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37 | décembre 2004
Diplômes et examens de l’enseignement secondaire
Certification in secondary education
Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/ries/1335
DOI : 10.4000/ries.1335
ISSN : 2261-4265
Éditeur
France Education international
Édition imprimée
Date de publication : 1 décembre 2004
ISBN : 978-2-85420-564-0
ISSN : 1254-4590
Référence électronique
Pierre-Louis Gauthier (dir.), Revue internationale d’éducation de Sèvres, 37 | décembre 2004, « Diplômes
et examens de l’enseignement secondaire » [En ligne], mis en ligne le 17 novembre 2011, consulté le
05 juillet 2021. URL : https://journals.openedition.org/ries/1335 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ries.
1335
Revue
internationale
d’éducation
Sèvres
n° 37, décembre 2004
actualité
internationale
coordination
0
Bernadette Plumelle
Actualité documentaire 5
Ressources en ligne
Françoise Profit 1
La scolarisation des élèves handicapés en Europe 9
Le point sur
Marion Latour
Etats-Unis : Le débat sur la loi No Child Left Behind à l’occasion
des élections présidentielles 12
Teresa Longo
Italie : Les réformes de l’école en Italie : 2001-2004 14
Luis Muelle
Amérique latine : L’utilisation des résultats de l’évaluation
des apprentissages 18
Notes de lecture
Cécile De Bary
Voir ensemble, ouvrage coordonné par Marie José Mondzain, Gallimard,
coll. « Réfléchir le cinéma », 2003 20
N° 37 - décembre 2004
dossier
Coordonné par
Pierre-Louis Gauthier
finalités qu’il n’est pas aisé de concilier. Des solutions originales peuvent être trouvées,
comme c’est le cas en Mauritanie, tandis que la combinaison de solutions plus connues
peut permettre à cet examen de s’accommoder de ces contradictions.
Références bibliographiques 87
Prunelle Charvet
Abstracts 97
Resúmenes 99
repères 7
Le système éducatif belge 101
Cécile de Bouttemont
Le système éducatif lituanien 109
Rytis Martikonis, Gintaras Peciukonis
Les tests de langues 115
Christine Tagliante, Bruno Mègre, Gilles Breton, Dorothée Dupleix, Catherine Houssa
N° 37 - décembre 2004
Les auteurs 123
D actualité
documentaire
N° 37 - décembre 2004
DURU-BELLAT Marie, PERETTI Claudine dir.
MONS Nathalie, SUCHAUT Bruno Repères et références
Caractéristiques des systèmes statistiques sur les
éducatifs et compétences enseignements, la formation
des jeunes de 15 ans : l’éclairage et la recherche : 2004
des comparaisons entre pays Ministère de l’Éducation Nationale.
Cahiers de l’IREDU (Les), DEP/Direction de l’évaluation et de
février 2004, n° 66, p. 158 la prospective, 2004, 361 p., (RERS)
Prenant appui sur les données de Cette collection, propose d’année en
l’enquête PISA – Program for internatio- année, une information suivie et actuali-
nal student assesment –, cette étude sée sur tous les aspects structurels de
menée par l’IREDU met en perspective l’éducation et de la recherche en France.
les résultats des tests de compréhension L’édition 2004 apporte un éclairage par-
de l’écrit de cette enquête avec certaines ticulier sur des thèmes nouveaux comme
caractéristiques des systèmes éducatifs l’orientation en fin de seconde de déter-
des pays participants. Elle a pour objectif mination, les sections européennes et in-
de comprendre ce qui influe sur le niveau ternationales dans le second degré, le de-
des performances des élèves et cherche à venir des bacheliers 2002 et le personnel
expliquer la variabilité de l’ampleur des d’encadrement.
inégalités entre élèves et des inégalités N
sociales selon les pays.
6 SCHRIEWER Jürgen,
N WELCH Anthony, MONS Nathalie,
ORIVEL François
Politiques et discours éducatifs :
MAC CARTY John, LOVEN
comparaisons internationales
Anders, SENECAT Jacques
Revue française de pédagogie,
L’orientation en Europe : des
janvier-mars 2004, n° 146, p. 5-63
approches différentes pour une
question commune – 2 avril 2004 Le dossier de ce numéro examine les
DESCO : Direction de politiques et les discours éducatifs à la lu-
l’enseignement scolaire/ Paris, mière du contexte international actuel.
mai 2004, 41 p. (Les rencontres Dans une première étude, Jürgen Schrie-
de la DESCO) wer compare l’évolution du discours pé-
dagogique au XXe siècle en Chine, Russie
Cette conférence-débat a pour objet soviétique et Espagne. Anthony Welsch
un sujet stratégique du système éducatif : montre ensuite le poids des contraintes
l’orientation. Les contributeurs appor- économiques sur les politiques éduca-
tent un éclairage historique sur l’orien- tives à travers l’exemple d’une université
tation scolaire et professionnelle en australienne. Enfin, deux chercheurs
France, un descriptif de l’orientation en français, Nathalie Mons et François Ori-
Suède et une analyse comparative des vel analysent pour l’une, les justifications
systèmes éducatifs européens. Un débat données aux politiques de décentralisa-
avec la salle clôt le document. tion menées dans de très nombreux pays
et, pour l’autre, l’aggravation des inéga-
N lités entre pays en matière d’éducation et
N
Publications des organisations
WILDE Stephanie européennes et internationales
Citizenship Education
in Germany : not doing it EURYDICE : Réseau d’information
by the book sur l’éducation en Europe/Bruxelles
Symposium Books/Oxford, 2004, L’intégration scolaire des enfants
142 p., (Monographs in immigrants en Europe
International Education) Eurydice/Bruxelles, 2004, 100 p.
