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COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË SÉVÈRE EN
MILIEU HOSPITALIER
Cours de formation sur la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère en milieu hospitalier. Module 3.
Prise en charge initiale (Cours de formation sur la prise en charge de la malnutrition aiguë
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Citation suggérée. Cours de formation sur la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère
en milieu hospitalier. Module 3. Prise en charge initiale. Genève, Organisation mondiale de la
Santé ; 2021 (Cours de formation sur la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère en milieu
hospitalier). Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO.
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SOMMAIRE
Préface v
Remerciements xii
Abréviations xiii
Introduction 1
Objectifs d’apprentissage 2
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
4.1 Qu’est-ce que l’hypothermie ? 7
4.2 Prendre la température 7
4.3 Traiter l’hypothermie 8
4.4 Prévenir l’hypothermie 9
5. Prendre en charge un enfant atteint de malnutrition aigue sévère en 12
état de choc
Qu’est-ce que l’état de choc ? 12
5.2 Administrer du glucose et des liquides par voie IV et mettre sous 12
oxygène
6. Prendre en charge la déshydratation 15
6.1 ReSoMal : préparer et calculer les bonnes quantités 15
6.2 Administrer du ReSoMal 16
6.3 Surveiller un enfant sous ReSoMal 17
6.4 Prendre en charge la diarrhée 18
7. Prendre en charge l’anémie très sévère 19
7.1 Qu’est-ce que l’anémie très sévère ? 19
7.2 Réaliser une transfusion sanguine en cas d’anémie très sévère 19
7.3 Assurer une surveillance transfusionnelle 19
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
iii
9. Administrer des antibiotiques 34
9.1 Sélectionner des antibiotiques 34
9.2 Choisir et utiliser la meilleure voie d’administration 36
10. Consigner les premiers résultats et traitements et les communiquer au
personnel 40
Annexes Web
Annexe Web A. Parcours de soins intensifs
(WHO/HEP/NFS/21.6)
Annexe Web B. Fiche de référence sur l’administration
d’antibiotiques (WHO/HEP/NFS/21.7)
iv
PRÉFACE
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
a. les critères d’admission et les critères de sortie pour l’enfant âgé de 6
à 59 mois atteint de malnutrition aiguë sévère ;
b. les lieux où prendre en charge un enfant atteint de malnutrition aiguë
sévère qui présente des œdèmes bilatéraux prenant le godet ;
c. l’utilisation des antibiotiques dans la prise en charge de l’enfant
atteint de malnutrition aiguë sévère en ambulatoire ;
d. les changements relatifs à la supplémentation en vitamine A dans le
traitement de l’enfant atteint de malnutrition aiguë sévère ;
e. les différentes approches d’alimentation thérapeutique dans la prise en
charge de la malnutrition aiguë sévère chez l’enfant âgé de 6 à
59 mois ;
f. la gestion des apports liquidiens chez l’enfant atteint de malnutrition aiguë
sévère et déshydraté, en état de choc ou non ;
g. la prise en charge de l’enfant infecté par le VIH atteint de malnutrition
aiguë sévère ;
h. l’identification et la prise en charge du nourrisson âgé de moins de
6 mois atteint de malnutrition aiguë sévère.
Le cours de formation a été actualisé pour y intégrer ces mises à jour. Le Tableau 1
présente les principales mises à jour techniques qui ont été effectuées pour
chaque module.
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
v
1
Training course on the management of severe malnutrition. Geneva: World Health Organization; 2002 (WHO/NHD/02.4; http://
apps.who.int/iris/handle/10665/70449).
2
Training course on the management of severe malnutrition, update – 2009. Geneva: World Health Organization; 2009 (WHO/
NHD/02.4_update 2009; http://apps.who.int/iris/handle/10665/70449).
3
Lignes directrices : mises à jour de la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère chez le nourrisson et chez
l’enfant. Genève : Organisation mondiale de la Santé ; 2013 (https://apps.who.int/iris/handle/10665/95584)).
vi
Tableau 1. Principales mises à jour techniques pour chaque module
Module Procédure Version de 2009 Nouvelle
version
Module 2 Critères Utilisation de En raison de son caractère subjectif, l’émaciation sévère visible ne fait plus
: d’admission l’émaciation partie des signes de malnutrition aiguë sévère qu’il est recommandé
Principes pour l’enfant sévère visible d’observer
relatifs à âgé de 6 mois comme signe de
la prise ou plus pour malnutrition aiguë
en charge une prise en sévère
charge en Admettre tous les • Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère et présentant des
milieu enfants atteints de complications médicales ou qui échoue au test d’appétit (ou un enfant
hospitalier malnutrition sévère atteint de malnutrition aiguë sévère qui se trouve dans une situation
pour une prise en pouvant rendre le traitement difficile, par exemple si l’enfant est handicapé,
charge en milieu s’il existe des problèmes d’ordre social ou si l’accès aux soins est difficile),
hospitalier doit être admis à l’hôpital pour y recevoir des soins.
• Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère qui ne présente aucun de
ces signes et pour qui il n’existe pas de situation pouvant rendre le
vi
plus
1. INTRODUCTION | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALTRUNITION AIGUË SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
Module Procédure Version de 2009 Nouvelle
version
Module 3. Doses • Amoxicilline, Les doses d’antibiotiques administrées de façon systématique ont
Prise en d’antibiotiques 25 mg/kg été adaptées (par exemple : Amoxicilline, 25-40 mg/kg,
charge initiale administrées de • Gentamicine, Gentamicine, 7,5 mg/kg), afin de tenir compte des dernières
façon 5 mg/kg recommandations du Livre de poche pour soins hospitaliers
systématique • Ampicilline, pédiatriques de 2013 de l’OMS.
