleur en mode de chauffage et une
à travers la façade existante une grande bonne exploitation de la puissance de refro-
canalisation d’air. La liaison entre l’unité idissement des sondes géothermiques. La
extérieure et l’unité intérieure s’effectue via régulation fine du refroidissement dans les
des conduites en cuivre isolées dans les- laboratoires s’effectue par le biais de con-
quelles circule un fluide frigorigène. Dans vecteurs d’air circulation rapide.
des systèmes plus récents, l’évaporateur et
le compresseur sont placés à l’extérieur et Eaux souterraines comme source de
seul le condenseur se trouve à l’intérieur. chaleur et de froid
Maison de retraite et centre de soins
Disposition extérieure d’une pompe à de la Könizstrasse à Berne: L’ancien im-
chaleur air-eau: Lorsqu’il n’y a pas assez de meuble de Losinger réalisé dans les années
place dans la maison pour la pompe à cha- 1960 à Berne servait d’immeuble adminis-
leur, celle-ci peut être placée à l’extérieur du tratif. La rénovation totale par les archi-
bâtiment. L’ensemble de la pompe à chaleur tectes bernois Jordi + Partner AG a donné
est conçu de façon compacte. A partir de le jour au centre de soins et de résidence
cette unité extérieure, la chaleur est achemi- Fischermätteli. Les 10 étages supérieurs de
née jusque dans la maison à la température l’immeuble accueillent 80 patients et
de départ requise pour le chauffage du bâti- abritent 21 logements pour personnes
ment, puis jusqu’aux surfaces de chauffe ou âgées. Différentes entreprises de services
au chauffe-eau. Les installations standardi- ont élu domicile aux étages inférieurs.
sées de ce type sont disponibles dans des
puissances de chauffe jusqu’à 30 kW par
module, ce qui est suffisant, selon le stan-
dard d’isolation, pour des immeubles d’ha-
bitation comprenant jusqu’à 10 logements.

Des sondes géothermiques comme Illustration 101:


source de chaleur et de froid Principe d’une
Premier laboratoire Minergie-Eco: En pompe à chaleur à
sondes géother-
juin 2011 a été inauguré le nouvel Institut
miques.
de pathologie et de médecine légale de
l’hôpital cantonal de St-Gall, planifié par
Silvia Gmür Reto Gmür Architekten (illustr.
13). Ce laboratoire ultramoderne allie des
exigences de convivialité, d’écologie et de
fonctionnalité et a été le premier labora-
toire en Suisse à obtenir la certification
Minergie-Eco (illustr. 13 page 20).
Pour l’approvisionnement en chaleur et en
froid de cette nouvelle construction pi-
Illustration 102:
onnière, on a utilisé 13 sondes géother- Maison de retraite
miques d’une longueur de 200 m. Celles-ci et centre de soins
sont également utilisées pour la production de la Könizstrasse à
passive de froid et ont permis de renoncer Berne (Dr. Eicher +
presque totalement à la production active Pauli AG).
80
Pompes à chaleur

Grâce à la nouvelle façade bien isolée et à souterraines avec un puits de 50 m de pro-


la distribution de chaleur par plancher fondeur. Sa capacité a été dimensionnée
chauffant, le chauffage à mazout a pu être de manière à être maximale. Il permettra
supprimé au profit d’une pompe à chaleur ainsi de chauffer de façon économique de
à eaux souterraines. En été, l’utilisation futures constructions nouvelles, via des
des eaux souterraines assure en outre le pompes à chaleur et de refroidir directe-
refroidissement renouvelable et écono- ment. Les eaux souterraines sont égale-
mique du bâtiment, sans utiliser aucune ment utilisées pour produire du froid indus-
installation de production de froid méca- triel et refroidir un fermenteur exploité par
nique. Pour les personnes âgées, le gain de l’Agroscope à l’aide de froid renouvelable,
confort est considérable (coefficient de sans énergie supplémentaire. Jusqu’à pré-
performance annuel supérieur à 5,0). sent, ces processus utilisaient pour certains
de l’eau potable pour leur refroidissement.
Du froid et de la chaleur captés à 50 m Le nouveau système a donc permis de réa-
de profondeur: Sur le site de l’Agroscope liser non seulement des économies d’éner-
de Berne, le système de production de gie mais également d’améliorer les proces-
froid devait être rénové pour des raisons sus et d’accroître la sécurité de fonctionne-
légales. En même temps, un nouveau ment. Le volume de captage des eaux sou-
grand quartier résidentiel était réalisé à terraines s’élève à 70 l/s au maximum. La
proximité, à Dreispitz. Grâce à l’association puissance maximale possible des pompes à
intelligente de ces deux projets, l’Office chaleur est de 1800 kW.
fédéral des constructions et de la logistique
(OFCL) a pu mettre en œuvre un projet de Les rejets thermiques comme source
captage des eaux souterraines. de chaleur chez Coop
Le froid nécessaire pour les installations de A l’origine de l’utilisation complète des
climatisation de l’Agroscope est produit à rejets thermiques au moyen de pompes à
l’aide d’une nouvelle machine de froid spé- chaleur, il y a eu une étude de variantes sur
ciale; la chaleur rejetée produite est trans- l’avenir de l’installation de recyclage des
férée vers les bâtiments d’habitation. déchets propre à l’entreprise dans le centre
Le gain réalisé sur la fourniture de chaleur de distribution Coop à Berne. Celle-ci recy-
a permis de financer un captage d’eaux clait chaque année env. 3000 tonnes de
déchets et atteignait ainsi une puissance de
4,5 MW. La chaleur sert au chauffage et à
la production de vapeur. Une partie de
cette vapeur entraîne des installations de
froid à absorption pour la production de
froid. Les nouvelles pompes à chaleur ins-
tallées produisent du froid pour le centre
Illustration 103: de distribution et un centre de calcul. Les
Pompe à chaleur/ rejets thermiques des machines de froid à
machine de froid compression sont utilisés par Coop pour
combinée au centre réduire l’utilisation de combustibles fossiles
de distribution et les émissions de CO2. Les deux nouvelles
Coop à Berne (Dr.
pompes à chaleur ont une puissance ther-
Eicher + Pauli AG).
mique de 1300 kW, ce qui permet de cou-
vrir presque 50 % du besoin en puissance
maximal et env. 90 % du besoin énergé-
Illustration 104: tique annuel pour le chauffage et l’eau
Centre de distribu- chaude. Parallèlement, le système permet
tion Coop à Berne également de produire du froid pour le re-
(Dr. Eicher + Pauli froidissement du centre de calcul, sans
AG). consommation supplémentaire d’électri-
81
Energies renouvelables

cité. Ce nouveau concept prouve que l’uti- Systèmes de chauffage à


lisation des rejets thermiques disponibles et distance
la production combinée de chaleur et de
froid sont non seulement considérable- Des rejets thermiques pour 1000 lo-
ment plus efficaces sur le plan énergétique, gements
mais également beaucoup plus écono- Ewz exploite une installation de pompe à Illustration 105 (en
miques, que l’ancien système de produc- chaleur qui utilise les rejets thermiques du haut à gauche): La
tion séparée de chaleur et de froid. bâtiment de Swisscom à Zurich. Les locaux pompe à chaleur
utilisée est disposée
dans une salle des
machines conçue à
cet effet (ewz).

Illustration 106 (en


bas à gauche): Dans
la salle des ma-
chines sont installés
4 compresseurs à
pistons (ewz).

Illustration 107: Les


échangeurs de cha-
leur pour l’évapora-
teur et le conden-
seur (ewz) sont ins-
tallés sur un socle
dans la salle des
machines.

Illustration 108:
Plan de la centrale
technique compre-
nant les armoires
électriques et la
salle des machines
de la pompe à cha-
leur (bleu clair).
82
Pompes à chaleur

de l’exploitation sont refroidis à l’aide de 67 °C. Ce dernier produit l’eau chaude sani-
machines de froid. Les rejets thermiques de taire du bâtiment et approvisionne 1000
ce processus de refroidissement sont dispo- logements situés dans deux résidences adja-
nibles à une température de 24 °C. Une centes en chaleur pour le chauffage et la
pompe à chaleur utilisant de l’ammoniac production d’eau chaude.
comme fluide frigorigène élève cette tem- Salle des machines: La pompe à chaleur
pérature à deux niveaux différents. Cela per- est installée dans une salle des machines
met d’alimenter d’une part un réseau basse séparée. Celle-ci permet de garantir l’isola-
température qui approvisionne en chauf- tion phonique et surtout le confinement de
fage le bâtiment Swisscom et d’autre part sécurité, car l’ammoniac est toxique et ne
un réseau de chaleur à une température de doit en aucun cas pouvoir s’infiltrer dans des
Illustration 109: Ré- locaux adjacents ou dans le bâtiment. La
seau de conduites puissance thermique de la pompe à chaleur
dans le sol avec est de 2000 kW. Avec un coefficient de per-
manchons de dilata- formance de 4,7, ce sont ainsi 1600 kW de
tion blancs (Dr. Ei- rejets thermiques provenant de Swisscom
cher + Pauli AG). qui sont utilisés pendant la période de
chauffe. En d’autres termes, 1 kWh d’élec-
Illustration 110: tricité et 3,7 kWh de rejets thermiques pro-
Pour pouvoir ache- duisent 4,7 kWh de chaleur utile.
miner l’énergie
Afin que le fluide frigorigène puisse être
jusqu’aux nom-
évacué en cas de fuite d’ammoniac, une ins-
breux consomma-
tallation de ventilation a été spécialement
teurs, des circula-
teurs redondants installée à cet effet. L’air est évacué par le
sont nécessaires toit. A l’extérieur de la salle des machines, la
(ewz). chaleur est stockée dans de grands accumu-
lateurs de 38 m³ et distribuée selon le be-
Illustration 111: soin. Les 1000 logements des deux rési-
Pour absorber la di- dences sont alimentés en chaleur via un ré-
latation de l’eau à seau de conduites enfoui dans le sol.
différentes tempé- Couverture du besoin en énergie: La
ratures, une telle courbe annuelle de l’illustration 92 page 76
installation requiert
montre la quantité d’énergie couverte par la
des vases d’expan-
pompe à chaleur et la quantité couverte à
sion (ewz).
l’aide de la chaudière dédiée à la couverture
Illustration 112: Ré- fossile des besoins de pointe. Sur l’axe Y à
seau de chauffage gauche est reporté le besoin en puissance
de Binz à Zurich (Dr. thermique de l’ensemble du réseau de cha-
Eicher + Pauli AG). leur. Sur l’axe X sont reportées les 8760
heures d’une année. L’axe Y de droite in-
dique la fréquence cumulée de la tempéra-
ture extérieure. Pendant env. 700 heures par
an, la température extérieure est inférieure
à 0 °C. La puissance thermique maximale
n’est nécessaire que pendant très peu
d’heures dans l’année (pointe rouge), c’est
pourquoi il est intéressant, du point de vue
économique, de produire cette énergie non
pas à l’aide d’une pompe à chaleur coû-
teuse mais à l’aide d’un générateur de cha-
leur moins cher, c.-à-d. une chaudière.
Celle-ci ne fonctionne que dans les périodes
83
Energies renouvelables

de charge de pointe. Le besoin en chaleur chaleur rejetée de la production à des fins


baisse à mesure que la température exté- de chauffage. Cela permet d’économiser
rieure augmente jusqu’à la limite de chauffe chaque année 2500 tonnes de CO2.
de 12 °C. En présence de températures ex- Concept d’installation: Pour l’évacuation
térieures plus élevées, la chaleur n’est plus des rejets thermiques issus de la production
nécessaire que pour la production d’eau industrielle, on utilise les eaux souterraines.
chaude (en jaune). Le degré de couverture Celles-ci sont alors chauffées à 21 °C et
des différents générateurs de chaleur par étaient auparavant rejetées à cette tempéra-
rapport au besoin annuel total en chaleur ture dans une rivière proche. Désormais,
sert de référence pour l’évaluation écono- cette chaleur rejetée est récupérée à l’aide
mique. C’est à cela que servent les surfaces d’une pompe à chaleur et injectée à 70 °C
dans le diagramme de fréquence cumulée. dans le réseau de chauffage de l’entreprise.
Les surfaces rouge et jaune correspondent Toutefois, l’installation n’est pas seulement
aux besoins en chaleur du réseau de cha- conçue sous forme de pompe à chaleur. En
leur. La surface jaune représente la part de présence d’un besoin de froid, l’installation
couverture de la pompe à chaleur d’env. fonctionne sous forme de pompe à chaleur/
80 % et la surface rouge correspond aux machine de froid combinée, en utilisant di-
20 % env. de la chaudière. Ce rapport rectement comme source de chaleur les re-
constitue, dans les conditions s’appliquant à jets thermiques de la production de froid
cet exemple, l’optimum économique. afin de ne soutirer aux eaux souterraines
Investissement et vente de chaleur: Les réchauffées que la partie manquante. Si le
investissements s’élèvent à env. 6 millions
de francs. Ewz Energiedienstleistungen a
réalisé ce projet et approvisionne env. 1000
logements sur la base de contrats à long
terme. Les ventes de chaleur se montent à
env. 12 000 MWh par an, dont 9600 MWh
proviennent de la pompe à chaleur.

Production combinée de chaleur et de Illustration 114:


froid dans une exploitation industrielle Alimentation en
Une machine de froid à PAC dans une ex- eau de l’usine avec
ploitation industrielle permet d’utiliser la filtres.

Froid 6/12°C Refroidissement 12/20°C


6°C
WAR 20°C

Consom- T
mateur Accumu-
T Pompe à chaleur/
de froid lateur
machine de froid
60 m3 T

12°C
WF 12°C
Source de chaleur 22°C
WST-152 Circuit de NH3
Chaleur 70/45°C
70°C
Bassins WAR-W
Eau froide évacuée réchauffée Accumu- T Consom-
Evaporateur lateur T mateur Illustration 113:
Condenseur 60 m3 T
de chaleur Schéma de principe
10°C 45°C de l’installation de
production de cha-
Canal d’évacuation jusqu’au collecteur (Rhin) leur et de froid.
84
Pompes à chaleur

besoin de froid est supérieur au besoin en l’installation elle-même, celle-ci est dispo-
chaleur, la chaleur en excès est refroidie par sée toute entière dans une salle des ma-
le biais des eaux souterraines. Cette installa- chines séparée. Quatre compresseurs in-
tion combinée permet de réaliser des éco- dustriels permettent de produire jusqu’à
nomies de coût par rapport à une produc- 2500 kW de chaleur ou 1500 kW de froid.
tion séparée de chaleur et de froid. Compresseurs: On utilise dans ce système
L’eau d’usine comme source de chaleur: des compresseurs à pistons élévateurs ou-
Les eaux souterraines sont captées et trai- verts, ou compresseurs industriels. Les
tées, puis utilisées comme eau d’usine pour compresseurs à pistons sont équipés de
le refroidissement des processus. Elles sont régulations et entraînés par un moteur
ensuite collectées sur tout le site de l’usine électrique. La puissance électrique s’élève
et stockées dans deux citernes souterraines à env. 130 kW (illustr. 115).
bétonnées de 1000 m3. Un circulateur per- Régulation, système d’automatisme:
met d’acheminer l’eau jusqu’à la pompe à Cette installation combinée de chaleur et de
chaleur dans le bâtiment voisin. L’eau en froid dispose de deux évaporateurs et de
excès, si elle n’est pas polluée, est rejetée deux condenseurs. Pour réguler l’installa-
dans la rivière proche. tion, un automate programmable est néces-
L’ammoniac comme fluide frigorigène: saire.
La pompe à chaleur fonctionne avec le Accumulateur: La chaleur et le froid pro-
Illustration 115: fluide frigorigène naturel qu’est l’ammo- duits sont stockés en fonction du besoin
Compresseur à pis- niac. Celui-ci a l’avantage de posséder une dans un accumulateur de froid et un accu-
tons élévateurs ou- efficience thermique élevée et de ne pas mulateur de chaleur d’une contenance de
vert (compresseur être nocif pour l’environnement. Toutefois, 65 m³ chacun. Etant donné que, pour obte-
industriel). l’ammoniac est très toxique et nécessite des nir une stratification de température impor-
précautions de sécurité pour empêcher tante, les accumulateurs doivent être les
Illustration 116: toute fuite dans l’environnement. Outre les plus hauts et les plus fins possibles, il a fallu
Accumulateur de
précautions de sécurité mises en œuvre sur les installer, pour des raisons de place, à
chaleur.
l’extérieur du bâtiment (illustr. 116).
Distribution de chaleur et de froid: La
conduite à distance chaude permet d’ali-
menter de nombreux bâtiments en chaleur
sur le site, et la conduite à distance froide
permet d’alimenter en froid un bâtiment de
production. Etant donné que, pour des rai-
sons de rentabilité, l’installation de PAC n’a
pas été dimensionnée en fonction du besoin
maximal en chaleur de tous les bâtiments,
une couverture des besoins de pointe est
requise. Celle-ci s’effectue via l’ancien ré-
seau de vapeur alimenté par des énergies
fossiles. Lorsque la pompe à chaleur n’at-
teint pas les 70 °C souhaités au départ, un
désurchauffeur assure le réchauffage en
série dans chaque station de transfert.
Investissement et rentabilité: Les investis-
sements pour la pompe à chaleur/machine
de froid, y c. le découplage énergétique du
froid et de la chaleur jusqu’aux stations de
désurchauffeur, se sont montés à env. 4,5
millions de francs. Les coûts annuels de
l’énergie ont pu être nettement réduits, ce
qui garantit la rentabilité de l’installation.
Chapitre 6

Energie bois

Maurus Wiget Le bois énergie en Suisse En 2012, env. 4 millions de m³ de bois ont Source: Documen-
Le bois est un agent énergétique renouve- été utilisés pour produire de l’énergie. Selon tation suisse du bâ-
lable qui, s’il est utilisé de façon durable, est l’OFEN, Document de stratégie «workinpro- timent sur le thème
neutre en CO2. Dans les forêts suisses, le gress», les potentiels supplémentaires de de l’énergie bois.
bois croît chaque année à raison de 9 à 10 bois énergie utilisables à court ou moyen
millions de m³. La croissance biologique est terme s’élèvent encore à 2,3 millions de m³.
un potentiel théorique, car différents fac- A l’échelle du pays, l’extraction de bois des-
teurs viennent restreindre le potentiel utili- tiné à une utilisation énergétique est en
sable pour la production d’énergie. Par augmentation. Entre 1990 et 2011, elle est
exemple, de nombreuses forêts sont diffici- passée de 2,8 à 9,7 TWh. La part du bois
lement accessibles, voire inaccessibles, pour énergie dans la statistique énergétique glo-
pouvoir être exploitées avec les technologies bale s’élève à 4,0 %. Au total, rapporté à la
et l’infrastructure actuelles. En outre, l’ex- consommation de 1990, le bois pourrait
ploitation matérielle de la récolte de bois est couvrir env. 5  % de la consommation
soumise à des restrictions économiques et à d’énergie totale ou env. 10 % de la consom-
une âpre concurrence. Voici quelques-unes mation d’énergie thermique. Avec l’aug-
des restrictions à l’exploitation du potentiel mentation de l’efficacité énergétique,
existant pour la production d’énergie.
Autour du bois de récupération, les exploi-
tants de centrales à bois sont en concur- Illustration 118: A la
fin de leur utilisa-
rence avec l’industrie des produits dérivés
tion, les produits
du bois. En 2009, 70 % de la réserve de bois
bois deviennent du
de récupération ont été exportés à l’étran-
bois de récupéra-
ger et notamment en Italie du Nord, qui tion. La majeure
consomme plus de 50 % de cette quantité partie du bois de ré-
exportée pour l’industrie des panneaux ag- cupération provient
glomérés. des chantiers de dé-
molition (AWEL).

Illustration 117: Le
bois qui croît en de-
hors des forêts est
appelé bois hors fo-
rêts. Cette désigna-
tion regroupe éga-
lement le bois flotté
entraîné par les
eaux courantes
(Beat Jordi, Bienne).

Bois forestier Bois hors forêts Résidus de bois Bois usagé


Croît dans les fo- Croît en dehors de Issus des exploitations Provient des démoli-
rêts. la forêt, p. ex. dans industrielles ou com- tions de bâtiments
les haies, les rives merciales de traite- et des chantiers, des
boisées, les talus ment du bois, p. ex. meubles et des em-
Tableau 18: Types
routiers ou les al- copeaux de rabotage ballages.
de bois d’impor-
lées. ou déchets de bois.
tance économique.
86
Energie bois

c.-à-d. la baisse de la consommation éner- se base sur des critères économiques et


gétique moyenne du bâtiment, la part de techniques ainsi que sur les prescriptions
l’énergie bois sur la production de chaleur légales. Les combustibles-bois se différen-
augmente en conséquence. cient selon leur origine, leur transformation
et leur stockage. Le tableau 20 présente les
Installations de combustion principales caractéristiques de différencia-
Dans le domaine des installations de com- tion des types de bois. Les types de bois les
bustion, la tendance s’oriente nettement plus fréquemment utilisés sont les bûches,
vers l’abandon des installations à alimenta- les plaquettes de bois d’origine forestière, le
tion manuelle au profit des installations de bois issu de l’entretien paysager, les pla-
combustion automatiques. Entre 1990 et quettes de scierie et les granulés de bois.
2011, la part des chaudières à bûches sur la ]]Le bois en bûches est utilisé dans les
consommation énergétique totale a chuté chauffages à bois à alimentation manuelle.
de 80 à 40 %. Dans la même période, la part Lors de l’utilisation de bûches, il convient de
des chauffages à bois automatiques a plus veiller à ce que celles-ci soient suffisamment
que triplé, passant de 13 à 44 %. Si l’on sèches. Elles doivent être stockées pendant
considère les installations existantes desti- deux ans dans un endroit sec et bien ventilé
nées au chauffage des pièces individuelles, avant d’être brûlées.
on constate un recul des poêles, cheminées ]]Les plaquettes de bois d’origine fores-
ouvertes et cuisinières à bois au profit de tière sont du bois forestier transformé pour
poêles-cheminées et de poêles à granulés. former des plaquettes. Selon la chaîne d’ap-
Le nombre de chaudières à bûches a dimi- provisionnement, celles-ci sont transportées Tableau 20: Caracté-
nué de plus de moitié entre 1990 (152 673 directement à partir de la forêt ou d’un en- ristiques de diffé-
unités) et 2011 (70 353 appareils), tandis trepôt intermédiaire, jusqu’au consomma- renciation cou-
que dans la même période, le nombre de teur. La combustion des plaquettes fores- rantes des diffé-
rents types de bois.
chauffages automatiques est passé de 2254
à 7191 installations (soit une augmentation Bois refendu
de 219 %). Par rapport à d’autres agents Bûches
énergétiques renouvelables tels que le soleil Calibre Plaquettes
et le vent, le bois présente l’avantage de Granulés
pouvoir être utilisé dans des applications Copeaux de rabotage / sciure
nécessitant de hautes températures et une Bois de feuillu
énergie en ruban. C’est pourquoi à plus Espèce
Bois de résineux
long terme, le bois devra être moins utilisé Bois forestier
pour le chauffage et la production d’eau Bois à l’état naturel
Bois hors forêts
chaude, mais davantage pour la chaleur de Bois issu des chantiers de dé-
processus et les couplages chaleur-force. molition, des transformations
Bois énergie

et des rénovations
Types de combustible Meubles en bois
Tableau 19: Total du Pour connaître les types de combustible Emballages, palettes
potentiel de bois Bois usagé
appropriés aux différentes applications, on Déchets de bois
énergie annuel.
]]Problématiques avec revê-
Utilisation 2009, tous types 3,9 mio. de m3 tement PVC
Potentiels supplémentaires ]]Bois traité avec des pro-
Bois forestier (OFEV, politique des res- duits de protection du bois
sources) 1 mio. de m3 Fraîchement coupé
Bois hors forêts (EBP, oct. 09) 0,3 mio. de m3 Séché
Humidité
Résidus de bois issus de la transformation ]]Séchage thermique
du bois (OFEV) 0,3 mio. de m 3
]]Séchage à l’air libre
Bois usagé 0,4 mio. de m3 Résidus de bois issus de A l’état naturel
Exportations actuelles 0,3 mio. de m3 l’industrie de transforma- Traité
Total du bois énergie disponible par an 6,2 mio. de m3 tion du bois
87
Energies renouvelables

tières s’effectue dans des installations de destinés aux chauffages conventionnels


combustion automatiques. sont normalisés et remplissent des exigences
]]Le bois issu de l’entretien paysager pro- élevées en termes de pouvoir calorifique, de
vient du nettoyage de haies, de talus, de part de cendres et d’humidité. Il existe éga-
parcs et de berges. Il peut contenir de lement d’autres types de combustibles sous
grandes parts de peuplier et de saule et est forme de granulés, provenant p.  ex.
difficile à brûler. d’écorces, de paille ou de résidus de cé-
]]Les plaquettes de scierie sont des réales, qui ne sont toutefois pas appropriés
dosses, des délignures ou des écorces trans- à une combustion dans des chauffages
formées pour obtenir des plaquettes de conventionnels sans nettoyage des gaz de
bois. En règle générale, il s’agit de bois éner- combustion.
gie à l’état naturel pouvant contenir des
copeaux de rabotage et de la sciure. L’Ordonnance sur la protection de l’air
]]Les granulés de bois sont des produits (OPair) définit d’une part les types de bois
cylindriques compressés fabriqués à partir qui peuvent être brûlés dans les différentes
de bois à l’état naturel. Les matériaux de installations et prescrit d’autre part les va-
départ sont des sous-produits de l’industrie leurs limites d’émissions. Le tableau 21
de transformation du bois, tels que la sciure répertorie les types de bois appropriés, ou
et les copeaux de rabotage. Les granulés non, en tant que combustibles-bois.

Critères de qualité des granulés de bois La teneur en eau des combustibles-


Matière première: Copeaux de rabotage ou sciure bois est une caractéristique importante
Tableau 21: Dési-
Dimension: 6 mm de diamètre pour déterminer la qualité du matériau.
gnations des types
Pouvoir calorifique: 5 kWh/kg Une teneur élevée réduit le pouvoir calori-
de bois selon l’OPair
Poids en vrac: 650 kg/m3 fique du combustible et augmente les exi- et exigences rela-
Teneur en eau: <10 % gences du système de combustion. Pour tives aux installa-
Cendre: 0,5 %
indiquer la teneur en eau du bois, on uti- tions de combustion
et aux émissions.
Combustibles-bois Non combustibles-bois
Désigna- Bûches à l’état naturel Bois non en bûches à l’état Bois usagé issu de chantiers de Bois usager ou déchets de
tion OPair ainsi que ramilles et naturel, notamment granulés démolition, de travaux de bois qui ont été imprégnés
pommes de pin de bois, plaquettes, copeaux, transformation ou de rénova- avec des produits de pro-
sciure et écorce tion, résidus de chantiers, bois tection du bois selon un
usagé provenant d’emballages procédé par pression ou qui
y c. palettes et vieux meubles présentent des revêtements
en bois issus de composés organo-
halogénés.
Résidus de bois provenant de Déchets de bois ou bois de
l’industrie de transformation récupération traités intensi-
du bois vement avec des produits
de protection tels que le
pentachlorophénol
Désigna- OPair, annexe 5, chiffre OPair, annexe 5, chiffre 3, OPair, annexe 5, chiffre 3, OPair, annexe 5, chiffre 3,
tion OPair 3, alinéa 1, lettre a alinéa 1, lettres b et c alinéa 2, lettre a alinéa 2, lettre b
Installa- Chauffages à alimenta- Chauffages à alimentation Installations de combustion de Installations de combustion
tions de tion manuelle et chemi- automatique bois usager, de papier et de de déchets ménagers et dé-
combus- nées de salon déchets similaires, avec une chets spéciaux
tion puissance calorifique de com-
bustion > 350 kW
Valeurs li- Aucune obligation de Aucune obligation de mesure OPair, annexe 3, chiffre 522, OPair, annexe 2, chiffre
mites de mesure jusqu’à 70 kW, OPair, annexe alinéa 1 714, alinéa 1
l’OPair 3, chiffre 522, alinéa 1
88
Energie bois

mEau
lise généralement deux grandeurs. La te- w = typiques de w et u pour
pertorie les valeurs mBois + mEau
neur en eau w désigne le poids de l’eau en les types de bois traditionnels.
fonction de celui du bois humide. L’humi- mEau
dité du bois u désigne le rapport entre le Teneur en eau w=
mBois + mEau
poids de l’eau et le poids de la substance
bois sèche. L’illustration 119 montre le
mEau
rapport entre la teneur en eau w ou l’hu- Humidité du bois u=
mBois
midité du bois u et le pouvoir calorifique.
En dessous d’un pouvoir calorifique de 1,7 Le bois forestier frais peut contenir plus
mEau
kWh/kg ou pour une teneur en eau supé- d’eau que de substance bois.u = La teneur en
Illustration 119: rieure à 60 %, une combustion automa- m
eau du bois forestier frais est comprise,
Bois se-
Pouvoir calorifique tique n’est plus possible. En présence lon l’espèce de l’arbre, son âge et la saison,
et teneur en eau en
d’une teneur en eau d’env. 88 %, le pou- entre 45 et 60 %. Un séchage de deux ans
fonction de l’humi-
voir calorifique est nul. Le tableau 23 ré- à l’air frais permet d’atteindre une teneur
dité.
en eau de 15 à 20 %. Seul un séchage ther-
Pouvoir calorifique [kWh/kg] Teneur en eau [%] mique à des températures de plus de 100 °C
0 permet de sécher entièrement le bois. Un
5
bois exempt d’eau est appelé bois en siccité
10 absolue (atro, «absolut trocken»).

4 20 Unités de mesure, pouvoir calorifique


et densité énergétique
30 Pour désigner le pouvoir calorifique et la Tableau 22: Unités
3 densité énergétique, on utilise pour le bois de mesure pour le
40 énergie différentes unités de mesure dont bois énergie.
les plus courantes sont le mètre cube plein,
50 le stère et le mètre cube de bois déchi- Tableau 23: Parts
2 d’eau typiques de
queté. Les indications de pouvoir calori-
60 différents types de
fique des différents types de combustible
combustibles.
1 70 Symbole Signification

80 m3 Mètre cube ou mètre cube plein


Masse de bois pleine sans interstices
0 Stère 1m x 1m x 1m de bûches empilées avec interstices
0 50 100 150 200 250 map Mètre cube apparent de plaquettes, mètre cube en
Humidité [%] vrac

Type w u

Bûches Séchées à l’air 20 % 25


Plaquettes naturelles Fraîchement récoltées dans la forêt 30 % – 55 % 43 % – 122 %
Grumes séchées en forêt 30 % – 40 % 43 % – 67 %
Stockées sous toiture 20 % – 30 % 25 % – 43 %
Séchées à l’air 15 % – 20 % 18 % – 25 %
Résidus de bois En provenance de la scierie 25 % – 60 % 33 % – 150 %
En provenance de la charpenterie 13 % – 20 % 15 % – 25 %
En provenance de la menuiserie 7 % – 17 % 7 % – 20 %
Granulés de bois < 10 % < 11 %
Copeaux de scierie 40 % – 50 % 67 % – 100 %
Ecorce 40 % – 60 % 67 % – 150 %
Bois usagé 10 % – 20 % 11 % – 25 %
89
Energies renouvelables

divergent souvent légèrement les unes des de volume et de part d’écorce. C’est pour-
autres dans la littérature. Cela est dû au quoi les indications relatives à la teneur
fait que les types de bois énergie, à l’ex- énergétique sont souvent données en
ception des granulés de bois, ne sont pas plages de valeurs. Le tableau 24 donne des
homogènes. Dans la pratique, la teneur valeurs indicatives de la teneur énergé-
énergétique d’un type de combustible tique de plaquettes de résineux, de feuillus
n’est pas une valeur constante en raison et de résidus de coupe présentant diffé-
de variations de qualité, de teneur en eau, rents taux d’humidité. Les résidus de

Plaquettes de bois
Humidité Epicéa/sapin Feuillu Résidus de coupes
atro (cônes, branches)
100 % 450 – 550 kWh/map 800 – 900 kWh/map 350 – 500 kWh/map
75 % 500 – 600 kWh/map 850 – 950 kWh/map 400 – 550 kWh/map
50 % 550 – 650 kWh/map 900 – 1000 kWh/map 450 – 600 kWh/map
Tableau 24: Teneur
25 % 600 – 700 kWh/map 950 – 1050 kWh/map 500 – 650 kWh/map énergétique des
map = mètre cube apparent de plaquettes plaquettes de bois.

Tableaux de conversion
Plaquettes de bois Epicéa/sapin Hêtre
1 mètre cube plein m3 2,8 map 2,8 map
1,4 stère 1,4 stère
550 kg bois 750 kg bois
200 l mazout extra-léger 280 l mazout extra-léger
2,0 MWh = 2000 kWh 2,8 MWh = 2800 kWh
1 mètre cube apparent de 0,36 m3 0,36 m3 Tableau 25: Tableau
plaquettes map 0,5 stère 0,5 stère de conversion pour
200 kg bois 270 kg bois différents types de
70 l mazout extra-léger 100 l mazout extra-léger bois et grandeurs
0,7 MWh = 700 kWh 1,0 MWh = 1000 kWh de référence.