et cédérom (Enquêtes Eurydice)
Cette étude traite de l’éducation à la
citoyenneté, de l’éducation politique et Comment assurer le droit à l’éduca-
de l’éducation interculturelle en Alle- tion pour tous et garantir une intégra-
magne. Elle s’appuie notamment sur des tion optimale des enfants immigrants
études de cas réalisées auprès d’établis- dans le système scolaire du pays
sements secondaires des Länder de d’accueil ? Cette enquête, menée par
l’ouest comme de l’est, sur la période Eurydice, présente la situation en
2000-2002. 2003/2004 dans trente pays européens
au niveau du pré-primaire, du primaire
N et de l’enseignement secondaire général 7
obligatoire. Les premiers chapitres
ZARATE Geneviève, SELLIER apportent un cadre général politique et
Michèle, GOULLIER Francis et al. démographique de la situation en
Administrer l’enseignement Europe. Ensuite, les droits des enfants et
des langues vivantes les mesures de soutien scolaire sont
Administration et éducation, janvier décrits en détail, suivis d’une synthèse
2004, n° 101, 203 p. sur les mises en relation entre diffé-
Les notions clés qui sont celles de rentes mesures conduites par les pays
précocité de l’apprentissage linguis- avec leurs objectifs.
tique, de continuité, de diversité et de
qualité sont au centre des différents N
textes qui composent ce numéro. Les
deux premiers articles mettent en pers- OCDE : Organisation de
pective l’enseignement-apprentissage coopération et de développement
des langues dans l’histoire et en Europe économiques. CERI : Centre
et montrent l’influence de la dimension pour la recherche et l’innovation
européenne sur l’approche nationale. dans l’enseignement/Paris
Les articles suivants ont pour thème l’ap- Regards sur l’éducation –
port du cadre européen commun de ré- indicateurs de l’OCDE 2004
férence dans l’évaluation des langues vi- OCDE/Paris, 497 p., annexes,
vantes, les mutations dans l’organisation glossaire, statistiques
de l’enseignement des langues vivantes, Les indicateurs de l’OCDE mesurent
le rôle des nouvelles technologies sur la l’état actuel de l’éducation à l’échelle
N° 37 - décembre 2004
mondiale. Ce rapport, organisé thémati- OCDE : Organisation
quement, présente un ensemble d’indi- de coopération et de
cateurs actualisés et comparables sur les développement économiques.
systèmes d’enseignement. Ils rendent Centre pour la recherche et
compte des résultats des établissements l’innovation dans l’enseignement
d’enseignement, des ressources hu- Équité dans l’enseignement :
maines et financières investies dans élèves présentant des
l’éducation, de l’accès à l’éducation, de déficiences, des difficultés
l’environnement pédagogique et de et des désavantages sociaux.
l’organisation scolaire. Statistiques et indicateurs
OCDE/Paris, 2004, 179 p., stat.
et tableaux
N
Cet ouvrage présente les résultats
d’une deuxième cycle de collecte de don-
OCDE : Organisation nées rassemblées en 1998/1999 dans les
de coopération et de pays de l’OCDE, sur les élèves souffrant
développement économiques de déficiences, de difficultés d’apprentis-
Examens des politiques sage et de désavantages sociaux. Ces
nationales d’éducation : Bulgarie données sont classées selon différentes
OCDE/Paris, 2004, 190 p. catégories et sont ensuite analysées pour
Après une description du contexte définir un cadre comparable à l’échelle
géographique, historique, démogra- internationale. Ce cadre commun per-
8 phique et de l’organisation administra- met d’analyser les services éducatifs dont
tive du pays, ce rapport propose un pa- bénéficient ces élèves et d’étayer les déci-
norama du système éducatif bulgare. Il sions prises à l’échelle nationale et inter-
retrace son évolution depuis le début des nationale. Cette étude fournit enfin une
réformes en 1990 et identifie les direc- interprétation des données sous la forme
tions à prendre pour renforcer le proces- d’une série de questions et se conclue par
sus de réforme entamé dans les do- la suggestion de quelques actions à
maines suivants : enseignement scolaire mener par les pays.
obligatoire et post-obligatoire, person-
nel enseignant, accueil et éducation de la
petite enfance, formation professionnel- N
le, équité pour l’accès à l’éducation, en-
seignement supérieur et processus d’éla- UNESCO : Institut de statistique,
boration de la politique de l’éducation. OCDE
Financing education-Investments
N and Returns : analysis
of the world education indicators
2002 edition
UNESCO/Paris, OCDE/Paris, 2003,
230 p.
Cet ouvrage est le troisième ouvrage
d’une série de publications qui présente
les indicateurs éducatifs conçus par le
@
au sein de structures séparées d’ensei-
gnement (classes ou écoles spéciales).
http://www.eurydice.org/Doc
9
N° 37 - décembre 2004
Dans l’édition 2002 des Chiffres clés La Direction de l’enseignement scolaire
de l’éducation en Europe, un diagramme (DESCO) publie les actes des « Ren-
présente un panorama de l’organisation contres de la DESCO » du 14 mai 2004
de cet enseignement spécifique pour « Répondre aux besoins éducatifs des
l’année scolaire 2000-2001. http://www.eury- élèves handicapés : quels choix en Euro-
dice.org/ pe ? ». Consacrés à la prise en compte du
handicap en France, en Norvège et en
Données nationales Espagne, ils sont consultables en ligne.
