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 25-140-H-10

Déshydratation aiguë du nourrisson


par gastroentérite
P. Hubert

Le nourrisson de moins de 1 an et surtout de moins de 6 mois est à haut risque de déshydratation, dont
la première cause est une gastroentérite aiguë, majoritairement d’origine virale. La prise en charge d’une
déshydratation par gastroentérite comporte deux volets : la correction de celle-ci et le rétablissement
rapide d’une perfusion tissulaire normale ; le maintien des besoins hydriques et nutritionnels, afin de
limiter au maximum de déficit énergétique. L’évaluation de la sévérité de la déshydratation est l’élément-
clé qui va guider la thérapeutique. La perte de poids, exprimée en pourcentage du poids corporel avant
l’épisode de déshydratation, constitue la méthode de référence, mais elle est souvent difficile ou impossible
à obtenir. Aussi, les signes cliniques tels que l’altération de l’aspect général, l’allongement du temps de
recoloration cutanée, la constatation d’un pli cutané persistant, des yeux creux, une sécheresse des
muqueuses, une absence de larmes, sont les principaux éléments qui permettent d’apprécier la sévérité
de la déshydratation. Le traitement repose sur la correction rapide du déficit du secteur extracellulaire.
Une expansion volémique par 20 ml/kg d’un soluté isotonique administré par voie intraveineuse ou
intraosseuse peut être nécessaire à la phase initiale dans les cas les plus sévères (déshydratation > 10 %).
Dans tous les autres cas, la réhydratation par voie orale visant à corriger le déficit hydrique en 4 à 6 heures
est la technique de choix, qui est démontrée efficace, sûre et rapide. Elle utilise des solutés de réhydratation
adaptés qui répondent à des critères spécifiques. Leur utilisation précoce constitue la prévention la plus
efficace des formes graves. L’allaitement au sein ne doit pas être interrompu et l’alimentation artificielle
doit être reprise 4 à 6 heures après le début de la réhydratation. La vaccination contre les rotavirus avant
l’âge de 6 mois est fortement recommandée.
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Nourrisson ; Déshydratation ; Gastroentérite ; Solutés de réhydratation orale

Plan ■ Médicaments : une place à réévaluer ? 7


Odansétron 7
■ Introduction 1 Racécadotril 7
Probiotiques 7
■ Rappels de physiologie 2 Supplémentation en zinc 7
■ Évaluation de l’importance de la déshydratation 2 ■ Respect des recommandations et intérêt des formations 7
Anamnèse 2 Primauté de la réhydratation orale 7
Examen clinique 2 Soluté de réhydratation orale exclusivement 8
Intérêt de l’association de plusieurs signes : scores 3 Réhydratation entérale par sonde nasogastrique 8
Apport des examens complémentaires 4 Prescription d’examens biologiques 8
■ Décision de l’orientation du malade 4 Intérêt d’une formation 8
Quels malades garder aux urgences et combien de temps ? 4 ■ Prévention 8
Quand hospitaliser ? 4
■ Traitements 4
Objectifs thérapeutiques 4
Réhydratation rapide par voie orale 4  Introduction
Modalités de réhydratation entérale 4
Quels solutés de réhydratation orale utiliser ? 5 La déshydratation aiguë du nourrisson est une affection très
Quel volume de réhydratation et en combien de temps ? 6 fréquente qui atteint les jeunes enfants du monde entier et
Évaluation du succès ou de l’échec de la réhydratation par voie qui est le plus souvent (plus de 80 % des cas) la conséquence
orale et place de la réhydratation par voie veineuse 6 d’une gastroentérite aiguë (GEA) d’origine infectieuse. Dans les
Cas particuliers 6 pays en voie de développement, essentiellement en Afrique sub-
Alimentation 7 saharienne et en Asie du Sud-Est, les déshydratations par diarrhée

EMC - Médecine d’urgence 1


Volume 10 > n◦ 2 > juin 2015
http://dx.doi.org/10.101
25-140-H-10  Déshydratation aiguë du nourrisson par gastroentérite

