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PROPOSITION DE CORRECTION DE LA FICHE 1 DROIT COMMERCIAL

GÉNÉRAL

I/ Contrôles de connaissance :
1) Définissez le droit commercial ?
La définition du droit commercial ressort de la confrontation de deux conceptions doctrinales :
Selon la conception subjective, le droit commercial serait l’ensemble des règles qui régit les
commerçants. Cette conception qui se prévalait de la profession commerciale est celle qui
privilégiait la thèse selon laquelle la plupart des actes juridiques que font les commerçants sont
exactement les mêmes qui sont accomplis dans la vie civile. Par conséquent s’ils ont la nature
d’actes de commerce, cela ne peut être que du fait de la qualité de leur auteur. Mais deux
critiques se heurtent à cette conception. D’abord, tous les actes accomplis par les commerçants ne
sont pas des actes de commerce. Ensuite, des non-commerçants peuvent accomplir des actes de
commerce (par nature ou par la forme). Ce qui aboutit à la naissance d’une conception qui met
l’accent sur l’analyse de la nature et de la forme des actes accomplis : c’est la conception
objective.
Selon la conception objective, le droit commercial est un ensemble de règles qui régit les actes
de commerce. En effet, en raison de l’égalité civile, si un code de commerce a été rédigé, c’est
qu’il était appelé à régir non pas une classe particulière de sujet de droit mais plutôt une catégorie
d’actes. Toutefois, cette conception est limitée dans la mesure où il n’a y a pas d’actes qui aient
une nature commerciale déterminée à l’avance si bien qu’on est obligé de recourir à la qualité de
leur auteur pour déterminer leur caractère commercial.
Aucune de ces conceptions historiques n’étant satisfaisante pour définir la notion de droit
commerciale, la définition actuelle du droit commercial prend en compte ses deux conceptions au
point d’être perçu comme un ensemble de règles juridiques régissant les commerçants et les actes
de commerce.

2) Quelles sont les sources du doit commercial général ? classez-les.


La notion de source du droit désigne habituellement tout ce qui contribue à créer l’ensemble des
règles juridiques applicable dans un Etat à un moment donné. Autrement dit les sources du droit
sont des contributions qui sont à l’origine du système juridique et à partir duquel sont nées les
normes juridiques qui régissent la vie des gens. Appliquez au droit commercial général, cette
définition implique de distinguer entre les sources formelles (créatrice du droit commercial) des
sources informelles (interprétative du droit commercial général).
Au niveau des sources formelles, il s’agit principalement :
 Au plan au niveau international et régional

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 Les traités internationaux et régionaux : ils jouent un rôle important en droit
commercial notamment dans les relations entre commerçants ressortissant de différents
Etats (Exemple : la Convention de Vienne de 198O sur la vente internationale de
marchandises, le Traité du 10 janvier 1994 constituant l'Union Économique et Monétaire
Ouest Africaine (UEMOA), le Traité instituant la Communauté Economique des Etats de
l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) signé à Abuja le 3 juin 1991 modifié le 24 juillet 1993,
le Traité instaurant la Conférence interafricaine des marchés d'assurance (CIMA) du 10
juillet 1992,l’Accord du 2 mars 1977 portant création de l'Organisation Africaine de la
Propriété Intellectuelle (OAPI) ).
 Les Actes uniformes (des textes juridiques ayant vocation à s’appliquer sur le territoire
des Etats parties à l’OHADA et couvrant le domaine du droit des affaires prévu à l’article
2 du Traité OHADA). Sur les 10 Actes uniformes, seuls l’Acte Uniforme portant Droit
Commercial Général (AUDCG), l’AUSCGIE et l’AUDCIF nous intéressent dans le cadre
de ce cours.

