See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/350591849

Cartographie des risques de corruption dans le secteur de l’éducation en

Guinée

Book · April 2021

CITATIONS READS

0 227

1 author:

Muriel Poisson
International Institute for Educational Planning
45 PUBLICATIONS   418 CITATIONS   

SEE PROFILE

Some of the authors of this publication are also working on these related projects:

Curriculum development View project

Education in cities View project

All content following this page was uploaded by Muriel Poisson on 02 April 2021.

The user has requested enhancement of the downloaded file.

Muriel Poisson

Cartographie des risques

de corruption dans
le secteur de l’éducation
en Guinée

Évaluation d’intégrité

SU
É THIQUE
I VI E T ÉEVALUAT
T COR RUPT
I O N I O N DA N S L’É D UCAT I O N
Muriel Poisson

Cartographie des risques

de corruption dans
le secteur de l’éducation
en Guinée

Évaluation d’intégrité
Les opinions exprimées dans cette publication sont
celles de ses auteurs et ne reflètent pas nécessairement
celles de l’UNESCO ou de l’IIPE. Les appellations
employées dans ce volume et la présentation des
données qui y figurent n’impliquent de la part de
l’UNESCO ou de l’IIPE aucune prise de position quant au
statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou
de leurs autorités, ni quant à leurs frontières ou limites.
Quels que soient les termes utilisés dans cet ouvrage
pour désigner les personnes exerçant des fonctions, il
va de soi que les titulaires de ces postes peuvent être
indifféremment des femmes ou des hommes.

Œuvre publiée en libre accès sous la licence Attribution

NonCommercial ShareAlike 3.0 IGO (CC-BY-NC-SA 3.0 IGO,
http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/igo/deed.fr).
Lesutilisateursducontenudelaprésentepublicationacceptent
les termes d’utilisation de l’Archive ouverte de libre accès
UNESCO (http://en.unesco.org/open-access/terms-use-
ccbyncsa-fr). La présente licence s’applique exclusive-
ment aux textes de la publication.

Publié par : l’Institut international de

planification de l’éducation
7-9, rue Eugène-Delacroix, 75116 Paris
courriel : info@iiep.unesco.org
Site internet de l’IIPE : www.iiep.unesco.org
Mise en page : Suzanne Grossmann
Photo de couverture : © Shutterstock
Impression et brochage : Atelier d’impression de l’IIPE

iiep/web/doc/2021/01

© UNESCO 2021
Évaluation d’intégrité
Présentation de la série
Éthique et corruption dans
l’éducation
Différentes études réalisées au cours de ces
deux dernières décennies ont largement
souligné les effets négatifs de la corruption
sur le développement économique, social et
politique d’un pays : augmentation des coûts
de transaction, réduction de l’efficacité des
services publics, perturbation du processus
de prise de décision et affaiblissement des
valeurs sociales. On a constaté, de plus, que
la corruption tend à contribuer au renfor-
cement des inégalités, en plaçant un poids
économique disproportionné sur les pauvres
et en restreignant leur accès aux services
publics. Pour toutes ces raisons, la lutte
contre la corruption est désormais au centre
des préoccupations des décideurs et de tous
les acteurs du développement.
Une revue rapide de la littérature montre
que de nombreuses publications traitent
de la corruption. Il apparaît toutefois que
le secteur de l’éducation n’a pas reçu une
attention suffisante de la part des autorités
éducatives nationales et des organismes
bailleurs de fonds, alors même qu’à de nom-
breux égards, l’éducation doit être envisagée
comme un secteur prioritaire dans la lutte
contre la corruption :
— Aucune réforme du secteur public visant
à améliorer la gouvernance et à limiter les
phénomènes de corruption ne peut obtenir
de résultats significatifs tant que l’éduca-
tion n’a pas été correctement traitée – du
fait de l’importance du secteur éducatif
qui est dans la plupart des pays le premier
ou le deuxième secteur public, à la fois en
termes humains et financiers.
— Aucune tentative d’amélioration du
fonctionnement du secteur éducatif,
­ scolaires, ou encore la fraude académique.
en vue d’«  assurer l’accès de tous à une
éducation de qualité  » et de «  promou-
voir les possibilités d’apprentissage tout
au long de la vie  » (Objectif de dévelop-
pement durable  4), ne peut réussir si
les ­problèmes de corruption, qui ont de
iiep.unesco.org 3
sévères implications à la fois pour l’effi-
cacité dans l’utilisation des ressources, la
qualité de l’éducation et les résultats sco-
laires, ne sont pas correctement traités.
Le manque d’intégrité et les comportements
non éthiques au sein du secteur éducatif ne
sont pas compatibles avec l’un des objectifs
premiers de l’éducation qui est de produire
de «  bons citoyens  », respectueux de la loi,
des droits de l’homme et de l’équité. Ils sont
également incompatibles avec toute straté-
gie consistant à faire de l’éducation un outil
majeur dans la lutte contre la corru­­ption.
Pour ces raisons, l’Institut international de
planification de l’éducation (IIPE) a lancé en
2001 un programme global de recherche et
de renforcement des capacités sur le thème
« Éthique et corruption dans l’éducation ». La
corruption est définie ici comme « l’utilisation
systématique de charges publiques pour un
usage personnel qui se traduit par une qualité
ou une disponibilité moindres des biens et des
services éducatifs ». L’objectif principal de ce
programme est d’améliorer la prise de déci-
sion et la gestion dans les systèmes éducatifs,
en intégrant les notions de bonne conduite
des affaires publiques et de lutte contre la
corruption dans les ­métho­des de planification
et d’administration de l’éducation.
Ce programme inclut des travaux sur des
thèmes comme le financement des écoles,
la décentralisation et la corruption, la
trans­­
parence dans les mesures incitatives
pro-pauvres, les effets pervers des cours
de soutien privés, la conception et l’appli-
cation efficace du codes de conduite des
enseignants, la gestion intègre des manuels
Il comprend également des outils visant à
aider les pays à mesurer la corruption dans
l’éducation, tels que les enquêtes de suivi
des dépenses publiques ou les évaluations
d’intégrité. Plus récemment, il s’est intéressé
aux questions d’accès public à l’information
4 iiep.unesco.org Évaluation d’intégrité

Présentation de la série
Éthique et corruption dans l’éducation

dans le secteur de l’éducation, avec deux rassemblant toutes les informations et acti­
nouveaux projets de recherche consacrés vités liées aux questions de transparence et de
aux données ouvertes sur l’école et au gou- ­responsabilité dans l’éducation.
vernement ouvert dans l’éducation.
Jacques Hallak* et Muriel Poisson**
Toutes les ressources afférentes sont dispo­
nibles sur ETICO (http://etico.iiep.unesco.
org), une plateforme de ressources en ligne

* Ancien directeur de l’IIPE.

** Spécialiste du programme à l’IIPE.
Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 5

Table des matières

Présentation de la série Éthique et corruption dans l’éducation 3

Liste des tableaux, graphiques et encadrés 7

Liste des abréviations 8

Résumé exécutif 9

Introduction 11

Chapitre 1. É
 léments de contexte 14

1.1 Contexte économique 14

1.2 Fragilités et corruption 14
1.3 Introduction au système éducatif guinéen 15
1.4 Principales réformes éducatives en cours 16

Chapitre 2. C
 onsolider la gestion des effectifsdes enseignants, des élèves
et des étudiants 18

2.1 Effectifs des enseignants 18

2.2 Effectifs des élèves 19
2.3 Effectifs des candidats aux examens et concours 20
2.4 Effectifs des enseignants et étudiants dans le supérieur 20

Recommandations 21

Chapitre 3. L
 utter contre la corruption en matière de financement, contributions
des familles et bourses aux étudiants 22

3.1 Financement des écoles et des universités 22

3.2 Contributions des familles 23
3.3 Bourses versées aux étudiants 24

Recommandations 26

Chapitre 4. R
 enforcer la transparence des processus de gestion du personnel
et promouvoir les comportements intègres 27

4.1 Nomination et affectation du personnel administratif et enseignant 27

4.2 Mouvements de personnel 29
4.3 Mutations du personnel enseignant dans l’administration 30
4.4 Cumul d’activités dans le secteur public et privé 30
4.5 Comportement des enseignants 32

Recommandations 34
6 iiep.unesco.org Évaluation d’intégrité

Table des matières

Chapitre 5. A
 ccroître la redevabilité en matière de construction d’infrastructures
et de gestion des manuels et cantines scolaires 35

5.1 Marchés publics 35

Recommandations 36
5.2 Constructions scolaires 36
Recommandations 37
5.3 Manuels scolaires 37
Recommandations 40
5.4 Cantines scolaires 40
Recommandations 41

Chapitre 6. Promouvoir l’intégrité des procédures d’évaluation, d’examens

et de concours 42

6.1 Irrégularités lors des examens nationaux 42

6.2 Le cas des examens professionnels et universitaires 44
6.3 Pratique des faux diplômes 45

Recommandations 46

Chapitre 7. Améliorer la gouvernance du secteur et favoriser le contrôle social 47

7.1 Institutions de contrôle interne et externe 47

7.2 Mécanismes d’assurance qualité en devenir 48
7.3 Indicateurs de suivi des progrès de la lutte contre la corruption 48
7.4 Accès du public à l’information et redevabilité sociale 48

Recommandations 50

Conclusion et recommandations 51

Annexe 1. T
 ypologie de la corruption perçue au niveau des départements ministériels 59

Annexe 2. P
 aiement de pots-de-vin dans les écoles 60

Annexe 3. C  omposition des dépenses publiques d’éducation, par ministère

(loi de finances 2019, montants en GNF) 61

Annexe 4. C
 ode de conduite des enseignants 62

Bibliographie 63
Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 7

Liste des tableaux,

graphiques et encadrés

Tableaux

Tableau 1. Liste des institutions interrogées 13

Tableau 2. Effectifs des enseignants en situation de classe selon leur statut dans
les établissements publics (2006-2016) 19
Tableau 3. Risques de corruption liés aux effectifs des enseignants, des élèves
et des étudiants 21
Tableau 4. Effectifs des boursiers par domaine d’études (2016/2017) 24
Tableau 5. Risques de corruption liés au financement, aux contributions des familles
et aux bourses étudiantes 25
Tableau 6. Risques de corruption liés à la gestion du personnel enseignant 33
Tableau 7. Risques de corruption liés aux marchés publics 36
Tableau 8. Risques de corruption liés aux constructions scolaires 37
Tableau 9. Manuels prévus, reçus et stockés dans 5 DPE/DCE de Conakry (2013/2014) 39
Tableau 10. Risques de corruption liés à la gestion des manuels scolaires 39
Tableau 11. Risques de corruption liés à la gestion des cantines scolaires 41
Tableau 12. Risques de corruption liés aux procédures d’évaluation et d’examens 45
Tableau 13. Résumé des risques de corruption en matière d’information, financement,
gestion du personnel, passation des marchés publics et examens 52

Graphiques

Graphique 1. Évolution des taux de réussite au BEPC (2011-2017) 43

Graphique 2. Effectifs aux concours et effectifs retenus dans les filières de type A
(2012-2016) 44

Encadrés

Encadré 1. Attentes des citoyens en matière de gouvernance 11

Encadré 2. Défis institutionnels et gouvernance 14
Encadré 3. Réformes et amélioration de la couverture éducative 16
Encadré 4. Bancarisation des bourses des étudiants 25
Encadré 5. Nominations/affectations par les décideurs politiques 27
Encadré 6. Personnel administratif et enseignants à la craie 30
Encadré 7. Avis relatif à la mutation des enseignants dans l’EFTP 31
Encadré 8. Temps de travail des enseignants et activités commerciales 32
Encadré 9. Stockage des manuels et librairies par terre 38
Encadré 10. Fraude académique et corruption 43
Encadré 11. Faiblesse des institutions de contrôle 48
Encadré 12. Contrôles et regard du public 49
8 iiep.unesco.org Évaluation d’intégrité

Liste des abréviations

ANAQ Autorité nationale d’assurance qualité dans l’enseignement, la formation

et la recherche
ANLC Agence nationale de lutte contre la corruption et de promotion de la bonne
gouvernance
APEAE Association des parents d’élèves et amis de l’école
BEPC Brevet d’étude du premier cycle
BSD Bureau de la stratégie et du développement
CEE Certificat d’étude élémentaire
CNOSCG Conseil national des organisations de la société civile guinéenne
DAF Direction administrative et financière
DCE Direction communale de l’éducation
DPE Direction préfectorale de l’éducation
DPE/DCE Directions préfectorales et communales de l’éducation
DRH Direction des ressources humaines
EFTP Enseignement et formation techniques et professionnels
ENI École normale d’instituteurs
ESDP Enquête de suivi des dépenses publiques
FTP Formation technique et professionnelle
GNF Franc guinéen
IES Institution d’enseignement supérieur
IGE Inspection générale de l’éducation
IIPE Institut international de planification de l’éducation (UNESCO)
INRAP Institut national de recherche et d’action pédagogiques
IRE Inspection régionale de l’éducation
ISSEG Institut Supérieur des Sciences de l’Éducation de Guinée
LMD Licence master doctorat
MENA Ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation
MEPU-EC Ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Éducation civique
MESRS Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
MET-FP Ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle
ONG Organisation non gouvernementale
PNDES Plan national de développement économique et social
PNUD Programme des Nations Unies pour le développement
ProDEG Programme décennal de l’éducation en Guinée (2020-2029)
PSE Programme sectoriel de l’éducation
PTF Partenaires techniques et financiers
SNESCO Service national des examens, concours scolaires et orientation
SNIES Service national des infrastructures et équipements scolaires
UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture
UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’enfance
Évaluation d’intégrité
Résumé exécutif
Ce rapport présente les principales
­conclu­­­­­­­­­­sions d’une cartographie des risques
de corruption dans le secteur éducatif gui-
néen, réalisée par l’Institut international de
planification de l’éducation (IIPE) de l’Organi-
sation des Nations Unies pour l’éducation, la
scien­­ce et la culture (UNESCO) à la demande
de l’Agence nationale de lutte contre la
­corruption et de promotion de la bonne gou-
vernance (ANLC) de la République de Guinée.
Cette cartographie des risques s’appuie sur
une revue de la documentation existante
sur le système éducatif guinéen, ainsi que
sur des entretiens approfondis menés avec
les principaux acteurs intervenant dans
l’enseignement primaire et secondaire, l’en-
seignement et la formation techniques et pro-
fessionnels (EFTP), ainsi que l’enseignement
supérieur. Ce rapport présente une analyse
détaillée des risques de corruption dans cinq
domaines principaux, à savoir : ­l’information,
le financement, la gestion du personnel, les
marchés publics et les examens.
Les principaux risques identifiés dans ces
cinq domaines sont les suivants :
— Gestion des effectifs des enseignants,
des élèves et des étudiants : enseignants
et étudiants fictifs  ; sous-estimation des
effectifs des élèves scolarisés dans le
­secteur privé  ; gonflement du nombre
des candidats aux examens et concours
nationaux.
— Financement, contributions des familles et
bourses aux étudiants : utilisation de la sub-
vention scolaire pour des activités non justi-
fiées ; détournement d’une partie des fonds
collectés par les associations des parents
d’élèves et amis de l’école (APEAE)  ; favo­
ritisme dans l’allocation des primes versées
aux enseignants  ; favoritisme/­népotisme
dans le recrutement de contractuels  ;
bourses allouées à des étudiants fictifs.
iiep.unesco.org 9
— Gestion du personnel  : nominations
politiques aux postes de fonctionnaires
dans l’administration  ; non-respect des
critères de recrutement et d’affectation
du personnel enseignant  ; pression de
personnalités ou hommes politiques pour
être nommés professeurs à l’université  ;
emplois sous-traités à des « suppléants » ;
pression sur les élèves/familles pour
suivre les cours de soutien privés ou de
révisions collectives payantes ; marchan­
dage des notes contre des avantages
financiers ou en nature.
— Construction d’infrastructures, gestion
des manuels et cantines scolaires  :
non-respect de la carte scolaire pour des
raisons liées au clientélisme ; gonflement
du nombre de manuels estimés pour
alimenter le marché privé ; sortie fraudu­
leuse de manuels des stocks au niveau
des magasins ou des écoles ; vente illicite
de manuels sur le marché  ; déperdition
d’aliments au niveau des magasins de
stockage, lors de leur transfert vers les
écoles, ou au niveau des écoles.
— Évaluations, examens et concours  : tri-
cherie pendant les épreuves  ; vente de
notes en échange d’argent ou de faveurs
sexuelles  ; fuite des sujets d’examen  ;
irrégularités lors de la notation ou la saisie
des notes ; repêchage de candidats ayant
obtenu des notes largement en dessous
de la moyenne  ; versement de pots-de-
vin pour figurer sur la liste des candidats
reçus  ; plagiat  ; production/utilisation de
faux diplômes.
Un dernier chapitre consacré à la gouver-
nance met l’accent sur la nécessité de rendre
les contrôles internes et externes au ­secteur
plus systématiques et de renforcer en consé-
quence les départements et institutions
concernés  –  y compris l’Autorité nationale
d’assurance qualité dans l’enseignement, la
formation et la recherche (ANAQ).
10 iiep.unesco.org
Résumé exécutif
Une liste détaillée de recommandations pour
améliorer l’éthique, la transparence et la
­responsabilité est proposée pour chacun de
ces domaines. Une sélection de ces recom-
mandations (à raison de trois par domaine)
figure ci-dessous :
— Consolider la gestion des effectifs des
enseignants, des élèves et des étudiants :
organiser régulièrement des recense­
ments biométriques du personnel ensei­
gnant dans le primaire, le secondaire
général et l’EFTP ainsi que des étudiants ;
réaliser des audits de la fiabilité des don-
nées dans des échantillons aléatoires de
préfectures et d’écoles, et sanctionner les
personnes chargées de leur collecte et
transfert en cas de fraude avérée ; clarifier
les conditions de mutation et de déta-
chement des enseignants au niveau de
­l’administration centrale et déconcentrée.
— Lutter contre la corruption en matière de
financement, contributions des familles
et bourses aux étudiants  : réaliser une
nouvelle enquête de suivi des dépenses
publiques (ESDP) pour tracer les flux
de financement depuis le niveau central
jusqu’aux écoles  ; instaurer des règles
claires concernant le montant des frais
­collectés auprès des familles et les commu-
niquer au public par divers canaux ; calculer
de façon approfondie les coûts unitaires
dans l’enseignement supérieur par filière,
en vue d’une plus grande transparence et
efficacité dans l’allocation des fonds entre
institutions d’enseignement supérieur (IES).
— Renforcer la transparence des processus
de gestion du personnel et promouvoir
l’intégrité des comportements  : réaliser
un audit de la gestion du personnel
enseignant afin d’identifier les principaux
pro­­­­­­­­­­blèmes affectant l’application des
critères et procédures de recrutement et
­d’affectation ; rationaliser les ­mouvements
de personnel sur la base de l’application
stricte du barème détaillant les critères
et procédures de transfert ; revoir le code
Évaluation d’intégrité
de conduite des enseignants pour faire
face aux nouvelles réalités et envi­sager
la formulation d’une charte éthique pour
l’enseignement supérieur.
— Accroître la redevabilité en matière
d’infrastructures et de gestion des
­
­manu­els et cantines scolaires : veiller au
bon fonctionnement des commissions de
réception (spécialistes de la craie, etc.),
qui jouent un rôle clé dans l’appréciation
de la qualité des produits  ; veiller au
respect des critères de la carte scolaire
pour toute ouverture d’un nouvel établis­
sement  ; mettre en place une gestion et
un contrôle strict des stocks de manuels
et des denrées alimentaires à tous les
niveaux du système, en ayant si possible
recours à un système informatisé.
— Promouvoir l’intégrité des procédures
d’évaluation, d’examens et de concours  :
informatiser la gestion des examens et
concours nationaux en limitant le nombre
d’intermédiaires  ; protéger les centres
d’examens et concours nationaux, y com-
pris avec les forces de sécurité lorsque
nécessaire ; finaliser la mise en place de
la base de données de tous les étudiants
diplômés jusqu’au doctorat et la rendre
accessible en ligne.
— Améliorer la gouvernance du secteur  :
doter les instances de contrôle interne des
moyens et de la formation nécessaires
pour rendre les contrôles plus systéma-
tiques et suivre l’application des recom-
mandations formulées  ; soutenir l’action
de l’ANAQ, aussi bien en ce qui concerne
le secteur public que privé, et renforcer
les capacités des IES en matière d’assu-
rance qualité interne  ; favoriser l’accès
du public à l’information sur le secteur de
l’éducation, y compris par la publication
de tableaux de bord des écoles.
Évaluation d’intégrité
Introduction
À la demande de l’ANLC de la République
de Guinée, l’IIPE de l’UNESCO a évalué les
­risques de corruption dans le secteur de
l’édu­cation guinéen, l’objectif étant d’identi-
fier les besoins du pays en matière de pro-
motion de la transparence, de l’intégrité et
de la lutte contre la corruption dans le sec-
teur de l’éducation. Cette activité ­s’inscrit
dans le cadre du programme d’action de
l’ANLC qui, selon le décret du 4  octobre
2018, a pour mission de « réaliser des études
et travaux de recherches en matière de
bonne gouvernance, d’intégrité, d’éthique et
de transparence » et de « donner aux auto-
rités administratives, d’office ou sur leur
demande, des avis sur les mesures appro-
priées pour prévenir ou juguler des actes de
corruption ».
Cette évaluation est intervenue après la
promulgation de la loi L/2017/041/AN sur la
prévention, la détection et la répression de
la corruption et des infractions assimilées
le 8 août 2017. Cette loi définit la ­corruption
comme «  le résultat des moyens et des
actions tendant à détourner quelqu’un de
ses devoirs pour le déterminer à accomplir
ou à s’abstenir d’accomplir un acte de sa
fonction, moyennant un avantage indu ou
un enrichissement illicite  » (article  3). Elle
assimile la corruption à la soustraction
de fonds publics ou privés  ; l’utilisation de
l’autorité conférée par la fonction pour ser-
vir abusivement ses intérêts personnels ou
ceux d’autrui ; la prise ou la réception d’une
participation dans une entreprise publique
ou privée dont l’auteur avait, en raison de sa
fonction, la surveillance ou le contrôle ; l’ac-
ceptation de manière directe ou indirecte
d’un cadeau ou tout autre avantage pouvant
mettre le bénéficiaire dans l’obligation
morale d’accorder un traitement préféren-
tiel ou spécial (article 4).
1 L’enquête a porté sur un échantillon national composé de trois catégories de populations interviewées, à savoir : 1 838 ménages,
298 chefs d’entreprise et 751 agents publics.
iiep.unesco.org 11
Peu d’études ont été menées à ce jour
spécifiquement sur la corruption dans le
secteur de l’éducation en République de
Guinée. Un premier rapport consacré à la
vente illicite des ouvrages scolaires a été
publié en 2015 (ANLC, 2015). Le secteur
de l’éducation est de nouveau mentionné
dans deux rapports successifs publiés par
l’ANLC : le premier, publié en 2016, fait état
de la perception de la corruption et de la
gouvernance par la population et les entre-
prises (ANLC, 2016). Il souligne la priorité
accordée par les citoyens à la résolution
des problèmes de gouvernance rencontrés
dans le secteur éducatif, ainsi que le rôle de
l’éducation pour lutter contre la corruption
(voir Encadré  1). Le second, publié en 2018,
met en évidence des niveaux de perception
de la corruption élevés dans l’enseignement
pré-universitaire1, notamment sous la forme
de versement de pots-de-vin et de gestion
du personnel (voir Annexe 1).
Encadré 1. Attentes des citoyens
en matière de gouvernance
Sur les quatorze problèmes cités auxquels la
Guinée est confrontée, la plus grande partie
des répondants a accordé une très grande
importance aux problèmes ci-après  : le
chômage (92,2  %), le coût de la vie (81,7  %),
­l’insécurité (79 %), le système de santé (77,4 %),
la ­disponibilité des routes (74,8 %), le système
d’éducation (74,8  %) et le manque d’eau et
d’électricité (70,3 %).
Au niveau des médias, les répondants con-
sidèrent comme « moyens de lutte contre la cor-
ruption » dans l’ordre : la radio comme espace de
dénonciation (88,2  %), un espace de contrôle,
d’information et de débats (82,6  %), téléphone
vert, internet, messagerie SMS (80  %) et un
relais grand public d’éducation en milieu ­scolaire
ou dans le cadre familial (79,4 %).
Source : Présidence de la République, ANLC, 2016.
12 iiep.unesco.org
Introduction

