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Royaume du Maroc ‫ﺍﻟﻤﻤﻠﻜﺔ ﺍﻟﻤﻐﺭﺒﻴﺔ‬

Ministère de la Santé ‫ﻭﺯﺍﺭﺓ ﺍﻟﺼﺤﺔ‬


Institut National ‫ﺍﻟﻤﻌﻬﺩ ﺍﻟﻭﻁﻨﻲ‬
d’Administration Sanitaire ‫ﻟﻺﺩﺍﺭﺓ ﺍﻟﺼﺤﻴﺔ‬

Centre collaborateur de l’OMS

CYCLE DE MASTERE EN ADMINISTRATION SANITAIRE ET SANTE PUBLIQUE

FILIERE : GESTION DES PROGRAMMES DE SANTE

PROMOTION (2010-2012)

Mémoire de fin d’études

LE MONITORING DES SERVICES DE SOINS DE SANTE DE BASE :

CAS DE LA PROVINCE DE SKHIRAT-TEMARA

ELABORE PAR : ENCADRE PAR :


Karine BRAZZA KOKESSA Mohammed EL AZZOUNI

Juillet 2012

INAS, Rue Lamfadel Cherkaoui, Madinat Al Irfane, Rabat


Tél. : (212) 05.37.68.31.62 - Fax (212) 05.37.68.31.61 - BP : 6329 - Rabat -
Email : inas@sante.gov.ma - Site Web : www.sante.gov.ma/departement/inas/index.asp
Pour Sarah, Prunel,

Christian et Annecy
Remerciements

A ma famille qui a su me soutenir et accepter mon absence pour réaliser ce mémoire.

A l’équipe de la province de Témara pour leur engagement dans toutes les phases de l’étude.

A Mohamed EL AZZOUNI, encadrant du mémoire, pour son aide et sa rigueur.

Au corps enseignant de l’INAS à Rabat.

ii
RESUME

Le suivi est une des composantes fondamentales du cycle de gestion des programmes
de santé. Il existe plusieurs méthodes et techniques dans le suivi des programmes de santé.
Une des méthodes de suivi rationnelle et basée sur la logique du programme de santé est le
monitoring. Quand il est réalisé au niveau des ESSB, le monitoring des services de santé est
adapté pour détecter les forces et les faiblesses dans l’exécution des activités en vue
d’augmenter la couverture. Au Maroc le monitoring est basé sur le système national
d’information sanitaire. Il s’agit d’un système dans lequel chaque acteur a un rôle bien défini
et qui est reconnu par l’ensemble des acteurs. Il existe des interrelations entre les acteurs et
les différents niveaux, ce qui détermine la dynamique de ce système. Entre Mars et Mai 2012
une étude a été réalisée auprès des professionnels de santé dans la préfecture de Skhirat-
Témara. Huit animateurs de programmes du SIAAP et 23 professionnels de santé au niveau
de quatre CS ont été interviewés sur leur pratique concernant les activités du monitoring. Des
analyses documentaires ont été effectuées, il s’agissait des rapports de réunions périodiques
au niveau des CS et des rapports de réunions du bilan annuel au niveau du SIAAP. Des
resultats positifs ont été identifiés dans la collecte des données, le traitement et l’analyse des
données, l’établissement et la transmission des rapports périodiques. Cependant, des
améliorations sont nécessaires dans la définition des indicateurs de couverture, dans l’analyse
des causes possibles et l’identification des actions correctives, dans l’élaboration d’un
microplan à la fin du monitoring. Au niveau de la province sanitaire l’évaluation des
réalisations est effectuée une fois dans l’année à l’occasion des réunions du bilan d’activités.
Cette démarche de monitoring n’est pas convenable avec celle du monitoring des services de
santé qui nécessite des réunions avec une périodicité plus rapprochée. Une redéfinition du
système de monitoring devra prendre en compte la pratique existante et les spécificités de
l’organisation du système de santé au Maroc.

Mots clés : Système - Information Sanitaire – Monitoring- Service – Couverture - Suivi

iii
SUMMARY

Assessment is one of the fundamental components in the cycle of health program


management. There are several methods and techniques of assessment in health programs.
Monitoring is one of the methods which is rational and is based on the health program logic.
When monitoring is realized at the basic healthcare (ESSB) level, in the health service, it is
adapted to detect the strengths and the weaknesses in the execution of the activities in order
to increase coverage. In Morocco, monitoring is based on the national health systems of
information, where every actor has a well defined role which is well recognized by all the
actors. Hence, there is a relationship between the actors in their various levels which
determines the dynamic of the system. Between March and May 2012 a study was realized
with the healthcare professionals at district level of Skhirat-Témara. An interview of 8
program planners of SIAAP and 23 healthcare professionals from 4 health centers was done
to assess their practice on monitoring activities. Document analysis was done basing on
periodic reports of meetings and annual assessment of SIAAP. Positive results were identified
in the data collection, treatment and data analysis, the elaboration and transmission of periodic
reports. However, there is need to improve the definition of coverage indicators, the analysis
of possible causes and the identification of corrective actions, and also, the elaboration of a
microplan. At district level the evaluation of results is made once in a year. This approach is
not in conformity with principles of monitoring sited by the health services, which requires
fortnight meetings. Finally, there is need to redefine the monitoring system in Morocco by
taking into consideration what is in the existing practice and its specificities.

Keywords: System - health Information – Monitoring- Service- Coverage – assessment

iv
TABLE DES MATIERES

Introduction …………………………………………………………………………………….1

Méthodes ……………………………………………………………………………………….3

Résultats

• Organisation du système de monitoring………………………………………………..5

• Fonctionnement du système de monitoring……………………………………………6

• Réunions de prise de décision………………………………………………………….7

• Perception des professionnels de santé………………………………………………...9

Discussion …………………………………………………………………………………….11

Propositions pour l’action…………………………………………………………………….14

Bibliographie………………………………………………………………………………….15

ANNEXE

• Annexe 1 : Carte sanitaire de la province de Skhirat-Témara………………………...18

• Annexe 2 : Caractéristiques générales des répondants……………………………….19

• Annexe 3 : Répartition des populations cibles des programmes de santé…………...20

• Annexe 4 : Répartition des personnels des centres de santé visités………………….21

• Annexe 5 : Liste des programmes de santé prioritaires………………………………22

• Annexe 6 : Grilles d’entretien…………………………………………………………23

• Annexe 7 : Etapes du processus du monitoring ………………………………………26

• Annexe 8 : Plan de rédaction du rapport de réunion périodique des centres de santé...27