 Au plan national

 La Constitution : elle établit les principes fondamentaux de l’organisation économique


(art.4 de la constitution ivoirienne du 8 novembre 2016 : le principe d’égalité des
citoyens ; art.11 de la constitution ivoirienne du 8 novembre 2016 : le droit à la propriété
privée ; art.12 de la constitution ivoirienne du 8 novembre 2016 : la liberté
d’entreprendre, etc.)
 Les lois nationales non contraires aux Actes uniformes : les lois nationales auxquels
les Actes uniformes renvoient de manière expresse ou qui régissent des matières non
régies par les Actes uniformes (ex : Loi n°2017-727 du 9 novembre 2017 portant
répression des infractions prévues par les Actes uniformes du Traité relatif à
l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique, JORCI n° 100 du 14 décembre 2017).
 Les décrets et arrêtés fixant les obligations commerciales (ex : Décret n°2017-409 du 21
juin 2017 portant modalités d’acquisition et de perte du statut de l’entreprenant en Côte
d’Ivoire J.O.R.C.I. du 9 novembre 2017, pp. 1254-1255).
 Le droit civil : le droit civil des personnes et de la famille et surtout le droit des
obligations.
Au niveau des sources informelles, il s’agit :
 Les usages : les pratiques liées à la vie des commerçants qui en raison de leur
permanence et de leur application prennent la valeur d’une règle de droit.
 La jurisprudence : l’ensemble des décisions rendue par les tribunaux en matière
commerciales ainsi que les sentences arbitrales rendues sous l’égide de la Cour
d’Arbitrage de Côte d’Ivoire dite CACI, de même que celles rendues en application du
règlement d’arbitrage de la CCJA.
 La doctrine : l’ensemble des opinions émises par les spécialistes qui expliquent et
éclairent le droit commercial. Toutefois, en tant que source du droit, elle occupe une place
résiduelle

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3) Distinguez le droit commercial général du droit des sociétés commerciales
Le droit commercial général se définit comme l’ensemble des règles de droit applicable aux
commerçants et aux actes de commerce. Selon la conception subjective, le droit commercial est
le droit des commerçants alors que selon la conception objective il est le droit des actes de
commerce. Ces deux conceptions coexistent afin de donner une définition plus exhaustive au
droit commercial. Quant a droit des sociétés commerciales, il désigne l’ensemble des règles de
droit régissant cette catégorie de personne morale de droit privé qui procède de la mise en
commun de biens ou d’industrie en vue d’en partager les bénéfices, de supporter les pertes et/ou
de profiter de l’économie qui pourra en résulter.
Le droit commercial général et le droit des sociétés commerciales entretiennent un lien très étroit
dans la mesure ou le droit commercial régit les commerçants, les actes de commerce,
l’entreprenant et les sociétés commerciales ainsi que les opérations juridiques qu’ils effectuent.
Au terme de l’article 3 de l’AUDCG, les actes effectués par les sociétés commerciales sont des
actes de commerce par nature. Le droit des sociétés commerciales élabore certaines règles
générales et particulières applicable aux sociétés commerciales qui restent soumise au droit
commercial général quant aux actes accomplies dans le fonctionnement de la société. Les règles
tirées de l’AUDCG et l’AUSCGIE sont complémentaires pour régir l’activité commerciale
respectivement exercé par les personnes physiques et par les personnes morales.

4) Que faut-il entendre par loi non contraire aux actes uniformes ? Citez-en des
exemples.
L’entrée en vigueur des actes uniformes abroge par la même occasion toutes les disposions
nationales qui leurs sont contraire. Par conséquent les dispositions non contraires à cet acte
uniforme continuent de s’appliquer au droit commercial général. Il s’agit des lois relatives au
droit commercial non contraire aux actes uniformes. Une loi contraire peut s’entendre aussi bien
d’une loi ou d’un règlement de droit interne ayant le même objet qu’un acte uniforme et dont
toutes les dispositions sont contraires à l’une des dispositions ou quelques-unes de celle-ci. Dans
ce dernier cas les dispositions non contraires à celles de l’acte uniforme demeurent applicables.
Ainsi les textes partiellement contraires aux actes uniformes demeure applicables dans toutes leur
disposition non contraire.
Quelques lois nationales non contraires aux actes uniformes :
Loi n°2017-727 du 9 novembre 2017 portant répression des infractions prévues par les Actes
uniformes du Traité relatif à l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique, JORCI n° 100 du
14 décembre 2017 ;
Loi n° 2016- 412 du 15 juin relative à la consommation ;
Loi n° 2013-546 du 30 juillet 2013 relative aux transactions électroniques ;
L’ordonnance n° 2013-662 du 20 septembre 2013 relative à la concurrence

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Décret n°2017-467 du 12 juillet 2017portat plafonnement de prix et marges de certains produits.