50 mg/kg
Vitamine A Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère doit recevoir chaque jour et
pendant toute la durée du traitement l’apport en vitamine A recommandé
(5000 UI). Lorsqu’un l’enfant reçoit du F-75, du F-100 ou des aliments
thérapeutiques prêts à l’emploi conformes aux spécifications de l’OMS (qui
contiennent donc déjà suffisamment de vitamine A) ou de la vitamine A
faisant partie d’autres suppléments qu’il reçoit chaque jour, il n’a pas
besoin de dose supplémentaire de vitamine A.
Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère ne doit recevoir une forte dose
de vitamine A (50 000 UI, 100 000 UI ou 200 000 UI, en fonction de
viii
son âge) au moment de son admission que s’il reçoit des aliments
thérapeutiques qui ne sont pas enrichis comme recommandé par les
spécifications de l’OMS, et la vitamine A ne fait pas partie d’autres
suppléments qu’il reçoit chaque jour.
Administration Administrer une forte dose de vitamine A (50 000 UI, 100 000 UI ou
d’une forte dose 200 000 UI, en fonction de son âge) à tout enfant atteint de malnutrition
recommandée aiguë sévère qui présente des signes oculaires de carence en vitamine A
uniquement en ou ayant eu la rougeole peu de temps auparavant en milieu hospitalier
cas d’ulcération aux jours 1, 2 et 15 (ou au moment du transfert vers une prise en charge
cornéenne en ambulatoire), quel que soit le type d’aliment thérapeutique qu’il reçoit.
Atropine 1 %, trois fois par jour La concentration d’Atropine a été adaptée et fixée à 0,1 % à raison de trois
fois par jour, après des discussions avec plusieurs experts et sur la base
de leurs avis et de la Liste modèle OMS des médicaments essentiels.
Module Procédure Version de Nouvelle
2009 version
Module 4. Passage à des Pour faire passer un enfant du F-75 à des aliments thérapeutiques prêts à
Alimentat aliments l’emploi, deux options de transition sont proposées :
ion thérapeutiques
prêts à l’emploi a. Commencer l’alimentation en donnant à l’enfant des aliments
thérapeutiques prêts à l’emploi comme prévu pour la phase de
transition.
ou
ix
1. INTRODUCTION | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALTRUNITION AIGUË SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
recevant du F-100 vers une prise en charge en ambulatoire
Prise en charge
quotidienne
Module 6. Pas de mise à jour technique majeure. Mises à jour mineures. Par exemple, les
Suivi et aliments thérapeutiques prêts à l’emploi remplacent le F-100.
résolution des
problèmes
Module 7 : Critères pour Mises à jour similaires à celles effectuées au module 2.
Impliquer orienter un enfant
les mères âgé de 6 mois ou
dans la plus vers une prise
fourniture
en charge en
de soins
ambulatoire
nécessaire
s Critères de sortie Mises à jour similaires à celles effectuées au module 2.
du traitement d’un
enfant âgé de
six mois ou plus
Module Procédure Version de 2009 Nouvelle
version
Module 8. Nouveau module
Prise en
charge en
ambulatoire
de la
malnutrition
aiguë sévère
Matériel Parcours de Tous les parcours de soins intensifs et les
d’appui soins mis à jour afin d’y inclure les mises à jour
intensifs et
réponses
aux
exercices
Organisation Le matériel d’appui a été intégré dans les
du matériel
xi
d’appui
REMERCIEMENTS
La présente version actualisée a été coordonnée par Zita Weise Prinzo, du
Département Nutrition pour la santé et le développement, et Chantal Gegout
(anciennement au Département Nutrition pour la santé et le développement),
en collaboration avec Wilson Were, du Département Santé de la mère, de
l’enfant et de l’adolescent. Nous remercions Jaden Bendabenda du Département
Nutrition pour la santé et le développement, qui a mis la dernière main à cette
version et l’a préparée en vue de sa publication. Nous remercions tout
particulièrement Diana Estevez, qui a apporté son aide lors du processus de
finalisation.
Par ailleurs,
1. INTRODUCTION nous
| COURS souhaitons
DE FORMATION exprimer
SUR LA toute DE
PRISE EN CHARGE notre gratitude à
LA MALTRUNITION Beatrice
AIGUË SÉVÈRE Amadi
EN MILIEUdu
HOSPITALIER
SOUTIEN FINANCIER
L’OMS remercie le Fonds français Muskoka et la Fondation Bill & Melinda Gates de
leur contribution financière à la mise à jour des supports de formation.
xiii
ABRÉVIATIONS
PSI Parcours de soins intensifs
Hb Hémoglobine
IM Intramusculaire
UI Unité internationale
IV Intraveineuse
NG Nasogastrique
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
OMS Organisation mondiale de la Santé
xiv
INTRODUCTION
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
peuvent être réalisées aux urgences, avant que l’enfant ne soit admis dans le
service de prise en charge de la malnutrition aiguë sévère. Il est essentiel que les
personnels des urgences sachent traiter différemment les enfants atteints de
malnutrition aigue sévère. Ils doivent apprendre à les reconnaître et comprendre
que ces enfants peuvent être gravement malades sans présenter de signes
d’infection. Tout enfant atteint de malnutrition aigue sévère doit être examiné le
plus rapidement possible aux urgences. Les personnels doivent comprendre
qu’ils ne doivent pas poser systématiquement de perfusion. Un enfant atteint de
malnutrition aiguë sévère peut présenter des complications telles qu’un état de
choc, une anémie sévère, une hypoglycémie ou une hypothermie, nécessitant
une réanimation et un traitement immédiats.
La prise en charge initiale vise à prévenir les décès tout en stabilisant l’état de
santé de l’enfant.
4
Les participants devraient déjà posséder des compétences en matière de triage, d’évaluation et de traitement
d’urgence d’enfants malades.
– ces compétences ne seront pas couvertes dans ce cours. Seules les différences de traitement des urgences
15
(comme l’état de choc ou la déshydratation sévère) chez les enfants atteints de malnutrition sont traitées dans ce
cours.