• Annexe 9 : Plan de rédaction du rapport de monitoring du SIAAP ………………….28

v
LISTE D’ABREVIATIONS ET SIGLES

CPN : Consultation Prénatale

CS : Centre de Santé

CSC : Centre de Santé Communal

CSCA : Centre de Santé Communal avec module d’Accouchement

CSU : Centre de Santé Urbain

ESSB : Etablissement de Soins de Santé de Base

HTA : Hypertension Artérielle

IDE : Infirmier Diplômé d’Etat

IEC : Information- Education- Communication

IST: Infection Sexuellement Transmissible

LAP: Lutte Antipaludique

LAT: Lutte Antituberculeuse

PCIE: Prise en Charge Intégrée de l’Enfant

PF : Planification Familiale

PLMC: Programme de Lutte contre les Maladies de Carence

PLMD: Programme de Lutte contre les Maladies Diarrhéiques

PNI : Programme National d’Immunisation

PSGA: Programme de Surveillance de la Grossesse et des Accouchements

RC : Rhumatisme Cardiaque

RSSB : Réseau des Soins de Santé de Base

SIAAP : Service de l’Infrastructure d’Actions Ambulatoires Provincial

vi
INTRODUCTION

Dans la planification et le suivi d’un programme ou d’un projet, manager revient à


considérer deux dimensions : Animer et Gérer (Soler, 2001). L’animation vise à
mobiliser toute l’équipe vers l’atteinte des objectifs, c’est ce qui est largement décrit
dans les travaux sur la supervision et la gestion des ressources humaines (Benhmad,
2006 ; Réhayem, 2008 ; Lamaute et al, 2009). Le processus de gestion consiste à
planifier, à organiser, à diriger et à contrôler les activités qui se rapportent à un système
(1). Dans le cycle de gestion des programmes de santé, le suivi représente une des
fonctions fondamentales (3). Ces dernières années le suivi suscite de plus en plus
d’intérêt car le gestionnaire des services de santé exprime une préoccupation concernant
le choix des méthodes d’évaluation des progrès réalisés dans l’exécution des activités au
niveau des structures de soins de premier niveau (12). Il existe plusieurs méthodes et
techniques de suivi et d’évaluation des programmes de santé. Une des méthodes de
suivi basée sur la logique d’un programme de santé est le monitoring. Le monitoring
de la performance tel utilisé dans le contexte des soins de santé primaires est une
technique de gestion utilisée au niveau des points de prestation des services. Celle-
ci permet de détecter les forces et les faiblesses dans l’exécution des activités en vue
d’augmenter la couverture grâce à l’analyse périodique des résultats par l’équipe
de l’aire (ou du centre de santé) et les représentants de la communauté (membres
des comités de santé) (2). Il est composé de trois grandes étapes représentées par : une
phase de préparation, une phase d’exécution et une phase de prise de décision. Ses
principaux objectifs sont premièrement, améliorer la mise en œuvre des programmes par
l’identification des aspects qui fonctionnent selon le plan établi ; deuxièmement
renforcer les aspects qui ne fonctionnent pas et qui nécessitent des mesures
correctrices ; troisièmement, suivre les changements dans les services qui sont fournis
afin de générer de bons resultats à maintenir voire renforcer.

Au Maroc, le niveau opérationnel du système de santé est représenté par le Service de


l’Infrastructure d’Actions Ambulatoires Provincial (SIAAP), son Réseau de Soins de
Santé de Base (RSSB) et des structures d’appui (7). Il correspond à un niveau de
District sanitaire pour d’autres pays (10). L’équipe cadre au niveau du SIAAP est
constituée d’animateurs de programmes de santé, il est chargé de l’encadrement des
équipes des Etablissements de Soins de Santé de Base (ESSB). Le RSSB est constitué
par l’ensemble des ESSB qui existent au niveau d’une province ou d’une préfecture
1
sanitaire. Ce réseau a pour rôle de fournir à la population appartenant à l’aire de desserte
des services de soins de santé. Il représente le premier niveau de contact de la
communauté avec le système national de santé (9). Les structures d’appui fournissent
des services spécialisés qui permettent au SIAAP de remplir sa mission. La circulation
de l’information sanitaire à travers ce réseau passe par un système d’information
sanitaire. Il est également implanté à tous les niveaux de la pyramide sanitaire en se
basant sur des supports formels tels que les rapports périodiques, les grilles de
supervisions, les rapports de réunions de coordination ou encore les tableaux de bord.
Au cours du stage de mise en situation professionnelle, nous avons constaté des
insuffisances dans la transmission des rapports périodiques, dans la réactualisation des
tableaux de bord, dans l’organisation des réunions de travail et des sorties de
supervision. Ce qui nous a amené à nous interroger sur l’organisation du suivi des
programmes de santé au niveau opérationnel. Au Maroc, si le monitoring existe c’est à
travers le système d’information sanitaire. Qu’en est-il de sa pratique au niveau des
services de soins de santé de base ? Quel est le niveau de pratique du monitoring dans
la gestion de la performance des programmes de santé au niveau périphérique ? Pour
répondre à ce questionnement nous avons envisagé le cas de la province de Témara afin
de mener une étude qualitative auprès des professionnels de santé pour explorer et
décrire le niveau de pratique du monitoring pendant la période de Mars à Mai 2012.

Objectifs spécifiques

- Faire un diagnostic du processus de monitoring des services de santé au niveau d’une


province médicale (SIAAP et Circonscriptions sanitaires);

- Identifier les principaux obstacles rencontrés par les intervenants lors de la


réalisation des activités du monitoring et en fonction des différents niveaux du
Réseau des Soins de Santé de Base

- Déterminer la perception des professionnels de santé de la province à l’égard du


monitoring des services de santé et établir un consensus autour du concept «
monitoring » ;

- Proposer des orientations pour une amélioration du monitoring des services de santé
au niveau du Réseau des Soins de Santé de Base dans la province médicale.

2
Méthodes

Nous avons réalisé une étude qualitative qui a pour objet d’étudier la pratique du
monitoring tel qu’il est utilisé par les professionnels de santé et les gestionnaires des
services de santé de base, au travers de leurs discours et de leurs pratiques concrètes. Il
s’agit d’une étude de cas focalisée sur le niveau opérationnel du système de santé (6);
les structures d’appui n’ont pas été retenues dans cette étude. La préfecture de
Témara a été retenue du fait de sa composition en milieu urbain et rural et de la
structuration de son RSSB. Un choix raisonné des structures de santé a été utilisé pour
identifier le SIAAP et quatre centres de santé (Annexe 4). Les principaux critères du
choix des centres de santé sont : le milieu (urbain et rural) et la densité de population
(faible densité et forte densité). Pour la province, est considéré comme CS avec faible
densité de population, un CS dont la population désservie est inférieure à 15.000
habitants ; un CS avec forte densité de population est un CS qui dessert une population
de plus de 25.000 habitants. Les CS ont été retenus à partir d’une liste de CS de la
province, classés en fonction du milieu et de l’effectif de la population désservie

