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Module 3 : Prise en

charge initiale
COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË SÉVÈRE EN
MILIEU HOSPITALIER
Cours de formation sur la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère en milieu hospitalier. Module 3.

Prise en charge initiale (Cours de formation sur la prise en charge de la malnutrition aiguë

sévère en milieu hospitalier)

ISBN 978-92-4-002987-3 (version électronique)


ISBN 978-92-4-002988-0 (version imprimée)

© Organisation mondiale de la Santé 2021

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Citation suggérée. Cours de formation sur la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère
en milieu hospitalier. Module 3. Prise en charge initiale. Genève, Organisation mondiale de la
Santé ; 2021 (Cours de formation sur la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère en milieu
hospitalier). Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO.

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responsable des préjudices subis du fait de son utilisation.
SOMMAIRE

Préface v

Remerciements xii

Abréviations xiii

Introduction 1

Objectifs d’apprentissage 2

1. Réaliser une évaluation initiale 3

2. Traiter en urgence les enfants atteints de malnutrition aigue sévère 4

3. Prendre en charge l’hypoglycémie 5


3.1 Qu’est-ce que l’hypoglycémie ? 5
3.2 Mesurer la glycémie 5
3.3 Traiter l’hypoglycémie 6
3.4 Prévenir l’hypoglycémie : démarrer l’alimentation avec du F-75 7
4. Prendre en charge l’hypothermie 7

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
4.1 Qu’est-ce que l’hypothermie ? 7
4.2 Prendre la température 7
4.3 Traiter l’hypothermie 8
4.4 Prévenir l’hypothermie 9
5. Prendre en charge un enfant atteint de malnutrition aigue sévère en 12
état de choc
Qu’est-ce que l’état de choc ? 12
5.2 Administrer du glucose et des liquides par voie IV et mettre sous 12
oxygène
6. Prendre en charge la déshydratation 15
6.1 ReSoMal : préparer et calculer les bonnes quantités 15
6.2 Administrer du ReSoMal 16
6.3 Surveiller un enfant sous ReSoMal 17
6.4 Prendre en charge la diarrhée 18
7. Prendre en charge l’anémie très sévère 19
7.1 Qu’est-ce que l’anémie très sévère ? 19
7.2 Réaliser une transfusion sanguine en cas d’anémie très sévère 19
7.3 Assurer une surveillance transfusionnelle 19
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

8. Prodiguer des soins oculaires d’urgence 27


8.1 Examiner les yeux 27
8.2 Administrer de la vitamine A et de l’atropine en collyre aux enfants 27
présentant des signes oculaires

iii
9. Administrer des antibiotiques 34
9.1 Sélectionner des antibiotiques 34
9.2 Choisir et utiliser la meilleure voie d’administration 36
10. Consigner les premiers résultats et traitements et les communiquer au
personnel 40

Annexe. Description des signes à surveiller 42

Annexes Web
Annexe Web A. Parcours de soins intensifs
(WHO/HEP/NFS/21.6)
Annexe Web B. Fiche de référence sur l’administration
d’antibiotiques (WHO/HEP/NFS/21.7)

iv
PRÉFACE

Le cours de formation sur la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère en


milieu hospitalier de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) comprend des
modules de formation, des guides de formation, ainsi que différents documents
d’appui. Le programme de formation s’inspire du cours de formation sur la prise
en charge de la malnutrition aigue sévère 1, conçu par l’OMS en 2002, lequel à été
mis à jour en 20092 afin d’inclure les normes de croissance de l’enfant définies
par l’OMS, la mesure du périmètre brachial pour identifier les cas d’émaciation,
et la fourniture d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (ATPE) dans la prise
en charge de la malnutrition aiguë sévère, ce qui a permis de faire passer
rapidement des enfants d’une prise en charge en milieu hospitalier à une prise
en charge en ambulatoire. En 2013, l’OMS a publié le document intitulé
« Guideline: updates on the management of severe acute malnutrition in infants and
children » [Version française publiée en 2015 : Lignes directrices : mises à jour de la prise
en charge de la malnutrition aiguë sévère chez le nourrisson et chez l’enfant]3, contenant
des recommandations actualisées sur les points suivants :

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
a. les critères d’admission et les critères de sortie pour l’enfant âgé de 6
à 59 mois atteint de malnutrition aiguë sévère ;
b. les lieux où prendre en charge un enfant atteint de malnutrition aiguë
sévère qui présente des œdèmes bilatéraux prenant le godet ;
c. l’utilisation des antibiotiques dans la prise en charge de l’enfant
atteint de malnutrition aiguë sévère en ambulatoire ;
d. les changements relatifs à la supplémentation en vitamine A dans le
traitement de l’enfant atteint de malnutrition aiguë sévère ;
e. les différentes approches d’alimentation thérapeutique dans la prise en
charge de la malnutrition aiguë sévère chez l’enfant âgé de 6 à
59 mois ;
f. la gestion des apports liquidiens chez l’enfant atteint de malnutrition aiguë
sévère et déshydraté, en état de choc ou non ;
g. la prise en charge de l’enfant infecté par le VIH atteint de malnutrition
aiguë sévère ;
h. l’identification et la prise en charge du nourrisson âgé de moins de
6 mois atteint de malnutrition aiguë sévère.

Le cours de formation a été actualisé pour y intégrer ces mises à jour. Le Tableau 1
présente les principales mises à jour techniques qui ont été effectuées pour
chaque module.
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

v
1
Training course on the management of severe malnutrition. Geneva: World Health Organization; 2002 (WHO/NHD/02.4; http://
apps.who.int/iris/handle/10665/70449).
2
Training course on the management of severe malnutrition, update – 2009. Geneva: World Health Organization; 2009 (WHO/
NHD/02.4_update 2009; http://apps.who.int/iris/handle/10665/70449).
3
Lignes directrices : mises à jour de la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère chez le nourrisson et chez
l’enfant. Genève : Organisation mondiale de la Santé ; 2013 (https://apps.who.int/iris/handle/10665/95584)).

vi
Tableau 1. Principales mises à jour techniques pour chaque module
Module Procédure Version de 2009 Nouvelle
version
Module 2 Critères Utilisation de En raison de son caractère subjectif, l’émaciation sévère visible ne fait plus
: d’admission l’émaciation partie des signes de malnutrition aiguë sévère qu’il est recommandé
Principes pour l’enfant sévère visible d’observer
relatifs à âgé de 6 mois comme signe de
la prise ou plus pour malnutrition aiguë
en charge une prise en sévère
charge en Admettre tous les • Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère et présentant des
milieu enfants atteints de complications médicales ou qui échoue au test d’appétit (ou un enfant
hospitalier malnutrition sévère atteint de malnutrition aiguë sévère qui se trouve dans une situation
pour une prise en pouvant rendre le traitement difficile, par exemple si l’enfant est handicapé,
charge en milieu s’il existe des problèmes d’ordre social ou si l’accès aux soins est difficile),
hospitalier doit être admis à l’hôpital pour y recevoir des soins.
• Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère qui ne présente aucun de
ces signes et pour qui il n’existe pas de situation pouvant rendre le
vi

traitement difficile devrait être pris en charge en ambulatoire.


L’accent est mis sur la réalisation d’un test d’appétit, un acte important qui
permet de déterminer si un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère doit
être hospitalisé pour une prise en charge en milieu hospitalier ou recevoir
des soins ambulatoires.
Œdème au niveau des • Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère qui présente des œdèmes
deux pieds bilatéraux sévères de degré +++ doit être pris en charge en milieu
hospitalier, même s’il ne présente pas de complications médicales et qu’il
a de l’appétit.
• Un enfant qui présente uniquement des œdèmes bilatéraux de degré +
ou ++ prenant le godet, mais qui présente aussi des complications
médicales ou une perte d’appétit, ou qui est émacié, doit être hospitalisé
pour une prise en charge en milieu hospitalier.
• Un enfant âgé de six mois ou plus qui présente des œdèmes bilatéraux
de degré + ou ++ prenant le godet, mais qui ne présente pas de
complications médicales et qui a de l’appétit, doit être pris en charge en
ambulatoire.
Module Procédure Version de 2009 Nouvelle
version
Module 2 Critères pour Un transfert vers une prise en charge en ambulatoire peut être effectué
: transférer un lorsque :
Principes enfant âgé de
relatifs à 6 mois ou plus • les complications médicales ont été traitées, et
la prise vers une prise • l’enfant présente un œdème minime, et
en charge en charge en • l’enfant est alerte, et
ambulatoire • l’enfant consomme 75 % des aliments thérapeutiques prêts à
l’emploi qui lui sont proposés quotidiennement.
La décision de transférer un enfant doit être prise après une évaluation de
son état clinique, et non sur la base des indices anthropométriques
Critères de Un enfant peut sortir du traitement lorsque :
sortie du
traitement MAS • Son rapport poids/taille est supérieur ou égal à - 2 Z Scores, et
d’un enfant âgé • qu’il n’a pas présenté d’œdème depuis au moins deux semaines,
de six mois ou
ou
vii

plus

• son périmètre brachial est supérieur ou égal à 125 mm, et


• qu’il n’a pas présenté d’œdèmes depuis au moins deux semaines.
L’indicateur anthropométrique utilisé pour confirmer qu’un enfant
présente une malnutrition aiguë sévère doit également être utilisé pour
déterminer s’il est parvenu à un rétablissement nutritionnel.

Un enfant admis dans un programme de traitement uniquement sur la


base de la présence d’œdèmes bilatéraux prenant le godet de degré +++,
doit être autorisé à sortir de ce programme sur la base des indices
anthropométriques, quel qu’il soit, utilisé habituellement dans le
programme.
Le pourcentage de gain de poids ne doit pas être utilisé comme un critère de
sortie.

1. INTRODUCTION | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALTRUNITION AIGUË SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
Module Procédure Version de 2009 Nouvelle
version
Module 3. Doses • Amoxicilline, Les doses d’antibiotiques administrées de façon systématique ont
Prise en d’antibiotiques 25 mg/kg été adaptées (par exemple : Amoxicilline, 25-40 mg/kg,
charge initiale administrées de • Gentamicine, Gentamicine, 7,5 mg/kg), afin de tenir compte des dernières
façon 5 mg/kg recommandations du Livre de poche pour soins hospitaliers
systématique • Ampicilline, pédiatriques de 2013 de l’OMS.
50 mg/kg
Vitamine A Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère doit recevoir chaque jour et
pendant toute la durée du traitement l’apport en vitamine A recommandé
(5000 UI). Lorsqu’un l’enfant reçoit du F-75, du F-100 ou des aliments
thérapeutiques prêts à l’emploi conformes aux spécifications de l’OMS (qui
contiennent donc déjà suffisamment de vitamine A) ou de la vitamine A
faisant partie d’autres suppléments qu’il reçoit chaque jour, il n’a pas
besoin de dose supplémentaire de vitamine A.

Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère ne doit recevoir une forte dose
de vitamine A (50 000 UI, 100 000 UI ou 200 000 UI, en fonction de
viii

son âge) au moment de son admission que s’il reçoit des aliments
thérapeutiques qui ne sont pas enrichis comme recommandé par les
spécifications de l’OMS, et la vitamine A ne fait pas partie d’autres
suppléments qu’il reçoit chaque jour.
Administration Administrer une forte dose de vitamine A (50 000 UI, 100 000 UI ou
d’une forte dose 200 000 UI, en fonction de son âge) à tout enfant atteint de malnutrition
recommandée aiguë sévère qui présente des signes oculaires de carence en vitamine A
uniquement en ou ayant eu la rougeole peu de temps auparavant en milieu hospitalier
cas d’ulcération aux jours 1, 2 et 15 (ou au moment du transfert vers une prise en charge
cornéenne en ambulatoire), quel que soit le type d’aliment thérapeutique qu’il reçoit.
Atropine 1 %, trois fois par jour La concentration d’Atropine a été adaptée et fixée à 0,1 % à raison de trois
fois par jour, après des discussions avec plusieurs experts et sur la base
de leurs avis et de la Liste modèle OMS des médicaments essentiels.
Module Procédure Version de Nouvelle
2009 version
Module 4. Passage à des Pour faire passer un enfant du F-75 à des aliments thérapeutiques prêts à
Alimentat aliments l’emploi, deux options de transition sont proposées :
ion thérapeutiques
prêts à l’emploi a. Commencer l’alimentation en donnant à l’enfant des aliments
thérapeutiques prêts à l’emploi comme prévu pour la phase de
transition.

