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LA NOYADE

Soro L., Dr Konan Kouassi Jean


Département Anesthésie Réanimation et Médecine d’Urgence
CHU Yopougon Abidjan
INTRODUCTION
La noyade = asphyxie aiguë par inondat° broncho-alvéolaire
consécutive à une immersion ou une submersion.
Elle est le plus svt accidentelle mais, parfois volontaire ou criminelle.
La noyade est responsable de 150000 morts par ans dans le monde et
elle est la 3ème cause de décès chez l’enfant de moins de 4ans dans les
pays développés.
La noyade met en jeu le pronostic vital à brève échéance.
Seule une prise en charge précoce qui débute sur les lieux de l’accident
permet d’espérer un pronostic meilleur
OBJECTIFS

- Expliquer le mécanisme et les conséquences de la noyade

- Identifier les facteurs de gravités

- Décrire les signes cliniques de la noyade asphyxique selon l’état


du patient

- Proposer une prise en charge selon l’état du noyé


I - PHYSIOPATHOLOGIE
A - MÉCANISME
Le phénomène de base = l’interrupt° de la respirat° due à l’irrupt° d’eau ds les
voies aériennes ou à 1 spasme réflexe du larynx (noyade syncopale ou noyé
blanc), empêchant le passage de l’air dans les bronches et les échanges gazeux
alvéolo-capillaires.
L’hématose ne peut plus s’effectuer.
Cela provoque une asphyxie grave et durable avec anoxie, hypercapnie et une
acidose respiratoire.
La pénétration d’eau, même en infime quantité, dans les voies respiratoires,
provoque une apnée réflexe: l’épiglotte se ferme pour protéger les voies
respiratoires, empêchant de respirer même lorsque la tête se retrouve hors de
l’eau.
Par conséquent, l’oxygène disponible dans l’organisme diminue : on
parle d’hypoxie.

Les séquelles, après la noyade de la victime st fonct° de l’importce de


l’hypoxie et de sa durée; l’éventuelle présence d’eau ds les poumons
induit un œdème pulmonaire.

Cet œdème, ainsi que l’eau ayant pénétré dans l’alvéole, gênent les
échanges gazeux au niveau de la paroi alvéolaire et maintiennent le
déficit d’oxygène même si la personne respire spontanément
B - Conséquences
Les perturbations physiologiques sont variables selon la durée, la qualité
de l’eau et le type de noyade (bleu, blanc)

1- selon la qualité de l’eau :


Lors de la noyade, l’osmolarité du liquide alvéolaire est modifiée
Les mvments de l’eau de part et d’autre de la mbrane alvéolaire dépdent
des gradients de concentrat° en sel entre le sang capillaire et le liquide
alvéolaire.
Ainsi, on observe un transfert d’eau douce vers le sang dans le cas de la
noyade en eau douce et inversement du sang vers les alvéoles dans la
noyade en eau de mer
1 – 1 Noyade en eau de mer
L’eau de mer est plus concentrée en sel que le sang.
L’eau salée est dite hypertonique (30 g/litres).
Le sang va passer dans l’eau de mer à travers la paroi alvéolo-capillaire,
ce qui provoque un œdème pulmonaire aigu.

1 – 2 Noyade en eau douce


L’eau douce dans les alvéoles est moins concentrée en sel que le sang.
Elle est dite hypotonique (0 g de sel/litre et dans le sang : 9 g de sel/litre).
Elle va passer dans la circulation et diluer le sang,
Ceci va entraîner une importante surcharge cardiaque et d’autres
troubles métaboliques
Les conséquences physiopathologiques en rapport avec la qualité de l’eau
dans les alvéoles, permettent de distinguer
2 types de noyade
noyade en eau de mer
noyade en eau douce.
1- 2 -1 Eau douce : eau alvéolaire hypotonique,
Elle réalise un remplissage vasculaire à partir des alvéoles.
De plus, l'inhalat° d'eau douce altère le surfactant et la mbrane alvéolaire.
La conséquence est
- hémodilution , hypo natrémie, hémolyse
- hyper volémie par passage intravasculaire du liquide inhalé, œdème
pulmonaire lésionnel
- atélectasie, pneumopathie de surinfection
1 -2 – 2 Eau de mer : hypertonique
Elle réalise une inondation alvéolaire par appelle d’eau des vaisseaux vers
l’alvéole
- hémoconcentration
- hypovolémie
- œdème pulmonaire hydrostatique
- hypernatrémie
- hypoprotidémie.
- pneumopathie de surinfection
Cette distinction expérimentale ne s’observe qu’au début de la noyade. Après
qq heures, tous les noyés présentent un syndr univoque.
2- selon le mécanisme
on distingue 3 situations