représentent la seconde cause de décès d’enfants âgés de moins de • un pouvoir de concentration du rein plus limité (gradient cor-
5 ans (environ 800 000 décès en 2010) derrière les pneumonies et ticomédullaire insuffisant par inefficacité des pompes à chlore
devant le paludisme [1] . Des études épidémiologiques ont précisé de l’anse de Henlé) ;
les cinq agents pathogènes les plus fréquents dans cette tranche • la dépendance de l’entourage pour les apports hydriques.
d’âge dans les différentes régions du globe (rotavirus, shigelles, Ces différents facteurs contribuent à l’apparition rapide d’un
Escherichia coli entérotoxigéniques, Cryptosporidium et E. coli enté- déficit liquidien grave chez le nourrisson et expliquent qu’il puisse
ropathogènes), et permettent de mieux cibler les mesures de perdre en quelques heures plus de 10 % de son poids au cours
prévention et les traitements les plus adaptés [2, 3] . Les rotavirus d’une GEA ou d’un coup de chaleur par exemple.
sont à eux seuls responsables de plus de la moitié des décès par
diarrhée chez les enfants âgés de moins de 5 ans (0,5 million envi-
ron) [4] . Les efforts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS),
qui ont porté depuis 1975 sur la promotion et la diffusion des
 Évaluation de l’importance
solutés de réhydratation au niveau communautaire, sur la forma- de la déshydratation
tion d’agents de santé publique et, depuis les années 1990, sur
l’amélioration des conditions sanitaires, ont permis d’obtenir des Une composante majeure de la stratégie thérapeutique face à
résultats impressionnants, même s’ils restent insuffisants [5] . En une diarrhée aiguë est fondée sur l’appréciation de la sévérité
effet, au cours de la décennie 2000–2010, alors que la popula- de la déshydratation. Une sous-estimation du déficit liquidien
tion d’enfants a augmenté, la mortalité globale des enfants de risque d’entraîner une réhydratation insuffisante et/ou inappro-
moins de 5 ans aurait diminué de 26 % (9,6 millions de décès en priée et d’aboutir à une acidose, une insuffisance rénale, voire à un
2000 versus 7,6 millions en 2010). Durant la même période, le choc hypovolémique fatal, tandis qu’une surestimation du défi-
nombre de déshydratations mortelles a diminué dans les mêmes cit liquidien peut aboutir à un traitement par excès (par exemple,
proportions [1] . hospitalisation abusive ou prolongée, perfusion inutile avec ses
Dans les pays bénéficiant d’un niveau sanitaire élevé, la morta- complications possibles, majoration des dépenses de santé). La
lité par diarrhée et déshydratation est évidemment bien moindre, gravité de la déshydratation dépend de l’importance du déficit
mais elle est inacceptable dans des pays dont les capacités de pré- hydrosodé, mais aussi de sa rapidité d’installation, et son appré-
vention et de traitement sont importantes. Le nombre de décès par ciation reste très difficile en pratique.
déshydratation en France est actuellement de 8 à 20 par an. Dans
ces pays, il s’agit aussi de diminuer la morbidité de cette affec-
tion, dont les deux conséquences majeures sont de soumettre le Anamnèse
système de santé pédiatrique à des tensions très importantes en
Il convient de faire préciser la fréquence, le volume et la durée
période épidémique et d’engendrer un coût économique très élevé
de la diarrhée et des vomissements. Il est reconnu que le risque de
pour la société.
déshydratation augmente avec le jeune âge (inférieur à 6 mois), la
Les GEA touchent essentiellement les nourrissons de 6 à
fréquence des selles (plus de huit par jour) et des vomissements
24 mois, avec une prédominance saisonnière (pic de janvier à mars
(plus de deux ou quatre par jour). La valeur informative des diffé-
en France). Elles sont très majoritairement d’origine virale, causées
rentes données de l’anamnèse n’a pas été beaucoup analysée, mais
par de nombreux virus (norovirus, entérovirus, adénovirus, coro-
il convient de souligner que la persistance de prise des biberons et
navirus, astrovirus, calicivirus), mais les rotavirus sont les agents le
d’une diurèse rendent peu probable l’existence d’une déshydrata-
plus souvent responsables, notamment des formes sévères (plus de
tion significative, alors que la disparition des larmes est corrélée
la moitié des cas hospitalisés) [6–8] . La fréquence des épisodes diar-
avec l’hospitalisation [10] .
rhéiques est élevée, estimée dans la tranche 0 à 3 ans entre 0,5 et
Les informations sur l’aspect des selles, sur la présence de sang,
1,9 épisode par an et par enfant en Europe, contre 2,9 à 4,5 dans
orientent le diagnostic étiologique et les éventuels examens néces-
les pays en voie de développement [3, 6] ; de ce fait, les GEA sont
saires. Des antécédents de diarrhée dans l’entourage, y compris
responsables en France de 7,9 % de l’ensemble des passages aux
chez les frères et sœurs ou les autres enfants de la crèche, sont des
urgences des enfants âgés de moins de 5 ans, mais d’un tiers de ces
éléments pour un caractère épidémique éventuel.
passages en période épidémique [7] . En Europe, elles causent 0,5 %
à 10 % de l’ensemble des hospitalisations selon les pays, mais plus
de la moitié des hospitalisations en période épidémique [7, 8] . Les Examen clinique
conséquences économiques sont également très importantes, du
fait des coûts médicaux directs (liés avant tout aux soins en ambu- Perte de poids
latoire, aux urgences et en hospitalisation), mais aussi des coûts Le critère de référence pour affirmer une déshydratation aiguë
indirects, liés notamment à l’absentéisme parental durant la phase est la mesure de la perte de poids, exprimée en pourcentage, et
aiguë de la maladie. En France, le coût direct annuel des seules GEA définie comme la différence entre le poids juste avant la maladie
à rotavirus a été estimé entre 26 et 40 millions d’euros et celles-ci et le poids en phase aiguë de la maladie, divisée par le poids juste
seraient responsables de plus de 500 000 jours d’arrêt de travail par avant la maladie. Bien que l’évaluation de la perte de poids soit très
an [8, 9] . utile, c’est un paramètre rarement exploitable en pratique, faute
de disposer d’un poids récent avant l’affection aiguë à l’origine
de la déshydratation. Ainsi, 21 % seulement des patients âgés de
 Rappels de physiologie 1 mois à 2 ans avaient été pesés dans les huit jours précédant la
consultation aux urgences dans la série de Pruvost et al. [11] . Ce
sont donc différents signes et symptômes cliniques qui sont le
Le risque de déshydratation est lié avant tout au très jeune âge plus souvent utilisés pour affirmer le diagnostic de déshydratation
(inférieur à 12 mois et surtout inférieur à 6 mois), en raison de et en évaluer la gravité.
l’accumulation de plusieurs facteurs :
• une proportion corporelle d’eau beaucoup plus élevée que chez
l’adulte ; celle-ci représente 80 % du poids corporel à la nais- Allongement du temps de recoloration cutanée
sance, 60 % vers l’âge de 1 an et atteint 45 à 60 % à l’âge adulte, La mesure du temps de recoloration cutanée (TRC) doit être
selon l’âge et le sexe ; effectuée selon une méthode standardisée. Elle doit être réalisée
• une répartition défavorable de cette eau corporelle, puisque chez un enfant calme, après une pression de cinq secondes sur la
l’espace extracellulaire représente 45 % du poids du corps chez face palmaire de l’extrémité de l’index, la main étant sur le même
le nouveau-né alors qu’il est inférieur ou égal à 23 % à l’âge plan que le cœur, ou sur l’ongle du pouce, ou encore au sternum
adulte ; chez le nouveau-né [12] . Un TRC normal est inférieur ou égal à
• un taux de renouvellement de la composante liquidienne de trois secondes, mais son interprétation doit tenir compte de la
l’organisme beaucoup plus rapide (25 % par 24 heures à la nais- température ambiante [13] , le TRC étant significativement allongé
sance, alors qu’il n’est que de 6 % chez l’adulte) ; lorsque la température de l’environnement est inférieure à 20 ◦ C.

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Déshydratation aiguë du nourrisson par gastroentérite  25-140-H-10

Tableau 1.
Score de l’Organisation mondiale de la santé [21] .
Pas de déshydratation Plus de deux signes de cette colonne : Plus de deux signes de cette colonne :
déshydratation entre 5 % et 10 % déshydratation sévère > 10 %
État de conscience Comportement normal, enfant alerte Enfant agité, irritable Enfant léthargique ou inconscient
Yeux Normaux Orbites creusées Orbites très creusées
Soif Boit normalement Boit avidement car assoiffé Incapable de boire ou boit très lentement
Pli cutané Retour à la normale rapide Retour à la normale lent Retour à la normale très lent

Tableau 2.
Score du Center for Disease Control and Prevention [19] .
Absence de déshydratation Déshydratation entre 3 % et 9 % Déshydratation sévère ≥ 10 %
État neurologique Normal, alerte Agité, irritable Léthargique ou inconscient
Soif Boit normalement Boit avidement car assoiffé Incapable de boire ou boit très lentement
Fréquence cardiaque Normale Augmentée Très augmentée > 150/min
Pouls périphériques Normaux Diminués Faibles ou non perçus
Respiration Normale Accélérée Profonde, ample
Yeux Normaux Orbites légèrement creusées Orbites profondément creusées
Larmes Présentes Diminuées Absentes
Muqueuses (jugales) Humides « Collantes » Sèches
Pli cutané Retour à la normale rapide Retour à la normale lent Retour à la normale très lent
TRC Normal Prolongé Recoloration très lente
Extrémités Chaudes Normales Froides et marbrées
Diurèse Normale < 1 ml/kg/h < 0,5 ml/kg/h (rares urines dans les couches)

TRC : temps de recoloration cutanée.