Combustibles: Comparaison des besoins en espace de stockage


Volume pour 20 000 kWh d’énergie stockée (besoin énergétique
annuel d’une maison familiale moyenne)
Mazout Bois en bûches Plaquettes Granulés de bois

2 m3
= 2000 l
6 m3 = 4 t
1 m3 = 10 MWh
w = 10 %
1 m3 = 3,333 MWh

15 stères
w = 20 % (lutro)
1 m3 = 1,333 MWh
Illustration 120:
Grande différence
= 24 Sm 3
de volume entre les
w = 25 % (type mixte)
différents types de
1 m3 = 0,833 MWh
bois.
90
Energie bois

coupe correspondent à la partie des arbres liers à charge nominale. Le facteur décisif
délaissée après la récolte de bois. La te- pour le dimensionnement est le concept
neur énergétique par unité de volume des d’approvisionnement, qui se base sur la lo-
bois de résineux et des bois de feuillus va- gistique de manutention du combustible.
rie en raison de la densité différente de ces
espèces d’arbres. C’est pourquoi les indi- Prix de l’énergie bois
cations de teneur énergétique par rapport Comme tous les prix de l’énergie, les prix de
au volume sont toujours différenciées en l’énergie bois ont également tendance à
fonction des bois de résineux tendres et augmenter. En tant que matière première
des bois de feuillus durs. Le tableau 25 renouvelable, le bois conserve toutefois des
permet d’effectuer des conversions pour prix relativement stables et est peu affecté
différents types de combustibles et gran- par la crise. Un avantage évident, par rap-
deurs de référence. port aux agents énergétiques fossiles dont
Les combustibles-bois présentent, par rap- les prix évoluent de façon incontrôlable à
port au mazout, une densité énergétique mesure qu’ils se raréfient et que notre dé-
nettement moindre. Il en résulte donc des pendance vis-à-vis de l’étranger augmente.
volumes de stockage plus importants, une Les prix des plaquettes indiqués dans le ta-
logistique plus complexe et des exigences bleau 26 concernent les plaquettes d’ori-
accrues en termes de dispositifs d’achemi- gine forestière. Les plaquettes de bois issues
nement du combustible. Le stockage de de l’entretien paysager ou de résidus de
combustible des chauffages à bois est tou- bois de l’industrie de transformation du
jours nettement plus grand que celui des bois sont moins chères. Les prix des granu-
chauffages à mazout. Dans le cas des chauf- lés varient non seulement en fonction des
fages à granulés de bois, le volume de stoc- quantités mais également en fonction des
kage doit en général correspondre au be- saisons. Pour réduire leurs volumes de stoc-
soin d’une année, tandis que dans les kage, les fournisseurs proposent en été des
grandes installations de combustion, il doit granulés 5 à 6 % moins chers que pendant
pouvoir accueillir au moins la capacité de li- la période de chauffage.
vraison d’un poids lourd (env. 25 m³). Pour Les prix indicatifs actuels du bois énergie,
le stockage d’un besoin saisonnier sous ainsi qu’un indice de prix pour les pla-
forme de bûches, il faut compter env. 5 fois quettes, figurent sur le site Internet d’Ener-
l’encombrement d’une cuve à mazout. Les gie-bois Suisse: www.holzenergie.ch/
plaquettes de bois nécessitent, pour la holzenergie/energie­holz/richtpreise-fuer-
même durée d’approvisionnement, un vo- energieholz.html
lume 10 fois plus élevé qu’une cuve à ma-
zout. Toutefois, dans le cas des plaquettes, Combustion du bois
pour des raisons de coût, les réserves de En raison de sa faible densité énergétique,
combustibles ne sont dimensionnées, selon qui nécessite la manutention de grandes
les régions, que pour 5 à 7 besoins journa- quantités de combustible, de sa teneur en

Type Prix indicatif Coûts spécifiques


Plaquettes de bois d’origine forestière 5,5 – 6,5 ct./kWh
Bois de feuillu frais 40 – 46 Fr./map
Bois de feuillu sec 44 – 51 Fr./map
Bois de résineux frais 27 – 33 Fr./map

Tableau 26: Prix in-


Bois de résineux sec 32 – 38 Fr./map
dicatifs pour diffé- Granulés de bois
rents types de bois Quantité 3 t 394 Fr./t 7,9 ct./kWh
énergie (Economie
Quantité 5 t 380 Fr./t 7,6 ct./kWh
forestière suisse,
2012). Quantité 8 t 369 Fr./t 7,4 ct./kWh
91
Energies renouvelables

eau souvent élevée et de son point de fu- température de 500 °C. Dans la troisième
sion des cendres bas, le bois est considéré phase de combustion, à une température
comme un combustible difficile. Les types comprise entre plus de 700 et 1500 °C, les
de bois moins coûteux, par exemple issus gaz combustibles sont oxydés, ce qui
de l’entretien paysager ou de bois de récu- conduit à la formation de dioxyde de car-
pération, nécessitent une technologie plus bone et d’eau. C’est dans cette phase de
complexe pour obtenir une combustion de combustion que doit s’effectuer le dégage-
bonne qualité. Dans un chauffage à bois, la ment de chaleur vers les parois entourant la
libération des substances volatiles s’effec- chambre de combustion et vers le nouveau
tue par gazéification du bois dans le lit de combustible acheminé.
braises. Les substances qui dégagent des
gaz sont mélangées à l’air de combustion Polluants
primaire et brûlées dans la chambre de La combustion du bois produit des pol-
combustion avec formation de flammes. luants qui dépendent de la composition du
Pour garantir la combustion complète des combustible et des conditions de combus-
gaz, de l’air secondaire est apporté. La tion. Le système de combustion a pour
combustion du bois se déroule ainsi en trois tâche de créer de bonnes conditions pour
phases. Celles-ci sont parfois simultanées, que le processus de combustion puisse se
parfois successives (illustr. 121). Dans la dérouler de façon optimale dans les trois
phase de séchage, de la chaleur est amenée phases décrites. En outre, seule une exploi-
au bois humide par rétrodiffusion à partir tation correcte permet de réduire à un mini-
de la troisième phase de combustion (oxy- mum la quantité de polluants émis. L’ap-
dation). De cette manière, au-dessus d’une port ciblé et le dosage de l’air sont néces-
température de 100 °C, l’humidité du com- saires pour obtenir une combustion effi-
bustible s’évapore. A partir de 250 °C, l’ef- ciente et peu polluante. Les polluants résul-
fet de la chaleur provoque la décomposi- tant d’une combustion incomplète peuvent
tion du bois. Dans la seconde phase, la py- être évités par de hautes températures et
rolyse, se produit la gazéification par apport par un bon mélange des gaz avec l’air de
d’air primaire. Les produits qui en résultent combustion. Pour garantir la combustion
Illustration 121: Dé-
sont des gaz et du carbone solide. La gazéi- de bois humide sans émission de polluants,
roulement de la
fication du carbone s’effectue à partir d’une il est indispensable de disposer d’une
combustion du bois
chambre de combustion chaude dotée
d’une zone de séchage chaude et suffisam-
«Bois» humide
ment grande. Dans le cas d’un foyer à grille, Illustration 122:
CH1.4O0.7 (N, S, cendre) + H2O Atmosphère
le combustible humide peut traverser les Emissions d’un
Chaleur trois phases de combustion dans la chambre chauffage à bois au
Séchage H2O de combustion chaude avec un temps de niveau de la chemi-
Air primaire née.
(O2 + N2)
Gazéification
H2O + Gaz combustibles
CXHY + CO + H2+ NHY
CO + CXHY
Air secondaire En cas de
Particules
(O2 + N2) combustion
non brûlées
Oxydation incomplète
Produits souhaités: CO2 + H2O (+ N2)
Produits non souhaités: NOX + particules
CO2 + NOX
En cas de Particules
combustion brûlées
complète H2O+N2
correcte
Chaleur Cendre
92
Energie bois

séjour suffisant jusqu’à ce que la cendre influence les émissions et le rendement.


tombe finalement de la grille. Dans un sys- Pour les combustibles solides, avec les-
tème à alimentation manuelle, le combus- quels il est plus difficile d’obtenir le mé-
tible doit impérativement être sec pour que lange des gaz combustibles avec l’air
la chambre de combustion puisse atteindre qu’avec des combustibles liquides ou ga-
la température nécessaire à une combus- zeux, un indice d’excès d’air λ de 1,5 à 2,5
tion complète et peu polluante. est généralement requis. L’illustration 123
Les émissions d’oxydes d’azote pro- montre le comportement de combustion
viennent d’une part de l’azote contenu d’installations de combustion, à l’aide de
dans le combustible et d’autre part la caractéristique CO-lambda. Les émis-
d’oxydes d’azote produits lors de la com- sions de CO sont un bon indicateur pour
bustion. Les émissions d’oxydes d’azote l’évaluation de la qualité de combustion.
produites par les chauffages à bois dé- La plupart des polluants non brûlés se
pendent donc également de la teneur en comportent en termes de quantités de fa-
azote du combustible. Pour réduire les çon similaire au monoxyde de carbone.
émissions d’oxydes d’azote, des mesures C’est pourquoi une bonne qualité de com-
primaires sans utilisation d’additifs, ou des bustion est nécessaire pour que la part de
mesures secondaires utilisant un agent ré- polluants non brûlés reste faible. Dans
ducteur, peuvent être mises en œuvre. l’exemple d’une chaudière à bûches
Dans le cas des chauffages à bois, les me- (courbe rouge dans l’illustration 123), on
sures secondaires consistent à appliquer peut différencier trois zones dans le dia-
un procédé de réduction non catalytique gramme. La zone I indique une combus-
sélective (SNCR), qui utilise comme agent tion incomplète en présence d’un excès
réducteur l’ammoniac ou une solution d’air élevé et d’une température de com-
d’urée. L’utilisation du procédé de réduc- bustion basse. Dans la zone II (1,5 < λ < 2,
tion catalytique sélective (SCR) n’a pas été 5), la température de combustion aug-
éprouvée dans le cas des installations de mente à mesure que l’excès d’air diminue.
combustion du bois. Par conséquent, la qualité de combustion
augmente et la teneur en monoxyde de
Indice d’excès d’air carbone des gaz de combustion diminue.
Le rapport entre la quantité d’air apportée La zone III avec λ < 1,5 est caractérisée par
Illustration 123: et la quantité de combustible est une un manque d’oxygène local et la qualité
Emissions de mo-
grandeur d’exploitation importante qui de combustion se dégrade. En raison du
noxyde de carbone
en fonction de l’ex-
CO [mg/m3] à 11% O2
cès d’air (Documen-
tation suisse du bâ- 100 000
timent, Energie-bois
partie I).
De haut en bas: Poêle individuel
10 000
Chauffage à bois à
alimentation ma-
nuelle simple; Chau- 1 000
dière à bûches avec Chaudière à
combustion infé- bûches
rieure; Chauffage à
bois automatique
avec technique de 100
Chauffages à bois
combustion simple; automatiques
Chauffage à bois
automatique avec
10
technique de com-
0 1 2 3 4 [–] 5
bustion perfor-
Indice d’excès d’air λ
mante.
93
Energies renouvelables

mélange insuffisant de l’air de combustion tion. Les chauffages automatiques à pla-


et des gaz combustibles, les émissions de quettes peuvent être réglés en fonction de
monoxyde de carbone augmentent. l’humidité du combustible, dans une plage
L’OPair définit des valeurs limites d’émis- de puissance comprise entre 30 et 100 %. Si
sions pour les particules, le CO et les NOx ces limites d’utilisation ne sont pas respec-
pour les installations destinées à la com- tées, des émissions accrues sont à craindre.
bustion de combustibles-bois soumises à ]]Limiter les cycles d’allumage: Tout feu
obligation de mesure (c.-à-d. d’une puis- qui s’éteint dans une installation de com-
sance thermique supérieure à 70 kW). Les bustion à alimentation manuelle ou auto-
cantons sont autorisés à fixer des valeurs matique traverse des phases dans les-
limites plus strictes que celle de l’OPair. quelles les conditions de combustion sont
mauvaises. Au cours de ces phases, des
Exploitation correcte des chauffages températures de chambre de combustion
au bois trop basses et des quantités d’air de com-
Pour garantir une combustion peu pol- bustion non contrôlées génèrent des émis-
luante, il ne suffit pas de disposer d’un bon sions de polluants trop élevées. C’est pour-
système de combustion, il faut également quoi il convient de réduire ou d’éviter au-
que celui-ci soit correctement dimensionné tant que possible les cycles d’allumage,
et correctement exploité. grâce à une exploitation appropriée.
]]Utiliser un combustible approprié: ]]Proscrire la combustion de déchets
Chaque système de combustion correspond Les chauffages au bois ne doivent pas être
plus particulièrement à certains combus- utilisés pour la combustion illégale de dé-
tibles. Ainsi, dans les chauffages à bois à chets. Dans les systèmes de combustion
alimentation manuelle, il ne faut utiliser que existants, seuls doivent être utilisés les
du combustible sec car il est techniquement types de bois autorisés conformément aux
impossible d’obtenir une combustion peu prescriptions de l’OPair (tabl. 21). La com-
polluante avec des bois humides. Les sys- bustion d’autres substances peut endom-
tèmes de combustion automatiques, quant mager l’installation et engendrer des émis-
à eux, ne peuvent pas être utilisés de façon sions de polluants considérables ainsi que
universelle avec tous les types de bois, mais des résidus toxiques dans la cendre.
doivent être adaptés au combustible en
termes d’humidité, de calibre, de part de Production de cendres et élimination
particules fines et de part de corps étran- Lors de la combustion du bois, des résidus
gers. de combustion solides sont produits sous Illustration 124:
]]Régler correctement les paramètres forme de cendres. La teneur en cendres des Modèle des princi-
de combustion: Dans chaque système, combustibles-bois varie fortement. Elle est paux flux d’élé-
ments nutritifs dans
qu’il soit manuel ou équipé d’une technique comprise entre 0,2 et 12 % en poids. Selon
un écosystème fo-
de combustion moderne, les paramètres de sa qualité, la cendre peut être recyclée ou
restier exploité.
combustion doivent être correctement ré-
glés. Ces réglages doivent être réalisés en Apport atmosphérique (dépôt humide et sec)
fonction du combustible et de la puissance
de combustion et doivent être adaptés en
cas de modification.
]]Veiller aux limites des systèmes de
combustion: Chaque système de combus-
tion possède ses limites d’utilisation, non
seulement au regard des types de combus- Exportation des
tible pouvant être utilisés, mais également nutriments par
au regard de la plage de puissance. Les récolte de bois
Réserve de nutriments dans le sol
chauffages à alimentation manuelle ne pos-
sèdent qu’une possibilité de régulation très Infiltration Lessivage dans l’eau
d’infiltration
limitée en termes de puissance de combus-
94
Energie bois

éliminée de différentes façons. Elle se com- une combustion qui dépend de la charge
pose de substances minérales telles que le de remplissage de la chambre de combus-
potassium, le magnésium et le calcium ainsi tion. Etant donné que la plupart du temps,
que de substances étrangères telles que le l’énergie thermique libérée lors de la com-
sable, la roche et éventuellement d’autres bustion ne correspond pas au besoin, un
additifs. La cendre est enrichie en polluants, stockage intermédiaire de la chaleur est
notamment en métaux lourds. Les cendres nécessaire pour garantir une exploitation
de résidus de bois et de bois de récupéra- peu émissive. Dans le cas des chaudières
tion, en particulier, contiennent des parts de chauffage central, cela s’effectue à
élevées de métaux lourds. On trouve égale- l’aide d’un accumulateur d’eau, tandis que
ment des métaux lourds dans la cendre vo- dans le cas des chauffages situés dans
lante de types de bois à l’état naturel. Dans l’habitation, l’accumulation s’effectue
le cas des métaux lourds très volatils, on en dans la masse du système de chauffage.
trouve des teneurs très variables dans les Pour garantir une exploitation peu émis-
différentes fractions de cendres. Les teneurs sive des systèmes de chauffage à alimenta-
en plomb, zinc, cadmium et mercure aug- tion manuelle, il est impératif d’utiliser
mentent nettement entre la cendre gros- exclusivement du bois de chauffage sec,
sière et la cendre fine volatile. naturel et correctement stocké. Toutefois,
Selon la composition de la cendre et le ni- le plus important reste de veiller à une ex-
veau de température dans la chambre de ploitation correcte avec un allumage peu
combustion, la cendre peut se ramollir, émissif. Des informations à ce sujet sont
voire fondre intégralement. Des tempéra- disponibles à l’adresse: www.holzenergie.
tures de chambre de combustion élevées ch/holzenergie/richtig-anfeuern.html
qui dépassent la température de fusion de Une fumée visible et malodorante à la sor-
la cendre peuvent causer des dommages tie de la cheminée est le signe d’une com-
sur la maçonnerie et des encrassements bustion incomplète et d’une exploitation
considérables de la chaudière en raison des incorrecte. Au plus tard 15 minutes après
phénomènes de goudronnage. l’allumage, aucune fumée ne doit plus être
A l’heure actuelle, on ne recycle que très visible au niveau de la cheminée.
rarement la cendre en Suisse, son élimina-
tion s’effectue généralement dans des dé- Systèmes de chauffage à bois à ali-
charges. Parallèlement, la tendance s’oriente mentation manuelle
vers l’utilisation d’arbres entiers. L’utilisation Tout d’abord, il convient de différencier les
de branches ou même de cimes d’arbres poêles et les chaudières à alimentation ma-
entraîne un prélèvement important d’élé- nuelle. Dans le cas des poêles, la transmis-
ments nutritifs pour la forêt, ce qui peut, sur sion de chaleur dans la pièce s’effectue par
quelques rares sites, être compensé par un rayonnement et convection, tandis que
réapprovisionnement à partir du sol ou par dans le cas des chaudières, la chaleur est
infiltration. Pour garantir une utilisation du- transférée à l’eau de chauffage. Il existe en
rable de la forêt après un prélèvement ré- outre des systèmes combinés, par exemple
pété d’éléments nutritifs, il faut envisager des poêles à accumulation avec échangeur
leur réintroduction par de la cendre, ce qui de chaleur à eau intégré pour le raccorde-
n’est actuellement pas autorisé. ment à des chauffages centraux.
Les chaudières à bûches sont combinées à
Chauffages à bois à alimenta- un accumulateur d’eau, permettant de
tion manuelle stocker l’excédent de chaleur résultant de
la différence entre la chaleur produite lors
Les chauffages à bois à alimentation ma- de la combustion et le besoin en chaleur
nuelle peuvent être utilisés comme chauf- momentané. Cela permet d’éviter les
fage principal ou d’appoint pour des cycles répétés d’enclenchements de la
pièces individuelles, des maisons familiales chaudière ou la réduction de l’apport d’air,
et des immeubles. Ils se caractérisent par qui engendrent des émissions de polluants
95
Energies renouvelables

élevées. L’utilisation d’un accumulateur tamment des poêles en faïence ou en stéa-


permet à la combustion de se dérouler à tite. Les cheminées ouvertes se font au-
charge nominale et avec de faibles émis- jourd’hui de plus en plus rares car elles
sions. La catégorie des chaudières com- n’apportent aucune contribution au
prend également les cuisinières de chauf- chauffage de la pièce en raison de l’échap-
fage central dont une partie de la chaleur pement d’air ambiant chaud.
sert à cuisiner, l’autre étant transmise à un Dans le cas des chaudières à bûches à ali-
chauffage central. Les poêles, quant à eux, mentation manuelle et des poêles, on dif-
existent sous de nombreuses formes: férencie deux principes de combustion: la
poêles de salon, poêles-cheminées, chemi- combustion supérieure (également appe-
nées ouvertes et fermées, poêles à accu- lée combustion continue) et la combustion
mulation de toutes sortes et cuisinières à inférieure. La combustion est associée à
bois. Les poêles à accumulation sont no- une grande puissance instantanée, grâce à
une combustion brève et intense de l’en-
Combustion Combustion semble de la quantité de bois. Cette libé-
supérieure inférieure ration de puissance brève et intense néces-
A A P site une grande chambre de combustion,
afin de garantir un temps de séjour suffi-
samment long des gaz. Dans le cas de la
S S
combustion inférieure, seule la couche de
combustible la plus basse brûle, et non
Illustration 125: l’ensemble de la quantité de bois. La com-
P bustion s’effectue ainsi sur une durée plus
Chambre de com-
bustion avec com- P = Air primaire longue et à une plus faible puissance. La
bustion supérieure S = Air secondaire combustion peut alors durer jusqu’à cinq
ou inférieure.
A = Gaz de combustion heures et au-delà. Malgré leur durée de
combustion plus longue, les systèmes à
bûches à combustion inférieure néces-
sitent également un accumulateur. Néan-
moins, étant donné qu’une plus grande
partie de la chaleur peut être directement
acheminée jusqu’au bâtiment, l’accumula-
teur peut être dimensionné plus petit.
Essai de type et label de qualité: Pour
Illustration 126: garantir une qualité élevée des chaudières
Chaudière à bûches à bois et poêles neufs, Energie-bois Suisse
avec combustion in- attribue un label de qualité aux systèmes
férieure (Fröling
de chauffage à bois performants. Les stan-
GmbH).
dards de qualité contrôlés en termes
d’émissions et de rendement se basent sur
l’OPair et sur les normes européennes.

Chauffages à granulés de bois


Les chauffages à granulés fonctionnent
avec un combustible bois homogène et sec
à haute densité énergétique. La combus-
tion des granulés est peu émissive et pré-
sente un rendement élevé. Grâce à la qua-
lité du combustible, ces installations
Illustration 127: peuvent être exploitées de façon fiable et
Chaudière à bûches entièrement automatique. Dotées d’un al-
(Liebi LNC AG). lumage automatique, elles réduisent au
96
Energie bois

minimum l’intervention manuelle. Le chauf- binés à une alimentation pneumatique


fage des habitations peut s’effectuer au jusqu’à l’installation de combustion. Des
moyen de poêles ou de chaudières à granu- silos textiles ou silos-sacs peuvent égale-
lés. Les poêles sont alimentés manuelle- ment être utilisés à la place des silos so-
ment en granulés, livrés en sacs. Un poêle à lides. Suspendus dans des châssis porteurs,
granulés disposé dans une habitation pos- ils peuvent être facilement intégrés dans
sède un feu visible avec de belles flammes, une pièce existante mais présentent l’in-
et représente une alternative aux poêles à convénient de n’être pas étanches à la
bûches. Les chaudières à granulés sont ali- poussière. Si aucun local n’est disponible à
mentées de façon mécanique ou pneuma- l’intérieur du bâtiment pour le stockage
tique à partir d’une réserve de combustible. des granulés, on peut également utiliser
Lorsque le chauffage à granulés est utilisé des citernes à granulés enterrées en ma-
comme chauffage exclusif, les cycles d’allu- tière synthétique, en acier ou en ciment,
mage sont nombreux dans l’entre-saison. de forme cylindrique ou sphérique. L’ex-
Ils le sont également en été si la production traction à partir des citernes s’effectue à
d’eau chaude s’effectue toute l’année à l’aide de dispositifs d’alimentation pneu-
l’aide du chauffage à granulés. C’est pour- matiques. Quel que soit le type d’espace
quoi l’utilisation d’un accumulateur de cha- de stockage des granulés choisi, il convient
leur est dans ce cas recommandée. Celui-ci de veiller à ce que ceux-ci, lors du souf-
permet également d’intégrer facilement flage, ne heurtent pas la paroi de la ré-
une installation de capteurs solaires dans le serve, ce qui provoquerait leur désagréga-
système de chauffage. tion. Dans les silos fixes, on utilise à cet
effet des tapis de rebond en caoutchouc.
Formes de livraison des granulés Le remplissage s’effectue à l’aide de deux
Les granulés sont proposés à la vente sous «tubulures» dont l’une est raccordée à un
différentes formes. Leur stockage pour les ventilateur d’aspiration doté d’un filtre
poêles situés dans l’habitation s’effectue pour la séparation de la poussière.
dans des sacs. La livraison des granulés pour Le volume de l’espace de stockage des
les chaudières à granulés s’effectue en vrac, granulés doit être choisi de manière à cor-
par des camions qui remplissent un espace respondre, si possible, à la consommation
de stockage disposé à l’intérieur ou à l’exté- d’une année. En général, on compte un
rieur du bâtiment. Les camions sont équipés volume de stockage de 0,9 à 1 m³ par kW
de dispositifs de soufflage ou de pompage. de besoin en puissance de chauffe. La quan-
Le remplissage de la réserve de combustible tité de stockage minimale ne doit toutefois
s’effectue donc par transport d’air via un
flexible d’une longueur de 30 m au maxi-
mum. Une autre forme de livraison moins
courante est la livraison en big-bags.
Illustration 128:
Livraison des granu-
Formes de stockage des granulés
lés en sac (AEK Ener-
Les réserves de combustible peuvent être
gie AG).
réalisées dans la chaufferie elle-même,
Illustration 129:
dans des pièces adjacentes ou dans des
Illustration 130:
Livraison des granu- citernes enterrées. Il convient dans tous les
Silo textile pour
lés en big-bags (AEK cas de respecter les prescriptions en ma-
granulés de bois.
Energie AG). tière de protection incendie de l’Associa-
tion des établissements cantonaux d’assu-
rance incendie (AEAI) (http://bsvonline.vkf. Illustration 131:
ch). Les silos solides sont en général équi- Réservoir à granulés
pés d’un plan incliné avec vis sans fin ou enterré horizontal
d’une extraction centrale avec bras arti- (Freudenthaler
culé. Ces deux systèmes peuvent être com- GmbH & Co KG).
97
Energies renouvelables

pas être inférieure à 6 m³ (soit env. 4 t). Dans eau intégré, qui peuvent être raccordés au
le cas des grandes installations de chauffage chauffage central.
à granulés, il est intéressant de pouvoir stoc- Poêle à granulés: Ils sont installés dans
ker au moins la capacité de livraison d’un les pièces d’habitation et possèdent une
poids lourd entier, c.-à-d. 25 m³. Pour des puissance de chauffe comprise entre 2 et
raisons de sécurité, aucune installation élec- 12 kW. Les poêles à granulés intègrent un
trique (lampes, interrupteurs, prises de cou- réservoir d’une capacité de 30 à 50 kg. La
rant, boîtier de distribution) ne doit être in- régulation de la puissance s’effectue par le
tégrée dans le silo. Les portes ainsi que la biais d’un mode marche-arrêt ou via une
réserve elle-même doivent être étanches à la régulation de puissance continue. Un ven-
poussière. Il convient en outre de veiller à ce tilateur d’allumage ou un allumeur à in-
que l’humidité ne puisse pas s’infiltrer dans candescence démarre automatiquement
la réserve de combustible, car cela entraîne- le feu. Les poêles à granulés sont généra-
rait le gonflement et la désagrégation des lement équipés de brûleurs à coque ou de
granulés. Lors du dimensionnement du vo- brûleurs à cuve.
lume de stockage, il convient de veiller à ce Les poêles à granulés peuvent être utilisés
qu’aucun remplissage complet ne soit pos- en tant que chauffage d’appoint, ou en tant
sible et que le volume utile ne soit nette- que chauffage exclusif dans les bâtiments
ment réduit par l’intégration d’éléments tels construits selon le standard Minergie P
que des fonds inclinés. ayant une faible puissance de chauffe. Les
Remarque importante: Pendant leur stoc- bâtiments Minergie ne sont pas appropriés
kage, les granulés de bois émettent des gaz à une distribution de chaleur par le biais de
toxiques, notamment du monoxyde de car- l’air. L’inconvénient des poêles à granulés
bone (CO), qui peuvent être mortels pour réside dans la nécessité de manipuler les
les personnes séjournant à proximité des
réserves de granulés. Pour éviter tout acci-
dent, ces espaces de stockage doivent être
ventilés mécaniquement à fond, de façon
continue ou au moins avant tout accès.

Domaines d’application et types de


chauffages à granulés
Comme dans le cas des foyers à alimenta-
tion manuelle, il faut différencier, dans le cas
des chauffages à granulés de bois, les poêles
et les chaudières. Dans le cas des poêles, la
distribution de chaleur s’effectue par rayon-
nement et convection, tandis que pour les Illustration 132:
chaudières, la chaleur est transférée à l’eau Coupe d’un poêle à
de chauffage. Il existe en outre des systèmes granulés avec réser-
combinés, c.-à-d. des poêles de chauffage voir à granulés inté-
central dotés d’un échangeur de chaleur à gré (Rika).

Illustration 133: Al-


lumage automa-
tique avec allumeur
à incandescence cé-
ramique dans la
coque du brûleur
(Rauschert GmbH).
98
Energie bois

sacs de granulés dans la pièce, ce qui intro- à peu près à ceux d’un chauffage à ma-
duit de la poussière dans l’habitation. zout doté d’une citerne. Leur plage de
Poêle de chauffage central: Le poêle de puissance typique est comprise, pour les
chauffage central est un système combiné maisons familiales et les immeubles d’ha-
entre le poêle et la chaudière. Une partie de bitation, entre 5 et 50 kW. L’alimentation
la chaleur parvient directement dans la du système de chauffage à partir du silo
pièce via la surface chaude tandis qu’une s’effectue directement à l’aide de vis sans
autre partie est transmise à l’eau de chauf- fin ou à l’aide de dispositifs d’alimentation
fage. La plage de puissance de ces systèmes pneumatiques, via un réservoir intermé-
est comprise entre 3 et 20 kW. La pièce re- diaire à proximité. Faciles à utiliser, peu
çoit directement env. un tiers de l’énergie, encombrantes et très disponibles, ces ins-
les deux tiers restants étant transmis à l’eau tallations sont de plus en plus souvent uti-
de chauffage. Les bons poêles de chauffage lisées dans des puissances thermiques éle-
central à granulés sont équipés d’une régu- vées supérieures à 500 kW, à la place de
lation de puissance continue et d’un allu- systèmes à plaquettes. Par rapport aux
mage automatique. Ils comprennent égale- systèmes de combustion à plaquettes, les
ment un silo intermédiaire d’une capacité chaudières à granulés sont également
pouvant atteindre 100 kg, dont le remplis- avantageuses en termes de dimension de
sage s’effectue tous les 2 à 3 jours seule- la réserve de combustible et des dispositifs
ment. En d’autres termes, ces systèmes d’alimentation, ainsi qu’en termes de coût.
nécessitent une manutention de quantités En outre, l’alimentation du combustible
plus élevées de granulés, générant davan- entre la réserve et le système de chauffage
tage de poussière. Ces systèmes peuvent est moins exigeante en termes de change-
être utilisés comme chauffages exclusifs ments de direction et de différences de
dans les bâtiments optimisés sur le plan hauteur. Les chauffages à granulés de bois
énergétique, ou comme chauffages représentent une alternative intéressante Illustration 135:
d’étage. L’association d’un accumulateur lors de la rénovation de chauffages à ma- Chaudière à granu-
lés avec alimenta-
de chaleur au poêle de chauffage central zout, au regard de leur encombrement et
tion directe par vis
est recommandée. Celui-ci permet égale- de leur facilité d’utilisation.
sans fin à partir de
ment d’intégrer facilement la chaleur pro-
la réserve de com-
duite par une installation solaire. bustible (Hargas-
Chaudière à granulés de bois: L’encom- sner).
brement et l’exploitation d’une chaudière
à granulés de bois avec silo correspondent Illustration 136:
Chaudière à granu-
lés avec réservoir in-
termédiaire et ali-
mentation pneuma-
tique à partir de la
réserve de combus-
tible (Hargassner).

Illustration 134:
Coupe d’un poêle
de chauffage cen-
tral avec réservoir à
granulés intégré
(Rika).
99
Energies renouvelables

Fonctionnement d’un système de chauf- des éléments essentiels d’un bon chauf-
fage à granulés de bois: Les granulés sont fage à granulés.
directement acheminés à l’aide d’une vis
sans fin, depuis le silo ou un réservoir inter- Exemple: Chauffage à granulés de
médiaire à alimentation pneumatique, via bois pour un quartier de maisons mit-
un étage de chute doté d’un sas à roue cel- oyennes à Möhlin Illustration 138: Le
lulaire, jusque dans la chambre de combus- Le quartier résidentiel de la Salzstrasse à quartier de la
tion chamottée. Le réservoir intermédiaire Möhlin est chauffé à l’aide d’un chauffage Salzstrasse compre-
est équipé d’un détecteur de niveau. Le ven- à granulés de bois monovalent. Pour créer nant 42 maisons f
tilateur d’allumage automatique (en vert de bonnes conditions pour le mode de mitoyennes est
dans l’illustr. 132) est placé derrière la vis faible charge du chauffage au bois, le sys- équipé d’un chauf-
sans fin. En dessous de la chambre de com- tème de chauffage est équipé d’un allu- fage à bois mono-
bustion se trouve un tiroir à cendres. L’ap- mage automatique et d’un accumulateur. valent de 180 kW.
port d’air primaire s’effectue en dessous de Ce chauffage a une puissance de 180 kW,
Illustration 139:
la chambre de combustion, tandis que l’air permet de chauffer 42 maisons familiales
Chauffage à granu-
secondaire est acheminé latéralement. Dans mitoyennes et est exploité par la société
lés de bois avec al-
la zone de circulation située au-dessus de AEW Energie AG dans le cadre d’un
lumage automa-
cette chambre s’effectue la combustion contracting énergétique. tique et nettoyage
complète, avant que les gaz de combustion En raison du combustible normalisé qu’ils automatique des
chauds ne parviennent dans l’échangeur de utilisent, les chauffages à granulés de bois conduits de chau-
chaleur vertical. Celui-ci comprend des tur- sont réputés être peu exigeants en termes dière. La faible di-
bulateurs qui améliorent l’échange ther- de maintenance et peu sensibles aux mension du réser-
mique tout en permettant, via un méca- pannes. En cas de panne prolongée du voir à cendre in-
nisme de levier, le nettoyage automatique chauffage monovalent, l’installation est dique la faible pro-
de l’échangeur de chaleur (illustr. 132). On équipée de tubulures préparées pour le duction de cendres,
aperçoit également au-dessus de l’échan- raccordement d’une centrale de chauffage de seulement 0,5 %
geur de chaleur le ventilateur d’aspiration du poids du com-
mobile. La disponibilité de la centrale de
bustible.
qui permet de maintenir l’installation de
chauffage en dépression et d’acheminer les
gaz de combustion jusqu’à la cheminée.
Les granulés de bois sont généralement
brûlés dans des cornues, également appe-
lées cuvettes ou, pour des puissances éle-
vées, sur des grilles. L’allumage automa-
tique, un apport ciblé d’air primaire et
d’air secondaire ainsi qu’une régulation
modulante de la combustion via une sonde
lambda ou une technologie similaire sont
Données de l’objet
Lieu Möhlin
Utilisation Production de chaleur pour le chauf-
fage et l’eau chaude
Année de construction 2007
Investissement sans bâti- 170 000 francs
ment
Puissance du chauffage 180 kW
à bois
Illustration 137: Vue
Production d’énergie 378 MWh/an
en coupe d’une
chaudière à granu-
Remarque Chauffage à granulés pour l’appro-
lés avec réservoir in-
visionnement en chaleur monova-
termédiaire (Har-
lent toute l’année, pour le chauf-
gassner).
fage et la production d’eau chaude
100
Energie bois

chauffage mobile dans un temps de réac- Technologies de combustion et do-


tion défini est garantie par un contrat maines d’utilisation
passé avec une société de location de cen- Les types de foyers les plus utilisés sont les
trales de chauffage mobiles. foyers à propulsion inférieure et les foyers à
grille, ainsi que dans de rares applications,
Chauffages automatiques les foyers à pulvérisation ou à lit fluidisé. Ces
Les chauffages à bois automatiques sont derniers sont installés en présence de puis-
proposés dans une large gamme de puis- sances élevées, généralement nettement
sances, généralement comprises entre 200 supérieures à 5 MW, ainsi que pour des
kW et 5 MW. Ils sont utilisés pour chauffer combustibles spéciaux, toutefois nous
des bâtiments individuels mais aussi de n’aborderons pas ces systèmes dans le pré-
grands réseaux de chauffage, ainsi que sent ouvrage. Les foyers à propulsion infé-
pour des applications industrielles destinées rieure et foyers à grille modernes sont forte-
p. ex. à la production de chaleur ou au ment automatisés. Les installations jusqu’à
Illustration 140: chauffage d’huile thermique. Les types de une puissance de 500 kW peuvent être
Foyer à combustion combustibles les plus courants sont les pla- équipées d’un allumage automatique. En
inférieure quettes forestières ou les résidus de bois plus du décendrage automatique des foyers,
issus de l’industrie de transformation du les conduits de chaudière peuvent être au-
Illustration 141: bois, mais également des types de bois de tomatiquement nettoyés par de l’air com-
Foyer à grille qualité moindre tels que le bois issu de l’en- primé ou par ultrasons.
(Schmid energy so-
tretien paysager ou le bois de récupération. Foyer à propulsion inférieure: Dans le
lutions)
cas d’un foyer à propulsion inférieure, le
combustible est introduit dans la cornue
par le bas, à l’aide d’une vis sans fin. C’est
là que se déroulent les trois phases de sé-
Chaudière chage, de pyrolyse et d’oxydation de la
Echangeur de chaleur
combustion. En raison de la géométrie de
la cornue et de la possibilité limitée de sé-
chage du combustible, les foyers à propul-
sion inférieure ne peuvent être utilisés
qu’avec des combustibles présentant une
Foyer
teneur en eau de 50 % au maximum. L’air
primaire est acheminé en dessous de la
cornue, tandis que l’air secondaire s’écoule
latéralement jusque dans la chambre de
combustion chaude. En aval de celle-ci, les
gaz de combustion passent ensuite à tra-
vers l’échangeur de chaleur dans lequel de
la chaleur leur est prélevée, puis ils sont
acheminés jusqu’au système de dépous-
siérage. Les foyers à propulsion inférieure
sont particulièrement appropriés à la bio-
masse à grain fin, tels que les copeaux de
scierie et les plaquettes de bois présentant
une teneur en eau comprise entre 5 et
50 %. La configuration des chambres de
combustion et de post-combustion doit
être adaptée à l’humidité du combustible
et leurs coûts d’investissement sont infé-
rieurs à ceux des foyers à grille. Par contre,
l’extraction des cendres exige un effort
d’intervention plus important et ces sys-
101
Energies renouvelables

tèmes ne sont pas appropriés à des types avantageux, mais plus exigeants en termes
de combustibles plus humides et plus exi- de combustion. En outre, le décendrage
geants. L’alimentation continue du com- des foyers à grille est mieux automatisé, ce
Illustration 142:
bustible et un lit de combustible stable et qui réduit l’effort d’intervention.
Quartier d’habita-
calme permettent une régulation simple et
tion d’Aeschemer-
efficace de la puissance, même en mode Exemple: Réseau de chauffage à dis- bündten chauffé
de faible charge. Ce type de foyer est en tance d’Aeschemerbündten à Möhlin par une centrale de
concurrence, dans la plage de faibles puis- La société Möhlin AG exploite à Möhlin 6 chauffe comprenant
sances, avec les chauffages à granulés. Si réseaux de chauffage. La commune pro- deux chaudières à
l’on dispose de suffisamment de place meut l’utilisation du bois-énergie en exi- bois. A gauche de
pour le stockage du combustible et que geant, dans les zones de constructions nou- l’entrée dans les ga-
des systèmes d’alimentation simples sont velles raccordées au chauffage à distance, rages souterrains,
possibles, il s’avère cependant plus avanta- non seulement des taxes de raccordement on distingue les
geux que les chauffages à granulés en rai- pour l’eau et les eaux usées mais également deux couvercles de
silo.
son du coût réduit du combustible. pour l’approvisionnement en chauffage à
Foyer à grille: Dans le cas d’un foyer à distance. Les taxes sont dues que la construc-
Illustration 143:
grille, le combustible est poussé sur la tion nouvelle soit ou non raccordée au
Chauffages à bois
grille à l’aide d’un module d’alimentation chauffage à distance. De cette manière, la présentant des puis-
(convoyeur à vis ou système d’introduction commune crée de bonnes conditions pour sances thermiques
hydraulique). La grille sur laquelle se dé- favoriser une densité de raccordement éle- de 1200 kW et 450
roulent les trois phases de la combustion vée dans les zones concernées. kW sous des espaces
peut être horizontale ou inclinée. Leurs La centrale comporte deux chauffages à habités; tous les
éléments mobiles acheminent le combus- bois de 1200 et 450 kW. Le réseau dessert à composants de l’ins-
tible sur celle-ci. A l’extrémité de la grille, la fois des quartiers neufs et anciens, ainsi tallation sont fixés
le combustible doit être complètement que des maisons individuelles et des im- ou logés avec dé-
brûlé, et le décendrage peut avoir lieu. Le meubles. L’investissement total pour les ins- couplage acous-
tique (Schmid
mouvement de ces éléments doit être tallations techniques dans la centrale de
energy solutions).
adapté au combustible et à son taux d’hu-
midité afin que les trois phases de la com-
bustion se déroulent sur toute la longueur
de la grille. En raison de la configuration
plus étendue, nécessaire au bon déroule-
ment de la combustion, par rapport à la
cornue d’un foyer à propulsion inférieure,
des types de bois plus humides peuvent
être utilisés, ainsi que des combustibles
riches en cendres et en scories de diffé- Données de l’objet
rents calibres, présentant une teneur en
Lieu Möhlin
eau de 5 à 60 %. L’air primaire nécessaire
Application Réseau de chauffage, eau chaude à
à la combustion est introduit sous la grille,
90 °C
tandis que l’air secondaire est acheminé
Année de construction 2012
dans la zone de combustion au-dessus de
Investissement sans cen- 3,2 millions de francs
la grille. Les gaz combustibles se mé- trale avec conduites de
langent avec l’air secondaire dans la chauffage à distance
chambre de combustion chaude, afin de Puissance des chauf- 1200 kW et 450 kW
garantir une combustion complète. Les fages à bois
coûts d’investissement ainsi que les coûts Production d’énergie 3400 MWh/an dans l’aménagement
d’entretien des foyers à grille sont supé- final
rieurs à ceux des foyers à propulsion infé- Remarques Exigences élevées en termes de pro-
rieure. Néanmoins, les foyers à grille tection phonique, car des logements
peuvent être utilisés avec des types de se trouvent au-dessus du chauffage à
combustibles plus humides donc plus bois
102
Energie bois

chauffage et pour le chauffage à distance par de l’eau et par refroidissement des


s’élève à 3,2 millions de francs. Pour la cen- parois latérales de la chambre de combus-
trale de chauffe, Möhlin AG a loué les lo- tion. Les chauffages à bois automatiques
caux du nouveau quartier d’habitation sont également utilisés dans des exploita-
d’Aeschemerbündten. Cette installation a la tions industrielles et commerciales ainsi
particularité de n’intégrer aucune chaudière que dans des couplages chaleur-force. Ils
de secours ou de charge de pointe fossile permettent également de produire de la
dans le réseau, et de répondre à des exi- vapeur pour l’industrie ou pour l’entraîne-
gences acoustiques très élevées. En effet, ment de turbines. Une autre application
étant donné que la centrale se situe sous est le chauffage d’huile thermique destiné
des espaces habités, toutes les installations à des applications industrielles, p. ex. pour
ont dû faire l’objet d’un découplage acous- les boulangeries industrielles ou les cou-
tique. plages chaleur-force utilisant le processus
Dans le cas des foyers à grille comme dans ORC (voir le chapitre sur la géothermie).
le cas des foyers à propulsion inférieure, il Régulation et exploitation: Les chauf-
convient, en présence de combustibles fages au bois automatiques peuvent être
secs et de cendres à bas point de fusion, modulés dans une plage de 30 à 100 % de
de prendre des mesures pour empêcher le la puissance nominale. En présence de
goudronnage. Pour cela, la température combustibles très humides, une exploita-
dans la chambre de combustion doit être tion dans la plage de puissance inférieure
réduite. Cela peut s’effectuer sur le plan peut engendrer des émissions de polluants
technique par recirculation des gaz de accrues et doit ainsi être évitée. Pour la ré-
combustion ou par refroidissement actif gulation des chauffages à bois automa-
de la chambre de combustion. Cela se fait tiques, on utilise des régulations de dépres-
par des éléments de grille fixes traversés sion, de puissance et de combustion. Ces
régulations ont pour tâche, même en pré-
sence de conditions de combustible et
d’environnement variables, de garantir une
exploitation durablement peu émissive et
avec un rendement élevé.
Accumulateurs de chaleur: En raison de
la possibilité de régulation limitée des
chauffages à bois et de l’inertie du système
due à la combustion de solides, on adjoint
Illustration 144:
Chaudière à bois généralement aux chauffages à bois des
avec chaudière à accumulateurs de chaleur dimensionnés
huile thermique pour la capacité d’une heure de charge
(Sägewerk Echtle nominale. Etant donné que les chauffages
KG). à bois sont des générateurs de chaleur
inertes ayant une capacité de régulation li-
mitée, un accumulateur facilite l’exploita-
tion en présence de variations de charge
rapides ainsi que dans les phases d’exploita-
tion à très faible charge. Le dimensionne-
ment recommandé permet de distribuer
pendant une heure le double de la puis-
sance de la chaudière. Cela permet, pour
Illustration 145:
Centrale à bois avec les installations bivalentes, de mieux couvrir
installation ORC à avec le bois les pointes de chauffage ou
Nordrach, Alle- pour les installations monovalentes, de di-
magne (Sägewerk mensionner la chaudière un peu plus petite.
Echtle KG).
103
Energies renouvelables