5) Distinguez les usages conventionnels des usages de droit et appliquez cette


distinction aux usages suivants :
L’usage de fait ou l’usage conventionnel sont des pratiques restreintes à un nombre limité ou
à un petit nombre de commerçants qui se conforment toujours à la même manière d’agir
lorsque les circonstances sont identiques.
Quant à l’usage de droit ou coutume, il renvoie également une pratique ou une manière de
procéder mais qui cette fois, s’impose dans les rapports entre commerçants comme une règle,
une norme objective. Toutefois, il convient de distinguer la coutume stricto-sensu (usage de
droit) de la coutume lato-sensu (coutume internationale par exemple)
L’usage conventionnel peut être distingué de l’usage de droit suivant quatre (4) critères :
ü La portée : l’usage conventionnel ou de fait à une portée limitée parce qu’il ne
s’applique qu’à un cercle restreint de commerçants alors que l’usage de droit a une
portée beaucoup plus générale car il s’applique à tous les commerçants.
ü La valeur juridique : l’usage de fait à une valeur supplétive c’est –à-dire que
son application ou son inapplication dépend de la volonté des parties. Quant à
l’usage de droit, il a une valeur impérative c’est –à-dire que son application ne
dépend pas de la volonté des parties. Il s’impose à ceux-ci. Toutefois, les parties
peuvent écarter l’application d’un usage de droit en manifestant de manière
expresse leur volonté de ne pas être liée par cet usage.
ü La preuve de l’existence de l’usage :
v Usage de fait
· Celui qui allègue l’existence d’un usage de fait devant le juge doit
en faire la preuve
v Usage de droit
· Celui qui invoque l’existence d’un usage de droit devant le juge n’a
pas à en faire la preuve
 La sanction en cas de méconnaissance de l’usage par les juges du fond
v Usage de fait
· La violation d’un usage de fait par le juge n’est pas susceptible
d’un pourvoi en cassation
v Usage de droit

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· La violation d’usage de droit par le juge est susceptible d’un
pourvoi en cassation
Application :
- Le paiement de pas-de-porte par un preneur.
 Le pas de porte encore appelé droit d’entrée est une somme d’argent qu’un
commerçant remet à son futur bailleur lorsqu’il s’apprête à prendre en location un
local. Cette somme est librement fixée par accord des parties. Il est une clause
accessoire au contrat de bail à usage professionnel qui est régi par l’AUDCG. Il a pour
fondement juridique les usages qui, consacrés dans l’AUDCG, ont force de loi. Cette
qualification ressort de l’article 239 du même acte uniforme dans la mesure où le pas
de porte est une pratique répétée entre les commerçants mais uniquement dans le
cadre de certains contrats de bail à usage professionnel et ne s’applique pas à tous les
commerçants. Par conséquent le pas de porte est un usage de fait.
- La présomption de solidarité entre codébiteurs commerçants.
 La solidarité est le rapport juridique obligatoire qui lie entre eux, deux ou plusieurs
créanciers (solidarité active) à un débiteur ou plusieurs débiteurs à un créancier
(solidarité passive) ayant pour effet, dans le premier cas, de donner à chacun des
créanciers le droit d’exiger le paiement entre ses mains de la totalité de la créance, et
dans le second cas, de permettre à chacun des créanciers d’exiger de n’importe lequel
des débiteurs qu’il se libère de la totalité de la dette entre ses mains. Il existe en droit
civil une règle qui ressort de l’article 1202 du code civil selon laquelle la solidarité ne
se présume pas et doit être expressément stipulée. Cependant en droit commercial un
usage antérieur à l’adoption de l’AUDCG (et même avant le code de commerce
français) rend inapplicable l’article 1202 du code civil aux commerçants. Cet usage
pose la règle selon laquelle la solidarité entre codébiteur commerçants se présume et
elle est applicable à tous commerçants. Il s’impose au juge et n’a pas besoin d’être
prouvé devant lui. Ce qui en fait donc un usage de droit ou une coutume.
- Le contrat conclu sur le silence gardé par un cocontractant commerçant à la
réception d’un bordereau de commande.
 Par silence, il faut entendre que le destinataire de l’offre n’ait rien dit ou écrit, mais en
plus ait observé une attitude passive. Du point de vue de la jurisprudence, le silence ne
vaut pas acceptation parce le silence est équivoque (cass. 28 mai 1870, D.1870 I, 257).
L’un des tempéraments à ce principe vient de l’existence d’une d’un usage entre les
différentes parties au contrat. Cependant cet usage qui ne revête pas un caractère
objectif doit être prouvé devant le juge car il aura pour charge d’analyser l’habitude
qui s’est établi entre les parties. Par conséquent cet usage est un usage conventionnel
ou de fait.
- La mise en demeure en matière commerciale par tout moyen.