L’étude s’est déroulée en trois phases : une phase exploratoire d’entretien libre, une
phase de pré-enquête, une phase de collecte des données. Pendant la phase exploratoire
il était question de s’assurer de l’existence des supports de suivi qui devront faire l’objet
d’analyses documentaires ; il s’agissait également de s’assurer de la réalisation des
activités en rapport avec le monitoring de la performance telles que les réunions
périodiques. Les informations recueillies à l’issue de cette première phase ont permis
d’élaborer les supports de collecte des données. Ces supports de première génération ont
été utilisés pendant la phase de pré-enquête au niveau de la préfecture de Salé,
notamment au niveau du SIAAP et d’un centre de santé. Les entretiens semi-structurés
ont été réalisés auprès d’un animateur de programme de santé au niveau du SIAAP, et
au niveau d’un CS, auprès du médecin-chef et du major. Ceci a pour but d’ajuster le
contenu des thèmes de discussion et de rendre unanime leur compréhension auprès des
personnes interviewées. Une fois la révision des supports de collecte des données a été
faite, la troisième phase de l’étude a été entamée. La collecte des données a été faite en
se basant sur des entretiens semi-structurés et des analyses documentaires (Annexe 6).
Un accord préalable des répondants a été obtenu avant l’entretien en face-à-face d’une
heure. Les discours étaient retranscrits à partir de la trame d’entretien. Il s’agissait pour
chaque interviewé de décrire les supports du système d’information et sa pratique dans
3
les activités du suivi. En cours d’entretien avec le répondant, chaque axe de discussion
était revu en commun accord afin de vérifier l’exactitude du contenu du discours
retranscrit. La conduite des entretiens était guidée par le principe de la saturation.

Au niveau de chaque CS les entretiens étaient réalisés avec le médecin-chef, le major,


les responsables des programmes suivants : Programme National d’Immunisation (PNI),
Planification Familiale (PF)/ Programme de Surveillance de la Grossesse et des
Accouchements (PSGA), programme de Lutte Anti-Tuberculeuse (LAT), programme
de prévention des maladies cardio-vasculaires (HTA), programme de prévention et de
lutte contre le Diabète, programme de Santé Mentale. L’analyse documentaire portait
sur les rapports de réunions périodiques, le registre de PF, les fiches individuelles de
suivi des acceptantes de pilule, le registre des diabétiques, les dossiers des diabétiques.
Au niveau du SIAAP, des entretiens ont été réalisés avec les animateurs de programmes
de santé. L’analyse documentaire était basée sur les rapports de réunions périodiques du
SIAAP.

L’objectif méthodologique de la recherche visait à dégager la perception des


professionnels de santé vis-à-vis de ce processus du monitoring de la performance au
niveau des services de santé de base. Pour cela, il ne s’agissait pas de rechercher une
représentativité des catégories de professionnels, ni d’obtenir des resultats probabilistes
représentés par des statistiques. Notre objectif était d’obtenir une diversité de structures
de soins de santé de base présentant toutes des caractéristiques spécifiques mais
représentatives des structures de la province (principe de saturation). La mise en relief
du contenu des perceptions a débuté par un codage et un classement par thèmes de
l’ensemble des corpus. Ensuite, nous avons procédé à une catégorisation des thèmes,
des idées clés et des phrases témoins pertinentes. Une matrice a été élaborée pour
servir de grille d’analyse afin de déduire le contenu de chaque thème. Pour déterminer
la fréquence des thèmes, nous avons identifié et noté tous les entretiens ayant une
expression en relation avec le thème. Dans le cadre d’un même entretien, les propos
divergents avec plusieurs affirmations concernant un même thème ont été également
notés.

4
Resultats

Organisation du système de monitoring

Consensus autour du terme « monitoring » : dans leur pratique quotidienne, les


professionnels de santé ne font pas usage de ce terme. Tous les professionnels de santé
s’accordent à reconnaitre que le terme usité est celui du « suivi » plutôt que celui du
« monitoring ». Ceci se révèle à travers le propos suivant « Ce terme je l’ai connu
pendant ma formation. Il est utilisé pour désigner un appareil qui permet de suivre
l’évolution du travail chez une parturiente ».

Les différents acteurs : au niveau des CS, tous les infirmiers-majors s’accordent à
reconnaitre leur rôle dans la synthèse mensuelle des données périodiques pour
l’établissement des rapports périodiques : « à la fin du mois je dois rassembler toutes les
données auprès des médecins et des responsables de cellule pour faire la synthèse ».
Chaque responsable de programme est chargé de l’enregistrement des patients et de la
mise à jour des dossiers médicaux, ceci a été déclaré par l’ensemble des responsables
de programmes. Dix professionnels de santé sur 26 affirment avoir eux-mêmes
réactualisés leur tableau de bord, pour le reste il s’agit d’une tâche réservée à
l’Infirmier-major. Douze professionnels de santé sur 19 ont déclaré faire la synthèse
mensuelle avant de remettre à l’infirmier-major pour faire un récapitulatif, par contre le
reste a déclaré qu’il s’agit d’un rôle qui revient au major du CS. Ceci ressort à travers la
déclaration suivante : « les statistiques, c’est le major qui s’en occupe ». Avant d’être
acheminé au niveau supérieur, les rapports périodiques doivent faire l’objet d’une
validation par le médecin-chef du CS. Les trois médecins-chefs interviewés ont
reconnu qu’avant la validation, les rapports périodiques doivent être discutés ensemble
avec l’infirmier-major. Les responsables d’acheminement de l’information sanitaire
sont soit le médecin-chef, soit l’infirmier-major. Outre son rôle de validation des
rapports périodiques, le médecin-chef du CS est aussi l’initiateur des réunions
périodiques. Les animateurs de programmes sont les membres du staff du SIAAP au
niveau de la base de la province. Les animateurs de programmes représentent l’interface
entre les structures sanitaires de base d’une part, et la Direction régionale avec les
services centraux d’autre part : « je coordonne entre le ministère, la délégation, la
direction régionale, les CS, le centre de référence ». Ce rôle est reconnu par l’ensemble
des animateurs du SIAAP. Dans leur rôle auprès des équipes des CS, chaque animateur
de programme a la responsabilité de veiller sur la disponibilité des supports
5
d’information et sur leur meilleur remplissage : c’est ce qui constitue l’objet des sorties
de supervision. Ceci ressort à travers les propos suivants : « j’assure l’encadrement des
CS par la supervision. Pendant les sorties de supervision, je vérifie les registres du
programme, le tableau de bord, les matériels, le planning d’activité.». En rapport avec
les objectifs des programmes ils ont déclaré « je dois aussi aider les CS à atteindre les
objectifs et à améliorer les prestations du programme ». Ce rôle d’encadrement a été
confirmé par l’ensemble des animateurs de programmes.

