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28/06/2023 15:17 Bilan économique de la colonisation en Afrique — Wikipédia

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Bilan économique de la colonisation en


Afrique
Le bilan économique de la colonisation en Afrique étudie les conséquences économiques
de la colonisation du continent, qui s'étend de la fin du xixe  siècle à la deuxième moitié du
xxe siècle. En l'espace d'une trentaine d'années de 1880 à 1914, le continent africain connaît des
changements rapides et importants, consécutifs à la conquête de son territoire. La stabilisation des
colonies se poursuit ensuite.

L’impact de la colonisation en Afrique est un sujet très controversé ; l'idée même qu'on puisse en
tirer un bilan est elle-même sujette à débat. Quoiqu'il soit difficile d'imputer toutes les évolutions
intervenues pendant cette période à la colonisation, l'Afrique est indéniablement transformée par
ce phénomène.

Conséquences démographiques

Historique

L’estimation de la population africaine avant 1950 est un problème complexe en raison de


l’absence de données fiables pendant la période coloniale et, plus encore, pendant la période
précoloniale. Tous les chiffres avant 1950 sont des estimations basées sur des données plus ou
1
moins lacunaires et sur des projections .

Il a longtemps été pensé que la densité de population africaine avant 1850 était faible
comparativement aux autres continents et avait augmenté rapidement à partir du début de la
colonisation au milieu du xixe siècle. Certains chercheurs pensent aujourd'hui au contraire que la
population était assez importante et que son taux de croissance était faible. De 140 millions
d’individus en 1850 la population aurait peu varié jusqu’en 1920 puis elle aurait augmenté plus
1
rapidement pour atteindre 280 millions en 1960 et 800 millions en 2000 .

L'impact de l'esclavage en Afrique jusqu'en 1850 a été différent suivant les régions. Selon Patrick
Manning, la croissance de la population africaine s'est globalement ralentie et dans les régions les
2, 3
plus touchées l'esclavage a entraîné le déclin de sous-populations . Toujours selon Patrick
Manning, les taux de croissance relativement faibles au xixe siècle et les estimations plus élevées
de la taille de la population africaine à la période précoloniale impliquent que l'impact négatif de
1
l'esclavage sur ces populations a été moins sévère que précédemment estimé . La nature des
populations victimes de l'esclavage souvent jeune et majoritairement des femmes permet
4
d'expliquer l'impact sur la croissance des populations .

La fin du commerce des esclaves coïncide avec la conquête coloniale. Il est estimé que les régimes
coloniaux, en particulier français et belge, ont provoqué des déclins de population, en grande
partie à cause de la propagation de maladies, en particulier par les fonctionnaires coloniaux
1
africains et européens . « Entre 1880 et 1920 se produit une véritable récession démographique au
5
plus fort de la colonisation   », «  les deux ou trois premières décennies de l’ère coloniale (1880-
notes 1
1910 environ) […] provoquèrent […] une forte diminution de la population . » Dans certaines

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régions, comme les régions côtières, l'augmentation de la productivité a entraîné une


augmentation de la croissance de la population. Lors de la période coloniale, les Africains ont
connu des changements dramatiques de leurs conditions de vie, des taux de croissance accélérés,
de brusques changements dans les modèles de migration et les débuts spectaculaire de
1
l'urbanisation . L'espérance de vie, bien que faible par rapport à celle des autres régions et
changeant peut-être avec un certain retard, s'est néanmoins allongée de façon impressionnante.
Entre 20 et 25 ans au début du xixe siècle, l'espérance de vie à la naissance était passée à 35 ans en
7
1950 . Le régime colonial contribue cependant à réduire le taux de mortalité en important et
appliquant des techniques modernes de lutte contre les épidémies, mais aussi en fondant un
8
réseau de transports moderne qui permet d’acheminer les vivres jusqu’au zones de famine .
Pourtant, «  au cours des années 1930, on comptait au Nigéria 12 hôpitaux réservés à
4 000 Européens, tandis que les 40 millions d’Africains ne disposaient que de 52 établissements
9
hospitaliers   ». Il amorce également l'urbanisation de la population autour de centres de
commerces, ce qui permet de gérer une population plus nombreuse.

