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LA PROFESSION », ARTICLE DE PIERRE NOËL

Eq. a Quæstione Studiosa

The question of discovering the source is not without attraction to a certain class of mind,
which finds its pleasure rather in the ardour of the chase than in the value of the query.

W. J. Chetwode Crawley
AQC 10 (1897), 58

L’Avant-Propos de Pierre Mollier, Rédacteur en chef de Renaissance Traditionnelle, affirme que « La
Profession », étude de Pierre Noël publiée dans le numéro 168 (octobre 2012) de sa revue, est
« quasi exhaustive ». Et il ajoute : « Les spécialistes noteront qu’outre les textes classiques, l’auteur
utilise des documents inédits du plus haut intérêt ».

Comment s’en étonner ? Quel auteur pouvait être plus compétent dans ce domaine que celui qui, à
l’exception du Suisse Eugène Richard, fut seul à avoir exercé successivement les fonctions de Grand
Prieur du Rite Rectifié dans son pays, la Belgique, puis celles de Grand Commandeur du Suprême
Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté qu’il occupe encore aujourd’hui ? Ce sont ses hautes
fonctions qui incitent le lecteur à lire son étude et ses documents inédits avec attention.

NOTE 9
« La lettre à Saltzmann de 1812 », longuement citée dans la note 9, n’est pas référencée. Elle avait
été publiée en 1989 par René Désaguliers qui l’accompagna du commentaire suivant :
La découverte de ce document dont on appréciera la grande importance est due aux recherches
inlassables de Robert Amadou. Il a bien voulu nous autoriser à la citer dans cette étude, mais il est juste
que le mérite lui en revienne exclusivement et qu’il en soit sincèrement remercié.1
Si la comparaison entre l’original et le texte cité par Pierre Noël amène à constater des différences
sensibles, l’ajout entre crochets carrés des mots « sc. Saltzmann » dans la note 9 permet d’en
retrouver l’origine : un article intitulé « Profès et Grand Profès » qui se trouve sur le Web.2 Article
anonyme dont les 2'655 premiers mots recopient intégralement, sans guillemets ni source, l’entrée
‘Grande Profession’ du Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie [publié] sous le direction de Daniel Ligou,
dans l’édition de 1987, où elle est signée « R. A. », c’est-à-dire Robert Amadou. C’est à la fin de cet
article singulier que se trouve, avec les mots entre crochets, la citation recopiée note 9.

SALTZMANN ?
La citation attribuée à Saltzmann, également non référencée, pages 243-244, est précédée des mots :
Ne visant certes pas à analyser le contenu de la Profession, je me contenterai de rappeler [sic] un extrait
d’une lettre de Rudolf Saltzmann…
Elle a été recopiée à la source mentionnée pour la note 9, ce qu’illustre la capitalisation de certains
mots. Par contre, elle n’est pas extraite d’une lettre de Saltzmann, mais provient d’une lettre adressée
par Willermoz à Saltzmann, « publiée pour la première fois par Robert Amadou et continuée par
Catherine Amadou » dans une série d’articles de Renaissance Traditionnelle où cette lettre du 3 mai
1812 est reproduite en totalité dans le numéro 147-148 (juillet-octobre 2006), ladite citation se trouvant
aux pages 202-203.

NOTE 10
Voici la citation à laquelle elle se rapporte et les références qui l’accompagnent :
« La Grande Profession de l’Ordre des Chevaliers B. de la C. S. est l’acte par lequel les Chev. après les
épreuves requises et les FF. des classes inférieures du même O. qui en seront trouvés dignes seront
1
Renaissance Traditionnelle No. 80 (octobre 1989), 249-250.
2
http://www.hermanubis.com.br/artigos/FR/artigoemfrances003ProfesetGrandsProfes.htm.
initiés à la connois[s]ance des mystères de l’ancienne et primitive franc maçonnerie, et sont connus
propres à recevoir l’explication et le développement final des emblemes, symboles et allégories
maçonniques. »10
10
Article 1 des Statuts et règlements des Grands Profès, en quarante articles, présentés avec un rituel
d’ouverture et de clôture, et signés par huit membres de la Profession. (BM Lyon, MS 5475, pièce 1, cité in
Saunier 1969: 264. Également cité par Antoine Faivre en 1982 in Renaissance Traditionnelle 49: 48-49,
décrit comme « MS français. 27 pages. Document G bis du fonds Bernard de Türckheim »). Wolfstieg en
1920 a publié le texte allemand de l’obligation des Profès, qui a été publiée in Saunier 1968/2, p. 347. La
version modifiée par Willermoz, datée de décembre 1778, est transcrite in Joly 1938, p. 117.
Ces 173 mots de Pierre Noël ont été textuellement recopiés dans un article d’Alain Bernheim, « Notes
à propos du Rite Écossais Rectifié », publié en 2001 dans le volume 11 d’Acta Macionica (pages 89-
90 et note 26), revue annuelle publiée « pour la Grande Loge Régulière de Belgique » dont le
Rédacteur en chef était alors, comme aujourd’hui, un certain Noël Pierre. Lequel a jugé bon d’ajouter
des points – qui ne se trouvent pas dans la citation originale – après les lettres capitales B, C, S, et O.