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 La mise en demeure est une interpellation formelle faite au débiteur qui n’a pas
exécuté son obligation à son terme. Elle désigne tantôt le document qui est notifié au
débiteur et les conséquences de sa réception sur la base de l’article 1139 du code civil.
Or en matière commerciale, la mise en demeure peut se faire par tout moyen. Cette
règle s’impose au juge et concerne tous les commerçants. Par conséquent l’usage
concernant la mise en demeure par tout moyen est un usage de droit.
- L’usage sur la charge des risques dans un secteur d’activité ou dans une localité.
 Les rédacteurs du code civil ont consacré le principe du transfert solo consensu, soit le
principe aux termes duquel le transfert de propriété procède non pas de l’acte de
tradition, mais de la conclusion du contrat lui-même. Cependant, les différentes règles
établies par le code civil quant à la charge du risque (res perit debitori, rest perit
domino, res perit creditori) ne sont pas souvent appliquées comme telles en vertu
d’habitudes répétées existant entre les cocontractants commerçants dans un secteur
d’activité ou dans une localité. Ainsi, les usages tels qu’établis entre les parties qui ont
pour effet de déroger à la charge de la preuve telle que conçue en droit civil
constituent un usage conventionnel dans la mesure où il faut en faire la preuve
devant le juge et il ne s’applique qu’a un secteur d’activité ou une localité donnée.

II/ Commentaire d’arrêt :


Arrêt 1 (groupe A)

Fiche d’arrêt
Phrase d’accroche
La chambre civile et commerciale de la Cour d’appel d’Abidjan a rendu, le 06 mai 2005, un arrêt
confirmatif relatif aux usages en matière commerciale.

Résumé des faits


Une cargaison de sucre blanc a été chargée à Anvers, le 27 juin 2000, à bord du navire AGAT
pour le compte de la Société S.N. SOSUCO. A l’arrivée du navire à Abidjan, le 16 juillet 2000,
les opérations de transit ont été assurées par la Société TRIDENT SHIPING et celles d’acconage
et de manutention l’ont été par la Société GEODIS OVERSEAS. Cependant, des rapports
d’expertise dressés le 17 août 2000 et le 02 septembre 2000 ont révélé d’énormes préjudices
résultant d’avaries et pertes de marchandises, à la charge du transporteur, de l’armateur, de
l’acconier, du manutentionnaire et du transitaire. Par la suite, la Société AGAGF BURKINA, ex-

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FONCIAS TIARD, assureur, réclame à ces derniers le remboursement des frais d’expertise
qu’elle a supportés et de l’indemnité d’assurance payée à la Société S.N. SOSUCO, son assuré.

Résumé de la procédure
La Société AGAGF BURKINA, ex- FONCIAS TIARD, assigne les Société GEODIS COTE
D’IVOIRE, AGAT NAVIGATION COMPAGNY LDT et le CAPITAINE COMANDANT du
Navire M/V ‘’ AGAT devant le Tribunal de Première Instance d’Abidjan-Plateau en
remboursement des frais engagés. Celui-ci les condamna in solidum. Mais, elles interjetèrent
appel contre ledit jugement devant la Cour d’appel d’Abidjan.

Moyens / prétentions des parties


Les appelants contestent leur condamnation in solidum en estimant qu’en-dehors de toute clause
de solidarité dans les rapports contractuels liant les parties, chaque intervenant au transport
maritime ne doit être responsable que de ses propres prestations et des dommages qui en
résulteraient pour le bénéficiaire de la cargaison et sollicitent donc l’infirmation du jugement du
Tribunal de Première Instance d’Abidjan-Plateau.