L’allongement du TRC apparaît comme le signe le plus contri- certains ont maintenu la distinction de trois degrés de déshydra-
butif au diagnostic de déshydratation supérieure à 5 % dans les tation (peu sévère : 3–5 %, modérée : 6–9 % et sévère : 10 % et plus)
revues systématiques des différents signes cliniques et biologiques proposés par l’Académie américaine de pédiatrie en 1996 [18] , alors
proposés dans la littérature [13–15] . Les performances de ce test ont que d’autres ont préféré simplifier en deux catégories (peu sévère
été améliorées grâce à des méthodes de mesure automatisées. La et modérée : 3–9 % et sévère : 10 % et plus) [6, 19–21] , la distinction
vidéographie digitale non invasive, dénommée digitally measured clinique entre déshydratation peu sévère et modérée apparaissant
capillary-refill time permettrait ainsi une meilleure détection des à beaucoup très difficile à faire en pratique. Trois scores, celui de
déshydratations de 5 % et plus dans une cohorte de 83 enfants l’OMS, celui du Center for Disease Control and Prevention (CDC)
avec une GE [16] . d’Atlanta et le clinical Dehydration Scale (CDS) sont détaillés ici.

Recherche d’un pli cutané persistant


Score de l’Organisation mondiale de la santé
La mesure du pli cutané périphérique doit être réalisée au
flanc, à hauteur de l’ombilic, du côté opposé à la position de Il propose une évaluation de la gravité de la déshydratation fon-
l’examinateur, en pinçant le pli cutané entre le pouce et l’index, et dée sur quatre symptômes liés de façon indépendante à l’existence
en mesurant le temps de disparition. La persistance du pli cutané d’une déshydratation : un TRC de plus de deux secondes, une
traduit la diminution d’élasticité de la peau et du tissu sous-cutané sécheresse des muqueuses, une absence de larmes et une alté-
secondaire à une diminution de sa teneur en eau. C’est un élé- ration de l’aspect général (Tableau 1). L’association d’au moins
ment contributif au diagnostic de déshydratation, surtout lorsque deux de ces symptômes est corrélée avec une déshydratation d’au
la méthode de mesure est standardisée, mais sa mesure n’est pas moins 5 % du poids du corps [21] . Bien qu’il n’ait pas été validé,
aisée chez les nourrissons au panicule adipeux épais ; de plus, une son utilisation est recommandée par l’OMS dans les pays en voie
altération de l’élasticité cutanée n’est pas spécifique et peut être de développement pour des enfants de 1 mois à 5 ans et il a été
retrouvée au cours d’une malnutrition. approuvé par l’Association mondiale de gastroentérologie.

Sécheresse des muqueuses Score du Center for Disease Control and


La sécheresse des muqueuses se recherche en passant le doigt Prevention
sur la muqueuse jugale (et non sur la langue, souvent sèche chez
Il a été approuvé par l’Académie américaine de pédiatrie et le
un nourrisson fiévreux ou polypnéique). L’absence de ce signe
Collège des urgentistes américains, mais il comporte 12 items,
contribue à éliminer une déshydratation importante, tout comme
ce qui le rend moins facilement utilisable pour un triage aux
la présence de larmes.
urgences (Tableau 2) [19] . De plus, il n’est pas validé.

Intérêt de l’association de plusieurs signes :


Clinical Dehydration Scale
scores
Le score le plus utilisé dans les études cliniques menées dans des
Plusieurs travaux ont montré que, en raison d’une sensibilité et pays à niveau de vie élevé est le CDS. Il ne comporte que quatre
d’une spécificité médiocres, aucun signe clinique ou biologique items cotés de 0 à 2 (état général, état des globes oculaires et des
de déshydratation n’était à lui seul suffisamment discrimi- muqueuses jugales, et présence ou absence de larmes). Bien que
nant pour évaluer l’état d’hydratation d’un enfant ; aussi, depuis validé dans une population d’enfants âgés de 1 à 36 mois [22–24] , ses
les années 1990, de nombreux auteurs ont proposé d’associer plu- performances restent toutefois insuffisantes pour une utilisation
sieurs de ces signes pour estimer plus précisément le degré d’une individuelle qui permette de guider l’attitude thérapeutique en
déshydratation [13–15, 17] . De nombreux scores ont été proposés ; pratique clinique [25] .