Réalisée par Eurydice, réseau européen http: //www.eduscol. education.fr/D0122/
d’information sur l’éducation en
Europe, la base de données Eurybase La base de données en ligne Pinocchio
permet de mieux connaître l’organisa- recense les coordonnées des services et
tion propre aux trente et un pays d’Euro- lieux ressources de l’Union Européenne
pe sur ce sujet. Le chapitre dix est systé- qui aident les familles, accompagnent et
matiquement consacré à ce thème. Il soignent les enfants porteurs d’un han-
donne un bref aperçu historique, des dicap. Les informations sont accessibles
données sur le cadre législatif, les types dans toutes les langues européennes.
d’établissements, les structures http://www.pinocchio.org/.
d’accueil, le contenu de l’enseignement, L’enseignement supérieur
la formation des personnels, les objec-
tifs, les méthodes, l’évaluation, etc. Pour Une étude de l’OCDE s’intéresse au cas
chaque pays, les données sont dispo- spécifique des étudiants handicapés
nibles dans sa (ou ses) langue(s) et en dans l’enseignement supérieur. Si les
10 universités ont fait de grands progrès
anglais. http://www.eurydice.org/
pour l’intégration des élèves handicapés,
Selon le rapport de la Documentation
des difficultés subsistent liées aux modes
française sur « la Politique du handicap
de financement et à une compréhension
en Europe », consultable au format pdf,
imparfaite des besoins spécifiques de ce
le pourcentage d’enfants handicapés
public. Les deux premières parties de
dans les États membres est estimé à 2 %
l’ouvrage portent sur des études de cas en
de la population totale des enfants en âge
Ontario, en France, au Royaume-Uni et
scolaire.
en Suisse. http://www1.oecd.org/publications/.
Il distingue trois groupes de pays : celui
des pays à « option unique » avec l’inté-
La France
gration de presque tous les élèves dans
l’enseignement ordinaire, comme la Politique nationale,
Suède, la Norvège, l’Italie, l’Espagne, le données statistiques, état des lieux
Portugal et la Grèce ; celui des pays à
Eurybase, la base de données d’Eurydice,
« double option », avec deux enseigne-
donne toutes les informations sur
ments, l’un ordinaire, l’autre spécialisé,
l’organisation de l’enseignement spécia-
comme les Pays-Bas, l’Allemagne et la
lisé pour l’année scolaire 2002-2003.
Belgique ; et, celui des pays à « approche
http://www.eurydice.org/
multiple » ayant développé des formules
intermédiaires, comme l’Autriche, la Le ministère de l’Éducation nationale
France, l’Angleterre, la Finlande et le propose un dossier en ligne intitulé
Danemark. http://lesrapports.ladocumentation- « l’enseignement pour les élèves à
francaise.fr/ besoins éducatifs spécifiques» et présente
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La revue Ac-Tice, revue interacadémique Loi fédérale 2, elle s’applique unique-
des TICE, propose dans son n° 35 de dé- ment aux établissements publics qui re-
cembre 2003 un dossier sur les « TICE et çoivent des fonds fédéraux de lutte
le handicap », qui détaille une série d’ex- contre la pauvreté, ce qui concerne dans
périences adaptées ou adaptables à l’en- les faits près de 70 % des établissements
seignement spécialisé. http://ciel5.ac-nancy- du pays. Elle repose sur quatre piliers 3 :
metz. fr/ac-tice/ ■ – une obligation de progrès, mesurés
Sophie Condat par des tests annuels pour les enfants
entre huit et treize ans en mathéma-
tiques et en lecture ;
– une liberté accrue pour les États et les
districts dans l’utilisation des fonds fédé-
raux en fonction de leurs besoins spéci-
fiques et dans les moyens d’atteindre les
l
objectifs,
– un choix d’établissement plus grand
laissé aux parents,
– des méthodes d’enseignement éprou-
vées.
le point sur... Chaque année, les établissements
doivent attester de résultats en progrès,
au niveau de l’établissement lui-même et
12 à l’échelle du district et de l’État et cette
États-Unis
progression doit être analysée en fonc-
tion des groupes sociaux et ethniques. Les
Le débat sur la loi No Child Left
États ont la responsabilité de publier les
Behind à l’occasion des élections
résultats des établissements, des districts
présidentielles.
et de l’État et d’expliquer comment,
Les dernières élections américaines concrètement, ils s’emploient à atteindre
ont mis en lumière les engagements des les objectifs assignés. Les établissements
deux principaux candidats dans le do- en difficulté reçoivent des fonds fédéraux
maine éducatif. Même si l’éducation n’a pour proposer des mesures d’accompa-
pas été au centre du débat électoral, gnement, telles que le soutien scolaire et
Georges W. Bush, le président républi- les cours du soir. Au-delà de deux années
cain sortant, et John Kerry, son rival dé- consécutives sans amélioration, les pa-
mocrate, ont pris position sur la grande rents peuvent changer leurs enfants
réforme mise en place par l’administra- d’établissement à l’intérieur du district,
tion Bush, la loi No Child Left Behind Act, les frais de déplacement étant pris en
NCLB 1. Rappelons que la loi a été votée charge par celui-ci. Au terme de cinq an-
par les républicains comme par les dé- nées, des actions correctives sont prises,
mocrates. Aujourd’hui, plus de deux ans
et demi après sa promulgation, conti-
nue-t-elle de rallier les deux partis ? 2. Aux États-Unis, l’éducation est en priorité du res-
sort des États et des districts. Cette loi a donc une
dimension politique très forte.
1. Littéralement : aucun enfant laissé de côté. Voir le 3. Consulter le site officiel de la loi : http://www.ed.
n° 30 de la Revue internationale d’éducation. gov/nclb/
N° 37 - décembre 2004
riches pourraient être efficace, mais cette 2005 est accepté, les dépenses en éduca-
solution est inenvisageable politique- tion auront augmenté de 35,8 % depuis
ment. Comme le souligne la revue Edu- 2001.