OBJECTIFS D'APPRENTISSAGE
16
1. RÉALISER UNE ÉVALUATION INITIALE
Lorsqu’un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère est admis aux urgences, il
convient d’effectuer une évaluation à la recherche de signes généraux de danger
ou de signes d’urgence et de recueillir à l’anamnèse les éléments suivants :
• prises alimentaires et liquidiennes récentes ;
• régime alimentaire habituel avant l’état de santé actuel ;
• allaitement maternel ;
• durée et fréquence de la diarrhée et des vomissements ;
• type de diarrhée (aqueuse, sanglante) ;
• perte d’appétit ;
• environnement familial ;
• toux persistante (plus de 2 semaines) ;
• contact avec la tuberculose ;
• contact récent avec la rougeole ;
• infection par le VIH ou exposition au virus
avérée ou présumée. À l’examen, recherchez
les signes suivants :
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
• état de choc : semi-conscience ou inconscience, mains froides, temps de
recoloration cutanée prolongé (plus de 3 secondes), pouls faible (faible
volume) ou rapide et hypotension ;
• signes de déshydratation ;
• pâleur palmaire sévère ;
• œdèmes bilatéraux prenant le godet ;
• signes oculaires de carence en vitamine A :5
- sécheresse de la conjonctive ou de la cornée, taches de Bitot,
- ulcération cornéenne,
- opacification cornéenne ;
• signes localisés d’infection, notamment des infections de l’oreille et de la
gorge, des infections cutanées ou une pneumonie ;
• signes d’infection par le VIH ;
• fièvre (température ≥ 37,5 °C) ou hypothermie (température rectale
< 35,5 °C) ;
• aphtes ;
• changements cutanés :
- hypo- ou hyperpigmentation,
- desquamation,
- ulcérations (s’étendant aux jambes, aux cuisses, aux pieds, aux organes
génitaux, à l’aine et derrière les oreilles),
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
5
Les enfants atteints de carence en vitamine A sont souvent photophobes et garderont leurs yeux fermés. Il est important
17
d’examiner les yeux avec beaucoup de précaution afin d’éviter tout risque de rupture de la cornée.
2. TRAITER EN URGENCE LES ENFANTS
ATTEINTS DE MALNUTRITION AIGUE
SÉVÈRE
Ceux présentant des signes d’urgence en rapport avec les voies respiratoires et la
respiration ou avec un coma ou des convulsions, doivent recevoir le traitement
d’urgence correspondant.
Par ailleurs, tout enfant atteint de malnutrition aiguë sévère doit être
rapidement évalué afin de traiter des problèmes graves tels que
l’hypoglycémie, l’hypothermie, les infections graves, l’anémie sévère et les
problèmes oculaires pouvant mener à la cécité. Il est également important de
prendre rapidement des mesures pour prévenir certains de ces problèmes, s’ils
n’étaient pas apparus au moment de l’admission à l’hôpital. Ces points sont
abordés plus en détail dans ce module.
6
Updated guideline: paediatric emergency triage, assessment and treatment: care of critically ill children. Geneva: World
Health Organization; 2016 (https://apps.who.int/iris/handle/10665/204463).
7
Mémento de soins hospitaliers pédiatriques : prise en charge des affections courantes de l’enfance, 2e éd. Genève :
Organisation mondiale de la Santé, 2013 (https://apps.who.int/iris/handle/10665/187940).
19
3. PRENDRE EN CHARGE L’HYPOGLYCÉMIE
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
• demander à la mère quand l’enfant a mangé pour la dernière fois ;
• donner à tous les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère un verre d’eau
sucrée (10 %) à leur arrivée à l’établissement de santé ;
• montrer à la mère et au personnel comment observer les yeux de l’enfant –
s’il dort les yeux ouverts, réveillez l’enfant et donnez-lui de l’eau sucrée ou
du F-75.
Par ailleurs, un enfant peut également développer une hypoglycémie à l’hôpital s’il
attend trop longtemps dans la zone d’admission ou s’il n’est pas nourri
régulièrement. L’hypoglycémie et l’hypothermie sévères sont également des
signes d’infection grave.
8
L’identification d’une hypoglycémie devrait inciter à rechercher la cause sous-jacente, incluant le recueil de
l’anamnèse.
20
Vous n’aurez peut-être pas le temps de prélever et d’analyser un échantillon
de sang immédiatement. En cas de suspicion d’hypoglycémie, le traitement
doit être administré immédiatement, sans attendre la confirmation du
laboratoire. Il n’y a aucun risque pour l’enfant, même si le diagnostic est
inexact. Tous les enfants sévèrement malnutris risquent de développer une
hypoglycémie.
Si l’enfant peut boire, administrez un bolus de 50 ml par voie orale. S’il est alerte
mais ne boit pas, administrez 50 ml par sonde nasogastrique.
21
Remarque : si l’enfant doit recevoir des liquides par voie IV pour traiter un choc,
il n’est pas nécessaire de faire suivre l’injection de glucose à 10 % d’une dose par
sonde NG, car l’enfant continuera de recevoir du glucose dans les liquides de
perfusion. Le traitement de l’hypoglycémie agit rapidement ; l’enfant se réveille
généralement au bout de 2 ou 3 minutes. Si l’enfant ne reprend pas conscience
dans ce délai, recherchez d’autres causes d’inconscience.
22
3.4 Prévenir l’hypoglycémie : démarrer l’alimentation avec du F-75
Si la glycémie de l’enfant n’est pas basse (supérieure à 3 mmol/l), commencez
immédiatement à nourrir l’enfant avec du F-75 toutes les 2 heures, y compris
pendant la nuit. Les quantités appropriées sont indiquées sur votre fiche de
référence sur l’alimentation de F-75. Ces petits repas fréquents permettront de
prévenir l’hypoglycémie et apporteront des nutriments à l’enfant pendant la
période initiale de stabilisation.