2-1 -Noyade primitive ou noyade asphyxique = vraie noyade

noyade par épuisement ou incapacité


Elle correspond à l'accident classique du mauvais nageur ou du
jeune nourrisson dans son bain, dans la piscine..
Le poumon est inondé
2-2 - Noyade secondaire ou hydrocution
Noyade à la suite d‘1 syncope : poumon est préservé longtemps
car la glotte est fermée d’où la notion de noyé blanc
- syncope thermo-différentielle : contact eau froide sur une peau
trop chaude(repas alcool, effort musculaire, bain de soleil prolongé
- syncope par traumatisme : oculaire, génitale, crânien ou rachis
cervical
- syncope par troubles cardiovasculaire secondaire arythmie, IDM,
AVC
- syncope allergique : allergie hydrique, froid, algues ou produits
de piscine
- noyade criminelle : victime morte avant immersion = autopsie
- syncope de panique : angoisse extrême de se retrouver ds l’eau
2-3 – les accidents de plongée

ce sont des noyades en rapport avec les techniques, les procédures de


plongée sous-marine et l’environnement sous-marin.
Ex: les accidents de décompression
3 - Sur la mécanique ventilatoire
- Augmentation de la tension superficielle alvéolaire : barrage
hydrique intra-alvéolaire. Il faut de grande force pour assurer les échanges
alvéolaires.
- Diminut° de la compliance thoraco-pulmonaire par œdème et par
bronchospasme surajouté
-Trble de la circulation pulmonaire
Conséquence des modificat° du rapport ventilat° perfus° : créat° d’1 shunt
intra pulm
La résultante de ttes ces perturbat° de la méc ventilatoire est 1 hypoxémie
II - ETUDE CLINIQUE
TDD: NOYADE ASPHYXIQUE OU PRIMITIVE
C’est le noyé bleu (cyanose importante) l’inhalation liquidienne est
réelle, de modérée à importante
A - CIRCONSTANCES DE LA NOYADE
- Domestique: puits, fosse septique
- Piscine, lagune
- Baignoire
-Eau de mer
- Accident de plongée
B - SYNDROME DE SUBMERSION
1- Signes neurologiques
- convulsions, agitation, confusion,
- coma hypotonique, abolition ROT
- coma hypert, exagérat° des réflexes, trismus et crises hypert
2 - Signes respiratoires
La ventilation peut être présente, réduite ou abolie
- Encombrement
- Bronchospasme, type asthmatiforme
- OAP
- Surinfection pulmonaire secondaire
- cyanose : OAP, dyspnée, cyanose, surinfection pulmonaire
3 - Des signes cardiovasculaires
collapsus, arrêt cardiaque, extrasystoles

4 - Autres signes : hypothermie, vomissements, dilation gastrique


C - CLASSIFICATION
Stade 1 : aquastress : état de panique
La victime panique, agitation, gestes désordonnés, pas d’inhalation
liquidienne, auscultation normale, angoisse, hyperventilation, tachycardie,
frissons, tremblements.

Stade 2 : petite hypoxie : troubles respiratoires


Consciente, encombrement broncho-pulmonaire, toux, cyanose des
extrémités, angoisse, épuisement musculaire, refroidissement.
Stade 3 : grande hypoxie
Troubles neurologiques + troubles respiratoires
Patient épuisé, a inhalé beaucoup d’eau et est de moins en moins
consciente, elle est obnubilée ou dans le coma, convulsions, détresse
respiratoire aiguë, un collapsus, une arythmie.