Exemple: Centre de biomasse de verte. Le chauffage à bois possède un degré


Spiez – Chauffage à bois de récupéra- d’automatisation élevé et est équipée pour
tion et à résidus de bois une «exploitation sans surveillance con-
La société Oberland Energie AG a construit stante» (BOSB72). Cet exemple montre que
un centre de biomasse à Spiez. Ce système les chauffages à bois permettent de garantir
de recyclage intelligent se compose d’une une disponibilité élevée de l’approvisionne-
Illustration 146:
installation de fermentation, d’une usine de ment énergétique d’exploitations indus-
Conduite de vapeur
compostage et d’un chauffage utilisant du trielles, même avec des combustibles bois
à distance d’une
bois de récupération et des résidus de bois. de moindre qualité.
longueur d’env. 450
m pour l’approvi- Ce chauffage comporte deux chauffages à Emissions: Les chauffages à bois automa-
sionnement énergé- bois permettant de produire de la vapeur tiques bien réglés et correctement exploités
tique des processus pour une exploitation industrielle voisine, la atteignent une bonne qualité de combus-
de production et le société Nitrochemie AG. La vapeur ainsi tion et n’émettent que de faibles quantités
chauffage de la so- générée est acheminée via une conduite de de polluants sous forme de gaz ou de par-
ciété Nitrochemie vapeur à distance d’env. 450 m de long ticules non brûlées telles que le goudron et
Wimmis AG. jusqu’à la société Nitrochemie AG, où elle la suie. Si l’exploitation est rigoureuse, les
est utilisée pour les processus de production problèmes d’odeurs sont quasi-inexistants.
Illustration 147: Ré- et le chauffage des bâtiments. La société Les chauffages à bois automatiques sans
serve de combus-
peut ainsi quasi complètement renoncer séparateur contribuent toutefois en hiver
tible ouverte du
aux combustibles fossiles. Outre la produc- au dépassement des valeurs d’émission de
chauffage à bois de
tion de vapeur pour l’exploitation indus- particules fines, c’est pourquoi des mesures
récupération et rési-
dus de bois de trielle, le chauffage à bois permet égale- de filtration sont nécessaires. Dans les
Spiez, directement ment de produire de la chaleur à distance grands chauffages à bois, en particulier
alimenté par des pour le centre ABC de Spiez. Les combus- avec des combustibles ayant une teneur
chargeuses sur tibles utilisés sont des résidus de bois issus élevée en azote (p. ex. bois de récupération
roues sur les sys- de la fermentation, du bois provenant de avec parts de panneaux agglomérés,
tèmes d’extraction l’entretien paysager et du bois de récupéra- écorce), le débit massique déterminant
à fond mobile. Le tion dont la part s’élève à 50 %. Le combus- dans l’OPair de 2500 g/h peut être dépassé.
besoin annuel en tible est acheminé à l’aide de chargeuses sur Ces installations sont donc soumises à une
plaquettes de bois roues sur le système d’extraction à fond obligation de respect des valeurs limites
s’élève à env.
mobile de la réserve de combustible ou- d’oxydes d’azote. Cela requiert des disposi-
55 000 m3.
tifs de dénitrification avec injection d’un
agent réducteur (SNCR).
Filtres à particules: Jusqu’au renforcement
de l’OPair en janvier 2009, les valeurs limites
de particules fixées pour tous les chauffages
à bois exigeaient uniquement la présence
d’un séparateur de cendre volante. Dans le
cadre du plan de mesures pour la réduction
des particules fines de la Confédération, les
Données de l’objet valeurs limites d’émissions pour les parti-
Lieu Spiez cules ont été renforcées de manière éche-
Application Production de vapeur à 18 bars lonnée jusqu’en janvier 2012. Les installa-
Année de construction 2011 tions existantes disposent d’un délai d’assai-
Investissement avec bâti- 15 millions de francs nissement de 10 ans, délai qui peut être
ment raccourci par les cantons. Les principaux
Puissance des chauffages à 2 fois 6 t/h (vapeur) procédés de filtration des particules pour les
bois chauffages à bois sont les filtres à cyclones
Production d’énergie 30 000 MWh/an pour la séparation des grosses particules et
Remarque Combustion de types de combus- les filtres électriques et filtres textiles pour la
tibles-bois de moindre qualité avec séparation des particules fines. L’illustration
disponibilité élevée de l’installation 149 montre le principe de fonctionnement
104
Energie bois

des trois procédés. Dans le séparateur élec- Exemple: Boulangerie industrielle


trique, la séparation s’effectue par charge Coop à Gossau
des particules dans un champ électrique et La boulangerie industrielle Coop à Gossau
séparation de la poussière au niveau d’une utilise depuis 2011 un chauffage à bois pour Illustration 149:
surface métallique. La surface métallique le chauffage des lignes de cuisson et la pro- Chaudière à huile
sur laquelle s’accumulent les particules est duction de vapeur. En termes de fiabilité et thermique verticale
nettoyée périodiquement de façon méca- réalisée sur le
de fonctionnalité, les exigences sont éle-
chauffage à bois,
nique. L’efficacité de ce système dépend de vées. Le chauffage à bois chauffe de l’huile
avec une pression
la tension et du temps de séjour des parti- thermique à env. 290 °C et prend en charge,
d’essai de 32 bars,
cules dans le séparateur. Etant donné la à raison de 3600 MWh par an, l’approvi- une température
faible vitesse d’écoulement requise dans le sionnement de la charge de base de la bou- d’huile thermique
séparateur, les dimensions de l’appareil sont langerie. Les anciennes chaudières servent à de 290 °C et un net-
importantes et les coûts sont élevés. Pour la couverture des charges de pointe, ce qui toyage automa-
réduire la pollution du gaz brut en amont du permet une économie annuelle d’env. 900 tique à air com-
filtre, il est donc intéressant de connecter un tonnes de CO2 par rapport au précédent primé.
cyclone en amont du séparateur électrique. système de chauffage fossile (gaz naturel et
Dans le filtre textile, la séparation s’effectue mazout). Une extraction transversale hy- Illustration 150: Ré-
sur une surface filtrante et sur la couche de draulique achemine les plaquettes directe- serve de combus-
particules qui y est déposée. Après dépasse- tible appropriée à
ment jusque dans la chambre de combus-
une entreprise de
ment d’une perte de pression définie à tra- tion et assure une alimentation extrême-
production de den-
vers le filtre et le gâteau de filtration qui s’est ment fiable du chauffage à bois. La manu-
rées alimentaires,
formé, un nettoyage à l’air comprimé est tention du bois s’effectue à l’aide de deux avec deux conte-
effectué. Les filtres textiles présentent des conteneurs interchangeables, afin de ré- neurs interchan-
dimensions plus faibles, mais en raison de la duire les émissions de poussières et d’odeurs geables et une
perte de pression élevée, du besoin en air à un minimum dans cette entreprise de pro- porte à enroule-
comprimé et de la durée d’utilisation limitée duction de denrées alimentaires. L’investis- ment. Cette solu-
des tuyaux de filtre, les coûts d’exploitation sement total s’élève à 3,1 millions de francs. tion permet de ré-
sont plus élevés. Un autre inconvénient des Bien que cette transformation n’atteigne duire à un mini-
filtres textiles réside dans la projection que tout juste la limite de rentabilité, Coop mum les émissions
d’étincelles ou dans les phénomènes d’ad- continue à miser sur cette technique de gé- de poussières et
hérence lorsque l’on passe en dessous du nération de chaleur de processus à l’aide de d’odeurs causées
par la manutention
point de rosée, en cas d’utilisation de com- bois dans d’autres projets.
du bois.
bustibles ayant une teneur élevée en eau.
C’est notamment pour cela que les filtres
Illustration 148: textiles sont plutôt rarement utilisés dans les
Principe de fonc- chauffages à bois.
tionnement d’un cy-
clone, d’un filtre
électrique et d’un
filtre textile.
Cyclone Filtre électrique Filtre textile
(Séparateur
centrifuge) Données de l’objet
Lieu Gossau
− +
Application Huile thermique 290 °C
Année de construction 2011
Investissement avec bâtiment 3,1 millions de francs
Puissance des chauffages à 600 kW
bois
Production d’énergie 3600 MWh/an
+
Remarque Prescriptions strictes en matière
d’émissions de poussières et
Gaz brut Gaz épuré d’odeurs (denrées alimentaires)
Chapitre 7

Biogaz

Mike Keller Fermentation rondes, en forme de bâtonnets ou de fils


La notion de fermentation désigne la dé- mesurent moins d’un micron. Etant donné
gradation de matière biogène par des mi- que la majeure partie de l’énergie de la
croorganismes en l’absence d’oxygène, matière dégradée est préservée dans le
c’est-à-dire dans des conditions anaéro- méthane, il ne reste aux bactéries que peu
bies. Plusieurs groupes de bactéries trans- d’énergie pour vivre et se multiplier. Ainsi,
forment le carbone dégradé en biogaz. lors de la fermentation (à l’inverse du com-
1 m³ de biogaz pèse env. 1,2 kg. Le biogaz postage), aucune énergie en excès ne se
se compose pour l’essentiel de: dégage sous forme de chaleur. Les ma-
]]60 % de méthane tières non dégradées par les bactéries dans
]]35 % de dioxyde de carbone le cadre du processus anaérobie forment
]]5 % d’eau, d’azote, d’hydrogène, d’oxy- les résidus de fermentation ou le digestat.
gène et d’hydrogène sulfuré Réintroduites dans la nature, ces subs-
tances nutritives favorisent la croissance
Le gaz méthane est une forme d’énergie d’une nouvelle biomasse. Les conditions
qui existe depuis l’origine des temps, que du processus de dégradation anaérobie
ce soit par fermentation dans le cycle na- sont les suivantes:
turel ou dans le tube digestif des êtres vi- ]]Humidité – substances organiques hu-
vants: Des microbactéries transforment mides
des produits naturels (biomasse) en biogaz ]]Chaleur
ou gaz méthane, dans le cadre d’un pro- ]]Obscurité
cessus biologique complexe. Les bactéries ]]Milieu pauvre en oxygène
anaérobies sont apparues alors que l’at-
mosphère terrestre était encore exempte
d’oxygène. Ces bactéries unicellulaires

Illustration 151:
Un tas de digestat
compte plus de mi-
croorganismes que
la terre ne compte
d’êtres humains!
106
Biogaz

Le processus métabolique composition de substances chimiques dans


bactérien la cellule).
]]Les produits intermédiaires ainsi formés
La biomasse est traitée mécaniquement sont ensuite, dans une phase d’acidifica-
pour le processus métabolique bactérien. tion, dégradés par des bactéries acidi-
Le broyage de la biomasse augmente la fiantes, pour former des acides gras pri-
surface utile, permettant ainsi une dégra- maires tels que l’acide acétique, l’acide
dation plus complète, donc une produc- propionique et l’acide butyrique, ainsi que
tion de biogaz plus importante. La fermen- du dioxyde de carbone et de l’hydrogène.
tation anaérobie, à l’inverse du compos- Parallèlement, d’infimes quantités d’acide
tage dans lequel des champignons primi- lactique et d’alcool sont également pro-
tifs et d’autres êtres vivants primaires par- duites.
ticipent également à la dégradation, est ]]Ensuite, lors de la formation de l’acide
un processus purement bactérien. Les acétique, ces produits sont transformés par
bactéries anaérobies étant particulière- des bactéries en précurseurs du biogaz
ment actives dans l’eau ou dans un envi- (acide acétique, hydrogène et dioxyde de
ronnement très humide, les processus de carbone). Etant donné qu’une teneur en
dégradation anaérobie conviennent sur- hydrogène trop élevée est nuisible pour les
tout à des substrats humides. Les bactéries bactéries responsables de la formation de
dégradent pratiquement toute matière l’acide acétique, celles-ci doivent s’allier
biogène à l’exception du bois, dont un élé- aux bactéries de la dernière étape, la mé-
ment leur résiste: la lignine. La fermenta- thanogénèse. En effet, lors de la formation
tion, qui se déroule dans un récipient du méthane, ces bactéries consomment de
fermé (fermenteur ou réacteur de fermen- l’hydrogène et assurent ainsi des condi-
tation) dans des conditions contrôlées, est tions de vie acceptables pour les bactéries
un processus métabolique en quatre responsables de la formation de l’acide
étapes. acétique.
]]Dans la première étape, l’hydrolyse, les ]]Enfin, lors de la méthanogénèse, du mé-
composés complexes de la matière de dé- thane est formé à partir de l’acide acétique,
part (hydrates de carbone, protéines et de l’hydrogène et du dioxyde de carbone.
graisses) sont divisés en composés plus
simples (acides aminés, sucres et acides Selon le type de résidus organiques, on
gras). Les bactéries qui participent à ce pro- obtient différentes productions de biogaz.
cessus libèrent à cet effet des enzymes (c.- L’importance de la teneur en méthane
à-d. des ferments et des catalyseurs de la dans le biogaz est principalement détermi-
transformation chimique dans les cellules née par la teneur en matière sèche orga-
vivantes), qui décomposent la matière de nique et la teneur du substrat en protéines
façon biologique (c.-à-d. formation et dé- et graisses. Les substrats contenant des

Conditions de base
Le travail des bactéries
 chaud
produit du
 humide
biogaz
 sombre
 sans oxygène
Résidus Les bactéries dégradent la matière Résidus
organiques organique organiques
traités par Le «travail» des groupes de bactéries: non dégradés
le doseur - Décomposition, hydrolyse
- Phase d’acidification
Illustration 152: Le - Formation d’acide acétique
processus de méta- - Formation de méthane
bolisation dans le
fermenteur.
107
Energies renouvelables

graisses permettent d’obtenir les produc- composés organiques restants après élimi-
MS = Matière
tions de biogaz les plus élevées, ceux nation totale de l’eau et de toutes les subs-
sèche
contenant des protéines les productions tances non organiques. C’est la MSo qui
MSo = Matière
les plus basses. La matière sèche orga- fermente dans l’installation et est transfor-
sèche organique
nique (MSo) d’une substance désigne les mée en biogaz. La biodégradabilité et la

Résidus organiques humides broyés mécaniquement

Décomposition, Décomposition
hydrolyse des macromolécules
Hydrates de carbone
Graisses
Protéines

Phase Fermentation
d’acidification des produits
(acidogénèse) de scission
Acide propionique
Acide butyrique Acide Hydro- Dioxyde
(Acide lactique) acétique gène de carbone
(Alcools)

Formation Formation de
d’acide acétique substances
(acétogénèse) méthanogènes
Acide acétique

Formation de méthane,
formation de biogaz (méthanogénèse)

Biomasse non dégradée et Biogaz CH4 + CO2 + Traces d’autres


non dégradable (lignite, éléments
eau, etc.)

Digestat – Matière résiduelle Biogaz destiné au traitement Illustration 153:


fermentée destinée à la production et à la valorisation Le processus méta-
de compost et d’engrais liquide bolique biochi-
mique.

Exemple de calcul
]]1 tonne de restes de repas présente une teneur en MS d’env.18 %.
1 tonne x 18 % = 0,180 tonne de MS
]]La teneur en MSo d’une tonne de restes de repas s’élève à env. 90 %.
0,180 tonne MS x 90 % = 0,162 tonne de MSo
]]La production de gaz à partir d’une tonne de MSo de restes de repas
s’élève, selon des analyses de laboratoire, à env. 900 m3 de biogaz.
0,162 tonne MSo x 900 m3/tonne = 146 m3 de biogaz
]]1 m3 de biogaz possède env. 60 % de part de méthane avec une teneur
énergétique d’env. 10 kWh/m3 (9,94 kWh/m3). Illustration 154:
146 m3 de biogaz x 60 % de part de méthane x env. 10 kWh/m3 de biogaz = Exemple de calcul
876 kWh de la teneur éner-
gétique de la bio-
masse.
108
Biogaz

part de MSo sont donc déterminantes chets. La production énergétique peut être
pour la production de biogaz et sa teneur évaluée en multipliant la production de
en méthane. biogaz par 6 kWh par m³ de biogaz. Pour
Pour déterminer la production de biogaz, des calculs plus précis, on se référera à des
on se base sur des valeurs indicatives. Très analyses spécifiques détaillées sur la bio-
Illustration 155: Va- grossièrement, la production de biogaz masse.
leurs indicatives d’une installation fonctionnant avec des
grossières de la pro- déchets verts et des biodéchets commu-
duction de biogaz naux et industriels peut être estimée à
(selon la littérature
100 m³ de biogaz par tonne de biodé-
spécialisée).

Huile de friture usagée


Glycérine brute
Déchets de fromage
Déchets de pâte/de cuisson
Blé
Vieux pain
Matière de séparateur de graisse déshydratée
Foin, prairie, début de floraison
Déchets de céréales (poussière de moulin et paille)
Chaume
Paille de blé fine
Paille d’avoine
Paille d’orge
Ensilage de maïs, mûr, riche en grains
Betterave sucrière
Paille de blé grossière
Ensilage de maïs
Ensilage d’herbe, 1ère fauche, mi-floraison
Paille de colza
Pomme de terre brute, teneur en amidon moyenne
Ensilage de maïs, mûr, part de grain moyenne
Marc de fruits
Déchets de restauration
Bac à déchets organiques
Fanes de pommes de terre
Herbe de prairie, 1ère fauche
Drêches de brasserie
Fumier de cheval frais
Déchets verts communaux (feuilles, herbe)
Fientes de volaille solides
Tailles, tontes de gazon
Epluchures de pommes de terre, brutes
Epluchures de légumes
Lisier de volaille
Fumier de porc frais
Lait écrémé frais
Fiente de volaille fraîche
Contenu de panse
Contenu d’estomac et de tube digestif
Fumier de bovin frais
Petit-lait
Drêches de blé
Drêches de pommes de terre
Lisier de porc
Lisier de bovin
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
m3 de biogaz par tonne de masse solide
109
Energies renouvelables

Utilisation du biogaz tème de chauffage qui produit en même


En sa qualité d’énergie renouvelable, le temps de l’électricité, ou une centrale élec-
biogaz peut être utilisé directement trique qui fournit en même temps de la
comme combustible à des fins de chauf- chaleur. Le consommateur reçoit ainsi les
fage, être traité pour servir de carburant deux énergies les plus importantes, l’élec-
pour véhicules ou être transformé en cha- tricité et la chaleur. La chaleur produite lors
leur et en électricité via un couplage cha- de la génération d’électricité peut être uti-
leur-force lisée pour produire de l’eau chaude, de la
vapeur ou de la chaleur de séchage. Le
Production d’électricité et de chaleur combustible est ainsi utilisé à hauteur de
Pour produire de l’électricité et de la cha- 80 à 95 %. Selon leur taille, les rende-
leur à partir du biogaz, on utilise: ments des CCF modernes utilisant du bio-
]]Des couplages chaleur-force gaz sont les suivants:
]]Des microturbines à gaz ]]Electrique: 38 à 40 %
]]La technologie du Cycle organique de ]]Thermique: 42 à 45 % Illustration 156:
Rankine (ORC) Schéma de principe
Carburant pour véhicules d’un CCF.
Ces technologies d’exploitation du biogaz Lorsque le biogaz doit être traité pour ser-
appartiennent à «l’état de l’art» et ont été vir de carburant pour véhicules, sa qualité Illustration 157:
éprouvées et optimisées. De nombreux doit correspondre à celle du gaz naturel. Exemple de calcul
de la production
fabricants sont actifs sur le marché. En Par conséquent, le gaz doit contenir au
d’électricité et de
règle générale, l’électricité est injectée moins 96% de méthane. Il convient donc
chaleur.
dans le réseau local, tandis que la chaleur
permet d’alimenter un réseau de chauf-
fage à distance. Les centrales thermiques
combinées, dans lesquelles la chaleur de
l’installation de biogaz fournit la chaleur Biogaz Chambre de Gaz de combustion
combustion
de ruban, une installation à plaquettes de
bois ou à granulés fournit la chaleur hiver- Pistons Echangeur de chaleur

nale et un brûleur à gaz ou à mazout la


chaleur de pointe, sont de plus en plus fré-
Eau froide
quentes. Eau chaude

Couplages chaleur-force (CCF)


Moteur
Les couplages chaleur-force sont générale-
ment des centrales de cogénération Générateur Electricité
constituées d’un moteur à combustion et
d’un générateur. Les rejets thermiques uti-
lisés proviennent du refroidissement des
moteurs et des gaz de combustion. Dans
le cas des installations combinées ou à Exemple de calcul
cycle combiné, de l’électricité est produite Si le gaz produit dans l’installation de biogaz est utilisé au
à deux reprises: Une première fois à l’aide moyen d’un CCF, la production d’électricité et de chaleur
d’une turbine à gaz et une seconde fois à peut être déterminée grossièrement comme suit:
partir de la vapeur de la chaudière de récu- ]]Production de biogaz: env. 2 millions m3/an
pération de la turbine à gaz. Les piles à ]]Teneur énergétique: env. 6 kWh/m3 biogaz
combustible sont également des cou- 2 millions m3 biogaz x 6 kWh/m3 = 12 millions kWh/an
plages chaleur-force. Elles produisent de ]]Disponibilité du CCF: env. 95 % par an
]]Production d’électricité: rendement électrique 38 %
l’électricité et de la chaleur à partir d’hy-
12 millions kWh/an x 95 % x 38 % = 4,332 millions kWh/an
drogène et d’oxygène selon un processus
]]Production de chaleur: rendement thermique 42 %
électrochimique. Le couplage chaleur- 12 millions kWh/an x 95 % x 42 % = 4,788 millions kWh/an
force désigne rudimentairement un sys-
110
Biogaz

de séparer du biogaz, en différentes étapes, visant à obtenir la qualité du gaz naturel


l’eau, l’azote, l’hydrogène, l’oxygène, l’hy- dans les installations de fermentation n’ont
drogène sulfuré ainsi que le CO2. Pour ce fait leur apparition sur le marché que très
faire, on utilise différentes technologies de récemment. Les procédés de base sont ce-
traitement du biogaz: pendant connus puisqu’ils sont déjà utilisés
]]Adsorption à modulation de pression ou depuis plusieurs décennies pour le traite-
Pressure Swing Adsorption (PSA) dans des ment du gaz naturel. On peut considérer
filtres à charbon actif qu’à moyen terme, ces technologies pren-
]]Lavage à l’eau sous pression dans des dront de plus en plus d’importance. En
empilements à garnissage règle générale, le biogaz ainsi traité est in-
]]Lavage au polyglycol dans des empile- jecté dans le réseau de gaz naturel puis
ments à garnissage acheminé jusqu’à une station de remplis-
]]Lavage à l’éthanolamine dans des empi- sage de gaz naturel-biogaz. Le réseau de
lements à garnissage gaz naturel est alors utilisé non seulement
]]Technologie à membrane comme moyen de transport mais égale-
]](Technique de liquéfaction du gaz) ment comme stockage.
Les technologies de traitement du biogaz

Exemple de calcul
Si le gaz produit dans l’installation de biogaz est épuré et injecté dans le réseau de
gaz naturel, la production de biogaz pur peut être calculée grossièrement comme suit:
]]Production de biogaz brut: env. 2 millions m3/an
]]Quantité de méthane CH4 humide: env. 60 % de la quantité de biogaz brut
2 millions m3/an x 60 % = 1,2 million m3 de quantité de méthane brut CH4
]]Facteur pour le gaz méthane sec: 0,88
1,2 million m3 CH4/an de gaz méthane humide x 0,88 = 1,056 million m3 CH4/an
]]Emanations de méthane de l’installation d’épuration des gaz: 1 % – 3 %
(selon le procédé) 1,056 million m3 CH4/an x (100 % – hypothèse 2 % d’émana-
tions) = 1,035 million m3 CH4/an
]]Disponibilité de l’installation: env. 95 % par an
Illustration 158: 1,035 million m3/an x 95 % = 0,983 million m3 CH4/an
Exemple de calcul ]]Teneur énergétique du gaz méthane: 10,6 kWh/m3 CH4
pour la détermina- 0,983 million m3 CH4/an x 10,6 kWh/m3 CH4 = 10,421 millions kWh/an
tion du biogaz pur.

Biogaz pur Gaz


(au moins 96% CH4) d’échappement CO2

Désul-
Com- furation Adsorption Désorption
Biogaz brut pression H2S avec CO2
du gaz filtre à CO2
charbon
actif
Le CO2 est Le CO2 est éliminé
capturé dans le du Genosorb par
Genosorb par détente et strippage
Illustration 159: adsorption par air. Dans ce cas,
Principe d’une ins- préférentielle l’énergie de sorption
tallation d’épura- doit être introduite
tion du gaz PSA
dans le liquide de
lavage sous forme de
avec liquide de la-
chaleur.
vage.
111
Energies renouvelables

Remarques Procédé de traitement du gaz PSA: Ce


]]Pour garantir l’exploitation économique procédé se base sur un lavage physique du
d’une installation de traitement de biogaz, gaz à l’aide du liquide de lavage Genosorb.
un débit minimum de 100 m3 par heure de
biogaz brut est requis. Procédé à membrane: Après un traite-
]]Le biogaz doit être injecté à la pression ment préalable, le flux de biogaz brut est
qui règne dans la conduite de gaz naturel. comprimé à plus de 10 bars et traité par le
Selon le procédé de traitement du biogaz biais d’un circuit de modules à membrane à
choisi, un compresseur supplémentaire est plusieurs étages. L’utilisation de mem-
requis, ou un poste de détente. branes à fibres creuses à haute sélectivité
]]Avant de réaliser une installation de trai- permet d’obtenir une concentration de plus
tement de biogaz, il convient de définir de 97 % de méthane en volume. Le biomé-
avec l’exploitant du réseau de gaz naturel thane obtenu est sec et remplit les exi-
s’il est possible d’injecter directement du gences en termes de point de rosée pour
biogaz brut avec une teneur en méthane l’injection dans le réseau.
d’env. 60%. Cela est éventuellement pos-
sible lorsque la part de biogaz dans le gaz Procédé de lavage aux amines: Il s’agit
naturel représente une part négligeable, d’un procédé thermorégulé de production
quelle que soit la saison. de biométhane à partir de biogaz brut. Le

Gaz d’échappement CO2

Désul-
furation
Biogaz brut H2S avec Com- Module de Biogaz pur
filtre à pression membrane (au moins
charbon du gaz 96% CH4)
actif
Le CO2, la vapeur d’eau et des
traces d’ammoniac et d’hydrogène
sulfuré sont récupérés côté basse Illustration 160:
pression, tandis que de l’autre côté Principe d’une ins-
de la membrane (le côté haute tallation d’épura-
pression), le méthane s’accumule. tion des gaz à mem-
brane.

Biogaz pur
(au moins 96% CH4) Gaz d’échappement CO2

Désul-
furation
Adsorp- Chauffage Désorp-
Biogaz brut H2S avec
tion CO2 tion CO2
filtre à
charbon
actif
Le CO2 est capturé L’amine séparée du Illustration 161:
dans l’amine par CO2 est réutilisée dans Principe d’une ins-
adsorption l’adsorption (foncti- tallation d’épura-
onnement cyclique) tion du gaz par la-
vage aux amines.
112
Biogaz

biogaz est d’abord séché puis désulfuré. est intéressant d’opter pour des véhicules
Ensuite, un lavage chimique augmente la roulant au gaz. Pour des raisons environne-
teneur en méthane par séparation du mentales, le gaz naturel-biogaz devrait être
dioxyde de carbone. Le lavage aux amines favorisé en tant que carburant à l’avenir.
permet d’obtenir un méthane pur à 99 %
avec moins de 0,1 % de perte d’énergie au
cours du processus.

Caractéristiques du biogaz
]]1 m3 de biogaz correspond à environ
0,5 kg de carburant conventionnel (p. ex. Illustration 162: Po-
essence). tentiel énergétique
]]La teneur énergétique de 1 m3 de biogaz des biodéchets.
correspond à env. 6 kWh.
]]1 m3 de biogaz correspond à environ 0,6 Avec 20 peaux de banane …
à 0,65 litre de mazout. … 1 km de parcouru avec une voiture
]]Une voiture roulant au biogaz-gaz natu- particulière, neutre en CO2
rel consomme env. 0,06 kg de carburant … 90 minutes de TV neutre en CO2
par km, et en moyenne de 1000 kg de car- … 10 minutes de repassage,
burant par an. neutre en CO2
]]1 kg de gaz naturel-biogaz correspond
env. à 1,5 litre d’essence ou 1,3 litre de die-
sel.
]]Pour des raisons environnementales, le
gaz naturel-biogaz devrait être favorisé en
Pour chaque km parcouru avec
tant que carburant à l’avenir. Les gaz
du biogaz, on réalise une
d’échappement des véhicules roulant au
économie de 100 g de CO2.
gaz naturel-biogaz sont nettement moins
polluants que ceux des véhicules à essence-
diesel (tabl. 27). Réduction des émissions
Tableau 27: Réduc- Substance émise Essence Diesel
tion des émissions Il est avéré que le biogaz est le plus propre Dioxyde de carbone CO2 25 % 15 %
en % grâce à l’utili- de tous les carburants; il respecte encore Oxyde d’azote NOx 55 % 85 %
sation de biogaz mieux l’environnement que le gaz naturel,
par rapport aux car- Monoxyde de carbone CO 55 % 98 %
car il est neutre en CO2. Plus les prix de
burants essence et Ozone 65 % 85 %
l’essence et du diesel augmentent, plus il
diesel.

Produit Composition Pouvoir calori- Conversion Equivalent Remarques


fique
Biogaz brut 60 % – 65 % CH4 env. 6 kWh/m3 env. 1,2 kg/m3 Le biogaz brut est
(méthane) et le gaz obtenu par
35 % – 40 % CO2 fermentation des
biodéchets.
Biogaz pur 96 % CH4 (méthane) 10,3 kWh/m3 0,8 kg/m3 1 kg corres- Le biogaz pur est
pond à env. le gaz injecté dans
1,5 litre d’es- le réseau de gaz
sence ou env. naturel après épu-
1,3 litre de ration du biogaz.
Tableau 28: Valeurs Gaz naturel 98 % CH4 (méthane) 10,5 kWh/m3 0,81 kg/m3 diesel.
caractéristiques re- Essence 11,4 kWh/kg 9300 kWh/m3
latives aux carbu-
Diesel 11,8 kWh/kg 9800 kWh/m3
rants.
113
Energies renouvelables

Biomasse destinée à la fer- neutres en CO2 est un objectif central de


mentation notre politique énergétique. Toutefois,
nous avons également besoin de produits
Pour la dégradation anaérobie, c’est-à-dire alimentaires qui proviennent tous de sols
la digestion ou fermentation, il est préfé- appropriés à la croissance des plantes.
rable de disposer d’une biomasse peu Celles-ci ont besoin de substances orga-
structurée, humide ou mouillée niques et de phosphore. Sous nos lati-
tudes, cette matière se raréfie lentement
Résidus biogènes, déchets orga- mais sûrement. Plus le changement clima-
niques ou «biodéchets» tique avance, plus ce phénomène prendra
Ce type de fermentation de biomasse per- de l’ampleur, comme c’est déjà le cas au-
met une gestion des déchets respectueuse jourd’hui dans de nombreux pays du Sud.
de l’environnement. Exemple de biodé- Le phosphore issu du cycle naturel ne suffit
chets: plus à l’agriculture intensive actuelle. Il
]]Cuisine et jardins des ménages privés doit être extrait de mines. Il constitue mal-
(déchets verts, épluchures et restes de re- heureusement une matière première non
pas, aliments gâtés ou périmés, huiles de renouvelable, à l’instar des combustibles
friture) fossiles. Lorsque l’on brûle les biodéchets,
]]Restauration, p.  ex. restaurants, hôpi- ceux-ci finissent sous forme de cendres
taux, cantines, casernes (épluchures et dans une décharge et leurs constituants
restes de repas, aliments gâtés ou périmés) sont perdus pour le cycle naturel. Les bio-
]]Entretien paysager (déchets verts tels déchets fermentés et compostés, à l’in-
que feuilles, herbe, petit bois, fleurs etc.) verse, restent dans le cycle de la nature.
]]Industrie agroalimentaire, de la produc- Epandus sur le sol, le phosphore qu’ils
tion à la vente en passant de la production, contiennent peut à nouveau contribuer à
par l’entreposage et le transport (résidus et la croissance des plantes. Ainsi, brûler une
déchets de production, produits alimen- plante pour en tirer un maximum d’éner-
taires et d’agrément gâtés et périmés) gie revient à renoncer à des substances
précieuses pour la nature, qui doivent être
En règle générale, les biodéchets sont col- remplacées à court terme par des engrais
lectés séparément puis envoyés dans une produits à partir de pétrole. En d’autres
installation de fermentation. Cette procé- termes, lorsque la fertilité du sol est ré-
dure repose sur la Loi fédérale sur la pro- duite par une extraction nette de matières
tection de l’environnement, selon laquelle: organiques, la consommation de matières
]]Un résidu ne peut être éliminé que si premières non renouvelables et l’émission
aucune valorisation n’est possible et appro- de gaz nocifs pour le climat augmentent.
priée. La fermentation permet de valoriser La fermentation et le compostage de bio-
les résidus organiques. déchets permettent d’obtenir des produits
]]Les résidus valorisables ne doivent pas recyclés précieux et nécessaires pour la
être mélangés avec les autres déchets si nature. Il est donc doublement intéressant
une séparation est raisonnablement pos- de valoriser les biodéchets plutôt que de
sible. les éliminer. Dans le cas de la fermentation
ou digestion des biodéchets, on différen-
La valorisation des biodéchets se base cie le traitement anaérobie des eaux usées
donc avant tout sur le cycle d’un produit et des biodéchets.
recyclé. Lorsque les biodéchets sont valori-
sés dans une installation de fermentation, Traitement anaérobie des eaux usées
du biogaz est produit en plus du produit de sources communales et indus-
recyclé. Ce biogaz ne représente qu’un trielles
effet secondaire positif du processus de Dans les stations d’épuration (STEP), du
valorisation des biodéchets. Le passage à biogaz ou du gaz d’épuration est produit à
des sources d’énergie renouvelables et partir des eaux usées ou des boues d’épu-
114
Biogaz

ration. Les grandes STEP reçoivent égale- fermentée issue du digesteur. Le compost
ment des co-substrats pour une digestion fini revient, sous forme de produit de qua-
commune (p. ex. huiles et graisses, déchets lité recyclé, selon le raffinage, dans le cycle
d’abattage et déchets alimentaires). Les naturel (horticulture et entretien paysager,
boues résiduelles ne peuvent pas être secteur phytosanitaire et agriculture). Le
épandues dans la nature pour des raisons biogaz produit lors de la fermentation est
hygiéniques ou législatives et doivent être utilisé à des fins énergétiques. En Suisse,
brûlées. En Suisse, on comptait fin 2012 23 installations de fermentation indus-
trois STEP (la plus importante à Berne) qui trielles étaient en exploitation fin 2011 et
valorisent conjointement les biodéchets 7 étaient en construction. Elles possèdent
sous forme de co-substrat dans la chambre des capacités de 3000 à 30 000 t par an.
de digestion de la STEP. On dénombre éga- Les biodéchets (peu structurés) peuvent
lement 16 installations de production de également être acheminés en tant que co-
biogaz à partir d’eaux usées industrielles, substrat jusqu’à une installation de fer-
sous forme d’installations de prétraite- mentation agricole. Celle-ci utilise le lisier
ment des eaux usées dans des exploita- et le fumier comme substrat de base. La
tions industrielles. matière fermentée est épandue sur les
champs agricoles. La co-digestion agricole
Traitement anaérobie des biodéchets est actuellement en pleine expansion en
Les biodéchets collectés séparément sont Suisse. Fin 2011, on comptait 103 installa-
acheminés dans des installations centrales tions de fermentation agricoles en exploi-
destinées à leur valorisation. Si les installa- tation et douze en construction. Elles pos-
tions de compostage et de fermentation sèdent généralement des capacités an-
étaient auparavant en concurrence directe, nuelles de 500 à 5000 t, parfois même
la combinaison des deux procédés est de jusqu’à 20 000 t.
plus en plus courante. Dans ce cas, les bio-
déchets réceptionnés sont divisés en dé- Fermentation de matières premières
chets «fermentescibles» et «compos- renouvelables (MPR)
tables». Tandis que la matière fermentes- Les matières premières renouvelables pro-
cible «métabolise» dans une installation viennent de matière vivante et sont utili-
de fermentation pour produire du biogaz, sées par l’homme pour des applications
la matière compostable parvient directe- ciblées, hors secteur de l’alimentation et
ment au pourrissoir. Elle y est à nouveau du fourrage. Les matières premières re-
mélangée et compostée avec la matière nouvelables (MPR) peuvent être cultivées

Illustration 164: Ins-


tallation Biopower
de Liesberg (BL),
installation de fer-
mentation et de
compostage combi-
née.
115
Energies renouvelables

spécifiquement pour la production d’éner- forme de chaleur et d’électricité. Une col-


gie, par exemple le maïs pour la produc- lecte séparée permet d’acheminer les bio-
tion de biogaz, le blé ou la betterave su- déchets jusqu’à une installation de fer-
crière pour la production de bioéthanol ou mentation et de compostage combinée.
le colza et le tournesol pour la production On obtient des produits recyclés tels que le
de biodiesel. Cela engendre parfois des compost et une sorte d’engrais liquide
conflits entre la protection du climat, des agricole, ainsi que du biogaz qui peut être
eaux et du sol et la biodiversité, ou des utilisé après traitement en tant que carbu-
concurrences de surface entre la culture de rant pour véhicules ou sous forme d’élec-
plantes énergétiques et la production de tricité et de chaleur. En termes de bilan
denrées alimentaires. En Suisse, l’utilisa- écologique global, la collecte séparée avec
tion de biomasse issue de déchets est prio- fermentation et compostage combinés est
ritaire par rapport à l’utilisation de MPR, généralement plus avantageuse que l’éli-
pour des raisons écologiques et écono- mination globale des déchets dans l’UIOM.
miques. C’est aussi pour cela qu’il n’existe Néanmoins, dans un bilan écologique glo-
aucun soutien financier aux installations bal, les conditions régionales et spécifiques
de production de MPR. Dans l’UE, à l’in- à l’objet, ainsi que la définition des limites
verse, la production de biogaz à partir de du système, jouent un rôle important.
MPR est très importante et largement sub- Avant de décider si les biodéchets doivent
ventionnée. Rien qu’en Allemagne, plus être collectés séparément et fermentés ou
de 3000 installations de production de brûlés avec les ordures ménagères dans
biogaz à partir de MPR étaient en exploita- l’UIOM, les éléments suivants doivent être
tion fin 2010. Les plus grandes traitent pris en compte:
plus de 100 000 t de MPR par an. ]]A l’inverse des UIOM, la fermentation ne
produit aucun résidu devant être mis en
Fermentation ou combus- décharge.
tion? ]]Lors de la fermentation, entre 80 et 95 %
des biodéchets sont traités pour devenir
La controverse autour de l’élimination des des produits recyclés qui, sous forme d’en-
biodéchets est toujours vive lorsqu’il s’agit grais liquide et de compost, réintroduisent
de décider de mettre en place une éven- des nutriments dans les sols régionaux.
tuelle collecte de biodéchets. Lorsqu’il n’y Même dans les régions éloignées, ils se
a pas de collecte séparée, les biodéchets substituent aux engrais minéraux dont la
(déchets alimentaires et parfois également fabrication est artificielle et énergivore.
déchets verts du jardin) sont éliminés avec L’utilisation de compost et d’engrais liquide
les autres ordures ménagères dans un sac- issus de la fermentation et du compostage
poubelle et incinérés à l’usine d’incinéra- à la place des engrais minéraux présente en
tion, qui produit ainsi de l’énergie sous outre un potentiel de réduction du CO2

Critère Combustion Fermentation

Rendement énergétique 55 % – 80 % 75 % – 87 %


(énergie produite en excès)
Part d’énergie renouvelable 50 % 100 %
sur l’énergie produite (selon
la législation)
Bilan de matière résiduelle Quantité annuelle 100 % Quantité annuelle 100 %
Cendres 15 % – 20 % Elimination 0 % – 5 %
Poussière de filtration 3 % – 5 % Biodégradation 5 % – 15 %
Tableau 29: Compa-
Gâteau de filtration 0 % – 1 %
raison d’un procédé
Combustion 70 % – 80 %
de combustion et
Produits recyclés 1 % – 2 % Produits recyclés 80 % – 95 % de fermentation.
116
Biogaz

important. A l’inverse de la fermentation,


lors de la valorisation dans les UIOM, seuls
env. 1 à 2 % de la quantité réceptionnée
peuvent être collectés en tant que produits
recyclés sous forme de métaux ferreux et
non ferreux. La valeur nutritive et le poten-
tiel CO2 des biodéchets sont alors perdus.
]]L’électricité, la chaleur et la vapeur
peuvent être produites à l’aide de diffé-
rentes technologies dans une UIOM. Le
biogaz combustible, tel qu’il est fabriqué
dans l’installation de fermentation, repré-
sente une réelle substitution à l’essence et
au diesel, qui deviendront à moyen terme
une denrée rare.
]]Les expériences montrent que les mé-
nages placent env. 15 à 18 % de leurs or-
dures ménagères dans la collecte de biodé-
chets. La valorisation séparée des déchets
de cuisine biogènes réduit ainsi la quantité
de déchets dans le sac d’ordures ména-
gères ou la quantité annuelle de déchets
acheminés jusqu’à l’UIOM. La suppression
des déchets de cuisine biogènes influence
de façon négative le processus de combus-
tion. En effet, le pouvoir calorifique des
ordures ménagères augmente et accroît la
sollicitation thermique de l’installation, son
usure ainsi que ses coûts d’entretien an-
nuels. Un pouvoir calorifique plus élevé
réduit en outre la capacité de combustion
de l’installation.
]]Dans le cas d’une collecte séparée de
biodéchets et de déchets verts, il convient
de s’assurer que la tournée de collecte sé-
parée ne consomme pas plus d’énergie
que l’on ne peut en produire à partir de ces
matières. Lorsque la collecte des déchets
verts existante est combinée à la collecte
des déchets de cuisine, ou lorsque la col-
lecte des ordures ménagères est réalisée en
alternance avec la collecte des biodéchets
et des déchets verts, aucun trajet supplé-
mentaire n’est requis.
117
Energies renouvelables

Variantes de la fermentation
Fermentation industrielle
Dans le cas de la fermentation industrielle,
on valorise généralement une large
gamme de biodéchets. Tout récemment,
des installations de valorisation de biodé-
chets constituées d’un étage de fermenta-
tion et d’un étage de compostage ont
également vu le jour.