Les supports d’information : les mêmes supports utilisés par le système d’information
sanitaire sont également utilisés pour le monitoring. Les principaux supports sont les
registres, les fiches journalières d’activité, les fiches de rapports (mensuelles,
trimestrielles, semestrielles), les tableaux de bord des réalisations, les dossiers des
patients et les fiches individuelles des programmes, les comptes-rendus de réunions
périodiques ou non périodiques. Il existe deux grands types de registres au niveau d’un
CS : les registres standardisés qui sont les registres des programmes de santé envoyés à
partir des services centraux ; les registres tracés par les structures pour répondre au
besoin de recherche d’information. Tous les infirmiers-majors interviewés ont reconnu
l’existence de cette variété de registres tracés pour lesquels ils ont déclaré : « …il y’a
aussi des registres que nous traçons nous-mêmes pour collecter sans difficulté les
données qui doivent être envoyés au niveau central». Au niveau du SIAAP, Les
principaux supports de suivi utilisés par les animateurs de programmes sont leur
planning d’activité auprès des CS, le tableau de bord, les comptes-rendus d’activités et
les rapports périodiques. Dans leur pratique, les professionnels utilisent le terme de
« paperasse » pour désigner ces supports d’information.

Fonctionnement du système de monitoring : les différentes étapes du


processus du monitoring sont : la collecte des données, le traitement et l’analyse des
données, l’établissement et la transmission de rapports périodiques, l’organisation de
réunions de prise de décision, le stockage et l’archivage (Annexe 7). Concernant la
collecte des données, chaque responsable de cellule au niveau des CS enregistre en
fonction de son planning de travail. Dix professionnels de santé sur 16 ont déclaré
qu’ils réalisent des synthèses périodiques dans la semaine : « au niveau de ma cellule,
pour être à jour dans les rapports mensuels, je dois faire une petite synthèse tous les
deux ou trois jours ». Tous les infirmiers- majors ont déclaré qu’avant la fin du mois,
une fois dans la semaine ils réalisent une synthèse partielle des données « pour ne pas
6
perdre le fil, je dois faire mes synthèses à la fin de chaque semaine. Sinon à la fin du
mois, je ne me retrouve plus ». Les rapports périodiques synthétisés au niveau des CS
sont acheminés au niveau du SIAAP. Il existe une date limite d’acheminement qui est
valable pour l’ensemble des CS de la province : « à la fin du mois si le rapport n’est pas
parvenu, il faut faire un rappel aux responsables de CS pour qu’ils nous l’envoient à
temps ». Chaque animateur de programme est chargé de faire une synthèse provinciale
des données du (ou des) programme (s) de santé dont il est responsable afin de
l’acheminer à son tour vers les services centraux. Ceci a été vérifié auprès des
animateurs de programmes qui l’ont confirmé. Pour décrire en quoi consiste l’analyse
des données, les infirmiers-majors ont déclaré : « je dois refaire la synthèse des
données calculées, je dois vérifier que la synthèse correspond aux produits utilisés, je
dois calculer les indicateurs de performance ou d’évaluation, je dois faire des
comparaisons avec les résultats des mois antérieurs, je dois faire des comparaisons par
rapport aux objectifs fixés ». Tous les professionnels s’accordent à reconnaitre que cette
tâche incombe à l’Infirmier-major. Au niveau du SIAAP, une démarche d’analyse
similaire a été adoptée par les animateurs de programmes. Ceci est évoqué à travers les
propos suivants : « après avoir rassemblé les rapports de tous les CS, je vérifie si le
délai est respecté, je vérifie s’il n’y a pas d’erreur dans le remplissage du rapport ou si
le rapport est mal rempli, je vérifie l’état de stock des produits par rapport aux
réalisations, je vérifie le calcul des indicateurs de performance ou d’évaluation, je
compare les réalisations par rapports aux resultats antérieures et par rapport aux
objectifs ». L’étape suivant l’analyse des données est la transmission des rapports auprès
des services centraux, ceci est évoqué par tous les animateurs de la manière
suivante : « une fois que j’ai fait un « récap », je fais une saisie dans la base de
données, j’achemine soit mensuellement ou trimestriellement (selon le cas) les rapports
à la direction régionale et au service central ». Au SIAAP, chaque animateur de
programme peut être responsable d’un ou de plusieurs programmes. Parmi les
animateurs interviewés, 2 sont responsables d’un programme, 3 sont responsables de 2
programmes et les 3 autres sont responsables de plus de 3 programmes. Avant
d’acheminer les rapports, chaque animateur de programme rassemble tous les rapports
des CS concernant le (ou les) programme(s) dont il est responsable.

Réunions de prise de décision : au niveau des CS les réunions de synthèse


mensuelle sont organisées selon le planning de chaque CS, soit en fin du mois

7
immédiatement après l’établissement du rapport mensuel soit au début du mois suivant.
La durée consacrée au déroulement de cette réunion est d’une heure. Elles occupent une
place importante pour les professionnels de santé. Tous les infirmiers-majors ont
reconnu leur importance « les réunions mensuelles sont bénéfiques au CS, au cours de
ces réunions on discute les réalisations et les problèmes rencontrés. Ce sont aussi des
occasions pour la lecture des circulaires et des notes de services, la discussion des
congés, le rappel de l’horaire de travail, les déclarations de maladies et la discussion
sur divers autres problèmes. Surtout, c’est une occasion pour donner des
encouragements aux responsables d’activités ». Les autres membres des équipes des CS
ont reconnu également le bénéfice des réunions mensuelles : « nous travaillons dans des
conditions difficiles. Pendant les réunions au niveau du CS les responsables nous
encouragent toujours, cela nous motive également de continuer à travailler ». A propos
de la régularité des réunions mensuelles au niveau des CS, 12 professionnels de santé
sur 16 qui ont été interviewé ont déclaré qu’elles ne sont pas organisées tous les mois.
Ceci a été confirmé par 2 Infirmiers-majors des CS sur les 4 interviewés « dans les
années passées, j’avais eu l’occasion d’organiser les réunions mensuelles avec d’autres
médecins-chefs, mais pas avec le nouveau ». Les raisons évoquées par les médecins-
chefs concernant les irrégularités dans les réunions mensuelles sont les suivantes « nous
n’arrivons pas à organiser régulièrement les réunions mensuelles parce qu’il nous faut
parvenir à rassembler tous les personnels. Et ce n’est pas toujours facile. Il y’a les
congés, les sessions de formation continue, la surcharge de travail, l’absentéisme et
même parfois les documents pour la réunion ne sont pas disponibles ». Pour vérifier
les différentes phases des réunions mensuelles, les professionnels de santé qui ont
participé aux réunions mensuelles des CS ont décrit les étapes comme il figure dans le
plan de rapport des CS (Annexe 8). Concernant les réunions du bilan annuel
organisées au niveau du SIAAP, tous les 7 responsables des CS interviewés ont déclaré
avoir participé aux réunions du bilan annuel. Le bilan des réalisations de l’année passée
est présenté au début de l’année suivante. La durée des réunions est d’une demi-journée
de travail, ceci a été confirmé par les responsables des CS et les animateurs des
programmes « nous commençons la réunion le matin à partir de 9h 30 et nous finissons
à 12 h 30 ». Concernant la régularité des réunions du bilan annuel, tous les
professionnels interviewés ont déclaré qu’elles se déroulent toujours au début de
l’année, mais quelquefois des retards sont notés dans l’organisation. L’expérience
contée par les professionnels ayant participé à cette réunion ont fait ressortir les étapes
8
du déroulement suivantes : « une personne du SIAAP est désignée pour exposer le bilan
annuel, il donne l’ordre du jour puis on passe à la présentation des réalisations. On fait
la présentation pour chaque programme et nous discutons au fur et à mesure ». Pour 4
responsables de CS sur 7 qui ont eu l’occasion de participer aux réunions du bilan
annuel, il faudrait se préparer avant pour donner des éclaircissements ou justifier leurs
réalisations « une fois que la présentation est finie, viennent ensuite les questions de ….
Pourquoi vous n’avez pas…. ». 4 animateurs de programmes sur 8 ont confirmé qu’au
cours de la réunion du bilan annuel, les responsables de CS ont à donner des
explications concernant leurs réalisations. Concernant leur participation aux réunions du
bilan annuel au niveau du SIAAP, les points de vue des participants étaient divergents :
certains déclarent : « c’est une réunion au cours de laquelle on se compare nos
résultats entre CS ; on se positionne dans la province par rapport aux autres CS». Pour
d’autres : « au cours de la réunion on s’échange nos expériences (idées, pratiques, ou
problèmes rencontrés dont on n’a pas pu trouver les solutions) ». D’autres déclarent :
« nous n’avons pas à leur cacher nos résultats, nous devons leur présenter car c’est
pendant le bilan qu’ils doivent trouver les solutions aux problèmes que nous avons
rencontrés au niveau des CS. C’est à eux de trouver les solutions ». Sur 8 animateurs
interviewés, 2 ont déclaré qu’en dehors du SIAAP ils ont d’autres possibilités de
discuter sur leurs réalisations tous les 6 mois. Sur 13 animateurs de programmes, 1 a
déclaré que le programme dont il est responsable a bénéficié de réunions à périodicité
trimestrielle et que cela lui a été bénéfique « pour moi, je n’ai pas de problème au
niveau de mon programme ».

