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LA PERMEABILITE
I. Rappels
Nous avons vu au chapitre précèdent que la loi de Darcy mettait en évidence un certain
coefficient K appelé coefficient de perméabilité.
Il exprime, en fait, la propriété du terrain à laisser passer ou non le liquide filtrant. Ce
coefficient va dépendre donc, d’une part de la composition et des propriétés du terrain et du
liquide de filtration d’autre part.
1 cpo . 1 cm 3 /s
1 cm 2
1 Darcy
1 atm/1 cm
1 darcy 10 8 cm 2
III. Facteurs d’influence de la permeabilité :
A- Influence de la granulométrie du terrain sur la perméabilité
la géométrie interne du terrain de filtration est bien trop compliqué pour que l’on puisse
établir des relations quantitatives entre la granulométrie du terrain et sa perméabilité. En effet
trop de facteurs entre en compte dans la détermination de cette dernière nous citerons par
exemple la forme des grains, la porosité (ouverte, fermé) la répartition granulaire etc. …
Cependant, beaucoup d’auteurs ont voulu rapprocher granulométrie et perméabilité et
ils ont établi des formules plus ou moins empiriques qui n’ont l’avantage que de donner un
ordre de grandeur de la valeur de la perméabilité. Nous citerons, pour mémoire, les formules
les plus usitées :
a) Formule de Hazen (Pour les roches meubles)
2
K = c d 10 (Pour l’eau)
d10 étant le diamètre efficace des grains du terrain dont le poids représente 10% du poids total.
K et d10 sont exprimés respectivement en cm/s et en cm. La constante c varie de 45.8 pour
les sables argileux à 42 pour les sables purs .Nous pouvons lui donner une valeur moyenne de
116 et même de 100.
K0.85 est le coefficient à la perméabilité de 10°c pour un indice des vides égale à 0.85,
e : indice des vides (volume air+eau sur volume solide)
Remarque : Ces formules ne peuvent être considérées que comme donnant des valeurs
indicatives lesquelles doivent être vérifiées par L’expérimentation.
B- Influence de la surface spécifique des grains :
Pour une même porosité de 40% par exemple, un milieu peut être constitué de grains de
différents diamètres. Avec de gros grains la circulation sera plus importante qu’en présence de
petits éléments. Dans ce dernier cas l’eau peut être adsorbée, provoquant une simple
imbibition sans possibilité de percolation.
Avec des sphérules très petits, comme c’est le cas des argiles atteignant 5/100 à 5/1000 de
mm , l’eau est complètement adsorbée et la roche est pratiquement imperméable . C’est
pourquoi la surface spécifique des grains joue un rôle important. La perméabilité est
inversement proportionnelle au carré de la surface spécifique. L’influence de ce facteur
explique pourquoi le calcul de la perméabilité, uniquement à partir de la granulométrie, donne
souvent des résultats erronés.
0.0178
μ=
1 0.033 T 0.000221 T 2
Elle vaut 1.05 cpo à 20°c
Le coefficient de perméabilité varie en fonction inverse de la viscosité, c à d qu’il croit avec la
température du sol. C’est pourquoi les valeurs du Coefficient de perméabilité sont ramenées à
la température de 20°c . Soit K20 le coefficient de perméabilité à 20°c pour une viscosité μ20 ,
KT sa valeur à la température du sol donnée T°c , avec une viscoté μT. Nous avons :
K 20 μ T
=
K T μ 20
K 20 40
Entre 10 et 40°c , nous pouvons admettre : =
K T T 20
2 1 0 -1 -2 -3 -4 -5 -6 -7 -8 --9
10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10
Or : Q = Ki s et S = H ×1 H = h1 + h 2 + h 3
Q
K=
iH
K 1 h1 + K 2 h 2 + K 3 h 3
K=
iH
En généralisant pour un nombre n de couches :
ii1n K i h i
KH =
ii 1n h i
b) Filet perpendiculaire aux couches (figure 19)
Reprenons le même problème mais avec un écoulement vertical. La vitesse de filtration
est constante dans chaque couche.
P H
V=K ou P = V
H K
P étant la perte de charge totale. Dans chaque couche nous aurons :
P h P P
V = K 1 1 P1 = V 1 , V = K2 2 et V = K 3 3 d’où :
h1 K1 h2 h3
H
K=
h1 h 2 h 3
+ +
K1 K 2 K 3
En généralisant pour ݊ couches :
ii 1n h i
KV =
h
ii 1n i
Ki
c) Filets obliques aux couches (figure 20)
Soient deux couches de terrains homogènes, de perméabilité respective K1 et K2 et, avec
K1 < K2 . Le filet liquide arrive avec une incidence β dans la couche 1 et α dans la
couche 2.