Stade 4 : noyade anoxique :


Etat de mort apparent
La victime n’est plus consciente, ne respire plus et ne montre plus de
signe d’activité cardiaque, coma aréactif ou arrêt cardio-respiratoire
III – EXAMENS COMPLEMENTAIRES
Au lit du malade
NFS, gaz du sang, ionogramme, glycémie protidémie calcémie
ECG : trouble du rythme
Rx pulmonaire : normale, ou opacités disséminées ds les champs pulm)
Perturbations biologiques
- hyperkaliémie, hyperleucocytose
- hémodilution ou hémoconcentration
- hyperglycémie, acidose mixte puis métabolique
- hémolyse (rare), CIVD
IV – ELEMENTS DU PRONOSTIC
- Durée de la noyade : 7 mn lésions irréversibles
- Rapidité et qualité des premiers secours
- La nature de l’eau : noyade en eau polluée ou chlorée (piscine)
est péjoratif
- complications associées
- choc, arrêt cardiaque, coma anoxique, la surinfection broncho-
pulmonaire
V - TRAITEMENT
Objectif = correction sans délai de l’hypoxémie

A - SUR LES LIEUX DE L'ACCIDENT :


Traitement pré hospitalier, fonct° de l’état de la victime
1 - assurer la liberté des voies aériennes
Les premiers gestes visent à rétablir la liberté des voies aériennes par:
nettoyage rapide bucco pharyngé, hyper extens° de la tête, subluxat° ant de la
mâchoire inf.
2 - le drainage de posture possible
mais en cas d’arrêt cardiaque fait perde du temps
3 – La ventilation artificielle
bouche à bouche ou bouche à nez, BAVU etc..
4 - Massage cardiaque externe

5 - Le transport du noyé
Par une équipe médicale mobile
permet de préserver au mieux les chances de guérison, en particulier
par l'oxygénothérapie, la mise en œuvre précoce de la ventilation.
Dans tous les cas, ttes les manœuvres de réanimation doivent être
poursuivies pdt le transport
B - EN MILIEU HOSPITALIER
Les mesures thérapeutiques dépendent de l’état du patient à
l’arrivée à l’hôpital
1- Aquastress
La victime n’a pas inhalé d’eau,
Pas de signes de détresse respiratoire,
Réchauffer, monitorage : scope, oxymétrie de pouls, contrôle
glycémie ionogramme.
Hospitalisation 24h est suffisante
2 - petit hypoxique
La personne a effectivement inhalé de l’eau, elle signale une
gêne respiratoire,
- Aspiration si nécessaire
- Oxygéner
- Voie veineuse. Perfusion fonction de l’hémodynamique.
- Correction trouble ionique et glycémique.
- Radiographie pulmonaire, glycémie ionogramme, gaz du sang
- Hospitalisation surveillance continue, réchauffement.
La durée d’hospitalisation dépend de l’évolution en générale 48h selon
évolution
c - Le grand hypoxique et le comateux = soins intensifs
1 - la lutte contre l'hypoxémie
- Administrat° d'oxygène au masque ou à la sonde nasale
- Ventilation artificielle dans les formes graves après intubation :
risque d’inhalation car estomac plein
2 - La lutte centre l'anoxie et l'œdème cérébral
- Intubation ventilation artificielle et neurosédation
3 - lutte conte l'acidose et les désordres hydro électrolytiques
- Perfusion prudente de sérum bicarbonate.
- Rééquilibration hydro électrolytique en fonct° du contexte
clin et biol
-Administration de diurétique furosémide 1mg/kg
4 - Autres gestes et mesures thérapeutiques
- Mise en place d'une sonde gastrique pour évacuer le contenu
de l'estomac si distension gastrique.
peser risque/bénéfice
- Antibiothérapie systématique pour prévenir les complications
de surinfection pulm.
- Réchauffement du patient
- Voie centrale mesure de la pression veineuse centrale.
- Utilisation de vasopresseurs (catécholamine): dopamine,
adrénaline, dobutamine pour corriger l’hypotension artérielle
C - CONDUITE PRÉVENTIVE
- Ne jamais nagé seul
-Ne pas nager ni faire une activité sportive immédiatement après repas
- Prendre un bain externe avant de plonger dans la piscine ou entrer
progressivement dans l’eau en commençant par les pieds ou faire le bain
initial au bord de l’eau.
- Ne jamais se jeter au secours d’un noyé sans évaluation des ses
capacités et de la distance, éviter les actes de bravoures dangereuses
responsable de noyade du sauveteur.
- Aborder la victime qui se noie par derrière.
- Apprendre les notions de secourisme au noyé.
- Les piscines doivent être entouré et fermée.
- ne jamais laissé un enfant au bord de la piscine.
CONCLUSION
Le pronostic d’une noyade dépend de la qualité et de la précocité des
secours sur les lieux de l’accident.

L’urgence est la liberté des voies respiratoires et l’oxygénation des


malades

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