À la demande des autorités guinéennes, le
champ de l’étude a été conservé volontai-
rement ouvert, de manière à effectuer un
premier balayage des principaux domaines
affectés par la corruption dans l’éducation.
L’étude a ainsi couvert à la fois les secteurs
pré-universitaire, universitaire et celui de
la formation technique et professionnelle
(FTP). Elle a porté sur cinq domaines princi-
paux, à savoir :
— l’information ;
— le financement du système éducatif ;
— la gestion du personnel académique ;
— les règles de passation des marchés
publics ;
— les examens.
Tous ces domaines n’ont pas été analysés
dans le détail, l’idée étant à ce stade d’identi-
fier les sujets prioritaires devant donner lieu
à des études plus approfondies à l’avenir.
Le secrétaire exécutif adjoint de l’ANLC a
pris contact avec toutes les autorités gui-
néennes concernées pour collecter toute
la documentation nécessaire et établir un
calendrier d’entretiens. Une équipe de ter-
rain constituée de l’auteure de ce ­rapport
et de trois représentants de l’ANLC a été
constituée. Cette équipe a réalisé une
série d’entretiens à Conakry et à Sonfonia-
Conakry, lors d’une mission exploratoire qui
s’est tenue du 5 au 11  novembre 2018. Au
cours de sa mission, l’équipe a rencontré les
représentants du ministère de l’Éducation
nationale et de l’Alphabétisation (MENA), du
ministère de l’Enseignement technique et
de la Formation professionnelle (MET-FP),
ainsi que du ministère de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche scientifique
(MESRS). Des entretiens ont pu être menés
avec le secrétaire général de chacun de
ces ministères, ainsi que la plupart de
leurs chefs de département (en charge du
­financement, de la gestion du personnel, de
l’organisation des examens, etc.).
Évaluation d’intégrité
Des entretiens ont également été menés
dans deux universités du pays, à savoir l’uni-
versité Général-Lansana-Conté (publique)
et l’université Kofi-Annan (privée). Dans
chaque Université, l’équipe a rencontré le
doyen, le vice-doyen et les responsables
de divers départements administratifs
(comptabilité, examens, etc.). Enfin, l’équipe
a rencontré des représentants d’orga-
nismes impliqués dans la surveillance et le
contrôle du secteur de l’éducation, à savoir
le Parlement (responsable de la commission
parlementaire en charge de l’éducation)
et l’Inspection générale d’État. Elle a éga-
lement pu s’entretenir avec une douzaine
de membres d’associations réunies par le
Conseil national des organisations de la
société civile guinéenne (CNOSCG). Au
total, une quinzaine d’institutions ont été
visitées et une cinquantaine de personnes
interrogées, individuellement ou en groupe.
Les informations collectées au cours de
cette mission exploratoire ont été ensuite
complétées tout au long de l’année 2019
avec l’aide de l’ANLC. Une revue documen-
taire a permis d’évaluer tous les documents
disponibles sur les questions d’éducation
et de corruption en Guinée. Toutes les
institutions visitées au cours de la mission
ont été invitées à fournir des informations
statistiques complémentaires et des
­documents spécifiques (codes de conduite,
rapports d’évaluation, etc.). L’année 2019
a été, en effet, particulièrement décisive
pour le secteur de l’éducation guinéen, du
fait de la production du Programme décen-
nal de l’éducation en Guinée (ProDEG) qui
fixe les grandes orientations politiques
ainsi que les programmes prioritaires pour
la période 2020-2029. Il inclut également
l’accès équitable à l’enseignement général,
la qualité et la pertinence des enseigne-
ments, l’extension et la réforme de l’EFTP,
la réforme de l’enseignement supérieur,
la gouvernance et le pilotage du système
éducatif.
Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 13

Introduction


Tableau 1. Liste des institutions interrogées

Organes régulateurs Parlement (commission parlementaire en charge de l’éducation)

Ministères centraux
Universités
Organes de contrôle
Organisations de la société civile
Partenaires au développement
Présidence (conseiller du président pour l’éducation)
Ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation (MENA)
Ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle
(MET-FP)
Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
(MESRS)
Programme sectoriel de l’éducation (PSE)
Université Général-Lansana-Conté (publique)
Université Kofi-Annan (privée)
Inspection générale d’État
Conseil national des organisations de la société civile guinéenne (CNOSCG)
Fédération des associations des parents d’élèves et amis de l’école
PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement)
UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’enfance)

Ce rapport synthétise les résultats de la revue Note  : L’auteure souhaite témoigner sa

documentaire, des entretiens sur le terrain et
des données supplémentaires rassemblées
après la mission. Au vu de l’ensemble des
informations collectées, il se centre sur les
risques de corruption identifiés dans les cinq
domaines suivants :
— les systèmes d’information et de contrôle
des effectifs ;
— le financement de l’éducation ;
— la gestion du personnel ;
— les infrastructures, cantines et manuels
scolaires ;
— les examens.
recon­­­­­­­naissance à Monsieur Sékou Mohamed
Sylla, secrétaire exécutif adjoint de l’ANLC,
pour toute son aide dans l’organisation de
la mission exploratoire et son suivi. Elle
souhaite également remercier Madame
Rouguiatou Diakite, membre de l’ANLC, qui
a facilité l’organisation des entretiens sur
place. Enfin, elle souhaite remercier Marie
Camara, étudiante à l’Université de Picardie
Jules Verne, qui a participé à la collecte de
documents dans le cadre du stage qu’elle a
effectué à l’IIPE.

Une dernière section est consacrée aux

questions de gouvernance dans le secteur.
Pour chacun de ces domaines, ce rapport
propose des recommandations pratiques
visant à améliorer la transparence et la rede-
vabilité. Ces recommandations sont reprises
dans la conclusion.
14
Chapitre 1. 
Éléments de contexte
1.1 Contexte économique
La République de Guinée a enregistré une
amélioration de ses performances écono-
miques à partir du début des années 2010.
Le produit intérieur brut réel par habitant a
augmenté de 1,9  % en 2010, 2,5  % en 2013,
croissance stoppée par l’arrivée de la mala-
die à virus Ebola en 2014. Le pays a connu
un retour de la croissance dans les années
qui ont suivi, avec un taux de 3,5 % en 2015,
6,6  % en 2016 et 6,7  % en 2017, soutenue
par les réformes et les investissements réa­
lisés dans les secteurs de l’agriculture, des
mines et de la construction (Ntagunguria,
2018). Le Plan national de développement
économique et social (PNDES 2016-2020)
adopté au cours de cette période a fixé les
grandes orientations économiques d’une
« Guinée émergente à l’horizon 2040 ». Mais,
malgré les progrès réalisés et l’importance
de ses richesses naturelles, la Guinée conti-
nue à figurer sur la liste des pays les moins
avancés avec un indice de développement
humain2 évalué à 0,466 pour l’année 2018, le
classant au 174e  rang mondial, et un indice
de pauvreté multidimensionnelle3 équivalent
à 54,3 % selon une enquête réalisée en 2016
(PNUD, 2019).
1.2 Fragilités et corruption
Selon le rapport national d’évaluation de la
fragilité du pays publié en 2016 avec l’ap-
pui du PNUD (PNUD, 2017), les principales
causes de fragilité du pays sont :
— la faible application ou la non-application
des lois, des mécanismes et procédures ;
— la faiblesse des capacités à tous les
niveaux ;
— la corruption et l’impunité ;
2 Indice composite qui mesure le niveau moyen atteint dans trois dimensions fondamentales du développement humain : vie longue
et en bonne santé, connaissances et niveau de vie décent.
3 Pourcentage de la population dont le score de privation est d’au moins 33 %.
iiep.unesco.org Évaluation d’intégrité
— la prépondérance du caractère informel
de l’activité économique et le faible dyna-
misme des secteurs de croissance ;
— les inégalités qui touchent en particulier
les femmes.
La Banque africaine de développement
(2018) relève également des défis institu-
tionnels liés à la faiblesse des salaires de
l’administration, la difficulté à faire appliquer
les textes de lois, la corruption et l’impunité
(voir Encadré  2). Le pays obtient 29  % sur
­l’indice de perception de la corruption publié
en 2019 par l’organisation non gouvernemen-
tale (ONG) Transparency International, le
classant au 130e rang mondial sur 198.
Encadré 2. Défis institutionnels
et gouvernance
En plus du déficit d’infrastructures, les défis sont
principalement institutionnels, liés à la gouver-
nance, en particulier dans l’administration. L’un
des plus importants est l’application coordonnée
des décisions de mise en œuvre de la vision et
des politiques par les institutions ­responsables,
et l’imposition de sanctions à ceux qui en
­ralentissent l’exécution. La recherche de rentes,
qui nourrit la corruption, constitue un frein nota-
ble à la mise en œuvre continue et durable des
politiques et mesures. La faiblesse des salaires
de l’administration, en décalage avec le coût de
la vie et certaines pratiques sociales, met en évi-
dence la question cruciale de la masse salariale
dans la réforme de l’administration. Combinée
à la faiblesse des allocations budgétaires aux
structures responsables de la mise en œuvre
de la vision et des politiques, cette situation
affai­blit la capacité d’élaboration et de mise en
œuvre des projets ainsi que d’absorption des
ressources dans les délais impartis.
Source : Banque africaine de développement, 2018.
Évaluation d’intégrité
Chapitre 1.
Éléments de contexte
Dans le souci notamment de soutenir la
croissance et de favoriser les investisse-
ments, le Gouvernement affiche sa volonté
de lutter contre la corruption. Le PNDES
2016-2020 inclut ainsi comme priorité le
renforcement de la redevabilité et de la
transparence, aussi bien au niveau central
qu’à celui des collectivités locales. La loi
portant sur la prévention, la détection et la
répression de la corruption a été promul-
guée en août  2017. Pour accompagner le
Gouvernement dans la mise en œuvre de
cette loi, le PNUD a mis en place un projet
d’appui à la promotion de l’intégrité et de
lutte contre la corruption en Guinée pour un
montant de 7 443 414 dollars4. Le document
de projet note qu’«  en Guinée, le flou de la
frontière entre la sphère publique et privée,
les attaches communautaires et ethniques,
et les fonctions de ­redistribution informelle
contribuent à faire de la corruption une pra-
tique sociale naturelle et banalisée » (PNUD,
2017). Suite au remaniement ministériel
d’avril 2018, la lutte contre la corruption est
incluse dans les lettres de mission de tous
les ministères.
1.3 Introduction au système éducatif
guinéen
Le système éducatif guinéen enregistre
une augmentation rapide de la population
scolarisable : selon les projections de l’Ins-
titut national de statistique, la population
âgée de 4 à 24  ans devrait ainsi passer de
5,2  millions en 2014 à plus de 8  millions
en 2030. La population scolarisée connaît
également une dynamique de croissance  :
le nombre d’enfants préscolarisés est passé
d’environ 89 000 en 2007 à près de 236 000
en 2016 (soit une multiplication par 2,7) ; le
nombre d’enfants scolarisés au primaire de
1 258 038 en 2006 à 1 776 560 en 2016 (soit
4 Dans l’ensemble du texte, les dollars sont des dollars des États-Unis. Ce projet porte sur la période 2019-2022.
5 Voir http://uis.unesco.org/fr/country/gn
6 UNICEF et IIPE-UNESCO Dakar, 2019.
iiep.unesco.org 15
une multiplication par 1,4) ; ceux scolarisés
au collège de 356  456 en 2006 à 471  089
en 2016 (soit une multiplication par 1,3) ; et
ceux scolarisés au lycée de 121 908 en 2006
à 202  544 en 2016 (soit une multiplication
par 1,7). Pendant cette même période, la
part des effectifs scolarisés dans le sec-
teur privé a bondi  : elle représentait 35  %
des inscrits au collège et 51 % au lycée en
2016 (UNICEF et IIPE-UNESCO Dakar, 2019).
Toutefois, 425 413 enfants et 559 421 ado-
lescents n’étaient toujours pas scolarisés en
2016 et 2014 respectivement5.
Pendant cette même période, les taux
nets de scolarisation au primaire sont pas-
sés de 69  % en 2010 à 76  % en 2016. Au
secondaire, ces mêmes taux ont stagné,
passant de 30  % en 2011 à 32  % en 2014.
Par ailleurs, le nombre d’apprenants pour
100 000 habitants a plus que doublé pour la
formation professionnelle – passant de 157
en 2006/2007 à 324 en 2015/2016 – et le
nombre d’étudiants pour 100 000 habitants
est passé de 793 à 917 sur la même période.
Toutefois, l’analyse sectorielle réalisée en
20196 rend compte de taux d’achèvement
faibles (78 % pour les garçons et 57 % pour
les filles au primaire  ; 40  % pour les gar-
çons et 25 % pour les filles au collège), du
nombre important d’écoles à cycle incom-
plet (66 % en 2016) et de la dominance des
filières tertiaires dans l’EFTP alors même que
les emplois informels (essentiellement agri-
coles) regroupent 90 % des actifs. Le cadre
de dépenses à moyen terme du MESRS fait,
quant à lui, état de l’insuffisance du nombre
d’enseignants-chercheurs au niveau magis-
tral, de la vétusté et du sous-équipement
des laboratoires et centres de recherche et
de la faible proportion des diplômés ayant
des compétences en sciences, technologies,
ingénierie et mathématiques.
 16 iiep.unesco.org
Chapitre 1.
Éléments de contexte
Encadré 3. Réformes et amélioration
de la couverture éducative
Depuis 2011, le Gouvernement guinéen a mis
en œuvre une série de réformes afin d’accroître
la performance économique du pays. Ces
mesures auraient pu permettre une croissance
économique et sociale si le contexte avait été
plus favorable. En effet, en raison notamment
de l’augmentation importante de la population
et de la crise Ébola, la performance économique
des dernières années a été insuffisante pour
atténuer la pauvreté.
Du point de vue démographique, l’extrême jeu-
nesse de la population et sa forte concentra-
tion dans la capitale constituent de véritables
défis pour le système éducatif guinéen. Celui-ci
évolue dans un contexte assez contraint, à la fois
du côté de l’offre et de la demande éducative.
De manière générale, la couverture éducative
s’est quelque peu améliorée, en lien avec l’aug-
mentation des effectifs à tous les niveaux. Bien
que le taux de scolarisation soit en hausse, cette
situation entraîne des problèmes d’équité dans
le système. En outre, pour améliorer le dialogue
intersectoriel ainsi que la communication entre
les différents niveaux, les capacités humaines et
institutionnelles doivent être améliorées.
Source : IIPE-UNESCO Dakar, 2019.
Au total, si la part des dépenses totales
d’édu­cation hors service de la dette consa-
crées par l’État à l’éducation a augmenté
au cours de la dernière décennie, elle reste
inférieure à la moyenne des autres pays
de la Communauté économique des États
de l’Afrique de l’Ouest  : 19  % contre 26  %
pour la période comprise entre 2010 et 2016
(UNICEF et IIPE-UNESCO Dakar, 2019). Selon
la loi de finances 2019 (voir Annexe 3), envi-
ron 60 % de ces dépenses sont ­affectées à
l’enseignement pré-universitaire, plus d’un
tiers à l’enseignement supérieur et 7,5 % à
l’enseignement technique et professionnel
(Assemblée nationale, 2019). Cette part
7 Cette mesure a cependant été suspendue depuis la rentrée 2017/2018.
Évaluation d’intégrité
importante de l’enseignement supérieur
s’explique notamment par la prise en charge
par le Gouvernement d’étudiants scolarisés
dans des institutions privées pour compen-
ser la faible capacité d’accueil des universi-
tés publiques7.
1.4 Principales réformes éducatives en
cours
Les contraintes auxquelles doit faire face le
système éducatif guinéen sont multiples. On
peut notamment citer :
— la difficulté à faire appliquer les règles de
décentralisation ;
— des infrastructures scolaires inadéquates
et inégalement réparties sur l’ensemble
du territoire (Conakry concentre 46 % de
l’offre scolaire, Kindia 15 % et N’Zérékoré
14 %) ;
— le manque de qualification des ensei­
gnants, en particulier des contractuels
qui n’ont pas reçu de formation initiale
(même si cette catégorie d’enseignants
tend à disparaître progressivement) ;
— des grèves à répétition du personnel
enseignant autour de la question des
salaires.
Au moment auquel l’enquête de terrain a été
menée, le Syndicat libre des enseignants
et chercheurs de Guinée avait annoncé une
grève illimitée  : il s’agissait de la troisième
grève depuis mars  2018, suspendue après
avoir obtenu un accord d’augmentation de
40 % des salaires promis en octobre 2017 et
un paiement des arriérés.
Pour faire face à ces défis, un premier rap-
port d’analyse sectorielle réalisé en 2004 a
servi de base à l’élaboration du Programme
sectoriel de l’éducation (PSE)  1 portant sur
la période 2008-2015 (Pôle de Dakar, 2005).
Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 17

Chapitre 1.
Éléments de contexte

Un autre rapport achevé en 2018 a servi

de base à la préparation du ProDEG 2019-
2028. Entre les deux, le PSE 2 a été adopté
pour couvrir les années 2015-2017. Un fonds
commun alimenté par le Partenariat mondial
pour l’éducation, l’Association internationale
de développement, la France et l’UNICEF
a permis de soutenir les axes stratégiques
suivants :

— améliorer la couverture et l’équité dans

l’accès à l’éducation de base pour les
enfants scolarisés et non scolarisés ;
— améliorer la qualité de l’enseignement
et des conditions d’apprentissage aux
niveaux du primaire et du collège ;
— améliorer la gouvernance et la gestion du
secteur éducatif par le suivi et l’évaluation.

Le cadre de dépenses à moyen terme

2019-2021 adopté par le MESRS comprend
également un axe stratégique consacré à
l’amélioration de la gouvernance dans l’en-
seignement supérieur (MESRS, 2018).
18 iiep.unesco.org
Chapitre 2. 
Consolider la gestion des effectifsdes
enseignants, des élèves et des étudiants
La fiabilité des systèmes de collecte et de
gestion de l’information sur les effectifs est
fondamentale pour tous les aspects de la
gestion du système éducatif  : aussi bien le
calcul de l’allocation des fonds que la gestion
du personnel, le traitement des examens,
etc. Des irrégularités dans les listes d’ensei-
gnants, d’élèves ou d’étudiants peuvent ainsi
avoir des implications importantes en termes
de budget, de masse salariale ou d’équité
dans la distribution des ressources. Les auto-
rités guinéennes ont donc réalisé plusieurs
exercices de recensement biométrique du
personnel enseignant et des étudiants au
cours des années récentes. Ces exercices ont
révélé un manque de transparence.
2.1 Effectifs des enseignants
Les effectifs du personnel enseignant
guinéen recouvrent trois catégories  : les
enseignants fonctionnaires, les contractuels
de l’État, les enseignants communautaires
(pour le primaire) pris en charge par les com-
munautés, ou vacataires (pour le secon­daire
et l’EFTP) recrutés localement et financés
par des ressources transférées aux établis-
sements. Le Tableau  2 montre que la part
des enseignants contractuels de l’État a
fortement baissé suite à la décision de les
intégrer dans le corps des fonctionnaires  :
elle est passée de 54  % à 3  % du person-
nel dans le primaire entre 2006 et 2016  ;
de 43 % à 8 % dans le secondaire ; et de 8
à 3  % dans l’EFTP. Dans le même temps, la
part des contractuels recrutés au plan local
a augmenté, passant de 6 % à 21 % pour le
primaire ; 6 % à 13 % pour le secondaire ; 11 %
à 13 % dans l’EFTP. Cette situation pose deux
défis majeurs  : d’une part, s’assurer qu’il
n’existe pas d’enseignants fictifs sur les listes
d’enseignants fonctionnaires, contractuels
de l’État et vacataires  ; d’autre part, mettre
à jour les listes d’enseignants communau-
taires régulièrement, sachant qu’ils exercent
aussi bien dans des écoles d’initiative locale
que dans des écoles publiques.
Évaluation d’intégrité
La gestion de la base de données des ensei-
gnants est assurée par la DRH de chacun
des ministères concernés. Elle dispose
­d’assistants gestionnaires de personnel au
sein des directions préfectorales de l’édu-
cation (DPE) chargés d’alimenter la base
centrale en communiquant les effectifs du
personnel administratif, des enseignants en
situation de classe, des enseignants retrai-
tés décédés et des enseignants ayant quitté
l’enseignement pour d’autres fonctions. Ces
assistants gestionnaires demandent aux
directeurs d’école de communiquer les don-
nées correspondant à leur établissement. Les
informations collectées sont alors croisées
au niveau central avec deux autres bases de
données  : celle du Bureau de la stratégie et
du développement (BSD) de chaque ministère
chargé de gérer les statistiques scolaires, et
le fichier de la solde qui relève du ministère de
l’Économie et des Finances. Selon les repré-
sentants de la DRH du MENA interrogés dans
le cadre de cette étude, la comparaison de ces
bases fait apparaître entre 10 et 20 % de dif-
férences, notamment en ce qui concerne les
enseignants communautaires. Et même si des
ateliers de rencontres sont organisés pour
clari­fier des doutes sur certaines données,
ou si les enseignants qui sont payés dans une
localité où ils n’enseignent pas font l’objet de
vérification, le manque de moyens en matière
de contrôle de la qualité des données sur le
terrain constitue un frein important à leur
fiabilité.
Trois exercices récents de contrôle des effec-
tifs ont permis de mettre en lumière certaines
pratiques contraires à la transparence. À
la demande du président de la République,
l’Ins­pection générale de l’éducation (IGE) a
été ainsi chargée en 2017 de contrôler les
effectifs des agents exerçant des fonctions
au niveau de l’administration du Cabinet
ministériel du MENA. Elle a mis en évidence
la présence d’enseignants en situation de
classe ainsi que d’enseignants occupant des
­fonctions admi­nistratives, aussi bien au niveau
Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 19

Chapitre 2.
Consolider la gestion des effectifs

Tableau 2. Effectifs des enseignants en situation de classe selon leur statut dans les
établissements publics (2006-2016)

2006 2016
Primaire 20 254 100 % 24 744 100 %
Fonctionnaire 8 015 39,57 % 18 581 75,09 %
Contractuel de l’État 11 004 54,33 % 842 3,40 %
Contractuel communautaire 1 235 6,10 % 5 250 21,22 %
Autre 0 0,00 % 71 0,29 %
Secondaire général 7 037 100 % 9 863 100 %
Fonctionnaire 3 489 49,58 % 7 618 77,24 %
Contractuel de l’État 3 057 43,44 % 803 8,14 %
Contractuel local ou temporaire 422 6,00 % 1 276 12,94 %
Autre 69 0,98 % 166 1,68 %
EFTP 1 136 100 % 1 272 100 %
Fonctionnaire 919 80,90 % 1 040 81,70 %
Contractuel de l’État 94 8,27 % 38 2,99 %
Contractuel local ou temporaire 123 10,83 % 161 12,65 %
Autre 34 2,67 %
Source  : Bureau de la stratégie et du développement (BSD)/MENA et MESRS  ; BSD et Direction des ressources humaines (DRH)
METFP-ET, cité par UNICEF et IIPE-UNESCO Dakar, 2019.

du Cabinet que des entités déconcentrées, et
continuant à toucher des indemnités réser-
vées aux ensei­gnants après avoir été mutés
ou détachés. Dans un second temps, l’IGE a
conduit un audit des listes d’enseignants au
niveau des préfectures des huit régions du
pays en lien avec le ministère de l’Administra-
tion du Territoire et de la Décentralisation. Cet
audit de terrain visant à contrôler la présence
physique des individus (visite non annoncée,
suivie d’une visite annoncée) a révélé la pré-
sence de 11 400 enseignants fictifs qui ont été
supprimés des listes en décembre 2017. Enfin,
une commission en charge du toilettage du
fichier des fonctionnaires a rendu public un
rapport préliminaire sur le nombre d’ensei-
gnants en Guinée en 2019, estimant à 6  381
les enseignants non recensés.
2.2 Effectifs des élèves
Le BSD du MENA gère les statistiques
scolaires de l’enseignement préscolaire,
primaire et secondaire ainsi que des centres
Nafa depuis une trentaine d’années. Sa base
de données, consultable via le portail des
statistiques de Guinée8, existe depuis une
vingtaine d’années. Les données statistiques
par région et préfecture peuvent y être télé-
chargées pour chaque année académique.
Sur demande, les données relatives aux
écoles peuvent être communiquées via les
préfectures, chaque fiche école comprenant
des données relatives au nombre d’élèves, de
salles de classe et d’enseignants. Au début
de l’année, le BSD demande à toutes les
institutions concernées de leur faire part de
leurs commentaires sur le questionnaire de
collecte de données utilisé. La fiche statis-
tique à remplir est ensuite transmise à toutes
les DPE en version papier. Le processus de
collecte de données est discuté dans chaque
préfecture, en faisant la synthèse des erreurs
des années précédentes. La ­ collecte des
données dure deux mois, pendant lesquels
le BSD travaille en étroite collaboration avec
ses délégués au niveau des préfectures et les
directeurs d’école. Chaque directeur d’école