Si l’enfant ne prend pas la quantité d’aliments thérapeutiques prêts à


l’emploi prescrite, compléter l’alimentation avec du F-75. Augmenter la
quantité d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi sur deux à trois
jours jusqu’à ce que l’enfant reçoive la quantité d’aliments
thérapeutiques prêts à l’emploi requise pour répondre à ses besoins en
énergie,

ou
ix

b. Donner à l’enfant la quantité d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi


prescrite pour la phase de transition. Si l’enfant ne prend pas au moins
la moitié de la quantité prescrite d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi
au cours des 12 premières heures, arrêter
de lui donner les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi et lui donner à nouveau du F-75.
Recommencer la même approche après un à deux jours, jusqu’à ce que l’enfant prenne la quantité
prêts à l’emploi requise pour répondre à ses
appropriée d’aliments thérapeutiques
besoins en énergie.
Passage à des Lorsqu’un enfant présente des œdèmes bilatéraux prenant le godet, le
aliments passage à des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi doit être effectué
thérapeutiques lorsqu’il retrouve l’appétit et que ses œdèmes ont diminué
prêts à l’emploi
pour un enfant
présentant des
œdèmes
Phase de Un enfant qui reçoit du F-100 et chez qui le gain de poids est rapide
récupération pendant la phase de récupération doit passer à des aliments
nutritionnelle pour thérapeutiques prêts à l’emploi S’assurer qu’il consomme la quantité
les enfants appropriée d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi avant de l’orienter

1. INTRODUCTION | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALTRUNITION AIGUË SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
recevant du F-100 vers une prise en charge en ambulatoire

Critères • Rapport • Rapport poids/taille inférieur à -3 Z Scores, ou


d’admission poids/taille • Présence d’œdèmes bilatéraux prenant le godet, ou
pour un Z Score < –3, • Perte de poids récente
nourrisson âgé et/ou • Incapacité prolongée à prendre du poids
de 0 à 6 mois • Oedèmes • Graves difficultés d’allaitement après que des conseils aient été prodigués
bilatéraux à la mère
Alimentation de F-75 en • Un nourrisson atteint de malnutrition aiguë sévère qui ne présente pas
nourrissons supplément du d’œdèmes doit recevoir du lait maternel exprimé. Si cela n’est pas
âgés 0 à lait maternel possible, il doit recevoir une préparation pour nourrissons du commerce
6 mois (générique) ou du F-75, ou du F-100 dilué, soit seul, soit comme
supplémentation alimentaire avec du lait maternel.
• Un nourrisson atteint de malnutrition aiguë sévère qui présente des
œdèmes bilatéraux prenant le godet doit recevoir du F-75 en supplément
du lait maternel
Module Procédure Version de 2009 Nouvelle
version
Module 4. Critères pour Un transfert vers une prise en charge en ambulatoire peut être effectué lorsque :
Alimentati transférer un
on nourrisson âgé de • Toutes les pathologies cliniques sont guéries, et
0 à 6 mois vers
• le nourrisson a un bon appétit, se porte bien sur le plan clinique et est alerte, et
une prise en charge
• le gain de poids est satisfaisant, et
en ambulatoire
• l’administration des vaccinations a été vérifiée, et
• la mère ou la personne qui s’occupe de ce nourrisson a reçu toutes les
informations relative au suivi et au soutien nécessaires au niveau de la
communauté.
Critères de sortie Le nourrisson peut sortir du programme de traitement lorsque :
du traitement du
nourrisson âgé de • Il est allaité correctement ou s’alimente bien avec une alimentation de
0 à 6 mois substitution, et
• Son gain de poids est suffisant, et
• Son rapport poids/taille est supérieur ou égal à -2 Z Scores.
Module 5. Mises à jour similaires à celles effectuées aux modules 3 et 4, le cas échéant.
x

Prise en charge
quotidienne
Module 6. Pas de mise à jour technique majeure. Mises à jour mineures. Par exemple, les
Suivi et aliments thérapeutiques prêts à l’emploi remplacent le F-100.
résolution des
problèmes
Module 7 : Critères pour Mises à jour similaires à celles effectuées au module 2.
Impliquer orienter un enfant
les mères âgé de 6 mois ou
dans la plus vers une prise
fourniture
en charge en
de soins
ambulatoire
nécessaire
s Critères de sortie Mises à jour similaires à celles effectuées au module 2.
du traitement d’un
enfant âgé de
six mois ou plus
Module Procédure Version de 2009 Nouvelle
version
Module 8. Nouveau module
Prise en
charge en
ambulatoire
de la
malnutrition
aiguë sévère
Matériel Parcours de Tous les parcours de soins intensifs et les
d’appui soins mis à jour afin d’y inclure les mises à jour
intensifs et
réponses
aux
exercices
Organisation Le matériel d’appui a été intégré dans les
du matériel
xi

d’appui
REMERCIEMENTS
La présente version actualisée a été coordonnée par Zita Weise Prinzo, du
Département Nutrition pour la santé et le développement, et Chantal Gegout
(anciennement au Département Nutrition pour la santé et le développement),
en collaboration avec Wilson Were, du Département Santé de la mère, de
l’enfant et de l’adolescent. Nous remercions Jaden Bendabenda du Département
Nutrition pour la santé et le développement, qui a mis la dernière main à cette
version et l’a préparée en vue de sa publication. Nous remercions tout
particulièrement Diana Estevez, qui a apporté son aide lors du processus de
finalisation.

Nos remerciements également à Adelheid Onyango, Hana Bekele et


Férima Coulybaly-Zerbo du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, ainsi qu’à
Marina Adrianopoli du Bureau régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale,
pour leur soutien indéfectible et leurs précieuses contributions, et pour
l’organisation des formations pilotes au Togo, en Ouganda et en Zambie.

Par ailleurs,
1. INTRODUCTION nous
| COURS souhaitons
DE FORMATION exprimer
SUR LA toute DE
PRISE EN CHARGE notre gratitude à
LA MALTRUNITION Beatrice
AIGUË SÉVÈRE Amadi
EN MILIEUdu
HOSPITALIER

Teaching Hospital de Lusaka en Zambie, pour sa contribution lors de l’essai pilote


et pour sa révision du cours, ainsi qu’au professeur Michael Golden et à la
Dre Yvonne Grellety, qui ont révisé le cours et y ont apporté des contributions
techniques inestimables.

L’OMS est reconnaissante à toutes les personnes qui ont participé à la


réalisation de la première version du cours de formation en 2002 et tient à
remercier ACT International (États-Unis d’Amérique), qui a rédigé le manuscrit
du cours. L’OMS remercie le professeur A. Ashworth-Hill de l’École d’Hygiène et
de Médecine tropicale de Londres, pour son importante contribution technique
et ses conseils, ainsi que pour avoir accepté d’être l’un des premiers animateurs
du cours. Nous adressons des remerciements particuliers à la Dre S. Khanum
(ancienne directrice des Services de santé au Bureau régional de l’OMS pour
l’Asie du Sud-Est à New Delhi) pour sa contribution technique, ses
commentaires et ses conseils lors de xiil’élaboration de la première version des
modules de formation, et pour l’organisation du premier essai sur le terrain réalisé
au Centre international de recherche sur les maladies diarrhéiques au
Bangladesh.

SOUTIEN FINANCIER
L’OMS remercie le Fonds français Muskoka et la Fondation Bill & Melinda Gates de
leur contribution financière à la mise à jour des supports de formation.

xiii
ABRÉVIATIONS
PSI Parcours de soins intensifs

MMV Mélange de minéraux et de vitamines

Hb Hémoglobine

IM Intramusculaire

UI Unité internationale

IV Intraveineuse

NG Nasogastrique

SRO Solution de réhydratation orale

ReSoMal Solution de réhydratation orale pour


enfants atteints de malnutrition
ATPE Aliments thérapeutiques prêt à
l’emploi

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
OMS Organisation mondiale de la Santé

SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

xiv
INTRODUCTION

La prise en charge initiale des enfants atteints de malnutrition aiguë sévère en


milieu hospitalier vise à prévenir les décès tout en stabilisant leur état de santé.
La première étape consiste à rechercher chez l’enfant des signes alarmants et
à dispenser un traitement d’urgence selon les besoins. Ainsi, tout enfant qui
se rend à l’hôpital doit faire l’objet d’un examen à la recherche de signes
d’urgence dans le cadre de la procédure standard.4

Un enfant extrêmement malade nécessite de nombreuses interventions à mener


rapidement, efficacement et correctement. Aux urgences, les équipes doivent donc
posséder une grande expérience pour être efficaces. Ce cours, qui ne peut
évidemment pas traiter l’ensemble du processus de prise en charge des urgences,
se concentrera sur les étapes à ajouter ou à ajuster pour traiter un enfant atteint
de malnutrition aigue sévère.

Certaines des interventions de prise en charge initiale décrites dans ce module

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
peuvent être réalisées aux urgences, avant que l’enfant ne soit admis dans le
service de prise en charge de la malnutrition aiguë sévère. Il est essentiel que les
personnels des urgences sachent traiter différemment les enfants atteints de
malnutrition aigue sévère. Ils doivent apprendre à les reconnaître et comprendre
que ces enfants peuvent être gravement malades sans présenter de signes
d’infection. Tout enfant atteint de malnutrition aigue sévère doit être examiné le
plus rapidement possible aux urgences. Les personnels doivent comprendre
qu’ils ne doivent pas poser systématiquement de perfusion. Un enfant atteint de
malnutrition aiguë sévère peut présenter des complications telles qu’un état de
choc, une anémie sévère, une hypoglycémie ou une hypothermie, nécessitant
une réanimation et un traitement immédiats.

Après administration d’un traitement d’urgence, l’enfant doit être transféré


immédiatement au service de prise en charge de la malnutrition aiguë sévère.
Pendant plusieurs jours, il est essentiel de surveiller et de traiter, ou de
prévenir, des problèmes potentiellement mortels comme l’hypoglycémie,
l’hypothermie, l’état de choc, la déshydratation et les infections. L’enfant ne doit
gagner du poids qu’après avoir retrouvé l’appétit et être passé à la phase de
transition. Ce module décrit les tâches vitales indispensables à la prise en charge
initiale d’un enfant atteint de malnutrition aigue sévère présentant des signes de
danger.
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

La prise en charge initiale vise à prévenir les décès tout en stabilisant l’état de
santé de l’enfant.

4
Les participants devraient déjà posséder des compétences en matière de triage, d’évaluation et de traitement
d’urgence d’enfants malades.
– ces compétences ne seront pas couvertes dans ce cours. Seules les différences de traitement des urgences

15
(comme l’état de choc ou la déshydratation sévère) chez les enfants atteints de malnutrition sont traitées dans ce
cours.

OBJECTIFS D'APPRENTISSAGE

Le présent module décrit et, dans la mesure du possible, vous permet


d’observer et de mettre en pratique les compétences suivantes :
• reconnaître les signes de danger ;
• identifier et prendre en charge un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère
présentant :
- un état de choc,
- une anémie très sévère,
- une hypoglycémie,
- une hypothermie,
- une ulcération cornéenne,
- une diarrhée aqueuse ou des vomissements ;
• préparer une solution de réhydratation orale pour enfants atteints de
malnutrition (ReSoMal) ;
• choisir les antibiotiques appropriés et calculer les doses ;
• conserver une trace écrite des résultats et des traitements initiaux.

16
1. RÉALISER UNE ÉVALUATION INITIALE

Lorsqu’un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère est admis aux urgences, il
convient d’effectuer une évaluation à la recherche de signes généraux de danger
ou de signes d’urgence et de recueillir à l’anamnèse les éléments suivants :
• prises alimentaires et liquidiennes récentes ;
• régime alimentaire habituel avant l’état de santé actuel ;
• allaitement maternel ;
• durée et fréquence de la diarrhée et des vomissements ;
• type de diarrhée (aqueuse, sanglante) ;
• perte d’appétit ;
• environnement familial ;
• toux persistante (plus de 2 semaines) ;
• contact avec la tuberculose ;
• contact récent avec la rougeole ;
• infection par le VIH ou exposition au virus
avérée ou présumée. À l’examen, recherchez
les signes suivants :

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
• état de choc : semi-conscience ou inconscience, mains froides, temps de
recoloration cutanée prolongé (plus de 3 secondes), pouls faible (faible
volume) ou rapide et hypotension ;
• signes de déshydratation ;
• pâleur palmaire sévère ;
• œdèmes bilatéraux prenant le godet ;
• signes oculaires de carence en vitamine A :5
- sécheresse de la conjonctive ou de la cornée, taches de Bitot,
- ulcération cornéenne,
- opacification cornéenne ;
• signes localisés d’infection, notamment des infections de l’oreille et de la
gorge, des infections cutanées ou une pneumonie ;
• signes d’infection par le VIH ;
• fièvre (température ≥ 37,5 °C) ou hypothermie (température rectale
< 35,5 °C) ;
• aphtes ;
• changements cutanés :
- hypo- ou hyperpigmentation,
- desquamation,
- ulcérations (s’étendant aux jambes, aux cuisses, aux pieds, aux organes
génitaux, à l’aine et derrière les oreilles),
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

- lésions exsudatives (similaires à des brûlures graves), souvent associées


à une infection secondaire (notamment à Candida) ;
• effectuez un test d’appétit ;
- déterminez si l’enfant a de l’appétit en lui proposant des aliments
thérapeutiques prêts à l’emploi (ATPE) ;
• procédez aux analyses de laboratoire nécessaires.

5
Les enfants atteints de carence en vitamine A sont souvent photophobes et garderont leurs yeux fermés. Il est important
17
d’examiner les yeux avec beaucoup de précaution afin d’éviter tout risque de rupture de la cornée.
2. TRAITER EN URGENCE LES ENFANTS
ATTEINTS DE MALNUTRITION AIGUE
SÉVÈRE

Les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère doivent être évalués


conformément aux lignes directrices relatives au triage, à l’évaluation et au
traitement d’urgence des enfants malades décrites dans les documents de l’OMS
intitulés « Updated guideline: paediatric emergency triage, assessment and
treatment: care of critical ill children (en anglais), »6 et « Mémento de soins
hospitaliers pédiatriques ».7

Ceux présentant des signes d’urgence en rapport avec les voies respiratoires et la
respiration ou avec un coma ou des convulsions, doivent recevoir le traitement
d’urgence correspondant.

Néanmoins, l’OMS recommande de faire preuve de prudence en ce qui concerne


l’administration par voie intraveineuse de liquides de réanimation chez un enfant
atteint de malnutrition aiguë sévère en état de choc pour les raisons suivantes.

