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Module de secourisme M.

Amaouche

La noyade

Introduction
 L’OMS a publié des statistiques des noyades dans le monde et par pays.
D’après les estimations en 2017 :
360.000 personnes sont mortes par noyade en 2015;
La noyade est l’une des 5 principales causes de décès chez les enfants de 1 à 14 ans dans 48 pays.
 Les hommes sont 2 fois plus exposés aux noyades que les femmes.

1. Définition
D’après l’OMS, « la noyade est une insuffisance respiratoire résultant de la submersion (totalité du
corps dans l’eau) ou de l’immersion (face de la victime) en milieu liquide »(2005). C’est donc une
asphyxie aigue.

2. Types de noyades
Plusieurs circonstances font ressortir 2 types de noyades :
 Asphyxique et syncopal
 Noyade asphyxique
 La noyade primaire est l'inondation des voies respiratoires  AVANT  la perte de connaissance
et l’arrêt respiratoire.
 Personne ne sachant pas nager tombe dans l’eau puis coule par insuffisance technique après
s’être débattue.
 Nageur expérimenté dépasse ses possibilités se noie après épuisement.
 Dans ces cas, la Une partie de l’eau est avalée, l’autre partie passe dans les poumons et
provoque une asphyxie progressive, immédiatement irréversible, dont l’état terminal est
une syncope anoxique (manque d’oxygène). Le noyé sera dit « bleu ».
 Noyade syncopale
 Noyade secondaire c’est l'inondation des voies
 respiratoires  Apres la perte de connaissance et
 l’arrêt respiratoire.
 L’inondation est :
 Soit active (reprise sous l’eau des mouvements
 respiratoires),
 Soit passive (par infiltration, la victime coule). Elle
 se produit dans les cas où :
 Choc thermo- différenciel.
En entrant dans l’eau sans précaution, toute la masse sanguine circulant en périphérie est refoulée au
centre par un réflexe de vasoconstriction.
Ce choc est suffisant pour provoquer une syncope.
Exemple: Une personne qui se trouve en période de digestion ou sous l’emprise de l’alcool 
 Personne qui plonge dans un plan d’eau percute le fond ou un obstacle.
 Perte de connaissance par réaction allergique au : froid
(urticaire au froid) ou aux algues et plancton (hydro allergie)
Dans tous ces cas, la victime perd connaissance Avant que le processus de la noyade ne s’engage.
C’est la reprise sous l’eau des mouvements respiratoires qui provoque la noyade ou l’entrée passive
de l’eau dans les poumons par dépression pulmonaire, la victime sombre. Le noyé sera dit « blanc ».

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3. Mécanisme de la noyade
Tout ce processus est rapide et les conséquences importantes.
 Cerveau constitué de cellules (les neurones) qui ne supportent pas d’être sous-oxygénées
même brièvement.
 Le cerveau représente seulement le 2% masse corporelle
 Mais consomme 20% de l’oxygène de la respiration.
Il est donc la cible principale de cette asphyxie.
Les chances de survie à la noyade sont faibles, le tableau ci-dessous en donne un aperçu significatif.

4. Différence eau douce - eau de mer


 L’organisme ne répond pas de la même façon lors d’une noyade en eau douce ou en eau de
mer, même si les gestes du prompt secours sont semblables.
 Les différences proviennent de l’absence de sel (Na Cl) dans l’eau douce.

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4.1 Lors de la noyade en eau douce


Selon le principe de l’osmose l’eau douce traversera la paroi alvéolaire pour diluer le sang.
complications sévères dont principalement :
 Une augmentation de la masse sanguine (hémodilution)
 Une destruction des globules rouges (transporteurs de l’oxygène)
 Une libération de leur potassium dans le plasma (fibrillation cardiaque)
 Un lessivage du surfactant (le surfactant est un liquide qui tapisse l’intérieur du poumon et
facilite son travail).
4.2 Lors de la noyade en eau de mer
Les conséquences sont principalement :
 Une diminution du volume sanguin (hémoconcentration)
 Un œdème aigu du poumon
 Une inefficacité cardiaque progressive
 Un lessivage du surfactant
4.3 Différence eau douce - eau de mer
 Cliniquement, la noyade en eau douce est dans l’ensemble trois fois plus sévère qu’en eau de
mer par les complications pathologiques qu’elle crée.
 A cela seront toujours associés des troubles infectieux, en piscine, la présence de chlore et
divers désinfectants et la pollution de l’eau en général.