8 Ce portail est disponible à  : www.stat-guinee.org/index.php/autres-publications-ssn/102-ministere-de-l-education-nationale-et-

de-l-alphabetisation
20 iiep.unesco.org
Chapitre 2.
Consolider la gestion des effectifs
signe la fiche statistique remplie. Si les
données diffèrent de l’année précédente, les
services statistiques se mettent en rapport
avec lui pour vérification. Une consolidation
et un apurement des données sont réalisés
au niveau de chaque région.
Selon les personnes interrogées, les risques
de gonflement des effectifs restent limités
car les écoles n’y ont pas d’intérêt du fait du
modèle de subventions scolaires en place
(cette assertion reste à confirmer dans la
mesure où ces subventions sont versées en
fonction des effectifs, voir le point  3.1 pour
plus de détail). Les erreurs relevées provien-
draient essentiellement des établissements
privés qui préfèrent sous-estimer leurs
effectifs de crainte que l’État s’intéresse à
leurs finances. La faible numérisation du
processus de collecte des données constitue
néanmoins un facteur de fragilité. Un effort
de numérisation à l’aide de tablettes a été
réalisé dans 51  directions communales de
l’éducation (DCE) avec l’aide de l’UNICEF et de
la Coopération française en 2016-2017, mais
il n’a pas été poursuivi faute de financement.
L’accès limité du grand public aux données
statistiques par école constitue un autre
facteur limitant. L’accès à cette information
permettrait aux citoyens de participer au
contrôle des données au plus près du terrain.
2.3 Effectifs des candidats aux examens
et concours
Depuis quelques années, l’IGE effectue un
audit annuel des effectifs des candidats
aux examens en lien avec le ministère de
l’Éco­nomie et des Finances. Son objectif
est de réduire les risques de majoration du
nombre de candidats déclarés aux examens
et concours nationaux dans le but d’accroître
les subventions correspondantes. Il faut noter
à cet égard une variation importante entre le
nombre de candidats inscrits et le nombre
de candidats réels, du fait du nombre impor-
tant d’inscrits ne se présentant pas à l’exa-
Évaluation d’intégrité
men. Dans ce cadre, le Service national des
examens, concours scolaires et orientation
(SNESCO), au niveau du MENA, est chargé de
communiquer la liste de tous les candidats
au brevet d’étude du premier cycle (BEPC)
et au baccalauréat, avec leurs noms, photos,
etc. Les autorités scolaires sont chargées de
contrôler ces données. Les chiffres commu-
niqués engagent leurs responsables  : si un
écart est détecté, la personne qui a commu-
niqué l’information est responsable de cet
écart. Selon l’IGE, cet exercice aurait permis
d’économiser 42 milliards de francs guinéens
(GNF) en 2016 et 32 milliards en 2017.
2.4 Effectifs des enseignants et étudiants
dans le supérieur
Le MESRS est chargé du contrôle continu
des effectifs des enseignants qui exercent
dans les universités, ainsi que des effectifs
d’étudiants. L’IGE peut également intervenir
pour auditer les chiffres communiqués par les
universités. En 2011, par exemple, cette insti-
tution a remis un rapport au président de la
République relatif aux effectifs des étudiants.
Suite à sa publication, certaines universités
du pays auraient dû réduire leurs effectifs
de 20 à 30 %. Le ministre de l’Enseignement
supérieur a pris à son tour l’initiative de mettre
en place une campagne de ­recensement bio-
métrique des étudiants au cours de l’année
2016/2017, dans le but d’éliminer les «  cas
d’étudiants fictifs qui bénéficient de la bourse
d’État sans être ­réellement étudiants » (BBC
News, 2017). Selon ce rapport, 47  000  étu-
diants inscrits dans les universités publiques
et privées guinéennes sont des étudiants
fictifs, soit environ la moitié des effectifs. Ils
seraient deux fois plus nombreux dans les
universités privées que dans les universités
publiques situées dans la capitale, Conakry.
Le ministre a déclaré en mars 2017 qu’avec « la
confirmation de plus de 50 % de fictifs dans le
système, son département [projetait] de faire
au minimum une économie oscillant entre 150
et 200  milliards ou plus par an  ». Dans son
Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 21

Chapitre 2.
Consolider la gestion des effectifs

cadre de dépenses à moyen terme 2019-2021,
le MESRS indique sa volonté de poursuivre le
recensement biométrique des enseignants
et des étudiants à l’avenir (MESRS, 2018).
Un tel exercice peut permettre en effet de
réduire non seulement le cas d’enseignants et
étudiants fictifs, qui constituent une source
majeure de captation des ressources, mais
aussi de remonter les cas d’enseignants qui
ont quitté leur poste ou d’enseignants qui
enseignent dans plusieurs universités (en
particulier ceux qui exercent à la fois dans le
public et le privé) et qui sont comptabilisés
plusieurs fois dans le système.
Un résumé des risques de corruption liés aux
effectifs des enseignants, des élèves et des
étudiants est présenté dans le Tableau 3.

Tableau 3. Risques de corruption liés aux  effectifs des enseignants, des élèves et des
étudiants

Domaines Risques identifiés

Effectifs des enseignants
Effectifs des élèves
Effectifs des candidats aux
examens et concours nationaux
Effectifs des enseignants et des
étudiants dans le supérieur
• Enseignants fictifs
• Enseignants mutés ou détachés auprès de l’administration centrale ou
déconcentrée qui continuent à toucher leurs indemnités d’enseignant
• Sous-estimation des effectifs des élèves scolarisés dans le secteur privé
• Gonflement du nombre des candidats aux examens et concours nationaux
• Enseignants fictifs
• Étudiants fictifs
• Manque de transparence sur le nombre d’enseignants qui exercent à la fois
dans le secteur public et privé

Recommandations

— Organiser des exercices de recensement — Harmoniser les bases de données des

biométrique du personnel enseignant
dans le primaire, secondaire général
et l’EFTP de manière régulière, afin de
mettre à jour les données correspon-
dant à chaque catégorie de personnel.
— Poursuivre la numérisation de la
collecte des données statistiques au
niveau des écoles.
— Réaliser des audits de contrôle de la
fiabilité des données dans des échan-
tillons aléatoires de préfectures et
d’écoles, sanctionner les personnes
chargées de leur collecte et transfert
en cas de fraude avérée.
— Clarifier les conditions de mutation et de
détachement des enseignants au niveau
de l’administration centrale et déconcen-
trée, édicter des règles claires relatives
au paiement de leurs émoluments.
DRH et des BSD des trois ministères
concernés, puis avec le fichier de
la solde qui relève du ministère de
l’Écono­mie et des Finances.
— Encourager la publication des fiches
écoles de manière à favoriser un con-
trôle social de la fiabilité des données
au plus près du terrain.
— Poursuivre les audits annuels du nombre
de candidats aux examens nationaux.
— Continuer le recensement biométrique
du personnel enseignant et des étudi-
ants dans toutes les universités publi­
ques et privées du pays.
— Mettre en place un système d’identifi-
cation individuelle permettant d’éviter
de comptabiliser des personnes plu-
sieurs fois dans les bases.
22 iiep.unesco.org
Chapitre 3. 
Lutter contre la corruption en matière
de financement, contributions des
familles et bourses aux étudiants
L’éducation en Guinée est financée par une
diversité d’acteurs  : l’État, mais aussi les
familles, les communautés de base, les par-
tenaires techniques et financiers (PTF), ainsi
que des ONG. Hallak et Poisson (2009) ont
montré que les risques de corruption (tels
que la transgression des règles et procé-
dures, le non-respect des critères, l’inflation
des coûts et activités, la prévarication9, etc.)
diffèrent selon les flux de financement,
selon qu’ils sont destinés aux salaires, à la
construction d’infrastructures, etc. Levačić
et Downes (2004) ont également mis en
avant le fait qu’à chaque formule d’alloca-
tion des fonds correspondent des risques
différents. Une identification précise de ces
risques requérait dans le contexte guinéen
des enquêtes complémentaires telles qu’une
ESDP, ou une enquête d’évaluation citoyenne.
Cette étude se contentera à ce stade d’une
revue des risques possibles de corruption
en matière de financement, de contributions
des familles et de bourses aux étudiants.
3.1 Financement des écoles et des
universités
Depuis les années 2000, la budgétisation des
programmes éducatifs a été déconcentrée.
Elle mobilise ainsi à la fois le niveau central,
régional, préfectoral et celui de l’école. La res-
ponsabilité des budgets de fonctionnement
a été transférée à cette période au niveau
local. Une cellule interministérielle, chargée
de coordonner le développement d’un cadre
des dépenses à moyen terme, est hébergée
au MENA, mais chaque ministère ayant en
charge l’éducation produit depuis 2012 son
propre cadre tous les trois ans. Cette cellule
élabore une note de cadrage chaque année et
aide les autorités déconcentrées à préparer
leur plan budgétaire. Elle suit l’exécution bud-
gétaire tant au niveau central que local, tandis
que les Directions des affaires financières de
9 Vol de ressources publiques par des fonctionnaires.
Évaluation d’intégrité
chaque ministère ont en charge les déléga-
tions de crédit. La cellule ayant en charge la
coordination du PSE veille quant à elle à la
traçabilité des flux de financement jusqu’aux
écoles. Elle s’appuie sur 38 gestionnaires de
ressources situés au niveau déconcentré et
sur les services d’inspection régionaux, pré-
fectoraux et communaux.
La subvention aux écoles, introduite en 1993,
a été reprise plus récemment dans le cadre
du Fonds commun pour l’éducation de base.
Calculée sur la base des effectifs de chaque
école, elle est versée directement aux éta-
blissements pour leur fonctionnement et
les frais de formation du personnel. Elle est
transférée aux DPE puis aux délégations
scolaires de l’enseignement en liquide ou en
chèque. Les directeurs d’école doivent com-
muniquer aux autorités leur plan d’action
expliquant la manière dont ils vont dépenser
ces sommes et suivre le manuel de procé-
dures qui leur a été communiqué pour les uti-
liser (ils ont été formés à ces procédures sur
la base de ce manuel et ces procédures leur
sont rappelées à chaque rentrée scolaire). Ils
doivent également communiquer des pièces
justificatives une fois les activités réalisées.
La Direction nationale de l’enseignement
fondamental procède chaque année à des
vérifications dans deux ou trois écoles par
préfecture pour vérifier les pièces soumises
et contrôler la mise en œuvre des activités
déclarées. En cas de problème, elle envoie
un avertissement aux directeurs. Toutefois,
selon les représentants des cellules intermi-
nistérielles en charge du cadre des dépenses
à moyen terme et du PSE, les autorités
restent confrontées à l’absence de pièces
justificatives ou à la présentation de pièces
justificatives non conformes, ainsi qu’à la
difficulté de faire remonter l’information sur
les activités non exécutées.
Évaluation d’intégrité
Chapitre 3.
Lutter contre la corruption en matière de financement
Dans le cas de l’enseignement supérieur, les
universités soumettent leurs demandes de
financement au MESRS. Ces demandes sont
débattues lors de la Conférence consacrée
à la planification budgétaire du cadre des
dépenses à moyen terme qui a lieu tous les
trois ans (contre un an précédemment). Les
allocations sont calculées non pas sur la base
du nombre d’étudiants mais du budget de
l’année précédente majoré de 5 %. Le salaire
des enseignants n’est pas inclus dans le bud-
get affecté aux universités, contrairement
à celui des assistants et contractuels. La
subvention de l’État est accompagnée d’un
état de liquidation, qui oriente l’exécution des
dépenses : fonctionnement, recherche, péda-
gogie, personnel (notamment ­contractuel).
Chaque université possède un pôle financier
composé d’un département des affaires
financières, un agent comptable, ainsi qu’un
contrôleur financier qui dépend du ministère
de l’Économie et des Finances. Le recteur est
l’unique ordonnateur des dépenses. Tous les
documents passent par le contrôleur finan-
cier chargé d’autoriser les dépenses.
Chaque université doit justifier l’utilisation de
ses fonds auprès du ministère du Budget. Ses
comptes sont soumis au contrôle de la Cour
des comptes. Selon les représentants de l’uni-
versité Général-Lansana-Conté, interrogés
dans le cadre de ce travail, les possibilités de
transfert entre lignes budgétaires ont été sus-
pendues depuis l’arrivée du nouveau recteur.
Malgré tout, les IES semblent bénéficier d’une
grande autonomie dans l’utilisation des fonds
reçus. Selon ces mêmes informateurs, les
visites des membres de la Cour des comptes
seraient plus fréquentes qu’auparavant  ; une
visite avait eu lieu par exemple dans leur éta­
blissement six mois plus tôt et une autre était
prévue deux mois plus tard. À cette occasion, la
Cour des comptes a notamment recommandé
que l’université fournisse des factures même
pour des petites sommes afin de permettre
une traçabilité des fonds, et qu’une comp­
tabilité auxiliaire soit mise en place au niveau
iiep.unesco.org 23
des facultés. Enfin, l’IGE audite le budget de
chaque université tous les trois ans ; elle peut
également être saisie ou s’autosaisir en cas
de problème avéré, mais son action intervient
essentiellement a posteriori.
Enfin, il faut noter que plus de la moitié des
enseignants à l’université touchent leur
salaire directement sur leur compte bancaire,
les autres lors d’opérations de billetage. Ces
derniers peuvent collecter leur argent sur leur
lieu de travail à Conakry et dans les capitales
régionales. Les risques de prélèvement lors du
billetage apparaissent limités dans la mesure
où les enseignants savent à quoi ils ont droit.
Les risques résident davantage dans le cas
d’enseignants qui n’occupent plus leur poste
mais dont le salaire continue à être versé du
fait de délais dans la remontée de l’information
auprès du ministère de la Fonction publique.
3.2 Contributions des familles
Les familles sont appelées à participer au
financement de l’éducation, principalement
par l’intermédiaire des APEAE. Leur contribu-
tion peut prendre plusieurs formes : en nature
en participant, par exemple, à des travaux réa­
lisés dans l’école, ou en argent, sous la forme
de cotisations versées à l’APEAE pour couvrir
l’achat de mobilier ou de fournitures, des
primes destinées aux enseignants, ou le paie-
ment des salaires d’enseignants contractuels
au primaire et au secondaire. Le montant des
cotisations parentales est fixé par l’APEAE.
Les fonds sont collectés à la demande de son
président. Mais les représentants des APEAE
interrogés dans le cadre de cette étude se
plaignent que «  seuls les directeurs d’école
sont décisionnaires » dans l’utilisation de ces
fonds et que les APEAE « ne disposent que de
peu de moyens de contrôle  ». Selon eux, les
familles « paient par fatigue » et leur « relation
de confiance avec l’école est mise en ques-
tion ». Ils se plaignent que, du fait de leur mise
à l’écart, seuls le directeur de l’école et les
enseignants proches de ce dernier prennent
24 iiep.unesco.org Évaluation d’intégrité

Chapitre 3.
Lutter contre la corruption en matière de financement

Tableau 4. Effectifs des boursiers par domaine d’études (2016/2017)

Domaines d’études Boursiers Boursiers Total % boursiers

dans le public dans le privé boursiers
Arts, Lettres et Sciences sociales 20 704 6 102 26 806 97 %
Médecine, Pharmacie et Odontostomatologie 4 218 1 960 6 178 96 %
Sciences agropastorales et environnementales 2 487 279 2 766 93 %
Sciences économiques et gestion 5 083 12 834 17 917 92 %
Sciences juridiques et politiques 7 279 6 038 13 317 97 %
Sciences de l’éducation 2 224 37 2 261 100 %
Sciences techniques et de l’ingénierie 12 564 14 253 26 817 93 %
Total général 54 559 41 503 96 062 95 %
Source : MESR, 2017.

part aux décisions liées au financement – ce
qui serait source de ­corruption. Les APEAE
ne participent plus non plus au recrutement
du personnel contractuel ou vacataire. Et le
non-­paiement des cotisations par les familles
aurait pour ­ conséquence l’éviction de leur
enfant de l’école.
Pour d’autres personnes interrogées, cette
mise à l’écart des APEAE – qui remonte au
début des années  2000 – est liée à leur
manque de responsabilité, à leur mauvaise
utilisation des frais collectés au cours de la
période précédente et à leur nécessité de se
restructurer et de renforcer leurs capacités.
Dans tous les cas, l’absence d’accès public à
l’information et de gouvernance partagée au
niveau des écoles constitue de fait un facteur
de risque en matière de gestion des fonds et
de recrutement du personnel contractuel.
3.3 Bourses versées aux étudiants
Selon les chiffres de 2017 communiqués par
le MESR, les étudiants boursiers étaient au
nombre de 96 062 (soit 95 % des étudiants)
en 2016/2017. Le montant des bourses
représentait près des deux tiers de la tota-
lité des dépenses courantes affectées au
supérieur en 2016. Ils se répartissaient
universités publiques et 41  503  boursiers
dans les universités privées, soit 99  % des
étudiants scolarisés dans le public et 89  %
des étudiants scolarisés dans le privé. Cette
Encadré 4. Bancarisation des bourses
des étudiants
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche scientifique envisage d’autres réformes
pour la bonne gestion des bourses des étudiants,
avec l’aide du secteur bancaire et de la biométrie :
«  Nous voulons bancariser les bourses des étu­
diants. Nous orientons les bacheliers via une plate-
forme en ligne. Donc nous avons pratiquement une
bonne maîtrise des effectifs. Mais pour aller plus
loin, nous voulons que chaque étudiant reçoive son
argent sur sa carte, et quand il veut faire le retrait
ce sera avec son doigt. Donc s’il n’est pas là, il ne
pourra jamais toucher son argent. Et donc l’argent
va retourner dans le budget de l’État. Par exem-
ple, si l’étudiant est à Kankan, il ne pourra toucher
son argent qu’à Kankan parce qu’il ne pourra pas
rester à Conakry et toucher son argent. Nous
sommes en train de travailler là-dessus et j’espère
que nous allons aboutir très rapidement. Mais tout
est question de ressources [financières] et j’espère
que le gouvernement va nous accompagner pour
financer cette partie. »
Source : Déclaration du ministre de l’Enseignement supérieur
et de la Recherche scientifique, rapportée par Bah (2019).

entre 54  559  bour­siers scolarisés dans les

Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 25

Chapitre 3.
Lutter contre la corruption en matière de financement

situation faisait suite à la décision prise par
l’État en 2006 d’accorder des bourses aux
étudiants du privé. L’objectif était alors de
favoriser l’accès à l’enseignement supérieur
au plus grand nombre, dans un contexte de
faible capacité d’accueil des établissements
publics. Ce système de financement a été
suspendu depuis la rentrée 2017/2018 du
fait de coûts considérés comme trop élevés.
Ce changement d’orientation a réduit dras-
tiquement le nombre d’étudiants du privé
mais aussi plus largement le nombre d’étu-
diants (de 100 000 à 87 000 environ selon le
ProDEG), les financements destinés aupa-
ravant au privé n’étant pas redirigés vers les
IES publiques.
Les entretiens réalisés dans le cadre de cette
étude ont fait apparaître plusieurs argu-
ments en défaveur de l’attribution de bourses
aux étudiants du privé : pour ­certains (essen-
tiellement des représentants de l’université
publique), cette politique avait pour objectif,
ou du moins pour résultat, de rediriger des
fonds publics vers des établissements privés
détenus en partie par d’anciens décideurs
politiques ou encore des retraités de l’Édu-
cation ­nationale. Pour d’autres, les fonds
alloués aux établissements privés se fai-
saient sur la base d’estimations opaques des
coûts : malgré une harmonisation des tarifs
par filières, les établissements auraient eu
tendance à diversifier les filières, dédoubler
les groupes péda­gogiques, etc. pour justifier
des tarifs plus élevés (par exemple, dans les
filières de génie, médecine, ingénierie, droit)
avec de fortes varia­­tions d’un établissement
à l’autre. Un nouveau calcul des coûts uni-
taires par filière serait en cours. Cela consti-
tuerait effectivement une amélioration vers
plus de transparence.
La question de la gestion des bourses se
pose également pour le secteur public avec
le problème des étudiants fictifs déjà abordé
dans le point  2.4. Le recensement biomé-
trique de tous les étudiants en 2016/2017,
l’obligation de présence des étudiants pour
toucher leur bourse (s’ils sont absents plus
de deux mois, ils ne peuvent pas se présenter
aux examens) ou encore la volonté de banca-
riser les bourses affichée par le MESRS, avec
l’obligation pour les étudiants de toucher leur
argent à l’endroit où ils sont scolarisés (voir
Encadré  4) sont autant de mesures qui vont
dans le sens d’une plus grande transparence
et redevabilité.
Le Tableau 5 récapitule les principaux
risques de corruption liés au financement,
aux contributions des élèves et aux bourses
étudiantes