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
Il convient de commencer l’alimentation avec du F-75 dès que possible.
L’alimentation sera abordée en détail dans le Module 4.
23
0,5 °C. Si la méthode utilisée pour la surveillance systématique est la prise de
température axillaire, vérifiez de nouveau tout patient dont la température axillaire
est inférieure à 35 °C en prenant sa température rectale.
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
Utilisation d’un thermomètre axillaire :
Les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère ont du mal à contrôler leur
température corporelle et doivent donc être gardés au chaud et nourris
fréquemment. Le fait de les garder au chaud permet également de conserver leur
énergie.
9
Une pièce qui semble trop chauffée pour le confort du personnel est idéale pour un enfant malnutri. Inversement, si
la température semble confortable pour le personnel, cela
25 signifie qu’il fait trop froid pour l’enfant.
Exemple de parcours de soins intensifs
La page suivante illustre la première partie d’un dossier, ou parcours de soins intensifs
(PSI).
Elle contient des informations sur les signes que présente l’enfant concerné et sa prise en
charge initiale.
Jusqu’ici, les étapes de ce module étaient liées aux rubriques du PSI intitulées
« signes de malnutrition aiguë sévère », « température », « glycémie » et
« alimentation ». À mesure que vous avancerez dans ce module, vous découvrirez
les autres rubriques de cette page.
Un PSI complet et vierge est fourni à l’annexe Web A. Il sera utilisé dans ce cours
comme outil de travail et dossier de soins.
Informez votre animateur dès que vous avez atteint ce point du module. Lorsque tout le
monde sera prêt, votre animateur vous montrera brièvement comment utiliser le PSI. En
attendant, vous pouvez étudier l’exemple de la page suivante.
26
(mois) DATE D’ADMISSION 10/12/18
Cara
PRÉNOM M F DATE DE NAISSANCE ÂGE 18
HEURE 10 h 00
PRISE EN CHARGE INITIALE Observations sur le traitement avant orientation et/ou le traitement d’urgence déjà administré :
SIGNES DE MAS
Émaciation sévère ? Oui Non SIGNES D’ÉTAT DE CHOC : Aucun Semi-conscience/inconscience Mains froides Temps de
recoloration cutanée prolongé (> 3 secondes) Pouls faible ou rapide
Œdèmes bilatéraux prenant le godet ? 0 + ++ +++
Dermatose ? 0 + ++ +++ (peau à vif, crevasses) En cas d’état semi-conscient ou inconscient, de mains froides et de recoloration cutanée prolongée ou de pouls faible ou rapide , mettre sous
oxygène. Administrer du glucose par voie intraveineuse (IV) tel qu’indiqué dans la rubrique Glycémie (colonne de gauche).
Poids (kg) : 6,3 Taille (cm) : 72 cm Puis administrer des liquides par voie IV : Quantités de liquides par voie IV par heure : 15 ml X kg (poids de l’enfant) = ml
Si < 3 mmol/l et enfant alerte, administrer 50 ml de glucose ou de saccharose à 10 % en verre par *En cas d’amélioration après 1 heure (fréquence respiratoire et fréquence cardiaque plus lentes), administrer la même quantité de liquides par voie IV
voie orale ou par sonde NG. Si < 3 mmol/l et enfant léthargique, inconscient ou convulsif, la deuxième heure, puis alterner entre ReSoMal et F-75 pendant 10 heures. En l’absence d’amélioration après 1 heure, appliquer le traitement du choc
administrer 5 ml/kg de solution de glucose à 10 % stérile par voie IV. septique (transfusion de sang total frais, voir la rubrique « Hémoglobine »), administrer un soluté d’entretien par voie IV (4
Quantité totale = 5 ml x kg (poids de l’enfant) = ml Puis administrer 50 ml en verre par ml/kg/heure) en attendant la transfusion de sang.
sonde NG.
*Arrêter le ReSoMal en cas de signe d’hyperhydratation : respiration rapide, augmentation des fréquences cardiaque et respiratoire, engorgement des veines
> 12 mois 200 000 UI jugulaires, gonflement des paupières.
** Arrêter le ReSoMal si deux signes ou plus d’hydratation : atteinte du poids cible, miction, langue humide, production de salive, pas de
soif.
ANTIBIOTIQUES (Tous les Faire preuve de discernement pour chaque cas.
enfants en reçoivent) Médicament/voie d'administration Dose/Fréquence/Durée Heure de la 1ère dose
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
5. PRENDRE EN CHARGE UN ENFANT ATTEINT DE
MALNUTRITION AIGUE SÉVÈRE EN ÉTAT DE
CHOC
Critères de diagnostic de
l’état de choc
Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère est considéré en état de choc s’il présente
les signes suivants :
• léthargie, semi-conscience ou inconscience, et
• mains froides.
Ainsi que :
• temps de recoloration cutanée prolongéa (plus de 3 secondes), ou
• pouls faible ou rapide.b
a. Pour vérifier le temps de recoloration cutanée :
• appuyez sur l’ongle du pouce ou du gros orteil pendant 2 secondes pour
blanchir le lit unguéal ;
• mesurez le temps que la peau au point de pression met à reprendre sa couleur
rosée. S’il est supérieur à 3 secondes, le temps de recoloration cutanée est
prolongé.
Si possible, fournissez un débit d’oxygène de 1 à 2 litres par minute (0,5 litre par
minute pour les jeunes nourrissons) dans le but de maintenir la saturation en
oxygène au-dessus de 90 %. Prenez soin d’éliminer le mucus présent dans les
narines, car il risque de bloquer le flux d’oxygène.