La population africaine en 1880 est estimée à 120  millions. Jusqu'en 1935, la progression
démographique est estimée à 37,5 %, pour aboutir à une population de 165 millions de personnes.

En 1935, l’Afrique est sur le point de franchir le cap de l’accroissement démographique rapide. La
population globale passe à 200 millions à la fin des années 1940 ; ce chiffre atteint 300 millions
10
vers le milieu des années 1960, puis 400 millions au milieu des années 1970 . La colonisation
11
semble avoir joué le rôle de catalyseur .

L'incidence économique tient au fait que, selon certains auteurs, une des principales raisons du
12
sous-développement de l’Afrique serait l’explosion démographique , générée, à l'origine, par
l’arrivée de la médecine occidentale [réf.  souhaitée]. Même si l’Afrique connaît une chute de la
notes 2
mortalité infantile dès l'époque coloniale , au début du xxie siècle, elle n’a pas encore assuré
14, 15
sa transition démographique  : « L'Afrique est un continent qui n'a pas encore véritablement
entamé la dernière partie de sa transition démographique  : la baisse de la fécondité - le nombre
16
d'enfants par femme - n'a pas encore eu lieu . » et sa croissance démographique est la plus élevée
de la planète.
16
Cela n’est cependant qu'une forme de rattrapage puisqu'en 2050 la population du continent
retrouvera la proportion, environ un cinquième du total mondial qu'elle représentait au xvie siècle
17, notes 3
avant les traumatismes démographiques de la traite négrière et de la colonisation .

Les guerres mondiales

Les deux guerres mondiales ont des effets démographiques et sociaux importants sur le continent
africain. Lors de la Première Guerre mondiale, plus d’un million de soldats africains participent
aux campagnes ou aux opérations militaires en Europe ; tous les pays africains sont impliqués. Des
affrontements interviennent aussi sur le sol africain. Si l'Afrique dispose de peu de soldats de
formation au début des hostilités, commence alors ce que le gouverneur français Angoulvant
19 20
appelle une « véritable chasse à l’homme » , aussi qualifiée de nouvelle traite des Noirs .

Nombreux sont les hommes, femmes et enfants, recrutés, souvent de force, pour servir de porteurs
et suppléer aux moyens dont disposent traditionnellement l’intendance pour ravitailler les armées,
comme la route, le rail ou les animaux de charge. Plus de 150 000 soldats et porteurs perdent la vie
au cours du premier conflit. Le nombre des blessés et mutilés est encore plus élevé. Le
rapatriement des soldats est accompagné, en 1918-1919, par une épidémie de grippe qui touche
notes 4
tout le continent .

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La guerre ouvre de nouveaux horizons à de nombreux Africains, en particulier aux membres de


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l’élite cultivée . Pour M. Perham, il est «  difficile de surestimer l’effet produit sur les Africains,
qui avaient été dans une grande mesure enfermés dans une relation bilatérale avec leurs maîtres
européens, par le spectacle du dehors et la constatation qu’ils faisaient partie d’un continent et
23
d’un monde . » Dans nombre de régions d’Afrique, la guerre favorise sinon toujours l’éveil d’un
mouvement nationaliste, du moins le développement d’une attitude plus critique de l’élite cultivée
à l’égard du pouvoir colonial, et donc le développement d'une élite qui sera plus tard appelée à
24
gouverner .

Nouvelles structures administratives


Les systèmes de gouvernement indigènes sont affaiblis par la colonisation, au profit de systèmes
imposés artificiellement aux populations locales, déstructurant l'organisation sociale antérieure  :
«  la notion de frontière dûment bornée [est] culturellement étrangère [à l'Afrique
25 26
subsaharienne]  », notamment dans les sociétés à « pouvoir diffus » qui présentent un mode
notes 5
d'organisation sociale où le gouvernement n'est pas centralisé mais partagé , où la terre n'est
28
pas un bien que l'on possède et pour lesquelles l'État-nation à l'occidental est un concept
29
importé .

L'effet économique est que cela déstabilise aussi le système productif, ce qui conduit à la pauvreté,
30
à la sous-alimentation, aux famines et aux épidémies .