Tableau 5. Risques de corruption liés au financement, aux contributions des familles et

aux bourses étudiantes

Domaines Risques identifiés

Financement • Utilisation de la subvention scolaire pour des activités non justifiées/non conformes
• Non-respect des procédures dans l’utilisation de la subvention scolaire
Contributions • Détournement d’une partie des fonds collectés par les APEAE par les dirigeants de l’école
des familles • Favoritisme dans l’allocation des primes versées aux enseignants avec les fonds collectés
auprès des familles
• Favoritisme/népotisme dans le recrutement de contractuels grâce aux fonds collectés auprès
des familles
• Éviction des élèves dont les parents ne se sont pas acquittés de leur cotisation
Bourses • Bourses allouées à des étudiants fictifs
étudiantes
26
Chapitre 3.
Lutter contre la corruption en matière de financement
10 Recommandations
— Réaliser une nouvelle ESDP10 pour
tracer les flux de financement depuis
le niveau central jusqu’aux écoles  ;
cette enquête pourrait couvrir en
priorité la subvention scolaire – tant
dans l’enseignement général que dans
l’EFTP.
— Renforcer les capacités en matière de
planification et gestion des budgets
au niveau local et scolaire (chaque
école devrait élaborer un plan d’action
permettant de justifier ses dépenses).
— Faire en sorte que chaque école (aussi
bien dans l’enseignement général que
technique et professionnel) dispose de
son propre compte bancaire.
— Instaurer des règles claires concer-
nant le montant des frais collectés
auprès des familles, les communiquer
au public par divers canaux (affichage
dans l’école, radio, etc.).
— Instaurer des normes transparentes
en matière de recrutement du per-
sonnel contractuel et de versement
des primes aux enseignants, les ren-
dre publiques et veiller à leur bonne
application.
— Revoir le système de gouvernance au
niveau des écoles, pour mieux asso-
cier l’ensemble des acteurs de l’école
(APEAE, mais aussi communautés,
élèves, etc.) aux décisions prises.
— Promouvoir des enquêtes d’évalua-
tion citoyenne permettant aux com-
munautés d’estimer les montants
10 La dernière ESDP a été réalisée en 2002-2003. Elle a mis en évidence des taux de déperdition élevés, mais l’exercice n’a pas été
reconduit depuis.
iiep.unesco.org Évaluation d’intégrité
r­éellement prélevés au niveau des
familles, d’afficher les résultats et de
favoriser la discussion sur cette base
avec les différentes parties prenantes.
— Réaliser un travail approfondi de
calcul des coûts unitaires dans l’en-
seignement supérieur par filière, en
vue d’une plus grande transparence et
efficacité dans l’allocation des fonds
entre IES.
— Mener à bien l’opération d’«  inclusion
financière  » en cours au niveau du
MESRS visant à inclure tous les paie-
ments dans un système de gestion
financière électronique unique.
— Encadrer les possibilités de transfert
entre lignes budgétaires au niveau des
universités.
— Inciter les universités à mettre en
place des comptabilités auxiliaires au
niveau de leurs facultés quand elles
n’existent pas.
— Poursuivre les efforts de recense­
ment biométrique des étudiants et
de bancarisation des bourses qui leur
sont allouées, avec l’obligation de
toucher leur bourse à l’endroit de leur
scolarisation.
— Encourager les universités à mettre en
place ou à renforcer leurs systèmes
d’audits internes.
— Former les représentants de
­l’Ins­pection générale de l’éducation au
contrôle financier, les doter des outils
appropriés.
Évaluation d’intégrité
Chapitre 4. 
Renforcer la transparence des processus
de gestion du personnel et promouvoir
les comportements intègres
Les dépenses de personnel représentent
environ les deux tiers des dépenses totales
(courantes et investissements) réalisées
dans le secteur de l’éducation sur la pé­­
riode 2006-2016. Selon le Rapport d’état du
système éducatif national (IIPE-UNESCO
Dakar, 2018), le rythme actuel de crois-
sance des effectifs reste insuffisant pour
faire face aux besoins, particulièrement au
niveau de l’enseignement préscolaire et de
l’enseignement technique. Dans ce cadre,
la transparence dans la gestion des recru-
tements, des affectations, des transferts
et des mutations apparaît fondamentale
pour éviter un creusement des inégalités et
atteindre les objectifs fixés dans le cadre de
l’Objectif de développement durable 411. La
nécessité de sensibiliser les agents sur les
risques de corruption et d’adapter des codes
et règles de conduite tels que stipulés dans
la loi  L/2017/041/AN doit également être
considérée.
4.1 Nomination et affectation du
personnel administratif et enseignant
La question de la nomination et de l’affecta-
tion se pose en des termes différents pour
le personnel administratif et le personnel
enseignant. En ce qui concerne la première
catégorie de personnel, il n’existe pas de
concours spécifiques pour entrer dans
l’administration éducative. Les personnels
administratifs sont essentiellement d’an-
ciens enseignants qui ont été affectés à l’ad-
ministration. Selon les règles, chaque poste
doit être affiché et donner lieu à un appel à
candidatures. Un comité est alors chargé de
retenir trois candidats, qu’il classe par ordre
de préférence ; la DRH soumet le dossier au
Cabinet du ministre qui statue.
11 Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long
de la vie.
iiep.unesco.org 27
Selon l’analyse sectorielle réalisée en 2019,
« cette procédure, connue par la plupart des
responsables rencontrés (et certainement
par le personnel de la DRH), est rarement
suivie ». Une des raisons est liée au fait que
les nomi­nations se font sur décision poli-
tique, avec pour conséquence un manque
de personnes qualifiées, notamment au
niveau des administrations déconcentrées
(voir Encadré 5).
Encadré 5. Nominations/affectations
par les décideurs politiques
Le premier scénario est celui des nominations/
affectations par les décideurs politiques. Tout
entretien qui aborde la gestion du personnel
y fait référence, car tout le monde connaît de
tels exemples. Des directeurs dans différentes
directions et à différents niveaux déclarent
par exemple  : «  le Cabinet envoie et le chef de
division ne peut que recevoir  »  ; «  Ce ne sont
pas nous qui choisissons, ce sont les cadres
qui sont affectés. » Ou encore : « Il n’y a pas de
compétition ouverte pour les postes dans les
Inspections régionales de l’éducation (IRE). Les
décisions sont devenues plus politiques. Je ne
peux pas changer qui arrive à l’IRE ; je ne suis pas
parmi les décideurs.  » Ce qui préoccupe toute-
fois les respon­sables techniques est le fait que
ces nominations ne tiennent régulièrement pas
compte du profil exigé et ne répondent à aucun
besoin. Selon un responsable dans une DRH,
«  des personnes sont soudainement là mais ils
n’ont pas été demandés ni n’ont les qualifica-
tions requises. Même des petits efforts d’aligne-
ment ne sont pas faits (par exemple d’envoyer
les enseignants de l’élémentaire travailler dans
des fonctions qui portent sur l’élémentaire) ». Un
directeur se plaint d’être « maintenant respons-
able pour les résultats qui doivent être produits
par un personnel que je n’ai pas demandé et que
je ne contrôle pas ».
Source : UNICEF et IIEP-UNESCO Dakar, 2019.
28 iiep.unesco.org
Chapitre 4.
Renforcer la transparence de la gestion du personnel
Par contre, les enseignants fonctionnaires
sont recrutés par voie de concours. Pour
ce qui concerne le primaire, les candidats
bénéficient après l’obtention du baccalau-
réat de deux années de formation dans les
écoles normales d’instituteurs (ENI), combi-
nées avec trois stages. Le certificat national
d’aptitudes à l’enseignement élémentaire
est délivré à ceux qui franchissent ces
étapes avec succès. Ils sont ensuite ­affectés
en fonction des be­­soins locaux transmis au
Cabinet par la Direction nationale de l’ensei-
gnement élémentaire ; la priorité est donnée
aux zones difficiles, avec l’octroi de primes
d’encouragement. Au secondaire, les pro-
fesseurs sont des instituteurs qui ont suivi
une formation complémentaire pendant un
an ou des titulaires d’un diplôme d’études
universitaires générales pour le collège, ou
d’une maîtrise universitaire pour le lycée.
Ils suivent également une formation de
deux ans à l’Institut Supérieur des Sciences
de l’Éducation de Guinée (ISSEG). Depuis
2010, le recrutement est ouvert également
aux personnes titulaires de diplômes
académiques uniquement. Enfin, dans le
cas de l’EFTP, le Service des examens et
du contrôle scolaire au MET-FP estime le
nombre de places ouvertes au concours sur
la base des besoins communiqués par les
écoles. Les affectations sont décidées au
niveau des directions régionales chargées
du fonctionnement des écoles.
Mais, selon l’aveu même des représentants
des deux ministères concernés, « les nomi-
nations transparentes restent un idéal, et
certains passent à travers les mailles du
filet  ». Lors de la préparation du ProDEG,
l’accent a ainsi été mis sur l’importance
de réserver à nouveau les postes d’ensei-
gnants du primaire et du secondaire aux
sortants des ENI et de l’ISSEG. Des mesures
ont été prises pour indiquer aux candidats
dès le concours qu’ils ne pourraient pas
être affectés à Conakry, et pour obliger les
enseignants recrutés à toucher leur salaire
Évaluation d’intégrité
à l’endroit où ils ont été affectés. Enfin, une
commission visant à réfléchir à la mise
en place d’une politique de la profession
enseignante a été constituée, réunissant
des représentants du MENA, du MET-FP et
du MESR. Le recrutement des contractuels
(même si leur proportion est en baisse)
soulève également des problèmes de
transparence comme le favoritisme. Dans
l’EFTP, par exemple, ils sont recrutés par le
­directeur de l’établissement sur proposition
du directeur des études.
L’enseignement supérieur suit un schéma
différent, dans la mesure où le recrute-
ment se fait sur la base de la réussite aux
examens nationaux. Le ministère n’est ainsi
plus impliqué dans les nominations depuis
l’introduction du système licence master
doctorat (LMD). Les nominations se font par
homologation des enseignants stagiaires  :
sous réserve de l’obtention de leur ­doctorat,
ils sont recrutés comme contractuels tem-
poraires sur décision des autorités univer-
sitaires suivantes : Conseil de département
et de programme, Conseil de faculté, puis
Conseil de l’université. Après un an, ils
deviennent contractuels permanents avant
d’être intégrés dans la fonction publique.
Les demandes de promotion aux titres
­d’assistants, maîtres-assistants ou profes-
seurs sont passées en revue dans chaque
université par une commission technique
d’éva­luation selon des critères liés au mérite.
Une Commission nationale de recrutement
et de promotion composée de membres
du MESR décide de la liste des personnes
promues sur cette base une fois par an. Si
un candidat se considère lésé, il peut dépo-
ser plainte. Les risques évoqués dans le
cadre de ce processus sont notamment les
suivants  : pressions pour la nomination de
personnalités ou hommes politiques comme
professeurs  ; pression des étudiants sur le
personnel administratif et académique pour
obtenir leur homologation (y compris sous
la forme de versement de pots-de-vin).
Évaluation d’intégrité
Chapitre 4.
Renforcer la transparence de la gestion du personnel
4.2 Mouvements de personnel
La transparence dans les décisions d’affecta-
tion et de transfert du personnel enseignant
est essentielle pour assurer leur distribution
équitable sur l’ensemble du territoire. Le
degré d’aléa permet de calculer la propor-
tion d’enseignants affectés dans les écoles
pour des motifs autres que les besoins de
ces écoles mesurés en fonction de leurs
effectifs. En 1993, des mesures importantes
ont été prises pour réduire ce degré d’aléa,
notam­ment en redéployant largement les
enseignants entre zones urbaines et rurales.
Selon UNICEF et IIEP-UNESCO Dakar
(2019), « ce mouvement, une fois initié, s’est
poursuivi pendant plus de 10  ans et a fait
de la Guinée un élève modèle en matière
­d’allocation des enseignants » avec un degré
d’aléa dans le primaire de 0,0767 en 2004.
Mais les chiffres montrent que ce degré
d’aléa n’a cessé de croître au cours des deux
dernières ­décennies. Le ProDEG 2020-2029
note ainsi qu’en 2016, 18 % des affectations
aux écoles primaires ont répondu à une
logique autre que le nombre d’élèves, contre
seulement 7  % en 2004. Cette proportion
est de 26 % pour les enseignants du secon-
daire (MEPU-EC, 2016). Cela se traduit par
un fort déséquilibre entre régions, certaines
étant surdotées comme Conakry ou Kindia,
d’autres sous-dotées comme Mamou et
Kankan.
Plusieurs mesures ont pourtant été prises
pour tenter de mieux réguler ces mouve-
ments de personnel. En 2001, le ministère
de l’Enseignement pré-universitaire et
de l’Éducation civique (MEPU-EC) a ainsi
adopté un barème détaillant les critères
et procédures régulant les demandes de
transfert. Désormais, au niveau du primaire,
les demandes de mutation sont déposées
auprès de la DPE/DCE qui vérifie l’état des
déséquilibres dans sa zone et statue sur les
demandes de transfert en conséquence.
Des commissions de mutation statuent
iiep.unesco.org 29
de la même manière pour les mutations
­intervenant au niveau intra- et inter-­régions.
Mais, selon les représentants du MENA
interrogés, si les arbitrages pris sont très
stricts, « les enseignants exercent de fortes
pressions pour venir à Conakry avec tous les
arguments du monde ». Au niveau du MET-FP,
les demandes de mutation doivent être
déposées auprès du directeur de l’école qui
donne un avis en fonction des besoins de son
établissement. Les demandes sont ensuite
transmises à l’inspecteur général avant
d’atteindre le ministère. L’enseignement
supérieur est moins concerné par la ques-
tion des transferts du fait du nombre limité
d’universités publiques, toutes situées dans
les principales capitales régionales.
D’autres mesures vont dans le sens d’une
gestion plus rationnelle des mouvements
de personnel, comme la signature pour les
enseignants nouvellement recrutés d’une
lettre d’engagement stipulant qu’ils ne
seront pas affectés à Conakry  ; le trans-
fert d’enseignants en mathématiques et
français déjà en poste conditionné par leur
remplacement  ; le retour à la débancarisa-
tion et au billetage obligatoire pour obliger
les enseignants à se rendre dans leur région
d’affectation pour toucher leur salaire  ; la
délocalisation du paiement des primes au
niveau local suivant la même logique. Dans
la même lignée, le ProDEG 2020-2029 pro-
pose « d’assainir, d’harmoniser et d’intégrer
les bases de données des personnels tout
en définissant les critères de recrutement
et en mettant en place un plan de carrière
motivant susceptible de mieux fidéliser les
personnels en particulier les enseignants »
(République de Guinée, 2019).
30 iiep.unesco.org
Chapitre 4.
Renforcer la transparence de la gestion du personnel
4.3 Mutations du personnel enseignant
dans l’administration
Suite au gel des embauches dans la fonction
publique des années 1980 à 2000, une forte
pression s’est exercée pour avoir accès aux
postes administratifs. Selon les personnes
interrogées, l’enseignement constitue une
«  porte d’entrée privilégiée  » vers de tels
postes. Comme il n’existe ni corps d’admi­
nistrateurs de l’éducation, ni de concours pour
y accéder, la carrière administrative se fait en
fonction des affectations et nominations. Les
exemples d’enseignants nommés dans les
DPE/DCE, au ministère ou dans d’autres sec-
teurs sont nombreux. La difficulté est qu’une
fois mutés dans d’autres secteurs de la fonc-
tion publique, leurs salaires ­conti­nuent à être
payés par l’éducation. Certains d’entre eux
continuent à enseigner, ce qui peut poser des
problèmes d’aménagement de leurs horaires
ou d’absentéisme. Enfin, leur transfert vers
l’administration n’est pas toujours déclaré
officiellement, ni pris en compte dans les
bases de données d’enseignants. Leur poste
d’enseignant, de ce fait, n’est pas toujours
remplacé. Des mesures ont été prises (voir
Encadré  6) pour que certains ne continuent
pas à toucher des primes à l’enseignement
liées à l’éloignement, au transport, etc. alors
même qu’ils n’ensei­gnent plus. Ils contribuent
à augmenter le personnel administratif au
niveau des directions préfectorales et com-
munales de l’éducation (DPE/DCE). Ce phé-
nomène serait particulièrement prononcé
pour les enseignants du primaire.
Pour tenter d’apporter des solutions, le
ministre de l’Enseignement technique, de
la Formation professionnelle, de l’Emploi et
du Travail a notamment fait afficher un avis
selon lequel «  tout engagement, pris par qui
que ce soit, à faire changer [un professeur
d’enseignement technique] d’affectation
Évaluation d’intégrité
ne pourra être respecté  » (voir Encadré  7).
En 2018, les secrétaires généraux des trois
ministères ayant en charge l’éducation se sont
réunis avec les syndicats pour leur exposer
le problème, insistant sur ­l’importance d’en-
courager leur vocation ­d’enseignants et de
valoriser leurs compétences. L’enseignement
supérieur serait moins concerné par cette
question.
Encadré 6. Personnel administratif
et enseignants à la craie
La comparaison est plus facile à faire au niveau
des DPE/DCE : un cadre normatif existe (chaque
DPE/DCE a 26 postes) et un recensement récent
de leur personnel a été fait. Ces données incluent
cependant un grand nombre de personnes qui
n’occupent pas de poste. Il s’agit de fonction-
naires qui sont inscrits dans la DPE/DCE mais
sans occuper un poste qui apparaît dans le cadre
normatif. Le recensement ne donne aucune
précision sur la situation de chaque personne,
mais il s’agit certainement dans beaucoup de
cas d’enseignants qui ne peuvent plus être, par-
fois pour des raisons de santé, en situation de
classe. Le directeur préfectoral ou communal
donnera à certains qui ont des compétences
spécifiques des tâches, mais beaucoup sont
toujours absents de la DPE/DCE. Dans 21  DPE/
DCE, le nombre total de fonctionnaires est plus
du double du cadre organique. Dans neuf direc-
tions, le nombre total du personnel dépasse 100.
Ceci est le cas pour les cinq DCE ; l’ensemble de
leur personnel s’élève à 816 agents, alors que le
cadre organique n’en exige que 130.
Source : UNICEF et IIEP-UNESCO Dakar, 2019.
4.4 Cumul d’activités dans le secteur
public et privé
Selon la nouvelle grille salariale mise en
place en 2017, le salaire moyen mensuel
des enseignants tous grades confondus
Évaluation d’intégrité
Chapitre 4.
Renforcer la transparence de la gestion du personnel
est de 1  850  883  GNF12 dans le pré-uni-
versitaire, 2  076  301  GNF13 dans l’EFTP et
2 329 606 GNF14 dans le supérieur (UNICEF
et IIPE-UNESCO Dakar, 2019). De nombreux
mouvements de grève au cours des dernières
années avaient pour revendication principale
la revalorisation des salaires. Pour compléter
leurs revenus, certains enseignants cumulent
plusieurs activités en plus de leur charge
d’enseignement au sein du secteur public.
Selon une enquête réalisée par Botta et
Wotem Somparé (2018), les jeunes pères de
famille, entre autres, sont nombreux à ensei-
gner dans plusieurs écoles, notamment dans
la capitale et les grandes agglomérations qui
offrent davantage d’opportunités d’emploi
dans les écoles privées. Les enseignants du
primaire se contenteraient pour la plupart de
cours de soutien à domicile faute de temps.
Les enseignants des collèges et lycées
auraient davantage de temps à y consacrer
(voir Encadré  8) sous la forme d’enseigne-
ment dans des écoles privées, d’organisation
de révisions collectives payantes, ou encore
d’activités commerciales. À titre d’illustra-
tion, ils sont propriétaires d’un taxi, d’une
boutique ou d’un télécentre en milieu urbain ;
ou ils vendent des cultures maraîchères en
milieu rural.
Un phénomène similaire est observé
auprès de professeurs des universités qui
enseignent à la fois dans le secteur public
et dans une ou plusieurs universités privées.
Les universités privées manquent en effet
de personnel permanent et ont recours lar-
gement aux enseignants du public. Ainsi,
selon les représentants de l’université privée
Kofi-Annan, leur personnel est composé de
quelques encadreurs permanents (notam-
ment des retraités de l’Éducation nationale)
mais surtout de vacataires de deux types  :
pour moitié issus de l’Éducation nationale
12 Soit environ 207 dollars en juin 2017.
13 Soit environ 232 dollars en juin 2017.
14 Soit environ 260 dollars en juin 2017.
iiep.unesco.org 31
(ils enseignent 6 à 9  heures maximum par
semaine sur leur temps libre), et pour l’autre
de professionnels et praticiens. Les salaires
sont généralement plus élevés dans le
secteur privé, mais les individus préfèrent
conserver une attache dans le public pour
faire carrière et pour continuer à bénéficier
de la sécurité de l’emploi. Selon l’une des
personnes interrogées, ce système est utile
car il permet aux enseignants de subvenir à
leurs besoins, tout en offrant une éducation
de qualité aux enfants scolarisés dans le
privé. Certains enseignants-chercheurs tra-
vaillent également comme consultants pour
des organisations internationales ou des PTF.
Le cumul d’activités en lui-même n’est
pas répréhensible dans la mesure où il ne
contrevient pas aux lois et règles en vigueur.
Mais, mené en dehors de tout cadre légal, il
peut alimenter certaines dérives. Certains
­enseignants peuvent être ainsi tentés de
Encadré 7. Avis relatif à la mutation
des enseignants dans l’EFTP
AVIS IMPORTANT. Il nous revient de constater
que plusieurs nouveaux fonctionnaires nouvelle­
ment engagés dans les effectifs du «  corps
des professeurs d’enseignement technique  »
sollicitent leur mutation dans les services
administra­tifs ou à Conakry pour échapper à
leur affectation dans les écoles profession-
nelles. Le ministre tient à informer qu’il ne
peut donner suite à de telles demandes, qui de
toute manière, ne pourront pas prospérer au
niveau du circuit administratif (réaffectation
par la fonction publique – prise en charge par le
Budget). En conséquence, inutile d’insister. Tout
engagement, pris par qui que ce soit, à vous faire
changer d’affectation ne pourra être respecté.
Source : ministre de l’Enseignement technique, de la Formation
professionnelle, de l’Emploi et du Travail.
 32
Chapitre 4.
Renforcer la transparence de la gestion du personnel
Encadré 8. Temps de travail des
enseignants et activités commerciales
La multiplication des établissements scolaires
privés, dans les grandes agglomérations et
­surtout à Conakry […] offre l’opportunité aux
enseignants et aux jeunes diplômés chômeurs
de multiplier les cours dans les différents
établissements […]. Quant aux enseignants du
primaire, ils n’ont pas la possibilité de faire la
navette entre différentes écoles, car leur emploi
du temps est très chargé. Dans notre enquête à
Conakry, nous avons constaté qu’aucun ensei-
gnant du primaire n’enseigne dans plusieurs
écoles, en se contentant de quelques cours
privés et révisions. En revanche, sur 47  ensei-
gnants du collège et du lycée, 28 donnent des
cours dans plusieurs écoles et ceux qui ne le font
pas correspondent à des profils bien précis : des
enseignants de collège très chargés qui ensei-
gnent dans une dizaine de classes, des femmes
qui se disent très occupées par les activités
domestiques après les cours, et des enseignants
âgés qui n’ont plus l’énergie de se déplacer. La
question du temps de travail est fondamentale
pour les enseignants, car leurs conditions de vie
dépendent largement de leur possibilité de trou-
ver des activités complémentaires. En fait, ceux
qui enseignent dans plusieurs écoles sont sur-
tout de jeunes pères de famille, âgés de trente
à quarante ans.
Source : Botta et Wotem Somparé (2018).
délaisser leurs activités dans le secteur
public au profit de leurs autres activités,
avec pour résultat des taux d’absentéisme
en hausse. Certains interlocuteurs ont
également mentionné le cas d’enseignants
(notamment au niveau du supérieur) qui sous-
traitent certains de leurs cours à des « sup-
pléants  ». Selon Botta et Wotem Somparé
(2018), ces suppléants «  qui n’ont signé
aucun contrat de travail, sont présentés à la
direction comme des “stagiaires”, des jeunes
volontaires désireux d’apprendre le métier ».
15 Aujourd’hui le ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation.
iiep.unesco.org Évaluation d’intégrité
Les ­enseignants titu­laires leur versent une
petite prime en guise de rémunération.
Selon ces mêmes auteurs, certains cours
de soutien privés ou de révisions collectives
payantes tendent à devenir obligatoires et
« même s’il n’y a pas une obligation formelle
de les fréquenter, une partie du programme
est expliquée pendant ces révisions, ce qui
pénalise les étudiants qui ne peuvent pas s’y
rendre ».
4.5 Comportement des enseignants
Le PNUD note dans l’introduction du  Projet
d’appui à la promotion de l’intégrité et de
lutte contre la corruption en Guinée que « la
grille des salaires de la fonction publique
est très basse et ne permet pas un niveau
de vie décent. En conséquence les fonction-
naires complètent leurs salaires par toutes
sortes de pratiques de corruption  » (PNUD,
2017). En référence au secteur éducatif,
Botta et Wotem Somparé (2018) notent
à leur tour que «  s’il n’a pas la possibilité
d’accéder directement aux caisses de l’État,
l’enseignant, en tant que “  bureaucrate
d’interface  ”, a la possibilité d’extraire des
ressources des élèves et de leurs familles,
surtout à travers le marchandage sur les
notes ». La contrepartie attendue ou encou-
ragée par les familles elles-mêmes peut
prendre la forme de cadeaux, d’argent, de
nourriture, etc. Enfin, des problèmes de
violences en milieu scolaire sont signalés
dans plusieurs rapports, mais il semble
qu’ils soient davantage le fait d’élèves entre
eux, ou qu’ils interviennent entre parents
et enseignants essentiellement (UNICEF et
IIPE-UNESCO Dakar, 2019).
Le code de conduite de la profession
ensei­gnante adopté par le MEPU-EC15, qui
s’adresse à tous les enseignants du primaire,
rappelle les obligations des enseignants
Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 33

Chapitre 4.
Renforcer la transparence de la gestion du personnel

pour certaines des pratiques mentionnées — organiser des séances de partage du code
plus haut, comme lutter contre toutes les auprès des enseignants, mais aussi des
formes de violence physique et morale au élèves et des APEAE dans chaque école ;
sein de l’école  ; refuser et ne pas pratiquer — promouvoir des exemples positifs
les châtiments corporels à l’école ; s’interdire pour encourager des changements de
toute forme de harcèlement sexuel et refu- comportements ;
ser toute forme de provocation de la part des — rompre avec l’impunité.
élèves ; ou encore interdire l’exploitation des
L’ensemble des risques de corruption liés à la
élèves à des fins personnelles (voir le détail
gestion du personnel enseignant sont listés
de ce code en Annexe  4). Néanmoins, selon
dans le Tableau 6.
les représentants de l’IGE, il reste peu utilisé
faute d’information des enseignants eux-
mêmes (il a été distribué essentiellement
aux agents qui encadrent les enseignants),
de formation des enseignants sur sa mise
en application et de sanctions appropriées
en cas de non-respect de ses clauses. Ils ont
émis plusieurs suggestions visant à renfor-
cer son utilité, dont :