Perception des professionnels de santé:

L’existence d’une variété de supports spécifiques pour chaque programme est décriée
par 16 professionnels de santé sur 19 au niveau des CS, qui ont déclaré y consacrer plus
de temps qu’à l’examen des patients : « devant un nouveau cas je dois remplir le
dossier du malade qui comporte 6 page, c’est un dossier qui est très chargé. On reçoit
en moyenne 30 malades au cours d’une séance d’activités. Vous voyez, ça ne facilite
pas le travail, on n’a plus le temps d’examiner correctement le malade. On prend
beaucoup de temps pour remplir les fiches ». La lourdeur du système d’information est
affirmée par 5 animateurs de programmes sur 8. Elle se traduit par l’existence de
plusieurs indicateurs pour chaque programme et qui ne sont pas tous utilisés au niveau
des CS ou du SIAAP : « au niveau du programme que je dirige, j’ai à peu près 10
9
indicateurs, pendant le bilan annuel on ne nous demande de présenter que 2 ou
3 ».cette proposition a été vérifiée auprès des autres animateurs de programmes qui ont
confirmé. La discussion pendant les réunions du bilan annuel était toujours limitée aux
présentations et à des questions-réponses, c’est ce qui est ressorti à travers les propos
suivants « quand on veut discuter les solutions des problèmes que nous avons
rencontré, ils nous disent qu’il n’y a pas assez de temps pour les discussions et que nous
ne sommes pas les seuls à avoir ce problème ». Les infrastructures et les équipements
n’ont pas été adaptés pour la fourniture des services de santé à la population « par
exemple, nous ne disposons pas de salle d’IEC pourtant nous devons fournir
régulièrement des données sur les activités d’IEC ». Il existait une insuffisance en
personnel paramédical au niveau des CS. Cette insuffisance a entrainé un cumul de
plusieurs activités de soins (préventifs et curatifs) par un personnel paramédical
(Annexe 4). Le passage d’un ancien support d’information à un nouveau support (par
exemple, les registres) n’étant pas clairement défini, les professionnels de santé ont
soulevé des difficultés d’adaptation au remplissage des nouveaux supports
d’information. Des retards fréquents ont été enregistrés par les animateurs de
programmes dans la transmission des rapports périodiques en provenance des CS. Pour
pallier à cette situation des communications téléphoniques sont utilisées pour la
transmission des rapports périodiques avant l’acheminement des rapports validés. Ce
constat a été confirmé par les responsables des CS. Une insuffisance d’appui permanent
pour l’archivage et la logistique a été décrite par l’ensemble des professionnels de santé
tant au niveau du SIAAP ainsi qu’au niveau des CS« nous profitons de toutes les
occasions pour transmettre les rapports au SIAAP, parfois avec l’aide des
particuliers ». Concernant l’archivage ceci a été déclaré : « quand il faut passer à
l’utilisation d’un nouveau support d’information, les anciens registres sont parfois jetés
ou détruits ». A la fin des réunions du bilan annuel, les recommandations évoquées
par l’équipe des encadrants ont toujours été acceptées et exécutées « une fois que nous
revenons au niveau du CS nous informons les autres membres de l’équipe et nous
exécutons les solutions qu’ils nous ont proposés ».

Les entretiens ont été réalisés avec 31 répondants dont 8 animateurs de programmes de
santé et 23 professionnels de santé des CS. Leur âge variait entre 28 à 58 ans. Au niveau
du SIAAP un âge avancé caractérise les animateurs de programmes. Au niveau du
SIAAP, le nombre d’années global de services des animateurs variait entre 15 à 35 ans

10
tandis qu’au niveau des CS, le nombre d’années de services global des professionnels
variait entre 8 mois à 33 ans. Aux différents niveaux, les femmes sont plus représentées
que les hommes. Neuf (9) autres répondants au niveau des CS avaient été prévus pour
les entretiens mais ils n’ont pas été interviewés. Les raisons évoquées sont les
suivantes : dans les 4 CS l’activité relative à la santé mentale n’était pas mise en œuvre ;
dans un CS l’un des responsables n’était pas disponible ; dans un autre CS l’activité
relative à la LAT n’était pas réalisée ; un répondant a été interviewé pour deux
personnes et un autre a été interviewé pour trois personnes. Concernant l’analyse
documentaire, dans les 4 registres de réunions de coordination des CS organisées de
2005 à 2012, 48 comptes-rendus de réunions ont été analysés. Les grandes lignes de la
rédaction des rapports périodiques figurent à l’Annexe 8. Durant l’année 2011 sur 755
nouvelles acceptantes de méthodes contraceptives (pilule) enregistrées, 719 fiches
individuelles de PF ont été recensés. Toujours dans la même année sur 252 patients
diabétiques enregistrés, 211 dossiers de patients suivis ont été identifiés. Au niveau du
SIAAP, de Novembre 2010 à Février 2012, le contenu des 6 comptes-rendus de
réunions périodiques ont été analysés. La présentation des grandes lignes de ces
rapports figure à l’Annexe 9. Une liste des 13 programmes de santé reconnus
prioritaires au niveau de la préfecture a été définie (Annexe 5).