5. Classification
C’est une classification clinique selon la gravite d’après La Classification dite de «Bordeaux» elle
prend en compte :
 L’état de conscience,
 L’activité respiratoire
 Et l’efficacité circulatoire :
il en ressort 04 stades.
 Stade 1 : aqua stress
 Stade 2 : petit hypoxique
 Stade 3 : grand hypoxique
 Stade 4 : grand anoxique
Stade1 aqua stress 
 Sujet conscient
 Respiration efficace
 Pouls et tension artérielle corrects
 Le patient est angoissé, il a froid et présente souvent un épuisement musculaire.
Stade2 petit hypoxique 
 Patient toujours conscient
 Pouls et tension artérielle restent stables,
 Troubles respiratoires avec encombrement des voies aériennes.
 Le patient tousse et crache,
 Il est plus ou moins cyanosé, épuisé, angoissé et frissonnant.
Stade3 grande hypoxie :
 Altération de l’état de conscience : agitation, obnubilation ou coma
 Encombrement broncho-pulmonaire important.
 Crises convulsives possibles.
 Ces anomalies traduisent une hypoxie importante.
Stade 4 anoxie :

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 Troubles de la conscience : avec possibilité des crises convulsives , et coma.


 Troubles respiratoires: apnée, avec cyanose des extrémités.
 Troubles cardio-circulatoires graves
 Le patient présente un danger imminent d’arrêt cardiaque.
 Au maximum, le noyé est en état de mort apparente : apnée, absence de pouls

6. Conduite à tenir 
La prise en charge de la victime doit démarrer le plus tôt possible. C’est à dire sur le lieu de l’accident.
L’asphyxie engendrerait un arrêt cardiaque dans 3 à 4 minutes.
Un noyé secouru dans la première minute a 95% de chance de survie, seulement 25% après 6 mn, et
3% après 8 minutes : les secouristes doivent :
 Dégager la victime rapidement de l’eau : sans prendre de risque pour le secouriste.
 Victime consciente et qui respire -alerter les secours
 Mettre la victime en PLS car risque de vomissements, couvrir pour réchauffer.
 En attendant il faut la surveiller car son état peut s’aggraver.
 Victime qui ne respire plus : commencer la ventilation artificielle puis entame le massage
cardiaque externe (cas exceptionnel dans la noyade).
 En cas d’hypoxie, la récupération du rythme cardiaque est toujours possible même après un
délai long.
 N’essayer jamais de vider l’estomac ou de pratiquer la manœuvre d’Heimlich.
7. Prévention
Plusieurs mesures sont à prendre :
 Apprendre à nager et connaître ses limites
 Éviter de sauter dans l’eau brusquement, procéder toujours à une mise à l’eau progressive
 Après un repas copieux et arrosé s’accorder un délai d’au moins 2 heures avant de se mettre à
l’eau en respectant une mise à l’eau progressive
 En cas de fatigue, réduire le temps de baignade
 Se méfier de l’eau froide et sortir dès les premiers frissons
 Ne pas plonger dans une zone dont on ne connaît pas les caractéristiques
 Ne pas nager en direction du large mais plutôt parallèlement à la rive
 Faire preuve de prudence et ne pas laisser les enfants sans surveillance
 Dans tous les cas, faire preuve de bon sens et se souvenir que dans l’eau on se trouve dans un
environnement qui n’est pas le nôtre, qu’il a ses propres lois et que physiologiquement nous
ne sommes pas adaptés à la vie aquatique. Nous sommes des « terriens ».

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