— réviser son contenu pour faire face aux

nouvelles réalités ;

Tableau 6. Risques de corruption liés à la gestion du personnel enseignant

Domaines Risques identifiés

Nomination et affectation • Nominations politiques aux postes de fonctionnaires dans l’administration
du personnel administratif • Non-respect des critères de recrutement du personnel enseignant (y compris
et enseignant contractuels)
• Non-respect des critères d’affectation des nouveaux enseignants (en particulier
dans la capitale)
• Pression de personnalités ou hommes politiques pour être nommés professeurs
à l’université
• Pression des étudiants sur le personnel administratif/académique pour obtenir
leur homologation (pots-de-vin)
Mouvements de personnel • Opacité des mouvements de personnel
Mutations du personnel • Non-déclaration de mutations
enseignant dans • Cumul du salaire de fonctionnaire et de primes à l’enseignement
l’administration • Absentéisme d’enseignants affectés à des postes administratifs
Cumul d’activités dans le • Absentéisme des enseignants et professeurs
secteur public et privé • Emplois sous-traités à des « suppléants »
• Pression auprès des élèves/familles pour suivre les cours de soutien privés ou de
révisions collectives payantes
Comportement des • Marchandage des notes contre des avantages financiers ou en nature
enseignants • Violence orale, physique ou sexuelle envers les élèves ou leurs parents
34 iiep.unesco.org
Chapitre 4.
Renforcer la transparence de la gestion du personnel
Recommandations
— Réaliser un audit de la gestion du per-
sonnel enseignant, afin d’identifier les
principaux problèmes affectant l’ap-
plication des critères et procédures
de recrutement et d’affectation du
personnel.
— Professionnaliser le personnel admi­
nistratif ayant en charge l’éducation
(profil et critères de recrutement, for-
mation, évaluation, etc.).
— Renforcer les capacités des DRH à
tous les niveaux du système (en par-
ticulier au niveau des DPE/DCE) et les
doter des outils informatiques et des
moyens de transport adaptés.
— Rationaliser les mouvements de
personnel sur la base de l’applica-
tion stricte du barème détaillant les
critères et procédures régulant les
demandes de transfert.
— Veiller à ce que les mutations d’ensei-
gnants du primaire et du secondaire
vers l’administration soient bien
notifiées dans les bases de données
officielles.
— Revoir le code de conduite des ensei-
gnants du primaire afin de mieux
faire face aux nouvelles réalités et de
réguler certaines pratiques comme les
cours privés.
Évaluation d’intégrité
— Introduire les questions d’éthique en
lien avec le code de conduite dans
la formation initiale et continue des
enseignants.
— Organiser des séances de partage du
code de conduite auprès des ensei-
gnants mais aussi des élèves et des
APEAE dans chaque école.
— Promouvoir des exemples positifs
d’application du code pour encour-
ager le changement des comporte-
ments et rompre avec l’impunité.
— Envisager la formulation d’une
charte éthique pour l’enseignement
supérieur et former le personnel
académique à l’éthique sur cette
base.
— Demander aux enseignants qui
enseignent dans le secteur privé de
déclarer leur emploi dans un (ou plu-
sieurs autres) établissement(s), afin
d’être davantage en capacité de les
comptabiliser et de les suivre dans le
système.
— Poser des règles claires en matière
de remplacement ou de suppléance
pendant les heures de cours offi-
cielles, prendre des sanctions en cas
de non-respect de ces règles.
Évaluation d’intégrité
Chapitre 5. 
Accroître la redevabilité en matière
de construction d’infrastructures et de
gestion des manuels et cantines scolaires
Les informations collectées dans le cadre de
ce travail n’ont pas permis d’analyser dans le
détail la transparence des marchés publics
dans le secteur éducatif guinéen. Quelques
réflexions d’ordre général sur cette question
sont néanmoins présentées ci-après en guise
de préambule. Des informations plus détail-
lées relatives au cas des ­ infrastructures,
des manuels, ainsi que des cantines sco-
laires, sont fournies ensuite. Les risques et
recommandations associés à chacun de ces
domaines étant spécifiques, ils sont résumés
à la fin de chaque sous-section.
5.1 Marchés publics
Les marchés publics sont soumis à la
loi  L/2012/020  CNT du 11  octobre 2012
et au décret D/2012/128/PRG/SGG du
3  décembre 2012. Selon les textes, les
seuils au-dessus desquels les autorités
publiques ont obligation de passer un
marché sont les suivants  : 100  millions de
GNF16 pour les fournitures, 250  millions de
GNF17 pour les ­infrastructures. Au-delà de
ces seuils, la Direction administrative et
financière (DAF) de chacun des ministères
concernés est chargée de mettre en place
un appel d’offres. Elle doit tout d’abord véri-
fier la disponibilité des crédits pour éviter
des arriérés de paiement  ; collaborer à la
préparation des dossiers d’appel d’offres et
à leur publication dans la presse écrite et en
ligne ; et engager les fonds sur la base d’une
facture pro forma. Chaque engagement
doit être validé par le contrôleur financier
qui intervient, à nouveau, au moment de la
liquidation des fonds, sur présentation des
procès-verbaux de réception des ­produits
par les autorités déconcentrées. Des com-
missions interministérielles de réception
du matériel sont constituées lors de grands
projets pour contrôler la quantité et la
16 Soit environ 10 400 dollars en juillet 2020.
17 Soit environ 26 000 dollars en juillet 2020.
18 Un fonds est mis à disposition des écoles chaque trimestre pour les petites dépenses.
iiep.unesco.org 35
qualité des biens produits. Les cabinets
ministériels peuvent décider de mener
­
un audit. En cas de problème, l’Inspection
générale des finances peut également dili-
genter une enquête.
Le rapport publié par l’ANLC en 2018 dénonce
« la perception des commissions, des pots-
de-vin à tous les niveaux notamment lors
de la passation des grands marchés de
fournitures et prestations de services au
profit de l’État, notamment l’éducation, la
santé, la justice, l’électricité » (ANLC, 2018).
Il met en garde contre le contournement des
règles, qui se manifeste notamment par le
non-respect du secret de l’information, la
falsification des documents, les retards
administratifs volon­taires, le recours à des
intermédiaires. Les entretiens réalisés ont
permis de mettre en avant d’autres facteurs
de risques, particulièrement au niveau local
comme :
— l’absence de formation du personnel
ayant en charge le suivi des commandes ;
— le manque de transparence des com-
mandes effectuées par les écoles pour les
dépenses urgentes18 (endettement sur le
marché noir plus cher, ­fournisseurs pas
payés, biens achetés qui se retrouvent en
vente sur le marché, etc.) ;
— l’absence d’information des parents
et communautés sur les commandes
publiques.
36 iiep.unesco.org Évaluation d’intégrité

Chapitre 5.
Construction, manuels et cantines : accroître la redevabilité

Tableau 7. Risques de corruption liés aux 5.2 Constructions scolaires

marchés publics
La construction de nouvelles infrastructures
Domaine Risques identifiés à tous les niveaux du système éducatif
guinéen fait de la passation des marchés
Gestion des • Perception de commissions ou
marchés pots-de-vin lors de la passation publics dans ce sous-domaine une question
publics des marchés particulièrement importante. Pour mémoire,
• Non-respect du secret de le nombre d’écoles primaires et communau-
l’information
• Falsification de documents taires a augmenté de près de 40 % entre 2006
• Retards administratifs volontaires et 2017, passant de 5 331 à 7 357 (UNICEF et
• Factures non réglées IIPE-UNESCO Dakar, 2019). Dans le domaine
• Biens publics qui se retrouvent en
vente sur le marché
de l’EFTP, de nouveaux établissements ont
été également construits récemment  : huit
écoles régionales des arts et métiers, ou
encore une ENI à Mamou. D’autres sont à pré-
Recommandations voir dans les années à venir pour faire face à
la demande. Enfin, de grands marchés sont
— Doter les DAF de chacun des
à venir dans les quatre grandes universités
ministères concernés des moyens
du pays, situées à Conakry, Kankan, Labé
suffisants pour exercer leurs acti­
et N’Zérékoré, qui souhaitent édifier des
vités, les former aux nouveaux
universités plus modernes sur les terrains
outils de gestion.
qu’elles ont acquis.
— Recruter des personnes qualifiées
aux postes de suivi des marchés
Les risques de corruption dans ce domaine
publics, aussi bien au niveau de
sont ceux décrits dans le point plus haut. Un
l’Ins­pection régionale de l’éduca-
point supplémentaire est à considérer ici  :
tion que de toutes les DPE/DCE,
celui du respect de la carte scolaire dans
assurer leur formation.
la décision d’implanter un nouvel établis-
— Dédier une personne à la gestion
sement dans une localité donnée. À titre
des marchés publics dans chaque
d’exemple, pour ce qui concerne l’enseigne-
université publique.
ment primaire et secondaire, le ministère a
— Veiller au bon fonctionnement des
rappelé en 2016 la nécessité d’«  appliquer
commissions de réception (spécia­
les critères de la carte scolaire dans la créa-
listes de la craie, etc.) qui jouent un
tion des nouvelles infrastructures scolaires
rôle clé dans l’appréciation de la
pour éviter la cons­truction anarchique  »
qualité des produits.
(MEPU-EC, 2016). Il a fixé comme priorité
— Informer les parents d’élèves et les
la construction d’écoles primaires dans les
communautés des biens acquis par
zones de forte concentration de population
le biais de la commande publique
comme Conakry, et de collèges dans les
afin de favoriser un meilleur
sous-préfectures qui n’en disposent pas.
contrôle social.
Les communautés sont invitées à commu-
niquer leurs besoins aux inspecteurs régio-
naux qui les transfèrent au niveau national.
Le Service carte scolaire, situé au niveau
du BSD, « est alors chargé de préparer, sur
Évaluation d’intégrité
Chapitre 5.
Construction, manuels et cantines : accroître la redevabilité
la base de critères ­transpa­rents, une liste
des localités où de nouvelles écoles ou
salles de classe peuvent être cons­truites,
avec une indication des priorités et l’envoie
au SNIES19  ». La décision finale est prise
conjointement par le BSD, le SNIES et les
autorités ou communautés concernées.
Le SNIES est chargé du suivi des travaux,
depuis le niveau national pour les chantiers
de plus de 500 millions de GNF, depuis ses
antennes régionales pour les autres.
Toutefois, selon les entretiens réalisés, des
manquements à la carte scolaire continuent
à être observés sur le terrain pour plusieurs
raisons  : pression des décideurs politiques
pour ouvrir une école  ; pression des com-
munautés pour disposer de leur école  ;
ouverture d’écoles à l’initiative des commu-
nautés ; implantation d’établissements sco-
laires sous l’égide des PTF, de compagnies
minières ou d’ONG. Les représentants aussi
bien du MENA que du MET-FP ont fait part
de leur volonté de rationaliser davantage ce
processus et de mettre fin aux exceptions.
La nécessité d’actualiser la carte scolaire,
d’une part, et de mieux impliquer les DPE/
DCE dans le suivi des chantiers, d’autre
part, a été également mentionnée. Enfin,
pour les chantiers de moindre importance,
la difficulté de mettre en concurrence les
entreprises locales du fait du peu d’entre-
prises qualifiées pour réaliser le travail a
été évoquée.
Tableau 8. Risques de corruption liés aux
constructions scolaires
Domaine Risques identifiés
Construction • Non-respect de la carte scolaire
scolaire pour des raisons liées au
clientélisme
19 Service national des infrastructures et équipements scolaires.
iiep.unesco.org 37
Recommandations
— Actualiser la carte scolaire.
— Veiller au respect des critères de la
carte scolaire pour toute ouverture
d’un nouvel établissement.
— Mieux impliquer les DPE/DCE
dans le suivi des chantiers de
construction.
5.3 Manuels scolaires
En 2005, le Pôle de Dakar notait une faible
disponibilité des manuels scolaires dans le
pays (avec en moyenne un livre de lecture
pour deux élèves et un livre de calcul pour
trois élèves), combinée à de fortes varia-
tions entre écoles. Selon le MENA (2016), la
situation demeure préoccupante une décen-
nie plus tard, avec un ratio inférieur à 1 dans
les disciplines fondamentales, tous niveaux
confondus, malgré la norme d’un livre par
élève. Pour l’année 2014/2015, ce ratio s’éle-
vait en moyenne pour les écoles publiques
à 0,96 pour les manuels de français, 0,85
pour les manuels de sciences et 0,46 pour
les manuels d’histoire-­géographie. De
fortes inégalités de répartition à l’échelle
du territoire sont également observées
– à titre d’illustration, le ratio pour les
manuels de calcul varie de 0,60 à Conakry
à 1,19 à N’Zérékoré aux mêmes dates. Enfin,
l’analyse du secteur de l’éducation et de la
formation réalisée en 2019 (UNICEF et IIPE-
UNESCO Dakar, 2019) relève un déficit de
manuels dans les régions de Boké, Conakry
et Kindia, mais un surplus dans les régions
de Faranah et Mamou pour les ma­­nuels de
français, et de Faranah, Labé, Mamou et
N’Zérékoré pour les manuels de calcul. Une
telle situation interroge sur la transparence
de la chaîne de production et dissémination
des manuels sur le territoire.
38 iiep.unesco.org
Chapitre 5.
Construction, manuels et cantines : accroître la redevabilité
L’Institut national de recherche et d’ac-
tion pédagogiques (INRAP) a en charge le
déve­loppement des curricula ainsi que la
production de manuels scolaires, guides
pour les enseignants, supports didactiques
et fiches pédagogiques. Pour l’enseigne-
ment primaire, les manuels sont rédigés
par les cadres de l’INRAP. Depuis 2015, ils
peuvent toucher des droits d’auteur. Selon
les représentants de l’INRAP interrogés,
«  même s’il n’y a pas beaucoup de ventes,
cela a quand même créé un engouement »
(avec le risque que des personnes non
qualifiées fassent pression pour figurer
comme auteurs pour toucher des droits).
Un appel d’offres est ensuite lancé auprès
des maisons d’édition pour les imprimer.
Au niveau secondaire, les maisons d’édi-
tion sont invitées à rédiger, imprimer et
disséminer les manuels dans le cadre d’ap-
pels d’offres internatio­naux. Des maisons
d’édition étrangères sont généralement
retenues. Or, selon les cadres de l’INRAP,
les manuels qu’elles produisent ne suivent
le curriculum national qu’à 50 à 60 %. Dans
certaines matières comme la physique ou
la chimie, un seul manuel est disponible. La
maison d’édition qui a en charge le marché
est responsable de l’acheminement des
manuels. Ces derniers sont expédiés selon
la clé de répartition établie par région et
par préfecture. Ils sont remis aux DPE/DCE,
qui les livrent aux écoles et établissent
des bordeaux de livraison. L’INRAP vérifie
que les manuels sont parvenus à desti-
nation et signale les cas où les manuels
sont restés en magasin. Une semaine
après la rentrée scolaire, l’IGE supervise
l’arrivée des manuels dans les écoles. En
cas de problème, elle saisit la DPE sans
attendre – les directeurs d’école peuvent
sinon déclarer que les élèves ont perdu les
manuels. En cas d’irrégularité, le ­directeur
d’école est mis à pied pendant deux
semaines et son adjoint prend la relève.
Évaluation d’intégrité
Encadré 9. Stockage des manuels
et librairies par terre
À ce jour il est regrettable de constater qu’en
dépit des recommandations et répartition des
manuels scolaires faites par la lettre n° 1095 de
monsieur le ministre de l’Enseignement pré-uni-
versitaire et de l’Éducation civique, ces manuels
sont restés stockés dans les magasins dudit
département à Conakry. Pire ces mêmes manu-
els se retrouvent en vente libre sur les marchés
de Conakry sans aucune réaction des autorités
de l’éducation, jusqu’au déclenchement de la
mission par l’ANLC.
Source : ANLC, 2015.
Le rapport produit en 2015 sous l’égide de
l’ANLC (ANLC, 2015) fait état d’«  indices
graves et concordants de fraude et cor-
ruption dans les marchés d’acquisition de
manuels scolaires » (voir Encadré 9). Ce rap-
port porte sur les six millions de manuels
scolaires en calcul, français, sciences de
l’observation, éducation civique et morale
et histoire-géographie mis à disposition des
écoles primaires pour l’année 2012/2013,
et financés par le Fonds commun de la
Banque mondiale et de l’Agence fran-
çaise de développement. Selon l’enquête
réalisée dans cinq DPE/DCE de la ville de
Conakry, sur 1  362  014  manuels prévus,
441  015 ont été effectivement distribués –
soit un tiers seulement (voir Tableau 9). Une
telle différence s’explique en partie par la
différence entre le nombre de manuels
prévus et reçus, ainsi que par le nombre de
manuels conservés dans les stocks. Selon
cette même enquête, la quasi-totalité des
2  397  100  manuels de sciences, d’histoire
et géographie réimprimés par une impri-
merie tunisienne est restée pendant deux
ans dans les magasins centraux, alors
même que le contrat avec cette imprimerie
prévoyait leur distribution dans toutes les
DPE/DCE de Guinée. Dans ses conclusions,
le rapport dénonce l’absence de contrôle
Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 39

Chapitre 5.
Construction, manuels et cantines : accroître la redevabilité

Tableau 9. Manuels prévus, reçus et stockés dans 5 DPE/DCE de Conakry (2013/2014)

DPE/DCE Quantité Quantité reçue Quantité Écart prévu/ Stocks

prévue distribuée reçu reçus
Kaloum 55 184 41 117 35 397 14 067 5 720
Dixinn 101 078 89 117 57 879 11 961 17 638
Matam 113 383 70 032 67 187 43 351 2 845
Matoto 624 578 n.d.* 167 504 n.d. n.d.
Ratoma 467 791 140 942 113 048 326 849 27 894
Total 1 362 014 341 208 441 015 396 228 156 843
* Statistiques non disponibles pour Matoto.
Source : ANLC, 2015.

du respect des clauses des contrats passés
avec les maisons d’édition et imprimeries
ainsi que le manque de contrôle des stocks
à tous les niveaux du système, des maga-
sins aux écoles. Elle recommande de ne
pas produire de nouveaux manuels, dans
la mesure où ils sont stockés en nombre
suffisant pour répondre non seulement aux
besoins des écoles publiques, mais aussi
des écoles privées, ainsi que de créer une
commission chargée de la récupération
des ma­­nuels scolaires en vente illicite sur
le marché.
Une telle situation est alimentée par les
be­soins en manuels scolaires du secteur
privé, dans un contexte en forte augmenta-
tion (voir Section 1.3). Selon les personnes
interrogées dans le cadre de cette étude,
l’existence de ce marché encourage les
maisons d’édition/imprimeries à imprimer
plus de manuels que nécessaire pour ali-
menter les «  librairies par terre  ». Par ail-
leurs, la possibilité de revente des manuels
incite les gestionnaires de stocks aux
différents niveaux du système à prélever
une partie du stock pour le revendre sur le
marché. C’est ainsi que les manuels desti-
nés aux écoles primaires publiques, censés
être mis à disposition des élèves gratuite-
ment, se retrouvent en vente avec le cachet
de la DPE/DCE et de l’école à laquelle ils
étaient initialement destinés. Selon les
dernières informations recueillies par
l’auteure, la situation se serait améliorée
depuis 2017 du fait de la décision prise par
les autorités publiques d’approvisionner
également les écoles privées en manuels.
Les pa­rents doivent verser une caution de
500 GNF qui leur est restituée en fin d’an-
née. Mais les écoles les plus éloignées de
la capitale ayant plus difficilement accès à
ces ma­­nuels, certaines difficultés peuvent
persister.
Tableau 10. Risques de corruption liés à la
gestion des manuels scolaires
Domaine Risques identifiés
Gestion des • Pression pour figurer sur la liste
manuels des auteurs des manuels du
scolaires primaire pour toucher des droits
• Gonflement du nombre de
manuels estimés pour alimenter le
marché privé
• Sortie frauduleuse de manuels des
stocks au niveau des magasins ou
des écoles
• Non-respect des clauses de
distribution des manuels par les
maisons d’édition ou imprimeries
soumissionnaires
• Vente illicite de manuels sur le
marché (librairies par terre)
40 iiep.unesco.org
Chapitre 5.
Construction, manuels et cantines : accroître la redevabilité
Recommandations
— Développer une politique endo­
gène des manuels scolaires, visant
à mieux contrôler chacune des
étapes de la chaîne du livre.
— Poursuivre la politique de gratuité des
manuels dans les écoles primaires,
aussi bien publiques que privées.
— Réaliser une ESDP afin de suivre
notamment les fonds alloués aux
manuels scolaires.
— Mettre en place une gestion et un
contrôle strict des stocks de ma­­
nuels à tous les niveaux du sys-
tème, en ayant si possible recours
à un système informatisé.
— Engager la responsabilité des DPE/
DCE en cas de non-livraison des
manuels.
— Former les gestionnaires des ma­­
nuels au niveau central, des DPE/
DCE, des magasins de stockage et
des écoles  ; les informer des sanc-
tions possibles en cas d’irrégularités.
— Introduire des fiches de suivi per-
mettant de tracer la distribution des
manuels au sein de chaque école.
— Vérifier les stocks ainsi que la
disponibilité des manuels dans les
classes lors de missions de con-
trôle ou d’inspection.
— Prévoir des sanctions en cas de
non-distribution des manuels par
les maisons d’édition et imprimeries
et veiller à leur stricte application.
5.4 Cantines scolaires
Selon le  Rapport d’analyse des annuaires
stati­
stiques de l’enseignement primaire et
secondaire général, 844  écoles primaires
20 Voir http://prosmi.org
Évaluation d’intégrité
publiques sur 6  450 disposaient d’une
cantine scolaire en 2015/2016, soit 13,1  %
des établissements ou 11  % des effectifs
(MEPU-EC, 2016). Ce chiffre atteignait
19  % des établissements en 2016 (UNICEF
et IIEP-UNESCO, 2019). La Direction natio-
nale des cantines scolaires est chargée
depuis 2015 de coordonner et suivre ce
programme en lien avec le Programme ali-
mentaire mondial. Des repas chauds sont
livrés quotidiennement aux écoles dans ce
cadre, avec le soutien de l’Agence japonaise
de ­coopération internationale, du Canada et
de la Fondation Prosmi20. Les préfectures où
les taux de scolarisation sont inférieurs à
50 % et où l’insécurité alimentaire est la plus
élevée sont ciblées en priorité. Les régions
de N’Zérékoré et de Boké concentrent ainsi
environ 60 % des cantines alors que celles
de Conakry, Kindia et Mamou apparaissent
très faiblement dotées. Des points focaux
sont placés au niveau des régions et des
préfectures. Les directeurs d’école sont
chargés de la gestion du programme au
niveau de leur établissement via les comités
de gestion de l’école ou les APEAE.
Parmi les risques de corruption dans ce type
de programmes, on note le renchérissement
du prix des denrées par les entreprises sou-
missionnaires, la non-livraison (ou la livrai-
son tardive) d’une partie de ces denrées au
niveau des écoles, ou encore la médiocre
qualité des produits livrés. Pour limiter de
tels risques, un changement de politique
a été opéré dans le cas guinéen à partir
de 2016/2017, consistant à adapter l’achat
des denrées aux habitudes alimentaires de
chaque région (haricots, riz, igname, etc.)
et à réserver le marché aux ­ producteurs
communautaires locaux – limitant ainsi le
nombre d’intermédiaires. Pour faciliter ce
processus, le Programme alimentaire mon-
dial a incité les producteurs à se regrouper ;
Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 41