• En cas de malnutrition aiguë sévère, certains signes d’urgence correspondant


à un état de choc peuvent être présents même sans état de choc.
• Des états de choc dus à une déshydratation et à une septicémie peuvent
coexister, ces deux types d’états étant difficiles à différencier sur la seule
base de critères cliniques.
• Les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère sont sensibles aux variations
dans les fluides corporels et ont notamment une faible tolérance aux variations
rapides de volémie. Pour ces différentes raisons, la gestion de leurs apports
liquidiens est complexe.
• Il est souvent très difficile d’évaluer et de déterminer l’état d’hydratation et
la volémie des enfants atteints de malnutrition aiguë sévère.

Il convient de réaliser un interrogatoire minutieux, complété par un examen


clinique, des examens complémentaires et d’un traitement, afin de prendre
correctement en charge un état de choc chez un enfant atteint de malnutrition
aiguë sévère. Un personnel qualifié et un équipement et du matériel adéquats
sont indispensables (voir la section 5 de ce module).

Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère qui présente des signes de


déshydratation sévère, mais n’est pas en état de choc, ne doit pas être
réhydraté par voie intraveineuse. La déshydratation sévère est difficile à
diagnostiquer en cas de malnutrition aiguë sévère, car les signes cliniques servant
généralement à poser le diagnostic de déshydratation sont semblables à ceux
observés en cas d’émaciation sévère sans déshydratation. L’administration de
liquides par voie intraveineuse expose ces enfants à un risque d’hyperhydratation
et de décès dû à une insuffisance cardiaque. Un enfant sévèrement
malnutri qui présente des signes de déshydratation sévère, mais n’est
pas en état de choc, doit être réhydraté par voie orale en utilisant une
18
solution de réhydratation spéciale (ReSoMal) (voir la section 6 de ce
module).

Par ailleurs, tout enfant atteint de malnutrition aiguë sévère doit être
rapidement évalué afin de traiter des problèmes graves tels que
l’hypoglycémie, l’hypothermie, les infections graves, l’anémie sévère et les
problèmes oculaires pouvant mener à la cécité. Il est également important de
prendre rapidement des mesures pour prévenir certains de ces problèmes, s’ils
n’étaient pas apparus au moment de l’admission à l’hôpital. Ces points sont
abordés plus en détail dans ce module.
6
Updated guideline: paediatric emergency triage, assessment and treatment: care of critically ill children. Geneva: World
Health Organization; 2016 (https://apps.who.int/iris/handle/10665/204463).
7
Mémento de soins hospitaliers pédiatriques : prise en charge des affections courantes de l’enfance, 2e éd. Genève :
Organisation mondiale de la Santé, 2013 (https://apps.who.int/iris/handle/10665/187940).

19
3. PRENDRE EN CHARGE L’HYPOGLYCÉMIE

3.1 Qu’est-ce que l’hypoglycémie ?


L’hypoglycémie correspond à un faible taux de glucose dans le sang. Chez les
enfants atteints de malnutrition aiguë sévère, ce taux est considéré comme faible
lorsqu’il est inférieur à (<3 mmol/l (ou < 54 mg/dl).8 Par ailleurs, l’hypoglycémie
est souvent associée à l’hypothermie (température corporelle basse). La léthargie,
la perte de conscience et, parfois, la rétraction des paupières (l’enfant dort les
yeux ouverts, aussi due à une déshydratation) constituent d’autres signes
d’hypoglycémie. Sueurs et pâleur sont rarement constatés chez un enfant
malnutri en état d’hypoglycémie. La somnolence est souvent le seul signe qui
précède la mort.

La cause à court terme de l’hypoglycémie est le manque de nourriture. Les


enfants atteints de malnutrition aiguë sévère sont davantage exposés au
risque d’hypoglycémie et doivent être nourris plus fréquemment, y compris
pendant la nuit. Un enfant malnutri peut arriver à l’hôpital en état d’hypoglycémie
s’il a eu des vomissements, a été trop malade pour manger ou a fait un long
voyage à jeun. La plupart des cas d’hypoglycémie sont constatés chez les enfants
récemment hospitalisés qui n’ont pas été nourris pendant au moins 12 heures.
Il est important de :

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
• demander à la mère quand l’enfant a mangé pour la dernière fois ;
• donner à tous les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère un verre d’eau
sucrée (10 %) à leur arrivée à l’établissement de santé ;
• montrer à la mère et au personnel comment observer les yeux de l’enfant –
s’il dort les yeux ouverts, réveillez l’enfant et donnez-lui de l’eau sucrée ou
du F-75.

Par ailleurs, un enfant peut également développer une hypoglycémie à l’hôpital s’il
attend trop longtemps dans la zone d’admission ou s’il n’est pas nourri
régulièrement. L’hypoglycémie et l’hypothermie sévères sont également des
signes d’infection grave.

L’hypoglycémie peut être extrêmement dangereuse. L’enfant risque de


décéder s’il ne reçoit pas du glucose (puis de la nourriture) rapidement ou si
les horaires d’administration des repas sont trop espacées .

3.2 Mesurer la glycémie


Si aucun prélèvement de sang n’a pas été effectué lors des interventions d’urgence,
prélevez un échantillon à l’admission au service. Ce même échantillon peut être
utilisé pour déterminer la glycémie, le taux d’hémoglobine et le groupe
sanguin, au cas où une transfusion s’avérerait nécessaire.
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

La glycémie peut être testée à l’aide de bandelettes de papier traitées, telles


que dextrostix ou glucostix, ou à l’aide d’un glucomètre comme le montre la figure
ci-dessous. Suivez attentivement les consignes d’utilisation fournies par les
fabricants des kits de test.

8
L’identification d’une hypoglycémie devrait inciter à rechercher la cause sous-jacente, incluant le recueil de
l’anamnèse.

20
Vous n’aurez peut-être pas le temps de prélever et d’analyser un échantillon
de sang immédiatement. En cas de suspicion d’hypoglycémie, le traitement
doit être administré immédiatement, sans attendre la confirmation du
laboratoire. Il n’y a aucun risque pour l’enfant, même si le diagnostic est
inexact. Tous les enfants sévèrement malnutris risquent de développer une
hypoglycémie.

3.3 Traiter l’hypoglycémie


En cas de faible taux de glycémie ou de suspicion d’hypoglycémie, administrez
immédiatement à l’enfant un bolus de 50 ml de glucose à 10 % ou de saccharose
à 10 % par voie orale, sublinguale ou par sonde nasogastrique (NG). Bien que
50 ml soit une très petite quantité, elle peut faire une grande différence pour
l’enfant.

Si vous ne disposez que d’une solution de glucose à 50 %, diluez une partie


dans quatre parties d’eau stérile ou d’eau bouillie pour obtenir une solution à
10 %.

Si l’enfant peut boire, administrez un bolus de 50 ml par voie orale. S’il est alerte
mais ne boit pas, administrez 50 ml par sonde nasogastrique.

Commencez immédiatement à nourrir l’enfant avec du F-75 et suivez le


schéma d’alimentation (toutes les 2 heures). Prélevez un autre échantillon de
sang après 2 heures et vérifiez à nouveau la glycémie de l’enfant avant de lui
donner un deuxième repas. Si la glycémie reste basse, assurez-vous que les
antibiotiques et la préparation F-75 ont bien été administrés.

Si l’enfant est léthargique, semi-conscient, inconscient ou convulsif, administrez-


lui 5 ml/kg de poids corporel de glucose stérile à 10 % par voie intraveineuse,
suivi de 50 ml de glucose ou de saccharose à 10 % par sonde nasogastrique.
Si la dose IV ne peut pas être administrée immédiatement, commencez par la
dose à travers la sonde NG.

21
Remarque : si l’enfant doit recevoir des liquides par voie IV pour traiter un choc,
il n’est pas nécessaire de faire suivre l’injection de glucose à 10 % d’une dose par
sonde NG, car l’enfant continuera de recevoir du glucose dans les liquides de
perfusion. Le traitement de l’hypoglycémie agit rapidement ; l’enfant se réveille
généralement au bout de 2 ou 3 minutes. Si l’enfant ne reprend pas conscience
dans ce délai, recherchez d’autres causes d’inconscience.

22
3.4 Prévenir l’hypoglycémie : démarrer l’alimentation avec du F-75
Si la glycémie de l’enfant n’est pas basse (supérieure à 3 mmol/l), commencez
immédiatement à nourrir l’enfant avec du F-75 toutes les 2 heures, y compris
pendant la nuit. Les quantités appropriées sont indiquées sur votre fiche de
référence sur l’alimentation de F-75. Ces petits repas fréquents permettront de
prévenir l’hypoglycémie et apporteront des nutriments à l’enfant pendant la
période initiale de stabilisation.

Reportez-vous à la fiche de référence sur l’administration de F-75.

La fiche de référence sur l’administration de F-75 comporte deux tableaux. Le premier


indique les quantités pour les enfants qui ne présentent pas d’œdème ou qui présentent
des œdèmes légers (+) ou modérés (++), tandis que le second (au verso) indique les
quantités pour les enfants qui présentent des œdèmes sévères (+++). Notez que les
quantités pour les enfants présentant des œdèmes sévères sont inférieures.

La première colonne indique le poids de l’enfant, et la colonne suivante la quantité de


F-75 à administrer toutes les 2 heures. Les autres colonnes, contenant les quantités pour
les repas administrés tous les 3 et 4 heures, serviront plus tard, selon les progrès de
l’état de santé de l’enfant.

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
Il convient de commencer l’alimentation avec du F-75 dès que possible.
L’alimentation sera abordée en détail dans le Module 4.

4. PRENDRE EN CHARGE L’HYPOTHERMIE

4.1 Qu’est-ce que l’hypothermie ?


L’hypothermie est un état caractérisé par une faible
température corporelle. Un enfant sévèrement
malnutri a une hypothermie si sa température rectale
est inférieure à 35,5 °C ou si sa température axillaire est
inférieure à 35,0 °C.

Les enfants sévèrement malnutris sont exposés à un


risque d’hypothermie plus élevé et doivent être
maintenus au chaud. Un enfant en hypothermie n’a pas
absorbé suffisamment de calories pour réchauffer son
corps. L’hypothermie et l’hypoglycémie
sont souvent des signes d’infection systémique grave.
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

4.2 Prendre la température


Il convient de privilégier les températures rectales car
elles reflètent mieux la température corporelle. En cas
de prise de température axillaire, convertissez le relevé
en température rectale en ajoutant

23
0,5 °C. Si la méthode utilisée pour la surveillance systématique est la prise de
température axillaire, vérifiez de nouveau tout patient dont la température axillaire
est inférieure à 35 °C en prenant sa température rectale.

Utilisation d’un thermomètre rectal :

• si vous utilisez un thermomètre à mercure, secouez-le


afin de faire descendre le liquide en dessous de
35 °C ;
• positionnez l’enfant sur le côté ou sur le dos, jambes relevées ;
• insérez le thermomètre dans le rectum sur environ
1,25 cm ;
• maintenez-le en place pendant 1 minute.

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
Utilisation d’un thermomètre axillaire :

• si vous utilisez un thermomètre à mercure, secouez-le afin de faire descendre le


liquide en dessous de 35,0 °C ;
• placez le thermomètre sous l’aisselle ;
• maintenez-le en place pendant 3 minutes ;
• si la température est inférieure à 35 °C, prenez la température rectale pour
obtenir un relevé plus précis.

4.3 Traiter l’hypothermie


Réchauffer l’enfant

Les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère ont du mal à contrôler leur
température corporelle et doivent donc être gardés au chaud et nourris
fréquemment. Le fait de les garder au chaud permet également de conserver leur
énergie.

L’hypothermie peut être très dangereuse. Un enfant en hypothermie doit être


réchauffé pour faire remonter sa température.

Réchauffer activement un enfant en hypothermie


SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

En plus de maintenir l’enfant couvert et de garder la chaleur de la pièce, utiliser


l’une des techniques de réchauffement suivantes en cas d’hypothermie.

• Placez la mère et l’enfant peau contre peau, dans la mesure du possible


(technique du kangourou) et enveloppez-les dans une couverture. Gardez la
tête de l’enfant couverte.
• Utilisez avec précaution les appareils de chauffage et les lampes à incandescence.
24
Utilisez une source de chaleur indirecte (pas trop proche). Surveillez la
température rectale toutes les 30 minutes pour vous assurer que l’enfant n’a
pas trop chaud. Arrêtez le réchauffement dès que la température de l’enfant
est normale.
• N’utilisez pas de bouteilles d’eau chaude pour réchauffer l’enfant car vous
risquez de brûler sa peau fragile.

4.4 Prévenir l’hypothermie


Maintenir la température

Les mesures suivantes sont importantes pour tous les enfants


atteints de malnutrition aiguë sévère.

• Utilisez toujours des lits adultes et encouragez la


mère et l’enfant à dormir ensemble. Les lits
bébés sont très dangereux pour les enfants atteints
de malnutrition aiguë sévère et peuvent favoriser
l’hypothermie.
• Couvrez la tête de l’enfant et enveloppez-le dans
une couverture sèche (le corps perd la majorité
de sa chaleur par la tête). Évitez les courants
d’air dans la pièce, et éloignez l’enfant des
fenêtres.
• Maintenez la pièce à une température comprise
entre 28 °C et 32 °C, dans la mesure du
possible.9
• La plupart des cas d’hypothermie surviennent la nuit ;
installez un thermomètre à minima et maxima sur le
mur de la pièce afin que le personnel puisse lire la
température de la nuit en arrivant le matin.
• Gardez l’enfant couvert la nuit.
• Réchauffez vos mains avant de toucher l’enfant.
• Évitez de laisser l’enfant découvert lors d’un examen ou de la pesée.
• Changez rapidement les vêtements ou les draps mouillés.
• Ne baignez pas l’enfant tôt le matin. Séchez-le soigneusement immédiatement
après.
• Ne baignez pas un enfant gravement malade ou moribond.