Presque tous les États africains dans leurs frontières actuelles sont ainsi proclamés après des
31
conquêtes, ainsi qu’après la déposition ou l’exil des dirigeants indigènes . Ces frontières, établies
32, notes 6
pendant la période coloniale, sont peu modifiées après les indépendances , l'OUA, créée en
32
1963, les déclarant, dès ce moment, intangibles . Il est possible de dire que ce découpage des
frontières issu de la colonisation est un facteur d'instabilité institutionnelle interne pour nombre
notes 7
de pays africains , notamment ceux où cohabitent différentes ethnies, dans des pays où
notes 8
l'administration coloniale s'appuyait sur (et favorisait) certaines ethnies pour gouverner .

Infrastructures éducatives
Vers 1960, on compte deux millions d'enfants scolarisés en Afrique subsaharienne française et à
Madagascar. Dans la seule Afrique subsaharienne, 16 000 écoles primaires et 350 établissements
secondaires, collèges et lycées, fonctionnaient. 96 % des instituteurs étaient africains au moment
de l'indépendance.

Cependant, la quantité des infrastructures éducatives ne renseigne pas sur leur qualité. D'après
36
Denis Cogneau , les colonies britanniques affichaient une performance éducative supérieure aux
autres colonies, dans le primaire et le secondaire. Le système français, malgré (ou de par) sa
gratuité, ne permettait qu'à une élite de passer au secondaire. Le système britannique était basé
sur un partenariat entre les missionnaires et le gouvernement, alors que les Belges et les Portugais
36
comptaient seulement sur les missionnaires .

Le niveau de formation des ressources humaines joue dans la spécialisation économique africaine.
En matière d'économie d'extraction, des ressources abondantes et une main-d'œuvre relativement
peu qualifiée poussent à exporter des matériaux bruts  ; c'est le cas aussi pour
notes 9, 38
l'agriculture .

Infrastructures de transport et communication

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«  Pour les Africains, les premières manifestations de l’économie nouvelle se


présentèrent sous forme de routes, de chemins de fer et de lignes télégraphiques. La
construction de réseaux de transport et de communication préludait à la conquête :
ils constituaient les moyens logistiques permettant de nouvelles agressions à partir
des bases formées par les zones occupées. […] Toutefois, rares étaient les routes et
les chemins de fer dont l'intérêt était exclusivement militaire ; les voies ferrées qui
facilitaient la conquête servaient aussi à l'exploitation des arachides, du coton,
39
etc . »

Soulignant l'importance des infrastructures nécessaires au commerce, Henry Morton Stanley


40, 41
affirme que, « sans le chemin de fer, le Congo ne vaut pas un penny  ».

Ce sont les populations autochtones qui fournissent la main d’œuvre :

«  Les routes, les ports, les voies ferrées, par absence de matériel (on limitait au
minimum l'achat de machines), ont été construits à la main par des hommes et des
femmes. Celles-ci passaient des semaines et des mois à damer les routes comme le
plancher de leur case. Le chemin de fer Congo-Océan et celui de Thiès-Kayes sont
d'ailleurs jalonnés de cimetières. À défaut de prestataires, parfois en fuite, on
mettait la main sur leurs femmes et leurs enfants, qui, en Afrique équatoriale,
étaient entassés comme otages dans des camps de la mort, car les otages n'étaient
42
pas nourris . »

L'exemple français

En 1960, au moment des indépendances, la France avait construit 18  000  kilomètres de voies
ferrées, 215  000  kilomètres de pistes principales utilisables en toutes saisons, plus de
50  000  kilomètres de routes bitumées. Ces chantiers ont eu un coût humain terrible tant les
43, 44
conditions de travail étaient dures. Elle laisse également 63 ports équipés et 196 aérodromes .

Une fois les institutions coloniales établies, les infrastructures de transport sont consacrées au
transport de matières premières hors d'Afrique. Ainsi, le chemin de fer Abidjan-Niger est construit
afin de transporter la main d'œuvre agricole depuis la Haute-Volta vers les plantations coloniales
de la Côte d'Ivoire, et d'acheminer le minerai d'uranium prélevé au Niger vers le port d'Abidjan
puis de là vers la France [réf.  souhaitée]  ; de même, le chemin de fer Congo-Océan est dévolu au
45
transport minier   ; concernant sa construction durant le premier tiers du xxe  siècle, des
qualificatifs tels que «  conditions de vie inhumaines  », «  effroyable consommateur de vies
46
humaines » sont utilisés .