Chapitre 5.
Construction, manuels et cantines : accroître la redevabilité

on comptait ainsi en 2018 42 groupements

Recommandations
de producteurs autorisés à soumissionner
présents dans huit préfectures du pays. — Réaliser une ESDP afin de suivre
Un autre risque est la déperdition possible notamment les fonds alloués aux
des aliments au niveau des magasins de cantines.
­stockage, lors de leur transfert des maga- — Mettre en place une gestion et un
sins vers les écoles, ou au niveau des écoles. contrôle strict des stocks d’ali-
La signature de fiches d’émargement par ments à tous les niveaux du sys-
les directeurs d’école à la réception et sortie tème, en ayant si possible recours
des aliments, ainsi que la participation des à un système informatisé.
communautés (notamment des mères) à la — Doter les inspecteurs des moyens
gestion des cantines permettent de réduire nécessaires pour effectuer des
de tels risques. missions sur place et faire remon-
ter les fiches d’émargement au
Tableau 11. Risques de corruption liés à la niveau des préfectures.
gestion des cantines scolaires — Vérifier les stocks d’aliments dans
les magasins et dans les écoles
Domaine Risques identifiés lors de missions de contrôle ou
d’inspection.
Gestion des • Renchérissement du prix des
cantines denrées par les entreprises — Prévoir des sanctions en cas de
scolaires soumissionnaires déperdition d’aliments et veiller à
• Non-livraison (ou livraison tardive) leur stricte application.
d’une partie des denrées aux
écoles
• Qualité des produits délivrés
inférieure à ce qui est attendu
• Déperdition d’aliments au niveau
des magasins de stockage, lors de
leur transfert vers les écoles, ou
au niveau des écoles
42 iiep.unesco.org
Chapitre 6. 
Promouvoir l’intégrité des
procédures d’évaluation,
d’examens et de concours
Le sous-programme « Examen et ­évaluation »
du ProDEG  2020-2029 (République de
Guinée, 2019) vise «  l’amélioration du
­système d’examens nationaux et d’éva-
luations ­standardisées dans un but global
d’améliorer la qualité de l’enseignement et
des apprentissages  ». Il formule plusieurs
stratégies pour parvenir à cet objectif, dont
la rédaction d’un document référentiel sur
la production et l’utilisation des données
d’évaluation standardisées, la formation
des enseignants en conception d’items et
en notation, l’amélioration des procédures
des examens nationaux et de la diffusion
de leurs résultats. Dans le même temps, les
établissements d’enseignement supérieur
sont appelés à revoir leurs référentiels
d’évaluation en lien avec l’ANAQ. Une telle
approche peut réduire un certain nombre de
risques liés à l’évaluation et ­l’organisation
des examens nationaux, tels que le favori-
tisme ou la vente de notes. De tels risques
sont détaillés dans ce qui suit.
6.1 Irrégularités lors des examens
nationaux
Le SNESCO a en charge l’organisation des
trois principaux examens au niveau de
l’enseignement pré-universitaire, à savoir
le certificat d’étude élémentaire (CEE) qui
conditionne l’entrée en septième année,
le BEPC qui sanctionne la fin du collège
et le baccalauréat en sciences sociales,
sciences expérimentales ou encore en
scien­­­­­­­ces mathématiques qui sanctionne la
fin du lycée. Service relevant du MENA, le
SNESCO est responsable du chronogramme
des examens et de la préparation des sujets
nationaux. Depuis 2016, la gestion du CEE
a été déconcentrée au niveau des DPE/DCE.
Depuis 2017, celle du BEPC a été placée sous
l’autorité de l’inspection régionale. Selon
un des responsables du SNESCO interro-
gés dans le cadre de cette étude, il est en
effet « fastidieux de gérer trois examens en
même temps au niveau central, de produire
Évaluation d’intégrité
les notes, etc. Les DPE peuvent faire ce tra-
vail. Ils ont des représentants sur place ».
Selon l’article 37 de la loi L/2017/041/AN du
4  juillet 2017 portant sur la prévention, la
détection et la répression de la corruption
et des infractions assimilées, «  les fraudes
dans les examens et concours publics, la
délivrance des diplômes et titres (…) sont
assimilées à la corruption et punies comme
telle » (voir Encadré 10). Pour limiter de tels
risques, des mesures sont prises selon le
code de conduite pour la gestion des exa-
mens afin d’assurer la confidentialité des
sujets d’examen et l’anonymat des copies.
Dix sujets sont proposés par discipline
et soumis à la SNESCO. Après avoir été
sélectionnés et scellés, les sujets d’examen
sont remis aux inspecteurs régionaux qui
remettent ensuite les enveloppes aux pré-
fets dans chaque DPE. Les préfets ouvrent
les enveloppes en présence du représen-
tant du Ministère. Des instructions sont
données aux surveillants et un contrôle des
documents d’identité fournis par les élèves
est effectué. Les secrétariats établis au
niveau local pour le CEE, régional pour le
BEPC et central pour le baccalauréat ont
la ­responsabilité de couper l’en-tête de
chaque copie, de manière à ce que seul le
numéro du candidat reste visible, et ce sous
le contrôle des représentants du Ministère.
Les membres de ces secrétariats ne peuvent
pas eux-mêmes être correcteurs. Enfin, les
résultats des examens sont annoncés à la
télévision et les candidats peuvent faire
appel en cas de litige.
Néanmoins, de l’aveu des représentants des
autorités centrales eux-mêmes, les risques
de fraude au niveau des examens per-
durent. Les fortes variations enregistrées
au niveau des résultats du CEE et du BEPC
d’une année sur l’autre suscitent ainsi des
interrogations sur la fiabilité des conditions
d’examen. Le rapport d’analyse sectorielle
publié en 2019 (UNICEF et IIPE-UNESCO
Évaluation d’intégrité
Chapitre 6.
Promouvoir l’intégrité des examens
Dakar, 2019) mentionne ainsi, en référence
au BEPC, qu’«  alors qu’en 2011, environ un
élève sur cinq réussissait cet examen, cette
proportion monte à 43 % deux années plus
tard avant de redescendre en 2014 à 32  %
(…). Ces constats, ainsi que ceux liés aux
résultats du CEE, invitent à questionner les
pratiques d’évaluation et de pilotage de la
qualité au sein du système éducatif  ». La
presse fait également régulièrement état
d’irrégularités au moment du déroulement
des examens. En 2014, par exemple, des
individus disposant des sujets du bacca-
lauréat ont été interpellés par les services
de sécurité. À nouveau, en juillet  2019,
les sujets d’examen du baccalauréat en
sciences sociales ont dû être remplacés au
dernier moment sur l’ensemble du territoire
du fait de fuites via les réseaux sociaux
(Madou, 2019).
Graphique 1. Évolution des taux de réussite
au BEPC (2011-2017)
60 %
53 %
50 %
43 %
40 % 36 %
32 %
30 %
24 %
21 %
20 %
10 %
0%
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Source : UNICEF et IIPE-UNESCO Dakar, 2019.
21 Selon une enquête nationale sur les violences basées sur le genre en Guinée, près d’une femme de 15 ans ou plus sur cinq (19,3 %)
aurait subi une violence sexuelle au cours des 12  mois ayant précédé l’enquête (ministère de l’Action sociale, de la Promotion
féminine et de l’Enfance, 2017).
iiep.unesco.org 43
Encadré 10. Fraude académique
et corruption
I. De la prévention de la corruption dans les
Secteurs de l’Éducation et de la Santé
Article 37
Les fraudes dans les examens et concours publics,
la délivrance des diplômes et titres, l’abstention
contre rémunération ou non d’accomplir un acte
relevant de la mission d’éducation dans le but de
favoriser toute forme de fraude ou de tricherie,
la perception indue et la dissipation illicite de
sommes d’argent par les responsables d’établisse-
ments publics ou privés et les enseignants sont
assimilées à la corruption et punies comme telle.
Article 39
Les établissements scolaires et universitaires
ont l’obligation d’insérer dans leurs programmes
les curricula de formation et d’éducation sur la
lutte contre la corruption.
Source : Loi L/2017/041/AN du 4 juillet 2017.
Parmi les risques de fraude cités par les
personnes interrogées lors de l’enquête de
terrain, on peut citer :
37 %
— la fuite des sujets d’examen avec des
complicités possibles, au niveau des
DPE/DCE ou des informaticiens impli-
qués dans le processus ;
— la tricherie pendant l’examen (parfois
avec la complicité de surveillants) ;
— la vente de notes en échange d’argent ou
de faveurs sexuelles21 ;
— des irrégularités commises au moment
de la notation ou de la saisie des notes ;
— le repêchage de candidats ayant obtenu
des notes largement en dessous de la
moyenne lors des délibérations du jury.
44 iiep.unesco.org
Chapitre 6.
Promouvoir l’intégrité des examens
Un représentant du Ministère a fait éga-
lement mention de l’apparition au cours
des cinq dernières années de «  comités de
rédaction » autour des établissements où se
déroule l’examen. Il s’agit de centres privés
qui se procurent le sujet avec la complicité
du secrétariat en charge de la gestion de
l’examen et communiquent les solutions
aux candidats pendant l’épreuve. Des
membres de la Fédération des associations
des parents d’élèves et amis de l’école ont
corroboré cette information, en indiquant
que les associations de parents d’élèves et
les mères étaient présentes les jours d’exa-
men « pour surveiller l’extérieur de l’école et
assurer la sécurité ». Certains ont parlé plus
spécifiquement de l’intervention pendant
les épreuves de membres d’écoles privées
ou des centres proposant des cours privés
de soutien qui veulent s’assurer que leurs
élèves soient admis.
6.2 Le cas des examens professionnels et
universitaires
Dans le secteur de la FTP, les élèves doivent
passer un concours, dont la gestion a été
déconcentrée au niveau des préfectures.
Le Graphique 2 illustre la pression exercée
sur ces concours, du fait d’une demande
bien supérieure à l’offre  : selon les don-
nées du Service des examens, concours
scolaires et passerelles, il y a en moyenne
deux fois plus de candidats aux formations
d’EFTP que de places disponibles (10  817
pour 5  778  reçus en 2017), trois fois plus
pour le secteur tertiaire. Même si, dans
ce secteur, des mesures sont prises pour
limiter la fraude (envoi de représentants de
­l’Inspection générale pour contrôler le bon
déroulement des examens, diffusion des
sujets à la télévision, etc.), une telle pression
est susceptible de générer de mauvaises
pratiques. Parmi les exemples mentionnés
lors des entretiens, on peut citer des cas où
des individus passent l’épreuve à la place du
candidat qui figure sur les listes officielles,
Évaluation d’intégrité
malgré les contrôles d’identité d’usage
(l’épreuve doit alors être suspendue), et la
tricherie pendant les épreuves, liée parfois
à « l’indulgence des surveillants ». À l’issue
de leur formation, les élèves doivent égale-
ment passer trois épreuves. Les sujets sont
scellés et envoyés aux préfets ou sous-­
préfets qui sont chargés de les conserver
(y compris dans les écoles si elles sont
sécurisées). Les copies sont rendues ano-
nymes et mélangées entre établissements.
Toutefois, «  l’indulgence des correcteurs  »
vis-à-vis de certains candidats a été évo-
quée lors des entretiens.
Graphique 2. Effectifs aux concours et
effectifs retenus dans les filières de type A
(2012-2016)
15 000
12 976
12 000 10 894 10 817
10 123 9 951
9 000
6 493
5 643 5 599 5 778
6 000 4 844
3 000
0
2012 2013 2014 2015 2016
Reçus Candidats
Source  : Données du Service des examens, concours scolaires
et passerelles, MEFTP-ET, citées dans UNICEF et IIPE-UNESCO
Dakar, 2019.
Quant à l’enseignement supérieur, il
n’existe plus d’examens d’entrée à l’univer-
sité depuis l’introduction du système LMD,
ce qui limite les risques de corruption lors
des processus d’admission. L’admission des
candidats se fait ainsi sur la base de leur
obtention du baccalauréat et des places
disponibles dans les établissements uni-
versitaires. Dans son allocution du 6 février
2019 (Bah, 2019), le ministre de l’Enseigne-
ment supérieur et de la Recherche scien-
tifique a néanmoins soulevé le problème
Évaluation d’intégrité
Chapitre 6.
Promouvoir l’intégrité des examens
­­
d’« institutions [d’enseignement supérieur]
qui prennent des non-bacheliers  ». Les
risques se concentrent davantage sur les
examens intermédiaires et finaux. Là aussi,
une série de mesures sont prises pour limi-
ter les mauvaises pratiques, telles que :
— l’introduction de cours d’éthique ;
— la fin de l’obligation d’acheter les polyco-
piés des professeurs pour pouvoir passer
l’examen ;
— le roulement des enseignants qui sur-
veillent les épreuves ;
— la réduction des délais de notation ;
— les sanctions prises en cas de tricherie
ou plagiat ;
— l’affichage des résultats ;
— le droit des étudiants de contester ces
derniers.
Malgré tout, certaines fragilités ont été
citées lors des entretiens réalisés, comme :
— l’absence de chartes d’éthique ou de
codes de conduite (même s’il existe un
acte central sur le règlement acadé-
mique des études et un règlement inté-
rieur propre à chaque université) ;
— l’absence de confidentialité des copies,
sauf au niveau du master et dans
quelques licences ;
— la remise de copies ou de mémoires rédi-
gés à la main, ce qui rend plus difficile la
détection de cas de plagiat ;
— des délais importants dans la publication
des résultats.
iiep.unesco.org 45
6.3 Pratique des faux diplômes
Enfin, la question des faux diplômes a
été soulevée à plusieurs reprises par les
autorités du pays elles-mêmes. Selon des
propos rapportés par la presse (Bah, 2019),
le ministre de l’Enseignement supérieur et
de la Recherche scientifique aurait ainsi
déclaré le 6  février 2019  : «  Nos diplômes
aujourd’hui sont décriés. Depuis qu’on a dit
que pour être à la hiérarchie  A, il faut la
licence, les diplômes pleuvent. J’ai interpellé
mes collègues du gouvernement sur cette
situation et on ne sait pas d’où viennent
ces diplômes. Est-ce que c’est des vrais
diplômes ou pas (…). Vous savez, il y a des
gens qui ont été renvoyés des entreprises
ici quand j’étais à la Banque centrale parce
qu’ils avaient des faux diplômes et des faux
baccalauréats.  » Parmi les mesures citées
par le ministre pour remédier à cette situa-
tion, on peut citer :
— l’utilisation des technologies de l’infor-
mation pour sécuriser les diplômes ;
— créer une plateforme en ligne permet-
tant aussi bien aux entreprises qu’aux
universités étrangères de vérifier les
diplômes obtenus par chaque individu.
Les représentants du MESRS ont confirmé
la mise en place d’une base de données de
tous les étudiants diplômés jusqu’au docto-
rat dans le cadre des entretiens réalisés  ;
sa mise en place s’inscrit dans le cadre
de la certification et reconnaissance des
diplômes.
Les différents risques liés aux procédures
d’évaluation et d’examens sont résumés
dans le Tableau 12.
46 iiep.unesco.org Évaluation d’intégrité

Chapitre 6.
Promouvoir l’intégrité des examens

Tableau 12. Risques de corruption liés aux procédures d’évaluation et d’examens

Domaines Risques identifiés

Évaluation des • Favoritisme, népotisme au moment de la notation
élèves/étudiants • Tricherie pendant les épreuves
• Vente de notes en échange d’argent ou de faveurs sexuelles
Gestion des • Fuite des sujets d’examen
examens et • Individu qui passe l’épreuve à la place du candidat
concours nationaux • Tricherie pendant les épreuves
• Mise en place de « comités de rédaction » chargés de passer les solutions aux candidats
• Interférence d’écoles/centres privés pendant les épreuves
• Irrégularités lors de la notation ou la saisie des notes
• Repêchage de candidats ayant obtenu des notes largement en dessous de la moyenne
Production de • Plagiat (notamment en ce qui concerne les documents manuscrits)
mémoires ou thèses
Délivrance des • Versement de pots-de-vin pour figurer sur la liste des candidats reçus
diplômes • Production/utilisation de faux diplômes

Recommandations
— Poursuivre les efforts de standar­
disation des évaluations et examens
tels qu’énoncés dans le ProDEG, en
lien avec l’ANAQ pour ce qui est de
l’enseignement supérieur.
— Réaliser un audit de la gestion des
examens et concours nationaux pour
identifier plus précisément et systéma-
tiquement les vulnérabilités du système.
— Mettre en place un code de conduite
des examens et concours nationaux
pour chacun des acteurs concernés
(administration, surveillants, candidats,
etc.) et former chacun de ces acteurs
en conséquence.
— Adopter une charte d’éthique pour
l’ensemble des établissements d’en-
seignement supérieur du pays.
— Informatiser la gestion des examens
et concours nationaux (liste de candi-
dats, sélection des sujets, affectation
des candidats et des surveillants dans
les centres d’examens, notes obtenues,
publication de ces notes, etc.) en limi­
tant le nombre d’intermédiaires.
— Assurer la protection des centres d’exa­
mens et concours nationaux, y compris
avec l’intervention des forces de sécu-
rité lorsque nécessaire. Réaliser des
contrôles ciblés le jour de l’épreuve.
— Informer les établissements/cen-
tres privés des peines encourues en
cas de fraude pendant les épreuves
­d’exa­mens et concours nationaux, les
sanctionner en cas de fraude avérée.
— Produire un guide des bonnes pra-
tiques pour toute épreuve organisée
– par exemple, double correction d’un
échantillon aléatoire de copies, infor-
mation des candidats sur les sanctions
encourues en cas de fraude, etc.
— Suspendre de leurs fonctions les mem-
bres des secrétariats ayant en charge
la gestion des examens ou concours
nationaux au niveau central, régional
ou local en cas de fraude avérée.
— Clarifier les critères de « repêchage »
des candidats aux examens et con-
cours nationaux et s’assurer de leur
application sur tout le territoire.
— Mettre en place un système sys-
tématique de détection des résultats
improbables, permettant de comparer
les résultats de chaque centre et
localité avec les résultats obtenus
lors d’épreuves précédentes, avec la
moyenne obtenue dans des établisse-
ments/localités similaires, etc.
— Réduire les délais de publication des
résultats aux examens universitaires.
— Utiliser les nouvelles technologies pour
sécuriser tous les diplômes délivrés.
— Finaliser la mise en place de la base
de données de tous les étudiants
diplômés jusqu’au doctorat et la ­rendre
accessible en ligne.
Évaluation d’intégrité
Chapitre 7. 
Améliorer la gouvernance du secteur
et favoriser le contrôle social
7.1 Institutions de contrôle interne
et externe
Le système éducatif guinéen est placé sous
le contrôle de plusieurs institutions, dont des
services d’inspection sectoriels placés sous
l’autorité des ministères concernés comme
l’IGE et les IRE dans le cas de l’enseignement
primaire, l’Inspection générale de l’EFTP
dans le cas de l’EFTP  ; des institutions de
contrôle placées sous l’autorité d’autres
ministères comme l’Inspection générale des
finances placée sous l’autorité du ministère
de l’Économie et des Finances  ; ou encore
d’organes suprêmes de contrôle comme la
Cour des comptes, l’Inspection générale
d’État de Guinée ou encore les commissions
d’information au Parlement. L’Inspection
générale d’État, en particulier, est une
institution supérieure de contrôle placée
sous l’autorité directe du président de la
République. Elle dispose de 25  inspecteurs
(20 recrutés par voie de concours et cinq au
tour extérieur) et de 15  personnes relevant
du personnel technique. Elle est chargée
du contrôle administratif de l’État  ; tous les
acteurs qui bénéficient du concours public
de l’État lui sont soumis. Dans le secteur
de l’éducation, elle est chargée du contrôle
des cabinets ministériels ainsi que des ser-
vices déconcentrés (DPE/DCE). Elle contrôle
notam­­­­­ment le respect des règles de pas-
sation des marchés, par exemple, lors de la
construction de salles de classe.
Chacune de ces institutions est amenée à
contrôler le bon fonctionnement du secteur.
D’un point de vue interne, l’IGE, par exemple,
veille à l’application des règlements et direc-
tives, au suivi des programmes, au respect
des normes pédagogiques et du temps
d’enseignement, ainsi qu’à l’évaluation de la
performance des services. Elle comprend
46 membres au niveau central. D’un point de
vue externe, on peut noter l’organisation de
rencontres entre la Primature et les secrétaires
généraux visant à évaluer la ­performance de
iiep.unesco.org 47
leurs ministères sur la base de leurs lettres
de mission. Mais le ProDEG 2020-2029 note
que les conclusions de ces rencontres ne sont
pas communiquées au reste du personnel. Il
relève également ­l’absence de «  régularité
dans le contrôle interne ou l’évaluation interne
de la performance des ministères ou de leurs
directions, les textes ne sont pas clairs non
plus sur qui a la responsabilité […]. Par ail-
leurs, il est impor­tant de noter qu’il n’y a pas
d’autre évaluation externe, il y a seulement
parfois des audits spécifiques » (République
de Guinée, 2019).
D’une manière générale, les textes rendent
compte de contrôles ou d’audits effectués
par une diversité d’acteurs (les organes
cités plus haut, mais aussi des audits réali­
sés à la demande de l’ANLC sur les ma­­­nuels
scolaires, ou à la demande des PTF sur
le MESRS). L’analyse sectorielle parue en
2019 fait également état d’évaluations ou
contrôles externes réalisés notamment au
niveau déconcentré, notant que «  la régu-
larité des visites diffère entre IRE/DPE/
DCE (plusieurs fois dans l’année, une fois
par an, etc.). La nature des visites est aussi
différente  : il peut y avoir des évaluations
de performance basées sur des outils et
des indicateurs appropriés ou encore des
contrôles plus administratifs  » (UNICEF et
IIPE-UNESCO Dakar, 2019). Et elle conclut
que si les contrôles existent, ils ne sont pas
systématiques et ne donnent pas lieu à des
plans ou activités de formation. Enfin, la
nécessité de mieux former les acteurs ayant
en charge les activités de contrôle et de les
doter des moyens d’action suffisants, et ce à
tous les niveaux administratifs, a été réguliè-
rement évoquée lors des entretiens réalisés.
De façon plus spécifique, les représentants
de l’Inspection générale d’État ont indiqué
l’importance de renforcer les structures de
contrôle internes au secteur, de développer
des formations appropriées en ce sens et de
cartographier de manière systématique les
risques auxquels le secteur doit faire face.
 48 iiep.unesco.org
Chapitre 7.
Améliorer la gouvernance et le contrôle social
Encadré 11. Faiblesse des institutions
de contrôle
Bien que la Constitution de 2010 ait consacré
«  le principe de la séparation et de l’équilibre
des pouvoirs  », les institutions de redevabil-
ité horizontale, comme l’Assemblée nationale
et la Cour des comptes n’arrivent pas à jouer
leur rôle central dans le contrôle de l’Exécutif.
Ces institutions peinent à agir avec efficacité
en raison de la faiblesse du cadre institution-
nel et juridique dans lequel elles évoluent. La
loi  L/2017/041/AN ne dispose pas encore de
textes d’application clairs. La faiblesse des
mécanismes de ­contrôle est le reflet des faib-
lesses historiques des institutions tradition-
nelles politiques de Guinée. Ces institutions
héritent et prolongent une longue tradition
d’un système centralisé dans lequel le pou-
voir exécutif est dépourvu de tout mécanisme
interne de contrôle efficient. Les clien­­télismes
qu’un tel système génère produisent un climat
favorable à la corruption.
Source : PNUD, 2017.
7.2 Mécanismes d’assurance qualité
en devenir
L’ANAQ a été instituée par le décret
n°  007/PRG/SGG du 12  janvier 2017. Elle
est placée sous la tutelle administrative
et technique du MESRS et sous la tutelle
financière du ministère de l’Économie et
des Finances. Elle délivre des habilitations,
accréditations et labélisations d’institu-
tions, de programmes de formation et de
structures de recherche relevant de l’en-
seignement supérieur. Elle accompagne
actuellement 22 ­établissements aussi bien
publics que privés dans l’autoévaluation
de 78  programmes22. Elle interagit avec
les bureaux de contrôle de la qualité créés
récemment au niveau des IES, comme à
l’université privée Kofi-Annan. Le cadre
22 Voir https://anaq-edu.org/
Évaluation d’intégrité
de dépenses à moyen terme 2019-2021
du MESRS prévoit d’«  appliquer les stan-
dards de performance définis par l’ANAQ
aux IES publiques et privées ainsi qu’aux
institutions de recherche » (MESRS, 2018).
L’assurance qualité, même si elle en est à
ses débuts, cons­­titue de fait une stratégie
clé pour améliorer la transparence et la
redevabilité, aussi bien dans le domaine du
supérieur que celui de l’EFTP.
7.3 Indicateurs de suivi des progrès
de la lutte contre la corruption
Dans son rapport sur la perception de la
corruption et de la gouvernance auprès
de la population, l’ANLC définit un indice
national de la corruption constitué de plu-
sieurs varia­bles (ANLC, 2016). Certaines
variables relatives à la délivrance des
services publics, la perception de la popu-
lation sur la fréquence de la corruption et
la qualité des services publics portent sur
le secteur de l’éducation. On peut imaginer
que cette liste de variables soit affinée à
l’avenir, pour mieux prendre en compte la
diversité des formes que peut prendre la
corruption dans l’éducation et les résultats
d’un nombre croissant d’enquêtes ou d’au-
dits sur le sujet.
7.4 Accès du public à l’information
et redevabilité sociale
Dans leur ouvrage, Hallak et Poisson (2009)
insistent sur l’importance de prendre en
compte trois axes stratégiques principaux
dans la lutte contre la corruption, à savoir :
— réformer les normes et les procédures ;
— renforcer les capacités en matière de pla-
nification, gestion et contrôle ;
— promouvoir le contrôle social.
 Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 49

Chapitre 7.
Améliorer la gouvernance et le contrôle social

MENA pour l’année 2014/2015, 31,5  % des

Encadré 12. Contrôles et regard du public
Il faut noter aussi que la redevabilité des
ministères par les lettres de mission fait face à
plusieurs problèmes comme le manque de maî-
trise des outils, le manque de moyens, l’absence
de sanction (positive ou négative) en fonction
des performances et, enfin, le manque de
regard du public. Il n’y a pas non plus de régu-
larité dans le contrôle interne ou l’évaluation
interne de la performance des ministères ou de
leurs directions. Les textes ne sont pas clairs
sur qui a la responsabilité. En parallèle, depuis
ces deux dernières années, le contrôle de la
présence du personnel a été renforcé (système
de pointage digital, registres). Ceci représente
une première étape dans la construction d’une
culture de contrôle et d’évaluation. Par ailleurs,
il est important de noter qu’il n’y a pas d’évalua-
tion externe, il y a seulement parfois des audits
spécifiques.
Source : UNICEF et IIPE-UNESCO Dakar, 2019.
APEAE sont peu actives au niveau des écoles
primaires, et 0,5 % inexistantes (MENA, 2016).
Le pourcen­tage d’associations peu actives
atteint près de 50 % dans les régions de Boké
et de Faranah. De plus, le dialogue avec les
représentants des APEAE a fait apparaître
un besoin de restructuration, de formation et
de meilleure gouvernance. Une expérience en
cours, menée par l’IGE visant à les associer au
contrôle de la présence des enseignants dans
le cadre de l’approche Formation en gestion
à la base, constitue un premier pas en ce
sens. La question de la meilleure implication
des élèves et étudiants dans les instances
de régulation est également à considérer.