Soit V1 et V2 les vitesses dans les couches 1 et 2.Nous avons d’après la loi de Darcy :
V 1 = - K 1 grad 1
Et V 2 = - K 2 grad 2
Les débits entrant par la couche 1 ressortent de la couche 2 , donc :
V1 Cosβ b = V2 Cosα b
V1 Cosβ = V2 Cosα
En remplaçant V1 et V2 par leur valeur :
K1 tgβ
donc : K 1 tg α = K 2 tgβ d’où :
K2 tgα
V. Mesure de la perméabilité
Nous n’exposerons pas ici toutes les méthodes mises au point pour mesurer la
perméabilité. Nous nous contenterons de donner les principes de mesures faites en laboratoire
et sur le terrain.
1. Mesure au laboratoire
a) Perméamètre à charge constante (figure 21)
Ce perméamètre est l’application stricte de l’expérience de Darcy
H q L
Nous avons : q KS où : K =
L S H
Avec :
K : Perméabilité du terrain étudié.
S : Section de l’échantillon
H : Charge hydraulique appliquée à l’échantillon.
q : Quantité d’eau recueillie à travers l’échantillon pendant l’unité de temps.
a) Méthode de LUGEON
Cette méthode consiste à injecter de l’eau sous pression dans le fond d’un forage ou
dans une tranche de forage et à mesurer la quantité d’eau introduite dans ces conditions
pendant un temps donné, donc le débit d’injection.
Les indications obtenues sont surtout qualitatives, elles sont cependant précieuses pour
le contrôle des ouvrages d’étanchéité par injection de produits à prise, notamment sur les
parois des barrages, des réservoirs ou des canaux.
La méthode originale décrite par LUGEON consiste à forer sur environ 5 mètres, puis à
placer un ”packer“ obturateur, à 3 mètres. Sur des 2 mètres, inférieures, placés sous
l’obturateur, on injecte de l’eau avec une pression de 10 bars. On laisse la pression 5 à 10
minutes et on mesure le volume d’eau absorbé ; par la tranche d’essai de 2 mètres, en une
minute.
Une unité Lugeon correspond à l’absorption de 1 litre par mètre de sondage et par
minute sous une pression de 10 bars appliquée pendant 10 minutes.
Un Lugeon équivaut à peu près à une perméabilité de 10-7 m/ s.
b) Méthode de LEFRANC
Ce procédé donne la valeur du coefficient de perméabilité en un point donné d’un
forage de reconnaissance exécuté en zone aquifère.
Il consiste à injecter de l’eau au dessous du niveau statique par l’intermédiaire d’une
“poche“ et à mesurer le volume d’eau absorbé.
Connaissant la valeur, H, de la surcharge, il suffit de mesurer le débit, Q de l’eau
injectée pour obtenir le coefficient de perméabilité par la formule :
Q
K=
CH
Avec , K: perméabilité en mètre/seconde.
Q: débit d’eau injectée en m3/ s.
H: surcharge en mètre.
C: est un coefficient qui tient compte de la forme de la poche et que l’on obtient,
selon le cas, par l’une des formules suivantes : (figure 23)
Cette méthode ne donne que des résultats localisés qui peuvent être très différentes de la
valeur moyenne de la perméabilité de l’ensemble de l’aquifère.
Si le terrain est peu perméable toute l’eau injectée remonte en surface. Le volume d’eau
donne une idée de la valeur relative de la perméabilité. Il est possible d’effectuer ces mesures
au simultanément avec l’avancement du forage. Un diagramme des volumes d’eau absorbés
par les terrains donne des valeurs qualitatives permettant de comparer les perméabilités des
assises traversées par la sonde.
Cette méthode ne donne que des résultats localisés qui peuvent être très différentes de la
valeur moyenne de la perméabilité de l’ensemble de l’aquifère.
b) Vitesse apparente :
La vitesse calculée par la loi de Darcy , V = K i , déterminée en fonction du débit , est égale à
Q/S . Elle est donc rapportée À la section totale, solide et vides, du matériau aquifère .C’est
une vitesse réduite. On l’appelle Vitesse apparente.
En réalité les eaux Souterraines circulent uniquement à travers les pores de la roche. La
section d’écoulement est donc limitée aux vides, c à d à la porosité totale m. Elle est égale à
Sm . Dans ces conditions, nous déterminons une vitesse réelle moyenne Vm liée au débit par
Q Ki
la formule : Vm
Sm m
Nous avons montré que seule l’eau gravifique pouvait s’écouler dans les terrains aquifères ,
donc l’espace utile à la circulation des eaux souterraines est en fait réduit à la section libre des
pores , c à d déterminé par la porosité efficace me . La section efficace d’écoulement est égale
à Sme . Elle implique une vitesse réelle effective Ve :
Q Ki
Ve
S me me
Afin d’éviter des erreurs, la vitesse calculée par la formule de Darcy, le coefficient de
perméabilité et le gradient hydraulique étant connus, est une vitesse apparente. Par contre
celle qui est mesurée directement dans la couche aquifère est une vitesse réelle effective .Rien
d’étonnant à ce que les résultats ne concordent pas.