cation Next dans son numéro d’automne Le NCLB s’inscrit dans la continuité
2004, on se heurte désormais à une des politiques de responsabilisation que
ségrégation géographique. poursuit le gouvernement depuis 1983,
En cas de deuxième mandat, G. W. date à laquelle fut publié le rapport A na-
Bush entend poursuivre la réforme du tion at risk. Les États-Unis se heurtent
NCLB en étendant les tests annuels aux mêmes difficultés que d’autres pays
jusqu’à la onzième classe, l’équivalent de occidentaux : diversité des publics sco-
la première dans le système éducatif laires et niveau insuffisant dans des ma-
français. Il souhaite concentrer l’effort tières fondamentales (lecture, mathé-
éducatif sur le secondaire, en revalori- matiques). La loi que le gouvernement
sant le diplôme qui clôt la fin des études de G. W. Bush a élaborée durant son pre-
secondaires et en préparant mieux les mier mandat est une réponse jugée in-
élèves à la vie professionnelle et aux suffisante dans ses moyens par les démo-
études supérieures. John Kerry, lui, veut crates ; les Républicains donnent pour
également favoriser le secondaire, avec échéance l’année 2014 pour atteindre
l’objectif qu’un million d’élèves supplé- les objectifs qu’ils se sont fixés. ■
mentaires entrent à l’université. Marion Latour
Si John Kerry est attaché aux stan-
dards et au principe de responsabilisa-
14 tion, il se montre très critique à l’égard du
NCLB. Il s’oppose au caractère automa- Italie
tique des sanctions quand une école ne
remplit pas l’ensemble des critères et re- Les réformes de l’école en Italie :
proche à G.W. Bush de n’avoir pas révisé 2001-2004
le budget du NCLB de 18 à 22 milliards de Les réformes du système éducatif de
dollars comme promis. Il s’engage à an- l’actuel gouvernement italien changent
nuler les privilèges fiscaux accordés par profondément les caractéristiques de
son rival aux plus riches, afin de consti- l’école publique, suscitant de vifs débats
tuer un fonds pour l’éducation qui récol- dans le pays.
terait 200 milliards de dollars en dix ans. En comparaison avec les autres pays
G. W. Bush met en avant l’augmen- européens d’égal niveau économique,
tation du budget fédéral destiné aux éta- l’Italie apparaît comme un pays où sub-
blissements : sur l’année scolaire 2003- sistent d’importants retards. Jusqu’en
04, le gouvernement fédéral représente 1999, l’Italie se distinguait, dans les com-
8,2 % du total des dépenses en éducation paraisons internationales, par la brève
pour les niveaux primaire et secondaire, durée de l’obligation scolaire (huit ans),
contre 5,7 % en 1990-91, soit une pro- et par les faibles taux de scolarisation
gression de plus d’un tiers 9. Si le budget dans le secondaire. En effet, le niveau de
scolarisation dans l’école secondaire est
parmi les plus bas d’Europe : la moyenne
9. Source : Document consultable sur le site du européenne des jeunes de 25/34 ans sans
ministère fédéral de l’éducation, intitulé « 10 facts
about K-12 education funding » : http://www.ed.
diplôme secondaire est de 29 % (Euro-
gov/about/overview/fed/10facts/10facts.pdf stat, 2000) et de 41 % en Italie. En outre,
deux tiers des jeunes qui fréquentent classes et ils se spécialisent par « grands
l’école secondaire sont inscrits dans les domaines » ; ils sont accompagnés par
instituts technico-professionnels. Ils ont des enseignants « spécialistes » ou « en-
libre accès à l’université comme les ly- seignants de laboratoire » (informa-
céens, mais échouent facilement en pre- tiques, langues ou autre). Cette organi-
mière année et contribuent à l’augmen- sation a donné des résultats très
tation des taux d’échec à ce niveau (en intéressants mais, dans une période
2000, 25 % des étudiants de première d’austérité budgétaire, son coût écono-
année abandonnaient les études supé- mique a été considéré comme trop im-
rieures et seulement quatre étudiants sur portant.
dix réussissaient à obtenir un diplôme Le processus de réforme de l’école
supérieur au bout de six années) 1. obligatoire a commencé en 1999 quand
Un autre problème de l’école italien- un gouvernement de centre-gauche a
ne est l’anachronisme de l’école secon- augmenté de deux ans la durée de l’école
daire : de nombreux projets de réforme obligatoire et modifié la structure de son
ayant échoué pendant un demi-siècle, la déroulement en sept années d’école de
structure de l’école secondaire supérieu- base et cinq années de secondaire 2.
re est restée celle de l’époque fasciste. En 2001, le gouvernement de Silvio
Toutefois, les enseignants et les établisse- Berlusconi lance le slogan de l’école des
ments disposent de marges importantes trois « I » : « Impresa, Inglese, Infor-
de liberté dues à la possibilité d’expéri- matica » (Entreprise, Anglais, Informa-
mentations pédagogiques (1974) et à la tique) et nomme comme ministre de
loi sur l’autonomie des établissements l’Éducation Letizia Moratti, une femme 15
(1999-2000). Cette situation, là où les ayant un profil original par rapport à la
équipes d’enseignants l’ont voulu, a sti- tradition du gouvernement pour l’édu-
mulé une importante innovation des cation 3. Comme l’annnonce la ministre
contenus et de la didactique et donné des dans son premier discours, son pro-
résultats intéressants mais approfondi gramme sera basé sur les principes de
également les inégalités de l’offre scolaire « solidarité, d’excellence et d’efficacité »,
déjà existantes dans le système national qui ne peuvent se réaliser sans « la lutte
(nord-sud/îles). quant au poids de l’État dans l’instruc-
A la différence de l’école secondaire, tion (…). L’État ne peut pas être le seul
l’école primaire a fait l’objet de réformes promoteur de la valeur du capital hu-
qui ont amélioré son enseignement : non main (…). Il doit garantir les principes
seulement l’Italie se situe en bonne place d’égalité et d’équité en ayant un rôle de
à ce niveau dans les comparaisons inter- contrôle et d’orientation (…) et non de
nationales, (IEA, 2001), mais l’univers gestion ». Au centre du système éducatif
de l’école primaire italienne est riche
d’expériences intéressantes et inno-
vantes qui ont attiré l’attention de nom- 2. Loi n.9 du 20/1/99 et Loi sur les cycles scolaires :
breux experts internationaux. Depuis 2/2- 2000).