En cas d’impossibilité à chauffer la pièce, laissez l’enfant dormir contre sa mère,


et enveloppez-les dans une couverture.

9
Une pièce qui semble trop chauffée pour le confort du personnel est idéale pour un enfant malnutri. Inversement, si
la température semble confortable pour le personnel, cela
25 signifie qu’il fait trop froid pour l’enfant.
Exemple de parcours de soins intensifs

La page suivante illustre la première partie d’un dossier, ou parcours de soins intensifs
(PSI).
Elle contient des informations sur les signes que présente l’enfant concerné et sa prise en
charge initiale.

Jusqu’ici, les étapes de ce module étaient liées aux rubriques du PSI intitulées
« signes de malnutrition aiguë sévère », « température », « glycémie » et
« alimentation ». À mesure que vous avancerez dans ce module, vous découvrirez
les autres rubriques de cette page.

Un PSI complet et vierge est fourni à l’annexe Web A. Il sera utilisé dans ce cours
comme outil de travail et dossier de soins.

Informez votre animateur dès que vous avez atteint ce point du module. Lorsque tout le
monde sera prêt, votre animateur vous montrera brièvement comment utiliser le PSI. En
attendant, vous pouvez étudier l’exemple de la page suivante.

26
(mois) DATE D’ADMISSION 10/12/18
Cara
PRÉNOM M F DATE DE NAISSANCE ÂGE 18
HEURE 10 h 00
PRISE EN CHARGE INITIALE Observations sur le traitement avant orientation et/ou le traitement d’urgence déjà administré :

adressée par un centre de santé

SIGNES DE MAS
Émaciation sévère ? Oui Non SIGNES D’ÉTAT DE CHOC : Aucun Semi-conscience/inconscience Mains froides Temps de
recoloration cutanée prolongé (> 3 secondes) Pouls faible ou rapide
Œdèmes bilatéraux prenant le godet ? 0 + ++ +++
Dermatose ? 0 + ++ +++ (peau à vif, crevasses) En cas d’état semi-conscient ou inconscient, de mains froides et de recoloration cutanée prolongée ou de pouls faible ou rapide , mettre sous
oxygène. Administrer du glucose par voie intraveineuse (IV) tel qu’indiqué dans la rubrique Glycémie (colonne de gauche).
Poids (kg) : 6,3 Taille (cm) : 72 cm Puis administrer des liquides par voie IV : Quantités de liquides par voie IV par heure : 15 ml X kg (poids de l’enfant) = ml

Z score rapport poids/taille : < Débu


t
Surveiller toutes les 2e heure Surveiller toutes les 10 minutes
-3 Périmètre brachial
36 (mm) : Heure
(1ère h 10 minutes
*
eure)
TEMPÉRATURE °C rectale axillaire Fréquence *
Si rectale < 35,5 °C (95,9 °F) ou axillaire < 35 °C (95 °F), réchauffer respiratoire
activement l’enfant. Vérifier la température toutes les 30 minutes.

GLYCÉMIE (mmol/l) : 2 - 4 mmol/l Fréquence cardiaque *

Si < 3 mmol/l et enfant alerte, administrer 50 ml de glucose ou de saccharose à 10 % en verre par *En cas d’amélioration après 1 heure (fréquence respiratoire et fréquence cardiaque plus lentes), administrer la même quantité de liquides par voie IV
voie orale ou par sonde NG. Si < 3 mmol/l et enfant léthargique, inconscient ou convulsif, la deuxième heure, puis alterner entre ReSoMal et F-75 pendant 10 heures. En l’absence d’amélioration après 1 heure, appliquer le traitement du choc
administrer 5 ml/kg de solution de glucose à 10 % stérile par voie IV. septique (transfusion de sang total frais, voir la rubrique « Hémoglobine »), administrer un soluté d’entretien par voie IV (4
Quantité totale = 5 ml x kg (poids de l’enfant) = ml Puis administrer 50 ml en verre par ml/kg/heure) en attendant la transfusion de sang.
sonde NG.

Heure 10 h Voie orale Sonde NG IV


d’administration du 15
glucose :

HÉMOGLOBINE (Hb) (g/l) : 90 Hématocrite (HTC) : DÉSHYDRATATION :

Groupe sanguin : A+ Non


Si Hb < 40 g/l ou HTC < 12 %, transfuser 10 ml/kg de sang total frais (ou 5 à 7 ml/kg de concentré Diarrhée Oui En cas de diarrhée,
de globules rouges) lentement sur 3 heures. Quantité : Heure de début : entourer les signes Agitation/irritabilité Léthargie Soif
aqueuse ? Sang Oui Yeux enfoncés récemment Bouche/langue sèche
Fin : présents :
dans les selles ? Oui Non Absence de larmes
Non
Vomissements ?

ROUGEOLE Ulcér Ou Non ALIMENTATION Commencer


ation l’alimentation avec du F-75 dès que Consigner tous les repas dans un tableau des apports alimentaires sur 24 h
corné
SIGNES
enne
i Gau Droit possible.
che (Si l’enfant est réhydraté, le peser à
OCULAIRES : Auc
X nouveau avant de déterminer la quantité à
donner.
Pus/inflammation un
Nouveau poids : (kg)
Taches de Bitot
Quantité pour un apport toutes les deux
heures :
Opacification 70 ml F-75
cornéenne
Heure de la première prise :
10 h 45
En cas de a e Pen
déshydratation, r dan
donner le d v t
ReSoMal par i o 10
voie orale (ou a m
heu
par sonde NG si q res
l’enfant est trop u i ma
malade) toutes les e s xim
30 minutes * um,
pendant les ( s don
2 premières b e ner
heures et a du
surveiller * **. t m ReS
Quantité : t e oM
5 ml x kg e al
n et
(poids de m
l’enfant) = ml e t du
ReSoMal n s
F-
t 75
Heure s par
/ voi
Début : m e
i ora
F n le
r u (ou
é t par
q e son
u ) de
e nas
n M oga
c i stri
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r N he
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t e tité :
i 5-
o d 10 m
n e lx
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/ s
kg
m e (poid
i l s de
n
l l’enf
u
t ant)
e =
e
) s
N à
F
r o ml
é m ReSo
q Mal
u b
tout
e r es
n e les
c 2 he
e d ures
c
En cas de signes oculaires, administrer tableau des Signes
immédiatement de la vitamine A et de l’atropine. d’hydratation
apports (Oui/Non)**
Consigner ces informations ci-dessous, et sur la
page de prise en charge quotidienne. alimentaires
sur 24 h. F-75 F-75 F-75 F-75 F-75
Quantité prise (ml)
Doses de vitamine A < 6 mois
50 000 UI
par voie orale : 6 - 12 mois 100 000 UI

*Arrêter le ReSoMal en cas de signe d’hyperhydratation : respiration rapide, augmentation des fréquences cardiaque et respiratoire, engorgement des veines
> 12 mois 200 000 UI jugulaires, gonflement des paupières.
** Arrêter le ReSoMal si deux signes ou plus d’hydratation : atteinte du poids cible, miction, langue humide, production de salive, pas de
soif.
ANTIBIOTIQUES (Tous les Faire preuve de discernement pour chaque cas.
enfants en reçoivent) Médicament/voie d'administration Dose/Fréquence/Durée Heure de la 1ère dose

Gentamicine IV Une fois par jour pendant 10 h 30


Ampicilline IV 7 jours 10 h 30
Puis, Orale Toutes les 6 heures Commencer le
amoxicilline (sirop) pendant 2 jours Jour 2
Toutes les 12 heures
pendant 5 jours
11

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER
5. PRENDRE EN CHARGE UN ENFANT ATTEINT DE
MALNUTRITION AIGUE SÉVÈRE EN ÉTAT DE
CHOC

5.1 Qu’est-ce que l’état de choc ?


L’état de choc est un état dangereux résultant d’une diarrhée, d’une hémorragie,
de brûlures ou d’une septicémie accompagnée d’une déshydratation sévère, d’une
hémorragie, de brûlures ou d’une septicémie. Chez un enfant non atteint de
malnutrition, les signes d’état de choc sont, notamment, des extrémités froides,
une recoloration cutanée prolongée (plus de 3 secondes), un pouls rapide et
faible, et une léthargie ou une inconscience. Ces signes peuvent néanmoins
être constatés chez un enfant atteint de malnutrition aigue sévère même en
l’absence d’état de choc, ce qui en rend le diagnostic difficile. Par conséquent, en
cas de malnutrition aiguë sévère, administrez des liquides par voie intraveineuse
uniquement si les critères suivants sont remplis.

Critères de diagnostic de
l’état de choc
Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère est considéré en état de choc s’il présente
les signes suivants :
• léthargie, semi-conscience ou inconscience, et
• mains froides.

Ainsi que :
• temps de recoloration cutanée prolongéa (plus de 3 secondes), ou
• pouls faible ou rapide.b
a. Pour vérifier le temps de recoloration cutanée :
• appuyez sur l’ongle du pouce ou du gros orteil pendant 2 secondes pour
blanchir le lit unguéal ;
• mesurez le temps que la peau au point de pression met à reprendre sa couleur
rosée. S’il est supérieur à 3 secondes, le temps de recoloration cutanée est
prolongé.

b.Fréquence cardiaque normale chez l’enfant :


Âge (ans) Fréquence cardiaque (fourchette)
0à1 100–160
1à3 90–150
3à6 80–140

5.2 Administrer du glucose et des liquides par voie IV et mettre sous


oxygène
Si l’enfant est en état de choc (répond aux critères de l’encadré ci-dessus) :

• administrez 5 ml/kg de solution de glucose à 10 % stérile par voie intraveineuse


(comme décrit à la section 3.3 ci-dessus) ;
• administrez de l’oxygène (voir ci-dessous) ;
• administrez des liquides par voie intraveineuse (voir ci-dessous) ;
• gardez l’enfant au chaud. 12
Administrer de l’oxygène

Si possible, fournissez un débit d’oxygène de 1 à 2 litres par minute (0,5 litre par
minute pour les jeunes nourrissons) dans le but de maintenir la saturation en
oxygène au-dessus de 90 %. Prenez soin d’éliminer le mucus présent dans les
narines, car il risque de bloquer le flux d’oxygène.

13
Administrer des liquides par voie intraveineuse

Des états de choc dus à une déshydratation et à une septicémie peuvent coexister
chez les enfants sévèrement malnutris. Il est difficile de les différencier sur la
seule base des signes cliniques. Les enfants déshydratés répondront aux liquides
de perfusion, alors que ceux en état de choc septique et non déshydratés n’y
répondront pas. La quantité de liquides à administrer par voie intraveineuse
est déterminée par la réponse de l'enfant, sachant que l’hyperhydratation peut
entraîner une insuffisance cardiaque et la mort.

Pour administrer des liquides par voie intraveineuse :

• Posez une voie veineuse (et prélevez du sang pour des analyses de laboratoire
en urgence).
• Vérifiez le poids de départ, les fréquences respiratoire et cardiaque, puis
notez-les dans le PSI. Indiquez également l’heure de début.
• Administrez 15 ml/kg de liquides par voie intraveineuse pendant 1 heure (voir
le tableau ci-dessous). Utilisez l’une des solutions suivantes, à savoir par
ordre de préférence :10
1. solution de Darrow diluée de moitié avec du dextrose à 5 % ;
2. soluté de Ringer-lactate avec du glucose à 5 % ;
3. 0,45 % de solution saline (semi-normale) avec du glucose à 5 %.

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
Poids de Volume de liquides par voie IV : pendant
l’enfant 1 heure (15 ml/kg)
4 kg 60 ml
6 kg 90 ml
8 kg 120 ml
10 kg 150 ml
12 kg 180 ml
14 kg 210 ml
16 kg 240 ml
18 kg 270 ml

• Observez l’enfant et vérifiez sa fréquence respiratoire et sa fréquence cardiaque


toutes les 5 à 10 minutes.
• En cas de signes d’amélioration (fréquences cardiaque et respiratoire plus
lentes) et en absence de signes évidents d’œdème pulmonaire :
- répétez la perfusion de 15 ml/kg pendant 1 heure ; puis
- passez à une réhydratation orale ou par sonde NG avec 5 à 10 ml/kg de
ReSoMal en alternance une heure sur 2 avec du F-75, pendant un
maximum de 10 heures ;
- démarrez la réalimentation avec du F-75 ;
- laissez la perfusion en place au cas où elle serait à nouveau nécessaire ;
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

- continuez de vérifier la fréquence respiratoire et la fréquence cardiaque toutes


les 5 à 10 minutes ;
- continuez de surveiller l’évolution du poids.

• Si l’état de l’enfant ne s’améliore pas après 1 heure de traitement avec


l’administration de liquides par voie intraveineuse, traitez le choc septique
comme suit :
- perfuser des liquides pour couvrir les besoins de base (4 ml/kg par heure) en
attendant de recevoir du sang ; 14
- lorsque du sang est disponible, transfusez 10 ml/kg de sang total frais
lentement sur 3 heures (utilisez des concentrés de globules rouges si
l’enfant présente une insuffisance cardiaque) ; puis
- démarrez la réalimentation avec du F-75 ;
- administrez des antibiotiques par voie intraveineuse ou intramusculaire (voir la
section 9).