Biodéchets Déchets Déchets Huiles et graisses Restes alimentaires Biodéchets issus


issus des verts des verts des alimentaires des cuisines de l’industrie
ménages communes jardineries industrielles industrielles agroalimentaire

Réception Entreposage Réception


structuré (chauffé) peu structuré

Traitement
Tri
mécanique

Traitement
Stérilisation
mécanique

Fermentation

Solide Drainage, Couplage


séparation chaleur-force

Liquide
Pourrissement intensif
à l’intérieur

Chaleur de
Humidi- Recirculation processus

Compostage en andains fication


à l’extérieur

Bois-énergie pour Jus de pressage Chaleur départ


Illustration 166: Pro- chauffages à bois Compost pour l’agriculture Electricité env. 70°C
cessus et produits
de la fermentation
industrielle.
118
Biogaz

Fermentation agro-industrielle
Cette solution valorise non seulement les
biodéchets issus des ménages, de l’entre-
tien paysager, de la restauration et de l’in-
dustrie agroalimentaire, mais également le
lisier et le fumier issus des exploitations
agricoles.

Biodéchets Déchets Déchets Lisier + Huiles et graisses Restes alimentaires Biodéchets issus
issus des verts des verts des fumier de alimentaires des cuisines de l’industrie
ménages communes jardineries l’agriculture industrielles industrielles agroalimentaire

Réception Entreposage Réception


Entreposage
structuré (chauffé) peu structuré

Traitement
Tri
mécanique

Traitement
Stérilisation
mécanique

Fermentation

Solide Drainage, Couplage


séparation chaleur-force

Liquide
Pourrissement
intensif à l’intérieur
Humidifi- Recircu-
cation lation
Chaleur
de processus
Empilement

Bois-énergie pour Jus de pressage Chaleur départ


chauffages à bois Compost pour l’agriculture Electricité env. 70°C

Illustration 167: Pro-


cessus et produits
de la fermentation
agroindustrielle.
119
Energies renouvelables

Co-digestion agricole
Dans le cas de la co-digestion agricole, le
lisier et le fumier fermentent conjointe-
ment avec des biodéchets peu structurés
issus de la restauration et de l’industrie
agroalimentaire. Il existe également des
installations destinées uniquement au lisier
et au fumier sans co-substrat.

Déchets verts Biodéchets


Restes alimentaires Huiles et graisses
issus de issus de Fumier de Lisier de
des cuisines alimentaires
l’entretien l’industrie volaille bovin
industrielles industrielles
paysager agroalimentaire

Réception Réception Entreposage


Entreposage
déchets verts restauration (chauffé)

Peu structuré Traitement


Tri
mécanique
Très structuré

Traitement Traitement
Stérilisation
mécanique mécanique

Mélangeur / préfosse
Chaleur de processus

Fermentation Prélèvement
du biogaz

Solide Drainage,
Couplage
séparation
chaleur-force
Liquide
Compostage Humidification
en andains Entreposage
Recirculation

«Compost» Engrais liquide Chaleur départ


Illustration 168: Pro- Electricité
pour l’agriculture pour l’agriculture env. 70°C
cessus et produits
de la co-digestion
agricole.
120
Biogaz

Installation de co-digestion dans une


station d’épuration
La co-digestion de biodéchets peu structu-
rés et de boues d’épuration issues du trai-
tement des eaux usées dans une STEP per-
met d’exploiter de nombreuses synergies.
Il ne faut toutefois pas oublier que la co-
boue digérée doit être brûlée! En effet,
l’épandage des boues d’épuration est in-
terdit en Suisse.

Restes alimentaires Biodéchets issus Huiles et graisses


Boues d’épuration
des cuisines de l’industrie alimentaires
de la STEP
industrielles agroalimentaire industrielles

Réception /
Réception entreposage
(chauffé)

Traitement
mécanique

Hydrolyse mésophile Epaississement


env. 36°C

Digestion dans la chambre de


digestion existante de la STEP
Boue
Biogaz combinée

Empilement /
Stockage du gaz
épaississement

Couplage
Drainage
chaleur-force

Illustration 169: Pro- Chaleur de Boues destinées


cessus et produits Chaleur à processus Eaux troubles
Electricité au séchage et
de l’installation de des tiers pour la vers la STEP
à la combustion
co-digestion d’une co-digestion
station d’épuration.
121
Energies renouvelables

tretien paysager, de l’industrie agroalimen-


Exemple d’une installation de taire et de la restauration, afin de produire
fermentation régionale du carburant pour véhicules ainsi que du
compost et de l’engrais liquide. Chaque
Conditions générales
année, l’installation permet de traiter
La réalisation d’une installation de fermen-
jusqu’à 20 000 t de résidus organiques et
tation régionale de biodéchets requiert les
de produire ainsi env. 1,1 million de Nm3
conditions de base suivantes:
de biogaz et plus de 8000 t de substrat de
1) Accord politique
culture sous forme de compost pour le
2) Aptitude à remplir les conditions légales
secteur phytosanitaire et l’aménagement
et administratives
paysager. La production annuelle de bio-
3) Disponibilité de la biomasse
gaz permet à 1000 voitures à gaz de par-
4) Valorisation pertinente du biogaz
courir chacune 11 000 km.
5) Garantie des ventes de digestat ou de
L’installation Biopower de Pratteln se com-
compost.
pose des parties suivantes (illustr. 175) :
6) Site de l’installation approprié sur le
1 Entrée et sortie
plan stratégique
2 Pesée: Le poids de chaque livraison de
7) Obligation de désigner un exploitant de
matière est enregistré
l’installation
3 Halle de réception de la matière
8) Disponibilité d’une technologie repo-
structurée: Le contenu des bacs de dé-
sant sur les conditions de base
chets verts et de biodéchets est broyé et
9) Possibilité de taxes d’entrée de la bio-
masse couvrant les frais et analyse préa-
lable de la situation de la concurrence
10) Garantie de rentabilité
11) Garantie de financement

Installation Biopower de Pratteln


L’installation Biopower de Pratteln traite Illustration 170:
des résidus organiques provenant du jar- Installation Bio-
din et de la cuisine des ménages, de l’en- power à Pratteln.

Illustration 171:
Installation Bio-
power à Pratteln –
Halle de réception.
122
Biogaz

tamisé afin de séparer les fractions «fines» 5 Mélangeur et doseur: La matière


Illustration 172: destinées à la fermentation et les fractions structurée finement broyée provenant de
Installation Bio- «grosses» destinées au compostage. la halle de réception, la matière humide
power à Pratteln – 4 Réception de la matière liquide et stérilisée et le jus de pressage sont mélan-
Réception humide. stérilisation: Les déchets de restauration, gés et introduits dans le réacteur de fer-
fruitiers et végétaux ainsi que les huiles et mentation.
Illustration 173: graisses usagées et les déchets de viande 6 (Plan: 5) Réacteur de fermentation
Installation Bio- sont déversés, broyés mécaniquement (fermenteur, digesteur): En l’espace
power à Pratteln – puis cuits entre + 85 et + 133 °C à des fins d’env. 15 jours, en l’absence d’oxygène,
Drainage du diges-
de stérilisation. dans une obscurité totale et à une tempé-
tat.
rature de + 55 °C, avec un brassage régu-
lier, les bactéries transforment la biomasse
en biogaz. Le biogaz est aspiré en continu.
7 Drainage: La matière non décompo-
sée dans le réacteur de fermentation est
pressée. La matière solide tombe dans la
halle de compostage et le jus de pressage
dans une citerne. Ce dernier est utilisé
d’une part dans l’installation elle-même
pour être inoculé dans le fermenteur (pro-
duit de recirculation) et humidifier le com-
post. D’autre part, il est utilisé comme en- Illustration 174: Ins-
grais liquide sur les surfaces agricoles de la tallation Biopower
région. à Pratteln – Installa-
tion d’épuration du
biogaz.
123
Energies renouvelables

8 (Plan: 6) Halle de compostage: La


matière solide pressée provenant du réac-
teur de fermentation et la matière structu- 9
rée grossière provenant de la halle de ré-
ception sont mélangées et disposées en 2
gros tas (andains). En l’espace d’env. 5 se- 1
maines, des microorganismes et des cham- 8 3
5
pignons transforment la matière en com-
post frais sous une ventilation intensive.
9 (Plan: 7) Entrepôt de substrat et de
compost: La matière compostée est stoc- 4
kée, tamisée et mélangée selon la finalité
6
d’utilisation. Les substrats de culture à
base de compost ainsi traités sont fournis
Légendes:
pour valorisation aux secteurs de l’horti- 1 Entrée
2 Pesée
culture couverte et non couverte, du génie
3 Halle de réception pour la matière
civil, aux terrains de sport et à l’agriculture. structurée / entreposage intermédiaire/
traitement mécanique
10 Installation de biofiltration: Les gaz 4 Réception de la matière liquide / stérilisation
d’échappement odorants présents dans 5 Réacteur de fermentation (=fermenteur) 7
6 Halle de compostage
l’air extrait des halles sont dégradés par 7 Substrat et réserve de compost / Illustration 175:
installation de biofiltration
des microorganismes dans un lit bactérien. Plan de l’installa-
8 Installation d’épuration du biogaz
11 (Plan: 8) Installation de traitement 9 Bureau / atelier tion Biopower de
de biogaz: Le biogaz se compose d’env. Pratteln.

Domaine Grandeurs caractéristiques (valeurs indicatives)


Investissement 11 millions de Fr.
Mise en service Avril 2006
Surface totale du site 7000 m2
Quantité de valorisation de biodéchets 20 000 tonnes
annuelle
Composition des biodéchets ]]45 % de déchets verts et de biodéchets ménagers
]]25 % de déchets verts de l’entretien paysager
]]30 % de biodéchets de la restauration et de l’industrie agroali-
mentaire
Production annuelle de biogaz 1,1 million de Nm3 de biogaz brut
Injection annuelle de biométhane 12 millions de kWh
Substitution annuelle de CO2 900 tonnes
Production de compost annuelle 8000 tonnes
Production annuelle de jus de pressage 9000 tonnes
Production annuelle de bois-énergie 1500 tonnes
Bilan énergétique Production d’énergie totale 100 %
Besoin propre en électricité, chaleur, gaz –17 %
Quantité d’énergie en excès 83 %
Bilan matière Quantité totale réceptionnée 100 %
Elimination des impuretés –2 %
Fabrication de produit recyclé 98 %
Type de fermenteur Réacteur à écoulement à piston, exploitation thermophile type
Kompogas, volume utile 990 m3
Tableau 30:
Procédé d’épuration du biogaz Technologie à membrane, type Evonik, pression de service 16
Caractéristiques re-
bars, rendement env. 99 %
latives à l’installa-
Besoin en personnel 1,5 personne
tion Biopower de
Résultat de l’exploitation Bénéfice d’exploitation 1 % à 4 % Pratteln.
124
Biogaz

60 % de méthane, env. 35 % de CO2 et résidus «fermentescibles» et «compos-


5 % de gaz divers. Lors de son traitement, tables». Tandis que la matière fermentes-
le biogaz est comprimé, déshumidifié, puis cible est «métabolisée» à l’aide de la tech-
le méthane est séparé des autres compo- nique de fermentation Kompogas afin de
sants du gaz. Le méthane est injecté dans produire du biogaz, la matière compos-
le réseau de gaz et alimente la station de table parvient directement dans la halle de
remplissage en gaz naturel de l’aire de ser- pourrissement, où elle est mélangée à la
vice autoroutière. matière fermentée et compostée. Le com-
12 (Plan: 9) Bureau et atelier post produit revient dans le cycle naturel
pour valorisation. Le biogaz obtenu par
L’installation Biopower utilise un procédé fermentation est traité et injecté dans le
qui combine fermentation et compostage réseau de gaz naturel ou acheminé jusqu’à
dans une même installation. Les résidus la station de remplissage de gaz naturel
organiques réceptionnés sont séparés en sur l’aire de service autoroutière.

Illustration 176:
Schéma de procédé
de l’installation Bio-
power à Pratteln.
Chapitre 8

Energie éolienne

Reto Rigassi Technologies d’utilisation de mique, ou coefficient de puissance cP, est


l’énergie éolienne alors égal à 16/27 = 0,59. Ainsi, une tur-
bine éolienne idéale peut utiliser au maxi-
Teneur énergétique du vent mum 59% de la puissance disponible dans
L’énergie éolienne est l’énergie cinétique le vent. Il est en outre important de noter
des masses d’air en mouvement dans l’at- que la puissance utile augmente à la puis-
mosphère. La puissance contenue dans le sance 3 par rapport à la vitesse du vent, à
vent correspond donc à la puissance ciné- la puissance 2 par rapport à la longueur de
tique du débit massique de l’air (encadré). pale du rotor et proportionnellement à la
Bien entendu, une installation éolienne ne densité de l’air.
permet pas d’utiliser entièrement l’énergie
cinétique du vent, sinon la masse d’air pré- Distribution de fréquence
sente derrière l’installation serait immobile La vitesse du vent est le principal facteur
(vitesse 0). Le physicien allemand Albert qui détermine la rentabilité d’une exploita-
Betz (1885-1968) a démontré qu’avec une tion éolienne sur un site donné. Etant
roue éolienne idéale, la conversion de donné que la puissance est proportion-
puissance optimale est obtenue lorsque la nelle au cube de la vitesse, le rendement
vitesse du vent après le plan du rotor n’est annuel d’une installation doit être calculé
plus égale qu’à un tiers de la vitesse avant à l’aide d’une distribution de fréquence
le plan du rotor. Le rendement aérodyna- des vitesses. Sur des sites comparables, la

Calcul de la puissance utile du vent


Formule de base de l’énergie cinétique E = ½ · m · v2
Calcul de la masse en mouvement m = d · A · v · t = d · π · R2 · v · t
E = ½ · d · π · R2 · t · v3
Puissance du vent P = ½ · d · π · R2 · v3
Puissance utile selon Betz P = 16/27 · ½ · d · π · R2 · v3
A = Surface balayée par la pale de rotor
R = Longueur de pale du rotor
v = Vitesse du vent
d = Densité de l’air Illustration 177: Dis-
tribution de fré-
quence mesurée et
distribution de Wei-
Fréquence [%] Fréquence cumulée [%] bull pour une me-
25 100 sure sur le Gothard.
La vitesse moyenne
20 80 du vent à 30 m de
Fréquence cumulée hauteur est de 5,96
15 60 m/s; A : Facteur
30 m (vmed = 5,96 m/s) d’échelle; k: Facteur
10 40 de forme (détermi-
Distribution de Weibull nation de potentiel
(A = 6,70, k = 1,78) et de site pour un
5 20
projet éolien au col
du Gothard, NEK,
0 0
0 5 10 15 20 2002, études cofi-
Vitesse du vent [m/s] nancées par
l’OFEN).
126
Energie éolienne

vitesse moyenne du vent peut certes don- augmente. Ce phénomène est appelé ci-
ner une indication du rendement, mais ne saillement du vent. En terrain plat et en
doit en aucun cas être utilisée pour le cal- présence d’une stratification atmosphé-
culer. rique neutre, le profil logarithmique est
La distribution de fréquence peut être esti- une bonne approximation du cisaillement
mée de façon relativement précise, et dé- vertical du vent:
crite de façon simplifiée, à l’aide d’une ℎ
distribution de Weibull, une fonction sta- 𝑙𝑙𝑙𝑙 𝑧𝑧2
0
𝑣𝑣 2 = 𝑣𝑣1
tistique courante pour les distributions ℎ1
𝑙𝑙𝑙𝑙 𝑧𝑧
asymétriques. Elle se compose d’un fac- 0

teur d’échelle (A) et d’un facteur de forme La vitesse de référence v1 est mesurée à la
(k). Le facteur d’échelle est proportionnel à hauteur de référence h1; v2 est la vitesse du
la valeur moyenne de la vitesse du vent. Le vent à la hauteur h2; z0 est la longueur de
facteur de forme prend une valeur com- rugosité. Sur un terrain irrégulier, p. ex. sur
prise entre 1 et 3: Une faible valeur k cor- des crêtes, au niveau de cols etc., le profil
respond à des vents très variables, tandis logarithmique du vent n’est plus utilisable
que des vents constants donnent une va- car des effets d’accélération entrent en jeu.
leur k plus élevée.
Influence de l’altitude sur la densité
Tableau 31: Classes Profil vertical de la vitesse du vent de l’air
de rugosité et lon- Les obstacles au sol freinent le vent. Plus la La densité de l’air dépend de la pression de
gueurs de rugosité hauteur augmente, moins cet effet est l’air et de la température. Plus l’altitude
des surfaces de ter- important. C’est la rugosité de la surface augmente, plus la pression de l’air baisse,
rain. du terrain qui détermine l’importance du ainsi que sa densité. En Suisse, il est donc
freinage du vent à proximité du sol ou important de tenir compte de la densité de
Tableau 32: Densité
l’importance de l’augmentation de la vi- l’air en fonction du site (tabl. 32).
de l’air en fonction
tesse du vent à mesure que la hauteur
du site.
Technologie des installations éoli-
Classe Lon- Types de surfaces de terrain ennes modernes: Structure
de ru- gueur de Les grandes installations éoliennes (de
gosité rugosité l’ordre du MW) sont aujourd’hui générale-
z0
ment dotées d’un axe horizontal et de trois
0 0,0002 m Surfaces aquatiques: mer et lacs pales de rotor. Elles disposent d’un très
0,5 0,0024 m Terrain ouvert avec surface lisse, p. ex. bon rendement et présentent, avec relati-
béton, herbe tondue etc. vement peu de matière, une grande sur-
1 0,03 m Terrain agricole ouvert sans clôtures ni face au vent. D’autres types d’installations
haies, éventuellement avec des bâti- (à axe vertical, avec plus de pales etc.)
ments épars existent dans des puissances plus faibles,
2 0,1 m Terrain agricole avec quelques maisons pour lesquelles la quantité de matière et le
et des haies de 8 m de hauteur éloi- rendement sont moins déterminants.
gnées d’env. 500 m Le délai d’amortissement énergétique des
3 0,4 m Villages, petites villes, terrain agricole grandes installations est en général nette-
avec haies nombreuses ou hautes, fo- ment inférieur à 1 an. Une fois l’installa-
rêts et terrain irrégulier tion parvenue en fin de vie, elle peut être
recyclée à env. 98 % (en poids). La dé-
Station Hauteur Pression Tempéra- Densité construction des fondations ne présente
(m) (Pa) ture (°C) (kg/m3) aucun intérêt écologique.
Altitude 0 101 300 12,0 1,24
Nacelle: Elle comporte les composants de
La Chaux- 1018 90 000 5,5 1,13
la ligne d’entraînement, est accessible via
de-Fonds
le mât pour les travaux d’entretien et est
Säntis 2490 74 870 – 1,8 0,96 montée de façon rotative sur celui-ci afin
127
Energies renouvelables

que les pales de rotor puissent être orien- mâts en treillis restent très rares. En géné-
tées de façon optimale selon le sens du ral, des mâts de différentes longueurs cor-
vent. Les composants de la ligne d’entraî- respondent à chaque type de turbine.
nement, en bleu dans l’illustration. 178 ]]Fondations: Sur terre en général des
(de droite à gauche) sont: fondations plates (principe à gravité), par-
]]Pales de rotor: En matière synthétique fois également des fondations sur pieux.
renforcée de fibres de verre. Dans les instal-
lations actuelles avec régulation du pas, la Caractéristique de puissance
rotation s’effectue via des entraînements Les installations éoliennes sont démarrées
électriques. Les pales sont en général fabri- par l’électronique de régulation en pré-
quées d’une seule pièce et ne peuvent pas sence de vitesses du vent prometteuses de
être démontées pour le transport. rendement (vitesse de démarrage) et sont
]]Palier principal pour le logement du à nouveau désactivées en présence de vi-
rotor ou de l’arbre de rotor. tesses du vent trop élevées (vitesse de dé-
]]Transmission: La grande majorité des sactivation). A partir de la vitesse de dé-
fabricants d’éoliennes utilisent des trans- marrage et juste avant d’atteindre la puis-
missions capables de modifier la vitesse de sance nominale, le coefficient de puissance
rotation entre le rotor et le générateur. (rendement) est maintenu maximum par le
]]Frein à disque: Pour bloquer le rotor réglage de l’angle de pale et de la vitesse
lors des travaux d’entretien. Une installa- de rotation. La puissance nominale est at-
tion éolienne est principalement freinée de teinte, selon la conception de l’installation
façon aérodynamique via le réglage de (rapport entre la surface au vent et la puis-
l’angle de pale. sance nominale), pour 10 à 15 m/s. Une
]]Générateur: Aujourd’hui en général fois la puissance nominale atteinte, la ré-
soit un générateur asynchrone à double gulation maintient la puissance constante
alimentation, soit un générateur syn-
chrone. Tous deux peuvent fonctionner
dans une large plage de vitesse de rotation
et s’adapter ainsi de façon optimale aux
conditions de vent. Le courant produit doit
Illustration 178:
toutefois être ajusté à la fréquence de ré-
Composants d’une
seau par un transformateur. installation éo-
]]Mât: Les mâts sont en acier, en béton ou lienne avec trans-
de composition hybride. Les mâts en acier mission (Nordex
comportent 3 à 4 segments, ceux en béton Pressebild www.
de nombreux segments préfabriqués. Les nordex-online.com).

Puissance P (kW) Coefficient de puissance cP (–)

2 500 0,50 Illustration 179:


Caractéristique de
2 000 0,40 puissance et tracé
du coefficient de
1 500 0,30 puissance d’une ins-
tallation moderne.
1 000 0,20 L’installation repré-
sentée dispose
500 0,10 d’une régulation de
tempête (non re-
0 0,00 présentée dans la
0 5 10 15 20 25 caractéristique de
Vitesse du vent v à hauteur de moyeu (m/s)
puissance). Source:
www.enercon.de
128
Energie éolienne

par le réglage de l’angle de pale. Dans les Potentiel


installations sans régulation de tempête, la Le potentiel technico-économique de l’ex-
vitesse de désactivation s’élève à 20 à 25 ploitation de l’énergie éolienne en Suisse
m/s et dans les installations avec régula- s’élève à env. 20 TWh/an, si l’on se base
tion de tempête, à 30 à 35 m/s. sur les installations existantes à ce jour
dotées d’un diamètre de rotor de presque
Utilisation de l’énergie éoli- 130 m. Si l’on prend en compte les zones
enne en Suisse de protection de la nature et du paysage
d’importance nationale ainsi que les sites
Conditions géographiques d’importance culturelle et historique, le
La Suisse dispose, dans les régions d’alti- potentiel durable est de 9 à 11 TWh/an. Le
tude (Jura, Alpes et Préalpes), de condi- Conseil fédéral a évoqué, dans le cadre de
tions de vent suffisantes à bonnes, les la Stratégie énergétique 2050, un objectif
conditions en Suisse occidentale étant glo- d’env. 4 TWh/an d’ici à 2050. Le secteur
balement meilleures qu’en Suisse orien- suisse de l’éolien estime réaliste de tabler
tale. Bien entendu, il existe dans les régions sur 6 TWh/an d’ici à 2035. Cet objectif
d’altitude des restrictions importantes en nécessite la réalisation de 120 parcs éo-
termes d’accessibilité pour le transport et liens dotés chacun de 5 à 10 installations.
la construction de grandes installations
éoliennes. Les zones protégées ainsi que Etat actuel, développement futur
les zones bâties isolées en dehors des ré- Fin 2012, la Suisse comptait seulement 32
gions urbanisées constituent également grandes installations éoliennes produisant
des facteurs limitatifs. moins de 0,1 TWh/an d’électricité. Le lan-
cement de la rétribution à prix coûtant du
courant injecté (RPC), ainsi que la nouvelle
orientation de la stratégie énergétique de

Vitesse moyenne du vent


à 100 m au-dessus du sol

Illustration 180:
Carte des vents de
Suisse (www.wind-
data.ch).
129
Energies renouvelables

la Confédération, des cantons et de nom- prévoit le Conseil fédéral. Il s’agit notam-


breux fournisseurs d’électricité, ont dé- ment, malgré la structure fédéraliste de la
clenché un véritable boom dans le secteur. Suisse, d’élaborer une procédure cohé-
Ainsi, la production électrique prévue des rente entre la Confédération, les cantons
installations signalées auprès de la RPC et les communes.
s’élevait fin 2012 à presque 3,4 TWh/an.
Les procédures de planification et d’auto- Défis technologiques
risation dans les cantons et communes Bien que l’utilisation de l’énergie éolienne
concernés sont décisives pour l’évolution soit devenue une technologie entièrement
future du secteur. En principe, la volonté maîtrisée les conditions topographiques et
d’utiliser les potentiels disponibles semble climatiques particulières en Suisse repré-
être acquise. Les planifications actuelles sentent des défis importants à relever.
dans les cantons correspondent déjà à une Pour le transport et l’édification des instal-
production électrique de plus de 2 TWh. lations, des solutions spéciales sont sou-
Rien que dans le canton de Vaud, on vise vent requises. Sur un terrain complexe, il
une production électrique annuelle issue est plus difficile de prévoir précisément les
Illustration 181:
Parc éolien du
de l’éolien de 0,5 à 1 TWh. Toutefois, la quantités produites. Les turbulences et Illustration 182: Ins-
Mont-Crosin avec situation est très variable, les procédures écoulements obliques sollicitent particuliè- tallation éolienne
anciennes et nou- sont extrêmement laborieuses et leur issue rement les installations. Le gel des pales de du col de Gries,
velles installations incertaine. Il est donc essentiel qu’elles rotor peut provoquer des chutes de rende- 2465 m d’altitude
(www.suisse-eole. soient simplifiées et accélérées, comme le ment et représenter un risque pour les per- (www.swisswinds.
ch). ch).

Parc éolien du Mont-Crosin Installation éolienne du col de Gries


Le parc éolien du Mont-Crosin est un modèle de développe- La construction de l’installation éolienne la plus haute d’Eu-
ment technologique. Les trois premières installations éo- rope au col de Gries dans le Valais (2465 m d’altitude) fut un
liennes de type Vestats V44 ont été mises en service en défi de taille pour les promoteurs du projet, en raison du peu
1996. Elles disposent d’une hauteur de moyeu de 45 m, de place disponible sur le chantier et de la mauvaise accessi-
d’un diamètre de rotor de 44 m et d’une puissance nominale bilité. Le transport des segments de mât et des pales de ro-
installée de 600 kW. Le parc éolien a été aménagé en quatre tor a requis l’utilisation de véhicules spécialement conçus à
étapes. Lors de la dernière étape d’aménagement en 2010, cet effet. L’éolienne est une Enercon E70 dotée d’une hau-
8 installations de type Vestats V90 dotées d’une hauteur de teur de moyeu de 85 m, d’un diamètre de rotor de 71 m et
moyeu et d’un diamètre de rotor de 90 m ont été installées. d’une puissance nominale de 2,3 MW. Les conséquences sur
Pour une puissance nominale de 4 MW, chacune de ces ins- l’environnement sont faibles sur ce site. La centrale hydrau-
tallations produit env. 4 GWh/a d’électricité, soit plus de cinq lique du lac de Gries avait déjà laissé son empreinte dans
fois la quantité produite par une installation de 1996. Le l’espace naturel il y a plusieurs décennies. L’infrastructure
parc éolien du Mont-Crosin, un site d’excursion apprécié existante a pu être réutilisée pour l’installation pilote, au prix
grâce à une offre aménagée et à une bonne publicité, attire de quelques mesures d’aménagement et de remise en état.
env. 50 000 visiteurs par année.
130
Energie éolienne

sonnes qui se trouvent à proximité. Une Depuis quelques années, les fabricants
planification soigneuse et des mesures développent des installations spécialement
adéquates (p. ex. pales de rotor chauf- optimisées pour des conditions de vent
fantes) permettent toutefois générale- faibles à moyennes à l’intérieur des terres.
ment de résoudre ces problèmes. Ces installations compensent un vent plus
faible par des pales de rotor plus longues
Utilisation de l’énergie éoli- et des mâts plus hauts. Tandis que les ins-
enne en Europe tallations côtières présentent, par kW de
puissance installée, une surface de rotor
En Europe, l’énergie éolienne est devenue au vent de 1,7 à 2,5 m2, ces installations
l’une des principales sources de production atteignent 3 à 4 m² par kW. Même des
d’électricité. Entre 2000 et 2011, env. 1/3 sites forestiers peuvent être exploités grâce
de la puissance produite par les nouvelles à des mâts plus hauts (jusqu’à 140 m).
centrales était issue de l’éolien. En 2012, la L’Association européenne de l’énergie éo-
puissance installée des installations éo- lienne EWEA souhaite d’ici à 2030 couvrir
liennes en Europe a dépassé la barre des env. 30 % de la consommation des pays
100 GW, ce qui permet de couvrir près de européens grâce à l’éolien, dont la moitié
7 % de la consommation. Mais les diffé- proviendrait d’installations offshore. Afin
rents pays ne sont pas tous égaux en la que le réseau puisse accepter des parts
matière. Si des pays comme le Danemark, élevées de production fluctuante, il est
l’Espagne, le Portugal et l’Irlande couvrent nécessaire de disposer de capacités de
déjà nettement plus de 10  % de leur transport plus importantes, d’une plus
consommation grâce à l’éolien, d’autres grande flexibilité des centrales conven-
pays disposant pourtant de bonnes condi- tionnelles et de capacités d’accumulation
tions, tels que la France et la Pologne, plus élevées.
restent encore en dessous des 3 %. Il faut
toutefois noter que la part des pays pion-
niers (Danemark, Allemagne et Espagne)
sur la puissance nouvellement installée, de
85 % en 2000, a aujourd’hui chuté à un
tiers. Dans certaines régions, notamment
au Danemark et en Allemagne, les sites
côtiers sont déjà quasi-saturés. Les nou-
velles installations sont donc érigées plus
loin des côtes, soit en mer avec des instal-
lations offshore, soit à l’intérieur des terres.
Grâce à des conditions de vent exception-
nelles et à un potentiel gigantesque, les
installations offshores sont particulière-
ment attractives. Pour la même puissance
installée, la production électrique offshore
est 1,5 à 2 fois plus élevée que celle des
sites terrestres typiques. Néanmoins, les
besoins pour la réalisation des fondations
et le raccordement au réseau sont nette-
ment plus élevés. De plus, les installations
sont fortement sollicitées par les vagues, le
vent et la corrosion, et ne sont que diffici-
lement accessibles. Le prix de revient de
l’électricité reste donc encore deux fois
plus élevé que celui des installations ter-
restres.
131
Energies renouvelables

Planification d’installations jet peuvent résulter des conditions tech-


niques (ressources de vent, raccordement
Etudes préliminaires etc.), des éventuelles conséquences envi-
Une première évaluation très grossière des ronnementales (oiseaux, chauves-souris,
sites suisses peut être réalisée à l’aide du protection contre le bruit etc.) ou de la
système de géoinformation basé sur Inter- non-acceptation par la population.
net Wind-Data (www.wind-data.ch). Ce- Chaque promoteur de projet doit identifier
lui-ci propose une carte des vents approxi- le plus tôt possible les principaux risques et
mative ainsi que des informations sur les s’y adapter. Un déroulement de projet
restrictions éventuelles (zones protégées standardisé ne présente donc aucun inté-
nationales, bâtiments habités etc.), dans la rêt.
mesure où celles-ci peuvent être cartogra-
phiées. Prévisions de production
Le déroulement d’un projet éolien est dé- Une prévision de production fondée est
terminé avant tout par les risques que re- primordiale pour l’évaluation de la rentabi-
présente un site donné et par les prescrip- lité et pour l’acquisition de capital étranger
tions des autorités d’autorisation. En pour le financement. La manière de mesu-
Suisse, un projet requiert non seulement rer le vent doit être choisie en fonction du
l’accord du canton mais également celui site et des grandeurs de l’installation
de la commune. Les cantons déterminent, concernées. On utilise généralement un
dans le cadre du plan directeur cantonal, mât de mesure dont la hauteur est à peu
dans quelles conditions et sur quels sites ils près égale à la hauteur de moyeu prévue.
souhaitent autoriser la construction d’ins- Une mesure à différentes hauteurs per-
tallations éoliennes. Toutefois, bon nombre met, pour une topographie simple, d’éva-
de cantons n’ont pas encore établi de luer les conditions de vent sur tout la sur-
prescriptions claires à ce sujet. Les com- face balayée par le rotor. En présence
munes débattent d’un projet éolien dans d’une topographie plus complexe et pour
le cadre de la modification du plan d’urba- des hauteurs de moyeu à partir de 100 m,
nisme, généralement traitée lors d’une la mesure du vent est souvent complétée
assemblée de commune. Il est donc impor- par une mesure LIDAR ou SODAR, capable
tant de planifier le projet avec la com- de déterminer, au moyen d’un procédé de
mune, de manière à ce qu’il soit bien perçu mesure optique ou acoustique, la vitesse
ou au moins toléré par la majorité de la du vent jusqu’à 200 m au-dessus du sol. La
population locale. Les risques pour le pro- mesure au mât dure au minimum une an-