Discussion

Certains aspects dans la pratique du monitoring au Maroc, méritent d’être comparés à la


pratique du monitoring dans d’autres pays. Ces aspects concernent le lieu du
déroulement du monitoring ; les caractéristiques des participants ; la périodicité et la
durée des rencontres ; les indicateurs utilisés pour le monitoring ; l’encadrement des
professionnels de santé des CS tout au long des préparatifs. Le lieu du déroulement du
monitoring aurait un rôle important dans l’amélioration des prestations de services.
D’après une étude réalisée dans le district de Houndé en 1996 dans 5 CS, le
déroulement des rencontres pour l’interprétation des données et la planification des
actions correctives s’effectue au niveau des centres de santé (NACOULMA et al, 1996).
Une expérience du Sénégal et du Congo Démocratique documentée en 2005 ont donné
des resultats similaires (DIALLO et al, 2005). Si l’endroit idéal du déroulement du
monitoring serait le Centre de Santé, l’équipe des CS aurait la chance de participer et
de proposer des actions correctrices réalistes. L’effectif des participants serait réduit et
la discussion serait plus productive. Cet aspect ressort du résultat évoqué par
11
NACOULMA et al. Une gestion participative des ressources humaines est une source
de motivation pour les équipes des organisations que cela soit à un niveau local ou à un
niveau élevé (5). Concernant la périodicité et la durée consacrée au monitoring des
services de santé, dans notre étude le monitoring est réalisé une fois par an, la durée qui
y est consacrée est d’une demi-journée de travail. NACOULMA et al. ont utilisé une
périodicité semestrielle. L’expérience documentée par DIALLO a révélé qu’une durée
de deux jours minimum doit y être consacrée et que la périodicité doit être établie en
tenant compte de deux choses : la charge du travail que requiert un tel exercice, le délai
nécessaire pour apprécier les resultats après la mise en place d’une stratégie correctrice.
Dans notre étude, les indicateurs de programmes utilisés pour analyser les performances
varient d’un programme à un autre. NACOULMA et al ont utilisé les cinq déterminants
de la couverture pour mesurer les progrès réalisés au niveau des cinq CS du district.
Cette même méthode est utilisée par DIALLO et al. Pour le monitoring des services de
soins obstétricaux, MAINE et al. ont rapporté l’utilisation de trois indicateurs de
couverture que sont la disponibilité, l’utilisation et la qualité (14). L’encadrement des
personnels tout au long des différentes étapes du monitoring est d’une importance
capitale. Dans notre étude, les analyses des documents de supervision réalisée au niveau
du SIAAP a révélé deux passages de l’équipe de supervision pour chaque CS dans
l’année. Les resultats des travaux n’ont pas spécifié le nombre de passages aux
différentes étapes du monitoring. Cependant, DIALLO et al. ont proposé dans les
préalables à l’exécution du monitoring de faire accompagner par les équipes cadres de
districts les équipes des centres de santé. L’exécution du monitoring doit s’achever par
l’élaboration d’un plan d’amélioration et d’un rapport final de monitoring ; les resultats
des monitorings précédents doivent être comparés à ceux du monitoring actuel pour
évaluer les progrès réalisés. Dans notre étude, les rencontres du bilan annuel s’achèvent
par l’établissement d’un rapport qui évoque les grandes lignes des recommandations qui
doivent être observées par les CS. DIALLO et al. ont proposé de micro planifier les
actions correctrices en définissant par qui- où- quand- avec qui- avec quoi- les tâches à
exécuter- les ressources- le calcul des coûts- les contraintes etc. cette méthode appliquée
quelques années plus tôt par NACOULMA et al. a révélé une amélioration dans
l’évolution de la couverture par les prestations de services. Pour montrer les resultats
encourageants qui résultent du monitoring, une étude réalisée au Maroc conclue :
« assessment of unmet obstetric need in Taounate province proved feasible and
affordable without external budgetary inputs for data collection and analysis. It
12
provided the team with information on the magnitude of a previously ignored problem.
The results were so striking as to lead the team to look for causes and
solutions» (A.Belghiti, V. De Brouwere et al, 1998) (4)

Dans le cadre du monitoring, le caractère prioritaire des programmes de santé varie en


fonction du profil épidémiologique de chaque province ou préfecture. Parmi ces
programmes il pourrait exister d’autres programmes qui présentent ce caractère
prioritaire mais qui ne sont pas évoqués au cours de ces présentations, ceci justifie
qu’on ne peut pas tout monitorer. Les problèmes rencontrés par les professionnels de
santé ne présentaient pas de différence en fonction du milieu. Ceci n’a aucune
répercussion dans le traitement et la synthèse des informations fournies par les
professionnels issus de milieu différent (urbain ou rural). La méthode adoptée pour
réaliser cette étude est adaptée pour mener une analyse exploratoire. Elle est convenable
pour identifier les CS présentant les caractéristiques évoqués, et d’analyser le niveau de
pratique du monitoring par les professionnels de santé du niveau opérationnel.
Limites : Cependant, dans notre étude nous n’avons pas tenu compte de la performance
de chaque CS dans les réalisations. Ce critère était indispensable pour vérifier
également la pratique du monitoring et surtout l’expérience des professionnels au
niveau d’une structure de soins ayant de faibles performances. Le critère de la densité
de population désservie varie d’une province à l’autre, pour des études ultérieures qui
visent la généralisabilité il serait souhaitable de rendre ce critère uniforme. Dans l’étude
il était prévu une observation participante qui n’a pas été réalisée. Les resultats issus de
cette observation pourraient permettre d’identifier l’effectif et la provenance des
participants aux réunions du bilan annuel.

Conclusion

L’évaluation de la performance des programmes de santé étant réalisée une fois dans
l’année au cours du bilan annuel ne constitue pas une démarche de monitoring (2, 15).
Cette démarche du monitoring par les services de santé de base ne peut permettre
d’améliorer la mise en œuvre des programmes de santé selon le plan établi, ni de suivre
les changements dans les services qui sont fournis afin de générer de bons resultats (14).
Pour envisager une amélioration de la pratique du monitoring il serait indispensable
de réaliser des études complémentaires et de revoir cette pratique en tenant compte du
contexte organisationnel du système de santé au Maroc.

13
PROPOSITIONS POUR L’ACTION

La pratique du monitoring des services de sante dans la préfecture de Skhirat-Témara


représente un cas parmi tant d’autres au Maroc. La spécificité du système de monitoring
du Maroc est l’utilisation des ressources communes avec le système d’information
sanitaire. Des resultats encourageants ont été enregistrés dans la collecte des données,
dans le traitement et l’analyse des données, dans l’établissement et la transmission des
rapports périodiques. Cependant la pratique du monitoring au niveau des services de
santé mérite d’être améliorée dans les étapes suivantes :

• L’interprétation des resultats, l’analyse des causes possibles et l’identification


des actions correctives : les équipes des ESSB doivent bénéficier d’un
encadrement par les membres du staff du SIAAP en respectant les phases
d’exécution du monitoring ;

• L’élaboration d’un microplan à la fin du monitoring, qui spécifie les actions


correctrices en définissant comment, par qui, où, quand, avec qui, avec quoi, les
tâches à exécuter, les ressources, les calculs des coûts, les contraintes.