13
Administrer des liquides par voie intraveineuse
Des états de choc dus à une déshydratation et à une septicémie peuvent coexister
chez les enfants sévèrement malnutris. Il est difficile de les différencier sur la
seule base des signes cliniques. Les enfants déshydratés répondront aux liquides
de perfusion, alors que ceux en état de choc septique et non déshydratés n’y
répondront pas. La quantité de liquides à administrer par voie intraveineuse
est déterminée par la réponse de l'enfant, sachant que l’hyperhydratation peut
entraîner une insuffisance cardiaque et la mort.
• Posez une voie veineuse (et prélevez du sang pour des analyses de laboratoire
en urgence).
• Vérifiez le poids de départ, les fréquences respiratoire et cardiaque, puis
notez-les dans le PSI. Indiquez également l’heure de début.
• Administrez 15 ml/kg de liquides par voie intraveineuse pendant 1 heure (voir
le tableau ci-dessous). Utilisez l’une des solutions suivantes, à savoir par
ordre de préférence :10
1. solution de Darrow diluée de moitié avec du dextrose à 5 % ;
2. soluté de Ringer-lactate avec du glucose à 5 % ;
3. 0,45 % de solution saline (semi-normale) avec du glucose à 5 %.
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
Poids de Volume de liquides par voie IV : pendant
l’enfant 1 heure (15 ml/kg)
4 kg 60 ml
6 kg 90 ml
8 kg 120 ml
10 kg 150 ml
12 kg 180 ml
14 kg 210 ml
16 kg 240 ml
18 kg 270 ml
10
La solution de Darrow diluée de moitié avec du dextrose à 5 % est préférée car sa teneur en sodium est moins élevée et
sa teneur en potassium plus élevée que celle des 2 autres options. Néanmoins, l’utilisation de la solution de Darrow diluée
de moitié n’est pas recommandée pour la réanimation d’un enfant non atteint de malnutrition aiguë sévère en raison du
risque de survenue d’une hyponatrémie.
15
Remarque : les enfants en état de choc qui répondent partiellement ou pas du
tout aux liquides de réanimation nécessitent une intervention différenciée selon
la cause. Réalisez une anamnèse à l’aide d’un examen clinique, d’examens
complémentaires et d’un traitement. Outre le choc septique, d’autres causes
d’état de choc, telles que le choc toxique ou le choc cardiogénique, devraient être
examinées.11
11
Updated guideline: paediatric emergency triage, assessment and treatment: care of critically ill children. Genève : World
Health Organization; 2016 (https://apps.who.int/iris/handle/10665/204463).
16
PRENDRE EN CHARGE LA DÉSHYDRATATION
La déshydratation, qui est généralement le résultat d’une diarrhée, est souvent
difficile à diagnostiquer chez un enfant atteint de malnutrition, car les signes
cliniques servant généralement à poser le diagnostic de déshydratation sont
semblables à ceux observés en cas d’émaciation sévère sans déshydratation. La
recherche de ces signes chez ces enfants peut entraîner un surdiagnostic de
déshydratation et une administration inappropriée de liquides, augmentant
ainsi le risque de décès dû à une hyperhydratation.
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
Le ReSoMal est une solution de réhydratation orale pour enfants atteints de
malnutrition. Il s’agit d’une variante de la solution de réhydratation orale (SRO)
standard recommandée par l’OMS. Le ReSoMal est moins riche en sodium, mais
contient plus de glucose et de potassium que les sels de réhydratation orale
standard.
Si l’enfant a déjà reçu des liquides par voie intraveineuse pour traiter un état
de choc et passe au ReSoMal, ignorez le traitement des 2 premières heures et
commencez par la quantité de la période suivante pendant 10 heures.
Chez les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère présentant des œdèmes
et une déshydratation, la réhydratation doit être effectuée avec plus de
précaution.
Il est essentiel d’arrêter le ReSoMal dès que l’enfant atteint son poids cible.
Signes à contrôler
• atteinte du poids cible : stoppez le ReSoMal dès que l’enfant a atteint son
poids cible ;
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
• signes cliniques d’amélioration ;
• signes cliniques d’hyperhydratation ;
• fréquence respiratoire : comptez le nombre de respirations pendant une minute
complète ;
• fréquence cardiaque : comptez le nombre de battements pendant 30 secondes,
puis multipliez ce chiffre par 2 ;
• fréquence urinaire : l’enfant a-t-il uriné depuis le dernier examen ?
• fréquence des selles ou des vomissements : l’enfant a-t-il fait des selles ou vomi
depuis le dernier examen ?
• fréquences respiratoire et cardiaque normales ;
• mictions.
Consignez toutes ces informations dans le PSI. Notez tout changement lorsque
vous contrôlez les signes ci-dessus.
Stoppez le ReSoMal dès lors que l’enfant atteint son poids cible. Continuez de le
surveiller même après l’amélioration de l’état d’hydratation et l’arrêt du ReSoMal.
Signes d’hyperhydratation
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
En cas de diarrhée aqueuse (aiguë) profuse (choléra, par exemple), l’enfant ne doit
pas recevoir de ReSoMal. En effet, le ReSoMal n’est pas adapté pour compenser
la perte de sodium associée au choléra. Il doit recevoir une solution de
réhydratation orale à osmolarité réduite standard de l’OMS préparée normalement,
c’est-à-dire sans dilution supplémentaire.
20
7. PRENDRE EN CHARGE L’ANÉMIE TRÈS SÉVÈRE
L’anémie légère ou modérée est très fréquente chez les enfants atteints de
malnutrition aiguë sévère et ne devrait pas être traitée par un apport de fer.
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
hospitalisé et est alimenté depuis plus de 24 heures.
Le sang destiné aux transfusions doit être contrôlé afin de rechercher la
présence du VIH, des virus de l’hépatite B et de l’hépatite C, ainsi que d’autres
agents pathogènes véhiculés par le sang.12
La transfusion doit être plus lente et le volume plus faible que pour un enfant
bien nourri (voir l’étape 3).