Importance des industries extractives exportatrices


La colonisation accentue la spécialisation de l'Afrique dans les industries extractives tournées vers
l'exportation, laquelle perdure aujourd'hui. Elle a pratiquement mis un terme au commerce
interafricain, car l'activité économique et commerciales de chaque entité administrative était
tournée vers la métropole.

L'activité économique des colonies est basée sur les ressources naturelles locales, ce qui signifie
que les zones dépourvues de ces ressources sont totalement négligées.

L’économie coloniale néglige, voire décourage, l’industrialisation, la transformation des matières


premières et des produits agricoles. Comme l’a souligné David Kenneth Fieldhouse  (en), «  il est
47
probable qu’aucun gouvernement colonial n’avait de département de l’industrie avant 1945  » .
Des produits aussi simples et aussi essentiels que les allumettes, les bougies, les cigarettes, l’huile

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de cuisine et même le jus d’orange et de limette, qui auraient tous pu être fabriqués facilement en
Afrique, sont importés. Conformément aux pratiques de l’économie coloniale capitaliste, toutes les
colonies sont des marchés de consommation des produits manufacturés des métropoles et des
producteurs de matières premières destinées à l’exportation.

Non seulement l’industrialisation est négligée, mais les industries et les activités artisanales de
l’époque précoloniale sont détruites. L'Afrique post-coloniale est donc naturellement assujettie à la
problématique des termes de l'échange.

Pour les économistes Acemoglu, Johnson et Robinson, les colonisateurs européens mettent en
place les industries extractives les moins propices au développement local dans les pays les moins
48
hospitaliers , c'est-à-dire dans les endroits où les taux de mortalité des colons sont plus élevés.

Un examen plus détaillé fait la distinction entre les colonies dites « de peuplement » et celles dites
49, notes 10
« d'exploitation » . Les colonies d'exploitation, où la possession des terres reste africaine
(Ghana, Ouganda…), permettent un meilleur partage des bénéfices d'exportation avec les
Africains, tandis que les colonies de peuplement (Afrique du Sud, actuel Zimbawe…) connaissent
51
une récession du niveau de vie des autochtones dans le courant du xxe  siècle . À l'inverse, c'est
dans les colonies de peuplement, là où les Européens s'approprient les terres le plus largement,
52
que se développe, le plus et le plus tôt, l’industrie , notamment grâce au coût « artificiellement »
53, notes 11
bas de la main-d'œuvre noire .

Débats

Un enrichissement des pays colonisateurs ?

La question de savoir dans quelle mesure la colonisation a bénéficié aux pays colonisateurs fait
débat, ainsi que la possibilité même de dresser un tel bilan.

L'exemple français

Dans les années 1950, avant la décolonisation, apparaît l’expression «  la Corrèze avant le
Zambèze », aphorisme célèbre de la pensée dite « cartiériste », qui affirme que les colonies coûtent
54, 55
plus qu'elles ne rapportent . Plus tard, des auteurs comme Jacques Marseille et Bernard Lugan
considèrent que la colonisation de l'Afrique a coûté aux pays colonisateurs beaucoup plus qu'elle
n'a rapporté. Marseille chiffre à 70 milliards de francs-or (valeur 1913) le déficit global de la
colonisation en Afrique, soit l'équivalent de trois fois le montant de l'aide Marshall pour la
56
France .

Jacques Marseille écrit cependant : « Mesurer combien l’empire colonial a coûté et rapporté à la
France est donc une « opération » vaine qui s'inscrit surtout dans les combats idéologiques qu'a
56
provoqués la décolonisation (Jacques Marseille , p. 12-13). » et Raymond Aron, quant à lui, pense
que la question est indécidable car les dépenses et revenus retirés de la colonisation sont trop
imbriqués. Pour lui, les « […] mêmes investissements […] opérés dans le territoire métropolitain
ou dans des territoires qui ne sont pas sous la souveraineté française […] pourraient avoir des
57
rendements égaux ou supérieurs . » L'avantage principal que les métropoles retirent des colonies
est le soutien à leurs zones monétaires, livre sterling pour les Anglais et franc-or pour les Français.