Illustration 183: Mo-


délisation de la vi-
tesse moyenne du
vent à 50 m au-des-
sus du sol sur le
Gütsch en 2006. Le
cercle rouge dé-
signe l’ installation
éolienne existante,
les cercles blancs les
installations encore
en projet à l’époque
(parc éolien de
Gütsch, EW Ursern
Andermatt UR, rap-
port final 2006, sur
mandat de l’OFEN).
132
Energie éolienne

née entière, une mesure LIDAR ou SODAR transport traditionnel, selon le type d’instal-
complémentaire généralement 2 à 3 mois. lation et la pente maximale, ne peuvent pas
Dans tous les cas, les données de mesure être respectés dans de nombreuses régions
du vent relevées doivent être converties en de Suisse. Des véhicules de transport spé-
une valeur moyenne pluriannuelle, ce qui cialement conçus à cet effet ont néanmoins
s’effectue sur la base de données de me- permis, ces dernières années, d’atteindre
sure du vent pluriannuelles sur des sites des endroits difficilement accessibles. Les
comparables. Sur des sites étendus ou points critiques sont les traversées de loca-
dotés d’une topographie complexe, l’ins- lités, les passages sous tunnels ainsi que les
tallation de mâts de mesure supplémen- ponts ayant une capacité de charge limitée.
taires, souvent de hauteur réduite, peut La largeur de la chaussée doit en général
être recommandée. Généralement, on ré- s’élever à 4 m, la largeur de passage libre
alise également sur de tels sites une modé- être bien plus élevée. 1000 à 1500 m² sont
lisation du vent à l’aide d’un modèle requis pour la pose durable de la grue et
d’écoulement, alimenté avec les données 500 à 2000 m² pour la surface de dépôt et
de mesure du vent ainsi que les données de montage temporaires.
du terrain (topographie, rugosité etc.).
Dans les prévisions de production, il Respect de l’environnement
convient également de prendre en compte Selon le site, une installation éolienne peut
l’effet de parc, c.-à-d. les pertes de rende- avoir des répercussions négatives sur la
ment dues à l’ombre projetée par des ins- faune et la flore, mais également sur les
tallations disposées les unes derrière les hommes par des bruits, des ombres proje-
autres. Dans le sens principal du vent, on tées ou la modification de l’image du pay-
choisit en général une distance entre les sage. L’analyse des conséquences atten-
installations d’au moins 5 fois le diamètre dues doit permettre de réduire celles-ci par
du rotor, de sorte que les pertes de pro- des mesures appropriées (p. ex. nombre,
duction dues à l’effet de parc restent infé- type et emplacement des installations) et
rieures à 10 %. Contre le vent, des dis- doit servir de base de décision pour une
tances plus faibles sont possibles. pesée des intérêts, primordiale pour l’auto-
Toute prévision de production reste cepen- risation de tout projet. En ce qui concerne
dant empreinte d’incertitudes, qui doivent la flore et la faune, les zones protégées na-
impérativement être calculées et prises en tionales, cantonales et communales doivent
compte lors de la planification. être respectées. Cependant, même en de-
hors de celles-ci, il est souvent nécessaire de
Raccordement faire réaliser des expertises spéciales sur le
Sur les sites de montagne notamment, la risque potentiel pour les oiseaux nicheurs
faisabilité des projets éoliens dépend égale- ou migrateurs et les chauves-souris. Une
ment de la faisabilité des opérations de prise de contact précoce avec les représen-
transport jusqu’au site, de montage sur le tants des différents groupes d’intérêt est
site et de raccordement au réseau. Dans les judicieuse. En ce qui concerne les consé-
Alpes, il faut également prendre en compte quences possibles sur l’homme, outre la
l’accessibilité du site pour la maintenance. modification inévitable de l’image du pay-
En Suisse, les voies d’accès sont souvent sage, c’est surtout le bruit produit par l’ins-
une donnée déterminante dans le choix du tallation qui doit être étudié, les installa-
type d’installation. Il est donc intéressant de tions éoliennes étant évaluées très sévère-
faire appel très tôt à une entreprise de ment en tant qu’installations nouvelles ou
transport spécialisée. En raison de leurs di- installations industrielles conformément à
mensions, les pales de rotor ainsi que le l’Ordonnance sur la protection contre le
segment inférieur du mât et, en raison de bruit. Les distances requises par rapport aux
son poids, la nacelle, représentent des défis bâtiments habités doivent être déterminées
particuliers. Les rayons de courbure mini- dans le cadre d’une expertise détaillée, et
mums requis par les fabricants pour un sont en général de l’ordre 300 m.
133
Energies renouvelables

Rentabilité tion et si nécessaire des moyens de trans-


Le fait que l’énergie éolienne puisse ou non port particuliers. Ce sont notamment les
être utilisée de façon rentable sur un site coûts du raccordement au réseau et des
donné dépend en premier lieu des condi- voies d’accès déterminés par les conditions
tions de vent, des coûts d’investissement, du site qui peuvent faire varier très forte-
des coûts d’exploitation et de la rétribution ment les coûts de l’infrastructure. S’ils sont
du courant produit. Les conditions de vent élevés, ils doivent être relativisés par un
sont décisives non seulement pour le rende- parc éolien suffisamment grand pour per-
ment d’un type d’installation donné mais mettre une exploitation rentable. Pour les
également pour le choix du type d’installa- sites terrestres, les coûts de l’infrastructure
tion optimal sur un site donné, et ainsi pour peuvent représenter 15 à 40 % max. de
les coûts d’investissement. En présence l’investissement total.
d’une surface de terrain rugueuse ou dans
la forêt, on utilise des mâts plus hauts Coûts d’exploitation
(jusqu’à 140 m), et des conditions de vent Les coûts d’exploitation comprennent les
suboptimales peuvent être compensées coûts de la maintenance, du service, des
jusqu’à un certain degré par des pales de réparations, du loyer foncier, de la gestion,
rotor plus longues. de l’assurance et des fonds de réserve. La
plupart des fabricants proposent des
Coûts d’investissement contrats de maintenance complets, qui
On distingue les coûts de l’installation et prennent en charge tous les frais de main-
les coûts de l’infrastructure. Les coûts de tenance, de service et de réparation ainsi
l’installation comprennent généralement que certaines prestations de garantie. La
les éventuels équipements spéciaux ainsi durée de ces contrats peut s’élever à 15
que le transport et le montage. Ils dé- ans. Les coûts annuels d’exploitation repré-
pendent notamment du diamètre du rotor sentent généralement 3 à 5 % des coûts
et de la hauteur du mât et sont compris, d’investissement.
pour les installations terrestres, entre 1200
et 1800 Fr./kW. Les coûts de l’infrastruc- Rendement
ture comprennent les coûts des fonda- La plupart des projets atteignent des pro-
tions, de la parcelle, des voies d’accès, du ductions de 2000 à 2500 kWh par kW ins-
raccordement au réseau, de la planifica- tallé. Grâce à des installations éoliennes

Illustration 184:
Parc éolien sur le
Gütsch près d’An-
dermatt. Grâce aux
installations mili-
taires existantes, les
coûts de raccorde-
ment ont été relati-
vement faibles (EW
Ursern, Markus
Russi).
134
Energie éolienne

adaptées (diamètre de rotor plus impor-


tant, éventuellement mât plus haut), ces Parc éolien offshore de Thorntonbank
Le parc éolien de Thorntonbank, d’une puissance de 325
valeurs sont atteignables même en Suisse.
MW, était au moment de son achèvement en 2013 l’un des
plus grands de sa catégorie en Europe continentale. Situé à
Prix de revient de l’électricité
30 km de la côte belge, le parc se compose au total de 54
Le prix de revient de l’électricité dépend installations ayant un diamètre de rotor de 126 m et une
très fortement des conditions de vent et hauteur de moyeu de 94 m. Avec des profondeurs d’eau de
des coûts de l’infrastructure. Sur les sites 12 à 27 m, on a utilisé tantôt des fondations à gravité, tan-
côtiers bien desservis, il peut être nette- tôt des structures en acier. Les investissements se montent à
ment inférieur à 10 ct./kWh. Sur les sites 1,3 milliard d’euros au total et la production d’électricité at-
difficiles à raccorder dotés de conditions tendue devrait atteindre env. 1000 GWh/an (à partir de sep-
de vent moyennes, il dépasse facilement tembre 2013).
20 ct./kWh. En Suisse, la RPC prévoit, se-
lon le rendement, un tarif de 15,5 à 21,5
ct./kWh. Les sites à haut rendement sont
nettement plus intéressants sur le plan
économique malgré le tarif plus bas. Pour
les sites présentant une vitesse du vent
moyenne inférieure ou égale à 5,0 m/s, il
n’est en général pas possible, même avec
la rétribution maximale de 21,5 ct./kWh,
Illustration 185: d’atteindre le seuil de rentabilité.
Parc éolien offshore
de Thorntonbank, Projets offshore
Belgique (www.re- Les projets offshore atteignent des pro-
power.de). ductions nettement plus élevées que les
installations terrestres (jusqu’à 4500 kWh/
kW). Toutefois, le prix de revient de l’élec-
tricité est nettement supérieur à celui des
projets terrestres et ce, principalement en
raison de coûts de l’infrastructure nette-
ment plus élevés (fondations et raccorde-
ment au réseau), de coûts d’exploitation
bien supérieurs ainsi que, en raison des
Illustration 186: risques plus grands, du délai d’amortisse-
Construction des ment nettement plus court. Au vu de l’im-
fondations à gravité mense potentiel et des possibilités de ré-
sur la terre ferme duction des coûts, la solution offshore
(www.c-power.be). reste une option prometteuse pour un
approvisionnement durable en énergie.

Illustration 187:
Sous-station en mer
(www.c-power.be).
Chapitre 9

Géothermie

Peter Meier Géothermie hydrothermale et lumes d’eau dans le sous-sol ne provoque


pétrothermale aucun affaissement à la surface et pour
éviter de coûteuses opérations d’épuration
A l’échelle mondiale, la géothermie est de l’eau profonde souvent très saline, qui
une technologie fréquemment utilisée précéderaient nécessairement un rejet
notamment dans la ceinture de feu, c.-à-d. dans les eaux de surface.
dans les régions de volcanisme actif le long On distingue en principe deux types de
des limites de plaques tectoniques. En rai- systèmes de géothermie profonde: les sys-
son des températures élevées, supérieures tèmes hydrothermaux et pétrothermaux
à 200  °C, la vapeur passe directement (illustr. 188 et 189).
dans des turbines. La puissance électrique
installée à l’échelle mondiale est d’au Installations hydrothermales
moins 11 GW, ce qui correspond à 11 Les installations hydrothermales utilisent
grandes centrales nucléaires. San Fran- l’eau présente à l’état naturel dans les pro-
cisco p. ex. reçoit en majeure partie de fondeurs, dans la porosité de la roche ou
l’électricité issue de la géothermie. dans des fissures ouvertes et reliées les
Dans de grandes parties d’Europe cen- unes aux autres, qui se forment dans les
trale, la géothermie peut être exploitée par zones tectoniquement actives. Les sys-
pompage d’eau à une température com- tèmes hydrothermaux, à quelques excep-
prise entre 100 et 200 °C du sous-sol pro- tions près, possèdent un potentiel très li- Illustration 188: Sys-
fond à la surface, via un ou plusieurs fo- mité car d’une part, une grande quantité tème hydrothermal.
rages d’exploitation. La chaleur stockée d’eau doit pouvoir circuler à l’état naturel L’eau est pompée à
dans l’eau est transformée en électricité dans le sous-sol et d’autre part, les tempé- la surface à partir
dans une centrale ou transférée à un ré- ratures doivent être suffisamment élevées. d’aquifères pro-
seau de chauffage à distance dans une En présence de bonnes conditions géolo- fonds à l’aide d’un
centrale de chauffage. Par le biais d’au giques, les installations hydrothermales forage d’extraction.
moins un forage d’injection, l’eau une fois peuvent être très rentables à l’échelle lo- Après le soutirage
refroidie est réinjectée dans les profon- cale et régionale, on parle alors d’une de chaleur, l’eau est
réinjectée dans
deurs, afin qu’un soutirage de grands vo- bonne exploitabilité. L’agglomération de
l’aquifère. Les for-
mations géolo-
Unter-
haching giques doivent être
Haim- Endlhausen
bien perméables et
Forage de
hausen Munich Riem être assez pro-
fondes pour que
leur température
3000 m
soit suffisante pour
2000 m
la production
Isar 1000 m d’électricité. Ces
0m
deux conditions ne
sont remplies en
1000 m
Suisse que sur peu
1460 m 2000 m de sites. C’est pour-
85 °C
Malm karstique 2500 m 3000 m quoi, pour assurer
(couche de calcaire une production
aquifère) 3350 m
4000 m
3950 m d’électricité impor-
132 °C
5000 m tante, il convient de
6000 m développer des sys-
tèmes pétrother-
7000 m
maux.
136
Géothermie

Munich en est un bon exemple. Env. 80 à St-Gall a initié un projet pilote, dans lequel
90 % des forages réalisés ont porté leurs des forages devaient montrer si la grande
fruits et depuis la réussite du projet d’Un- zone de faille mise en évidence à l’aide de
terhaching (illustr. 190), 11 centrales géo- méthodes géophysiques présente la per-
thermiques ont déjà été réalisées. 12 méabilité requise pour une exploitation
autres sont en phase de réalisation et 86 rentable. Ce projet aurait pu donner nais-
en phase de planification. L’initiative sance à la première centrale géothermique
«Bayerische Geothermieallianz» s’est fixé de production d’électricité de Suisse. Des
pour but de couvrir entièrement le besoin problèmes géologiques ont provoqué l’ar-
en chauffage de l’agglomération de Mu- rêt du projet. Depuis les années 90, la
nich grâce à la géothermie d’ici à 2040 et Suisse dispose de 5 petites installations
d’installer d’ici à 2030 env. 200 MW de hydrothermales de production d’énergie
puissance électrique utilisant la géother- de chauffage, pour une puissance géo-
mie. Pour garantir une exploitation fruc- thermique installée de 3,4 MW au total. La
tueuse des systèmes hydrothermaux, il est plus grande, et de loin, se situe à Riehen.
indispensable de connaître précisément les Depuis 1994, on y extrait dans le calcaire
conditions géologiques régionales et lo- coquillier perméable, à une profondeur
cales. L’aspect de la perméabilité naturelle Illustration 190:
à l’eau est un élément décisif. La Suisse ne Exemple d’Unterha-
ching. Ce projet pi-
dispose de gisements exploitables à grande
lote dans l’agglo-
échelle comme à Munich que dans les
mération de Mu-
couches sédimentaires le long des Pré-
nich alimente env.
alpes. En raison de leur profondeur d’au 3000 ménages en
moins 4000 m, les sédiments atteignent chauffage à dis-
dans ces régions des températures opti- tance et env. 6000
males pour la production d’électricité. ménages en électri-
cité.
projet Bâle 2

Fossé rhénan
Waldhus/ SE
Bâle

NO
Ouest Wiese Hard
Rhin
Tertiaire

Mésozoïque

Illustration 189:
Système petrother- Permien
mal. En général, le
sous-sol profond,
notamment le socle
cristallin, n’est que
Socle rocheux cristallin
faiblement per-
méable en Suisse.
C’est pourquoi les
fines failles pré-
sentes dans la roche
à l’état naturel
doivent être ren-
dues perméables au
moyen d’une stimu-
lation hydraulique.
137
Energies renouvelables

d’env. 1500 m, de l’eau chaude à env. profonds en circuit fermé. L’eau réinjectée
65 °C à un débit de 20 l/s. Cette eau est revient lentement à travers la roche chaude
ensuite réinjectée à une température de jusqu’au forage d’extraction, en se ré-
25 °C après valorisation de la chaleur. En chauffant au passage. La zone d’influence
raison du niveau de température relative- hydraulique ou thermique d’une centrale
ment bas, l’installation est également géothermique dans le sous-sol est appelée
combinée à deux couplages chaleur-force réservoir géothermique. Le sous-sol fonc-
à gaz, qui produisent de l’électricité et tionne alors comme un chauffe-eau géant
complètent grâce à leurs rejets thermiques doté d’un énorme échangeur de chaleur.
l’énergie de chauffage géothermique.
De vastes régions de Suisse sont dotées Stimulation hydraulique
d’un sous-sol profond constitué majoritai- Pour la réalisation d’un système pétrother-
rement de roches cristallines relativement mal, on injecte de l’eau sous pression dans
peu perméables (illustr. 191). Ainsi, si la les couches profondes de la roche via un
géothermie doit contribuer pour une part forage profond. On réalise ainsi une stimu- Illustration 191:
importante à l’approvisionnement futur en lation hydraulique, afin d’ouvrir ou Carte conceptuelle
électricité, il est impératif de développer d’agrandir les microfissures naturellement géologique du sous-
en grand nombre des installations pétro- présentes par des mouvements de cisaille- sol de la Suisse à
thermales adaptées à la géologie suisse. ment (illustr. 192) et de créer des voies 5000 m de profon-
d’écoulement suffisamment perméables deur. Les tempéra-
tures à cette pro-
Installations pétrothermales entre les deux forages. Ces systèmes sont
fondeur atteignent
Les installations pétrothermales (illustr. également appelés Enhanced Geothermal
entre 150 et 200 °C
189) sont utilisées lorsque pour des raisons Systems (EGS). Dans la pratique, il n’existe
et sont ainsi appro-
géologiques, l’eau ne dispose d’aucune pas de transition nette entre les systèmes priées à la produc-
voie d’écoulement naturelle. Les installa- hydrothermaux et pétrothermaux (illustr. tion d’électricité.
tions pétrothermales sont ainsi indépen- 193) puisque même dans les projets hy- Les types de roche
dantes du site et peuvent théoriquement drothermaux, on augmente généralement les plus fréquents à
être réalisées dans de nombreux types de la perméabilité par une stimulation cette profondeur
roches. Actuellement, le cristallin du Pla- chimique ou hydraulique. sont le granite et
teau suisse et du Jura est le principal objec- En Europe, trois centrales sont aujourd’hui d’autres roches cris-
tif d’exploration. Dans un système pétro- exploitées à Soultz-sous-Forêts, Landau et tallines du socle, qui
thermal, l’eau circule entre les forages Insheim. Elles peuvent être assimilées à des conviennent uni-
quement aux sys-
tèmes pétrother-
maux. Les sédi-
ments nécessaires
aux systèmes hydro-
thermaux at-
teignent les tempé-
ratures requises
pour la production
d’électricité unique-
ment sous les Pré-
alpes du Nord (cein-
ture verte) et dans
le sud du Tessin
(bleu clair). En
Suisse, seule la tech-
nologie pétrother-
male permet à la
géothermie de
contribuer à long
terme à la produc-
tion d’électricité.
138
Géothermie

projets EGS une sismicité induite impor- loppé un nouveau concept appelé système
tante a été observée chaque fois durant la multi-fractures horizontal (illustr. 197,
stimulation hydraulique du socle ou durant 198, 199). Les avantages par rapport à la
la circulation de l’eau entre les deux fo- stimulation hydraulique massive tradition-
rages. Toutes trois se situent dans le fossé nelle utilisée à Bâle sont multiples:
rhénan. La centrale EGS d’Insheim (illustr.
Illustration 192: 194 et 195) a été mise en service en no-
Mouvements de ci- vembre 2012 et produit à pleine charge 5
saillement lors de la
MW de puissance électrique.
stimulation hydrau-
En Suisse, l’unique projet EGS a dû être
lique. Schéma très
abandonné en raison de fortes secousses
simplifié de l’élar-
en 2006. Toutefois, Bâle représente une Illustration 194.
gissement de paires
étape très importante pour le développe- Centrale géother-
de surfaces de sépa-
ment de la technologie EGS en Suisse. Ce mique d’Insheim.
ration naturelles
projet a permis de prouver que la perméa- Refroidisseur et bâ-
par stimulation hy-
timents d’exploita-
draulique de roche bilité du socle suisse profond, dans un sys-
tion.
solide. Les surfaces tème de failles de très grande dimension
de séparation natu- (1 km horizontalement sur 1 km verticale-
relles (1) com- ment), peut être augmentée durablement Illustration 195.
mencent à s’ouvrir et de façon importante sans stimulation Centrale géother-
lors de la stimula-
chimique (illustr. 196). mique d’Insheim
tion hydraulique
Des études ultérieures des données bâ- avec procédé ORC.
sous pression (2) et
loises ont également montré que la sismi- Turbine et généra-
se décalent ensuite
cité augmente avec l’expansion des zones teur, à l’arrière
l’une par rapport à
stimulées. Sur la base de ces découvertes, échangeur de cha-
l’autre dans la
leur à tubes et éva-
phase de haute la société Geo-Energie Suisse AG, qui a
porateur. ORC = Or-
pression (3). De succédé à Geopower Basel AG, a déve-
ganic Rankine Cycle
l’énergie sismique
se dégage. Lorsque
la pression baisse à Ü
Ü

nouveau, la fissure
reste ouverte et la
Ü

roche est durable- Ü


ment perméable 1 2 3 4
(4).

Perméabilité naturelle de la
roche ou du socle
Elevée Très faible

Stimulation

Illustration 193: Chimique, hydraulique etc.


Transition douce
entre les systèmes Systèmes Systèmes
hydrothermaux et hydrothermaux pétrothermaux
pétrothermaux
(geothermie.ch).
139
Energies renouvelables

Illustration 196: Ac- ]]La magnitude maximale possible de la


tivité microsismique sismicité induite est nettement plus faible
mesurée dans le ré- que dans le cas d’une stimulation massive,
servoir stimulé de car les surfaces stimulées sont beaucoup
Bâle présentant des plus petites.
dimensions d’env.
]]La circulation d’eau à travers le réservoir
1000 m sur 1000 m.
peut être bien mieux contrôlée.
Les événements en-
]]Les réservoirs sont créés le long des sec-
tourés en rouge
possèdent une ma- tions horizontales des forages, au sein
gnitude supérieure d’une zone profonde limitée et ainsi au
à 3,0 et ont été per- sein d’une zone de température bien défi-
çus à la surface. Au nie, de sorte que la température d’extrac-
moins l’un de ces tion souhaitée peut être mieux contrôlée.
événements a causé
de légères fissures
sur les crépis de
maisons. En raison
du grand nombre
de bâtiments, la
somme des dom-
mages cumulés s’est
montée à env. 7 mil-
lions de francs. Illustration 197: Géothermie pétrother-
male. Concept du projet Deep Heat Mining
de Bâle (à gauche) et nouveau système
multi-fractures horizontal (à droite). Le
concept du projet de Bâle reposait sur une
stimulation de grande amplitude du sous-
sol en une étape. Cela a causé des se-
cousses relativement importantes. Sur la
base des données de Bâle, le nouveau sys-
tème multi-fractures horizontal a pu être
développé. La taille des 20 à 40 surfaces
d’échange de chaleur individuelles est opti-
misée de telle sorte que seules des se-
cousses relativement faibles peuvent surve-
nir.

Illustration 198: Dans le concept de Bâle,


en raison de processus de mécanique des
roches, ce sont surtout des chemins d’écou-
lement individuels qui se forment dans la
zone supérieure plus froide, ce qui nuit à la
production d’énergie et ainsi au rapport
coût-efficacité des forages profonds.

Illustration 199: Dans le système multi-frac-


tures horizontal, le niveau de température
à la profondeur-cible est d’une part entiè-
rement exploité et d’autre part, la circula-
tion de l’eau dans le réservoir peut peut
être bien mieux contrôlée que dans le
concept de Bâle. Ces deux éléments per-
mettent d’obtenir un rendement énergé-
tique bien meilleur.
140
Géothermie

Transformation de chaleur en nuellement dans l’atmosphère et se renou-


électricité velle en permanence de façon quasi-iné-
puisable.
Le choix du type de centrale dépend du La plage de puissance d’une installation
niveau de température de la source de cha- géothermique destinée à la production
leur. En présence de températures très éle- d’électricité, comprenant 2 à 3 forages
vées, p. ex. dans les régions volcaniques, le profonds, selon les connaissances ac-
fluide peut être utilisé directement dans tuelles, s’étend d’env. 3 à 6 MWél. Env. 4
des centrales à vapeur sèche ou à vapeur MWél suffisent à couvrir le besoin en élec-
humide. Dans les conditions souterraines tricité d’une petite ville de 10 000 habi-
qui règnent en Suisse, les températures de tants.
fluide aux profondeurs de réservoir actuel- Dans les centrales binaires, le transfert de
lement considérées sont trop faibles pour chaleur s’effectue dans l’évaporateur. La
une utilisation directe de l’eau profonde. chaleur issue des eaux profondes est alors
C’est pourquoi un second système de circu- transmise via des surfaces d’échange de
lation est requis dans la centrale (centrale chaleur au fluide caloporteur qui s’évapore
binaire). Les fluides caloporteurs utilisés et peut être acheminé à travers la turbine
dans le circuit binaire présentent une tem- qui entraîne un générateur électrique. Le
pérature d’ébullition nettement plus basse fluide caloporteur n’est pas un mélange
que l’eau (illustr. 200). eau-vapeur, mais un fluide dont le point
d’ébullition se situe à des températures et
Intéressant à partir de 120 °C à des pressions nettement plus faibles.
Sur le plan thermodynamique, les installa-
tions binaires peuvent être utilisées à partir Cycle ORC
d’une température de réservoir de 80 °C, Pour le cycle organique de Rankine (ORC),
mais avec un mauvais rendement. Sur le on utilise dans le circuit secondaire p. ex.
plan économique, il est préférable de dis- des hydrocarbures halogénés (fréon, fri-
poser de températures à partir d’env. gène), du propane, de l’isobutane ou du
120 °C, le rendement croissant de façon pentane. Avant de revenir dans l’évapora-
constante à mesure que les températures teur, la vapeur doit être refroidie. On utilise
augmentent. A partir d’env. 180 °C, les pour cela un refroidisseur à air ou à eau. La
processus vapeur directs dominent. Pour le technologie ORC est utilisée non seule-
moment, le rendement moyen des cen- ment en géothermie mais également dans
trales binaires est compris entre env. 10 et de nombreux processus de production
13 %. Ce rendement relativement faible d’électricité, notamment pour l’utilisation
représente uniquement un problème éco- des rejets thermiques de la biomasse et du
nomique et non écologique, car la chaleur bois. Il s’agit d’une technologie éprouvée
terrestre parvient naturellement et conti- et fiable.

Evaporateur Turbine Générateur


G Dissipateur
Lignes de thermique
transport

Préchauffeur Condenseur
Pompe
de forage Pompe Pompe à eau de
d’alimentation refroidissement
Forage de Forage
Illustration 200: production d’injection
Schéma d’un pro-
cessus ORC.
141
Energies renouvelables

Cycle de Kalina Coûts et rentabilité


Un nouveau procédé, le cycle de Kalina, a Les données les plus fiables et les plus ré-
tout récemment été développé. Ce type centes relatives aux coûts des centrales
de cycle se différencie par de nombreux géothermiques proviennent d’installations
paramètres, notamment le fluide calopor- de référence réalisées en Allemagne. Les
teur utilisé dans le circuit secondaire, la coûts de la centrale d’Insheim, d’une puis-
structure du système, la surface néces- sance électrique de 5 MW, s’élevaient en
saire, l’efficacité de la transformation en 2012 à env. 50 millions d’euros. Avec des
électricité, la disponibilité de la centrale coûts spécifiques de 10 millions d’euros
(heures de service) ainsi que les coûts d’in- par MW, on se situe dans la plage des nou-
vestissement. Le cycle de Kalina n’utilise velles centrales nucléaires. Les coûts de
pas un fluide caloporteur pur pour le cir- forage représentent env. les 2/3 des coûts
cuit secondaire, mais un mélange de subs- totaux, c’est donc là que se situe le poten-
tances, p. ex. ammoniac et eau. L’avantage tiel maximal d’économie. La réduction de
du cycle de Kalina réside dans les condi- ces coûts doit passer par le développe-
tions de transfert de chaleur plus favo- ment d’un marché européen duquel pour-
rables lors de l’évaporation et de la rait également bénéficier la Suisse, par la
condensation. Le choix de la composition réalisation de plusieurs forages dans des
du mélange permet d’adapter spécifique- régions similaires en termes de technique
ment le processus aux températures de la de forage (courbe d’apprentissage connue
source de chaleur (réservoir profond). de l’industrie pétrolière et des projets de
Dans le cadre d’un projet de géothermie, il géothermie bavarois) et par la réduction
permet, notamment dans le cas de la va- des profondeurs de forage grâce a une
riante optimisée pour l’électricité, de technologie de transformation plus effi-
mieux exploiter la chaleur issue du réser- cace de la chaleur en électricité à basse
voir et d’abaisser la température d’injec- température. Sachant que les coûts de fo-
tion, afin d’atteindre théoriquement dans rage augmentent de façon exponentielle
les mêmes conditions des rendements plus avec la profondeur, ce dernier point est
élevés qu’avec le cycle ORC. Si les diffé- crucial. On estime que les coûts de la géo-
rents composants de la technologie Kalina thermie pétrothermale, en raison des me-
ont déjà été éprouvés, celle-ci n’est toute- sures de stimulation, sont env. 10 à 20%
fois pas encore à maturité en raison du plus élevés que ceux des installations hy-
faible nombre d’installations réalisées. drothermales.
D’autres procédés encore en développe- Les paramètres décisifs pour la rentabilité
ment visent à augmenter les rendements d’une installation de géothermie profonde
en présence de basses températures. Ils sont, côté production, le débit d’extrac-
permettront à l’avenir de réduire les coûts tion, qui dépend directement de la per-
des forages en réduisant la profondeur. méabilité de la roche, la température à la
profondeur cible et le rendement de la
transformation de chaleur en électricité.

30 K tous les 1000 m


Dans les systèmes hydrothermaux, la per-
méabilité de la roche dépend fortement de
la liaison hydraulique naturelle des cavités
et fissures dans le sous-sol. Dans les sys-
tèmes pétrothermaux, la perméabilité re-
quise est créée artificiellement par une
stimulation du sous-sol.
La température peut-être estimée grossiè-
rement en amont car en Suisse, la tempé-
rature augmente en moyenne d’env. 30 à
142
Géothermie

35 K tous les 1000 m de profondeur à par- ainsi, du point de vue macroéconomique,


tir de la température atmosphérique aucun frais supplémentaire pour le stoc-
moyenne de 12 °C. En d’autres termes, la kage de l’électricité ou l’aménagement
température minimale de 120 °C requise des réseaux électriques. S’il devait y avoir à
pour la production d’électricité est suppo- l’avenir un besoin de flexibilisation de la
sée régner à des profondeurs d’env. 3100 production de courant sur une journée, la
à 3600 m. Plus la température est élevée, chaleur extraite du sous-sol pourrait être
meilleur est le rendement de la transfor- stockée de façon intermédiaire pendant
mation de chaleur en électricité. C’est quelques heures dans des citernes et être
pourquoi on vise plutôt des profondeurs restituée le soir. Cela serait intéressant sur-
cibles de 4000 à 5000 m. Le rendement tout durant les journées très ensoleillés,
s’élève actuellement à env. 10 à 13 %. lors desquelles la production des installa-
tions photovoltaïques est élevée.
40 centimes par kWh
Aujourd’hui, le prix de revient est de l’ordre L’électricité au premier plan
de 40 ct./kWh pour les projets pilotes hy- La plupart des projets de géothermie pré-
drothermaux et d’env. 50 ct./kWh pour les vus en Suisse sont destinés à la production
Tableau 33: Poten-
projets pétrothermaux. Si un grand nom- d’électricité. Pour exploiter de la façon la
tiels de réduction
bre de projets de géothermie sont réalisés plus optimale possible l’énergie extraite, la
du prix de revient
de l’électricité dans
en Suisse et en Europe, le prix de revient chaleur résiduelle doit également être uti-
le cas des centrales devrait à long terme, selon les estimations lisée. Cela peut s’effectuer dans de bonnes
géothermiques (Of- de l’OFEN, se stabiliser à 10 à 20 ct./kWh, conditions dans les régions dotées d’un
fice fédéral de ce qui est comparable au prix de revient réseau de chauffage à distance déjà plani-
l’énergie). des nouvelles centrales hydro-électriques. fié et extensible. Selon le niveau de tempé-
L’OFEN mise à long terme sur un potentiel rature, on peut envisager différentes tech-
Tableau 34: Techno- à plusieurs niveaux pour faire baisser le nologies indiquées dans le tableau 34.
logies d’utilisation prix de revient (tabl. 33). Le prix de revient de la chaleur à un niveau
de la géothermie Les centrales géothermiques fournissent de température d’au moins 90 °C se situe,
selon les tempéra-
de l’énergie de ruban et n’engendrent selon l’étude de faisabilité de St-Gall, en
tures disponibles.
dessous de 10 ct./kWh. Cette valeur s’ap-
Réduction des coûts de forage à moyen – 25 % plique également à d’autres études de
terme projets suisses. Le prix de consommation
Réduction des coûts de forage à long – 50 % du chauffage à distance à Unterhaching
terme près de Munich s’élève dans le cas d’un
Echange de chaleur amélioré à moyen + 50 % production raccordement domestique à env. 7 ct./
terme kWh. Les bases de calcul sont les suivantes:
Echange de chaleur amélioré à long + 100 % production Projet typique en Suisse (St-Gall) et en Ba-
terme vière, profondeurs de forage de 3500 à
Installations de centrales standardisées 4500 m, températures de 110 à 140 °C,
Coûts des centrales – 25 % production d’électricité et de chaleur. En
Coûts d’exploitation et d’entretien – 25 % présence de températures inférieures à
90 °C, les projets de géothermie ne pré-
sentent plus grand intérêt, hormis en com-
150 °C à 90 °C Production d’électricité à l’aide d’une instal-
lation ORC ou Kalina binaison avec un réchauffage comme à
Riehen.
90 °C à 65 °C Utilisation de la chaleur résiduelle dans un
réseau de chauffage à distance urbain (hiver)
95 °C à 65 °C Production de froid au moyen d’un système
à absorption (été)
65 °C à 30 °C Utilisation de chaleur basse température
pour quartiers durables, serres, pisciculture
143
Energies renouvelables

Respect de l’environnement, (Citation de www.umweltallianz.ch 


bilan écologique Stromzukunft  Geothermie)
]]Faibles émissions de CO2: Lors de la
In En général, l’installation de forage pro- transformation de chaleur terrestre en
fond requiert une surface d’env. 10 000 m² électricité, mais également lors de l’utilisa-
et la centrale une surface d’env. 5000 m², tion directe de la chaleur, la quantité de
pour une puissance électrique de 5 MW. CO2 dégagée est faible et intervient princi-
Dans l’idéal, la centrale se situe dans une palement pendant la phase de forage.
zone industrielle ou à proximité immé- ]]Courte durée d’amortissement éner-
diate. gétique: L’amortissement énergétique des
]]Les émissions sonores peuvent être for- installations de géothermie profonde est
tement réduites à l’aide de mesures adé- de seulement 3,2 ans. Si l’on utilise en sup-
quates. Ainsi, un forage a été réalisé en plément les rejets thermiques, le temps
plein centre ville de Zurich, à proximité de d’amortissement est encore réduit.
l’hôpital Triemli, sans nuisances impor- ]]Ressource locale: La géothermie pro-
tantes. Pour l’exploitation des centrales, fonde présente le grand avantage d’être
des mesures de protection contre le bruit disponible de façon décentralisée. L’éner-
permettent également d’éviter les conflits gie peut être captée localement, sans
avec les voisins. longs trajets de transport comme dans le
]]Protection des eaux souterraines: Les cas du mazout, du gaz naturel et parfois
procédés hydrothermaux ne nécessitent de l’électricité issue d’installations de pro-
aucune injection de produits chimiques duction éloignées. La géothermie pro-
dans le sous-sol. Dans le cas d’une stimula- fonde est ainsi indépendante des décisions
tion pétrothermale des réservoirs géother- politiques ou des crises et peut contribuer
miques, on peut également souvent renon- de façon importante à la sécurité d’appro-
cer à l’adjonction de produits chimiques et visionnement. Elle permet en outre de
utiliser principalement de l’eau pure. Même créer des emplois au niveau local.
lorsque des additifs sont requis, une conta-
mination du sous-sol ou des eaux souter-
raines est improbable. Les risques environ-
nementaux du fracking hydraulique, lors
duquel des produits chimiques hautement
toxiques sont injectés dans le sous-sol pour
l’extraction de gaz naturel, sont bien plus
élevés. (Citation de www.umweltallianz.ch
 Stromzukunft  Geothermie)
]]Refroidissement du sous-sol: Selon la
rapidité avec laquelle la chaleur du sous-sol
voisin reflue, la température des eaux ther-
males ou de la roche chaude utilisées reste
constante ou ne diminue que très lente-
ment. La distance entre le forage d’extrac-
tion et le forage d’injection permet d’in-
fluer sur la taille du système est ainsi sur la
durée du refroidissement. Les projets géo-
thermiques sont planifiés de manière à ce
que le lent abaissement de température de
l’eau thermale extraite ne débute qu’après
plus de 30 ans d’exploitation. Les risques
écologiques résultant de ce refroidisse-
ment ne sont pas connus à l’heure actuelle.
144
Géothermie

Potentiel en Suisse phase 3 consistera à développer un mar-


Les estimations du potentiel de la géother- ché pour les appareils de forage profond
mie profonde destinée à la production et les technologies de centrales, une
d’électricité à partir de 2050 en Suisse va- condition pour la réalisation de la phase 4.
rient entre à peine plus de 0 et 17 TWh/an. Il s’agit de technologies existantes d’explo-
Cela n’est pas surprenant puisque la Suisse ration des hydrocarbures. La percée de la
ne dispose d’aucune expérience en la ma- géothermie profonde ne nécessite aucune
tière; en outre, les projets de production recherche de fond, mais en premier lieu un
d’électricité mis en œuvre jusqu’à présent développement de technologies adaptées
n’ont pas encore porté leurs fruits. La au sous-sol suisse. Les régions de Suisse les
Confédération a reconnu le grand poten- plus appropriées à l’utilisation de la géo-
tiel de la géothermie profonde et table thermie seront choisies en fonction des
d’ici à 2050 sur une contribution à hauteur propriétés mécaniques du socle et du fait
de 4400 GWh d’électricité par an dans le que la chaleur sera ou non utilisée en plus
cadre de sa nouvelle orientation de poli- de la production d’électricité. La demande
tique énergétique. Le plus grand potentiel de chaleur concerne surtout les zones à
réside, selon la Confédération, dans les forte densité de population sur le Plateau
installations pétrothermales. L’illustration suisse. Du point de vue de la production
201 montre le plan d’action «Géothermie d’électricité, des sites isolés en haute alti-
profonde en Suisse» de différents fournis- tude, c.-à-d. avec des températures at-
seurs d’énergie. Il nécessite tout d’abord mosphériques basses dans les Alpes ou
de meilleures connaissances du sous-sol dans le Jura, sont également appropriés
profond et une optimisation des technolo- dans la mesure où ils se situent à proximité
gies au moyen d’installations pilotes et de des lignes électriques. Car plus la tempéra-
démonstration. L’objectif est d’évaluer le ture ambiante est basse, plus la transfor-
potentiel à moyen et long terme en Suisse mation de chaleur en électricité est effi-
d’ici à 2020 et de démontrer la faisabilité cace et économique.
technique et économique. Le développe-
ment pourra ensuite s’effectuer par
étapes. Les coûts de la phase 1 s’élèvent à
env. 500 millions de francs et ceux de la
phase 2 à env. 200 millions de francs. Si
l’on apporte la preuve de la faisabilité
technique d’ici à 2020, des questions de
rentabilité détermineront le développe-
ment des centrales géothermiques. La