Ce troisième axe requiert un meilleur accès

des citoyens à l’information, ainsi que leur
plus grande implication dans le fonction-
nement du secteur. Les comités de gestion
au niveau des écoles, les associations de
parents d’élèves et les organisations de la
société civile peuvent jouer un rôle clé dans
ce cadre. De telles organisations existent
en Guinée. On peut citer l’APEAE, l’Asso-
ciation des femmes pour l’éducation, ou le
CNOSCG, issu d’une série de concertations
régionales suivies d’un forum national sur
la société civile et le déve­loppement parti-
cipatif, présent au niveau central, régional
et local depuis 2002.

Les exemples d’implication directe de ces

différents acteurs en matière de contrôle
citoyen apparaissent néanmoins limités.
Les échanges organisés avec les représen-
tants de plusieurs de ces organisations ont
ainsi fait apparaître la faiblesse des APEAE,
dont le rôle s’est affaibli au cours du temps.
Selon les chiffres communiqués par le
50 iiep.unesco.org
Chapitre 7.
Améliorer la gouvernance et le contrôle social
Recommandations
— Développer un plan d’action intégrant
les différents types de contrôle effec-
tués au sein du secteur de manière à la
fois intégrée et stratégique.
— Doter les instances de contrôle interne
des moyens et de la formation néces-
saires pour leur permettre de rendre
les contrôles plus systématiques et
de suivre l’application des recomman-
dations formulées (notamment en
matière de gestion administrative et
financière), tant au niveau central que
déconcentré.
— Établir une cartographie des princi-
paux risques auxquels le secteur est
confronté, du point de vue de la trans-
parence, redevabilité et lutte contre la
corruption.
— Soutenir l’action de l’ANAQ aussi bien
en ce qui concerne le secteur public
que privé, renforcer les capacités des
Évaluation d’intégrité
IES en matière d’assurance qualité
interne.
— Revoir les indicateurs ayant trait
à l’édu­­cation utilisés pour calculer
l’indice national de la corruption.
— Favoriser l’accès du public à l’infor-
mation au sein du secteur de l’éduca-
tion, y compris par la publication de
tableaux de bord des écoles incluant
des ­ statistiques de base relatives
aux effectifs, nombre d’enseignants,
financement, etc.
— Renforcer les capacités des APEAE
pour leur permettre d’exercer pleine-
ment leur rôle à chaque niveau du
système.
— Encourager les expérimentations en
matière de redevabilité sociale.
— Considérer la participation des élèves
dans les instances de régulation au
niveau des établissements scolaires.
Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 51

Conclusion
et recommandations

Cette étude a permis de passer en revue au financement, la passation des marchés

les principaux risques de corruption iden- publics, jusqu’à l’organisation des examens.
tifiés dans le secteur éducatif guinéen, sur Certaines recommandations, d’ordre géné-
la base d’une revue de la littérature exis- ral, recoupent des politiques et efforts en
tante et d’une série d’entretiens réalisés cours ; d’autres sont plus ciblées. L’auteure
sur le terrain. Un tableau de ces risques a souhaite encourager les autorités du pays
pu ainsi être établi pour chaque domaine à les considérer de manière systémique –
de planification et de gestion, dont la ver- la recherche et l’expérience prouvant que
sion consolidée figure dans le Tableau  13. toute politique efficace de lutte contre la
Chacun de ces risques demanderait à être corruption doit être appréhendée selon
à la fois confirmé et mesuré à l’aide d’en- une approche globale et intégrée (Hallak
quêtes approfondies, telles que les ESDP, et Poisson, 2009). Des priorités doivent
les enquêtes quantitatives de prestation de bien sûr être fixées par les autorités. La
service, les cartes d’évaluation citoyenne, déclinaison au niveau local de certaines
ou encore les enquêtes d’opinion (Poisson, des actions proposées doit être considé-
2010). rée. Enfin, l’identification et la mobili­sation
d’un large éventail d’acteurs susceptibles
De nombreuses mesures ont été prises au de participer à leur mise en œuvre (y com-
cours de la dernière décennie, ayant un pris la société civile) reste à identifier pour
effet direct sur l’amélioration de la trans- assurer leur appropriation et efficacité.
parence et la réduction des pratiques de
corruption. Au rang desquelles on peut Liste consolidée des risques identifiés
mentionner le recensement biométrique
du personnel enseignant et des étudiants, Une vision consolidée des risques identi-
l’adoption d’un barème détaillant les cri- fiés dans les cinq domaines analysés est
tères et procédures de transfert des ensei- présentée dans le Tableau 13.
gnants, la décision de doter les écoles
privées de manuels scolaires, l’implication
des producteurs locaux et des communau-
tés dans l’approvisionnement des cantines
scolaires, la suspension du financement
des bourses aux étudiants du privé, etc. Le
ProDEG nouvellement adopté comprend
également un certain nombre d’actions –
comme l’assainissement, l’harmonisation
et l’intégration des bases de données des
personnels ou la définition de critères de
recrutement plus clairs – qui vont dans le
sens d’une plus grande transparence et
redevabilité.

Cette étude s’est efforcée de considérer le

système éducatif globalement du point de
vue de la transparence, la redevabilité et la
lutte contre la corruption, en formulant des
recommandations pour chaque domaine de
planification et gestion  : de l’information
52
Conclusion et recommandations
Tableau 13. Résumé des risques de corruption en matière d’information, financement,
gestion du personnel, passation des marchés publics et examens
Domaines
Gestion des effectifs des enseignants, des élèves et des étudiants
Effectifs des enseignants
Effectifs des élèves
Effectifs des candidats aux
examens et concours nationaux
Effectifs des enseignants et des
étudiants dans le supérieur
Financement, contributions des familles et bourses étudiantes
Financement
Contributions des familles
Bourses allouées aux étudiants
Gestion du personnel
Nomination et affectation du
personnel administratif et
enseignant
Mouvements de personnel
Mutations du personnel
enseignant dans l’administration
Cumul d’activités dans le secteur
public et privé
Comportement des enseignants
iiep.unesco.org Évaluation d’intégrité
Risques identifiés
• Enseignants fictifs
• Enseignants mutés ou détachés auprès de l’administration centrale ou
déconcentrée qui continuent à toucher leurs indemnités d’enseignant
• Sous-estimation des effectifs des élèves scolarisés dans le secteur privé
• Gonflement du nombre des candidats aux examens et concours nationaux
• Enseignants fictifs
• Étudiants fictifs
• Manque de transparence sur le nombre d’enseignants qui exercent à la fois
dans le secteur public et privé
• Utilisation de la subvention scolaire pour des activités non justifiées/non
conformes
• Non-respect des procédures dans l’utilisation de la subvention scolaire
• Détournement d’une partie des fonds collectés par les APEAE par les
dirigeants de l’école
• Favoritisme dans l’allocation des primes versées aux enseignants avec les
fonds collectés auprès des familles
• Favoritisme/népotisme dans le recrutement de contractuels grâce
aux fonds collectés auprès des familles
• Éviction des élèves dont les parents ne se sont pas acquittés de leur
cotisation
• Bourses allouées à des étudiants fictifs
• Nominations politiques aux postes de fonctionnaires dans l’administration
• Non-respect des critères de recrutement du personnel enseignant
(y compris contractuels)
• Non-respect des critères d’affectation des nouveaux enseignants
(en particulier dans la capitale)
• Pression de personnalités ou hommes politiques pour être nommés
professeurs à l’université
• Pression des étudiants sur le personnel administratif/académique pour
obtenir leur homologation (pots-de-vin)
• Opacité des mouvements de personnel
• Non-déclaration de mutations
• Cumul du salaire de fonctionnaire et de primes à l’enseignement
• Absentéisme d’enseignants affectés à des postes administratifs
• Absentéisme des enseignants et professeurs
• Emplois sous-traités à des « suppléants »
• Pression auprès des élèves/familles pour suivre les cours de soutien privés
ou de révisions collectives payantes
• Marchandage des notes contre des avantages financiers ou en nature
• Violence orale, physique ou sexuelle envers les élèves ou leurs parents
Évaluation d’intégrité
Conclusion et recommandations
Domaines
Construction d’infrastructures, gestion des manuels et cantines scolaires
Gestion des marchés publics
Construction scolaire
Gestion des manuels scolaires
Gestion des cantines scolaires
Évaluations, examens et concours
Évaluation des élèves/étudiants
Gestion des examens et
concours nationaux
Production de mémoires ou
thèses
Délivrance des diplômes
iiep.unesco.org 53
Risques identifiés
• Perception de commissions ou pots-de-vin lors de la passation des marchés
• Non-respect du secret de l’information
• Falsification de documents
• Retards administratifs volontaires
• Factures non réglées
• Biens publics qui se retrouvent en vente sur le marché
• Non-respect de la carte scolaire pour des raisons liées au clientélisme
• Pression pour figurer sur la liste des auteurs des manuels du primaire pour
toucher des droits
• Gonflement du nombre de manuels estimés pour alimenter le marché privé
• Sortie frauduleuse de manuels des stocks au niveau des magasins ou des
écoles
• Non-respect des clauses de distribution des manuels par les maisons
d’édition ou imprimeries soumissionnaires
• Vente illicite de manuels sur le marché (librairies par terre)
• Renchérissement du prix des denrées par les entreprises soumissionnaires
• Non-livraison (ou livraison tardive) d’une partie des denrées aux écoles
• Qualité des produits délivrés inférieure à ce qui est attendu
• Déperdition d’aliments au niveau des magasins de stockage, lors de leur
transfert vers les écoles, ou au niveau des écoles
• Favoritisme, népotisme au moment de la notation
• Tricherie pendant les épreuves
• Vente de notes en échange d’argent ou de faveurs sexuelles
• Fuite des sujets d’examen
• Individu qui passe l’épreuve à la place du candidat
• Tricherie pendant les épreuves
• Mise en place de « comités de rédaction » chargés de passer les solutions
aux candidats
• Interférence d’écoles/centres privés pendant les épreuves
• Irrégularités lors de la notation ou la saisie des notes
• Repêchage de candidats ayant obtenu des notes largement en dessous de la
moyenne
• Plagiat (notamment en ce qui concerne les documents manuscrits)
• Versement de pots-de-vin pour figurer sur la liste des candidats reçus
• Production/utilisation de faux diplômes
54 iiep.unesco.org
Conclusion et recommandations
Liste consolidée des recommandations
formulées
Une liste des recommandations pour faire
face à ces risques est présentée ci-dessous,
par domaine d’intervention. Les recomman-
dations relatives à l’amélioration de la gou-
vernance globale du secteur sont résumées
à la fin.
1. Consolider la gestion des effectifs des
enseignants, des élèves et des étudiants
— Organiser des exercices de recensement
biométrique du personnel enseignant
dans le primaire, secondaire général
et l’EFTP de manière régulière, afin de
mettre à jour les données correspondant
à chaque catégorie de personnel.
— Poursuivre la numérisation de la collecte
des données statistiques au niveau des
écoles.
— Réaliser des audits de contrôle de la fia-
bilité des données dans des échantillons
aléatoires de préfectures et d’écoles,
sanctionner les personnes chargées
de leur collecte et transfert en cas de
fraude avérée.
— Clarifier les conditions de mutation et de
détachement des enseignants au niveau
de l’administration centrale et déconcen-
trée, édicter des règles claires relatives
au paiement de leurs émoluments.
— Harmoniser les bases de données des
DRH et des BSD des trois ministères
concernés puis avec le fichier de la solde
qui relève du ministère de l’Économie et
des Finances.
— Encourager la publication des fiches
écoles de manière à favoriser un contrôle
social de la fiabilité des données au plus
près du terrain.
— Poursuivre les audits annuels du nombre
de candidats aux examens nationaux.
— Continuer le recensement biométrique
du personnel enseignant et des étudiants
Évaluation d’intégrité
dans toutes les universités publiques et
privées du pays.
— Mettre en place un système d’identifica-
tion individuelle permettant d’éviter de
comptabiliser des personnes plusieurs
fois dans les bases.
2. Lutter contre la corruption en matière
de financement, contributions des
familles et bourses aux étudiants
— Réaliser une nouvelle ESDP pour tracer
les flux de financement depuis le niveau
central jusqu’aux écoles  ; cette enquête
pourrait couvrir en priorité la subven-
tion scolaire – tant dans l’enseignement
général que dans l’EFTP.
— Renforcer les capacités en matière de
planification et gestion des budgets au
niveau local et scolaire (chaque école
devrait élaborer un plan d’action permet-
tant de justifier ses dépenses).
— Faire en sorte que chaque école (aussi
bien dans l’enseignement général que
technique et professionnel) dispose de
son propre compte bancaire.
— Instaurer des règles claires concernant
le montant des frais collectés auprès des
familles, les communiquer au public par
divers canaux (affichage dans l’école,
radio, etc.).
— Instaurer des normes transparentes en
matière de recrutement du personnel
contractuel et de versement des primes
aux enseignants, les rendre publiques et
veiller à leur bonne application.
— Revoir le système de gouvernance au
niveau des écoles, pour mieux associer
l’ensemble des acteurs de l’école (APEAE,
mais aussi communautés, élèves, etc.)
aux décisions prises.
— Promouvoir des enquêtes d’évaluation
citoyenne permettant aux communautés
d’estimer les montants réellement préle-
vés au niveau des familles, d’afficher les
résultats et de favoriser la discussion sur
Évaluation d’intégrité
Conclusion et recommandations
cette base avec les différentes parties
prenantes.
— Réaliser un travail approfondi de calcul
des coûts unitaires dans l’enseignement
supérieur par filière, en vue d’une plus
grande transparence et efficacité dans
l’allocation des fonds entre IES.
— Mener à bien l’opération d’«  inclusion
financière » en cours au niveau du MESRS
visant à inclure tous les paiements dans
un système de gestion financière élec-
tronique unique.
— Encadrer les possibilités de transfert
entre lignes budgétaires au niveau des
universités.
— Inciter les universités à mettre en place
des comptabilités auxiliaires au niveau
de leurs facultés quand elles n’existent
pas.
— Poursuivre les efforts de recensement
biométrique des étudiants et de bancari-
sation des bourses qui leur sont allouées,
avec l’obligation de toucher leur bourse à
l’endroit de leur scolarisation.
— Encourager les universités à mettre en
place ou à renforcer leurs systèmes d’au-
dits internes.
— Former les représentants de l’Inspec-
tion générale de l’éducation au contrôle
financier, les doter des outils appropriés.
3. Renforcer la transparence des
processus de gestion du personnel et
promouvoir les comportements intègres
— Réaliser un audit de la gestion du person-
nel enseignant, afin d’identifier les prin-
cipaux problèmes affectant l’application
des critères et procédures de recrute-
ment et d’affectation du personnel.
— Professionnaliser le personnel adminis-
tratif ayant en charge l’éducation (profil
et critères de recrutement, formation,
évaluation, etc.).
— Renforcer les capacités des DRH à tous
les niveaux du système (en particulier
iiep.unesco.org 55
au niveau des DPE/DCE) et les doter des
outils informatiques et des moyens de
transport adaptés.
— Rationaliser les mouvements de person-
nel sur la base de l’application stricte
du barème détaillant les critères et
procédures régulant les demandes de
transfert.
— Veiller à ce que les mutations d’ensei­
gnants du primaire et du secondaire vers
l’administration soient bien notifiées
dans les bases de données officielles.
— Revoir le code de conduite des ensei­
gnants du primaire afin de mieux faire
face aux nouvelles réalités et de réguler
certaines pratiques comme les cours
privés.
— Introduire les questions d’éthique en lien
avec le code de conduite dans la forma-
tion initiale et continue des enseignants.
— Organiser des séances de partage du
code de conduite auprès des enseignants
mais aussi des élèves et des APEAE dans
chaque école.
— Promouvoir des exemples positifs
­d’application du code pour encourager
le changement des comportements et
rompre avec l’impunité.
— Envisager la formulation d’une charte
éthique pour l’enseignement supérieur
et former le personnel académique à
l’éthique sur cette base.
— Demander aux enseignants qui ensei­
gnent dans le secteur privé de déclarer
leur emploi dans un (ou plusieurs autres)
établissement(s), afin d’être davantage
en capacité de les comptabiliser et de
les suivre dans le système.
— Poser des règles claires en matière
de remplacement ou de suppléance
pendant les heures de cours officielles,
prendre des sanctions en cas de non-res-
pect de ces règles.
56 iiep.unesco.org
Conclusion et recommandations
4. Accroître la redevabilité en matière
d’infrastructures, et de gestion des
manuels et cantines scolaires
Marchés publics
— Doter les DAF de chacun des ministères
concernés des moyens suffisants pour
exercer leurs activités, les former aux
nouveaux outils de gestion.
— Recruter des personnes qualifiées aux
postes de suivi des marchés publics,
aussi bien au niveau de l’Inspection
régionale de l’éducation que de toutes
les DPE/DCE, assurer leur formation.
— Dédier une personne à la gestion des
marchés publics dans chaque université
publique.
— Veiller au bon fonctionnement des com-
missions de réception (spécialistes de
la craie, etc.) qui jouent un rôle clé dans
l’appréciation de la qualité des produits.
— Informer les parents d’élèves et les com-
munautés des biens acquis par le biais
de la commande publique afin de favori-
ser un meilleur contrôle social.
Constructions scolaires
— Actualiser la carte scolaire.
— Veiller au respect des critères de la carte
scolaire pour toute ouverture d’un nouvel
établissement.
— Mieux impliquer les DPE/DCE dans le
suivi des chantiers de construction.
Manuels scolaires
— Développer une politique endogène des
manuels scolaires, visant à mieux contrô-
ler chacune des étapes de la chaîne du
livre.
— Poursuivre la politique de gratuité des
manuels dans les écoles primaires, aussi
bien publiques que privées.
Évaluation d’intégrité
— Réaliser une ESDP afin de suivre notam­
ment les fonds alloués aux manuels
scolaires.
— Mettre en place une gestion et un contrôle
stricts des stocks de manuels à tous les
niveaux du système, en ayant si possible
recours à un système informatisé.
— Engager la responsabilité des DPE/DCE
en cas de non-livraison des manuels.
— Former les gestionnaires des manuels
au niveau central, des DPE/DCE, des
magasins de stockage et des écoles ; les
informer des sanctions possibles en cas
d’irrégularités.
— Introduire des fiches de suivi permettant
de tracer la distribution des manuels au
sein de chaque école.
— Vérifier les stocks ainsi que la disponibi­
lité des manuels dans les classes lors de
missions de contrôle ou d’inspection.
— Prévoir des sanctions en cas de non-dis-
tribution des manuels par les maisons
d’édition et imprimeries et veiller à leur
stricte application.
Cantines scolaires
— Réaliser une ESDP afin de suivre notam-
ment les fonds alloués aux cantines.
— Mettre en place une gestion et un contrôle
stricts des stocks d’aliments à tous les
niveaux du système, en ayant si possible
recours à un système informatisé.
— Doter les inspecteurs des moyens
nécessaires pour effectuer des mis-
­
sions sur place et faire remonter les
fiches d’émargement au niveau des
préfectures.
— Vérifier les stocks d’aliments dans les
magasins et dans les écoles lors de
­missions de contrôle ou d’inspection.
— Prévoir des sanctions en cas de déper-
dition d’aliments et veiller à leur stricte
application.
Évaluation d’intégrité
Conclusion et recommandations
5. Promouvoir l’intégrité des procédures
d’évaluation, d’examens et de concours
— Poursuivre les efforts de standardisa-
tion des évaluations et examens tels
qu’énoncés dans le ProDEG, en lien avec
l’ANAQ pour ce qui est de l’enseignement
supérieur.
— Réaliser un audit de la gestion des
exa­ mens et concours nationaux pour
identifier plus précisément et systéma-
tiquement les vulnérabilités du système.
— Mettre en place un code de conduite
des examens et concours nationaux
pour chacun des acteurs concernés
(administration, surveillants, candidats,
etc.) et former chacun de ces acteurs en
conséquence.
— Adopter une charte d’éthique pour l’en-
semble des établissements d’enseigne-
ment supérieur du pays.
— Informatiser la gestion des examens et
concours nationaux (liste de candidats,
sélection des sujets, affectation des
candidats et des surveillants dans les
centres d’examens, notes obtenues,
publication de ces notes, etc.) en limitant
le nombre d’intermédiaires.
— Assurer la protection des centres d’exa­
mens et concours nationaux, y compris
avec l’intervention des forces de sécu-
rité lorsque nécessaire. Réaliser des
contrôles ciblés le jour de l’épreuve.
— Informer les établissements/centres
privés des peines encourues en cas de
fraude pendant les épreuves d’examens
et concours nationaux, les sanctionner
en cas de fraude avérée.
— Produire un guide des bonnes pratiques
pour toute épreuve organisée – par
exemple, double correction d’un échan-
tillon aléatoire de copies, information
des candidats sur les sanctions encou-
rues en cas de fraude, etc.
— Suspendre de leurs fonctions les membres
des secrétariats ayant en charge la
iiep.unesco.org 57
­ estion des examens ou concours natio­
g
naux au niveau central, régional ou local
en cas de fraude avérée.
— Clarifier les critères de «  repêchage  »
des candidats aux examens et concours
nationaux et s’assurer de leur application
sur tout le territoire.
— Mettre en place un système systématique
de détection des résultats improbables,
permettant de comparer les résultats
de chaque centre et localité avec les
résultats obtenus lors d’épreuves précé-
dentes, avec la moyenne obtenue dans
des éta­blissements/localités similaires,
etc.
— Réduire les délais de publication des
résultats aux examens universitaires.
— Utiliser les nouvelles technologies pour
sécuriser tous les diplômes délivrés.
— Finaliser la mise en place de la base de
données de tous les étudiants diplômés
jusqu’au doctorat et la rendre accessible
en ligne.
6. Améliorer la gouvernance du secteur
— Développer un plan d’action intégrant
les différents types de contrôle effec-
tués au sein du secteur de manière à la
fois intégrée et stratégique.
— Doter les instances de contrôle interne
des moyens et de la formation néces-
saires pour leur permettre de rendre
les contrôles plus systématiques et de
suivre l’application des recommanda-
tions formulées (notamment en matière
de gestion administrative et financière),
tant au niveau central que déconcentré.
— Établir une cartographie des principaux
risques auxquels le secteur est confronté,
du point de vue de la transparence, rede­
vabilité et lutte contre la corruption.
— Soutenir l’action de l’ANAQ aussi bien
en ce qui concerne le secteur public que
privé, renforcer les capacités des IES en
matière d’assurance qualité interne.
58 iiep.unesco.org Évaluation d’intégrité

Conclusion et recommandations

— Revoir les indicateurs ayant trait à

l’édu­cation utilisés pour calculer l’indice
national de la corruption.
— Favoriser l’accès du public à l’informa-
tion au sein du secteur de l’éducation, y
compris par la publication de tableaux
de bord des écoles incluant des statis-
tiques de base relatives aux effectifs,
nombre d’enseignants, financement,
etc.
— Renforcer les capacités des APEAE pour
leur permettre d’exercer pleinement
leur rôle à chaque niveau du système.
— Encourager les expérimentations en
matière de redevabilité sociale.
— Considérer la participation des élèves
dans les instances de régulation au
niveau des établissements scolaires.
Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 59

Annexe 1. 
Typologie de la corruption
perçue au niveau des
départements ministériels

Notes sur 100 Corruption Pots-de-vin Gestion Gestion

générale pour contourner du budget du personnel
les règles
Urbanisme et Habitat 64 71 52 10
Affaires sociales, Promotion 39 36 46 13
féminine et Enfance
Fonction publique et Emploi 46 50 40 8
Jeunesse, Sports et Culture 42 46 39 13
Économie et Finances 33 41 38 12
Intérieur et Décentralisation 42 49 37 22
Institutions républicaines 21 8 33 -
Pêche et Aquaculture 29 24 33 24
Enseignement technique et 22 11 28 12
Formation professionnelle
Mines, Géologie et Environnement 33 36 27 20
Enseignement pré-universitaire et 36 46 26 26
Éducation civique
Communication 35 36 20 23
Ligue islamique 30 20 20 -
Banque centrale de la République 30 36 18 0
de Guinée
Présidence 21 36 17 -
Sécurité 40 46 17 43
Agriculture, Élevage, Eaux et Forêts 32 43 16 16
Justice, garde des Sceaux 34 61 12 19
Plan 27 21 11 11
Santé publique 23 31 11 8
Commerce, Industrie et PME 28 50 10 -
Hydraulique et Énergie 36 50 7 33
Travaux publics et Transports 36 46 7 -
ONG 22 36 7 0
Source : Stat View International, mentionné par ANLC, 2018.
60 iiep.unesco.org Évaluation d’intégrité

Annexe 2. 
Paiement de pots-de-vin
dans les écoles

Dans le cadre du Baromètre mondial de la corruption 2019, la question suivante a été posée :
«  Au cours des 12 derniers mois, avez-vous eu des contacts avec une école publique  ?
À quelle fréquence avez-vous dû payer un pot-de-vin, offrir un cadeau, ou rendre service à
un enseignant ou à un responsable de l’école afin d’obtenir les services requis de l’école ? »
Les résultats obtenus pour plusieurs pays d’Afrique occidentale sont présentés ci-dessous.