«  La […] difficulté quand on veut établir un bilan objectif est que dans la mesure où
les colonies, les ex-colonies, les territoires de la Communauté sont imbriqués dans
le système économique français, il devient presque impossible d'établir une
discrimination entre l'avantage et le coût, le rendement et la charge. Dès l'instant où
les territoires sont intégrés au système économique français, simultanément ils
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représentent pour l’État un certain nombre de milliards de dépenses inscrites au


budget, pour des entreprises et des personnes privées un certain nombre de
milliards, d'un montant assez analogue d'ailleurs, de revenus ou de commandes. »
57
— Raymond Aron

Le bilan global pour les colonisés

La question de savoir si la colonisation a eu des effets globalement positifs ou négatifs sur


l'économie africaine est un sujet débattu.

Walter Rodney estime que l'aventure coloniale fut l'une des sources du développement capitaliste
58 59
européen et de la déchéance économique de l'Afrique  ; d'autres considèrent aussi que « tous
les progrès économiques réalisés pendant la période coloniale le furent à un prix élevé et
injustifiable pour les Africains  : travail forcé, travail migratoire (lesquels, déclare Davidson,
«  firent probablement plus pour démanteler les cultures et les économies précoloniales que
presque tous les autres aspects de l’expérience coloniale réunis »), culture obligatoire de certaines
plantes, saisie forcée des terres, déplacement de populations (avec comme conséquence la
dislocation de la vie familiale), système des « passes », taux de mortalité élevé dans les mines et les
plantations, brutalité avec laquelle les mouvements de résistance et de protestation provoqués par
ces mesures furent réprimés, etc. […] la période coloniale a été une période d’exploitation
économique impitoyable plutôt que de développement pour l’Afrique et […] l’impact du
60
colonialisme sur l’Afrique dans le domaine économique est de loin le plus négatif de tous . »

À l'inverse, certains économistes et historiens ont défendu le bilan économique de la colonisation,


61
mais ce sont les moins nombreux . Pour P.C. Lloyd, « les exportations de matières premières ont
apporté une richesse considérable aux peuples d’Afrique occidentale  ». Pour Lewis H. Gann et
Peter Duignan, « le système impérial est l’un des plus puissants agents de diffusion culturelle de
62
l’histoire de l’Afrique ; le crédit, ici, l’emporte de loin sur le débit » . D. K. Fieldhouse est arrivé la
même conclusion en 1981 : « II apparaît donc que le colonialisme ne mérite ni les louanges, ni les
blâmes qu’on lui a souvent décernés ; s’il a fait relativement peu pour surmonter les causes de la
pauvreté dans les colonies, ce n’est pas lui qui a créé cette pauvreté. L’empire a eu de très
62
importants effets économiques, certains bons, d’autres mauvais … »