Vm V m
La vitesse apparente est liée à la vitesse réelle effective et à la porosité Efficace par la
formule :
Ve V m e
La relation entre la vitesse réelle effective Ve et la vitesse réelle moyenne Vm s’exprime par :
Ve Vm m m e
VII Écoulement dans les terrains non saturés :
L’expérience montre que, dans les terrains non saturés , l’écoulement obéit à la loi de Darcy .
Mais le coefficient de perméabilité Kns dans ces conditions est lié au coefficient de saturation
Sr . D’après les travaux de S. Irmay de R.D. Wyckoff et H.G. Botset , nous pouvons écrire :
m3
K ns 0.01d 10
2
Sr 0.2 3
1 m 2
La relation entre le rapport de Kns / K et Sr est donnée par la figure ci-dessous:
Ainsi les limites d’application de la loi de Darcy sont déterminées par deux groupes de
facteurs qui s’influencent mutuellement :
- Les uns relatifs à l’écoulement : Vitesse, gradient hydraulique, nombre de Reynolds.
- Les autres concernent les caractéristiques des terrains aquifères (complexe solide-eau):
température, porosité efficace et perméabilité.
Nous avons montré que le nombre de Reynolds pour des tubes lisses est de 2000-2400. Mais,
dans les tubes rugueux, il tombe à 600 et à 450 Pour des conduits à section variable. La forme
excessivement variable des canalicules du sol et leur rugosité abaissent considérablement la
valeur de la vitesse critique. Mais l’expérience prouve que malgré toutes ces valeurs, dans les
conditions naturelles, le régime laminaire persiste. Ainsi donc, comme nous pouvions le
prévoir, les lois de la dynamique Des fluides présentent des difficultés dans leurs applications
à la circulation des eaux souterraines. Nous pouvons admettre avec de nombreux auteurs que
la loi de Darcy est applicable pour des valeurs de Re inferieures à 4 et 5 au-dessus le
régime devient turbulent.
d) Facteur de friction :
Les auteurs modernes ont défini un facteur de friction f ou " force de frottement" qui a la
signification d’un coefficient de frottement.
Ehrenberger a montré que la température joue un rôle dans la vitesse critique. C’est ainsi que
le coefficient de viscosité de l’eau passe de 0.0178 poises à 0°c à 0.006 à 60°c . Pour t=15°c ,
la vitesse critique serait de 0.29 cm/s . Mais Sichart et Prinz admettent 1.5 cm/s. Ces
divergences sont compréhensives car les dimensions des pores interviennent.
La porosité efficace est liée à la perméabilité, influencées toutes deux, dans les roches
meubles, par la granulométrie. Des expériences ont montré que la perméabilité, dans les
terrains meubles, même pour des valeurs très élevées ne limitait pas la loi de Darcy, sauf de
rares exceptions.
Dans les terrains à perméabilité de fissures, elle reste valable dans l’ensemble, sauf dans le cas
de circulation libre dans des cavités karstiques.
h) Isotropie et homogénéité :
Le matériau aquifère doit être isotrope et homogène. Ces conditions sont rarement réalisées
dans les conditions naturelles où les terrains sont anisotropes et hétérogènes.
Les milieux aquifères naturels présentent des variations de perméabilité dans leur masse par
rapport au sens de l’écoulement des eaux souterrains.
En effet, les dépôts détritiques montrent des variations de facies latérales et verticales. De
même l’orientation des fissures est très diverse. Or, la vitesse présente trois composantes : Vx
, Vy et Vz .Nous avons :
h h h
Vx k x ,V y k y ,V z k z
x y z
Q Ti L
La notion de transmissivité est tres utile dans l’étude des eaux souterraines Libres dont le
débit d’écoulement est déterminé essentiellement par la Perméabilité des terrains et la
puissance de l’horizon aquifère. Elle a la dimension du produit d’une vitesse par une longueur
(L2/T-1), elle s’exprime donc en m2/s ou cm2/s. Elle permet rapidement de calculer les réserves
d’une nappe avec une approximation suffisante.
Kh
Il existe donc, dans l’écoulement des eaux souterraines, un potentiel des vitesses. Tous les
types d’écoulement des eaux souterraines doivent satisfaire à l’équation de continuité, de la
forme :
Vx Vy Vz
x y z t
Cette formule est l’équation générale d’écoulement en régime permanent dans un milieu
homogène et isotrope où h joue le rôle de potentiel des vitesses.
L’expression généralisée de la loi de Darcy peut s’écrire en se limitant aux deux premiers
termes de la droite :
V a i b i 2 .... ou i a V b V 2 ....
V ai
V K grad h
b) Régime turbulent :
V K c R i
c) Régime transitoire :
L’existence d’une vitesse critique inferieure et d’une vitesse critique Supérieure détermine
dans cet intervalle un régime transitoire, intermédiaire entre les régimes laminaire et
turbulent. La formule de cet écoulement peut s’écrire :
Q K S m
i
Ou plus généralement : i K V
m
Le paramètre m dépend des propriétés de la roche et des régimes du courant. Il varie entre 1 et
2 pour les terrains perméables en petit et 1.75 et 2 pour les roches fissurées.