Quant à l’intimée, elle soutient que la condamnation in solidum est prononcée par le Juge au
regard des situations des débiteurs sans être tenu de rechercher leur volonté d’être tenus ensemble
pour le paiement du préjudice causé dès leurs agissements de chaque intervenant ont contribué à
la réalisation du préjudice dont la réparation est sollicitée. Elle sollicite alors la confirmation du
jugement entrepris.

Problème de droit
La solidarité, usage de droit, doit-elle être expressément stipulée dans les rapports contractuels
entre commerçants ? Et peut-elle s’appliquer à la responsabilité civile y résultant ?
Solution
Non, la solidarité, usage de droit, ne doit pas être expressément stipulée dans les rapports
contractuels entre commerçants et s’applique, par ailleurs, à la responsabilité civile y résultant.
Portée
Confirmation d’une règle fermement établie en jurisprudence

Introduction et plan détaillé

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La distinction des actes de commerce et des actes civils revêt une importance considérable
compte tenu du fait que les premiers font l’objet d’un régime juridique tout à fait distinct. C’est la
substance de l’arrêt de la cour d’appel d’Abidjan, chambre civile et commerciale en date du 26
mai 2005.
Il ressort des faits que, pour l’exécution d’un contrat de transport maritime, le 27 juin 200, il a été
chargé à bord du navire M/V AGAT une cargaison de 40.000 sacs de sucre cristallisé selon le
connaissement B/L n°101 à Anvers pour le compte de la société S.N. SOSUCO BP 12
BANFORA (BURKINA FASO). À l’arrivée du navire à Abidjan le 16 juillet 2000, les opérations
de transit ont été assurées par la société TRIDENT SHIPING quand celles d’acconage et de
manutention l’étaient par la société GEODIS OVERSEAS. Par la suite, deux études sont réalisées
par le destinataire de la cargaison le 17 aout 2000 et le 2 septembre 2000 pour constater l’état des
marchandises. Les rapports d’expertise ont révélé d’énormes préjudices résultant d’avarie, de
pertes de marchandises à la charge du transporteur, du manutentionnaire et du transitaire. Le
rapport d’expertise mentionne également la part de dommage imputable à chacun d’eux. Ayant
supporté les frais de désintéressement de l’assuré et d’expertise s’élevant respectivement à
1.234.000 francs et 1294.000, la société FONCIAS TIAD en réclame le remboursement. Elle
intente, à cet effet, une action contre les trois intervenants devant le tribunal de première instance
d’Abidjan. Celui-ci rendit une décision condamnant in solidum les différents intervenant du
contrat de transport maritime à réparer le préjudice causé à la société AGAF BURKINA ex-
FONCIAS TIAD. Pour rendre la décision telle qu’elle l’a été, le juge de première instance retient
que sans chercher à une quelconque volonté à être tenu ensemble pour le paiement du préjudice
causé, les agissements de chacun des intervenants ont contribué à la réalisation du préjudice dont
la réparation est sollicitée. Mécontent d’une telle décision, les trois intervenants interjettent appel
devant la cour d’appel d’Abidjan afin d’obtenir l’infirmation du jugement. Ils reprochent au juge
d’instance d’avoir violé l’article 1202 du code civil par le prononcé d’une condamnation in
solidum identique à une condamnation solidaire alors même que la part du dommage imputable à
chaque intervenant au contrat de transport maritime est connue. La question à laquelle le juge
d’appel devait répondre était de savoir si des intervenants en matière de transport maritime ayant
concouru à la réalisation du dommage subi par leur cocontractant, peuvent-ils être tenus
solidairement de la réparation du préjudice sans stipulation expresse de la solidarité ?
Le juge d’appel a répondu par l’affirmative en confirmant la décision rendue en première
instance. Et pour cause les opérations de transit, de transport et de manufacture sont des actes de
commerce au sens de l’article 3 de l’AUDCG. L’article 1202 du code civil est sans application en
matière commerciale où la solidarité se présume et déborde du cadre des engagements
contractuels pour répondre à la nécessité d’assurer le paiement du créancier. Les fautes
respectives des appelants ayant concouru à la réalisation du dommage tout entier, ils sont tenus in
solidum à réparation à l’égard du créancier.
Ce qui nous pousse à structurer notre démarche argumentative autour de la détermination
préalable des actes de commerce pour l’application de l’usages sur la solidarité commerciale (I)
l’extension de l’usage portant sur la solidarité entre commerçant à la réparation in solidum (II).