Notes et références

Notes
1. « Le nombre des habitants du Congo belge fut réduit de moitié pendant les quarante premières
années de la domination coloniale, celui des Herero des quatre cinquièmes, celui des Nama de
moitié et celui de la Libye d’environ 750 000 6. »
2. « […] la création, dès l'époque coloniale, des services de l'AMI (Assistance maternelle et
infantile) finit par favoriser la baisse de la mortalité périnatale et infantile 13. »
3. « l'Afrique n'est en fait qu'en train de rattraper un retard démographique qu'elle avait lentement
accumulé au cours des trois derniers siècles de traite et de colonisation. […] vers 1650
l'Afrique représentait alors 20 % de la population mondiale 18. »
4. « L'épidémie de grippe espagnole, importée d'Europe à l'issue de la guerre fut la plus grande
catastrophe démographique à court terme connue de l'histoire du continent 21 »
5. « Dans les sociétés à pouvoir diffus, les rôles politiques ne sont pas spécialisés : ils sont mêlés
à divers autres rôles sociaux et, pour ainsi dire, dilués. Il n'y avait pas de gouvernants chez les
Lobi de la Haute-Volta, mais certaines décisions souveraines étaient prises par le prêtre de la
Terre, d'autres par les chefs de marchés, des différentes confréries ou par les prêtres des
funérailles 27. »
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6. « 87 % de la longueur de ces frontières, soit 70 000 km sur un total d’environ 80 000 km, [sont]
directement hérités des partages coloniaux 33. »
7. « Le tracé des frontières, avalisé aux indépendances par l’Organisation de l’Unité Africaine, est
donc une construction largement artificielle. Il en a résulté des conflits frontaliers 34 ».
8. « quand ils n'ont pas été totalement brisés, les anciens dominants font tout pour restaurer leur
autorité, car il y va de la survie de leurs peuples : d'où des troubles, des guerres, et parfois
même des massacres comme au Nigeria, au Rwanda, à Madagascar, au Tchad, au Mali, au
Niger, au Soudan, etc 35. »
9. « Nous avons vu que l’Afrique était riche en terres et pauvre en compétences par rapport aux
autres régions. Elle affiche ainsi un ratio terres/compétences élevé. En comparant les régions
au cours du temps, Wood et Mayer (2001) montrent que les pays présentant des ratios
terres/compétences élevés tendent à exporter principalement des produits primaires 37 »
10. « une distinction est faite entre colonies de peuplement — à savoir les contrées presque vides
où les étrangers étaient largement majoritaires — et colonies dites d'« exploitation », dans
lesquelles au contraire les colons formaient une minorité dominante 50 »
11. Ce coût de main-d'œuvre sera aussi, paradoxalement, un frein ultérieur à ce même
développement : « L’Afrique du Sud est restée le vaisseau amiral de l’industrie dans la région
mais les possibilités d’expansion y ont été de plus en plus limitées en raison du prix élevé de la
main-d’œuvre qualifiée dans une économie où seule une minorité de la population avait accès
à l’éducation secondaire et aussi parce que les bas niveaux de salaire des Noirs limitaient la
taille du marché des produits fabriqués en masse » 53

Références
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empire: the colonial order and the creation of knowledge,‎2010, p. 245-75 (lire en ligne (http://w
ww.manning.pitt.edu/pdf/2010.AfricanPopulation.pdf))
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p. 499–526 (ISSN 0008-3968 (https://portal.issn.org/resource/issn/0008-3968),
DOI 10.1080/00083968.1981.10803988 (https://dx.doi.org/10.1080/00083968.1981.10803988),
lire en ligne (https://doi.org/10.1080/00083968.1981.10803988), consulté le
24 novembre 2017)
3. John Thornton, « The Slave Trade in Eighteenth Century Angola: Effects on Démographie
Structures », Canadian Journal of African Studies / Revue canadienne des études africaines,
vol. 14, no 3,‎1er janvier 1980, p. 417–427 (ISSN 0008-3968 (https://portal.issn.org/resource/iss
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DOI 10.1080/00083968.1980.10803797 (https://dx.doi.org/10.1080/00083968.1980.10803797),
lire en ligne (https://doi.org/10.1080/00083968.1980.10803797), consulté le
24 novembre 2017)
4. (en) Patrick, Manning, « The slave trade in Southern Dahomey, 1640-1890. », The Uncommon
Market: Essays in the Economic History of the Atlantic Slave Trade,‎1979, p. 109-141
5. « Démographies africaines : l'Afrique n'est pas un lot ! » (https://www.franceculture.fr/sciences/
demographies-africaines-lafrique-nest-pas-un-lot), France Culture, 5 octobre 2011
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7. (en) Caldwell, John C., « The social repercussions of colonial rule: demographic aspects »,
n.c.,‎1985
8. Histoire générale de l'Afrique, vol. 7, p. 526.
9. Histoire générale de l'Afrique, vol. 7, p. 517.
10. Histoire générale de l'Afrique, vol. 7, p. 525.
11. Histoire générale de l'Afrique, vol. 7.
12. Lugan 2003, p. 14 (https://books.google.fr/books?id=EBBHe7SHMuAC&pg=PA14#v=onepage
&q&f=false).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bilan_économique_de_la_colonisation_en_Afrique 7/10
28/06/2023 15:17 Bilan économique de la colonisation en Afrique — Wikipédia

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Voir aussi

Articles connexes

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Économie de l'Afrique
Partage de l'Afrique
Stéréotypes sur l'histoire de l'Afrique
Crime contre l'humanité
Exactions commises dans l'État indépendant du Congo
Loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre
l'humanité (2001, Loi Taubira)
Journée nationale des mémoires de la traite et de l'esclavage et de leurs abolitions

Bibliographie
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