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Apport des examens complémentaires • s’il s’agit d’un terrain à risque (mucoviscidose, diabète, virus de
l’immunodéficience humaine, etc.) ;
L’échographie a été récemment proposée pour évaluer une • lorsque le milieu socioculturel ne permet pas d’assurer des
hypovolémie, avec une capacité de détection d’une déshydrata- mesures thérapeutiques simples et une surveillance fiable au
tion sévère (à partir de 10 %) meilleure que le score de l’OMS. Le domicile [6, 19, 20] .
critère utilisé était un rapport veine cave inférieure/aorte inférieur
à 0,8 dont la sensibilité était de 86 % à 93 % et la spécificité de 56 %
à 59 % [26, 27] .  Traitements
Les examens biologiques sont généralement jugés non néces-
saires au diagnostic de déshydratation et rarement utiles pour Objectifs thérapeutiques
guider la conduite de la réhydratation [6, 18–20] . Selon les études,
le paramètre biologique le plus contributif était un taux de bicar- Face à une déshydratation aiguë du nourrisson, le premier
bonates inférieur à 15 ou 17 mmol/l [28, 29] . objectif thérapeutique dans les déshydratations sévères est de
En revanche, en cas de déshydratation sévère justifiant une corriger l’hypovolémie par une expansion rapide de l’espace
réhydratation par voie veineuse, les examens biologiques sont extracellulaire permettant de rétablir une perfusion tissulaire nor-
impératifs [6, 18–20] ; ils visent à rechercher les anomalies hydro- male, notamment cérébrale et rénale ; dans les formes modérées
électrolytiques associées, à évaluer l’équilibre acidobasique et à ou minimes, la prise orale de solutés de réhydratation orale
préciser le type de la déshydratation (ionogramme sanguin avec (SRO) suffit généralement. Le second objectif thérapeutique est
glycémie, urée, créatininémie et osmolalité). Ils sont également de limiter au maximum le risque de dénutrition en rétablissant
utiles en cas de doute diagnostique (affection chirurgicale abdo- rapidement des apports énergétiques normaux.
minale ou syndrome hémolytique et urémique) ou face à des Dans les pays bénéficiant d’un niveau sanitaire élevé, les GEA
présentations cliniques inhabituelles [6, 18] . sont l’un des motifs les plus fréquents de consultation en urgence,
leur prise en charge est bien codifiée grâce à plusieurs recomman-
dations [6, 18–21] dont la qualité est reconnue comme satisfaisante à
excellente [30] .
 Décision de l’orientation
du malade Réhydratation rapide par voie orale
Elle doit être privilégiée pour toute déshydratation inférieure à
L’orientation correcte de l’enfant est capitale mais difficile.
10 % (Fig. 1).
Elle repose sur l’âge de l’enfant (inférieur à 6 mois), l’importance
La réhydratation par voie orale est le traitement de première
des troubles digestifs (plus de huit selles diarrhéiques par jour
intention recommandé pour une déshydratation inférieure à
et/ou plus de quatre vomissements par jour), et sur l’existence
10 % [6, 18–21] . Les principaux bénéfices de la réhydratation par voie
ou non d’une déshydratation et son importance [6, 14] . Il est capi-
orale sont démontrés depuis longtemps [31, 32] et sont les suivants :
tal de reconnaître un état de choc pour corriger rapidement
• instituer rapidement ce traitement et le poursuivre au domicile ;
l’hypovolémie et éviter l’évolution vers une défaillance multivis-
• éviter des gestes douloureux comme la pose d’une voie vei-
cérale. Les signes cardinaux en sont : la tachycardie, la polypnée,
neuse ;
la mauvaise perfusion périphérique et les troubles de consci-
• diminuer les dépenses de santé.
ence. Dans les formes moins sévères, il faut aussi apprécier les
En revanche, la durée de séjour aux urgences ou l’incidence
éventuelles difficultés de prise en charge au domicile (niveau
des complications telles que des convulsions, une hypo- ou une
de compréhension des parents, conditions socio-économiques
hypernatrémie n’étaient pas jugées différentes dans la méta-
précaires, possibilité de suivi rapproché) et enfin l’existence de
analyse Cochrane la plus récente [32] . Dans cette même revue, un
comorbidités (antécédents de prématurité, grêle court, iléostomie,
iléus paralytique était statistiquement plus fréquent dans les deux
insuffisance rénale, etc.) [6] .
études qui n’en faisaient pas un critère d’exclusion des SRO (parmi
18 études analysées), mais ce risque était jugé suffisamment faible
pour ne pas remettre en cause la primauté de la réhydratation
Quels malades garder aux urgences orale.
et combien de temps ?
Les enfants à haut risque de développer une déshydratation
Modalités de réhydratation entérale
(âge inférieur à 3 mois, plus de huit selles diarrhéiques par jour Voie orale
et/ou plus de quatre vomissements par jour) doivent être surveillés
attentivement dans une unité d’hospitalisation de courte durée Il est recommandé de laisser boire l’enfant s’il peut boire cor-
dépendante des urgences pour une période d’au moins quatre rectement et si la déshydratation est inférieure à 5 %. Dans les
heures, afin de s’assurer de l’efficacité de la réhydratation [6, 20] . Le déshydratations modérées (entre 5 et 9 %) ou en cas de vomisse-
retour au domicile se discute en fonction des éléments suivants : ments, il est recommandé de faire boire initialement à l’enfant
• la bonne tolérance de la réhydratation par voie orale et de petites quantités à intervalles très rapprochés si son état est
l’absence de vomissements ; stable et si son état de conscience le permet, afin de vérifier la
• une réhydratation jugée suffisante, appréciée sur l’état clinique tolérance digestive. Il est suggéré dans la littérature de commen-
et sur la reprise de poids ; cer avec des volumes de l’ordre de 5 ml toutes les deux minutes
• la capacité des parents à poursuivre la réhydratation au domi- durant les dix premières minutes, puis d’augmenter par paliers
cile ; la quantité administrée, par exemple d’administrer des volumes
• la possibilité d’un suivi par téléphone ou de visite du médecin de 10 ml toutes les cinq minutes durant les 20 minutes suivantes,
traitant à domicile. puis 20 ml toutes les 10 à 15 minutes durant les 30 minutes sui-
vantes [18, 19] . En l’absence de vomissement, les quantités peuvent
être augmentées rapidement, en diminuant alors la fréquence des
Quand hospitaliser ? administrations, et en laissant l’enfant boire à volonté et adap-
ter lui-même ses ingesta à ses besoins. Des quantités importantes
L’hospitalisation est nécessaire : peuvent être ainsi absorbées au cours des premières 24 heures,
• s’il existe des signes de gravité : état de choc, troubles de consci- atteignant ou dépassant 200 ml/kg par jour. Ce mode de réhy-
ence ou seulement déshydratation supérieure ou égale à 10 % ; dratation suppose que le parent ou le soignant de l’enfant puisse
• s’il existe un doute diagnostique (par exemple, syndrome assumer cette tâche. L’alimentation ne doit pas être interrom-
hémolytique et urémique, possible affection chirurgicale) ; pue plus de six heures au maximum et des apports diététiques
• en cas d’impossibilité ou d’échec de la réhydratation par voie appropriés à son âge doivent être proposés. Dès que l’enfant est
entérale ; réhydraté, il peut s’alimenter seul avec des apports diététiques

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Déshydratation aiguë du nourrisson par gastroentérite  25-140-H-10

Évaluation de la déshydratation : perte Déshydratation ≥ 10 %


Déshydratation < 3 % de poids récente, % de la déshydratation Troubles de la
évaluée en l’absence de poids récent conscience, coma

Poursuivre alimentation
+ SRO en complément Déshydratation Pas de choc Choc
Conseils de surveillance entre 3 et 9 % hypovolémique hypovolémique