10
La solution de Darrow diluée de moitié avec du dextrose à 5 % est préférée car sa teneur en sodium est moins élevée et
sa teneur en potassium plus élevée que celle des 2 autres options. Néanmoins, l’utilisation de la solution de Darrow diluée
de moitié n’est pas recommandée pour la réanimation d’un enfant non atteint de malnutrition aiguë sévère en raison du
risque de survenue d’une hyponatrémie.

15
Remarque : les enfants en état de choc qui répondent partiellement ou pas du
tout aux liquides de réanimation nécessitent une intervention différenciée selon
la cause. Réalisez une anamnèse à l’aide d’un examen clinique, d’examens
complémentaires et d’un traitement. Outre le choc septique, d’autres causes
d’état de choc, telles que le choc toxique ou le choc cardiogénique, devraient être
examinées.11

• Si l’état de l’enfant s’aggrave au cours de la réhydratation par voie IV (signes


d’hyperhydratation et d’insuffisance cardiaque congestive) :
- si augmentation de la fréquence respiratoire de 5 respirations par minute ou
de la fréquence cardiaque de 15 battements par minute, apparition d’une
hépatomégalie, de râles crépitants fins dans l’ensemble des champs
pulmonaires, d’une turgescence des veines jugulaires ou d’un bruit de galop
cardiaque,
arrêtez la perfusion, car celle-ci risque d’aggraver l’état de l’enfant en
provoquant un œdème pulmonaire.

Notez que les étapes de vérification d’un état de choc et d’administration de


liquides par voie IV sont toutes écrites sur le PSI pour rappel (voir l’extrait ci-
dessous).

SIGNES D’ÉTAT DE CHOC

Aucun Semi-conscience/inconscience* Mains froides

Temps de recoloration cutanée prolongé (> 3 secondes) Pouls faible ou rapide


*En cas d’état semi-conscient ou inconscient, de mains froides et de recoloration
cutanée prolongée ou de pouls faible ou rapide, mettre sous oxygène. Administrer du
glucose par voie intraveineuse (IV) tel qu’indiqué dans la rubrique Glycémie (colonne de
gauche).
Puis administrer des liquides par voie IV (quantité par heure) : 15 ml x kg (poids de l’enfant)
= ml
Début Surveiller 2e heur Surveiller
(1 h
ère
toutes les e** toutes les
eure) 10 minutes 10 minutes
Heure
Fréquence
respiratoire
Fréquence
cardiaque
Poids
**En cas d’amélioration après 1 heure (fréquence respiratoire et fréquence cardiaque
plus lentes), administrer la même quantité de liquides par voie IV la deuxième heure, puis
alterner entre ReSoMal et F-75 pendant 10 heures.

En l’absence d’amélioration après 1 heure, appliquer le traitement du choc septique


(transfusion de sang total frais, voir la rubrique « Hémoglobine »), administrer un
soluté d’entretien par voie IV (4 ml/kg/heure) en attendant la transfusion de sang.

11
Updated guideline: paediatric emergency triage, assessment and treatment: care of critically ill children. Genève : World
Health Organization; 2016 (https://apps.who.int/iris/handle/10665/204463).

16
PRENDRE EN CHARGE LA DÉSHYDRATATION
La déshydratation, qui est généralement le résultat d’une diarrhée, est souvent
difficile à diagnostiquer chez un enfant atteint de malnutrition, car les signes
cliniques servant généralement à poser le diagnostic de déshydratation sont
semblables à ceux observés en cas d’émaciation sévère sans déshydratation. La
recherche de ces signes chez ces enfants peut entraîner un surdiagnostic de
déshydratation et une administration inappropriée de liquides, augmentant
ainsi le risque de décès dû à une hyperhydratation.

Chez les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère, la déshydratation doit


être suspectée en cas d’antécédents récents de selles aqueuses (fréquentes avec
une apparition soudaine au cours des dernières heures ou des derniers jours),
de vomissements fréquents, ou de changement récent au niveau du visage
remarqué par la mère.

Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère qui présente un certain niveau


de déshydratation ou une déshydratation sévère, mais qui n’est pas en état de
choc, doit être réhydraté lentement, par voie orale ou par sonde nasogastrique,
en utilisant du ReSoMal. Ne donnez pas de liquides en perfusion.

6.1 ReSoMal : préparer et calculer les bonnes quantités


Qu’est-ce que le ReSoMal ?

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
Le ReSoMal est une solution de réhydratation orale pour enfants atteints de
malnutrition. Il s’agit d’une variante de la solution de réhydratation orale (SRO)
standard recommandée par l’OMS. Le ReSoMal est moins riche en sodium, mais
contient plus de glucose et de potassium que les sels de réhydratation orale
standard.

Préparer la solution ReSoMal

L’OMS recommande l’utilisation de la solution ReSoMal commercial


(préemballé), qui est facilement disponible dans de nombreux pays. Suivez
simplement les consignes de dilution qui figurent sur l’emballage.

En cas de rupture de stock, le ReSoMal peut être préparé à partir de la solution


de réhydratation orale à osmolarité réduite standard de l’OMS à l’aide des
ingrédients supplémentaires indiqués ci-dessous.

Contenu de ReSoMal préparé à partir de SRO à osmolarité réduite standard de


l’OMS
Eau 2000 ml
SRO à osmolarité réduite standard Sachet de 1 l
Glucose 50 g
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

Mélange de minéraux et de vitamines 1 mesurette rouge arasée


(MMV)a
a
La composition du mélange de minéraux et de vitamines (MMV) est présentée à l’annexe 3 du Module 2, sur les
principes relatifs à la prise en charge.

Dissolvez un sachet de solution de réhydratation orale à osmolarité réduite


standard de l’OMS dans 2 l d’eau (au lieu de 1 l). Ajoutez 1 mesurette arasée d’un
mélange de minéraux et de vitamines du commerce ou 40 ml d’une solution de
mélange de minéraux, puis ajoutez et dissolvez 50 g de sucre.Dans certains
17
pays, les sachets disponibles doivent normalement être dilués dans 500 ml
pour obtenir une solution de réhydratation orale à osmolarité réduite standard
de l’OMS. Dans ce cas, la dilution doit être modifiée pour ajouter 1 l d’eau.

Calculer la quantité de ReSoMal à administrer

Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère qui présente un certain niveau de


déshydratation ou une déshydratation sévère, mais qui n’est pas en état de choc,
doit recevoir 5 ml/kg de ReSoMal toutes les 30 minutes au cours des 2 premières
heures. Ensuite, s’il est toujours déshydraté, il doit recevoir 5 à 10 ml/kg/h de
ReSoMal en alternance une heure sur 2 avec du F-75, pendant un maximum
de 10 heures.

Fréquence d’administration Quantité de ReSoMal


Toutes les 30 minutes pendant les 5 ml/kg de poids corporel
2 premières heures
Alterner une heure sur deux pendant 5–10 ml/kg
10 heures

Si l’enfant a déjà reçu des liquides par voie intraveineuse pour traiter un état
de choc et passe au ReSoMal, ignorez le traitement des 2 premières heures et
commencez par la quantité de la période suivante pendant 10 heures.

6.2 Administrer du ReSoMal


Déterminer le poids cible de l’enfant

L’évolution du poids est indispensable pour surveiller l’état d’hydratation ; le poids


doit être mesuré à l’aide d’une balance d’une précision de 10 à 20 g.

Pour les enfants atteints d’émaciation sévère et de déshydratation :

• si le poids avant les épisodes diarrhéiques est connu, utilisez-le comme


référence pour surveiller la prise de poids durant l’hydratation ;
• si le poids avant les épisodes diarrhéiques n’est pas connu, considérez une
perte de poids de 5 % et déterminez le poids cible avant d’administrer le
ReSoMal.

Chez les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère présentant des œdèmes
et une déshydratation, la réhydratation doit être effectuée avec plus de
précaution.

Administrer lentement du ReSoMal

Il est essentiel d’administrer lentement du ReSoMal, beaucoup plus lentement que


si vous donniez une solution de réhydratation orale à un enfant bien nourri. Trop
de liquide, trop rapidement, peut provoquer une insuffisance cardiaque.

La tasse représente la meilleure façon d’administrer du ReSoMal, même si l’enfant


est très malade. Vous devrez peut-être stimuler l’enfant ou utiliser une cuillère
ou une seringue.

Si la mère arrive à donner du ReSoMal, apprenez-lui à le faire lentement.


L’utilisation d’une sonde NG pour administrer du ReSoMal devrait être
déconseillée. Étant donné que le degré de déshydratation ne peut pas être
déterminé par des signes cliniques et qu’un excès de liquides pourrait causer
une insuffisance cardiaque, il est18 très important de ne pas forcer
l’administration de liquides. Lorsque les liquides sont administrés par voie orale,
la soif de l’enfant aide à réguler la quantité donnée.

Il est essentiel d’arrêter le ReSoMal dès que l’enfant atteint son poids cible.

Encouragez et aidez la mère à continuer d’allaiter son enfant au sein pendant


la réhydratation.

6.3 Surveiller un enfant sous ReSoMal


Suivi des progrès

Surveillez l’évolution de l’enfant toutes les demi-heures pendant les 2 premières


heures. Il est important de procéder à une évaluation complète de l’état de santé
de l’enfant après les 2 premières heures.

Puis surveillez toutes les heures, c’est-à-dire à chaque prise de F-75 ou de


ReSoMal. Continuez de le surveiller même après l’amélioration de l’état
d’hydratation et l’arrêt du ReSoMal.

Signes à contrôler

Contrôlez les signes suivants :

• atteinte du poids cible : stoppez le ReSoMal dès que l’enfant a atteint son
poids cible ;

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
• signes cliniques d’amélioration ;
• signes cliniques d’hyperhydratation ;
• fréquence respiratoire : comptez le nombre de respirations pendant une minute
complète ;
• fréquence cardiaque : comptez le nombre de battements pendant 30 secondes,
puis multipliez ce chiffre par 2 ;
• fréquence urinaire : l’enfant a-t-il uriné depuis le dernier examen ?
• fréquence des selles ou des vomissements : l’enfant a-t-il fait des selles ou vomi
depuis le dernier examen ?
• fréquences respiratoire et cardiaque normales ;
• mictions.

Consignez toutes ces informations dans le PSI. Notez tout changement lorsque
vous contrôlez les signes ci-dessus.

Stoppez le ReSoMal dès lors que l’enfant atteint son poids cible. Continuez de le
surveiller même après l’amélioration de l’état d’hydratation et l’arrêt du ReSoMal.

À mesure que l’enfant prend du poids pendant la réhydratation, vous devez


constater une amélioration des signes cliniques. Si ce n’est pas le cas, le
diagnostic initial de déshydratation était erroné et le ReSoMal doit être arrêté.

Signes d’hyperhydratation
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

Arrêtez immédiatement le ReSoMal à l’apparition d’un des signes suivants :

• dépassement du poids cible de l’enfant ;


• augmentation de la fréquence respiratoire ou de la fréquence cardiaque ;
• engorgement des veines jugulaires (détection de l’onde de pouls au niveau du
cou) ;
• aggravation des œdèmes (gonflement 19des paupières, par exemple).
6.4 Prendre en charge la diarrhée
Enfants atteints de diarrhée aqueuse (aiguë) profuse

En cas de diarrhée aqueuse (aiguë) profuse (choléra, par exemple), l’enfant ne doit
pas recevoir de ReSoMal. En effet, le ReSoMal n’est pas adapté pour compenser
la perte de sodium associée au choléra. Il doit recevoir une solution de
réhydratation orale à osmolarité réduite standard de l’OMS préparée normalement,
c’est-à-dire sans dilution supplémentaire.

Enfants atteints de diarrhée osmotique

La diarrhée osmotique est fréquente chez les enfants malnutris lorsqu’ils


commencent à recevoir des aliments thérapeutiques, en raison d’une
intolérance aux glucides. Elle est généralement la conséquence d’une atrophie
des villosités et de l’effet que les glucides présents dans l’alimentation et les
liquides de réhydratation ont sur l’intestin, entraînant une augmentation des
pertes liquidiennes dans l’intestin.

L’administration de ReSoMal n’est pas nécessaire sauf en cas de perte de poids


significative (signe de déshydratation). Continuez à donner les repas et
surveillez de près l’évolution du poids.

Enfants atteints de diarrhée persistante

La diarrhée persistante se caractérise par des selles de consistance liquide ou molle


au moins 3 fois par jour pendant plus de 14 jours. Elle peut être due à une
intolérance aux glucides ou à une prolifération bactérienne dans l’intestin grêle,
mais peut également être associée à des infections intestinales comme la
cryptosporidiose ou à une infection à Giardia, Shigella ou Salmonella. Les enfants
infectés par le VIH présentent aussi fréquemment une diarrhée persistante qui peut
parfois être due à une cryptosporidiose ou à une intolérance sévère aux glucides.

Dans ce type de situation, la prise en charge de la diarrhée persistante associe


généralement des interventions nutritionnelles (notamment des régimes riches en
nutriments essentiels, en particulier en zinc), la limitation des disaccharides (en
utilisant par exemple des aliments pauvres en lactose), un traitement de la
prolifération bactérienne, et, le cas échéant, un traitement d’une infection
intestinale ou d’une infection généralisée.

N’administrez pas de ReSoMal aux enfants présentant une diarrhée persistante,


sauf en cas de signes de déshydratation.