• Une redéfinition du système de monitoring : sa périodicité, le lieu de son


déroulement ; son système d’archivage

• Une formation des membres de staff du SIAAP à la préparation et à l’exécution


du monitoring

Au niveau des CS :

• Reprendre l’organisation des réunions périodiques en respectant la périodicité


mensuelle ;

• Documenter l’organisation des réunions périodiques ;

• Prendre en compte les propositions de solutions évoquées au cours des réunions


périodiques mensuelles afin de les discuter pendant les réunions du bilan annuel
organisées au niveau du SIAAP.

14
• BIBLIOGRAPHIE

1. Adrien PAYETTE. L’éfficacité des gestionnaires et des organisations. Presses


de l’Université du Québec, 1989, pp 121- 146.

2. Advance Africa / USAID. Monitoring et Amélioration de la Performance :


Manuel et Guide de Formation, Arlington, March 2005.

3. BANQUE MONDIALE : DEPARTEMENT DE L’EVALUATION DES


OPERATIONS, RENFORCEMENT DES CAPACITES D’EVALUATION.
Suivi et évaluation : Quelques outils, méthodes et approches, 1ère édition,
Washington, 2004.

4. BELGHITI A., V. De BROUWERE, G. KEGELS & W. VAN LERBERGHE.


Monitoring unmet obstetrical need at district level in Morocco. Trop. Med. Int.
health. Vol. 3, No. 7, pp. 584-591, 1998.

5. BENHMAD ABDERRAHMANE M. Approche d’amélioration de la


supervision des programmes de santé au niveau des établissements de soins de
santé de base de Salé. Mémoire, Institut National d’Administration Sanitaire,
Maroc, Juin 2006.

6. Martine HLADY RISPAL. La méthode des cas: application à la recherche en


gestion, De Boeck Université, 2002.

7. MINISTERE DE LA SANTE PUBLIQUE. Manuel de gestion de la


circonscription sanitaire, Casablanca, 1991.

8. MINISTERE DE LA SANTE PUBLIQUE: Direction de la Prévention et de


l’Encadrement Sanitaire. Guide d’utilisation du sous-système national
d’information sanitaire SMI/PF, Casablanca, Septembre 1991.

9. MINISTERE DE LA SANTE PUBLIQUE. Manuel de gestion de la


circonscription sanitaire, 2ème édition, Maroc, 1997.

10. MINISTERE DE LA SANTE: Direction Générale de la Santé. Normes du


District sanitaire au Togo, Lomé, Février 2001.

15
11. NACOULMA D. et coll. Suivi par le monitoring de la mise en œuvre de
l’initiative de Bamako : expérience du district de Houndé. Médecine d’Afrique
Noire. 1996 ; vol 43 (1) : pages 7-11.
12. SHAW V. et coll. Health information system reform in South Africa: developing
an essential data set. Bulletin of the WHO. 2005; vol 83, n°8: pages 632-639.

13. T. TANAHASHI. Health service coverage and its evaluation. Bulletin of the
WHO. 1978; vol 56(2): pages 295-303.

14. UNICEF / WHO/ UNFPA: Guidelines for Monitoring the Availability and the
Use of Obstetric Services. August 1997.

15. UNICEF/ RCA. Guide pour le monitorage des activités des formations
sanitaires, Bossembélé, Mai 2000.

16
ANNEXES

17
ANNEXE 1

Carte sanitaire de la Préfecture de Skhirat-Témara

18
ANNEXE 2

CARACTERISTIQUES GENERALES DES REPONDANTS

NIVEAU SIAAP CS

(effectif) (effectif)

Profils des interviewés

Médecin 1 8

IDE 4 11

Sage-femme 1 4

Technicien 1 0

Administrateur 1 0

Age

< 30 ans 0 1

30- 40 ans 0 7

40- 50 ans 3 7

50- 60 ans 5 8

Sexe

Masculin 3 6

Féminin 5 17

Année de service

Global Dans la responsabilité

<1 an 0 0 2 4

1- 5 ans 0 3 0 9

5- 10 ans 0 2 1 4

10- 15 ans 0 0 6 2

15- 20 ans 4 1 6 1

>20 ans 4 2 8 3

19
ANNEXE 3

REPARTITION DES POPULATIONS CIBLES DES PROGRAMMES DE SANTE 2012

Enfants Enfants Enfants


Population Naissances Enfants
MILIEU 0- 11 12- 23 24- 59 FAR FMAR
totale attendues < 5 ans
mois mois mois

Urbain 443000 8603 8340 8289 23989 40618 128249 80094

Rural 71000 1598 1483 1466 3804 6753 19887 11837

TOTAL 514000 10201 9823 9755 27793 47371 148136 91931

Source : Délégation de la Santé de Témara,


SIAAP, 2012

20
ANNEXE 4

REPARTITION DES PERSONNELS DES CS VISITES ET DOMAINES D’ACTIVITES

Centres de santé Effectif et profils Domaines d’activités Population


visités des personnels désservie
(habitants)

Médecin-chef ; PNI ; PSGA/PF ;


5 Médecins
LAT ; HTA ; Diabète
CS Mers El Kheir
Infirmier-major ; PF/PSGA ; 16.000
(CSC) 3 IDE et 1 sage PNI ; Soins+ distribution de
femme médicaments+LAT+LAP+
maladies chroniques

Hygiène scolaire ;
4 Médecins PF/PSGA+PNI ; Diabète ;
CS Sidi Yahya Zaër HTA+RC
28.000
(CSCA) 4 IDE Infirmier –major+LAT+HTA ;
Soins ; Diabète+distribution de
5 sages- femmes médicaments ; PNI ; PF/PSGA

Médecin-chef ; IST+LAT ;
PCIE ; Diabète ; HTA ;
6 médecins
Consultation générale+Santé
CS Oued Eddahab scolaire
12.000
(CSU) Infirmier-major +LAP ;
PNI+PLMC+PLMD ;
4 IDE
PSGA/PF ; Soins+ distribution
de médicaments

Médecin-chef ; HTA ; Diabète ;


PNI ; PSGA ; PF ; Hygiène
8 Médecins
scolaire ; Dépistage du cancer du
CS Ouled Bennacer sein et du col utérin.
42.000
(CSU) Infirmier-major ; PNI+PCIE ;
2 IDE et 4 sages- PSGA/PF ; Hygiène scolaire ;
femmes Distribution de médicaments ;
Soins+LAT

21
ANNEXE 5

LISTE DES PROGRAMMES DE SANTE PRIORITAIRES

Programmes de santé Indicateurs

Programme national Taux de couverture par le BCG ; pourcentage de naissances


d’immunisation protégées par CS

Programme national de Taux de couverture par la Vitamine D (2ème prise) ; taux de


nutrition couverture par la Vitamine A (3ème prise)