Pays Une fois Quelquefois Souvent Jamais Ne sait A refusé A payé un

ou deux pas pot-de-vin
(écoles)
Bénin 4 % 3 % 3 % 90 % 0 % 0 % 10 %
Burkina Faso 5 % 3 % 0 % 91 % 0 % 0 % 9 %
Cameroun 10 % 11 % 6 % 73 % 0 % 0 % 27 %
Côte d’Ivoire 7 % 6 % 5 % 82 % 0 % 0 % 18 %
Gabon 10 % 8 % 5 % 77 % 0 % 0 % 23 %
Ghana 8 % 5 % 1 % 85 % 1 % 0 % 15 %
Guinée 9 % 10 % 4 % 77 % 0 % 0 % 23 %
Mali 4 % 1 % 1 % 94 % 0 % 0 % 6 %
Niger 4 % 3 % 1 % 93 % 0 % 0 % 7 %
Nigéria 18 % 10 % 3 % 68 % 0 % 0 % 32 %
Sénégal 4 % 2 % 0 % 94 % 0 % 0 % 6 %
Sierra Leone 11 % 15 % 6 % 67 % 1 % 0 % 33 %
Source : https://www.transparency.org/en/gcb/africa/africa-2019
Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 61

Annexe 3. 
Composition des dépenses publiques
d’éducation, par ministère
(loi de finances 2019, montants en GNF)

  MENA MET-FP MESRS

Nature Loi de Projet de loi Loi de Projet de loi Loi de Projet de loi
finances de finances finances de finances finances de finances
rectificative 2019 rectificative 2019 rectificative 2019
2018 2018 2018
Total des dépenses, 1 515 389 855 1 675 767 849 215 750 489 211 108 502 804 576 096 949 258 589
y compris
financement externe
T2 DÉPENSES 1 224 943 485 1 441 525 831 100 229 167 89 536 419 202 887 646 220 795 275
DE PERSONNEL
Salaires et 1 224 943 485 1 398 919 647 100 229 167 87 364 509 202 887 646 214 964 698
traitements
Cotisations sociales 0 42 606 184 0 2 171 910 0 5 830 577
T3 DÉPENSES DE 118 544 921 135 228 368 14 344 215 14 267 073 60 471 337 61 000 474
BIENS ET SERVICES
Achat de fournitures 17 931 675 20 091 284 2 073 271 1 996 129 1 092 462 1 254 618
et biens courants
Achat de fournitures 51 974 494 47 865 955 4 304 016 4 304 016
et biens spécifiques
Fournitures de 23 701 082 36 897 353 3 052 022 3 052 022 56 574 507 56 941 488
services
Achat de carburants 12 313 035 10 341 573 1 946 292 1 946 292 1 105 513 1 105 513
et lubrifiants
Consommations eau, 816 404 816 404 49 796 49 796
électricité, télécoms
Frais de 6 169 191 9 524 224 2 544 581 2 544 581 1 300 144 1 300 144
déplacement
Frais de 3 595 786 4 965 123 86 676 86 676 238 360 238 360
représentation et
manifestations
Entretiens et 2 043 254 4 726 451 287 561 287 561 160 351 160 351
réparations
T4 DÉPENSES 976 350 976 350 15 459 800 26 592 154 447 025 491 511 335 864
DE TRANSFERT
Transferts courants 11 982 420 22 720 066 349 035 082 384 843 541
Transferts en capital 26 689 853 52 446 570
Transferts aux 976 350 976 350 3 477 380 3 872 088 108 500 76 877
ménages
Autres transferts 71 192 057 73 968 876
T5 DÉPENSES 170 925 099 98 037 300 85 717 307 80 712 855 94 191 622 156 126 976
D’INVESTISSEMENT
Immobilisations non 170 925 099 98 037 300 85 717 307 80 712 855 94 191 622 156 126 976
financières
TOTAL 1 515 398 855 1 675 767 849 215 750 489 211 108 502 804 576 096 949 258 589
Source : Assemblée nationale, 2019.
62 iiep.unesco.org
Annexe 4. 
Code de conduite des enseignants
Direction nationale de l’Éducation civique
Dans le cadre du renforcement de l’éducation
à la citoyenneté à l’école, le ministère de
l’Enseignement pré-universitaire et de
l’Éducation civique, en concertation avec
DEVOIRS DES ENSEIGNANTS
Pratiques pédagogiques
1. Chercher à se former et à se perfectionner
2. Respecter le programme scolaire
3. Préparer régulièrement et correctement ses
cours
4. Tenir à jour tous ses documents pédagogiques
5. Pratiquer le dialogue avec les élèves et ses pairs
6. Encourager les progrès et la réussite de tous les
élèves
7. Évaluer régulièrement et équitablement ses
élèves
8. S’intéresser particulièrement aux élèves en
difficulté d’apprentissage et en situation difficile
et leur apporter l’assistance nécessaire
Conscience professionnelle, intégrité
9. Aimer son travail
10. Être assidu(e) et ponctuel(le)
11. Être propre et en tenue correcte
12. Refuser la fraude et la corruption sous toutes
ses formes
13. Être juste, honnête et responsable
Respect des droits fondamentaux de l’enfant
14. Contribuer au recrutement et au maintien de
tous les élèves à l’école
15. Assurer un suivi particulier des élèves en
situation difficile
16. Faciliter l’accueil et l’apprentissage des enfants
handicapés
17. Assurer la participation active des élèves à la vie
de l’école
18. Favoriser l’expression des élèves et leur liberté
de pensée
19. Assurer à tous les élèves, sans distinction, le
soutien moral et pédagogique dont ils ont besoin
Équité, égalité
20. Traiter les élèves de façon équitable sans
distinction de sexe, d’origine ou de niveau social
21. Supprimer les pratiques discriminatoires et
promouvoir l’égalité entre filles et garçons
22. Entretenir la solidarité et l’équité entre collègues
enseignants
23. Cultiver la tolérance et le respect mutuel
24. Encourager les filles mères et/ou mariées à
poursuivre leurs études
Évaluation d’intégrité
les acteurs et partenaires de l’école, a
adopté le Code de conduite de la profession
enseignante, que chaque enseignante ou
enseignant du primaire doit respecter.
Discipline, sécurité et protection
25. Assurer la discipline au sein de la classe et de
l’école
26. Assurer la sécurité des élèves et de l’école
27. Lutter contre toutes les formes de violence
physique et morale au sein de l’école
28. Refuser et ne pas pratiquer les châtiments
corporels à l’école
29. S’interdire toute forme de harcèlement sexuel
et refuser toute forme de provocation de la part
des élèves
30. Bannir les clans à l’école
31. Interdire l’alcool, la drogue et le tabac à l’école
32. Interdire les armes et les objets de valeur à
l’école
33. Interdire l’exploitation des élèves à des fins
personnelles
Respect de l’environnement
34. Faire respecter et entretenir le patrimoine de
l’école
35. Contribuer au reboisement et à l’embellissement
de l’école
36. Veiller à la propreté et à l’hygiène de l’école
37. Veiller à l’hygiène des aliments venus à l’école
38. Veiller à la propreté corporelle et vestimentaire
des élèves
Relations avec les parents d’élèves et les partenaires
39. Informer régulièrement les parents de la
progression et du comportement de leurs
enfants
40. Développer des relations de confiance avec les
parents d’élèves et le bureau de l’APEAE
41. En accord avec la direction de l’école,
développer et entretenir des relations de
partenariat avec les autorités locales, les ONG
et autres associations
Évaluation d’intégrité
Bibliographie
Agence nationale de lutte contre la
corruption et de promotion de la bonne
gouvernance (ANLC). 2015. Rapport
provisoire portant sur la vérification de
la vente interdite des ouvrages scolaires.
Présenté par Fodé Keita, Elimane Fodé,
Ousmane Camara, Amadou Camara.
Mars 2015. Conakry : République de Guinée.
Agence nationale de lutte contre la
corruption et de promotion de la bonne
gouvernance (ANLC). 2016. « Enquête sur la
perception de la corruption et la gouvernance
auprès de la population et des entreprises ».
Rapport final. Novembre 2016. Conakry :
République de Guinée.
Agence nationale de lutte contre la
corruption et de promotion de la bonne
gouvernance (ANLC). 2018. « Stratégie
nationale de lutte contre la corruption et
de promotion de la bonne gouvernance et
son plan d’actions ». Juillet 2018. Conakry :
République de Guinée.
Assemblée nationale. 2019. Loi L/2019/
No./AN portant Loi de finances pour l’année
2019. Conakry : République de Guinée.
Bah, A. 2019. « Sécurisation des diplômes
d’études en Guinée : le ministre Yéro
annonce d’importantes mesures ». In :
Guinée News. Article paru le 6 février 2019,
disponible sur https://www.guineenews.
org/securisation-des-diplomes-detudes-
en-guinee-le-ministre-yero-annonce-
dimportantes-mesures/
Banque africaine de développement.
2018. Perspectives économiques en
Afrique 2018. Abidjan : Banque africaine
de développement. Disponible en ligne
à : https://www.afdb.org/fileadmin/
uploads/afdb/Documents/Publications/
African_Economic_Outlook_2018_-_FR.pdf
iiep.unesco.org 63
BBC News. 2017. « Guinée : plus de
47 000 étudiants fictifs ». Article paru le
3 mars 2017, disponible en ligne à : https://
www.bbc.com/afrique/region-39152602
BBC News. 2019. « Plus de
6 000 enseignants n’ont pas été recensés
en Guinée ». Article paru le 19 août 2019,
disponible en ligne à : https://www.bbc.
com/afrique/region-49391379
Botta Somparé, E. ; Wotem Somparé, A.
2018. « La condition enseignante en Guinée :
des stratégies de survie dans le champ
scolaire et universitaire guinéen ». In :
Cahiers de la recherche sur l’éducation et les
savoirs, no 17, 2018, pp. 21-45.
Équipe du Rapport mondial de suivi sur
l’éducation. 2020. Rapport mondial de
suivi sur l’éducation. Inclusion et éducation :
tous sans exception. Paris : UNESCO.
Disponible en ligne à : https://fr.unesco.org/
gem-report/report/2020/inclusion
Hallak, J. ; Poisson, M. 2009. Écoles
corrompues, universités corrompues : Que
faire ? Série « Éthique et corruption dans
l’éducation ». Paris : UNESCO. Disponible
en ligne à : https://unesdoc.unesco.org/
ark:/48223/pf0000150259_fre
IIPE-UNESCO Dakar. 2018. « Rapport d’état
du système éducatif national. Présentation
des résultats provisoires ». Conakry, 20 avril
2018. Dakar : IIPE-UNESCO Dakar, UNICEF,
AFD.
IIPE-UNESCO Dakar. 2019. « Améliorer
les capacités du système éducatif guinéen ».
Note pays, 30 octobre 2019. Dakar :
IIPE-UNESCO Dakar.
64 iiep.unesco.org
Bibliographie
Levačić, R. ; Downes, P. et al. 2004. Formula
funding of schools, decentralization and
corruption: a comparative analysis. Série
« Éthique et corruption dans l’éducation ».
Paris : IIPE-UNESCO. Disponible en ligne à :
https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/
pf0000137631
Madou, M. M. 2019. « Bac 2019 : le sujet
de français en sciences sociales changé
pour fuite ». Paru dans Guinée actuelle,
18 juillet 2019. Disponible en ligne à : http://
guineeactuelle.com/bac-2019-le-sujet-de-
francais-en-sciences-sociales-change-
pour-fuite
Ministère de l’Action sociale, de la
Promotion féminine et de l’Enfance. 2017.
« Enquête nationale sur les violences basées
sur le genre en Guinée ». Rapport final.
Mars 2017. Conakry : Fonds des Nations
Unies pour la population.
Ministère de l’enseignement pré-
universitaire et de l’alphabétisation
(MENA). Direction générale de la
planification, des statistiques et du
développement de l’éducation. 2016.
« Rapport d’analyse des annuaires
statistiques de l’enseignement primaire
et secondaire général. Année scolaire :
2014-2015 ». Conakry.
Ministère de l’Enseignement pré-
universitaire et de l’Éducation civique
(MEPU-EC). 2013. « Rapport d’analyse des
statistiques scolaires 2012-13 ». Direction
générale de la planification, des statistiques
et du développement de l’éducation, Section
statistique et informatique. Conakry :
République de Guinée.
Évaluation d’intégrité
----. 2016. « Rapport d’analyse des annuaires
statistiques de l’enseignement primaire et
secondaire général. Année scolaire 2014-15 ».
Direction générale de la planification,
des statistiques et du développement
de l’éducation, Section statistique et
informatique. Conakry : UNICEF.
Ministère de l’Enseignement supérieur
et de la Recherche scientifique (MESRS).
2017. « Rapport d’analyse statistique
2015-16 ». Avec le concours du PSE, du
Fonds commun pour l’éducation de base, du
Partenariat mondial pour l’éducation et de
l’UNICEF. Décembre 2017. Conakry : MESR.
----. 2018. « Cadre de dépenses à moyen
terme. 2019-2021 ». Division des affaires
financières (DAF), Bureau de stratégie et
de développement (BSD), Cellule CDMT-E.
Conakry : MESRS.
Ntagunguria, C. 2018. Guinée. Perspectives
économiques en Afrique 2018. Note
pays. Abidjan : Banque africaine de
développement.
Poisson, M. 2010. Corruption et éducation.
Série sur les politiques éducatives, no 11.
Académie internationale de l’éducation.
Paris : IIPE-UNESCO. Disponible en ligne à :
https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/
pf0000190247_fre
Pôle de Dakar IIPE-UNESCO. 2005. Le
système éducatif guinéen : Diagnostic et
perspectives pour la politique éducative.
Dakar : Pôle de Dakar. Disponible en ligne
à : https://dakar.iiep.unesco.org/sites/
default/files/fields/publication_files/
resen_guinee_2005.pdf
Programme des Nations Unies pour le
développement. 2017. « Projet d’appui à la
promotion de l’intégrité et de lutte contre la
corruption en Guinée ». Document de projet.
Conakry : PNUD.
Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 65

Bibliographie

----. 2017. Faits saillants du mécanisme de République de Guinée. 2015. « Examen

mise en œuvre du New Deal. Rapport annuel
2016. New York : PNUD.
----. 2019. Rapport sur le développement
humain 2019. New York : PNUD.
Présidence de la République. 2012.
Secrétariat général du Gouvernement.
Loi L/2012/020 CNT du 11 octobre 2012,
fixant les règles régissant la passation,
le contrôle et la régulation des marchés
publics et de délégations de services
publics. Conakry : République de Guinée.
Présidence de la République. 2012.
Secrétariat général du Gouvernement.
Décret no D/2012/128/PRG/SGG du
3 décembre 2012, portant code des marchés
publics et délégations de services publics.
Conakry : République de Guinée.
national 2015 de l’Éducation pour tous :
Guinée ». Rapport préparé en vue du Forum
mondial sur l’éducation, Incheon, 19-22 mai
2015.
République de Guinée. 2019. « Programme
décennal de l’éducation en Guinée. ProDEG
2020-2029 ». Secteur de l’éducation et de
la formation. Version du 3 octobre 2019.
Conakry.
UNICEF, IIPE-UNESCO Dakar. 2019.
« République de Guinée. Analyse du
secteur de l’éducation et de la formation.
Pour l’élaboration du programme décennal
(2019-2028) ». Dakar : UNICEF et IIPE-
UNESCO Dakar. Disponible en ligne à :
https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/
pf0000370683

Présidence de la République. 2017.

Secrétariat général du Gouvernement.
Décret no D/2017/219/PRG/SGG portant
promulgation de la loi L/2017/041/AN du
4 juillet 2017. Conakry : République de
Guinée.

Présidence de la République. 2017.

Secrétariat général du Gouvernement. 2017.
Loi L/2017/041/AN du 4 juillet 2017, portant
prévention, détection et répression de la
corruption et des infractions assimilées.
Journal officiel de la République, 8 août 2017.
Conakry : République de Guinée.

Présidence de la République. 2018.

Secrétariat général du Gouvernement.
Décret no D/2018/241/PRG/SGG portant
attributions, organisation et fonctionnement
de l’organe chargé de la lutte contre la
corruption et de la promotion de la bonne
gouvernance. 4 octobre 2018. Conakry :
République de Guinée.
66 iiep.unesco.org
Dans la série
Éthique et corruption dans l’éducation
Open School Data: What planners need to
know
Muriel Poisson
Open government in education: Clarifying
concepts and mapping initiatives
Oksana Huss et Oleksandra Keudel
Información y transparencia: Cuadros de
indicadores de las escuelas en América
Latina
Alejandra Brito
Information et transparence : Tableaux de
bord des écoles en Afrique subsaharienne
Jonathan Dupain et Lena Thu Phuong
Nguyen
Australia: Using open school data to improve
transparency and accountability
Stanley Rabinowitz
Bangladesh: Using open school data to
improve transparency and accountability
Dipu Roy et Abu Said Md. Juel Miah
India: Using open school data to improve
transparency and accountability
Mridusmita Bordoloi et Varun Kapoor
Indonesia: Using open school data to improve
transparency and accountability
Nisa Felicia
Punjab, Pakistan: Using open school data to
improve transparency and accountability
Kashmali Khanà
Philippines: Using open school data to
improve transparency and accountability
Redempto S. Parafina
Corruption-risk assessment of the Georgian
higher education sector
Muriel Poisson et Jacques Hallak
Évaluation d’intégrité
Promoting transparency through information:
A global review of school report cards
Xuejiao Joy Cheng et Kurt Moses
Achieving transparency in pro-poor education
incentives
Muriel Poisson (ed.)
Patterns of development and use of codes of
conduct for teachers in 24 countries
Pippa McKelvie-Sebileau
Lignes directrices pour l’élaboration
et l’utilisation efficace
des codes de conduite des enseignants
Muriel Poisson
Teacher codes: Learning from experience
Shirley van Nuland
Transparency in education in Eastern Europe
Arunas Plikšnys, Sylvia Kopnicka, Liliya
Hrynevych et Constantine Palicarsky
Écoles corrompues, universités corrompues :
que faire ?
Jacques Hallak et Muriel Poisson
Ethics in education: The role of teacher codes.
Canada and South Asia
Shirley van Nuland et B.P. Khandelwal
Governance in education: Transparency and
accountability
Jacques Hallak et Muriel Poisson (eds)
Towards more transparent financial
management: Scholarships and grants in
Indonesia
Stephan Baines
Transparencia en educación: Maestros en
Colombia, Alimentación escolar en Chile
Margarita Pena et Jeannette S. Rodríguez ;
Carmen Luz Latorre et Paula Aranda
Évaluation d’intégrité iiep.unesco.org 67

Formula funding of schools, decentralization

and corruption: A comparative analysis
Rosalind Levačić et Peter Downes

Enquêtes de suivi des dépenses publiques

dans l’éducation
Ritva Reinikka; Nathanael Smith

Transparency in education: Report card in

Bangladesh, quality schools programme in
Mexico
Shahnaz Karim, Claudia A. Santizo Rodall et
Enrique Cabrero Mendoza

Adverse effects of private supplementary

tutoring: dimensions, implications and
government responses
Mark Bray

Approvisionnement en livres scolaires: Vers

plus de transparence. Afrique francophone
Jean-Pierre Leguéré

Combating academic fraud: Towards a culture

of integrity
Max A. Eckstein
 L’ouvrage

Ce rapport présente les principales conclusions d’une cartographie

des risques de corruption dans le secteur éducatif guinéen, réalisée par
l’Institut international de planification de l’éducation (IIPE) de l’UNESCO
à la demande de l’Agence nationale de lutte contre la corruption (ANLC)
de la République de Guinée. Cette cartographie des risques s’appuie sur
une revue de la documentation existante sur le système éducatif guinéen,
ainsi que sur des entretiens approfondis menés avec les principaux acteurs
intervenant dans l’enseignement primaire et secondaire, l’enseignement
technique et la formation professionnelle, ainsi que l’enseignement
supérieur. Ce rapport présente une analyse détaillée des risques de
corruption dans cinq domaines principaux, à savoir  : l’information, le
financement, la gestion du personnel, les marchés publics et les examens.
Il propose une liste de recommandations visant à promouvoir l’éthique, la
transparence et la redevabilité dans chacun de ces domaines.

L’auteure

Muriel Poisson est spécialiste de programme à l’IIPE, en charge du projet

de l’institut consacré à l’éthique et la corruption dans l’éducation. Elle est
responsable des activités de recherche et de formation dans ce domaine, sur
des sujets tels que les enquêtes de suivi des dépenses publiques, les codes
de déontologie des enseignants, les données ouvertes sur l’école ou encore
l’intégrité académique. Elle coordonne actuellement un nouveau projet de
recherche sur le gouvernement ouvert dans le secteur de l’éducation.

View publication stats