20
7. PRENDRE EN CHARGE L’ANÉMIE TRÈS SÉVÈRE

7.1 Qu’est-ce que l’anémie très sévère ?


L’anémie est une réduction anormale du taux d’hémoglobine dans le sang.
L’anémie très sévère correspond à un taux d’hémoglobine < 40 g/l (ou à un
taux d’hématocrite < 12 %). La malnutrition n’étant généralement pas la cause
d’une anémie très grave, il est important de rechercher d’autres causes possibles
telles que le paludisme grave.

L’anémie légère ou modérée est très fréquente chez les enfants atteints de
malnutrition aiguë sévère et ne devrait pas être traitée par un apport de fer.

7.2 Réaliser une transfusion sanguine en cas d’anémie très sévère


Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère doit recevoir une transfusion
sanguine s’il présente une anémie très sévère, à savoir un taux d’hémoglobine
inférieur à 40 g/l ou inférieur à 60 g/l en cas de signes de détresse respiratoire.
Des précautions doivent être prises car la détresse respiratoire peut aussi être
un signe d’insuffisance cardiaque, une transfusion sanguine inappropriée pouvant
alors aggraver l’insuffisance cardiaque et entraîner la mort.
Un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère ne doit recevoir une transfusion
sanguine que si le diagnostic d’anémie très sévère a été posé dans les 24 premières
heures suivant son admission. Ne pratiquez pas de transfusion si l’enfant a été

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
hospitalisé et est alimenté depuis plus de 24 heures.
Le sang destiné aux transfusions doit être contrôlé afin de rechercher la
présence du VIH, des virus de l’hépatite B et de l’hépatite C, ainsi que d’autres
agents pathogènes véhiculés par le sang.12
La transfusion doit être plus lente et le volume plus faible que pour un enfant
bien nourri (voir l’étape 3).
1. Arrêtez toute alimentation par la bouche et toute perfusion pendant la
transfusion.
2. Recherchez des signes d’insuffisance cardiaque congestive, tels qu’une
respiration rapide, une détresse respiratoire, un pouls rapide, un
engorgement des veines jugulaires, des mains et des pieds froids et une
cyanose localisée aux extrémités des doigts et sous la langue.
3. Préparez le sang. En l’absence de signes d’insuffisance cardiaque
congestive, transfusez 10 ml/kg de sang total frais lentement sur 3 heures.
En cas de signes d’insuffisance cardiaque, administrez 5 à 7 ml/kg de
concentré de globules rouges sur 3 heures au lieu du sang total.
4. Administrez un diurétique13 en début de transfusion pour faire de la place
au sang. Le furosémide (1 mg/kg, administré par voie intraveineuse) est
le choix le plus approprié.
7.3 Assurer une surveillance transfusionnelle
Surveillez les fréquences respiratoire et cardiaque, auscultez les poumons,
examinez l’abdomen pour estimer la taille du foie et recherchez la présence
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

d’une turgescence des veines jugulaires toutes les 15 minutes


12.
En cas d’impossibilité à réaliser un dépistage du VIH et du virus de l’hépatite B, ou de forte prévalence du VIH, ne
réalisez une transfusion que si le taux d’hémoglobine est inférieur à 30 g/l (ou hématocrite < 10 %), ou en présence de
signes d’insuffisance cardiaque potentiellement mortelle. 13 Ne traitez jamais les œdèmes d’un enfant atteint de malnutrition
aiguë sévère à l’aide de diurétiques. L’administration d’un diurétique avant la transfusion sanguine vise à prévenir une
insuffisance cardiaque congestive due à une surcharge volémique avec la transfusion.

21
pendant la transfusion. Si la fréquence respiratoire ou la fréquence cardiaque
augmente (de 5 inspirations par minute ou de 25 battements par minute),
transfusez plus lentement. En cas de râles crépitants aux bases pulmonaires ou
d’hépatomégalie, arrêtez la transfusion et administrez 1 mg/kg de furosémide
par voie IV.

22
Exercice A
Pour cet exercice, vous disposerez d’informations et de PSI partiellement
complétés pour plusieurs enfants. Vous répondrez ensuite à des questions sur
le traitement à administrer. Servez-vous de vos fiches de référence, si
nécessaire.

Cas n° 1 : Tina

Tina est une fille âgée de 18 mois qui a été adressée par un centre de santé. Ses
bras et ses épaules semblent très fins. Elle présente des œdèmes modérés (au
niveau des pieds et du bas des jambes). Elle n’a ni diarrhée ni vomissements et
ses yeux sont clairs. Elle est hospitalisée à la suite d’un échec au test d’appétit.
Les rubriques suivantes du PSI fournissent des informations complémentaires.

TEMPÉRATURE

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
3,5 mmol/l

HT

SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

23
1a. Quel est le Z score du rapport poids/taille de Tina ?

1b. Tina devrait-elle être admise dans le service de prise en charge de la


malnutrition aiguë sévère ? Pour quelle raison ?

1c. Tina est-elle en hypothermie ?

1d. Tina est-elle en hypoglycémie ?

1e. Tina présente-t-elle une anémie très sévère ?

1f. Tina est alerte et n’a pas les mains froides. Son temps de recoloration
cutanée est de 2 secondes. Son pouls ne semble pas faible. Selon la définition
donnée dans ce module, Tina est-elle en état de choc ?

1g. Quelles sont les deux mesures à prendre immédiatement pour Tina d’après
les résultats ci-dessus ?

Discutez de vos réponses avec un animateur une fois que vous avez terminé
ce cas.

24
Cas n° 2 : Kalpana

Kalpana est une fille âgée de 3 ans. Elle était très pâle lorsqu’elle a été admise
à l’hôpital. Néanmoins, elle est alerte et parvient à boire. Elle n’a ni signes d’état
de choc, ni diarrhée, ni vomissements, ni problèmes oculaires. D’autres
observations figurent dans les rubriques suivantes du PSI.

8,0 83

TEMPÉRATURE 36,0 °C

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
HT

2a. Que faut-il administrer immédiatement à Kalpana pour traiter son


hypoglycémie ?
Par quelle voie ?

2b. Quand Kalpana devrait-elle commencer à prendre du F-75 ? Quelles


doivent être la fréquence et la quantité de ses repas ?

2c. Kalpana présente-t-elle une anémie très sévère ? Si oui, que faut-il faire ?
Kalpana ne présente pas de signes d’insuffisance cardiaque.
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

Cas n° 3 : John

John, un garçon âgé de 15 mois, est malade depuis les épisodes de pluies d’il
y a 5 semaines. Il n’a pas mangé depuis 3 jours, mais il a reçu des liquides
maison pour sa diarrhée. À son arrivée à l’hôpital, John était léthargique et
abattu. Le médecin
25
a supposé que sa glycémie était basse sans prendre le temps d’effectuer un
prélèvement sanguin et un test à l’aide du dextrostix. La température de John ne
s’affiche pas sur un thermomètre standard. Ses gencives, ses lèvres et l’intérieur
de ses paupières ont une couleur normale (absence de pâleur). Des
informations complémentaires sont fournies ci-dessous.

5,8

TEMPÉRATURE

SIGNES D’ÉTAT DE CHOC

Aucun Semi-conscience/inconscience* Mains froides

Temps de recoloration cutanée prolongé (> 3 secondes) Pouls faible ou rapide


* En cas d’état semi-conscient ou inconscient, de mains froides et de recoloration
cutanée prolongée ou de pouls faible ou rapide :
Administrer de l’oxygène : 1 à 2 l par minute. Administrer 5 ml/kg de solution de glucose
à 10 % stérile par voie IV pendant 10 minutes.
Quantité 5 ml x kg (poids de l’enfant) = ml
Administrer des liquides par voie IV, soit une solution de Darrow diluée de moitié
avec du glucose à 5 % soit un soluté de Ringer-lactate avec du glucose à 5 %, et
ajouter 15 ml/kg de chlorure de potassium (20 mmol/l) stérile pendant 1 heure. Quantité
15 ml x kg (poids de l’enfant) = ml
Début Surveiller toutes les 2 heure Surveiller toutes les
e

: 10 minutes ** 10 minutes
(1ère h
eure)
Heure
Fréquence
resp.
Fréquence
cardiaque
Poids

26
**Si les fréquences respiratoire et cardiaque sont plus lentes après 1 heure, administrer
la même quantité de liquides par voie IV la deuxième heure, puis alterner entre
ReSoMal et F-75 pendant 10 heures, tel qu’indiqué dans la partie droite du tableau ci-
dessous. En l’absence d’amélioration après 1 heure sous perfusion intraveineuse,
appliquer le traitement du choc septique (transfusion de sang total frais) (voir la rubrique de
gauche « Hémoglobine »).

27
3a. Quelles sont les quatre interventions dont John a besoin immédiatement ?

3b. De quelle quantité de glucose John a-t-il besoin ?

3c. Quelle quantité de liquides par voie intraveineuse faut-il administrer au cours
de la première heure ?

John reçoit des liquides par intraveineuse à partir de 09 h 45. Sa fréquence


respiratoire est de 60 respirations par minute, et sa fréquence cardiaque est de
130 battements par minute. John est surveillé toutes les 10 minutes durant l’heure
qui suit ; ses fréquences respiratoire et cardiaque ralentissent. À 10 h 45, sa
fréquence respiratoire est de 40 respirations par minute et sa fréquence cardiaque
est de 105 battements par minute.

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
3d. Que faut-il faire durant l’heure suivante ?

Après 2 heures de perfusion intraveineuse, John est assez alerte pour boire, bien
qu’il semble toujours malade. Après mesure, sa glycémie est de 5 mmol/l. Son
taux d’hémoglobine est de 82 g/l. Il est de nouveau pesé et la balance affiche
6 kg.

3e. Que faut-il administrer John en alternance pendant les 10 heures


suivantes ?

3f. Quelle quantité de F-75 doit être administrée à chaque repas ? (N’oubliez pas
d’utiliser le nouveau poids de John afin de déterminer la quantité de F-75.)

Discutez de vos réponses avec un animateur une fois que vous avez terminé cet
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

exercice.

28
Exercice B

Dans cet exercice, le groupe préparera et goûtera la solution ReSoMal, puis il


mesurera les quantités appropriées à donner aux enfants atteints de
malnutrition aiguë sévère.

Un animateur dirigera cet exercice. Après avoir préparé et goûté la solution


ReSoMal, chaque participant devra répondre individuellement aux questions
suivantes. Ensuite, un animateur demandera à chacun de mesurer la quantité
de ReSoMal donnée dans l’une des réponses.

1. Ramesh est sévèrement déshydraté et commence tout juste à recevoir du


ReSoMal. Il pèse 7,3 kg.
a. Quelle quantité de ReSoMal faut-il administrer à Ramesh toutes les
30 minutes pendant les 2 heures suivantes ?

b. Au bout de 2 heures, quelle est la quantité minimale de ReSoMal que


Ramesh devrait recevoir une heure sur deux ?

c. Quelle est la quantité maximale de ReSoMal que Ramesh devrait


recevoir une heure sur deux ?

2. Sula est sévèrement déshydratée. Elle pèse 11,6 kg.


a. Quelle quantité de ReSoMal faut-il administrer à Sula toutes les
30 minutes pendant les 2 heures suivantes ?

b. Au bout de 2 heures, quelle est la quantité minimale de ReSoMal que


Sula devrait recevoir une heure sur deux ?

c. Quelle est la quantité maximale de ReSoMal que Sula devrait recevoir


une heure sur deux ?

29
8. PRODIGUER DES SOINS OCULAIRES D’URGENCE

8.1 Examiner les yeux


Lavez-vous les mains. Touchez les yeux avec beaucoup de précaution et le
moins possible. Les yeux de l’enfant peuvent être sensibles à la lumière, ce qui
entraîne une douleur lorsqu’il y est exposé (photophobie). C’est pourquoi il les
garde fermés, ce qui rend l’examen très difficile et les yeux vulnérables aux
traumatismes liés à cette pratique. Examinez les yeux avec beaucoup de
précaution.

Si un œil ou les deux yeux présentent l’un des signes oculaires suivants, des soins
oculaires d’urgence sont nécessaires :

• conjonctive ou cornée sèche ;


• taches de Bitot ;
• opacification cornéenne ;
• ulcération cornéenne.

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
Ces signes ont été définis dans le Module 2.

8.2 Administrer de la vitamine A et de l’atropine en collyre aux enfants


présentant des signes oculaires
Administrez immédiatement par voie orale de la vitamine A sous forme huileuse si
l’enfant présente un signe oculaire. La dose de traitement suivante doit être
administrée au Jour 1, au Jour 2 et au Jour 15.

Âge Dose de vitamine A (unités


internationales)
< 6 mois 50 000 UI
6–12 mois 100 000 UI
> 12 mois 200 000 UI

Instillez une goutte d’atropine (0,1 %) dans l’œil ou les yeux affectés afin de
les détendre et d’empêcher le cristallin de pousser vers l’avant. Des gouttes de
collyre à la tétracycline ou au chloramphénicol et un bandage sont nécessaires.
La continuité du traitement de l’ulcération cornéenne est décrite dans le
Module 5 consacré à la prise en charge quotidienne.
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

30
Exercice C

Pour cet exercice, vous disposerez d’informations et d’un PSI partiellement


complété ou d’un PSI vierge pour plusieurs enfants. Vous répondrez ensuite à
des questions sur le traitement à administrer ou vous compléterez le PSI.

Si l’enfant a la rougeole ou a eu la rougeole au cours des 3 derniers mois, le nombre


de doses de vitamine A administrées peut varier (ce point est traité dans le
Module 5 consacré à la prise en charge quotidienne).