1. Arrêtez toute alimentation par la bouche et toute perfusion pendant la
transfusion.
2. Recherchez des signes d’insuffisance cardiaque congestive, tels qu’une
respiration rapide, une détresse respiratoire, un pouls rapide, un
engorgement des veines jugulaires, des mains et des pieds froids et une
cyanose localisée aux extrémités des doigts et sous la langue.
3. Préparez le sang. En l’absence de signes d’insuffisance cardiaque
congestive, transfusez 10 ml/kg de sang total frais lentement sur 3 heures.
En cas de signes d’insuffisance cardiaque, administrez 5 à 7 ml/kg de
concentré de globules rouges sur 3 heures au lieu du sang total.
4. Administrez un diurétique13 en début de transfusion pour faire de la place
au sang. Le furosémide (1 mg/kg, administré par voie intraveineuse) est
le choix le plus approprié.
7.3 Assurer une surveillance transfusionnelle
Surveillez les fréquences respiratoire et cardiaque, auscultez les poumons,
examinez l’abdomen pour estimer la taille du foie et recherchez la présence
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
21
pendant la transfusion. Si la fréquence respiratoire ou la fréquence cardiaque
augmente (de 5 inspirations par minute ou de 25 battements par minute),
transfusez plus lentement. En cas de râles crépitants aux bases pulmonaires ou
d’hépatomégalie, arrêtez la transfusion et administrez 1 mg/kg de furosémide
par voie IV.
22
Exercice A
Pour cet exercice, vous disposerez d’informations et de PSI partiellement
complétés pour plusieurs enfants. Vous répondrez ensuite à des questions sur
le traitement à administrer. Servez-vous de vos fiches de référence, si
nécessaire.
Cas n° 1 : Tina
Tina est une fille âgée de 18 mois qui a été adressée par un centre de santé. Ses
bras et ses épaules semblent très fins. Elle présente des œdèmes modérés (au
niveau des pieds et du bas des jambes). Elle n’a ni diarrhée ni vomissements et
ses yeux sont clairs. Elle est hospitalisée à la suite d’un échec au test d’appétit.
Les rubriques suivantes du PSI fournissent des informations complémentaires.
TEMPÉRATURE
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
3,5 mmol/l
HT
23
1a. Quel est le Z score du rapport poids/taille de Tina ?
1f. Tina est alerte et n’a pas les mains froides. Son temps de recoloration
cutanée est de 2 secondes. Son pouls ne semble pas faible. Selon la définition
donnée dans ce module, Tina est-elle en état de choc ?
1g. Quelles sont les deux mesures à prendre immédiatement pour Tina d’après
les résultats ci-dessus ?
Discutez de vos réponses avec un animateur une fois que vous avez terminé
ce cas.
24
Cas n° 2 : Kalpana
Kalpana est une fille âgée de 3 ans. Elle était très pâle lorsqu’elle a été admise
à l’hôpital. Néanmoins, elle est alerte et parvient à boire. Elle n’a ni signes d’état
de choc, ni diarrhée, ni vomissements, ni problèmes oculaires. D’autres
observations figurent dans les rubriques suivantes du PSI.
8,0 83
TEMPÉRATURE 36,0 °C
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
HT
2c. Kalpana présente-t-elle une anémie très sévère ? Si oui, que faut-il faire ?
Kalpana ne présente pas de signes d’insuffisance cardiaque.
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
Cas n° 3 : John
John, un garçon âgé de 15 mois, est malade depuis les épisodes de pluies d’il
y a 5 semaines. Il n’a pas mangé depuis 3 jours, mais il a reçu des liquides
maison pour sa diarrhée. À son arrivée à l’hôpital, John était léthargique et
abattu. Le médecin
25
a supposé que sa glycémie était basse sans prendre le temps d’effectuer un
prélèvement sanguin et un test à l’aide du dextrostix. La température de John ne
s’affiche pas sur un thermomètre standard. Ses gencives, ses lèvres et l’intérieur
de ses paupières ont une couleur normale (absence de pâleur). Des
informations complémentaires sont fournies ci-dessous.
5,8
TEMPÉRATURE
: 10 minutes ** 10 minutes
(1ère h
eure)
Heure
Fréquence
resp.
Fréquence
cardiaque
Poids
26
**Si les fréquences respiratoire et cardiaque sont plus lentes après 1 heure, administrer
la même quantité de liquides par voie IV la deuxième heure, puis alterner entre
ReSoMal et F-75 pendant 10 heures, tel qu’indiqué dans la partie droite du tableau ci-
dessous. En l’absence d’amélioration après 1 heure sous perfusion intraveineuse,
appliquer le traitement du choc septique (transfusion de sang total frais) (voir la rubrique de
gauche « Hémoglobine »).
27
3a. Quelles sont les quatre interventions dont John a besoin immédiatement ?
3c. Quelle quantité de liquides par voie intraveineuse faut-il administrer au cours
de la première heure ?
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
3d. Que faut-il faire durant l’heure suivante ?
Après 2 heures de perfusion intraveineuse, John est assez alerte pour boire, bien
qu’il semble toujours malade. Après mesure, sa glycémie est de 5 mmol/l. Son
taux d’hémoglobine est de 82 g/l. Il est de nouveau pesé et la balance affiche
6 kg.
3f. Quelle quantité de F-75 doit être administrée à chaque repas ? (N’oubliez pas
d’utiliser le nouveau poids de John afin de déterminer la quantité de F-75.)
Discutez de vos réponses avec un animateur une fois que vous avez terminé cet
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
exercice.
28
Exercice B
29
8. PRODIGUER DES SOINS OCULAIRES D’URGENCE
Si un œil ou les deux yeux présentent l’un des signes oculaires suivants, des soins
oculaires d’urgence sont nécessaires :
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
Ces signes ont été définis dans le Module 2.