Contre-indication Oui
Bonne Perfusion de soluté Abord intraveineux
Aggravation à la réhydratation
tolérance isotonique ou intraosseux
secondaire entérale ?
Amélioration
Non

SRO 50 à 100 ml en Ringer lactate ou NaCl


4 heures + compensation Amélioration 0,9 % par bolus de
des pertes persistantes hémodynamique 20 ml à la seringue
10 ml/kg par selle et 2 ml/kg Conscience normale poussée à la main
par vomissement) Enfant capable de À répéter jusqu’à
Poursuite alimentation boire correction des signes
au sein de choc

Bonne tolérance Vomissements Reprendre alimentation


Amélioration à h4 itératifs ou normale + SRO en Si pas d’amélioration
Reprise de poids absence complément et après 40 ml de Ringer
Pas de troisième de réhydratation compensation des pertes lactate ou de NaCl
secteur suffisante persistantes (10 ml/kg 0,9 %, demander avis
par selle et 2 ml/kg par réanimateur
vomissement)

Reprendre SRO par sonde


alimentation nasogastrique
normale + SRO en
complément et
compensation des
pertes persistantes Bonne tolérance
Échec
Amélioration

Figure 1. Arbre décisionnel. Thérapeutique d’une déshydratation aiguë du nourrisson. SRO : soluté de réhydratation orale.

appropriés à son âge. En cas de vomissement, il est recommandé ment contribué à diminuer la mortalité consécutive à une diarrhée
d’attendre 15 à 30 minutes avant de redémarrer la réhydratation dans les pays en voie de développement, ce qui a conduit à
par voie orale [18, 19] . les consacrer comme l’innovation thérapeutique la plus impor-
tante du XXe siècle. Les SRO sont composés principalement d’eau,
Sonde nasogastrique de sucre, de sodium, de potassium et d’un alcalin. Le glucose
La seconde possibilité est une réhydratation par sonde nasogas- facilite l’absorption intestinale du sodium et par conséquent de
trique. Cette option, simplement citée dans les recommandations l’eau, tout en réduisant les vomissements. Il permet également un
les plus anciennes [18, 19] , est bien détaillée dans les recommanda- apport énergétique minimal, tout en améliorant l’acceptabilité de
tions plus récentes [6, 19, 33] . Il n’y a pas de raison de la proposer la solution par l’enfant. La composition des SRO a évolué : le pre-
systématiquement en première intention, mais dans les 5 % mier avait une osmolarité élevée (330 mOsm/l) avec 90 mmol/l de
d’échecs de la réhydratation orale bien conduite [32] , il est recom- sodium et était mieux adapté au traitement du choléra ; en 2002,
mandé d’avoir recours à une sonde gastrique. L’analyse des études l’OMS a recommandé que l’osmolarité soit réduite à 245 mOsm/l,
utilisant la réhydratation entérale par sonde nasogastrique a avec 75 mmol/l de sodium, puis l’European Society of Paedia-
confirmé une efficacité et une sécurité de la voie entérale au tric Gastroenterology and Nutrition (ESPGAN) a proposé pour
moins identiques à celles de la voie veineuse, avec moins de les enfants européens l’utilisation d’une solution ne contenant
complications (2 % de phlébite chez les enfants perfusés) et des que 60 mmol/l de sodium, tandis qu’aux États-Unis la majo-
coûts moins élevés [6, 20, 33, 34] . L’échec de mise en place d’une sonde rité des solutés disponibles avaient une osmolarité proche de
nasogastrique était beaucoup plus rare (4 %) que les difficultés 250 mOsm/l, avec 45 à 50 mmol/l de sodium [6, 18] . En France, les
de perfusion périphérique (61 % nécessitant plusieurs tentatives solutés commercialisés ont une osmolarité comprise entre 225
de mise en place d’un catheter court 22 ou 24 G) [35] . Enfin, bien à 250 mOsm/l (Tableau 3) et sont tous reconstitués de la même
que cette indication ne puisse être recommandée dans les formes façon (un sachet pour 200 ml d’eau). Ces solutés hypo-osmolaires
sévères, la réhydratation par sonde gastrique peut être utile chez permettent d’entraîner moins de vomissements, de diminuer le
des enfants très difficiles à perfuser [36] . volume des selles et le recours à la réhydratation par voie vei-
neuse [6, 20, 33] . La tolérance peut aussi être améliorée par le fait de
proposer un SRO rafraîchi [37] .
Quels solutés de réhydratation orale utiliser ? Chez le nourrisson, la réhydratation repose sur l’utilisation des
L’OMS et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNI- seuls SRO. Toutes les autres boissons (eau sucrée, eau pure, sodas
CEF) ont promu les SRO en 1975, les recommandant comme dont le Coca-Cola® ou les boissons pour sportifs) sont inadaptées,
premier moyen de lutte contre la diarrhée. Depuis, ils ont forte- car elles apportent soit peu ou pas de sodium, soit trop de sucre.

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25-140-H-10  Déshydratation aiguë du nourrisson par gastroentérite

Tableau 3.
Composition des différents solutés de réhydratation orale (SRO) disponibles en février 2014 (exprimée par litre de SRO).
SRO Glucides Na K Citrate ou bicarbonate Osmolarité
(g) (mmol/l) (mmol/l) (mmol/l) (mOsm/l)
Reco ESPGAN 2008 14–20 60 20 10 200–250
Adiaril® 26 60 20 10 250
Fanolyte® 16 60 20 10 240
Novalac® 25 60 20 11 245
Physiosalt® 42 55 22 10 223
Picolite® 90 60 23 10 233
Viatol® 20 50 25 12 < 270

ESPGAN : European Society of Paediatric Gastroenterology and Nutrition.