Cas n° 1 : Marwan

Marwan est un garçon âgé de 11 mois. Les rubriques suivantes du PSI fournissent
des informations complémentaires. Marwan est éveillé, ne présente aucun signe
d’état de choc, n’a pas de diarrhée ni de vomissements. Son dextrostix affiche
une glycémie comprise entre 2 et 4 mmol/l.

6,2

TEMPÉRATURE

2 4

31
ROUGEOLE Oui Non
SIGNES OCULAIRES : Aucun Gauche Droit
Taches de Bitot
Pus/inflammation
Opacification cornéenne Oui
Ulcération cornéenne Oui
En cas de signes oculaires, administrer immédiatement de la vitamine A. Ajouter de
l’atropine en présence d’ulcération cornéenne. Noter ci-dessous, et sur la page de
prise en charge quotidienne.
Doses de < 6 mois 50 000 UI
vitamine A 6–12 mois 100 000 UI
par voie
> 12 mois 200 000 UI
orale :

Quelles sont les quatre mesures à prendre immédiatement pour Marwan ?

Case n° 2 : Ram

(Pour ce cas, utilisez la première page d’un PSI vierge, disponible dans votre salle
de classe.)

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
Ram est un garçon âgé de 9 mois. Il ne s’alimente pas correctement depuis
3 semaines. Il a eu des selles molles et a vomi au cours des 3 derniers jours, et
présente un certain niveau de déshydratation. Absence de sang dans ses selles.

Ram présente une émaciation sévère et une dermatose légère, mais pas
d’œdème. Il pèse 4,4 kg et mesure 64 cm.

Ram a une température rectale de 38 °C et une glycémie de 5 mmol/l. Son taux


d’hémoglobine est de 120 g/l. Ses yeux semblent clairs et il n’a pas eu la
rougeole. Il ne présente aucun signe d’état de choc.

Le poids de Ram avant les épisodes diarrhéiques n’est pas connu. On considère qu’il
a perdu 5 % de son poids.

2a. À l’aide des informations ci-dessus sur Ram, complétez autant de rubriques du
PSI que possible. Calculez son poids cible.

Remarque : pour cet exercice, vous ne compléterez pas la rubrique du PSI


relative aux antibiotiques. Bien qu’il soit important d’administrer rapidement des
antibiotiques, vous en saurez davantage à ce sujet plus tard. Dans la rubrique
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

intitulée « diarrhée », ne remplissez que la partie supérieure et notez la quantité


de ReSoMal à administrer. Ne remplissez pas encore la rubrique relative à
l’alimentation.

Étant donné que Ram a récemment eu un épisode diarrhéique et présentait un


certain niveau de déshydratation, mais pas de signes d’état de choc, il a besoin de
ReSoMal. Il reçoit d’abord du ReSoMal à 09 h 00. Sa fréquence respiratoire est de
28 respirations par minute et sa fréquence
32
cardiaque est de 105 battements par
minute. Il prend avidement toute la quantité. À 09 h 30, sa fréquence respiratoire
est stable à 28 respirations par minute et sa fréquence cardiaque est de
105 battements par minute. Ram n’a pas uriné. Il a eu une selle molle, mais n’a
pas vomi. Les signes d’hydratation n’ont pas évolué. Ram prend de nouveau toute
la quantité de ReSoMal.

33
2b. Dans la rubrique « diarrhée » du PSI de Ram, complétez la colonne « début »
(09 h 00) et la colonne pour 09 h 30. (Vous devrez abréger ou écrire très
brièvement sur la ligne des signes d’hydratation. Étant donné que les signes
d’hydratation de Ram n’ont pas évolué, écrivez « identiques ».)

Les colonnes ci-dessous montrent l’évolution de l’état de santé de Ram au


cours de l’heure suivante. Il continue de prendre toute la quantité de ReSoMal.
Vous pouvez noter ces informations dans le PSI de Ram si vous le souhaitez.

Heure 10 h 00 10 h 30
Fréquence respiratoire 28 25
Fréquence cardiaque 105 100
Miction ? OUI/NON NON OUI
Nombre de selles 0 0
Nombre de vomissements 1 0
Signes d’hydratation Identiques Bouche humide

2c. À 11 h 00, Ram peut entamer la prochaine période de traitement, durant


laquelle il reçoit du ReSoMal en alternance une heure sur 2 avec du F-75.
Quelle quantité de ReSoMal faut-il administrer à Ram une heure sur deux ?
Notez ces informations dans le PSI.

2d. Quels signes d’hyperhydratation faut-il surveiller durant cette période ?

À 11 h 00, la fréquence respiratoire de Ram est de 25 respirations par minute


et sa fréquence cardiaque est de 100 battements par minute. Il n’a pas uriné,
mais a eu des selles molles au cours de l’heure écoulée. Il n’a pas vomi. Ram
prend la quantité maximale de ReSoMal dans sa fourchette, mais il semble ne
plus avoir soif ni envie de boire.

2e. Complétez la colonne de la rubrique Diarrhée du PSI de Ram pour 11 h 00.

À 12 h 00, la fréquence respiratoire de Ram est de 25 respirations par minute


et sa fréquence cardiaque est de 100 battements par minute. Il n’a ni uriné ni
fait de selles ni vomi dans l’heure écoulée. Ram est de nouveau pesé. La balance
affiche 4,62 kg à présent. Ram accepte toujours de boire selon la fourchette
recommandée, bien qu’il ne le fasse plus avec avidité.

2f. Quels signes d’amélioration de l’état d’hydratation présente Ram ? A-t-il


atteint son poids cible ?

34
2g. Faut-il poursuivre l’administration systématique de ReSoMal une heure sur
deux ? Pour quelle raison ?

Discutez de vos réponses avec un animateur une fois que vous avez terminé
ce cas.

Cas n° 3 : Irena

(Pour ce cas, utilisez la première page d’un PSI vierge, disponible dans votre
salle de classe. Ce cas sera traité en groupe.)

Irena est une fille âgée de 25 mois. Elle arrive à l’hôpital à 10 h 00 le 3 mars. Elle a
la diarrhée et vomit depuis 10 jours. Elle présente une émaciation sévère, mais n’a
ni œdème ni dermatose. Irena pèse 6,1 kg et mesure 74 cm.

Irena a une température rectale de 36 °C et une glycémie de 4 mmol/l. Son


taux d’hémoglobine n’a pas été mesuré. Son œil gauche semble normal. En

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
revanche, du pus s’écoule au niveau de son œil droit. Elle n’a jamais eu la rougeole.

Irena a les mains froides et est semi-consciente. Lorsque le médecin appuie sur
l’ongle de son pouce, le temps de recoloration cutanée au niveau du lit unguéal est
supérieur à 3 secondes. Son pouls est rapide (140 battements par minute).

3a. À l’aide des informations sur Irena, complétez autant de rubriques du PSI
que possible.

Remarque : pour cet exercice, vous ne compléterez pas la rubrique relative aux
antibiotiques. Bien qu’il soit important d’administrer rapidement des
antibiotiques, vous en saurez davantage à ce sujet plus tard. Dans la rubrique
intitulée « diarrhée », ne remplissez que la partie supérieure pour l’instant (dans
les signes de déshydratation). Ne remplissez pas encore la rubrique relative à
l’alimentation.

3b. Irena est-elle en hypoglycémie ? Est-elle en hypothermie ?


SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

3c. Irena a-t-elle besoin de vitamine A ? En a-t-elle besoin immédiatement ?

3d. Quels signes d’état de choc présente Iréna ?

35
3e. Quelle quantité de solution de glucose à 10 % stérile faut-il lui administrée
par voie intraveineuse ? Notez cette quantité dans la rubrique « glycémie »
du PSI.

3f. Quelle quantité de liquides par voie intraveineuse faut-il administrer à Irena
la première heure ? Notez cette quantité dans la rubrique « signes d’état
de choc » du PSI.

À 10 h 30, Irena est mise sous perfusion. Sa fréquence respiratoire est de


40 respirations par minute et sa fréquence cardiaque est de 140 battements par
minute. Les infirmières surveillent Irena toutes les 10 minutes. Les résultats sont
les suivants.

Fréquence Fréquence Observations


respiratoire cardiaque
10 h 40 38 130
10 h 50 36 120
11 h 00 35 100 Irena s’assoit, et semble alerte
11 h 10 33 90
11 h 20 32 85
11 h 30 30 80

3g. Indiquez l’heure de début et les fréquences dans le PSI d’Irena. Ensuite, notez
les informations obtenues à partir de la surveillance de son état de santé.
Que faut-il faire ensuite pour Irena ?

Irena reçoit des liquides par voie intraveineuse pendant une heure supplémentaire.
Pendant la deuxième heure, sa fréquence respiratoire reste stable à 30 respirations
par minute et sa fréquence cardiaque est de 80 battements par minute. Après
perfusion, Irena pèse 6,2 kg.

3h. Complétez la rubrique IV du PSI d’Irena.

3i. Que faut-il administrer à Irena à 12 h 30 ? En quelle quantité ? Indiquez la


fourchette de quantités dans le PSI au niveau de la deuxième partie
(droite) de la rubrique intitulée « diarrhée ».

À 12 h 30, la fréquence respiratoire d’Irena est de 30 respirations par minute et sa


fréquence cardiaque de 80 battements par minute. Elle n’a pas uriné. Elle a eu
une selle molle, mais n’a pas vomi.
36
3j. Complétez la colonne pour 12 h 30 dans la partie droite de la rubrique intitulée
« diarrhée » du PSI. L'infirmière propose à Irena la quantité maximale de
ReSoMal dans sa fourchette, qu’elle prend entièrement avec avidité.
Indiquez cette quantité dans l’espace prévu à cet effet au bas de la colonne
12 h 30.

À 13 h 30, la fréquence respiratoire d’Irena est de 30 respirations par minute et


sa fréquence cardiaque de 80 battements par minute. Elle a eu une selle molle,
n’a pas vomi ni uriné.

3k. Complétez la colonne 13 h 30 de la rubrique intitulée « diarrhée » du PSI.

3l. À l’aide du nouveau poids d’Irena de 6,2 kg, consultez votre fiche de
référence sur l’administration de F-75 pour trouver la quantité de F-75 à
administrer à 13 h 30. Notez cette quantité dans la rubrique alimentation du
PSI.

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
3m.Que faut-il administrer à Iréna à 14 h 30 ?

Douze heures après son arrivée à l’hôpital, Irena va beaucoup mieux. Étant
donné qu’elle a très bien répondu aux perfusions intraveineuses et au ReSoMal
(elle a atteint son poids cible de 6,5 kg), elle était clairement déshydratée. Elle
doit continuer de prendre du F-75 toutes les 2 heures, mais n’a plus besoin de
ReSoMal. Elle devra recevoir des antibiotiques. Vous en saurez davantage dans
la section suivante du module.

SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

37
9. ADMINISTRER DES ANTIBIOTIQUES

Tous les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère doivent recevoir des
antibiotiques afin de traiter une possible infection. Administrez dès que possible la
première dose d’antibiotiques parallèlement aux autres traitements initiaux.

9.1 Sélectionner des antibiotiques


Le choix des antibiotiques dépend de la gravité des complications et des profils
de résistance.

Comme l’illustre le tableau récapitulatif ci-dessous :

• commencez par administrer de la gentamicine par voie IV, associée à de


l’ampicilline par voie IV, puis de l’amoxicilline par voie orale ;
• en cas de complications graves (par exemple état de choc, septicémie,
infections graves), ou de contexte de résistance aux antibiotiques de première
intention, envisagez d’autres antibiotiques (voir l’annexe 2 du Mémento de soins
hospitaliers pédiatriques de l’OMS intitulée Posologies et schémas
thérapeutiques).14

En cas de septicémie ou de choc septique :

• administrez 50 mg/kg de céfotaxime par voie IV ou IM toutes les 8 à


12 heures + 10 à 20 mg/kg de ciprofloxacine par voie orale, 2 fois par jour
pendant 5 jours).

En cas de suspicion d’infection à staphylocoque :

• ajoutez de la cloxacilline par voie IV (25 à 50 mg/kg/dose : 4 fois par jour, en


fonction de la gravité de l’infection).

Si des infections particulières nécessitant un antibiotique supplémentaire sont


détectées, cet antibiotique doit aussi être administré. Par exemple, la dysenterie
et la pneumonie peuvent nécessiter des antibiotiques supplémentaires. Certaines
infections cutanées, comme la candidose, nécessitent des antibiotiques
spécifiques. Une liste d’antibiotiques utilisés dans le traitement d’infections
particulières est dressée dans le Mémento de soins hospitaliers pédiatriques de
l’OMS, à l’annexe 2. Posologies et schémas thérapeutiques.

14
Mémento de soins hospitaliers pédiatriques : prise en charge des affections courantes de l’enfance, 2e éd. Genève :
Organisation mondiale de la Santé, 2013 (https://apps.who.int/iris/handle/10665/187940).