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PLAN
I/ L’inapplication de l’article 1202 du code civil
A- La nature commerciale des opérations de transit, de transport et de manufacture
B- L’application du droit commercial
II/ L’application de la règle de la solidarité à la réparation des dommages par les commerçants
A- Le caractère impératif de la règle de la solidarité, usage de droit
B- La réparation in solidum des dommages causés par les commerçants

Arrêt 2 (groupe B)

Fiche d’arrêt
Phrase d’accroche
La CCJA a rendu, le 15 décembre 2005, un arrêt de rejet relatif aux usages en matière
commerciale particulièrement à la forme non écrite de la solidarité entre commerçants.

Résumé des faits


Par contrat en date du 12 octobre 1999, la Société COTE D’IVOIRE CEREALES confie à la
Société SHANNY CONSULTING, la commercialisation publicitaire et promotionnelle de ses
produits pour la période allant d’octobre 1999 au 1er septembre 2000, moyennant le paiement
d’un prix forfaitaire de 75.000.000 FCFA. Mais le 29 septembre 2000, la Société COTE
D’IVOIRE CEREALES se propose d’apurer le solde de la Société SHANNY CONSULTING
dans ses livres évalué à 26.900.000 FCFA en 12 mensualités. Ce qu’elle ne fit pas et se vit
assignée par la Société SHANNY CONSULTING en paiement de la somme de 28.900.000
FCFA.

Résumé de la procédure
La Société SHANNY CONSULTING assigne la Société COTE D’IVOIRE CEREALES en
paiement de la somme de 28.900.000 FCFA devant le Président du Tribunal de Première Instance
de Yopougon. Celui-ci a, le 27 mars 2001, fait droit à la demande de paiement par Ordonnance
d’injonction de payer laquelle fut rétractée par jugement, le 19 février 2003, suite à l’opposition
de la Société COTE D’IVOIRE CEREALES devant la même juridiction. Sur appel de la Société
SHANNY CONSULTING contre ledit Jugement, la Cour d’Appel d’Abidjan rend, le 04 février

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2003, un arrêt infirmatif condamnant la Société COTE D’IVOIRE CEREALES. Cette dernière
exerça alors un pourvoi en cassation ledit arrêt devant la CCJA.

Moyens / prétentions des parties


La demanderesse au pourvoi reproche à l’arrêt attaqué d’avoir, d’une part, retenu la lettre du 29
septembre 2000 comme la preuve d’une reconnaissance de dette sans qu’elle ne soit ni
manuscrite, ni revêtue de la mention « bon et approuvé », exigée par l’article 1326 du Code civil
et fait droit, d’autre part, à la demande de paiement de la défenderesse sans s’assurer de
l’exécution, par elle, de toutes ses obligations contractuelles.

Quant à la défenderesse, elle sollicite le rejet du pourvoi.

Problème de droit
Un écrit ne contenant pas les mentions impératives du code civil pour valoir reconnaissance de
dette peut-il être utilisé pour prouver contre un commerçant ?
Solution
Oui, un écrit ne contenant pas les mentions impératives du code civil pour valoir reconnaissance
de dette peut être utilisé pour prouver contre un commerçant car en matière commerciale la
preuve se fait par tous moyens.
Portée
Confirmation d’une règle fermement établie en jurisprudence.

Introduction et plan détaillé


Contrairement au droit civil où la preuve est règlementée, les actes de commerce se prouvent par
tous moyens de droit, même par la voie électronique, à l’égard des commerçant, et ce,
conformément à l’article 5 de l’acte uniforme relatif au droit commercial général. Le principe en
la matière est donc celui de la liberté de la preuve, et ce, quelle que soit la valeur de l’objet de
l’acte. C’est ce principe qui est rappelé par la cour commune de justice et d’arbitrage dans son
arrêt n° 053/2005 en date du 15 décembre 2005. Il ressort des faits que la société COTE
D’IVOIRE CEREALE a confié à la société SHANNY CONSULTING, par contrat du 12 octobre
1999, la commercialisation publicitaire et promotionnelle de ces produits pour la période allant
d’octobre 1999 au 1er septembre 2000, moyennant paiement d’un prix forfaitaire de 75.000.000
FCFA. Le 29 septembre 2000, la société COTE D’IVOIRE CEREALE a adressé à la société
SHANNY CONSULTING, une lettre signée par son Directeur Général par laquelle il proposait
l’apurement du solde de leur compte par un paiement échelonné de sa dette envers cette dernière
de 26.900.000 FCFA sur 12 mois, avec une mensualité de 2.241.667 FCFA. La société COTE
D’IVOIRE CEREALE n’ayant pas honoré ses engagements, la société SHANNY