Phase 1 jusqu’en 2018


Phase 2 jusqu’en 2020
Exploration de 10
sites avec 15 Phase 3 jusqu’en 2025
Construction de
forages et mesures
centrales géother- Phase 4 jusqu’en 2035/50
sismiques Aménagements en
miques pilotes et de
démonstration, de grandes centrales de
10 à 20 MW Construction supplémentaire
chacune 5 MW sur au
de 20 à 50 MW chaque année
moins 5 sites
Illustration 201: Total 2025: 50 à 200
Total 2035: 250 à 700 MW ou
Plan d’action pour Total 25 MW ou 200 MW ou 400 à 1600
GWh d’électricité par 2000 à 5600 GWh d’électricité
la géothermie pro- GWh d’électricité par
an par an
an
fonde en Suisse. La
Poursuite de Objectif final 2050: Au total
réalisation et l’amé- l’exploration au moins 2000 MW ou 17000
nagement peuvent GWh d’électricité par an
se dérouler en 4
phases d’ici à 2050.
Chapitre 10

Le système électrique de demain

Rainer Bacher Pour que demain, la Suisse bénéficie d’un telligent, basé sur le marché et coordonné
approvisionnement en électricité sûr, du- par des technologies de réseaux intelli-
rable et bon marché sans centrale nu- gents, offrira à notre économie un appro-
cléaire, il faut agir sur les coûts réels des visionnement sûr en électricité à des prix
autres sources d’énergie avec ou sans ac- transparents et prévisibles.
cumulation, ainsi que sur ceux des réseaux.
Les coûts externes des émissions de CO2 La fin des centrales nucléaires
devront être pris en compte et les subven- Dans ce système électrique suisse de de-
tions en faveur des énergies renouvelables main, seules seront utilisées les sources de
devront être supprimées à long terme. De production d’électricité utilisables du point
même, il faudra étendre et déconstruire de vue actuel et déjà acceptées par la ma-
ponctuellement les réseaux, en les coor- jorité de la population: hydraulique, pho-
donnant avec les accumulations. Il faudra tovoltaïque, éolien et couplage chaleur-
par ailleurs disposer d’un marché pour force. Elles devront toutefois supporter la
tous, qui prenne en compte la mise à dis- totalité de leurs coûts, y c. les coûts ex-
position des capacités de production et du ternes. L’utilisation de la géothermie pour
réseau. produire de l’électricité ne sera par exemple
pas prise en compte jusqu’à ce que l’on ait
Priorité à la sécurité défini avec certitude sa disponibilité, ses
La sécurité et la qualité de l’approvisionne- risques, ses chances et ses coûts. Les cen-
ment électrique basé sur des sources indi- trales nucléaires seront remplacées, mais
gènes doivent être prioritaires. Parallèle- pas les centrales à gaz (dé)centralisées.
ment, la Suisse doit aussi participer au Celles-ci ne seront toutefois utilisées que si
commerce international de l’électricité et l’on ne dispose d’aucune autre électricité
étendre et assurer l’accès aux installations renouvelable indigène moins coûteuse et
de production, d’accumulation et surtout atteignant le même standard en termes de
aux réseaux étrangers, de manière à utili- sécurité d’approvisionnement. En outre,
ser l’approvisionnement indigène en élec- les émissions annuelles de CO2 des cen-
tricité, aussi bien dans le cadre d’une ex- trales fossiles devraient être limitées à 2,5
ploitation habituelle pour l’optimisation millions de tonnes.
économique des ressources qu’en cas
d’urgence, lorsque la puissance disponible Stratégie d’accumulation
dans le pays est insuffisante. En raison de l’augmentation des unités de
production d’électricité dispersées fonc-
Calcul des coûts globaux tionnant avec des sources renouvelables,
L’approbation des coûts globaux de la pro- le réseau de distribution intelligent prend
duction d’électricité et des réseaux permet une importance capitale. L’extension et la
de définir des conditions légales, visant à gestion d’accumulateurs d’énergie (des
garantir la sécurité de planification et à batteries de voitures électriques aux lacs
trouver une solution de mise en œuvre de retenue dans les Alpes) doivent impéra-
durable avec un marché pour tous. Seul un tivement être coordonnés afin que l’élec-
approvisionnement en électricité basé sur tricité injectée en grande quantité et de
les lois du marché permettra à l’économie façon décentralisée provenant du PV et
suisse de réaliser des profits. Cela conduira des CCF puisse être stockée de manière
à une formation transparente des prix, efficace, et d’éviter toute surcharge ou ins-
permettra d’inciter de façon efficace les tabilité du réseau existant.
investissements et par là même les solu-
tions novatrices. Un système électrique in-
146
Le système électrique de demain

Le système électrique de la population, la consommation élec-


aujourd’hui et en 2065 trique totale en 2065 sera similaire à celle
d’aujourd’hui. La consommation actuelle
L’illustration 202 montre le système élec- d’énergies fossiles pour la mobilité et le
trique actuel de Suisse avec les niveaux de chauffage des bâtiments sera fortement
réseau 1 à 7, ainsi que les utilisateurs rac- réduite, mais sera remplacée par une
cordés (producteurs, consommateurs, ac- consommation électrique supplémentaire
cumulateurs). L’objectif premier est de ré- (charge des batteries des voitures élec-
duire au minimum les coûts annuels totaux. triques et pompes à chaleur). A cela s’ajoute
Ceux-ci comprennent les coûts annuels to- la production d’électricité par des centrales
taux du capital et d’exploitation du système thermiques décentralisées (notamment
électrique de demain, c.-à-d. de la produc- avec CCF), dédiées aux processus industriels
tion d’électricité (y c. les processus associés et au chauffage des bâtiments, qui restera
pour l’accumulation, la fourniture d’éner- nécessaire à l’avenir malgré les pompes à
gie primaire etc.) et du réseau électrique chaleur et l’isolation des bâtiments.
ainsi que de sa surveillance et de sa com-
mande. On doit pour cela disposer d’infor- Mesures prioritaires
mations sur le meilleur investissement pos- Des études montrent que pour le système
sible dans les capacités des divers compo- intelligent de demain, les investissements
sants du réseau, accumulateurs et généra- importants suivants doivent être réalisés
teurs. Cela s’accompagne de l’optimisation en priorité:
des coûts d’exploitation dans le cadre d’une ]]Priorité 1. Augmentation de l’efficacité
utilisation à l’heure ou au quart d’heure. énergétique pour tous types d’utilisation de
Dans ce contexte, on suppose d’impor- l’énergie: L’objectif est la réduction relative
tantes augmentations de l’efficience des de la consommation électrique par rapport
appareils consommateurs d’électricité par à aujourd’hui. La production électrique sup-
rapport à 2011. Ainsi, malgré la croissance plémentaire dédiée à la génération de cha-

Import/Export
Niveau de réseau 1
Réseau de transmission
380/220 kV
Régulation
du réseau

Niveau de réseau 2 Transformation

Niveau de réseau 3
Réseaux de distribution
>36 à <220 kV

Niveau de réseau 4 Transformation

Niveau de réseau 5
Réseaux de distribution
1 à 36 kV

Niveau de réseau 6 Transformation


Illustration 202: Ni-
veaux du réseau Niveau de réseau 7
électrique avec utili- Réseaux de distribution locaux
sateurs du réseau 1 à 36 kV
(UCS).
147
Energies renouvelables

leur (pompes à chaleur à la place des chauf- Technologies de réseaux in-


fages fossiles) et à l’électromobilité est cru- telligents (smart grid)
ciale. On estime que la consommation élec-
trique annuelle sera à l’avenir d’env. 67 Des mesures opérationnelles, notamment
TWh au total, y c. pour le pompage et pour dans les domaines de l’informatique et de
les pertes de réseau. la communication ainsi que de la com-
]]Priorité 2. Injection de grandes quanti- mande de processus basée sur le réseau,
tés d’électricité issues du PV, entre 6 et 15 sont également prioritaires.
TWh/an répartis sur toute la Suisse: L’objec- ]]Priorité 1. Utilisation de technologies de
tif est une production d’électricité la plus réseaux intelligents pour préserver la coor-
décentralisée possible issue principalement dination des tensions techniques de tous les
de sources renouvelables en combinaison nœuds du réseau dans les limites normali-
avec des consommateurs électriques en sées. L’objectif est de garantir à tout mo-
mode de fonctionnement automatisé. ment un haut niveau de qualité et de stabi-
]]Priorité 3. Utilisation renforcée de voi- lité de l’approvisionnement.
tures électriques avec batteries associées ]]Priorité 2. Utilisation de technologies de
(env. 10 TWh/an de consommation élec- réseaux intelligents pour préserver la coor-
trique): L’objectif est d’une part la réduc- dination des intensités de tous les éléments
tion de la consommation d’énergie fossile de réseau dans les limites normalisées. L’ob-
par davantage d’électromobilité, d’autre jectif est de garantir à tout moment un haut
part l’utilisation de l’électricité produite par niveau de qualité et de stabilité de l’appro-
les installations PV au moment où elle est visionnement.
produite. Cela permettra de décharger le ]]Priorité 3. Utilisation de technologies de
réseau électrique et de simplifier son exten- réseaux intelligents pour coordonner de
sion, car cette électricité ne sera pas injec- façon préventive l’exploitation du système
tée dans le réseau. de manière à maintenir les courants suivant
]]Priorité 4. Utilisation d’installations de immédiatement une panne d’élément de
production d’électricité réparties fonction- réseau dans tous les éléments du réseau,
nant à l’énergie fossile-thermique ou re- dans des limites tolérables sur le plan ther-
nouvelable-thermique, env. 9 TWh/an. mique et physique. Cela doit passer par une
Objectif: Production électrique surtout en modification coordonnée des accumula-
hiver, coïncidant avec la production de cha- teurs et producteurs programmables ou des
leur requise en cette saison. consommateurs flexibles, immédiatement
]]Priorité 5. Transformation ponctuelle et après l’incident. Objectif: Etendre et trans-
partielle des niveaux de réseau 6 et 7 (env. former les réseaux de manière à ce que
15 %). Objectif: Coûts de réseau les plus même en cas de pannes imprévues, la sécu-
bas possibles sans réduction de la sécurité rité d’approvisionnement reste garantie et
d’approvisionnement. Grâce à la produc- ce, pour des coûts d’investissement mini-
tion décentralisée flexible et maîtrisable et mums pour la transformation du réseau.
à l’accumulation dans les voitures élec- ]]Priorité 4. Utilisation de technologies de
triques, aucune extension plus importante réseaux intelligents pour coordonner sur la
ne sera requise, limitant ainsi l’augmenta- journée et de façon avantageuse pour le
tion des coûts de réseau totaux. réseau la charge des batteries des voitures
]]Priorité 6. Extension à long terme des électriques. Objectif: Charger les batteries
niveaux de réseau 3, 4 et 5, entre 7 et lorsque suffisamment de courant PV est
15 %. Objectif: Les coûts totaux doivent injecté, afin d’éviter une extension coû-
rester minimums. Une grande partie de la teuse du réseau.
production la plus avantageuse à long ]]Priorité 5. Utilisation de technologies de
terme, notamment installations CCF et réseaux intelligents pour coordonner sur la
grandes installations PV, devrait être ratta- journée et de façon avantageuse pour le
chée à ces niveaux de réseau et intégrée réseau la limitation de la production issue
dans les systèmes techniques. de producteurs PV. Objectif: «Couper» le
148
Le système électrique de demain

courant PV ou empêcher l’injection dans le Production d’électricité et


réseau de façon à ce que celui-ci ne soit réseaux
jamais surchargé ou ne requière pas d’ex-
tension coûteuse. Le courant coupé issu du En tant que technique de production
PV ne doit engendrer que de faibles pertes d’électricité dotée d’externalités locales
d’énergie; il n’est pas perdu s’il est stocké négatives très faibles, le photovoltaïque
au niveau local dans des accumulateurs fi- jouera un rôle majeur. La production élec-
nancés de façon «privée» (outre l’électro- trique attendue issue du PV nécessite une
mobilité) et non injecté dans le réseau. surface de 150 km² (30 % de la surface
]]Priorité 6. Utilisation renforcée de tech- des bâtiments). En raison des vitesses de
nologies de réseaux intelligents pour orga- vent plutôt faibles, de la mauvaise accessi-
niser de façon coordonnée et avantageuse bilité de nombreuses régions et des fortes
pour le réseau le remplissage et la vidange oppositions des organisations de protec-
des lacs de retenue sur l’année. Objectif: La tion du paysage, le potentiel d’avenir de
teneur énergétique minimum des lacs de l’énergie éolienne en Suisse est estimé à
retenue ne doit pas tomber en dessous seulement env. 3,8 TWh/an. La production
d’une limite critique au mois de mars, afin d’électricité basée sur la chaleur des instal-
de garantir la fourniture d’énergie p. ex. en lations CCF (qui peuvent produire aussi
saison froide). La teneur énergétique maxi- bien de l’électricité que de la chaleur utile)
mum des lacs de retenue doit être atteinte devrait représenter en hiver env. 9 TWh/
en septembre pour une mise à disposition an. Les installations CCF peuvent fonction-
maximale de l’énergie en hiver. ner avec différents agents énergétiques

Consommation annuelle: 69100 GWh

Consommation des Industrie et chemins de fer


pompes d’accumulation 5,4 GW; 26 400 GWh
1,7 GW; 2300 GWh 38%
3%
Illustration 203: Ré- Pertes de réseau niveau 7
partition de la 0,6 GW; 4000 GWh
consommation an- 6% Divers 2%
nuelle (en haut) et
de la production Consommation des ménages, Consommation des batteries
annuelle (en bas) de l’agriculture, des services de l’électromobilité
6,2 GW; 25 800 GWh 1,9 GW; 10 000 GWh
dans l’avenir (p. ex.
37% 14%
2065) dans l’hypo-
thèse d’une promo-
tion importante de
l’injection PV à hau-
Production annuelle: 69 100 GWh
teur de 15 GW,
d’émissions de CO2
Production PV Centrales à cycle combiné
par des centrales 15,2 GW; 14 000 GWh 0,5 GW; 2400 GWh
fossiles limitées à 20% 4%
un max. de 2,5 mil- Production thermique
lions de tonnes par fossile KW
an et de coûts an- 3,9 GW; 4000 GWh Centrales à accumulation
6% 8 GW; 25 400 GWh
nuels minimums du
37%
système global pour Production thermique
les réseaux et la renouvelable KW
production ou leurs 1,2 GW; 5000 GWh
7%
coûts du capital et
d’exploitation (si- Centrales hydrauliques Centrales éoliennes
3,6 GW; 14 800 GWh 1,9 GW; 3500 GWh
mulations de Ba-
21% 5%
cher).
149
Energies renouvelables

(bois, biogaz, déchets, à l’avenir géother- La production d’électricité annuelle à


mie et agents énergétiques fossiles). Les l’échelle nationale et la consommation
CCF fossiles générateurs d’émissions de correspondante en Suisse se composeront
CO2 pourront à l’avenir compléter l’électri- à l’avenir (p. ex. en 2065) des éléments
cité renouvelable, notamment en hiver. Les présentés dans l’illustration 203.
centrales à cycle combiné à gaz et à va- En termes de consommation, on suppose
peur, d’utilisation flexible, joueront elles que la mobilité aujourd’hui fossile devien-
aussi un rôle, notamment pour les proces- dra principalement électrique et que la
sus industriels et plutôt à proximité d’ins- charge des batteries sera optimisée de fa-
tallations industrielles. Bien entendu, çon intelligente de manière à ne nécessiter
chaque part de l’électricité produite au ni- qu’une extension faible voire nulle des ré-
veau national peut en principe également seaux. Grâce aux mesures d’efficience ap-
être produite à l’étranger. L’importation pliquées aux appareils consommateurs, on
d’électricité en tant que partie intégrante estime que la consommation annuelle
de l’approvisionnement prévu n’est pas d’électricité en 2065 sera similaire à celle
abordée, car on souhaite ici présenter les d’aujourd’hui. Les coûts annuels globaux
propriétés et les coûts d’un approvisionne- attendus pour une exploitation horaire**
ment intérieur. «parfaite» (c.-à-d. sans énergie de régula-
Pour limiter les émissions de CO2 à 2,5 mil- tion et autres services, sans technologies
lions de t/an, l’utilisation d’électricité issue de réseaux intelligents et sans taxes pu-
de sources fossiles doit être réduite. Si bliques) du système électrique, avec la ca-
cette limite de CO2 est atteinte, les coûts pacité de production et de réseau mini-
de production d’électricité de tous les gé- mum requise, sans électricité nucléaire ni
nérateurs augmenteront dans les inter- son remplacement par des productions is-
valles dans lesquels ces centrales émet- sues de sources principalement renouve-
trices de CO2 devront être mises en service. lables et thermiques, sont finalement com-
Celles-ci ne seront toutefois plus utilisées, pris entre 12,1 et 13,2 milliards de francs
dans le cadre d’une minimisation des coûts par an. Ces coûts annuels comprennent les
annuels globaux, que dans les intervalles coûts attendus du capital et de l’exploita-
de marché (c.-à-d. les heures de la journée) tion par an pour les réseaux et la produc-
dans lesquels il n’existe aucune solution tion, y c. les accumulateurs. La part des
physiquement stable impliquant un autre coûts de réseau annuels est comprise entre
mix de production d’électricité national 4,3 et 4,1 milliards de francs, les coûts an-
bon marché et exempt de CO2. Un prix nuels pour la production d’électricité et de
variable, basé sur le marché de l’électricité, chaleur entre 7,9 et 9 milliards de francs.
ponctuellement élevé, pourrait en 2065
permettre à de telles centrales fossiles de francs inférieurs par rapport à une subvention im-
couvrir leurs coûts annuels variables. En portante du PV. La capacité PV installée est alors
outre, un marché des capacités de produc- d’env. 9,7 GW et d’env. 9,5 TWh/an. L’électricité
tion doit faire en sorte que la production manquante pour la couverture de la consomma-
d’électricité basée sur les CCF et les cen- tion nationale annuelle est produite par des instal-
trales à cycle combiné puisse couvrir les lations à cycle combiné ou est importée. Les émis-
coûts du capital même en cas d’utilisation sions de CO2 des centrales fossiles peuvent être li-
effective faible. Dans le système électrique mitées à 2,5 millions de t de CO2 par an. Ainsi,
elles restent largement inférieures à 1 t par habi-
dont on parle, on suppose que la produc-
tant et par an pour la production nationale d’élec-
tion PV atteindra à l’avenir 14 TWh/an
tricité.
pour 15,2 GW de puissance PV installée*.
** Programme horaire: Chaque groupe-bilan es-
time 24 h à l’avance la production et la consom-
* Des simulations montrent que les formes de rè- mation au ¼ d’heure dans son groupe pour la
glementation basées sur le marché sans rétribu- journée du lendemain. Les écarts en temps réel
tion spécifique des coûts pour les installations PV sont gérés par Swissgrid sous forme d’énergie de
génèrent des coûts annuels env. 1 milliard de régulation.
150
Le système électrique de demain

En ce qui concerne les centrales d’accumu- Limitation des coûts de la mobilité: Les
lation, on estime que l’infrastructure déjà coûts supplémentaires de l’investissement
existante pourra être réutilisée dans ce fu- et du capital pour les accumulateurs à bat-
tur système sans nécessiter de construc- terie des voitures électriques ne sont pas
tions nouvelles. Ainsi, suffisamment affectés aux coûts annuels du système
d’énergie pourra être stockée en automne électrique, mais à ceux de la mobilité qui
pour, conjointement avec les installations ne sont pas pris en compte dans le «calcul
à cycle combiné et les CCF, couvrir l’hiver de l’électricité».
suivant la majeure partie du besoin en Limitation des coûts de l’habitat: De
électricité. Les batteries des voitures élec- même, les coûts de l’investissement et du
triques devront être chargées durant les capital pour l’efficacité énergétique amé-
journées d’été ensoleillées ou la nuit en liorée des bâtiments (isolation thermique
hiver, lorsque aucune production d’électri- etc.), qui entraînent une consommation de
cité par le PV n’est possible. chaleur réduite et une consommation
d’électricité différente des bâtiments, ne
Coûts du système électrique de 2065 sont pas affectés au système électrique
Technologies de réseaux intelligents: mais aux dépenses liées à l’habitat. Seule
En plus des 12,1 à 13,2 milliards de francs la modification de la production de cou-
dédiés uniquement aux réseaux et à la pro- rant et du réseau électrique, due à l’évolu-
duction ainsi qu’à l’exploitation horaire, il tion de la mobilité et du bâtiment, est af-
faudra également supporter des coûts fectée aux coûts du système électrique
d’investissement et d’exploitation pour mentionnés ici.
des technologies de communication et En résumé: Les coûts du système élec-
d’information liées aux réseaux intelli- trique de demain peuvent être estimés à
gents. L’OFEN estime que ces coûts sup- env. 12,6 à 13,7 milliards de francs par an,
plémentaires seront largement compensés y c. les prestations de la société nationale
à long terme par le gain d’efficience réalisé du réseau de transport. Ces coûts totaux
grâce à l’utilisation de ces technologies minimums du système électrique présup-
ainsi que par la pression accrue sur les prix posent deux produits de marché bien
du marché due à un changement de clien- adaptés:
tèle et éventuellement à des coûts du capi- ]]D’une part un marché fonctionnant par
tal réduits pour les réseaux. appel d’offres organisé de façon centrale,
Transit, commerce transfrontalier: Des pour la capacité de production flexible ins-
coûts sont également générés par la so- tallée avec des horaires d’utilisation norma-
ciété nationale du réseau de transport (ni- lisés (éventuellement uniquement pour les
veau transmission) qui doit être utilisée par producteurs sans coûts variables du «com-
des tiers pour le commerce ou le transit bustible»), éventuellement combiné à un
transfrontalier. marché des capacités de réseaux de distri-
Prestations de la société nationale du bution.
réseau de transport: Outre les coûts an- ]]D’autre part un marché pour la produc-
nuels mentionnés, les consommateurs de- tion variable d’énergie électrique.
vront également supporter les coûts des
services (services auxiliaires) concernant La combinaison de ces deux produits de
notamment la régulation des écarts produc- marché entraînera la coexistence, complé-
tion moins consommation sur l’ensemble mentaire et minimale en termes de coûts,
de la Suisse par rapport à l’horaire au quart de producteurs avec des coûts d’investis-
d’heure. Si cette puissance de régulation sement élevés et des coûts variables bas
était fournie uniquement par les centrales ou nuls (PV, éolien) et de producteurs avec
d’accumulation, les coûts annuels pour les des coûts d’investissement bas mais des
capacités requises augmenteraient d’env. coûts variables élevés (centrales à cycle
0,5 milliard de francs par an pour atteindre combiné, CCF).
ainsi 12,6 à 13,7 milliards de francs.
151
Energies renouvelables

Mesures et lois également un défi, car il n’existe encore


Les responsables de la politique énergé- aucune solution en ce qui concerne les
tique en Suisse et dans l’UE ont récem- standards de communication entre les dif-
ment pris des mesures pour accélérer le férents utilisateurs du réseau. A long
développement et garantir la stabilité des terme, le système électrique coordonné à
réseaux, et proposer un approvisionne- base de réseaux intelligents devra être ins-
ment en électricité renouvelable en rédui- tallé partout. Il est donc important de dis-
sant les émissions de CO2. Dans de nom- poser d’incitations, de contrats, de tech-
breux pays de l’UE, la libéralisation de l’ins- nologies, de standards et de lois, afin que
tallation et la lecture automatique des l’électricité soit consommée pendant la
compteurs électriques (compteurs intelli- journée, lorsqu’elle peut être produite de
gents) permettent aux fournisseurs d’élec- façon durable et renouvelable (p. ex. à
tricité de se distinguer de leurs concurrents midi, lorsque le soleil brille). De même, des
grâce à une technologie moderne à des actionneurs intelligents doivent être instal-
tarifs variables. lés au niveau des prises de courant (pour
En Suisse, les lois en vigueur en 2013, no- des investissements privés minimums) sous
tamment la Loi fédérale sur l’approvision- forme d’appareils de mesure et de com-
nement en électricité (LApEI) et la Loi sur mutation, p. ex. en amont du chauffe-eau
l’énergie (LEne), ne traitent pas des ré- électrique, de la pompe à chaleur, de l’ins-
seaux intelligents. La réduction des émis- tallation PV, afin d’activer ou de désactiver
sions de CO2 pour le chauffage des bâti- ces installations automatiquement et im-
ments et dans les transports, le remplace- perceptiblement.
ment des centrales nucléaires d’ici env. Les technologies de réseaux intelligents ne
2035 (tournant énergétique), l’introduc- sont toutefois pas utiles uniquement pour
tion du marché libre pour tous les consom- les ménages et les entreprises de services.
mateurs, la régulation plus poussée des L’industrie forte consommatrice de cou-
réseaux électriques avec des incitations rant a déjà installé des compteurs et des
pour une qualité d’approvisionnement éle- technologies de commande de processus
vée, un approvisionnement durable pour qui enregistrent et commandent le dérou-
une meilleure efficacité des coûts des ré- lement horaire du besoin en énergie. Etant
seaux et l’adaptation de la subvention des donné que dans l’industrie, la consomma-
énergies renouvelables, sont aujourd’hui tion électrique et plus généralement la
les éléments prioritaires de la législation consommation d’énergie participent pour
suisse. Les technologies de compteurs et beaucoup aux coûts de production totaux,
de réseaux intelligents ainsi que les nou- la réduction au minimum des coûts de
velles tâches, les nouveaux droits et les l’énergie en est d’autant plus importante.
nouvelles obligations de toutes les parties De nombreux exploitants du réseau, mal-
concernées qui en découlent, ne sont pas gré toutes les possibilités technologiques,
encore règlementés en Suisse. ne voient pour l’instant pas l’intérêt de
mieux exploiter le réseau, par une struc-
Gestion de la charge ture tarifaire adéquate variable dans le
L’OFEN et la branche de l’électricité se sont temps ou des signaux de commande auto-
déjà lancés dans la promotion ou la réali- matiques et coordonnés à l’échelle régio-
sation de projets pilotes et de démonstra- nale pour les ménages, l’industrie et les
tion relatifs aux réseaux intelligents à entreprises de services, mais également
l’échelle régionale. Les différentes techno- pour commuter brièvement les installa-
logies de réseaux intelligents pour le sys- tions PV et les batteries automobiles, ce
tème électrique intelligent de 2020 sont qui entraînerait une baisse supplémentaire
déjà disponibles, au moins à l’état de pro- des coûts de réseau spécifiques. Le sys-
totypes. Reste à savoir si la coordination tème électrique intelligent de demain doit
des réseaux intelligents doit être centrali- reposer sur une législation qui mette en
sée ou non. Leur réalisation représente œuvre les mesures prioritaires (tabl. 35).
152
Le système électrique de demain

Mesures Objectif
Règlementation d’un choix libre du fournisseur d’électricité pour tous; à Véritable marché de l’électricité pour tous; coûts
moyen terme plus de subvention des énergies renouvelables, pour cela limi- externes corrects pour le CO2 dans le prix de l’élec-
tation importante des émissions de CO2 de la production d’électricité fossile tricité basé sur le marché; règlementation intelli-
p. ex. par des taxes d’incitation ou explicitement par le mesurage. gente des réseaux et technologies de réseaux intel-
Etablissement d’un système électrique basé sur le marché, coordonné par des ligents afin de réduire au minimum les coûts du
technologies de réseaux intelligents, avec un accès au réseau règlementé système global; règlementation des recettes de
pour tous. tous types provenant de la gestion de la conges-
tion; règlementation pour empêcher le pouvoir de
marché.
Règlementation des droits et obligations d’un système électrique coordonné Responsabilités claires dans le bilan électricité local
par des technologies de réseaux intelligents. et régional en temps réel et dans l’utilisation du ré-
Détermination des responsabilités, droits et obligations pour l’exploitant du ré- seau; règlementation de la distinction entre les
seau, le fournisseur d’électricité, le groupe-bilan et les utilisateurs du réseau en coûts des réseaux intelligents, comme pouvant être
exploitation normale, mais également en cas de brefs excédents et déficits de pris en compte (règlementés) ou faisant partie du
courant, prévus et imprévus, dans le bilan électricité local et régional. marché (Smart Market)
Règlementation d’une responsabilité propre élevée du consommateur d’élec- Rendre efficiente, plus flexible et si possible équili-
tricité par la mise à disposition de technologies d’information, de communi- brer localement la consommation électrique nette à
cation et d’automatisation avantageuses et flexibles. tout moment. Continuer à enregistrer statistique-
Implication des consommateurs et de leurs appareils producteurs et consom- ment la consommation électrique brute à tout mo-
mateurs d’électricité par des informations transparentes et facilement acces- ment (c.-à-d. sans la production locale) et chaque
sibles sur l’état du système à tout moment et mesures en faveur d’une ges- production d’électricité.
tion flexible et contrôlable de l’électricité.
Nouveaux marchés pour des capacités de production installées sur plusieurs Nouveaux produits pluriannuels et prix basés sur le
années, pour la production avec stockage et pour une flexibilité élevée de marché pour des capacités installées limitatrices
l’exploitation dans des intervalles au quart d’heure. pour le marché dans le système électrique, en plus
Prix basés sur le marché pour les produits liés à l’électricité: Introduction d’un des prix de production avec des coûts variables.
appel d’offres p. ex. de 5 ans pour les nouvelles capacités à installer pour les
installations de production (y c. PV et éolien) et leurs accumulateurs, éven-
tuellement également pour les réseaux, comme incitation pour des investisse-
ments coordonnés de façon optimisée. Règlementation des recettes prove-
nant de la gestion de la congestion via des prix du marché différenciés, de fa-
çon similaire aux «marchés de l’électricité paneuropéens implicites».
Règlementation incitative pour des capacités installées à des coûts mini- Haute qualité et coûts minimums du système glo-
mums, sûres et flexibles, effectivement disponibles. bal pour les réseaux, la production et le stockage,
Introduction d’une règlementation incitative liée à la fois aux coûts et à la comme objectif d’une règlementation incitative
qualité pour les capacités installées avec prise en compte des technologies de pour le système intelligent de distribution élec-
réseaux intelligents coordonnées avec l’exploitation du réseau. trique de demain. Responsabilités clairement règle-
mentées sur les tarifs et les prix (dédommage-
ments) en cas de panne de courant, à la fois pour
l’exploitant du réseau et pour l’utilisateur.
Tableau 35: Princi-
pales mesures pour
le système élec-
trique de demain
en Suisse.
Chapitre 11

Froid durable efficace

Daniel Trüssel Sur le plan écologique, économique et l’année et permet d’utiliser notamment
Tableau 36: Besoin
macroéconomique, l’énergie la plus avan- dans la saison d’hiver les basses tempéra-
en électricité et
tageuse en termes de kWh est celle qui tures de l’air extérieur. Il en va de même
consommation
n’est pas consommée. Dans le domaine du dans l’agriculture, bien que dans ce sec- d’énergie pour la
froid, ce principe est d’or, car dans de teur, le besoin en froid augmente en au- production de froid
nombreux processus de refroidissement tomne lors du stockage du produit des climatique.
(refroidisseurs à eau, appareils de climati- récoltes.
sation split ou autres machines de froid), Illustration 205: De-
une planification intelligente permet de Froid climatique gré de technicité
réaliser des économies d’énergie et de Le froid climatique (installations de climati- des surfaces utiles
coûts considérables. En outre, l’utilisation sation) désigne les applications de froid approvisionnées en
de froid renouvelable issu des eaux souter- servant au conditionnement de l’air am- froid par secteur
(SuisseEnergie, cam-
raines et de surface ou du sol est très im- biant.
pagne pour le froid
portante et permet d’économiser de
efficace).
grandes quantités d’électricité.
Domaine Surface de Consom- Part (%)
Besoin référence mation
énergé- d’énergie
Dans les ménages, le froid intervient sur-
tique (m2) (GWh/an)
tout en lien avec des appareils destinés à
Commerce 22 000 355 31
des applications de réfrigération et de
congélation, qui ne présentent que peu de Banques et assurances 7 000 143 12
potentiel pour le froid renouvelable. Restauration 12 000 41 4
Dans le secteur des services, qui requiert Ecoles 25 000 38 3
principalement du froid de climatisation et Santé 18 000 62 5
Illustration 204: du refroidissement informatique, le poten- Autres bâtiments de 25 000 419 36
Consommation to- tiel d’économie est important car les tem- services
tale et consomma- pératures requises ne sont pas trop basses, Agriculture 6 000 0 0
tion de froid par ce qui permet d’utiliser le froid renouve- Ménages – 11 1
secteur en GWh lable environnemental. Dans l’industrie, le
(SuisseEnergie, cam- Industrie – 94 8
besoin en froid pour l’exploitation des pro-
pagne pour le froid Total 1 163 100
cessus est relativement constant sur toute
efficace).

Transports 4 733 Commerce


Banques et
3 191 assurances
Ménages 17942
Restauration
3 160 Ecoles
Services 15 732
Santé
Industrie, secteur
1 634 Autres bâtiments
manufacturier 19205 de services
Agriculture
73
Agriculture 987 Ménages

0 5 000 10000 15000 20000 GWh/a 0% 20% 40% 60% 80% 100%
Consommation Total de la consommation électrique en Suisse Faible technicité Technicité moyenne Haute technicité
de froid
154
Froid durable efficace

La consommation électrique associée dé- triels et commerciaux (eau froide), un aé-


pend principalement du degré de techni- rorefroidisseur permet, si la température
cité du bâtiment: extérieure est inférieure à la température
]]Faible technicité: pas de froid de l’eau froide requise, de transférer la cha-
]]Technicité moyenne: installation de cli- leur rejetée vers l’air extérieur. Plus la tem-
matisation simple pérature extérieure est basse, plus la puis-
]]Haute technicité: installation de climati- sance de refroidissement de l’aéroréfroidis-
sation avec humidification ou déshumidifi- seur est élevée. Lors de la planification, il
cation de l’air convient de veiller à ce que les tempéra-
tures d’eau de refroidissement soient les
Les analyses statistiques (tabl. 36 et illustr. plus élevées possibles. Plus le dimensionne-
204) montrent un grand potentiel d’éco- ment des échangeurs de chaleur (intérieurs
nomie dans le domaine des services. et extérieurs) est précis, plus la fréquence
d’utilisation de l’air extérieur pour le refroi-
Froid renouvelable dissement augmente.
Le froid renouvelable (ou Freecooling) dé- ]]Des captages d’eau lacustre profonds
signe la production de froid sans machine permettent également de produire du
frigorifique mécanique. L’utilisation de froid à des températures de 8 °C pour le
sources d’énergie présentes dans la nature refroidissement industriel.
permet de produire de l’énergie frigori- ]]Production de froid climatique: Plus la
fique de façon durable et efficiente. L’air température extérieure augmente, plus
extérieur, la terre, les eaux souterraines et grand est le besoin de froid dans le bâti- Illustration 206: Hu-
de surface sont disponibles de façon quasi- ment. Parallèlement, le potentiel de trans- midification adiaba-
Illustration 207: tique de l’air exté-
inépuisable et suffisent souvent à répondre fert de chaleur vers l’air extérieur via l’enve-
Centre de calcul rieur en été (Hürli-
aux exigences de confort ou à alimenter loppe du bâtiment diminue.
Swisscom de Berne mann Engineering
Wankdorf. Refroi- des processus techniques.
AG).
dissement de l’air
extérieur à l’aide de Air extérieur Température Eau Humidité rel.
4 g/kg

6 g/kg

8 g/kg

10 g/kg

12 g/kg

14 g/kg

16 g/kg

18 g/kg

20 g/kg
0 g/kg

2 g/kg

5% 10% 15% 20% 30%


refroidisseurs hy- Lorsque l’air extérieur est utilisé pour le 40%
1.05 kg/m3
brides. Premier refroidissement, on distingue froid indus- 40 º

centre de calcul triel et froid de confort. 50%

sans machine de ]]Production de froid industriel: En pré- 35 º 60%

froid. Concept: Dr. sence d’un besoin de froid indépendant de 70%

Eicher und Pauli AG la température extérieure, p. ex. pour des 30 º


80%
1.10 kg/m 3
(Dr. Eicher + Pauli 90%
centres de calcul ou des processus indus-
AG). 25 º 100%
En
th
al
pi

20 º
e
g
/k
kJ
3
/m

60
kg

15 º
15
1.

10 º
g
/k
kJ
40
3
/m


kg
20
1.


g
/k

Confort thermique selon


kJ
20

DIN 1946
-5 º
3
/m

Données météorologiques de
kg
25

Zurich (1 heure-risque) selon


1.

-10 º la documentation SIA D012


g

Refroidissement adiabatique
/k
kJ
0

Température résultante par


-15 º
refroidissement adiabatique
Diagramme h-x de Mollier pour air humide – pression à 0,950 bar (537.000 m / 10.000 ºC / 80.000 % rF)
155
Energies renouvelables

Air extérieur avec refroidissement loporteur. Celui-ci ne peut pas être plus
adiabatique supplémentaire froid que la température du sol. Si des
Dans la saison d’été, les températures aug- températures plus froides sont requises,
mentent fortement et le potentiel de re- une machine de froid en aval est néces-
froidissement par l’air extérieur diminue saire. La combinaison de l’utilisation de la
de façon importante. L’humidification de géothermie au moyen de pompes à cha-
l’air aspiré par l’aérorefroidisseur permet leur en hiver et de la production de froid
toutefois d’abaisser nettement la tempéra- climatique à l’aide d’un raccordement di-
ture de l’air. Cela augmente la puissance rect au sol en été est particulièrement
de l’aérorefroidisseur et donc également le avantageuse et économique. Les sondes
potentiel du freecooling. L’illustration 206 géothermiques profondes sont utilisées
représente une journée d’été avec une exclusivement pour le chauffage car les
température extérieure de 33 °C et une températures du sous-sol sont trop éle-
humidité de l’air de 50 %. L’air est humidi- vées. Pour assurer un refroidissement, la
fié et se refroidit à la température de bulbe profondeur de forage peut être réduite,
humide de 24,3 °C. suite à la capacité d’accumulation. Le di-
mensionnement correct des sondes géo-
Sondes géothermiques thermiques pour des applications de
A partir d’une profondeur d’env. 10 m, la chauffage et de refroidissement passe iné-
température du sol reste quasiment in- vitablement par une simulation du sol
changée tout au long de l’année et s’élève, l’aide de valeurs mensuelles. Si l’on ne
sur le Plateau suisse, à env. 11 °C. Elle aug- connaît pas le profil des charges de chaleur
mente avec la profondeur (1 K tous les et de froid, on peut estimer une distribu- Illustration 209: Ins-
30 m). La profondeur d’un forage dépend tion approximative des charges de chauf- titut de pathologie
de la structure géologique du sous-sol et fage et de refroidissement à l’aide de l’il- et de médecine lé-
gale de St-Gall (He-
est comprise aujourd’hui entre 100 et lustration 208.
len Binet).
300 m. Pour les applications combinées de
chaleur et de froid, la profondeur optimale
se situe entre 100 et 200 m.