38
Récapitulatif : antibiotiques chez l’enfant atteint de malnutrition aiguë sévère

En cas de : Donn
er :
Antibiotiques de Gentamicine par IV ou IM (7,5 mg/kg), une fois par jour
b

première intentiona pendant 7 jours, associée à :


Ampicilline par IV ou IM Suivie d’amoxicillinec par voie
(50 mg/kg), toutes les orale : 25–40 mg/kg, toutes
6 heures pendant 2 jours les 12 heures
pendant 5 jours
En cas de complications En cas de septicémie ou de choc septique : administrez
graves (état de choc, 50 mg/kg de céfotaxime par IV ou IM toutes les 8 à
septicémie, infections 12 heures + ciprofloxacine par voie orale (10 à
graves, par exemple) 20 mg/kg, 2 fois par jour pendant 5 jours)
et de contexte de En cas de suspicion d’infection à staphylocoque :
résistance à ajoutez de la cloxacilline par voie IV (25 à
l’amoxicilline et à 50 mg/kg/dose 4 fois par jour, en fonction de la gravité
l’ampicilline : de l’infection)
Si une infection Antibiotiques spécifiques, tels qu’indiqué dans le
particulière nécessite Mémento de soins hospitaliers pédiatriques de l’OMS,
un antibiotique annexe 2. Posologies et schémas thérapeutiques.
supplémentaire,
administrez
également :

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
a
Remarque : adaptez le traitement antibiotique au profil de résistance local.
b
Si l’enfant n’urine pas, la gentamicine risque de s’accumuler dans le corps et de provoquer la surdité. N’administrez
pas la deuxième dose tant que l’enfant n’a pas uriné.
c
Si vous ne disposez pas d’amoxicilline, donnez de l’ampicilline par voie orale (50 mg/kg), toutes les 6 heures pendant
5 jours.

Différentes formes pharmaceutiques sont disponibles (par exemple,


comprimés ou sirops de différents dosages). La forme pharmaceutique du
médicament influencera la quantité à mesurer pour une dose. Certaines formes
pharmaceutiques courantes sont données dans les tableaux des posologies de la
fiche de référence sur l’administration d’antibiotiques (annexe Web B). Reportez-
vous à la fiche de référence sur l’administration d’antibiotiques pendant que vous
lisez les étapes et l’exemple suivants.

Étapes pour déterminer la dose

Suivez les étapes ci-dessous afin de déterminer la dose.

1. Reportez-vous au tableau récapitulatif pour savoir quel médicament


administrer et par quelle voie.
2. Déterminez le poids cible de l’enfant.
3. Déterminez la forme pharmaceutique du médicament disponible (par
exemple, comprimé ou sirop et dosage).
4. Recherchez la forme pharmaceutique dans les tableaux des posologies et
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

trouvez la quantité à administrer en fonction du poids de l’enfant. Pour la


plupart des médicaments, la posologie correspond à une fourchette de
poids. Pour la gentamicine, les doses sont données pour des poids donnés.

Remarque : n’utilisez pas l’âge de l’enfant pour déterminer la dose.

Pour connaître les doses et les préparations, reportez-vous à l’annexe 2 du


Mémento de soins hospitaliers pédiatriques de l’OMS intitulée Posologies et schémas
thérapeutiques. 39
9.2 Choisir et utiliser la meilleure voie d’administration
Parfois, vous devrez choisir d’administrer un médicament par voie
intraveineuse (IV) ou par injection intramusculaire (IM). Les injections IM sont
très douloureuses pour un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère. Si une
tubulure de perfusion est en place et utilisée pour administrer des liquides, utilisez-
la également pour l’antibiotique.15

En l’absence de tubulure de perfusion et si une seule injection IM est nécessaire,


administrez-la. En revanche, veillez à éviter de provoquer des hématomes au
niveau de la peau, car celle-ci est sensible, aussi l’enfant n’aura pas beaucoup
de muscles, recherchez les sites ayant le plus de muscles et alternez-les (par
exemple, les fesses, les cuisses). Si vous devez injecter plus de 2 ml, divisez la
dose entre deux sites.

Si des injections fréquentes sont nécessaires, il est préférable d’utiliser une


aiguille à ailettes de calibre 21 ou 23 afin de garder une veine ouverte en vue
de l’injection d’antibiotiques. Utilisez la dose IV. Cette option permet au
personnel d’administrer facilement l’antibiotique par voie intraveineuse sans
laisser de poche à perfusion suspendue. Par ailleurs, elle est moins
douloureuse pour l’enfant.

Un cathéter hépariné peut également être utilisé pour garder une veine ouverte et
administrer des antibiotiques.

15
Remarque : la gentamicine interagit avec les pénicillines et les céphalosporines. Par conséquent, elle ne doit pas être
administrée en même temps dans la même perfusion en goutte-à-goutte.

40
Exercice D

Pour cet exercice, vous sélectionnerez des antibiotiques et déterminerez les


posologies pour plusieurs enfants. Reportez-vous à la fiche de référence sur
l’administration d’antibiotiques (annexe Web B), si nécessaire.

Lorsque plusieurs formes pharmaceutiques sont répertoriées, choisissez celle


la plus susceptible d’être disponible dans votre hôpital.

Cas n° 1 : Ana

Ana pèse 6,0 kg. Elle est atteinte de malnutrition aiguë sévère et présente une
hypoglycémie, une hypothermie et une dermatose légère. Elle n’est pas en état de
choc et ne recevra pas de liquides par voie IV.

1a. Quels sont les deux antibiotiques à administrer à Ana immédiatement ?

1b. Quelles sont les voies possibles d’administration de ces antibiotiques ?

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
1c. En supposant que toutes les fournitures nécessaires sont disponibles, quelle
voie faut-il choisir ?

1d. Pour chaque médicament, indiquez la forme pharmaceutique à utiliser


(choisissez la forme la plus susceptible d’être disponible dans votre hôpital,
le cas échéant).

1e. Compte tenu du poids d’Ana, déterminez la dose de chaque antibiotique.

1f. Pour chaque antibiotique à administrer à Ana, résumez la prescription ci-


dessous.

Médica Voie Dose Fréquence Durée


ment
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

41
L’état de santé d’Ana s’améliore au bout de 48 heures. Sa température
augmente et reste supérieure à 35,5 °C et sa glycémie dépasse 3 mmol/l. Elle
n’a pas pris de poids, mais elle est alerte et prend bien les préparations de F-
75.

1g. Après deux jours, comment le schéma thérapeutique d’Ana devrait-il évoluer ?

1h. Sous quelle forme pharmaceutique le nouveau médicament est-il le plus


susceptible d’être disponible dans votre hôpital ?

1i. Compte tenu de la forme pharmaceutique citée ci-dessus, quelle est la


dose appropriée pour Ana ?

1j. Résumez la prescription du nouveau médicament ci-dessous.

Médicament Voie Dose Fréquence Durée

Cas n° 2 : Dipti

Dipti mesure 82 cm et pèse 7,9 kg. Elle est âgée de 2 ans. Elle semble malade, sa
respiration est rapide (55 respirations par minute) et elle présente un tirage
sous-costal.

2a. Dipti présente des signes d’infection (pneumonie) nécessitant un antibiotique


spécifique. Consultez l’annexe 2 du Mémento de soins hospitaliers pédiatriques
de l’OMS, Posologies et schémas thérapeutique, pour savoir quel antibiotique
administrer en premier et notez-le ci-dessous.

2b. Dipti recevra des injections IM. Quelle sera la dose à administrer ?

2c. Résumez la prescription de Dipti dans le tableau ci-dessous.


Médi Voie Dose Fréquence Durée
came
nt

42
Au bout de 5 jours, la respiration de Dipti est redevenue normale et elle ne
présente plus de tirage sous-costal. Elle prend bien les préparations de F-75.
Elle pèse toujours 7,9 kg.

2d. Quels antibiotiques doit-elle recevoir par la suite ? Par quelle voie
d’administration ? Consultez l’annexe 2 du Mémento de soins hospitaliers
pédiatriques de l’OMS intitulée Posologies et schémas thérapeutiques.

2e. Choisissez l’un des antibiotiques ci-dessus. Sous quelle forme


pharmaceutique ce médicament est-il le plus susceptible d’être disponible
dans votre hôpital ?

2f. Compte tenu de la forme pharmaceutique citée ci-dessus, quelle est la dose
appropriée pour Dipti ?

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
2g. Résumez la nouvelle prescription de Dipti dans le tableau ci-dessous.

Médi Voie Dose Fréquence Durée


came
nt

Discutez de vos réponses avec un animateur une fois que vous avez terminé cet
exercice.

Lorsque le groupe est prêt, passez une vidéo sur le traitement d’urgence. Cette
vidéo montrera de nombreuses étapes décrites jusqu’ici dans ce module.
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

43
10.CONSIGNER LES PREMIERS RÉSULTATS ET
TRAITEMENTS ET LES COMMUNIQUER AU
PERSONNEL

Dans tous les cas, mais en particulier lorsqu’un enfant est transféré des urgences,
il est important de communiquer par écrit et verbalement au personnel
concerné :

• les symptômes de l’enfant ;


• les traitements déjà administrés ;
• les mesures à prendre pour la continuité des soins et l’alimentation ;
• la présence éventuelle de complications qui nécessitent de placer l’enfant à
proximité du poste de soins infirmiers pour une observation attentive et
constante. Voir l’annexe relative aux signes à surveiller.

Le PSI (annexe Web A) est un exemple d’outil qui vous aidera à communiquer
les mesures prises et à prendre pour l’enfant. Vous pouvez utiliser différents
formulaires ou dossiers médicaux au sein de votre hôpital, mais il est essentiel
d’avoir un certain type de dossier écrit.

44
Exercice E

Cet exercice comprend un jeu de rôle dans lequel le médecin en charge des
admissions fera le point avec l’infirmière en chef sur l’état et les besoins de
l’enfant. Utilisez la première page d’un PSI vierge, disponible dans votre salle
de classe. Servez-vous de vos fiches de référence, si nécessaire.

1. Utilisez les informations ci-dessous pour remplir la première page du PSI


d’un enfant nommé Rayna. Veillez à consigner tout traitement qui devrait être
administré, y compris les antibiotiques spécifiques nécessaires (pour calculer
la dose, utilisez une forme pharmaceutique disponible dans votre hôpital).

Rayna

Rayna est une fille âgée de 13 mois. Elle est admise le 3 octobre à 09 h 00. Elle
est sévèrement émaciée, a perdu l’appétit, mais n’a ni œdème ni dermatose. Rayna
mesure 72 cm et pèse 6,3 kg.

Sa température rectale s’élève à 36,8 °C. Sa glycémie se situe entre 3 et 4 mmol/l.


Son taux d’hémoglobine est de 95 g/l. Elle ne présente pas de signes de problèmes

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
oculaires. Elle n’a jamais eu la rougeole.

Rayna n’a ni signes d’état de choc, ni diarrhée, ni sang dans ses selles, ni
vomissements. Le médecin est prêt à donner à l’infirmière en chef des instructions
pour les soins de Rayna, notamment son premier repas et sa première dose
d’antibiotique. Il est 9 h 15.

2. Lorsque vous avez terminé, montrez brièvement le PSI à un animateur pour


vous assurer qu’il est correct. Ensuite, énumérez ci-dessous les points clés
que vous aborderiez avec l'infirmière en chef si vous étiez le médecin.

3. Faites une liste des questions que vous pourriez poser si vous étiez l’infirmière
en chef.

Informez un animateur dès que vous êtes prêt


pour le jeu de rôle.
SÉVÈRE EN MILIEU HOSPITALIER

45
ANNEXE. DESCRIPTION DES SIGNES À SURVEILLER

Indicateur Signe de danger Révèle

Pouls et
respiration

Respiration rapide
≥ 50 respirations/min (âge : 2 à
Respiration
11 mois)
uniquement ≥ 40 respirations/min (âge : 12 mois à
5 ans)
Une pneumonie ou une décompensation
cardiaque (survient
en phase de stabilisation. Surveiller
également le gain de poids.)

Une infection ou une


Augmentation ou diminution hypothermie (probablement
Température soudaine liée à une infection ou au fait
Température rectale inférieure à que l’enfant n’a pas été nourri
35,5 °C ou s’est
découvert)

Fréquence cardiaque normale chez l’enfant

Âge (ans) Fréquence cardiaque normale


(fourchette)
Moins de 1 100–160
1à3 90–150
3à6 80–140
Source : Mémento de soins hospitaliers pédiatriques : prise en charge des affections courantes de l’enfance, 2e éd. Genève :
Organisation mondiale de la Santé, 2013 (https://apps.who.int/iris/handle/10665/187940).

Fréquence respiratoire normal chez l’enfant

Âge Fréquence respiratoire normale


< 2 mois < 60 respirations/minute
2 à 11 mois < 50 respirations/minute
1 à 5 ans < 40 respirations/minute
Source : Mémento de soins hospitaliers pédiatriques : prise en charge des affections courantes de l’enfance, 2e éd. Genève :
Organisation mondiale de la Santé, 2013 (https://apps.who.int/iris/handle/10665/187940).

46
En plus de ces signes, il convient de surveiller d’autres signes de danger, tels
que :

• l’anorexie (perte d’appétit) ;


• un changement d’état mental (par exemple, état semi-conscient) ;
• un ictère (peau ou yeux jaunâtres) ;
• une cyanose (langue/lèvres qui bleuissent par manque d’oxygène) ;
• une difficulté à respirer ;
• une difficulté à s’alimenter ou à se réveiller (somnolence) ;
• une distension abdominale ;
• l’apparition de nouveaux œdèmes ;
• des variations de poids importantes ;
• une augmentation des vomissements ;
• des pétéchies (ecchymoses).

3. PRISE EN CHARGE INITIALE | COURS DE FORMATION SUR LA PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË
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Pour plus d’informations, veuillez contacter :


Département Nutrition et sécurité sanitaire
des aliments, Organisation mondiale de la
Santé
Avenue Appia, 20
CH-1211 Genève 27, Suisse
Courriel : nutrition@who.int
Site Web : https://www.who.int/health-topics/nutrition

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