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CONSULTING l’a assigné en paiement de la somme de 28.900.000 devant le président du
tribunal de première instance de Yopougon. Ladite juridiction a fait droit à sa demande de
paiement par ordonnance d’injonction de payer n°92/2001 rendu le 27 mars 2001. Cependant, la
société COTE D’IVOIRE CEREALE a formé opposition devant la même juridiction qui par
jugement n°179 du 19 février 2003 a rétracté l’ordonnance susvisée. Insatisfait d’un tel
revirement, la société SHANNYY CONSULTING interjette appel du jugement devant la cour
d’appel d’Abidjan afin d’en obtenir son infirmation. E juge d’appel fit droit à la demande de la
société en condamnant l’intimé à payer à la société SHANNY CONSULTING, la somme de
24.658.133 FCFA par arrêt n°108 du 4 février 2003. Pour statuer comme elle l’a fait, la cour
d’appel a retenu que la lettre par laquelle la société COTE D’IVOIRE CEREALES a proposé à la
société SHANNY CONSULTING l’apurement du solde de leur compte d’un montant de
26.900.00 FCFA s’analysait en une reconnaissance de dette. Dès lors, la société COTE
D’IVOIRE CEREALES forme un pouvoir en cassation à l’effet d’obtenir cassation de cette
décision. Pour le demandeur au pourvoi, la cour d’appel a violé l’article 1326 du code civil en
faisant droit à la demande de paiement de 26.900.000 FCFA formé par a société SHANNY
CONSULTING sur la base de la lettre qui proposait à ladite société l’apurement du solde de
leur compte qu’elle analysait comme une reconnaissance de dette alors que celle-ci n’était pas
manuscrite par la société et ne comportait pas la mention « bon et approuvé » comme l’exige
l’article 1326 du code civil tout en omettant de vérifier si cette dernière avait exécutée toutes ces
obligations contractuelles.
Le problème auquel le juge de cassation était amené à répondre était le suivant :
Un écrit ne contenant pas les mentions impératives du code civil pour valoir reconnaissance de
dette peut-il être utilisé pour prouver contre un commerçant ?
La cour commune de justice et d’arbitrage énonce qu’en matière commerciale, ce ne sont pas les
règles du Code civil qui s’appliquent, lorsqu’il s’agit de prouver des actes de commerce à l’égard
des commerçant, mais l’article 5 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général. Ce
dernier dispose, à cet égard, que les actes de commerce se prouvent par tous moyens à l'égard des
commerçants. L’article 1326 du Code civil n’est, par conséquent, pas applicable.
En l’espèce, la Cour constate que par sa lettre adressée à la Société SHANNY CONSULTING, la
Société COTE D’IVOIRE CEREALES s’était engagée à apurer le solde du compte existant entre
elles. Dès lors, au regard de l’article 5 de l’Acte précité, l’Arrêt attaqué a pu légalement
considérer que ladite lettre valait reconnaissance de dette de la Société COTE D’IVOIRE
CEREALES à l’égard de la Société SHANNY CONSULTING et qu’il n’y avait en aucun cas
lieu d’établir que cette dernière avait exécuté toutes ces obligations contractuelles.
Afin de mieux structurer notre argumentation, il convient de passer en revue l’existence du
principe de la liberté de preuve en matière commerciale (I) avant de voir que la preuve en droit
commercial est dérogatoire du droit commun (II)

PLAN

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I/ Le formalisme de la preuve en matière civile
A- L’exigence de l’écrit comme mode de preuve en matière civile
B- L’exigence de mentions à peine de nullité
II/ La liberté de la preuve en matière commerciale
A- L’exclusion du formalisme du Code civil
B- L’admission de tous les modes de preuve

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