Applications
Les sondes géothermiques servent princi-
Illustration 208: Ré- palement à capter la chaleur terrestre au
partition des moyen de pompes à chaleur. Cependant,
charges de chauf- une variante de refroidissement des pièces
fage et de refroidis- d’habitation peut aussi être mise en œuvre
sement sur le Pla- via des sondes géothermiques. Dans ce
teau suisse pour un cas, la chaleur des bâtiments est transférée
bâtiment de ser-
dans le sol, qui sert à refroidir le fluide ca-
vices.

30%
Institut de pathologie et de médecine légale de St-Gall
25% L’approvisionnement en chaleur et en froid est assuré par 13
Besoin en chauffage Besoin en refroidissement
sondes géothermiques d’une profondeur de 200 m. Grâce
20%
au système de dalles actives (TABS), seules des températures
15% de départ modérément basses sont nécessaires, ce qui per-
met d’obtenir une efficacité maximale des pompes à chaleur.
10% Le bâtiment est refroidi dans la mesure du possible au
5%
moyen de froid terrestre. Si la température du sol augmente
trop en été, la pompe à chaleur est utilisée comme installa-
0% tion de froid et prend en charge entièrement ou partielle-
Jan. Fév. Mar Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. ment la fonction de refroidissement.
156
Froid durable efficace

Eaux souterraines risations pour les installations de produc-


A partir d’env. 10 m de profondeur, des tion de chaleur, les cantons s’efforcent de
températures relativement stables règnent mettre en œuvre ce principe. L’eau souter-
dans les eaux souterraines. Généralement raine froide est pompée jusque dans les
comprises entre 10 et 12 °C, elles corres- bâtiments au moyen d’une pompe de fo-
pondent à peu près à la température rage et absorbe, via un échangeur de cha-
moyenne annuelle de l’air. Sous les zones leur, l’énergie du fluide à refroidir. L’eau
densément peuplées, la température des souterraine réchauffée et ensuite réinjec-
eaux souterraines peut être jusqu’à 3 K tée. Lors de la planification, il convient
plus élevée, en raison du dégagement de d’éviter tout court-circuit entre le captage
chaleur (p. ex. des caves et des conduites et la réinjection. Les principaux éléments à
d’eaux usées), ainsi que des intrants ther- prendre en compte pour la planification
miques plus importants via les surfaces en sont les suivants:
dur. Des variations de température saison- ]]Zones de protection des eaux
nières plus importantes surviennent à ]]Profondeur et puissance de l’aquifère
proximité des eaux de surface infiltrées. ]]Qualité chimique de l’eau souterraine
Afin de préserver la qualité de notre eau ]]Encrassement et particules en suspen-
Illustration 210:
Construction nou- souterraine ou potable pour les généra- sion dans l’eau souterraine (p. ex. tourbe)
velle d’un bâtiment tions futures, son utilisation est soumise à ]]Exigences en termes de dispositifs de
administratif à Ber- des règles strictes. Les risques liés à l’utili- sécurité
thoud doté d’un sation thermique de l’eau souterraine et
chauffage et d’un du sous-sol doivent être réduits au mini- Eaux de surface
refroidissement à mum par différentes mesures, de manière L’eau lacustre est captée à des profondeurs
l’eau souterraine, à pouvoir exclure à long terme toute dé- entre 20 et 30 m. A ces profondeurs, sous
servant de source gradation de la qualité de l’eau. Dans la la thermocline, dans la couche dans laquelle
de chaleur ou de planification de l’utilisation de la chaleur et la circulation est faible, la température de
froid (Dr. Eicher und
dans l’attribution des concessions et auto- l’eau est comprise toute l’année entre 4 et
Pauli AG).
6 °C et peut être mise à profit.
En principe, les prescriptions et exigences
sont identiques à celles qui s’appliquent à
l’utilisation des eaux souterraines. Les élé-
ments suivants doivent cependant être éga-
lement pris en compte dans la planification:
]]Variations de température sur l’année
]]Variations entre hautes et basses eaux
]]Objets flottants suite aux intempéries
]]Fond brassé par vent fort
]]Salissures

Production active de froid


Pour des raisons énergétiques, le froid pas-
Neumatt sif produit à l’aide d’énergies renouve-
9 bâtiments au total selon le standard Minergie-P-eco pour lables est prioritaire par rapport au refroi-
32 921 m² de surface de référence énergétique. La puissance dissement actif, puisqu’il permet d’obtenir
de chauffage de 450 kW est produite au moyen d’une le même effet de refroidissement avec
pompe à chaleur (COP 6,0). La puissance de refroidissement beaucoup moins d’électricité ou d’agents
de 900 kW est produite au moyen d’eaux souterraines selon énergétiques fossiles. Le refroidissement
le principe du freecooling avec un COP de 25. Le COP dé-
passif à l’aide d’énergies renouvelables
signe le rapport entre la puissance de chauffage ou de re-
atteint cependant souvent ses limites pour
froidissement et la puissance électrique. Un COP de refroidis-
sement de 25 signifie donc qu’un kWh d’électricité permet des raisons de température et parfois éga-
de produire 25 kWh de froid. lement de capacités et de coût, comme le
montrent les deux exemples suivants.
157
Energies renouvelables

]]En cas de refroidissement avec l’air exté- Technologies disponibles


rieur en été, la réduction adiabatique de la La production de froid s’effectue au-
température de l’air avec de l’eau permet jourd’hui principalement sur la base de
d’atteindre des températures suffisantes deux technologies, également utilisées
pour le refroidissement des équipements pour la production de chaleur à l’aide
techniques, comme dans le cas de Swiss- d’énergies renouvelables: Les machines de
com (Swisscom 2013) et de son nouveau froid à compression et les machines de Illustration 211:
Schéma d’un cap-
centre de calcul à Berne. Cependant, la froid à absorption ou pompes à chaleur.
tage d’eau lacustre
température ambiante requise pour le Tandis que le processus à absorption n’est
(EKZ).
confort des postes de travail, conformé-
ment aux normes SIA, ne peut pas être
garantie.
]]Un accumulateur géothermique dimen-
sionné de telle sorte qu’en hiver, des sondes
géothermiques et une pompe à chaleur
peuvent être utilisées à des fins de chauf-
fage, ne suffit pas en été au refroidisse-
ment ambiant pour des raisons de capa-
cité, et un dimensionnement en fonction
du refroidissement estival requis serait bien
trop coûteux.

Dans de tels cas, il convient d’utiliser une


production de froid complémentaire à
l’aide d’énergies renouvelables. Même si
une source de refroidissement renouve-
lable suffisait sur le plan quantitatif, il peut
être intéressant sur le plan économique ou
Tableau 37: Zones pour des raisons de sécurité d’installer une
de protection des solution de refroidissement active pour la
eaux souterraines et couverture des besoins de pointe ou la re-
leurs possibilités dondance, p. ex. dans les grandes installa-
d’utilisation (AWEL tions qui utilisent l’eau souterraine ou
Utilisation de l’eau lacustre à des fins de chauffage et de
l’énergie du sous-
refroidissement.
sol et des eaux sou-
terraines).

Domaine d’eau sou- Zone de protection Sondes géother- Dalles actives, re- Utilisation de la cha-
terraine des eaux, zone de miques gistres terrestres, cor- leur des eaux souter-
protection des eaux beilles énergétiques raines
souterraines
Exceptions possibles
Zone de protection des
Gisement d’eau souter- dans certaines condi- En principe interdit
eaux souterraines
raine approprié au cap- En principe interdit tions
tage d’eau potable

Zone de protection des


Gisement d’eau souter- eaux (eaux souterraines) En principe autorisé (autorisation nécessaire)
raine non approprié au dans certaines conditions
captage d’eau potable
Zones en dehors des
En dehors de la zone de
aquifères utilisables En principe autorisé (autorisation nécessaire)
protection des eaux
158
Froid durable efficace

quasiment jamais utilisé pour la produc- Energies renouvelables et rejets


tion de chaleur, son utilisation dans les thermiques
grandes installations de froid est une alter- Les agents énergétiques suivants sont en-
native valable selon les paramètres écono- visageables pour la production active de
miques. froid à partir d’énergies renouvelables et
La principale différence entre les deux de rejets thermiques:
technologies, du point de vue pratique, ]]Rejets thermiques des usines d’incinéra-
réside dans le fait que la machine de froid tion des ordures ménagères (UIOM)
à absorption peut être entraînée par de la ]]Rejets thermiques des processus indus-
chaleur tandis que la machine de froid à triels
compression nécessite de l’énergie élec- ]]Energie solaire
trique. La machine de froid à absorption ]]Biomasse
est ainsi surtout utilisée lorsque l’on dis-
pose de rejets thermiques bon marché non Rejets thermiques
autrement utilisables. Pour que le proces- Actuellement, la priorité est donnée en
sus soit relativement efficace, le niveau de Suisse à l’utilisation de la chaleur estivale en
température de la chaleur doit cependant excès provenant de l’incinération des or-
dépasser 90 °C. Sur le plan économique, dures ménagères. Le nouvel approvisionne-
les installations à absorption actuelles ne ment en froid de l’Hôpital de l’Ile de Berne,
sont utilisables de façon rentable que dans lequel les nombreuses installations de
lorsque la chaleur disponible est env. cinq froid décentralisées ont été remplacées par
fois moins chère que l’énergie électrique un approvisionnement en froid central, en
consommée par une machine de froid à est un bon exemple. On y a utilisé une ma-
compression. Avec un prix de l’électricité chine de froid à absorption à deux étages
de 15 ct./kWh, la chaleur doit ainsi coûter hautement efficiente qui, dans la saison
moins de 3 ct./kWh pour que le processus chaude, utilise les rejets thermiques en ex-
Illustration 212: Ins- à absorption soit rentable. Le cas ne se cès de l’UIOM pour produire du froid.
tallation de froid à présente aujourd’hui que lors de l’utilisa-
absorption de l’Hô- tion de chaleur estivale en excès provenant Rejets thermiques des processus
pital de l’Ile de d’UIOM, ou en présence de rejets ther- industriels
Berne, fonctionnant miques industriels non autrement utili- En Suisse, plus de 25 TWh d’énergie finale
avec les rejets ther- sables. sont chaque année dédiés à la chaleur de
miques des usines processus industrielle. Seule une très faible
d’incinération des part de celle-ci est utilisée. Pour l’instant,
ordures ménagères on ne sait pas quelle proportion de ces re-
d’Energie Wasser
jets thermiques possèdera un niveau de
Bern (EWB).
température suffisant pour pouvoir être
utilisée pour la production de froid. Le po-
tentiel devrait cependant être très impor-
tant et intéressant sur le plan économique.
Le réseau de rejets thermiques et d’énergie
de Kleinhünigen, réalisé par les services in-
dustriels de Bâle-Ville (IWB), en est un bon
exemple. Les rejets thermiques de l’installa-
tion d’incinération des boues de la STEP de
Bâle et de l’usine d’incinération des déchets
spéciaux régionale sont directement utili-
sés à des fins de chauffage et, via la plus
grande installation frigorifique à absorp-
tion à deux étages de Suisse, à des fins de
refroidissement pour le centre commercial
Stücki et le Stücki Business Park voisins.
159
Energies renouvelables

Energie solaire d’exploitation de l’énergie entre 3 et 13


L’énergie solaire offre en Suisse deux pos- centimes.
sibilités de production de froid. Les cap- La production de froid à l’aide de capteurs
teurs thermiques peuvent chauffer des thermiques et de machines de froid à ab-
machines de froid à absorption et l’électri- sorption n’est donc pas une option inté-
cité des cellules solaires peut entraîner des ressante. En outre, on table à moyen terme
machines de froid à compression. Deux sur des réductions de coûts dans le do-
critères permettent de déterminer laquelle maine du PV, la technologie d’absorption
de ces possibilités utiliser: est plus coûteuse que la technologie de
]]Rentabilité compression et les aérorefroidisseurs sont
]]Quantité de froid pouvant être produite très encombrants.
et utilisée chaque année par m² de surface De plus, au vu du prix de l’électricité en
de capteurs ou de cellules solaires 2013, la production de froid à partir d’élec-
tricité produite par des installations PV et
Considérations économiques directement consommée n’est pas intéres-
Une installation frigorifique à absorption à sante du point de vue économique.
1 étage nécessite des températures d’env.
90 °C, afin de produire env. 0,7 kWh de Considérations énergétiques
froid à partir d’un kWh de chaleur. Une D’un point de vue purement énergétique,
chaleur de 90 °C issue de capteurs ther- la situation est la suivante:
miques coûte aujourd’hui, selon la taille de ]]La production de chaleur en présence
l’installation, entre 15 et 30 ct./kWh. En d’une température de travail de 90 °C ne
d’autres termes, 1 kWh de froid coûte dépasse pas, avec les meilleurs capteurs à
entre 20 et 40 ct. si l’on considère unique- tubes sous vide disponibles aujourd’hui sur
ment les coûts d’exploitation résultant de le marché, 400 kWh/(m²an). Cela permet
la consommation d’énergie. de produire 280 kWh/(m²an) de froid, sans
Le prix de revient de l’électricité d’une ins- compter les pertes.
tallation PV est aujourd’hui compris entre ]]Les meilleurs modules photovoltaïques
20 et 30 ct./kWh. Une installation frigori- du marché (Sunpower X21-345) pré-
fique à compression fonctionnant avec du sentent un rendement de 21,5 % à la livrai-
courant PV peut toutefois, à partir d’un son. Le rendement moyen sur 25 ans
kWh d’électricité PV, selon la taille et la s’élève, selon les indications de Sunpower,
technologie de la production de froid, pro- à plus de 90 % (Sunpower 2013). La taille
Illustration 213: Ins-
duire entre 3 (machine à pistons) et 6 (tur- des modules est de 1,6 m² brut pour une
tallation de froid à
bomachine) kWh de froid. 1 kWh de froid puissance moyenne sur 25 ans de 310 Wc.
absorption à 2
de compression présente donc des coûts On dispose donc d’une puissance de
étages de la Stücki
Power Box pour
l’approvisionne-
ment en froid du
site de Stücki et du
Stücki Business
Park. Pour la plani-
fication et la réali-
sation de cette ins-
tallation, l’IWB et la
société Dr. Eicher
und Pauli AG ont
reçu le Watt d’Or
pour des perfor-
mances exception-
nelles dans le do-
maine de l’énergie
(Bernd Zellweger).
160
Froid durable efficace

190 Wc par m² de surface de module. Si


l’on considère une production électrique
de 900 kWh par kWc, on obtient une pro-
duction électrique moyenne à long terme
de 170 kWh/m² de surface de module. Les
machines de froid à compression (COP
min. = 3, COP max. = 6) permettent ainsi
de produire entre 500 et 1000 kWh de
froid par m² de surface de PV, c.-à-d. nette-
ment plus que les capteurs thermiques et
les installations de froid à absorption. De
plus, le photovoltaïque présente, en termes
de rendement, un potentiel d’amélioration
nettement supérieur à celui de la technolo-
gie solaire thermique.

Biomasse
Tout comme la chaleur issue des autres
processus de combustion, la chaleur issue
de la biomasse (biogaz ou bois) peut éga-
lement être utilisée pour la production de
froid au moyen de machines de froid à
absorption. La situation économique ac-
tuelle n’est toutefois pas très avantageuse,
car les coûts de l’énergie bois, selon sa
qualité, sont de l’ordre de 3 à 6 ct./kWh et
ceux du biogaz sont encore plus élevés.
Les installations frigorifiques à absorption
à 1 étage avec un COP frigorifique de 0,7
présenteraient des coûts du froid (unique-
ment coûts d’exploitation issus de la
consommation d’énergie) entre 4 et 8 ct.
kWh, ce qui équivaut à une production de
froid au moyen d’installations de froid à
compression fonctionnant au moyen de
courant PV. Le bois, en tant qu’agent éner-
gétique renouvelable pouvant être stocké,
ne devrait toutefois pas être utilisé pour la
production de froid climatique en été,
mais pour la production de chaleur de pro-
cessus et la production combinée de cha-
leur et d’électricité.
Chapitre 12

Bases et outils

Heinrich Huber Normes relatives à la technique Normes énergétiques de la SIA


du bâtiment et à l’énergie La puissance requise et le besoin en éner-
gie des bâtiments climatisés sont calculés
selon SIA 382/2 (illustr. 214). Dans la ver-
Normalisation européenne et réfé-
sion SIA 382/2:2011, il est toutefois pré-
rence à la Suisse
cisé que des calculs obligatoires et des jus-
Le CEN) est mandaté par l’UE pour mettre
tificatifs énergétiques selon SIA 384.201
en application l’EPBD dans les normes. La
et 380/1 sont nécessaires. En d’autres
Suisse s’est engagée à reprendre les normes
termes, différentes normes doivent être
européennes du CEN. Si les normes sur les
utilisées pour les calculs, ce qui devrait
produits et normes d’essai sont reprises
changer à moyen terme.
telles quelles, les normes de planification se
basent certes sur les normes CEN, mais
sont adaptées aux particularités nationales.
L’organisation faîtière de la normalisation
suisse est l’Association suisse de normalisa-
tion (SNV). Hormis l’électrotechnique et les Illustration 214:
télécommunications, elle traite tous les Rapports entre les
secteurs de normalisation techniques. La normes et cahiers
SIA est en charge des normes suisses rela- techniques SIA im-
portants dans le do-
tives à la construction.
maine de l’énergie.

Bases générales SIA 180 Cahier technique Cahier technique


Confort SIA 2024 SIA 2028 Données
Utilisation standard climatiques

Bases techniques, SIA 382/1 SIA 384/1 SIA 385/1


exigences énergé- Ventilation/ Installations Eau chaude
tiques individuelles Climatisation de chauffage

Calcul de la SIA 382/2 Besoin SIA 384.201 SIA 384/1 SIA 385/2
détermination de puissance et Besoin en Puissance de la Eau chaude
des besoins d’énergie pour énergie de génération de
(puissance) bâtiments chauffage chaleur
climatisés SIA 380/1 SIA 384/3
Calcul de la (descriptions de Besoin en Installations de
couverture des modèle dans énergie de chauffage, besoin
besoins (énergie) CT SIA 2044) chauffage énergétique

Besoin énergétique total Cahier technique Cahier technique SIA 2040


(énergie primaire, SIA 2031 Certificat Voie SIA vers l’efficacité
émissions de CO2) énergétique énergétique

Compléments en SIA 380/4 Energie SIA 386/110 Cahier technique Cahier technique
dehors du domaine électrique: Eclairage, Automatisation SIA 2032 SIA 2039
CVCS équipements auxiliaires du bâtiment Energie grise Mobilité
162
Bases et outils

Tableau 38: Normes


et cahiers tech-
niques importants
de la SIA dans le do-
maine de l’énergie.
N° (année) Titre Remarque
SIA 180 Protection thermique, protection contre l’hu- L’isolation thermique des bâtiments en été est transposée de la
(2014) midité et climat intérieur dans les bâtiments norme SIA 382/1 dans celle-ci.
SIA 380/1 L’énergie thermique dans le bâtiment Calcul du besoin en chaleur de chauffage et exigences individuelles
(2009) pour les éléments de construction.
SIA 380/4 L’énergie électrique dans le bâtiment L’édition 2006 contient notamment la climatisation et l’énergie auxi-
(2015*) liaire CVCS. A l’avenir, ces énergies seront traitées dans SIA 382/2,
SIA 384/3 et SIA 385/2. La nouvelle version de SIA 380/4 prendra
mieux en compte l’électricité des ménages.
SIA 382/1 Installations de ventilation et de climatisation L’édition 2007 comprend entre autres le confort et la protection
(2014*) – Bases générales et performances requises thermique en été. Ces thèmes sont transférés dans la nouvelle
norme SIA 180.
SIA 382/2 Bâtiments climatisés – Puissance requise et Dans le cas des bâtiments climatisés, le besoin en énergie finale pour
(2011) besoins d’énergie le chauffage est également calculé à l’aide de cette norme. Ne rem-
place toutefois pas provisoirement la justification SIA 380/1.
SIA 384/1 Installations de chauffage dans les bâtiments Exigences individuelles comme p. ex. température de départ maxi-
(2009) – Bases générales et performances requises male. Mais aucune exigence relative à la production de chaleur.
SIA 384.201 Systèmes de chauffage dans les bâtiments – Calcul de la charge calorifique normalisée des différentes pièces et
(2005) Méthode de bâtiments, comme base de la distribution et de la production de
calcul des déperditions calorifiques de base chaleur.
SIA 384/3 Installations de chauffage dans les bâtiments Méthode de calcul pour le besoin en énergie finale du chauffage et
(2013) – Besoins en énergie de la production d’eau chaude, y c. l’énergie auxiliaire.
SIA 384/6 Sondes géothermiques Dimensionnement de sondes géothermiques comme source de cha-
(2010) leur pour pompes à chaleur.
SIA 385/1 Installations d’eau chaude sanitaire dans les Exigences en termes d’isolation thermique, d’énergie auxiliaire et de
(2012) bâtiments – Bases générales et exigences production d’eau chaude.
SIA 385/2 Installations d’eau chaude sanitaire dans les Décrit le dimensionnement et le calcul (énergie et puissance) des sys-
(2014*) bâtiments – méthodes de calcul tèmes de production d’eau chaude.
SIA 2024 Conditions d’utilisation standard pour l’éner- Profils d’utilisation pour 44 types de pièces. Les conditions d’utilisa-
(2006) gie et les installations du bâtiment tion standard n’ont pas encore été reprises dans toutes les normes.
Certaines données, notamment dans le domaine de l’habitation,
sont discutables.
SIA 2028 Données climatiques pour la physique du bâ- Base pour le dimensionnement et le besoin en énergie finale des ins-
(2010) timent, l’énergie et les installations du bâti- tallations de chauffage et de climatisation. Les valeurs horaires sont
ment disponibles au format électronique.
SIA 2031 Certificat énergétique des bâtiments Détermination du besoin en énergie primaire et des émissions de
(2009) CO2. Base pour le CECB.
SIA 2032 L’énergie grise des bâtiments L’énergie grise fait partie de la voie SIA vers ’efficacité énergétique
(2010)
SIA 2040 La voie SIA vers l’efficacité énergétique Mise en œuvre de la société à 2000Watts ou à 1 tonne de CO2 dans
(2011) le bâtiment
SIA 2044 Bâtiments climatisés – Méthode de calcul Décrit des modèles pour SIA 382/2: Installations de ventilation et de
(2013*) standard pour la puissance requise et les be- climatisation, machines frigorifiques, générateurs de chaleur, énergie
soins d’énergie auxiliaire et pertes.
* Publication prévue
163
Energies renouvelables

Exigences pertinentes sur le ]]Respecter soit les exigences en termes de


plan énergétique perte de charge spécifique (valeur R), soit la
puissance des pompes.
Enveloppe du bâtiment ]]Isolation thermique minimale des
Pour le justificatif thermique selon SIA conduites et accumulateurs. *
380/1, on peut choisir entre des exigences ]]Régulation individuelle des pièces, si la
individuelles et des exigences globales. température de départ est supérieure à
Dans le cas de bâtiments avec façades ri- 30 °C. *
deaux et en présence de vitrages de protec-
tion solaire ayant une valeur g < 0,3, la jus- Eau chaude
tification avec des exigences individuelles La norme SIA 385/1 définit des exigences
n’est toutefois pas autorisée. Les exigences hygiéniques et énergétiques pour les sys-
individuelles se basent sur des valeurs U tèmes de production d’eau chaude. Les
maximales des éléments de construction. premières concernent principalement la
Dans le cas de l’exigence globale, le besoin protection contre les légionelles et défi-
en chaleur de chauffage est calculé dans les nissent des températures minimales d’eau
conditions d’utilisation standard et com- chaude. Le système d’alimentation d’eau
paré à une valeur limite ou cible. chaude doit être dimensionné de manière
à ce que l’on atteigne une température de
Installations de chauffage 60 °C à la sortie du chauffe-eau, 55 °C
La norme SIA 384/1 traite essentiellement dans les conduites maintenues chaudes et
du chauffage ambiant. Celui-ci comprend 50 °C au niveau des points de soutirage.
également la production de chaleur pour Pour les logements individuels, ces valeurs
l’eau chaude et les systèmes connectés, sont uniquement recommandées. Elles ne
dans la mesure où il s’agit d’une production s’appliquent pas non plus aux chauffe-eau
de chaleur commune. Cette norme définit instantanés si dans le système de distribu-
des exigences individuelles propres aux dif- tion jusqu’au soutirage, l’eau chaude ne
férents composants et parties du système. stagne pas plus de 24 h à une température
comprise entre 25 et 50 °C.
Les principales exigences sont les suivantes:
]]Température de départ max., p. ex. 35 °C * Ces exigences sont également mention-
pour les chauffages de sol. * nées dans les Prescriptions énergétiques
]]Les chauffages électriques résistifs ne des cantons [1].
doivent pas être utilisés pour la couverture
des besoins de pointe. *

Circuits hydrauliques - Dimensionnement de la production de chaleur


- Pas de chauffage électrique
- Condensation des gaz de combustion dans les chaudières

Puissance spécifique des


pompes ou valeur R maximale

- Isolation thermique sous Isolation thermique des Température de Illustration 215:


le plancher chauffant conduites et accumulateurs départ maximale Aperçu des exi-
- Régulation par local gences individuelles
dans SIA 384/1.
164
Bases et outils

Les principales exigences de la norme sont respect des exigences relatives à la puis-
les suivantes: sance spécifique du ventilateur. En pré-
]]Pas de chauffage purement électrique de sence d’un débit volumique d’air
l’eau dans les bâtiments d’habitation > 1000 m³/h et d’une durée d’exploitation
]]Coefficient de performance min. des > 500 h/an, une récupération de chaleur
pompes à chaleur pour la production d’eau ou une utilisation des rejets thermiques est
chaude obligatoire. Les exigences énergétiques
]]Isolation thermique min. des conduites SIA 382/1 ont été pour l’essentiel reprises
maintenues chaudes et des accumulateurs. dans les prescriptions énergétiques canto-
nales [2].
Sur certains points, les lois cantonales sur Les bâtiments d’habitation sont soumis au
l’énergie ne coïncident pas avec la norme cahier technique SIA 2023. Celui-ci ras-
SIA 385/1. Ainsi, les exigences en termes semble des exigences définies dans
d’isolation thermique sont différentes et d’autres normes et interprète leurs appli-
sont généralement moins strictes que dans cations dans le cas des ventilations des
la norme, de même que les exigences rela- habitations.
tives aux installations solaires. En outre, les
lois sur l’énergie limitent la température de Méthodes de calcul et outils
l’eau chaude à max. 60 °C [1].
Détermination du besoin en chaleur
Installations de climatisation et de ]]Puissance: Le besoin en puissance de
ventilation chauffage est calculé pour chaque pièce
La norme SIA 382/1 traite du dimension- selon SIA 324.201. Par rapport à l’ancienne
nement des installations de ventilation, norme SIA 384/2:1985, la norme SIA
définit des exigences individuelles et règle- 384.201:2005 définit un besoin en puis-
mente la détermination des besoins pour sance de chauffage jusqu’à 30  % plus
le refroidissement et l’humidification. élevé. En effet, des températures exté-
Deux variantes sont possibles pour le rieures plus basses sont utilisées pour le
transport de l’air: respect des exigences dimensionnement. Cet effet inattendu doit
relatives à la vitesse de l’air, à la perte de être corrigé lors d’une prochaine révision
charge et au rendement du ventilateur ou de la norme.

- Pas de production d’eau chaude Hygiène: Température Retards au


purement électrique minimale de l’ECS soutirage
- Prescription pour la production d’eau maximaux
chaude solaire (surface d’ouverture
minimale)
- COP des pompes à chaleur pour l’ECS

Siphonage des
distributeurs et
accumulateurs
Energie auxiliaire
Rendement global de
l’accumulation de
Isolation thermique des chaleur et de la
conduites et accumulateurs distribution
Illustration 216:
Aperçu des exi-
gences individuelles
de la norme SIA
385/1.
165
Energies renouvelables

]]Energie: La norme SIA 380/1 présente chaleur, de l’accumulation et de la produc-


une méthode de réalisation d’un bilan tion de chaleur y sont ajoutées.
mensuel, très utile pour les autorités d’exé- ]]Méthode typologie: On prédétermine
cution et le standard Minergie. Le besoin en pour chaque partie de l’installation des
chaleur de chauffage est calculé à l’aide de degrés d’utilisation, au format tableur. La
programmes certifiés [T1]. Un programme sélection des valeurs de calcul s’effectue à
gratuit mais non certifié est proposé par les l’aide de la description (typologie) de l’ins-
services de l’énergie de Suisse centrale [T2]. tallation. Le tableau 39 illustre à titre
d’exemple la méthode typologie pour le
Couverture des besoins en chaleur COPan de pompes à chaleur. Plutôt qu’un
Méthodes SIA 384/3 Installations de chauf- tableur, on peut également utiliser des
fage dans les bâtiments – Besoin en éner- équations d’approximation. La norme SIA
gie: La norme SIA 384/3 décrit des mé- 384/3 propose des équations simples pour
thodes de détermination du besoin en les installations solaires thermiques et
énergie finale des installations de chauf- l’énergie auxiliaire. La méthode typologie
fage. Les interfaces de calcul pour la cha- permet d’estimer très rapidement le besoin
leur dégagée par l’installation de chauf- en énergie finale dans une phase de plani-
fage sont les suivantes: fication précoce. Etant donné que la mé-
]]Besoin en chaleur de chauffage selon SIA thode typologie, par définition, simplifie et
380/1 émet des hypothèses, le besoin en énergie
]]Besoin en chaleur pour l’eau chaude se- finale déterminé est souvent supérieur à
lon SIA 385/2 (jusqu’à la publication de la celui calculé avec des méthodes plus détail-
norme SIA 385/2, les calculs pouvaient être lées.
effectués avec les valeurs standard de la ]]Méthode Bin: La méthode Bin n’est
norme SIA 380/1). rien d’autre que l’application, dans un pro-
]]Besoin en chaleur des systèmes connec- cédé de calcul, de la méthode graphique
tés, p. ex. piscine couverte privée des fréquences cumulées. Le terme «Bin»
provient de l’anglais et signifie boîte. Les
Le besoin en énergie finale est calculé à besoins annuels de chaleur sont donc clas-
partir des différentes parts du besoin en sés dans différentes boîtes (Bins). Chaque
chaleur. Les pertes de la distribution de Bin correspond à une température exté-

Sens du flux d’énergie

Cahier technique SIA 2031,


SIA 380/1 SIA 384/3 Certification énergétique des
bâtiments ou CECB ou
Minergie
Energie auxiliaire, Energie auxiliaire, Energie primaire ou énergie
distribution production finale pondérée
Besoin de chaleur
f1
de chauffage Qh
Energie finale

f2

Facteur de régulation et Facteurs d’énergie primaire,


pertes du dégagement Pertes de Pertes de ou facteurs de pondération Illustration 217: Li-
de chaleur distribution Pertes de stockage production nationaux mitation et direc-
tion du flux d’éner-
Sens du calcul gie et du calcul se-
lon SIA 384/1.
166
Bases et outils

rieure exprimée par paliers de 1 K. En mul- leur de chauffage mais également la


tipliant la durée du Bin par la puissance du charge calorifique moyenne. Ils sont im-
Bin, on obtient le contenu calorifique du portants dans le cas des systèmes biva-
Bin. Les grandeurs d’entrée sont le besoin lents, car ils influencent l’activation du
en chaleur de chauffage selon SIA 380/1 et générateur de chaleur dédié aux charges
le besoin annuel en chaleur pour l’eau de pointe. Les gains de chaleur irréguliers
chaude et les systèmes connectés. On part n’influent pas sur le besoin en puissance
de l’hypothèse que la charge de chauffage mais influent sur la durée de fonctionne-
augmente de manière linéaire avec la dif- ment des générateurs de chaleur. L’illustra-
férence entre température intérieure et tion 218 représente de façon schématique
extérieure. La charge en ruban sert, elle, la répartition du besoin en chaleur de
de base à la puissance requise pour l’eau chauffage sur les Bins. La somme de tous
chaude sanitaire. La caractéristique de les Bins correspond au besoin en chaleur
puissance des éventuels systèmes connec- de chauffage selon SIA 380/1. L’annexe de
tés doit éventuellement être déterminée. la norme SIA 384/3 décrit des modèles
Le calcul selon SIA 380/1 fournit non seu- pour chaudières, pompes à chaleur et ins-
lement le besoin en chaleur de chauffage tallations solaires thermiques, appropriés à
mais également les pertes (transmission et la méthode Bin. Celle-ci peut être mise en
renouvellement d’air) ainsi que les gains œuvre à l’aide de tableurs. Pour les instal-
de chaleur. Ces derniers sont répartis en lations de pompes à chaleur, l’outil WPesti
une part régulière et une part irrégulière. [T3] est disponible gratuitement.
Les gains internes (personnes, lumière) ]]Méthode des incréments horaires: La
sont supposés être réguliers. Le rayonne- méthode des incréments horaires est la
ment solaire, par contre, est typiquement méthode de calcul la plus précise mais la
irrégulier. Les gains de chaleur réguliers plus complexe. Elle est utilisée lorsque la
réduisent non seulement le besoin en cha- méthode typologie et la méthode Bin ne

Source de Utilisation Condition Label de qualité EHPA


chaleur 2011 3)
COP non COP res-
respecté pecté
Air extérieur Chauffage Chauffage de sol avec 2,4 3,0
température de dé-
part de max. 35 °C
Chauffage Température de dé- 1,8 2,2
part de max. 50 °C
Eau chaude Charge stratifiée 1) 1,8 2,2
Eau chaude Charge par niveau 2) 2,1 2,6
Sonde Chauffage Chauffage de sol avec 3,4 4,3
géothermique température de dé-
part de max. 35 °C
Chauffage Température de dé- 2,5 3,1
part max. 50 °C
Eau chaude Charge stratifiée 1) 1,9 2,4
Eau chaude Charge par niveau 2)
2,2 2,8
1)
Echangeur de chaleur extérieur
2)
Echangeur de chaleur intérieur, c.-à-d. dans l’accumulateur d’eau chaude
Tableau 39: Coeffi- 3)
Pour le label de qualité de l’EHPA 2011, les coefficients de performance suivants
cients de perfor-
sont requis:
mance annuels des
Type Point nominal COP
pompes à chaleur
Pompes à chaleur air-eau A2/W35 3,1
(valeurs standard)
jusqu’à une altitude Pompes à chaleur saumure-eau B0/W35 4,3
maximum de 800 m. Pompes à chaleur eau-eau W10/W35 5,1
167
Energies renouvelables

sont pas applicables et est définie, pour les outils comportent pour certains des pro-
bâtiments climatisés, dans la norme SIA grammes pour les installations solaires
382/2 et dans le cahier technique 2044. (p. ex. Polysun) et l’utilisation de la géother-
Etant donné que dans ces documents, mie. La norme SIA 382/2 définit une exi-
l’eau chaude, l’énergie solaire et la géo- gence globale. Le bâtiment avec les don-
thermie ne sont pas traitées, le domaine nées effectivement prévues est comparé à
d’application est toutefois limité. Dans le un projet de comparaison. Dans le projet de
domaine des énergies renouvelables, des comparaison, les calculs sont effectués pour
programmes de calcul tels que Polysun la même géométrie de bâtiment, mais avec
sont disponibles. Les bases normatives des valeurs standard pour l’enveloppe (va-
pour ces programmes ne sont toutefois leurs U et g), la ventilation, le chauffage et
que partiellement disponibles. la climatisation. Une pompe à chaleur est
présupposée pour le chauffage.
Bâtiments climatisés
Dans le cas des bâtiments climatisés, la puis- Energie électrique
sance requise et le besoin en énergie pour le Dans les bâtiments dotés d’une installation
chauffage et la climatisation sont calculés PV ou autre installation de production
selon SIA 382/2. Le calcul se base sur la mé- d’électricité, on exige souvent que l’électri-
thode des incréments horaires dynamiques cité soit le plus possible utilisée pour cou-
simplifiée de la norme EN 13790. Le cahier vrir les besoins propres. Pour la détermina-
technique SIA 2044 complète la norme avec tion des besoins, on dispose aujourd’hui
des descriptions de modèle pour la détermi- des bases suivantes:
nation et la couverture des besoins (chauf- ]]Le besoin en électricité et en puissance
fage et refroidissement). Le besoin en élec- des éclairages et des installations de trans-
tricité pour le transport d’air est également port interne est calculé selon SIA 380/4.
traité. Les modèles de génération de chaleur ]]Les valeurs correspondantes pour la cli-
se limitent aux pompes à chaleur ainsi matisation et la ventilation sont détermi-
qu’aux chaudières à gaz et à mazout. Avec nées à l’aide de SIA 382/2 et SIA 2044.
l’outil TEC, la norme SIA propose un pro- ]]Pour l’énergie auxiliaire des installations
gramme de calcul relatif à la norme [T4]. de chauffage, des modèles sont dispo-
D’autres programmes du marché rem- nibles dans SIA 384/3 et SIA 2044.
plissent également les exigences de la ]]L’énergie auxiliaire de la production
norme SIA 382/2, p. ex. Lesosai [T5]. Ces d’eau chaude est traitée dans SIA 385/2.