3. Issue d’une famille d’entrepreneurs, Mme Moratti
1991, à l’école primaire, deux ensei- avait, avant de devenir ministre, été administrateur
gnants sont également responsables de délégué de la News Corp Europe, société du groupe
chaque classe. Leur service couvre trois Murdoch. Présidente de Syntek Capital Group, elle en
est encore l’actionnaire la plus importante et
Chairman de l’Advisory Board. Enfin, elle a dirigé la
1. Données de l’ISTAT-MURST 2000-01. RAI3.
N° 37 - décembre 2004
doivent être « la personne » et la famille l’éducation catholique, le conseil des mi-
qui doit avoir « le droit de choisir les par- nistres approuve, début 2002, un projet
cours éducatifs plus cohérents avec les de loi portant sur la carrière des ensei-
valeurs individuelles et les objectifs de gnants de la religion catholique dans le
réalisation personnelle des élèves ». Le public. Sur la base d’une liste décidée par
système éducatif doit donc devenir un l’autorité religieuse (qui évalue les
système intégré dans ses composantes connaissances dans la matière) et d’un
publiques et privées, dans la perspective concours qui évalue la culture générale et
« d’un passage réel de l’école de l’État à les compétences pédagogiques, l’ensei-
l’école de la société civile » 4. La mise en gnant devient titulaire d’un contrat à
place de la loi du précédent gouverne- durée déterminée. S’il reste sans poste, il
ment sur la réforme des cycles de l’école peut être affecté à un autre enseignement
obligatoire est bloquée, ce qui com- pour lequel il a les qualités requises.
plique la vie des établissements déjà prêts Cette procédure donne non seulement
à mettre en place la prolongation de un pouvoir important à l’autorité reli-
l’obligation scolaire selon la structure gieuse sur le recrutement, mais lui per-
« 7 + 5 ». Une nouvelle commission est met indirectement d’avoir des person-
formée afin d’élaborer des propositions nels validés par elle en situation
pour la structure, les curricula et la for- d’enseigner aussi d’autres disciplines
mation des enseignants de tous les ni- (dans la plupart des cas, la philosophie).
veaux (Commissione Bertagna). Elle doit Les travaux de la commission
tenir compte d’un cadre imposé par la Bertagna constituent la base pour la
16 ministre selon lequel l’obligation scolai- rédaction d’une loi approuvée en mars
re doit durer douze ans et peut se dérou- 2003 qui stipule que le droit (et non plus
ler également dans le système de forma- l’obligation) à l’instruction et à la for-
tion professionnelle. L’école doit avoir mation est assuré pour une durée de
une structure unitaire et le curriculum douze ans dans une structure de cinq
doit être basé sur des standards natio- ans d’école primaire, de trois ans d’école
naux et une flexibilité qui puisse per- secondaire inférieure et de quatre ans
mettre le libre choix des familles. d’école secondaire supérieure ; l’ensei-
La commission devrait également gnement professionnel est intégré au
tenir compte des résultats des états système scolaire. La possibilité d’ins-
généraux de l’école qui ont rassemblé, truction-formation en alternance est
fin 2001, plus de mille représentants du aussi prévue. La liberté du choix de
monde de l’éducation. l’instruction est garantie par des « plans
Une attention particulière est accor- d’étude personnalisés » constitués d’une
dée à l’école privée et à l’enseignement de partie fondamentale qui reflète la
la religion dans l’école publique. Trente culture nationale et d’une partie option-
millions d’euros en 2003 (et soixante-dix nelle. L’âge d’accès à l’école maternelle
millions en 2005) sont attribués aux et primaire, si la famille le désire, peut
familles qui ont inscrit leurs enfants à être abaissé d’un an.
l’école privée (en majorité catholique). Dans ce cadre, la loi donne le pouvoir
En ce qui concerne l’organisation de au gouvernement de finaliser la réforme.
Un an après, la ministre, par décret 5,
4. Discours de Letizia Moratti à la Chambre des
députés du 18 luglio 2001). 5. DM 19/2/04, N.59.
réorganise l’école maternelle et primaire pose la liste des disciplines de base avec
et définit les curricula. un minimum et un maximum horaire
Les changements sont importants : pour chacune. Les programmes indi-
l’horaire, défini annuellement, com- quent contenus et objectifs à atteindre.
porte une partie d’enseignements com- L’intérêt de l’opinion publique a été
muns et une partie facultative (10 %) attiré surtout par les programmes de
organisée par l’école. Pour les activités sciences naturelles dans lesquels le sujet
facultatives, l’école peut embaucher sur de l’évolution « disparaît ». Darwin est-il
ses fonds des experts à contrat à durée banni des écoles italiennes ? Non, a dit la
déterminée*. Globalement l’horaire ministre dans une émission télévisuelle
diminue et le « temps plein », conquête mais il ne figure pas dans les pro-
des mouvements de femmes et des grammes. Par contre, le problème « des
mouvements pour la démocratisation origines » et du rapport de l’homme à
de l’école, n’est possible que si l’école a l’environnement est profondément pré-
les ressources pour intégrer le temps sent dans les programmes de religion ca-
financé par l’administration centrale. Le tholique. Ici le problème est posé en tant
ratio enseignant-élève à l’école primaire que « réponse aux grands questionne-
change : un enseignant « tutor » sera le ments de la vie » et dans l’espace donné
responsable de la classe où il enseignera au rapport entre science et religion. Une
18/20 heures ; les autres heures revien- séparation semble être établie entre
dront à des enseignants qui circuleront l’éducation des premières années où la
entre plusieurs classes. Cette organisa- religion et « les réponses élaborées par les
tion révolutionne le système précédent familles » sont prioritaires et l’instruc- 17
basé sur l’idée de la responsabilité péda- tion des classes de fin d’études où la
gogique collective de l’équipe des ensei- science peut être librement apprise.