LA PATENTE DU 29 MAI 1830


Le texte de la patente adressée le 29 mai 1830 par Pont à certains Grands Profès, membres de la
Préfecture de Genève se trouve aux pages 238-238. Ses 242 mots ont été recopiés page 109 du
même article d’Alain Bernheim. Il y reproduisait le fac-similé et la transcription de ce document, en
ajoutant (page 107), que cette patente faisait partie de documents inédits provenant d’une collection
particulière et remerciait leur dépositaire d’avoir bien voulu les lui confier.

PAGE 237
On y lit :
« De 1779 à 1790, Willermoz reçut à Lyon soixante-neuf Grand Profès, lyonnais en majorité. La réception
du docteur François Du Pré eut lieu le 26 avril 1790 à Lyon. Son nom est suivi sur la liste du Chapitre
métropolitain par cinq autres réceptions non datées dont la dernière est celle de Joseph Antoine Pont, Eq.
a Ponte alto, dont Willemoz fera son successeur. »
Trois phrases recopiées, mot pour mot, page 91 du même article.

LA LISTE DES GRANDS PROFÈS


Pierre Noël écrit, page 238 :
« Au mois de juin 1830, fut commencée une liste intitulée :
Signatures et désignations des ff. Gds Profès du Chapitre régulier et Provincial de Genève formé dans
cette ville en juin 1830 en suite de la patente provisoire de constitution signée à Lyon le 29 mai 1830 par le
R. f. Visiteur général et dépositaire du Collège Métropolitain de Lyon Josephus a Ponte Alto; lesquels dits
ff. soussignés ratifient et confirment l'Engagement d'autre part dans toute son étendue par leur signature
donnée librement et volontairement dans le susdit Collège provincial de Genève.
Pour le XIXe siècle, cette liste ne comprend que vingt-neuf noms. Les sept premiers étaient tous membres de
la loge L’Union des Cœurs à Genève ».
Ces 118 mots ont été recopiés page 110 du même article, avec quatre erreurs de transcription dans
l’intitulé de la liste.3 Bien. Mais Pierre Noël avait peut-être cette liste en sa possession. En aurait-il cité
(recopié) le titre sans en connaître la teneur ? Il donne lu-même la réponse page 258 :
D’après leurs témoignages, les frères Eques a Rosa Caritatis (Lagrèze) et Eques a Voluntate auraient
reçu la Profession à Genève…
et se reconnaît incapable d’identifier l’Eques a Voluntate, ce qu’il souligne note 40 :
Aimé Bouvier ? Peu probable, il avait quitté ses fonctions en 1909.
Or, s’il avait connaissance de la liste commencée en juin 1830, il y aurait lu, sous le numéro 38, qu’a
Voluntate, reçu Grand Profès le 19 mars 1932, était le célèbre Nicolas Choumitzky.

CONCLUSION

3
Avec la variante : « Pour le XIXe siècle, cette liste ne comprend que vingt-neuf noms » qui remplace
avantageusement la phrase d’Acta Macionica : « Cette liste ne comprend que vingt-neuf noms pour le 19 e
siècle ».
Cette succession d’erreurs et d’emprunts, aisément vérifiable, est regrettable sous la plume d’un très
haut dignitaire de son pays et constitue un exemple déplorable pour les jeunes Maçons. Récemment,
deux ministres allemands furent contraints de présenter leur démission pour avoir, sur le Web et
ailleurs, un peu trop recopié dans leurs thèses de doctorat en omettant de citer leurs sources et
compromis ainsi la réputation du gouvernement auquel ils appartenaient.

Cet article a été lu et approuvé par Maharba

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