Instillez une goutte d’atropine (0,1 %) dans l’œil ou les yeux affectés afin de
les détendre et d’empêcher le cristallin de pousser vers l’avant. Des gouttes de
collyre à la tétracycline ou au chloramphénicol et un bandage sont nécessaires.
La continuité du traitement de l’ulcération cornéenne est décrite dans le
Module 5 consacré à la prise en charge quotidienne.
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
30
Exercice C
Cas n° 1 : Marwan
Marwan est un garçon âgé de 11 mois. Les rubriques suivantes du PSI fournissent
des informations complémentaires. Marwan est éveillé, ne présente aucun signe
d’état de choc, n’a pas de diarrhée ni de vomissements. Son dextrostix affiche
une glycémie comprise entre 2 et 4 mmol/l.
6,2
TEMPÉRATURE
2 4
31
ROUGEOLE Oui Non
SIGNES OCULAIRES : Aucun Gauche Droit
Taches de Bitot
Pus/inflammation
Opacification cornéenne Oui
Ulcération cornéenne Oui
En cas de signes oculaires, administrer immédiatement de la vitamine A. Ajouter de
l’atropine en présence d’ulcération cornéenne. Noter ci-dessous, et sur la page de
prise en charge quotidienne.
Doses de < 6 mois 50 000 UI
vitamine A 6–12 mois 100 000 UI
par voie
> 12 mois 200 000 UI
orale :
Case n° 2 : Ram
(Pour ce cas, utilisez la première page d’un PSI vierge, disponible dans votre salle
de classe.)
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
Ram est un garçon âgé de 9 mois. Il ne s’alimente pas correctement depuis
3 semaines. Il a eu des selles molles et a vomi au cours des 3 derniers jours, et
présente un certain niveau de déshydratation. Absence de sang dans ses selles.
Ram présente une émaciation sévère et une dermatose légère, mais pas
d’œdème. Il pèse 4,4 kg et mesure 64 cm.
Le poids de Ram avant les épisodes diarrhéiques n’est pas connu. On considère qu’il
a perdu 5 % de son poids.
2a. À l’aide des informations ci-dessus sur Ram, complétez autant de rubriques du
PSI que possible. Calculez son poids cible.
33
2b. Dans la rubrique « diarrhée » du PSI de Ram, complétez la colonne « début »
(09 h 00) et la colonne pour 09 h 30. (Vous devrez abréger ou écrire très
brièvement sur la ligne des signes d’hydratation. Étant donné que les signes
d’hydratation de Ram n’ont pas évolué, écrivez « identiques ».)
Heure 10 h 00 10 h 30
Fréquence respiratoire 28 25
Fréquence cardiaque 105 100
Miction ? OUI/NON NON OUI
Nombre de selles 0 0
Nombre de vomissements 1 0
Signes d’hydratation Identiques Bouche humide
34
2g. Faut-il poursuivre l’administration systématique de ReSoMal une heure sur
deux ? Pour quelle raison ?
Discutez de vos réponses avec un animateur une fois que vous avez terminé
ce cas.
Cas n° 3 : Irena
(Pour ce cas, utilisez la première page d’un PSI vierge, disponible dans votre
salle de classe. Ce cas sera traité en groupe.)
Irena est une fille âgée de 25 mois. Elle arrive à l’hôpital à 10 h 00 le 3 mars. Elle a
la diarrhée et vomit depuis 10 jours. Elle présente une émaciation sévère, mais n’a
ni œdème ni dermatose. Irena pèse 6,1 kg et mesure 74 cm.
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
revanche, du pus s’écoule au niveau de son œil droit. Elle n’a jamais eu la rougeole.
Irena a les mains froides et est semi-consciente. Lorsque le médecin appuie sur
l’ongle de son pouce, le temps de recoloration cutanée au niveau du lit unguéal est
supérieur à 3 secondes. Son pouls est rapide (140 battements par minute).
3a. À l’aide des informations sur Irena, complétez autant de rubriques du PSI
que possible.
Remarque : pour cet exercice, vous ne compléterez pas la rubrique relative aux
antibiotiques. Bien qu’il soit important d’administrer rapidement des
antibiotiques, vous en saurez davantage à ce sujet plus tard. Dans la rubrique
intitulée « diarrhée », ne remplissez que la partie supérieure pour l’instant (dans
les signes de déshydratation). Ne remplissez pas encore la rubrique relative à
l’alimentation.
35
3e. Quelle quantité de solution de glucose à 10 % stérile faut-il lui administrée
par voie intraveineuse ? Notez cette quantité dans la rubrique « glycémie »
du PSI.
3f. Quelle quantité de liquides par voie intraveineuse faut-il administrer à Irena
la première heure ? Notez cette quantité dans la rubrique « signes d’état
de choc » du PSI.
3g. Indiquez l’heure de début et les fréquences dans le PSI d’Irena. Ensuite, notez
les informations obtenues à partir de la surveillance de son état de santé.
Que faut-il faire ensuite pour Irena ?
Irena reçoit des liquides par voie intraveineuse pendant une heure supplémentaire.
Pendant la deuxième heure, sa fréquence respiratoire reste stable à 30 respirations
par minute et sa fréquence cardiaque est de 80 battements par minute. Après
perfusion, Irena pèse 6,2 kg.
3l. À l’aide du nouveau poids d’Irena de 6,2 kg, consultez votre fiche de
référence sur l’administration de F-75 pour trouver la quantité de F-75 à
administrer à 13 h 30. Notez cette quantité dans la rubrique alimentation du
PSI.
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
3m.Que faut-il administrer à Iréna à 14 h 30 ?
Douze heures après son arrivée à l’hôpital, Irena va beaucoup mieux. Étant
donné qu’elle a très bien répondu aux perfusions intraveineuses et au ReSoMal
(elle a atteint son poids cible de 6,5 kg), elle était clairement déshydratée. Elle
doit continuer de prendre du F-75 toutes les 2 heures, mais n’a plus besoin de
ReSoMal. Elle devra recevoir des antibiotiques. Vous en saurez davantage dans
la section suivante du module.
