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LES DRONES MÈNENT LEUR

BATAILLE AU SALON AÉRONAUTIQUE


DU BOURGET
Des petits, des minis, des grands, de plus en plus armés voire suicides: les drones,
massivement utilisés sur le champ de bataille en Ukraine, occupent une place inédite
cette année sur les stands de la 54e édition du salon du Bourget.

Face aux Israéliens, aux Américains et aux Turcs, la France a-t-elle perdu la guerre des
drones? Pas encore. Sur le salon aéronautique du Bourget, les appareils militaires
sans pilotes se taillent une large place aux côté des chasseurs, des cargo, des appareils de
surveillance et des ravitailleurs.
On peut les voir en nombre au hall 3 où se trouvaient les entreprises américaines et
israélienne qui présentaient toutes une panoplie allant du drone kamikaze désormais
appelé "munition téléopérée" (MTO), à ceux de renseignement ou tactiques pour mener
des attaques. Sur le tarmac, Turkish Aerospace a installé trois modèles de son catalogue
qui en compte déjà une dizaines de versions.

Pour la France, les dés ne sont pas jetés

L'américain General Atomics, fabricant du Reaper, utilisé par plusieurs armées


européennes dont la France, règne en leader de ces appareils conçus pour la
reconnaissance et l'attaque. En 30 ans, elle en a vendu plus de 1100 exemplaires des
différentes générations. Sur le salon, il présentait son nouveau modèle, le MQ-9B dont
les premiers exemplaires sont en cours de livraison au Royaume-Uni.
Un Reaper de l'Armée française © PS
Pour la France, les dés ne sont pas jetés pour autant. Dassault se tient prêt avec
son nEUron, le drone de combat qui accompagnera le Rafale F5. Avec 3 ans de retard,
L'Eurodrone d'Airbus, présenté à l'état de maquette sur le stand du constructeur
européen, a reçu en février une notification pour un contrat de 7,1 milliards de dollars.
Le premier vol de ce drone MALE est prévu en 2026 et les livraisons en 2028. Il y avait
aussi le Patroller de Safran. Ce drone tactique -qui a obtenu sa certification en février
dernier- équipera l'armée française dès cet été. Le groupe a aussi annoncé son premier
contrat export avec la Grèce pour quatre appareils.

Le Patroller de Safran © PS
Autre annonce, KNDS, Eos et Traak qui ont été sélectionnés par l'Agence d'innovation
de la défense pour développer une MTO de 80 kilomètres de portée susceptible de
concurrencer l'américain Switchblade, dont l'armée française projette l'acquisition de
quelques 80 exemplaires.

L'économie de guerre, selon Turgis & Gaillard

Mais la surprise est venue de Turgis & Gaillard, une ETI pas encore connue du public.
Elle a dévoilé le prototype de l'Aarok, un drone multi-mission (reconnaissance et
combat) qui démarrera les premiers tests en vole fin 2023. Il a été développé sur fonds
propres pour "plus de dix millions d'euros" et assemblé dans un hangar à Blois. Cet
aéronef se pose alternative au Reaper, a expliqué à BFM Business Fanny Turgis,
cofondatrice de Turgis & Gaillard.
"Nous avons commencé à travailler dessus il y a trois ans en anticipant les tensions
de conflits internationaux et le gap capacitaire des drones américains utilisés par
l'armée française", indique Fanny Turgis.

Sa force? Il s'inscrit totalement dans la doctrine d'économie de guerre. Il est facile à


produire avec des éléments provenant de dispositifs déjà produits sur d'autres modèles.
Par exemple sa cabine de pilotage est celle du Patroller. Selon Patrick Gaillard, directeur
général, il coûtera "moins cher" que le Reaper (un MQ-9A coûte 15 à 20 millions d'euros)
et sera une arme de souveraineté puisqu'il ne comporte aucune pièce américaine pour
en faciliter l'export.

Si l'Aarok a été conçu très discrètement, il est observé de près par la DGA (direction
générale de l'armement) qui devra le moment venu accompagner l'ETI dans son
programme. D'ailleurs, le stand de Turgis & Gaillard qui se trouve juste en face de celui
du ministère des Armées, ne doit rien au hasard.

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