Puissance

Charge calorifique

Bin du besoin en chaleur de chauffage

Gains de chaleur irréguliers


Bin

Illustration 218:
Formation des Bins
Gains de chaleur réguliers du besoin en cha-
Intervalle de temps cumulé leur de chauffage
(schéma).
168
Bases et outils

]]Le besoin des pompes à chaleur est dé- velable et les émissions de gaz à effet de
terminé selon SIA 384/3 et SIA 2044. serre. C’est l’étape 2050 de la société à
]]L’électricité des ménages sera prochaine- 2000 Watts qui y est définie. Elle com-
ment traitée dans SIA 380/4. prend les actions dans les domaines de
l’exploitation (chauffage, eau chaude,
A l’exception de SIA 382/2 et SIA 2044, les ventilation/climatisation, énergie élec-
modèles ne sont pas décrits pour des in- trique), de la réalisation (énergie grise) et
créments horaires. Des programmes de de la mobilité induite par les bâtiments,
calcul permettent toutefois de convertir pour les constructions nouvelles et trans-
des valeurs mensuelles ou annuelles en formations des habitations, bureaux et
valeurs horaires avec une précision suffi- écoles. Les installations énergétiques qui
sante, p. ex. l’outil SIA TEC, qui calcule le alimentent directement le bâtiment se
besoin des éclairages et de l’énergie auxi- trouvent toujours à l’intérieur du périmètre
liaire en incréments horaires. de bilan, les installations alimentant exclu-
sivement des tiers, en dehors. Les applica-
Standards de construction tions spéciales très énergivores ne sont pas
prises en compte.
Facteurs de pondération Outil de calcul: www.sia.ch [T6].
Dans les standards énergétiques, l’énergie
finale est pondérée. La norme SIA fonc- Minergie
tionne avec des facteurs d’énergie pri- Pour les bâtiments nouveaux, les standards
maire non renouvelable et des coefficients Minergie exigent tout d’abord une bonne
pour les gaz à effet de serre. Les cantons isolation thermique. La valeur exigée par
et Minergie utilisent des facteurs de pon- Minergie est comparée à la valeur limite de
dération nationaux [3]. L’une des princi- SIA 380/1. La seconde exigence énergé-
pales différences entre les deux systèmes tique concerne l’indice énergétique pon-
de pondération se situe dans la biomasse. déré, formé sur la base des facteurs de
La valeur relativement élevée de 0,7 pour pondération nationaux. Cet indice contient
le facteur de pondération national peut se le besoin pour le chauffage, la production
justifier par le fait que la disponibilité de la d’eau chaude et la ventilation/climatisa-
biomasse en Suisse est limitée. Seule une tion. Les standards Minergie-P et Miner-
faible partie de la consommation actuelle gie-A incluent en supplément l’énergie
en mazout et en gaz pourrait être substi- auxiliaire. Minergie-A exige un bilan éner-
tuée par de la biomasse. gétique nul pour le chauffage, l’eau
chaude et l’énergie auxiliaire. Les concepts Tableau 40: Facteurs
La voie SIA vers l’efficacité énergétique avec une biomasse pouvant être stockée et d’énergie primaire,
La voie SIA vers l’efficacité énergétique une installation solaire thermique couvrant coefficients de gaz
(SIA 2040) définit des valeurs indicatives et au moins 50 % du besoin en chaleur font à effet de serre et
facteurs de pondé-
cibles pour l’énergie primaire non renou- exception. Dans ce cas, un indice énergé-
ration nationaux.
Forme d’énergie Facteur d’énergie primaire non renouve- Coefficient de gaz à effet de serre Facteurs de pondé-
lable ration nationaux
kWhPENE/kWhEND absolu Rapport au mazout Absolu en kg/kWh Rapport au mazout
Mazout 1,23 1 1,076 1 1
Gaz naturel 1,11 0,90 0,857 0,80
Bois en bûches 0,05 0,04 0,051 0,05 0,7
Granulés de bois 0,21 0,17 0,130 0,12
Electricité, mix de 2,64 2,15 0,533 0,50 2
consommation
suisse
Chauffage à dis-
tance
]]Déchets 0,80 0,65 0,583 0,54 0,6
]]Bois 0,10 0,08 0,169 0,16
]]Géothermie 0,12 0,10 0,051 0,12
169
Energies renouvelables

tique pondéré de 15 kWh/m² est admis. Le La comparaison montre que:


site Internet www.minergie.ch contient les ]]Lorsque dans un bâtiment Minergie-P,
informations, exigences et outils relatifs une bonne installation de pompe à chaleur
aux standards. est réalisée, aucune installation solaire
n’est nécessaire.
Minergie et voie SIA vers l’efficacité ]]Pour atteindre la voie SIA vers l’efficacité
énergétique énergétique, une installation PV relative-
Les tableaux 41, 42 et 43 illustrent, dans ment modeste est suffisante.
l’exemple d’un immeuble d’habitation, la ]]En combinaison avec un chauffage à gra-
quantité d’énergie renouvelable néces- nulés, une production d’eau chaude solaire
saire pour atteindre les standards Miner- (degré de couverture env. 60 %) suffit pour
gie-P, Minergie-A et la voie SIA vers l’effi- atteindre le standard Minergie-P.
cacité énergétique. On présuppose que le ]]Pour atteindre les valeurs indicatives de
besoin en chaleur de chauffage, dans la voie SIA vers l’efficacité énergétique,
toutes les variantes, s’élève à 60 % de la
valeur limite de SIA 380/1. En ce qui Hypothèses pour l’exemple de bâtiment
concerne la voie SIA vers l’efficacité éner- Région climatique: Zurich MétéoSuisse
gétique, on présuppose que la valeur indi- Surface de référence énergétique: AE =1000 m2
cative de l’énergie d’exploitation est in- Besoin en chaleur de chauffage avec utilisation stan-
cluse. Pour la production de chaleur, deux dard: Qh = 100 MJ/(m2 an) (27,8 kWh/m2 an)
concepts sont comparés: Aération douce, récupération de chaleur 80 %, besoin
]]Chauffage et production d’eau chaude à en électricité: 2,5 kWh/(m2 an)
l’aide d’une pompe à chaleur à sondes Coefficient de performance annuel de la pompe à cha-
géothermiques, production d’électricité leur pour le chauffage: 4,3
avec du photovoltaïque Coefficient de performance annuel de la pompe à cha-
]]Chaudière à granulés de bois et installa- leur pour l’eau chaude: 2,8
tion solaire thermique pour l’assistance au Rendement de la chaudière à granulés: 80 %
chauffage et la production d’eau chaude Production des installations solaires thermiques selon la
méthode typologie: SIA 384/3
Energie auxiliaire: 1,0 kWh/(m2 an)
Production photovoltaïque: 900 kWh/kWc

Variante Minergie Minergie-P Minergie-A Tableau 41: Exi-


gences énergé-
Exigence primaire (% de la valeur limite du besoin en chaleur de 90 % 60 % 90 %
tiques des standards
chauffage selon la norme SIA 380/1)
Minergie.
Indice énergétique pondéré (kWh/(m2 an)) 38 30 0 ou 15

Variante Minergie-P Minergie-A Objectifs Tableau 42: Va-


SIA riante de la pompe
à chaleur et du pho-
Besoin en énergie électrique pour pompe à chaleur, ventilation, 15,0 15,0 15,0
tovoltaïque. Ener-
énergie auxiliaire (kWh/(m2 an))
gie en fonction de
Puissance installée photovoltaïque 0 kWp 17 kWp 4,7 kWp la surface de réfé-
Production photovoltaïque (kWh/(m2 an)) 0 15,0 4,2 rence énergétique.
Bilan annuel (énergie finale), (kWh/(m2 an)) 15,0 0 11,2
Tableau 43: Va-
riante des granulés
Variante Minergie-P Minergie-A Objectifs
de bois et de l’ins-
SIA
tallation solaire
Surface d’absorbeur des capteurs solaires (m2) 50 150 0
thermique. Energie
Production de chaleur de l’installation solaire (kWh/(m2 an)) 12,5 29.6 0 en fonction de la
Production de chaleur de la chaudière à granulés (kWh/(m2 an)) 26,5 9,3 38,9 surface de réfé-
Besoin énergétique final en granulés (kWh/(m2 an)) 33,1 11,6 48,6 rence énergétique.
170
Bases et outils

aucune installation solaire n’est nécessaire [T4] SIA TEC Tool: Programme relatif à SIA
avec un chauffage à granulés. Cela résulte 382/2. www.energytools.ch
du faible facteur de pondération pour les [T5] Lesosai 7.2: Pack logiciel pour les
granulés. Avec ce concept, même le stan- calculs énergétiques dans le bâtiment.
dard de base de Minergie ne serait pas at- www.lesosai.com
teint. [T6] Outil SIA Objectifs de performance
]]Minergie-A définit dans les deux va- énergétique 2040: www.energytools.ch
riantes de production de chaleur les exi-
gences les plus strictes et requiert obliga- Abréviations
toirement l’utilisation de l’énergie solaire. CEN Comité Européen de Normalisa-
]]Pour Minergie-A et pour la voie SIA vers tion
l’efficacité énergétique, on a supposé que UE Union européenne, www.cen.eu
l’enveloppe du bâtiment est mieux isolée EPBD Energy Performance of Buildings
que ne l’exigent au minimum ces stan- Directive
dards. En d’autres termes, dans les deux EHPA European Quality Label for Heat
standards, l’isolation thermique pourrait Pumps (anciennement DACH)
être réduite si en contrepartie, des installa- PV Photovoltaïque
tions solaires étaient réalisées ou agran- SIA Société suisse des ingénieurs et
dies. des architectes, www.sia.ch

Annexe

Bibliographie et sources
Les normes et documentations de la SIA
sont présentées dans le tabl. 38.
[1] Aide à l’exécution EN-3: Installations de
chauffage et d’eau chaude, édition janvier
2009 [4]
[2] Aide à l’exécution EN-4: Installations de
climatisation et de ventilation [4]
[3] Facteurs de pondération énergétique
nationaux. www.endk.ch
[4] Aide à l’exécution relative au MoPEC
2008. Disponible sur le site Internet de la
Conférence des directeurs cantonaux de
l’énergie (EnDK) www.endk.ch

Outils
[T1] Liste des programmes informatiques
certifiés pour SIA 380/1: www.endk 
Professionnels  Aide
[T2] Programme de calcul pour le calcul et
la construction optimisés sur le plan éner-
gétique (SIA 380/1): Acquisition sur www.
energie-zentralschweiz.ch  Exécution
(p. ex. sélectionner Canton de Lucerne) 
Aides à la planification
[T3] WPesti: Outil de calcul des coefficients
de performance annuels de pompes à cha-
leur. Base Excel. Disponible sur www.endk.
ch
Chapitre 13

Subventions

Hans-Heiri Frei, Modèles de subvention tions est contrôlé par la quantité de fonds
René Burkhard En 2009, l’Europe a défini des objectifs cli- disponible.
matiques et énergétiques obligatoires Inconvénients: La rétribution du courant
pour 2020 («20-20-20»): Par rapport à injecté ne permet pas de garantir que les
1990, réduire de 20 % les émissions de objectifs quantitatifs politiques pourront
CO2 (protection du climat), augmenter à être effectivement atteints avec les moyens
20 % la part de la production d’énergie financiers disponibles. Ce modèle de sub-
renouvelable RES (Renewable Energy vention ne crée aucun lien entre les pro-
Sources) et accroître de 20 % l’efficacité ducteurs et le marché de l’électricité. Les
énergétique. La mise en œuvre doit s’ef- installations ne réagissent pas aux fluctua-
fectuer à l’échelle nationale, ce qui a tions des prix du marché de l’électricité.
donné naissance à de nombreux modèles Lorsque la demande est faible, il n’y a au-
de subvention différents. La Suisse a elle cune incitation à désactiver les installa-
aussi défini des objectifs climatiques et tions. En outre, la détermination du taux
énergétiques, et a créé ses propres méca- de subvention par le législateur est difficile
nismes de subvention ou taxes d’incita- et ne varie pas selon l’efficacité énergé-
tion. Il existe plusieurs possibilités de sub- tique de chaque région.
ventionner la construction d’installations
de production d’électricité à partir d’agents Modèle de la prime ou du bonus
énergétiques renouvelables. Le modèle du bonus est un modèle de sub-
vention clair, facile à mettre en œuvre et à
Rétribution du courant injecté ajuster. L’électricité produite est vendue en
(«Feed-in Tariff») bourse de la même manière que l’électri-
Les producteurs d’énergie renouvelable cité issue de centrales conventionnelles. Le
perçoivent, sur une période donnée, un producteur perçoit le prix du marché plus
tarif d’injection fixe pour chaque kWh pro- un supplément fixé par le législateur pour
duit. Le montant de cette rétribution se plusieurs années (éventuellement selon la
base sur une installation de référence opti- technologie). Le bonus est déterminé pour
male, sur la production moyenne suppo- un site idéal et ajusté régulièrement par le
sée et sur la durée de vie du système. Le législateur en fonction des progrès techno-
taux de subvention est donc différent pour logiques. Le nombre de nouvelles installa-
chaque technologie et est régulièrement tions à subventionner, et par là le volume
ajusté en fonction du progrès technique et de subvention, peuvent être limités.
de l’évolution des prix des installations. Avantages: Ce modèle favorise le déve-
Avantages: Cette approche offre aux in- loppement efficace de la production d’élec-
vestisseurs une grande sécurité de planifi- tricité renouvelable. Les producteurs sont
cation et d’investissement et permet une en étroite relation avec le marché réel de
extension rapide des capacités de produc- l’électricité. Ils sont incités à désactiver
tion. Grâce à la rétribution de la produc- leurs installations dès que le prix du marché
tion effective, les exploitants sont incités à est inférieur à la différence entre les coûts
optimiser l’exploitation et la maintenance de production et le supplément (intéres-
de leurs installations. Les taux de subven- sant p. ex. pour les installations à biogaz).
tion spécifiques aux différentes technolo- Une planification de la production et un
gies empêchent toute concurrence entre comportement régi par les lois du marché
elles. Ce modèle de subvention permet sont primordiaux. Les producteurs sont in-
également de subventionner les nouvelles cités à innover et à choisir le meilleur site
technologies non encore commercialisées. possible afin d’obtenir la meilleure rentabi-
Le développement global des construc- lité.
172
Subventions

Inconvénients: Comme dans le modèle de Inconvénients: Les objectifs d’extension


rétribution du courant injecté, les objectifs doivent être définis de façon réaliste pour
de développement ne sont pas forcément empêcher une augmentation importante
atteints. Le producteur doit supporter le des coûts de l’électricité. Les investisseurs
risque lié au marché, ce qui peut a priori subissent l’insécurité relative aux fluctua-
faire obstacle à sa décision d’investissement. tions des prix de l’électricité et des certifi-
Le couplage avec le marché de l’électricité cats. L’investissement s’effectue en priorité
reste altéré par la prime supplémentaire, dans les technologies présentant les coûts
mais moins que dans le cas du modèle de la de production les plus faibles. Cette opti-
rétribution du courant injecté. Pour le légis- malisation à court terme du portefeuille
lateur, la fixation régulière du taux de sub- technologique empêche le développe-
vention est difficile car il doit estimer non ment de technologies d’avenir pour l’ins-
seulement le progrès technique mais égale- tant relativement coûteuses. Dans la pra-
ment l’évolution des prix de l’électricité. tique, on a pu constater qu’il est difficile
d’appliquer des amendes suffisamment
Quote-part élevées. Ainsi, les fournisseurs d’énergie
Le législateur détermine, à l’aide de préfèrent ne pas respecter leur quote-part
quotes-parts obligatoires, quel pourcen- et payer les amendes, plutôt que structu-
tage de l’énergie doit provenir de sources rer effectivement leurs capacités de pro-
renouvelables. Les fournisseurs ou produc- duction ou d’acheter des certificats.
teurs d’électricité doivent mettre en œuvre
ces objectifs de production dans la période Subvention des énergies
considérée et produire des certificats dont renouvelables
le volume correspond à la quote-part fixée.
Si le fournisseur d’électricité ne respecte A son entrée en vigueur en 1998, la Loi sur
pas cette quote-part, il est sanctionné. l’énergie prévoyait déjà une subvention
Cette quote-part constitue certes une inci- pour la production d’électricité à partir
tation économique à investir dans les ins- d’énergies renouvelables, le financement
tallations de production. Cependant, elle des frais supplémentaires (FFS). Les pro-
peut également être respectée par l’achat ducteurs d’électricité renouvelable se
de certificats RES vendus par d’autres pro- voyaient garantir pour l’énergie en excès
ducteurs ayant dépassé leur quote-part. Il injectée (énergie produite moins besoin en
faut donc disposer d’une place de marché énergie directement couvert) un tarif de
(p. ex. bourse) pour les certificats, dont le rétribution moyen de 15 ct./kWh. En 2008,
prix dépend du rapport entre l’offre et la 2274 installations bénéficiaient du FFS, ce
demande. L’électricité produite est com- qui représentait env. 50 millions de francs
mercialisée sous forme d’électricité grise. de subvention pour une production de
Les coûts supplémentaires des nouvelles 554,8 GWh.
installations de production, y compris la En raison du lancement de la rétribution à
vente de certificats, sont facturés aux prix coûtant du courant injecté (RPC), la
clients finaux. subvention des installations de production
Avantages: En théorie, l’objectif de pro- par FFS reste applicable jusqu’en 2035
duction d’électricité renouvelable peut seulement. Certaines installations nou-
être facilement atteint. Les producteurs velles bénéficiant du FFS ont pu changer
sont en concurrence sur le marché de pour la RPC.
l’électricité et des certificats. La pression
sur les prix qui en résulte incite à investir Rétribution à prix coûtant du courant
dans le progrès technologique. Les inves- injecté
tissements sont efficaces, car ils sont réali- La RPC a été introduite avec la révision de
sés lorsque les coûts d’investissement sont la Loi sur l’énergie en 2009. L’objectif de la
inférieurs aux coûts des certificats propo- Loi sur l’énergie est d’augmenter, entre
sés à la vente. 2000 et 2030, la production annuelle
173
Energies renouvelables

d’électricité renouvelable de 5400 GWh ce lisation. Si le responsable du projet ne par-


qui, au moment de l’entrée en vigueur de vient pas à respecter un délai et qu’aucune
la loi, correspondait à env. 10 % de la raison valable ne justifie une extension de
consommation suisse d’électricité. La RPC celui-ci, la décision positive est révoquée et
subventionne la production d’électricité les fonds de la RPC réservés à ce projet sont
issue de l’énergie solaire, de la géothermie, débloqués pour un autre projet. Lorsque
de l’éolien, de l’hydraulique jusqu’à 10 MW l’installation est réalisée dans les délais,
ainsi que de la biomasse et des déchets de l’exploitant perçoit la rétribution RPC pen-
biomasse. Elle se base sur le prix de revient, dant les 10 à 25 ans de sa durée de vie, à
applicable au cours de l’année de réalisa- compter de la mise en service.
tion, d’installations de référence corres-
pondant à la technologie la plus efficace Financement de la RPC
du moment. Pour la biomasse, l’éolien, la Le financement de la RPC s’effectue d’une
géothermie, l’hydraulique et le photovol- part via un supplément sur le prix de l’élec-
taïque, le recouvrement des coûts est at- tricité. Celui-ci est légalement limité à max.
teint après 25, 20 ou 10 ans. 1,4 ct./kWh. Les exploitants du réseau de
distribution facturent ce supplément aux
RPC: Demandes, réalisation et délais consommateurs finaux sur la base de
Les projets de production d’électricité à l’électricité consommée et versent eux-
partir d’énergies renouvelables peuvent, mêmes ce supplément au fonds de sub-
depuis mai 2008, être annoncés auprès de vention, sur la base des consommations
Swissgrid (gestionnaire du réseau de trans- finales dans le réseau de distribution. Avec
port très haute tension suisse) pour la RPC. une consommation finale en Suisse d’env.
Le responsable du projet reçoit de Swissgrid 58 TWh en 2012, le supplément max. at-
une «décision de subvention positive» ac- teint une somme de subvention annuelle
compagnée de délais pour la notification max. d’env. 810 millions de francs. Ces
de l’avancement du projet et de la mise en fonds de subvention permettent égale-
service. Ces délais diffèrent selon la techno- ment de financer d’autres programmes de
logie et ses durées d’autorisation et de réa- la Confédération: Le financement des frais

Fonds de
subvention:
Fondation Attribution
RPC

Déclaration Swissgrid Données de production

Attribution
Fournisseur (max. 1.4 ct./
kWh)
él.

Rétribution Prix du marché Prix du marché Prix de l’énergie


Producteur GB-ER GB Client final

Données de production

Flux d’énergie
Flux financier Illustration 219:
Flux d’information Fonctionnement de
Prix du marché = Moyenne pondérée en quantité des prix au comptant négociés quotidiennement en bourse la rétribution à prix
pour l’électricité, pour le marché suisse (déterminée trimestriellement par l’OFEN) coûtant du courant
injecté RPC.
174
Subventions

supplémentaires, les appels d’offres pu- répartition est calculée à l’aide des consom-
blics pour l’augmentation de l’efficacité, la mations finales de tous les autres groupes-
couverture des risques de forage pour les bilan. Le GB-ER verse en outre les rétribu-
projets de géothermie et les rembourse- tions aux producteurs chaque trimestre, en
ments aux gros consommateurs. La se- fonction de la production effective. Pour
conde source de prélèvement est la vente cela, l’exploitant du réseau de distribution
de l’énergie produite au prix du marché. Le fournit les données de production des ins-
prix du marché défini pour la RPC corres- tallations RPC de son réseau à la fondation
pond à la moyenne pondérée en quantité RPC. Celle-ci verse au GB-ER la différence
des prix au comptant négociés quotidien- entre les rétributions totales à tous les pro-
nement en bourse pour l’électricité, pour ducteurs et les recettes de la vente de l’éner-
le marché suisse. L’OFEN détermine et pu- gie au prix du marché.
blie cette valeur chaque trimestre. Depuis
le lancement de la RPC en 2009, le prix du Situation de la RPC fin 2012
marché a globalement baissé: Fin 2012, plus de 32 600 projets avaient
Etant donné que les rétributions accordées déjà été déclarés pour une subvention
aux producteurs d’électricité sont fixes (ct./ RPC. La répartition selon les différentes
kWh), la part de la subvention qui doit être technologies est illustrée dans le tabl. 44.
versée par le fonds de subvention RPC aug- 7246 projets ont reçu une décision posi-
mente à mesure que le prix du marché tive, dont plus de 4800 sont déjà en ex-
baisse. Cela représente un défi important ploitation (tabl. 45). En raison de la limita-
pour la gestion du fonds de subvention et tion légale des fonds («plafond RPC»),
la planification à long terme, car la capa- tous les projets n’ont pas pu être acceptés,
cité de paiement du fonds de subvention ce qui représente plus de 24 600 projets
doit rester garantie à tout moment et à placés sur liste d’attente. Presque 1000
long terme. demandes ont entre-temps été retirées ou
les décisions positives ont été révoquées,
RPC: Injection, vente, paiement par exemple pour dépassement des délais.
Le GB-ER (groupe-bilan pour les énergies
renouvelables) est chargé de prévoir la veille RPC: Evolution à court et moyen
l’injection quotidienne des installations RPC. terme
Ces plans directeurs prévisionnels sont ven- La RPC a été évaluée en 2011 par le
dus au prix du marché, sur la base d’une clé Contrôle fédéral des finances et en 2012
de répartition, aux groupes-bilan ayant des dans le cadre d’une étude mandatée par
consommateurs finaux en Suisse. La clé de l’OFEN. Ces 2 évaluations ont attesté de

Fr./MWh

140
120
100
80
60
40
20
0
Illustration 220: Prix 2009 2010 2011 2012
du marché entre
2009 et 2012.
175
Energies renouvelables

l’efficacité de la RPC mais ont déploré sa ]]Les nouvelles constructions d’installa-


complexité due aux prescriptions légales tions photovoltaïques doivent rester sous
en vigueur. Dans la prochaine révision de contrôle de contingents annuels.
la loi, il faudra donc simplifier le calcul des ]]Les petites installations photovoltaïques
taux de rétribution et réduire le nombre d’une puissance < 10 kWc doivent être
d’acteurs concernés dans le déroulement subventionnées par des rétributions
de la procédure. uniques.
En automne 2012, le Conseil fédéral, en ]]Simplification de l’exécution par la prise
réaction à la catastrophe nucléaire de Fu- en compte des recommandations des éva-
kushima, a présenté un projet de paquet luations réalisées.
législatif pour la mise en œuvre du tour- On ne sait pas encore quels éléments de la
nant énergétique, avec la «Stratégie éner- Stratégie énergétique 2050 seront effecti-
gétique 2050». La Loi sur l’énergie, donc vement repris dans la Loi sur l’énergie.
également la RPC, sont largement concer- L’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur
nées par ce projet. Deux éléments essen- l’énergie est toutefois attendue pour le
tiels de la stratégie énergétique sont l’aug- début 2016. En attendant, une initiative
mentation de l’efficacité énergétique et parlementaire (pa. Iv. 12.400: «Libérer les
l’extension des énergies renouvelables. investissements dans le renouvelable sans
pénaliser les gros consommateurs») pren-
Dans ce contexte, les éléments suivants de dra de l’avance sur certains éléments de la
la RPC doivent être révisés: Stratégie énergétique 2050, notamment
]]Augmentation de l’efficacité énergé- en ce qui concerne les rétributions uniques
tique et ainsi extension du programme pour les petites installations PV, l’accrois-
«Appels d’offres publics» sement des moyens de subvention par une
]]Elévation du plafond financier pour les élévation du supplément max. de 1,4 ct./
installations utilisant l’énergie hydraulique, kWh et l’augmentation des rembourse-
éolienne, la biomasse et la géothermie: La ments aux gros consommateurs.
liste d’attente pour ces technologies doit
être totalement supprimée. Les nouvelles Evolution de la RPC
demandes doivent recevoir sans délai une L’objectif premier de la RPC est de soutenir
décision positive. les différentes technologies jusqu’à leur

Technologie Nombre de demandes Puissance demandée Production prévue


Absolue Relative Absolue Relative Absolue [GWh] Relative
[MW]
Biomasse 631 1,93 % 609,078 11,98 % 3,560 671 428 28,75 %
Géothermie 4 0,01 % 4,810 0,09 % 0,03 0,23 % Tableau 44: Déclara-
Photovoltaïque 29 753 91,18 % 1 319,153 25,94 % 1,250 785 609 10,10 % tions pour la rétri-
Hydraulique 1174 3,60 % 904,223 17,78 % 3,482 744 013 28,12 % bution à prix coû-
tant du courant in-
Eolien 1070 3,28 % 2 248,822 44,22 % 4,064 091 514 32,81 %
jecté (RPC) (état fin
Total 32 632 100,00 % 5 086,086 100,00 % 12,386 990 164 100,00 % 2012).

Technologie Nombre Puissance Production Rétribution Part provenant Part provenant


d’instal- installée 2012 versée de la vente au de fonds de Tableau 45: Rétribu-
lations (MW) (GWh) (millions prix du marché subvention tion à prix coûtant
de Fr.) (millions de Fr.) (millions de Fr.) du courant injecté
Biomasse 192 167,2 437,6 89,8 26,8 63,0 (RPC) en 2012 (ins-
Photovoltaïque 4316 120,7 83,9 45,1 4,8 40,4 tallations en exploi-
Hydraulique 280 128,9 554,1 84,8 32,1 52,7 tation, données de
production et de ré-
Eolien 16 24,2 47,0 8,8 2,9 5,9
tribution, état fin
Total 4 804 441,0 1122,7 228,5 66,6 161,9 2012).
176
Subventions

commercialisation, de manière à ce que les


installations de production puissent en-
suite exister sur le marché libre. A partir de
2020, la stratégie énergétique prévoit que
cette subvention soit supprimée au profit
d’une taxe d’incitation, réunissant les ob-
jectifs de la politique énergétique et clima-
tique dans un seul instrument. Les installa-
tions bénéficiant de la RPC sont soumises
à la protection des droits acquis jusqu’à la
fin de leur durée de rétribution. Des déci-
sions de subvention positives seront pro-
bablement encore accordées jusqu’en
2020, mais la durée de rétribution doit
être réduite à 15 à 20 ans. Ainsi, les der-
nières rétributions devraient être versées
dans les années 2035 à 2040.

Stratégie énergétique 2050


Pour 2050, la stratégie énergétique pré-
voit que la production nationale moyenne
issue d’énergies renouvelables s’élève au
min. à 24 220 GWh. La production hydrau-
lique doit être étendue d’ici là à 38 600
GWh. Cela implique une forte augmenta-
tion de la production décentralisée et des
exigences plus strictes en matière d’inté-
gration de la production renouvelable,
notamment d’adaptation des courbes de
production et de consommation, afin de
garantir une exploitation fiable des ré-
seaux électriques. Dans le même temps,
les énergies renouvelables doivent être in-
tégrées au marché, ou les règles du mar-
ché doivent être complétées avec les mo-
dèles de production correspondants. Au-
jourd’hui, la RPC est souvent critiquée sur
le fait que la rétribution des producteurs,
toujours identique, est indépendante du
besoin. Si des incitations sont créées, il
faut donc rétribuer la production d’électri-
cité en fonction de la demande. Toutefois,
le relevé et la transmission des données de
production des installations concernées
devront pour cela s’effectuer «en ligne»
(en temps réel). L’équipement technique
de la plupart des installations RPC, par
exemple les compteurs et la connexion in-
formatique (réseaux et compteurs intelli-
gents), n’y est pas encore préparé.
Chapitre 14

Annexe

Auteurs

Hanspeter Eicher, Prof. Dr, ingénieur mé- Mike Keller, ingénieur civil dipl. HES. Di-
canicien dipl., physicien dipl. Directeur recteur de Biopower Nordwestschweiz
CAS Energies renouvelables à la HES-NW. AG, Liestal.
Responsable du groupe Energies renouve-
lables du Programme Energie 2000. Co- Peter Meier, Dr, ingénieur en génie rural
fondateur d’Edisun Power (Photovol- dipl. EPF. Directeur de Geo-Energie Suisse
taïque), ADEV (Production d’énergie re- AG, Bâle.
nouvelable). Président du CA du bureau
d‘étude Dr. Eicher + Pauli AG. Reto Rigassi, ingénieur électricien dipl.
HES, études postgrades Energie HES. Di-
Rainer Bacher, Dr sc. techn. EPFZ. CEO recteur de Suisse Eole, Association pour la
Bacher Energie AG, Baden. Chargé de promotion de l’énergie éolienne en Suisse.
cours à la division ITET / Power Systems
Laboratory de l’EPFZ. Matthias Rommel, Prof., physicien dipl.
Directeur de l’Institut de Technique solaire
Christof Bucher, MSc. EPF ETIT (Electro- SPF et chargé de cours Energies renouve-
technique et technologie de l’informa- lables et technique environnementale à la
tion), certificat universitaire. Concepteur Haute école spécialisée de Rapperswil
spécialisé d’installations photovoltaïques HSR.
chez Basler & Hofmann AG, Chef de pro-
gramme CAS Photovoltaïque et solaire Daniel Trüssel, ingénieur en technique du
thermique dans le bâtiment (EN Construc- bâtiment dipl. HES, ingénieur en économie
tion). dipl. HES. Directeur adjoint chez Dr. Eicher
+ Pauli AG
René Burkhard, ingénieur en matériaux
dipl. EPFZ, Dr sc. techn. EPF, MBA EPFZ. Maurus Wiget, ingénieur en génie des
Chef de la division «Energies renouve- procédés dipl. HES. Chef de projet seniors
lables et attestations d’origine» chez bois-énergie chez Dr. Eicher + Pauli AG
Swissgrid.

Hans-Heiri Frei, ingénieur électricien dipl.


EPF. Directeur du groupe «RPC» chez
Swissgrid.

Philippe Hennemann, ingénieur CVC


dipl. HES. Membre de la direction de Dr.
Eicher + Pauli AG, Liestal.

Heinrich Huber, ingénieur mécanicien


dipl. et ingénieur CVC dipl. HES, MAS
HES-NW Construction durable. Chargé de
cours pour la technique du bâtiment à la
FHNW, directeur de l’Agence Minergie
Bâtiment.
178
Annexe

Répertoire des mots-clés

A Chaleur basse température  18


Absorbeur  25 Chaleur de chauffage  7
Absorbeur solaire  70 Chaleur de processus  5, 8, 18
Accumulateur  70 Chaleur de processus industrielle  11
Accumulateurs de chaleur  102 Chaleur rejetée  21
Accumulateurs solaires  31 Chaleur solaire  23
Air primaire  100 Charge stratifiée  37
Air secondaire  100 Chaudière à bûches  92
Amorphe  42 Chaudière à granulés  169
Angle de pale  128 Chaudière à granulés de bois  98
Appareil de climatisation split  153 Chauffage  5, 6
Arséniure de gallium  42 Chauffage à bois automatique  92
Chauffage à distance  8
B Chauffages à bois à alimentation
Bâtiments de service  20 manuelle  94
Batteries de voitures électriques  145 Chauffages électriques résistifs  163
Besoin en puissance de chauffage  164 Chemin de fer  12
Biodéchets  114, 119 Choix d’un système  17
Biogaz brut  112 Clapets anti-retour  32
Biogaz pur  112 Climatisation  5
Biomasse  13, 160 Co-digestion  119
Bois de feuillu  90 Coefficient de performance  68
Bois de résineux  90 Coefficient de puissance  127
Bois en bûches  86 Coffret de raccordement du
Bois forestier  85 générateur  44
Bois hors forêts  85 Comportement de stagnation  36
Bois usagé  85, 86, 88 Compresseur  66
Branche  42 Compteur d’électricité  55
Bus  12 Concentrateur Dish  39
Concepts d’accumulateur combiné  36
C Condenseur  66, 73
Câble solaire  44 Conditionnement de l’air  153
Capacité de production  149 Consommation finale d’énergie  3
Capteur cylindro-parabolique  39 Constante solaire  25
Capteur de Fresnel  39 Convoyeur à vis  101
Capteurs à concentration  39 COP  69
Capteurs à tubes  159 Copeaux de scierie  88
Capteurs hybrides  60 Cornues  99
Capteurs solaires  24 Co-substrat  119
CCF  145 Couche mince  42
Cellule photovoltaïque  41 Couplage chaleur-force  10
Cellule solaire  41 Couplages chaleur-force  109
Centrales à cycle combiné à gaz et Courant continu  44
à vapeur  149 Cristallines  42
Centrales à gaz  145 Critères relatifs à la rentabilité  17
Centrales fossiles  145 Critères relatifs au site  17
Centrales nucléaires  145 Cuivre indium diselenide  42
CFC  75 Cuvettes  99
179
Energies renouvelables

Cycle de Carnot  65 Fluide solaire  30


Cycle organique de Rankine Foyer à grille  101
(ORC)  109, 140 Foyer à propulsion inférieure  100
Frein à disque  127
D Froid climatique  153
Degré de technicité  153 Fumier  119
Départ du capteur  29
Détendeur pour la diminution  66 G
Détente  73 Générateur  127
Diesel  112 Géothermie  13, 135
Diffusion  24 Géothermie profonde  10, 135
Diodes de dérivation  43 Gestion de la charge  151
Disjoncteur à courant de défaut  45 Granulés de bois  87, 88
Disposition split  79 GWP  74

E H
Eau chaude  5, 163 HCFC  75
Eaux de surface  71, 135, 153, 156 Héliostat  40
Eaux du sol  153 Heures à pleine charge  51
Eaux souterraines  9, 71, 79, 153, 156 HFC  75
Echangeur de chaleur à plaques  37 High-flow  30
Echangeurs de chaleur solaires à Hôpitaux  21
tube en spirale  36
Eclairage  5 I
Ecorce  88 Indice de performance de Carnot  66
Emissions de CO2  4, 161 Indice d’excès d’air  92
Emissions de monoxyde de carbone  92 Industrie agroalimentaire  118
Energie auxiliaire  167 Informatique et communication  5
Energie de régulation  149 Installation de biofiltration  123
Energie éolienne  13 Installations à absorption  158
Energie hydraulique  13 Installations de chauffage  163
Energie primaire  161 Installations de combustion  86
Energie solaire  159 Installations de production
Energies renouvelables  5 d’eau chaude  29
Enveloppe du bâtiment  163 Installations de ventilation  164
Essence  112 Installations domestiques  5
Evaporateur  66, 73 Installations Hot-Dry-Rock  10
Exigences globales  163 Installations hydrothermales  135
Extraction des cendres  100 Installations «Low-flow»  30
Installation solaire thermique  169
F Installations pétrothermales  137
Facteur de forme  126 Intégration dans le bâtiment  48
Facteur d’énergie primaire  168 Interrupteur principal AC  55
Facteurs de pondération  168 Interrupteurs DC  55
Feed-in Tariff  171 Isentrope  65
Fermentation  105 Isolation thermique minimale  163
Fermenteur  106 Isotherme  65
Filtres à particules  103
Financement des frais L
supplémentaires  172 Laboratoires  21
Fluide frigorigène  74 Lacs de retenue  145
Fluide frigorigène naturel  74 Lesosai  167
180
Annexe

Limiteur de surtension  45 Procédé de traitement du gaz PSA  111


Lisier  119 Processus  5
Loi fédérale sur l’approvisionnement Processus à absorption  157
en électricité  151 Processus industriels  158
Loi sur l’énergie  151 Production d’eau chaude  6
Production de cendres  93
M Production d’électricité  148
Machines de froid  153 Production d’énergie
Matière sèche  107 renouvelable RES  171
Maximum Power Point (MPP)  41 Projets EGS  138
Médias de divertissement  5 Protection anti-brûlures  34
Mesure du courant injecté  57 Protection contre la foudre  45
Méthode Bin  165 Protection du climat  171
Méthode des incréments horaires  166 Purges  32
Microturbines à gaz  109
Minergie  168 Q
Mobilité  13 Qualité énergétique  18
Mobilité nationale  5
Modèle de la prime  171 R
Modèle de rétribution  172 Rayonnement diffus  24
Modèle du bonus  171 Rayonnement direct  24
Module PV  42 Rayonnement global  25
Monocristallin  42 Rayonnement solaire  23
Moteurs  5 Récepteur  40
Motos  12 Réflecteur  39
Réflexion  24
N Refroidissement informatique  153
Nacelle  126 Refroidisseur à eau  153
Non-routier  12 Régulateur solaire  32
Normes énergétiques  161 Régulation individuelle des pièces  163
Rejets thermiques  8, 158
O Rejets thermiques des processus  72
Offshore  130 Réseau  18
Onduleur  44 Réseaux  148
Ordonnance sur la protection de l’air  87 Résidus de bois  22, 85
Ozone  112 Restauration  118
Retour au capteur  29
P Rétribution à prix coûtant du
Pales de rotor  127 courant injecté  172
Photovoltaïque  14, 159, 169 RPC  173
Plaquettes de bois  86
Plaquettes de scierie  87 S
Poêle de chauffage central  98 Silicium  41
Polycristallin  42 Socle lourd  48
Polysun  167 Sonde géothermique  71
Pompe à chaleur air-eau  69, 78 Sondes géothermiques  79
Pompe à chaleur eau-eau  69 Soupape de sécurité  32
Pompe à chaleur saumure-eau  69 Station solaire  32
Pompes à chaleur  9, 65 Statistique globale de l’énergie  4
Pompes à chaleur à compression  65 STEP  120
Pompiers  57 Stimulation hydraulique  137
Procédé de lavage aux amines  111 Stratégie d’accumulation  145
181
Energies renouvelables

Stratégie énergétique 2050  176


Surface de capteurs par personne  33
Surface de référence énergétique  6
Système d’introduction hydraulique  101
Systèmes autonomes  60
Systèmes de chauffage à distance  81
Systèmes de gestion de l’énergie  60
Systèmes de montage  47
Systèmes d’extraction à fond mobile  103
Systèmes en îlotage  60
Systèmes interconnectés  21
Système steam-back  36

T
Technologies de réseaux intelligents  147
Tellurure de cadmium  42
Température de départ max.  163
Tension en circuit ouvert  41
Trackers MPP  54
Traitement anaérobie  113
Transmission  127
Transports publics  12
Turbulateurs  99
Types de bois  85

U
UIOM  8

V
Vannes de remplissage  32
Vapeur industrielle  22
Vase d’expansion à membrane  32
Véhicules utilitaires légers  12
Véhicules utilitaires lourds  12
Ventilation  5
Vitesse du vent  126
Voie SIA vers l’efficacité énergétique  168
Voitures électriques  150
Voitures personnelles  12
Volume d’accumulateur solaire  31
Volume disponible  31
La bibliothèque spécialisée

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