Quel volume de réhydratation et en combien • en cas d’état de choc, de troubles de conscience ou de suspicion
d’une affection chirurgicale [6, 18–20] .
de temps ?
La quantité de soluté à administrer dans les premières heures Comment réhydrater par voie veineuse ?
est celle du déficit liquidien évalué : ce déficit (en litre) est égal
En présence d’un choc hypovolémique, une expansion volé-
à la perte de poids récente, si celle-ci peut être quantifiée. Dans
mique par 20 ml/kg de NaCl 0,9 % ou de Ringer lactate est
la majorité des cas, ne pouvant disposer d’un poids de référence
effectuée avec une pompe ou une seringue poussée à la main
récent, on a recours au poids d’admission (en kg) multiplié par le
aussi vite que le permet la voie d’abord. Une expansion volémique
pourcentage estimé de la déshydratation. À titre d’exemple, une de 40 ml/kg, parfois plus, peut être nécessaire, les bolus étant
déshydratation de 8 % chez un nourrisson de 6 kg conduit à admi- renouvelés jusqu’à diminution de la tachycardie, normalisation
nistrer par sonde gastrique 480 ml de soluté de réhydratation orale du temps de recoloration, régression des marbrures, normalisa-
en quatre heures (120 ml/h). Pour simplifier la prise en charge, cer- tion de la pression artérielle (si hypotension) et amélioration de
taines recommandations proposent des volumes de réhydratation l’état de conscience.
standardisés : 50 ml/kg si la déshydratation est inférieure à 5 % Une fois le choc corrigé ou en l’absence de signe de choc,
et 100 ml/kg si la déshydratation est entre 5 % et 10 % [18] . Une le soluté utilisé doit être isotonique afin d’éviter le risque
fois la déshydratation corrigée, les apports liquidiens prennent d’hyponatrémie [40] . Il n’existe pas de donnée démontrant la supé-
en compte les besoins de maintenance journaliers et des éven- riorité d’un soluté cristalloïde isotonique par rapport à un autre ; le
tuelles pertes anormales persistantes (10 ml/kg pour chaque selle ; NaCl 0,9 % reste le plus utilisé, mais l’acidose hyperchlorémique
2 ml/kg pour chaque vomissement) [19] . secondaire qu’il induit n’est plus considérée comme anodine et
La vitesse de correction des déshydratations modérées à sévères justifie de privilégier des solutés moins riches en chlore comme le
varie selon les recommandations : elle est de 3 à 4 heures pour le Ringer lactate [41, 42] .
CDC, de quatre heures pour l’Académie américaine de pédiatrie, La quantité de soluté à perfuser tient compte du déficit hydrique
et de six heures pour les recommandations australiennes [6, 18–20, 38] , (poids corporel × pourcentage de déshydratation estimée, des
mais peu d’études ont évalué de façon rigoureuse l’intérêt d’une besoins de maintenance journaliers et des éventuelles pertes anor-
réhydratation plus ou moins rapide. males persistantes [selles, vomissements]), mais il convient de
En l’absence d’état de choc, les bénéfices théoriques qu’on peut garder en mémoire le fait que les cliniciens ont tendance à sur-
attendre d’une correction « agressive » de l’hypovolémie sont une estimer l’importance de la déshydratation [13, 20] .
normalisation plus rapide de la concentration d’hormone antidiu- Le soluté utilisé comporte toujours du sérum glucosé à 5 ou 10 %
rétique que ne le ferait une réhydratation plus lente ou utilisant et du potassium (au moins 20 mmol/l de chlorure de potassium
un soluté hypotonique [39] . Une fois la régulation rénale rétablie, et plus volontiers 40 mmol/l, dès qu’une diurèse a repris).
l’excès d’eau et de sodium extracellulaire peut être excrété dans La vitesse de perfusion proposée varie selon les auteurs, cer-
les urines, diminuant ainsi le risque de déséquilibre hydroélectro- tains ayant proposé durant la première heure une réhydratation
lytique secondaire. Une correction « agressive » devrait également agressive de 50 à 60 ml/kg de sérum physiologique plutôt que
améliorer la perfusion digestive et la tolérance d’une réalimenta- 20 ml/kg [43–45] . L’absence de bénéfice clinique et les risques poten-
tion précoce. tiels d’une telle réhydratation conduisent à proposer d’éviter de
réhydrater trop vite en l’absence de signes de bas débit ; il appa-
raît raisonnable de maintenir un débit de réhydratation inférieur
Évaluation du succès ou de l’échec ou égal à 20 ml/kg par heure [33] . À la phase ultérieure, certains
de la réhydratation par voie orale et place proposent de corriger la moitié du déficit hydrique sur les huit
de la réhydratation par voie veineuse premières heures et d’autres proposent un débit constant sur
24 heures [46] . Au-delà de ces divergences de stratégies, il convient
Le succès de la réhydratation est apprécié sur la disparition de souligner que la conduite de la réhydratation intraveineuse doit
des signes cliniques de déshydratation et la reprise de poids, être d’autant plus prudente qu’il s’agit d’une forme grave, car le
l’absence de ballonnement abdominal pouvant témoigner d’un traitement peut lui-même provoquer des complications. Le débit
troisième secteur et la bonne tolérance de la réhydratation par de perfusion ne doit pas être prescrit pour 24 heures, mais fré-
voie orale avec absence de vomissements (le refus de boire n’est quemment ajusté en fonction de la régression des signes cliniques
pas en soi un échec, car il est alors possible et même recommandé de déshydratation, de la persistance ou non de selles liquides et
de réhydrater par sonde nasogastrique). de vomissements, de l’évolution du poids et éventuellement des
La réhydratation par voie intraveineuse ne devrait être entre- paramètres biologiques.
prise qu’en cas d’échec ou de contre-indications de la voie
entérale [6, 20, 33] . Celles-ci sont rares et concernent moins de 10 %
des enfants : Cas particuliers
• toute déshydratation grave (supérieure à 10 %) ; dans cette situa-
tion, il s’agit d’une contre-indication temporaire : ces enfants Déshydratation hyponatrémique
doivent d’abord recevoir une réhydratation par voie intravei- Une déshydratation hyponatrémique (Na < 130 mmol/l) sur-
neuse (ou intraosseuse), mais ensuite, dès qu’ils peuvent boire vient lorsque les pertes sodées sont supérieures aux pertes d’eau
de nouveau, la voie orale peut être utilisée [6, 19, 20] ; ou bien lorsque la réhydratation initiale a comporté de grandes