gnants. Le refus de ce changement par Le changement pour les ensei-
les enseignants du primaire est donc gnants, les familles et les élèves peut
aujourd’hui très fort ainsi que le refus donc être important. Il s’agit d’un chan-
d’une hiérarchisation de leurs rôles pro- gement de culture, de rapport à l’école
fessionnels et des disciplines enseignées. et surtout de philosophie : avant la
Chez les enseignants, des doutes por- réforme, surtout à l’école primaire,
tent aussi sur l’introduction, à partir de l’enfant était au centre de l’enseigne-
l’école maternelle, du « portfolio de ment et le projet pédagogique de la
compétences », un carnet pour chaque classe (avec les mêmes objectifs pour
élève. Le risque d’un « étiquetage » pré- tous) prenait en compte la spécificité de
coce qui bloque le processus d’instruc- chacun. Dans la réforme, l’idée de « per-
tion est évoqué. sonnalisation » domine ; les parcours
La réforme des curricula fait à pré- doivent être construits pour chaque
sent l’objet d’analyses de la part des asso- enfant considéré comme partie d’une
ciations des enseignants et des écoles ; entité familiale et par chaque établisse-
elle introduit des changements culturels ment scolaire selon le type de public et la
et pédagogiques importants. Conçu volonté des familles.
selon le principe de la flexibilité et du Pour les adversaires de cette réforme,
libre choix, le texte du ministère propose ce sont les notions mêmes d’individu et
les objectifs de la formation, les stan- de démocratie qui sont ainsi redéfinies. ■
dards et les critères d’évaluation. Il pro- Teresa Longo
N° 37 - décembre 2004
mathématiques, ont pointé le très grand
Amérique latine écart existant entre les résultats obtenus
par Cuba, avec plus de 80 % de réussite,
L’utilisation des résultats et l’ensemble des autres participants
de l’évaluation (seulement 40 % de réussite).
des apprentissages Le Chili, l’Argentine, le Belize, le
En Amérique latine, la plupart des Mexique, le Brésil et la Colombie appar-
réformes éducatives des deux dernières tiennent aux rares pays ayant participé à
décennies ont encouragé l’institution- des épreuves internationales. Les résul-
nalisation des systèmes nationaux tats obtenus ne font que confirmer les
d’évaluation en tant que mécanismes de tendances constatées sur un plan natio-
contrôle de la qualité des apprentis- nal. En effet, dans l’étude TIMSS
sages. Des opérations de grande enver- (Troisième étude internationale sur les
gure et mobilisant de nombreuses mathématiques et les sciences, 1995), la
équipes ont vu le jour pour appliquer Colombie se situe à 25 % en dessous de
des tests et des questionnaires aux la moyenne internationale et le Chili, en
élèves, aux enseignants et familles. 1999, à 20 % en dessous de la moyenne
L’intérêt s’est porté principalement sur en mathématiques. Rappelons, par
les mathématiques et la langue mater- comparaison, que ces mêmes pays
nelle, l’espagnol, pour les niveaux CE2 avaient obtenu les meilleurs résultats
et sixième. lors de l’étude de l’UNESCO.
Les résultats de ces expériences ont Par ailleurs, d’après la récente étude
18 permis de se rendre compte de l’état PISA (Programme international d’éva-
alarmant des apprentissages dans la plu- luation d’élèves, 2001), les élèves mexi-
part de ces pays. Ainsi, pour l’année cains et brésiliens ont réussi à 23 % et à
2000, à Panama et au Guatemala, les 33 % respectivement en dessous de la
élèves de sixième obtenaient un taux de moyenne obtenue par les trente-deux
réussite inférieur à 50 % en mathéma- pays participants à cette enquête de
tiques tandis qu’au Honduras, en 2003, l’OCDE. Signalons au passage qu’à
pour les CE2 et les sixièmes, 15 % seule- l’exception du Belize, aucun pays
ment dépassaient la moyenne en mathé- d’Amérique centrale n’a participé à ces
matiques et en espagnol. Constat encore enquêtes de portée mondiale 1.
plus préoccupant au Nicaragua : en À cette situation s’ajoutent des ques-
2002, on observait, pour la sixième, des tionnements soulevés récemment par
taux très faibles, autour de 5 % en espa- les responsables politiques sur le rôle de
gnol et 1 % en mathématiques. En l’évaluation, sur la qualité des méthodes
revanche, au Costa Rica en 2002, les employées, sur la pertinence de passer
résultats démontraient une situation d’une évaluation de normes à une éva-
nettement plus favorable avec, en luation par critères ; d’une évaluation
sixième, des taux de 89 % en espagnol et bilan à une évaluation formative ; enfin,
de 71 % en mathématiques.
Les comparaisons entre pays illus-
trent encore ces disparités. Les tests 1. La plupart des rapports sur l’évaluation en
menés par l’UNESCO en 1998 auprès de Amérique latine peuvent être consultés dans le site
du GTTE (Grupo de Trabajo sobre Estándares y
treize pays participants, pour le CE2 et Evaluación del PREAL-GRADE) : http://www.preal.cl/
le CM1, en langue espagnole et en GTEE/index. php..
d’une couverture par échantillons à une pas encore l’unanimité des responsables
couverture de tout un niveau de la politiques2.
population scolaire. Dans l’agenda actuel des proposi-
La diffusion des résultats s’effectue tions de politique éducative, réaliser et
généralement par la publication d’un accomplir les objectifs fixés par les pro-
rapport unique dont le contenu s’adres- grammes est un gage de la motivation de
se à des acteurs multiples (familles, l’enseignant et de la qualité du travail.
enseignants, chefs d’établissements Cette motivation se voit gratifiée par un
entre autres) ce qui en rend la lecture supplément de salaire. Ce type d’évalua-
difficile. L’utilisation politique des résul- tion, appliquée dans quelques pays
tats peut constituer un sérieux problème connaît un relatif succès au Chili, mais
dans la mesure où les services d’évalua- elle se heurte ailleurs à la forte opposi-
tion des ministères sont les financeurs tion des enseignants et des syndicats.