37
9. ADMINISTRER DES ANTIBIOTIQUES
Tous les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère doivent recevoir des
antibiotiques afin de traiter une possible infection. Administrez dès que possible la
première dose d’antibiotiques parallèlement aux autres traitements initiaux.
14
Mémento de soins hospitaliers pédiatriques : prise en charge des affections courantes de l’enfance, 2e éd. Genève :
Organisation mondiale de la Santé, 2013 (https://apps.who.int/iris/handle/10665/187940).
38
Récapitulatif : antibiotiques chez l’enfant atteint de malnutrition aiguë sévère
En cas de : Donn
er :
Antibiotiques de Gentamicine par IV ou IM (7,5 mg/kg), une fois par jour
b
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
a
Remarque : adaptez le traitement antibiotique au profil de résistance local.
b
Si l’enfant n’urine pas, la gentamicine risque de s’accumuler dans le corps et de provoquer la surdité. N’administrez
pas la deuxième dose tant que l’enfant n’a pas uriné.
c
Si vous ne disposez pas d’amoxicilline, donnez de l’ampicilline par voie orale (50 mg/kg), toutes les 6 heures pendant
5 jours.
Un cathéter hépariné peut également être utilisé pour garder une veine ouverte et
administrer des antibiotiques.
15
Remarque : la gentamicine interagit avec les pénicillines et les céphalosporines. Par conséquent, elle ne doit pas être
administrée en même temps dans la même perfusion en goutte-à-goutte.
40
Exercice D
Cas n° 1 : Ana
Ana pèse 6,0 kg. Elle est atteinte de malnutrition aiguë sévère et présente une
hypoglycémie, une hypothermie et une dermatose légère. Elle n’est pas en état de
choc et ne recevra pas de liquides par voie IV.
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
1c. En supposant que toutes les fournitures nécessaires sont disponibles, quelle
voie faut-il choisir ?
41
L’état de santé d’Ana s’améliore au bout de 48 heures. Sa température
augmente et reste supérieure à 35,5 °C et sa glycémie dépasse 3 mmol/l. Elle
n’a pas pris de poids, mais elle est alerte et prend bien les préparations de F-
75.
1g. Après deux jours, comment le schéma thérapeutique d’Ana devrait-il évoluer ?
Cas n° 2 : Dipti
Dipti mesure 82 cm et pèse 7,9 kg. Elle est âgée de 2 ans. Elle semble malade, sa
respiration est rapide (55 respirations par minute) et elle présente un tirage
sous-costal.
2b. Dipti recevra des injections IM. Quelle sera la dose à administrer ?
42
Au bout de 5 jours, la respiration de Dipti est redevenue normale et elle ne
présente plus de tirage sous-costal. Elle prend bien les préparations de F-75.
Elle pèse toujours 7,9 kg.
2d. Quels antibiotiques doit-elle recevoir par la suite ? Par quelle voie
d’administration ? Consultez l’annexe 2 du Mémento de soins hospitaliers
pédiatriques de l’OMS intitulée Posologies et schémas thérapeutiques.
2f. Compte tenu de la forme pharmaceutique citée ci-dessus, quelle est la dose
appropriée pour Dipti ?
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
2g. Résumez la nouvelle prescription de Dipti dans le tableau ci-dessous.
Discutez de vos réponses avec un animateur une fois que vous avez terminé cet
exercice.
Lorsque le groupe est prêt, passez une vidéo sur le traitement d’urgence. Cette
vidéo montrera de nombreuses étapes décrites jusqu’ici dans ce module.
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
43
10.CONSIGNER LES PREMIERS RÉSULTATS ET
TRAITEMENTS ET LES COMMUNIQUER AU
PERSONNEL
Dans tous les cas, mais en particulier lorsqu’un enfant est transféré des urgences,
il est important de communiquer par écrit et verbalement au personnel
concerné :
Le PSI (annexe Web A) est un exemple d’outil qui vous aidera à communiquer
les mesures prises et à prendre pour l’enfant. Vous pouvez utiliser différents
formulaires ou dossiers médicaux au sein de votre hôpital, mais il est essentiel
d’avoir un certain type de dossier écrit.
44
Exercice E
Cet exercice comprend un jeu de rôle dans lequel le médecin en charge des
admissions fera le point avec l’infirmière en chef sur l’état et les besoins de
l’enfant. Utilisez la première page d’un PSI vierge, disponible dans votre salle
de classe. Servez-vous de vos fiches de référence, si nécessaire.
Rayna
Rayna est une fille âgée de 13 mois. Elle est admise le 3 octobre à 09 h 00. Elle
est sévèrement émaciée, a perdu l’appétit, mais n’a ni œdème ni dermatose. Rayna
mesure 72 cm et pèse 6,3 kg.
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
oculaires. Elle n’a jamais eu la rougeole.
Rayna n’a ni signes d’état de choc, ni diarrhée, ni sang dans ses selles, ni
vomissements. Le médecin est prêt à donner à l’infirmière en chef des instructions
pour les soins de Rayna, notamment son premier repas et sa première dose
d’antibiotique. Il est 9 h 15.
3. Faites une liste des questions que vous pourriez poser si vous étiez l’infirmière
en chef.
45
ANNEXE. DESCRIPTION DES SIGNES À SURVEILLER
Pouls et
respiration
Respiration rapide
≥ 50 respirations/min (âge : 2 à
Respiration
11 mois)
uniquement ≥ 40 respirations/min (âge : 12 mois à
5 ans)
Une pneumonie ou une décompensation
cardiaque (survient
en phase de stabilisation. Surveiller
également le gain de poids.)
46
En plus de ces signes, il convient de surveiller d’autres signes de danger, tels
que :
3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË SÉVÈRE
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