6 EMC - Médecine d’urgence

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Déshydratation aiguë du nourrisson par gastroentérite  25-140-H-10

quantités d’eau pure. La prise en charge recommande généra- la littérature effectuées en 2013 par le groupe Cochrane et par
lement d’utiliser du NaCl 0,9 % enrichi en glucose à 5 % et en l’ESPGAN [33, 49] devraient conduire à modifier certaines recom-
potassium (au moins 20 mmol/l) durant les 12 premières heures, mandations concernant les médicaments.
puis du NaCl 0,45 % durant les 24 heures suivantes, afin de
corriger le déficit hydrosodé [46] . Un dosage de la natriurèse est
indispensable pour s’assurer de la réponse rénale et ne pas mécon- Odansétron
naître une insuffisance surrénale.
L’intérêt de cet antiémétique, qui permettait de diminuer
le nombre de recours à la réhydratation intraveineuse et à
Déshydratation hypernatrémique
l’hospitalisation, malgré une majoration transitoire de la diarrhée
Une déshydratation hypernatrémique (Na > 150 mmol/l) sur- qui apparaît fréquente, est aujourd’hui démontré [33, 49, 50] . Le rap-
vient lorsque les pertes sont hypotoniques, c’est-à-dire que les port bénéfice/risque paraît favorable, d’autant plus qu’une seule
pertes d’eau sont supérieures aux pertes sodées. L’hypertonicité dose suffit [33, 49] . La recommandation de l’EPSGAN de 2008, selon
du compartiment extracellulaire provoque une diminution du laquelle un antiémétique ne devait pas être utilisé systématique-
contenu en eau des cellules, afin de rétablir une tonicité identique ment reste vraie, surtout chez les enfants dont la diarrhée est le
des deux milieux. Face à une situation d’hypertonie plasmatique, symptôme dominant. En revanche, il paraît licite de proposer ce
le cerveau est le seul organe capable de se protéger en fabri- traitement aux enfants déshydratés qui vomissent beaucoup et
quant des « osmoles idiogéniques », dont la production, comme qui ont donc un plus grand risque d’échec de réhydratation par
l’élimination, est lente, ce qui justifie que la phase de correction voie entérale, afin de diminuer les hospitalisations et les réhydra-
d’une hypernatrémie soit suffisamment longue. L’objectif recom- tions par voie veineuse [49, 50] . L’ondansétron est déjà largement
mandé est d’effectuer la réhydratation orale en 12 heures plutôt utilisé en Amérique du Nord [51] ; il est encore peu prescrit en
qu’en quatre heures. Europe et pas du tout en France (19 % des pédiatres urgentistes
Lorsque la voie orale est contre-indiquée et que la voie intra- belges, suisses ou hollandais déclaraient en prescrire, mais pas les
veineuse doit être utilisée, il est recommandé de ne pas faire pédiatres français) [52] .
diminuer la natrémie de plus de 1 mmol/l par heure, afin d’éviter
un œdème cérébral. Les solutés proposés sont assez concentrés en
NaCl (0,45 % de NaCl ou 76 mmol/l) et enrichis en glucosé à 5 %. Racécadotril
L’ajout d’au moins 20 mmol/l de KCl dès qu’il existe une diurèse
reste impératif. Une méta-analyse récente sur l’efficacité du racécadotril, por-
tant sur plus de 1300 patients, a conclu à une réduction de la durée
de la diarrhée et du nombre de selles, aussi bien chez l’enfant traité
Alimentation en ambulatoire qu’hospitalisé [53] .
Rétablir des apports énergétiques normaux pour limiter au
maximum le risque de dénutrition est le second point essen-
tiel de la prise charge des diarrhées aiguës du jeune enfant,. Il
Probiotiques
est recommandé de ne pas interrompre l’allaitement maternel, Plusieurs méta-analyses ont montré que certains probiotiques
y compris pendant la phase de réhydratation orale. Les enfants pouvaient diminuer la durée de la diarrhée, notamment Lac-
nourris au sein devraient recevoir la tétée aussi souvent et aussi tobacillus GG et, à un degré un peu moindre, Saccharomyces
longtemps qu’ils le désirent pendant toute la durée de l’épisode boulardii [33, 49] , mais les critères de jugement retenus (durée
diarrhéique. de la diarrhée écourtée ou nombre de selles diminué) ne
Lorsque l’enfant est habituellement nourri avec une alimen- paraissaient pas suffisamment convaincants à la majorité des
tation artificielle, celle-ci peut être arrêtée durant la phase de médecins [33, 49, 52] .
réhydratation orale et reprise 4 à 6 heures après le début de la réhy-
dratation. Les recommandations actuelles invitent à reprendre
l’alimentation avec le lait artificiel habituel, non dilué [6] . Elles se Supplémentation en zinc
fondent pour cela sur le fait que la grande majorité des enfants
peut continuer à être alimentée avec succès avec un lait conte- Pour l’OMS et l’UNICEF, un supplément en zinc fait intégra-
nant du lactose. La revue de la littérature effectuée par le groupe lement partie des recommandations thérapeutiques des diarrhées
Cochrane [47] a mis en évidence une réduction modérée de la durée aiguës pour les enfants vivant dans des pays en voie de dévelop-
de la diarrhée (–18 heures) en cas d’éviction du lactose et a sug- pement, chez lesquels la carence en zinc est courante [54] . Mais
géré que cette mesure pourrait aussi diminuer le taux d’échec de la dans les pays européens, où malnutrition et carence en zinc sont
réhydratation orale. Toutefois, les auteurs qualifient ces résultats rares, rien ne permet d’affirmer qu’il y aurait un bénéfice à appor-
de low evidence, en raison d’une grande hétérogénéité des résul- ter du zinc [33, 49] . Les recommandations de l’ESPGAN restent donc
tats dans les 16 études analysées (la durée moyenne de la diarrhée valables : bien qu’une supplémentation en zinc ne comporte pas
dans le groupe recevant du lactose variait de 28,8 heures dans de risque particulier, il n’y a pas de preuve de son intérêt chez
une étude finlandaise à 230 heures dans une étude chinoise). Ces des enfants européens, à l’exception des rares enfants malnutris
limites invitent à ne pas remettre en cause la recommandation qui devraient logiquement en bénéficier (10 mg si âge inférieur à
de l’ESPGAN de 2008 qui ne jugeait pas utile d’exclure systéma- 6 mois et 20 mg au-delà, pendant 10 à 14 jours).
tiquement le lactose [6] . En revanche, dans les cas particuliers de
nourrissons souffrant de lésions intestinales préexistantes, de mal-
nutrition sévère ou d’une diarrhée prolongée, un lait sans lactose
apparaît indiqué [48] .
 Respect des recommandations
et intérêt des formations
 Médicaments : une place De nombreuses évaluations des pratiques ont montré que les
recommandations n’étaient que partiellement appliquées.
à réévaluer ?
Les recommandations de prise en charge des GEA ont jugé les Primauté de la réhydratation orale
différents médicaments inutiles ou non indispensables, faute de
preuve suffisante de leur efficacité ou de leur intérêt en pratique L’adhésion des pédiatres urgentistes à la réhydratation orale de
clinique [6, 18–20] . S’il reste vrai que les mesures de réhydratation première intention paraît très bonne en France (supérieure à 90 %)
restent essentielles et ne doivent en aucun cas être retardées comme dans d’autres pays européens [9, 52] et bien meilleure qu’en
ou altérées par la prescription de médicaments, les revues de Amérique du Nord (76 % au Canada et 47 % aux États-Unis) [51] .