des opérations d’évaluation et peuvent L’idée avancée par quelques respon-
se poser à la fois en juge et partie ; ceci sables politiques serait de généraliser ce
génère inévitablement un sentiment de principe comme un mécanisme de
méfiance qui subsiste même lorsque les récompense aux enseignants pour la
analyses des résultats sont effectuées réussite de leurs élèves3.
par des experts externes. Les décideurs de la politique éducati-
Conséquence de toutes ces expé- ve ont pris conscience de l’utilité des ré-
riences, une culture de l’évaluation a sultats en tant qu’outil de pilotage mais
commencé peu à peu à émerger et en indicateur incomplet pour donner une
même temps, suite aux constats évoqués vision intégrale de la qualité de l’offre 19
précédemment, de nouvelles exigences éducative. Ils sont convaincus qu’il faut y
semblent se dessiner : intégrer d’autres aspects tels que la cou-
De nombreux pays d’Amérique lati- verture scolaire, l’équité, l’environne-
ne proposent d’accorder une plus gran- ment social et économique de l’élève, les
de importance à l’élaboration de normes pratiques pédagogiques, l’égalité des
de référence communes (standards) chances. Ce besoin de lier les résultats
pour mesurer la qualité de l’enseigne- scolaires aux autres composantes du sys-
ment. En effet, les gouvernements s’inté- tème éducatif commence à provoquer
ressent moins à contrôler les ressources l’apparition de systèmes nationaux et
et les contenus de l’enseignement qu’aux internationaux d’indicateurs sur l’état
résultats des apprentissages, à leur mise de l’école dans la plupart de ces pays.
en oeuvre et à leur suivi. Cette réflexion semble salutaire
À terme, on souhaite arriver à un avant de reprendre la course pour
système unifié de mesure des connais- rattraper le retard. ■
sances et des compétences à atteindre Luis Muelle
dans des champs disciplinaires bien
définis. En ce sens, par exemple, depuis 2. Voir Proyecto estándares para la educación prima-
le début des années 2000 en Amérique ria en Centroamérica ». – Coordinación Educativa y
Cultural Centroamericana (CECC), San José, Costa
centrale, un organisme autonome non Rica, Septembre 1999. Le CECC est un organisme
gouvernemental propose des objectifs régional de coopération et d’intégration centroaméri-
communs pour l’ensemble des pays et caine.
3. Rapport Es Hora de Actuar, de la Comisión
pour toutes les disciplines du primaire. Centroamericana para la Reforma Educativa, PREAL,
À l’heure actuelle, ces normes ne font 2003.
N° 37 - décembre 2004
n note de lecture
Cette situation demande réflexion, car ma est « le plus collectif des arts », dans
j’y vois comme l’expression symbolique sa fabrication comme dans sa réception.
des maladies les plus graves dont nous Et dans ce dialogue, Olivier Assayas
souffrons. » (pp. 261-262.) rappelle également comment le monta-
Reste que l’ouvrage est constitué ge est mise ensemble, dans la construc-
pour l’essentiel par d’autres voix, qui tion – ou non – d’un « voir ». Dans cet
accompagnent celle de Desanti. Autour échange, c’est de fait la question de l’invi-
de Marie José Mondzain, autour de sibilité qui est centrale.
Jean-Michel Frodon, directeur de la La dernière conférence rassemble
rédaction des Cahiers du Cinéma et Marie José Mondzain, les hommes de
fondateur de L’Exception, douze voix théâtre Alain Françon et Robert Canta-
sont donc rassemblées, dans le cadre de rella, le cinéaste Jean-Louis Comolli et le
trois entretiens. plasticien Ernest Pignon-Ernest. Dans
Le premier, où ces deux auteurs cet ensemble, la voix discordante de
discutent avec les philosophes Myriam Catherine Dolto, médecin haptono-
Revault d’Allonnes et Patrice Loraux, miste, rappelle avec insistance l’impor-
permet d’éclairer la pensée de Desanti tance du sensible, jusque parfois dans un
dans ses implications comme dans certain oubli du symbolique et du langa-
l’intertexte qu’il convoque. À l’aide de ge, comme Marie José Mondzain le lui
leurs références, de leurs témoignages, fait remarquer. Ce dialogue est avant
de leurs interrogations, les interlo- tout l’occasion pour des artistes de pré-
cuteurs parviennent à faire saisir l’origi- senter leur travail, dans la perspective
nalité de la pensée de Jean-Toussaint De- donnée par Jean-Toussaint Desanti. 21
santi, jusque dans ses apories, son refus Ainsi du projet d’Ernest Pignon-Ernest
de conclure : comme la nuque échappe en Afrique du Sud, qui surgit à l’occa-
au regard de qui voit un front, le réel sion d’une rencontre, avec des malades
échappe toujours au discours. et des acteurs de la lutte contre le Sida.
Le deuxième entretien rassemble, Ou de l’enquête de Jean-Louis Comolli,
autour des mêmes quatre interlocuteurs, qui l’a conduit à « filmer l’ennemi »,
trois cinéastes : Benoît Jacquot, Nicolas l’électeur du FN.
Philibert et Olivier Assayas. Le dialogue Toutes ces voix, ensemble, dans leur
devient ainsi l’occasion pour des non- diversité, suscitent donc chez le lecteur
philosophes de se saisir d’un texte philo- une réflexion personnelle, tant esthé-
sophique. De dire en quoi il les concerne tique qu’éthique ou politique, en hom-
et de dire comment la question du « voir mage à ce pédagogue que fut l’auteur de
ensemble » se pose pour eux, dans leur « Voir ensemble ». ■
pratique. De fait, comme le rappelle
Jean-Michel Frodon en postface, le ciné- Cécile De Bary
N° 37 - décembre 2004
dossier
diplômes et examens
de l’enseignement secondaire
L’examen : lieu
de l’équité scolaire ?