PNPF- PSGA Taux de recrutement en consultation prénatale ; pourcentage


de grossesses à risques dépistées ; moyenne des visites ; taux
de prévalence contraceptive ; bilan des accouchements par
MA ;

Santé scolaire Pourcentage de VMS ; pourcentage de la CAV ;

Santé bucco-dentaire Activités curatives ; activités préventives (rinçage au fluor)

Lutte antipaludique et Nombre de cas de bilharziose, de kyste hydatique et de


maladies parasitaires leishmaniose ; taux d’examen hématologique ;

Equipe mobile Répartition de la population cible ; ressources


mobilisées/nombre de sorties effectuées ; activités assurées ;
maladies dépistées

IEC Nombre de bénéficiaires pendant les manifestations ; nombre


de bénéficiaires par programme ;

Diabète Prévalence ; proportion des complications vues ; pourcentage


des complications référées ; répartition des cas par CS ;
évolution du nombre de cas par type

Programme de lutte contre Nombre de cas d’angines traitées ; nombre de cardite ; nombre
les maladies de cas de RC déclarés ; incidence pour 100.000 habitants
cardiovasculaires
Nouveaux cas d’HTA ; total des cas pris en charge ;
(HTA, RC) prévalence ; d’HTA ; prévalence des complications

Programme de santé mentale Répartition des consultations par sexe, par âge, par catégorie.

22
ANNEXE 6

GRILLES D’ENTRETIEN

Trame d’entretien au niveau des centres de santé

Personnes à interviewer :

• Responsable du PNI
• Responsable de PSGA : CPN et PF
• Responsables : LAT, HTA, Diabète, Maladies mentales

Phrase introductive :

Bonjour, je suis une étudiante et je recherche des informations concernant le suivi dans
le système d’information sanitaire. Les informations qui vous serez amenés à fournir
sont confidentielles et votre identité ne sera en aucune manière révélée. Les résultats de
cette étude seront utilisés dans un but managérial.

THEMES DE DISCUSSION

• Parlez-nous de l’organisation du suivi dans le système d’information sanitaire


• Votre rôle dans ce système
• Fréquence des consultations ou des séances d’activités
• Nombre de supports d’information à remplir lors des séances d’activités surtout
pour les nouveaux cas ; votre avis
• Parlez-nous de la synthèse des rapports mensuels : vos analyses préliminaires et
les finalités
• Difficultés rencontrées pour l’application des mesures d’amélioration de
performance proposées, suite aux réunions des bilans semestriels.

IDENTIFICATION

Etablissement sanitaire……………………… ………Fonction ……………………......

Profil …………………………………….Grade ……………………………………

Nombre d’années de service global……………………………………………………

Nombre d’années de service dans la responsabilité………………………………………

Sexe …………………………………. Age ……………………………………………

23
Trame d’entretien avec le médecin-chef et le major des centres de santé

Phrase introductive :

Bonjour, je suis une étudiante et je recherche des informations concernant le suivi dans
le système d’information sanitaire. Les informations qui vous serez amenés à fournir
sont confidentielles et votre identité ne sera en aucune manière révélée. Les résultats de
cette étude seront utilisés dans un but managérial.

THEMES DE DISCUSSION

• Organisation du suivi dans le système d’information sanitaire


• Votre rôle dans le suivi concernant le système d’information sanitaire
• Nombre de programmes de santé à monitorer et leurs indicateurs ; votre avis
• Parlez-nous des analyses que vous effectuez à l’issue de la synthèse des rapports
mensuels
• Préalables au déroulement des bilans semestriels
• Parlez-nous des analyses préliminaires que vous effectuez avant la tenue des
réunions concernant les bilans semestriels
• Rappel sur le déroulement de la réunion du bilan semestriel
• Difficultés rencontrées pour la mise en œuvre des mesures d’amélioration de
performance proposées.

IDENTIFICATION

Etablissement sanitaire……………………… ………Fonction ……………………........

Profil …………………………………….Grade ……………………………………

Nombre d’années de service global………………………………………………………

Nombre d’années de service dans la responsabilité………………………………………

Sexe …………………………………. Age …………………………………………

24
Trame d’entretien avec les animateurs des programmes de santé (SIAAP)

Phrase introductive :

Bonjour, je suis une étudiante et je recherche des informations concernant le suivi dans
le système d’information sanitaire. Les informations qui vous serez amenés à fournir
sont confidentielles et votre identité ne sera en aucune manière révélée. Les résultats de
cette étude seront utilisés dans un but managérial.

THEMES DE DISCUSSION

• Organisation du suivi dans le système d’information sanitaire


• Votre rôle dans le suivi du système d’information sanitaire
• Activités que vous réalisez et qui contribuent au renforcement de votre rôle
auprès des équipes de centres de santé
• Nombre d’indicateurs dans le programmes dont vous êtes l’animateur ; donnez
votre avis
• Préalables aux réunions concernant le bilan semestriel qui regroupent les
médecins-chefs et les majors des centres de santé avec l’équipe du SIAAP
• Le déroulement des réunions du bilan semestriel : les phases et l’organisation du
suivi des recommandations finales
• Difficultés rencontrées par les équipes des centres de santé pour l’application des
mesures d’amélioration de la performance proposées
• Difficultés rencontrées personnellement dans l’application des mesures
d’amélioration de performance proposées, suite aux réunions des bilans
semestriels et lors de l’analyse des rapports mensuels transmis.

25
ANNEXE 7

ETAPES DU PROCESSUS DE MONITORING

Collecte des données

Traitement et analyse
des données

Réunions de prise de Etablissement de rapports


décision : périodiques

• CS : mensuelle

• SIAAP : annuelle
Transmission des rapports

Archivage/ stockage

26
ANNEXE 8

PLAN DE REDACTION DU RAPPORT DE REUNION PERIODIQUE DES CENTRES


DE SANTE

Préfecture Skhirat-Témara

Centre de Santé…………… Date : ……/………/………

RAPPORT DE REUNION

Ordre du jour

Personnels :

• Présents (Nom et prénom)

• Absents (Nom et prénom)

Présentation du bilan mensuel par programme de santé

Discussion des contraintes

Recommandations

27
ANNEXE 9

PLAN DE REDACTION DU RAPPORT DE MONITORING DU SIAAP

Ministère de la Santé

Préfecture Skhirat-Témara

Procès verbal de réunion du staff du


SIAAP avec les CS le ……/…../……

Etabli par : ………………………………………………… (Nom et prénom du rapporteur)

Ordre du jour :

• Introduction

• Présentation des bilans des CS

• Discussion des bilans

• Divers

Participants :

Nom et prénom du président de la séance

Profils des autres participants (cf. liste de présence)

Phrase introductive :

Présentation des contraintes par CS :

• CS1 :

• CS2 :

• CS3 :

Recommandations :

Heure de clôture

28

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