EMC - Médecine d’urgence 7

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25-140-H-10  Déshydratation aiguë du nourrisson par gastroentérite

Soluté de réhydratation orale exclusivement du risque d’invagination intestinale aiguë durant les sept jours
qui suivent l’administration de la première dose du vaccin. En
Un SRO était le seul soluté utilisé pour la réhydratation dans effet, les études de sécurité post-autorisation de mise sur le mar-
91 % des cas dans une enquête européenne, alors que ce n’était le ché (AMM) ont confirmé un surrisque d’invagination intestinale
cas que dans 73 % au Canada et 76 % aux États-Unis [51, 52] . aiguë postvaccinal de l’ordre d’un à cinq cas pour 100 000 enfants
vaccinés [62, 63] .
Les vaccins, administrés par voie orale, peuvent être coadminis-
Réhydratation entérale par sonde trés précocement avec des autres vaccins du calendrier vaccinal.
nasogastrique La première dose doit être donnée entre 6 et 12 semaines de vie, et
l’ensemble des doses (deux pour Rotarix, trois pour RotaTeq) doit
Les pédiatres urgentistes français, comme les pédiatres nord- être donné avant l’âge de 6 mois.
américains, n’avaient presque jamais recours à une sonde
nasogastrique en cas d’échec de la réhydratation orale dans des
déshydratations légères ou modérées (3 % des cas), préférant une
réhydratation par voie veineuse, alors que les pédiatres belges,
suisses ou hollandais déclaraient y avoir recours dans 87 % des
“ Points essentiels
cas [37, 51, 55, 56] .
• Les SRO doivent être utilisés en première intention.
• Les SRO hypotoniques, offerts ad libitum, doivent être
Prescription d’examens biologiques privilégiés.
Alors que les recommandations jugent inutiles les examens • La réhydratation orale doit être rapide (sur quatre heures
complémentaires, une virologie des selles était demandée dans environ).
un quart à un tiers des cas par des pédiatres urgentistes euro- • Les pertes persistantes doivent être compensées par des
péens. À noter que les pédiatres français demandaient beaucoup volumes supplémentaires de SRO (10 ml/kg pour chaque
plus souvent des examens biologiques que leurs collègues belges, selle ; 2 ml/kg pour chaque vomissement).
suisses ou hollandais (ionogramme sanguin : 92 % versus 48 % ; • En cas de refus de boire ou de vomissements persistants
hémogramme : 51 % versus 29 %) [52] . malgré une réhydratation bien conduite, la voie nasogas-
trique doit être préférée à la réhydratation intraveineuse.
Intérêt d’une formation • L’alimentation au sein ne doit jamais être interrompue.
• En cas d’alimentation artificielle, il ne faut pas diluer le
Les principaux obstacles à l’application de l’ensemble des lait et il n’est pas utile d’avoir recours à des laits particuliers.
recommandations proviennent du prix des SRO (en Amérique du • Une réalimentation normale (incluant des solides) doit
Nord, mais pas en France où ils sont remboursables depuis 2003)
et de la méconnaissance des parents et des professionnels [19] . Par
être reprise dès la fin de la réhydratation (c’est-à-dire dès
exemple, plusieurs travaux effectués en Amérique du Nord ont la quatrième à la sixième heure).
montré que les parents préféraient la réhydratation par voie vei- • Les examens complémentaires sont inutiles en cas de
neuse car ils la considéraient plus efficace, plus simple à mettre déshydratation modérée.
en place et moins douloureuse qu’une sonde gastrique [55, 57] . De • Les antibiotiques ne doivent pas être utilisés dans les
même, les professionnels (pédiatres urgentistes, internes et infir- GEA habituelles.
mières) majoraient les risques de complications de la pose d’une • La vaccination contre les rotavirus doit être complète à
sonde nasogastrique, notamment de fausse route de la sonde dans l’âge de 6 mois.
la trachée ou d’épistaxis [55] . Ces informations soulignent l’intérêt
de programmes de formation–action ciblés sur certains aspects de
la prise en charge. Ainsi, en Italie une formation de deux heures
destinée aux médecins libéraux a permis de beaucoup diminuer
les prescriptions d’examens microbiologiques ou de médicaments
jugés inutiles [58] ; en Caroline du Nord (États-Unis), une formation Déclaration d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en rela-
plus ambitieuse effectuée dans un réseau de soins et élaborée par tion avec cet article.
les acteurs de terrain avec le soutien d’universitaires a fait dimi-
nuer le nombre d’hospitalisations pour GEA de près de 50 % en
trois ans [59] .  Références
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2012;55(Suppl. 4):S232–45.
rotavirus [4] . Dans les études plus récentes, ces deux vaccins dimi-
[3] Fischer Walker CL, Perin J, Aryee MJ, Boschi-Pinto C, Black RE.
nuaient le nombre d’hospitalisations ou de passages aux urgences
Diarrhea incidence in low- and middle-income countries in 1990 and
de plus de 90 %. Depuis 2008, la vaccination contre les rota- 2010: a systematic review. BMC Public Health 2012;12:220.
virus des nourrissons âgés de moins de 6 mois était fortement [4] Soares-Weiser K, MacLehose H, Bergman H, Ben-Aharon I, Nagpal S,
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de la santé publique, qui est revenu sur la position qu’il avait [6] Guarino A, Albano F, Ashkenazi S, Expert Working Group. The ESP-
adoptée en 2006 et en 2010 de ne pas recommander cette vaccina- GHAN/ESPID evidenced-based guidelines for the management of
tion [61] . Toutefois, le Haut Conseil de la santé publique demande acute gastroenteritis in children in Europe. J Pediatr Gastroenterol
que les parents soient clairement informés de l’augmentation Nutr 2008;46(Suppl. 2):S81–122.

8 EMC - Médecine d’urgence

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Déshydratation aiguë du nourrisson par gastroentérite  25-140-H-10

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P. Hubert (philippe.hubert@nck.aphp.fr).
Service de réanimation et de surveillance continue pédiatriques, Hôpital universitaire Necker-Enfants Malades, 149, rue de Sèvres, 75015 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Hubert P. Déshydratation aiguë du nourrisson par gastroentérite. EMC - Médecine d’urgence 2015;10(2):1-
10 [Article 25-140-H-10].

Disponibles sur www.em-consulte.com


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