Pierre-Louis Gauthier
N° 37 - décembre 2004
secondaire représente bien un véritable passage vers plus d’autonomie, passage
qui coïncide d’ailleurs peu ou prou avec sa majorité civique. Pour les familles,
le bac représente une mutation importante : la sortie de l’état d’irresponsabilité
dans lequel l’adolescent était jusqu’alors confiné. Mais c’est aussi la sortie du
cocon familial vers un monde d’incertitude et de compétition et l’on sait dans
tous les milieux que terminer une bonne formation secondaire est devenue la
condition pour aborder un marché de l’emploi exigeant en qualification.
Partout cette signification sociale de l’examen terminal est soulignée par des
rituels qui accompagnent le déroulement des épreuves, la proclamation des
résultats, la remise des diplômes. De la stodniowka polonaise 1 au juillet noir
chinois (Xiaohui Wang) 2, cérémonies institutionnelles, fêtes familiales,
monômes et chahuts marquent ce moment de la vie scolaire nationale. Les
médias amplifient l’événement, accordant une large place aux commentaires
concernant les « sujets » proposés, les réactions des candidats, les résultats, les
pourcentages de réussite, déterminants pour le « classement » des établissements
(Margaret Sutherland, Marie Meyers).
Pour les enseignants, c’est l’un des rares moments de reconnaissance
sociale de leur fonction. Pour eux, le franchissement consiste à transformer le
capital scolaire qu’ils ont contribué à constituer en un capital symbolique qui
sera reconnu hors de la sphère scolaire. Rare moment de rencontre des
24 pratiques sociales de l’éducation et de celles du travail 3.
Le prestige qui accompagne un examen est renforcé par l’attention que
l’appareil d’État lui prête, au crédit qu’il lui accorde, aux moyens qu’il met en
œuvre pour l’assurer. Pendant près d’un siècle, le certificat d’études primaires,
créé lui aussi par Jules Ferry, a rempli ce double rôle de légitimation de la scola-
risation et de garantie pour le marché du travail. Cet examen emblématique de
l’école publique, comportait déjà ses rituels, ses exigences souvent formelles et
aussi ses dérives vers le …bachotage. De nos jours, le baccalauréat est en passe
de jouer ce rôle unique de certificat de fin d’études secondaires, si l’on réalise
qu’en France, près de 70 % d’une classe d’âge parvient à ce niveau. D’ailleurs le
« bac » porte ombrage à l’examen qui est censé remplir le rôle de certificat de fin
d’études obligatoires, le brevet, qui par manque de considération sociale et par
désintérêt du politique périclite doucement (Marc Fort).
Le politique s’est toujours montré très attentif au devenir des examens
de fin du secondaire : parce que l’on sait quel passeport il représente pour
l’emploi, parce que les résultats sont un bon révélateur du fonctionnement de
l’institution scolaire, parce qu’enfin le corps social attend de son école une
pérennité et une sauvegarde de l’action éducative…Toute décision politique
1. Bal de gala organisé dans chaque lycée polonais, cent jours avant le baccalauréat.
2. Les noms d'auteurs renvoient aux articles publiés dans le présent dossier.
3. S. Perez, Education et travail, L'Harmattan, 2001.
Passe ton bac d’abord … Mais quel bac ? Le baccalauréat est exposé lui
aussi à la massification de l’enseignement née de la démocratisation. Certes, le
politique emboîte le pas et décrète les quotas futurs de reçus pour une tranche
d’âge. Mais le conservatisme académique, porteur des valeurs universitaires,
gêne et se révèle incapable de s’adapter. Les solutions sont diverses. Au
Royaume-Uni, on fragmente l’examen en plusieurs niveaux avec des nuances 25
entre les différents pays (Margaret Sutherland). En France, on multiplie les
baccalauréats et leurs séries internes afin de tenter de répondre à la demande
des professions (Marc Fort). En Afrique de l’ouest où la problématique devrait
rester centrée sur l’éducation de base, l’examen de l’école moyenne connaît des
variantes sensibles d’un pays à l’autre (J-M. Bernard - F. Robert). Au Canada,
il n’y a pas équivalence possible entre provinces, ni même entre établissements
(Marie Meyers). L’État, les familles, les médias accordent-ils une égale dignité à
ces différents examens terminaux ? La mise en parallèle de ces examens est éclai-
rante sur les déficits de crédit et de considération et sur leur rôle dans le main-
tien de la ségrégation sociale dans l’emploi et dans les études post-secondaires.
En France, 85 % des enfants de cadres d’une tranche d’âge accèdent au diplôme,
tous baccalauréats confondus, pour 51 % des enfants d’ouvriers (2 % en 1930).
N° 37 - décembre 2004
Autre aspect du débat sur les examens, les relations du secondaire avec
l’enseignement supérieur qu’il s’agisse de la formation générale ou de la forma-
tion professionnelle. Lorsque le baccalauréat ouvre directement la porte à
l’enseignement supérieur comme en France où il est le premier grade universi-
taire, le passage devrait se faire sans difficulté. C’est compter sans les formes
détournées de sélection, numerus clausus, inscriptions anticipées, entretiens,
précocité de certains élèves choisis à l’avance, procédés qui sont monnaie
courante dans l’institution universitaire mal préparée à la montée de la massi-
fication, et qui manifeste un raidissement malthusien. Dans les pays où la certi-
fication secondaire reste indépendante du post-secondaire, la préparation de
l’examen d’entrée à l’université soit national comme le center-nyushi japonais,
soit local comme au Canada, donne lieu à une tension intense dans une
ambiance de compétition farouche, où de subtiles stratégies de contournement
sont mises en œuvre. En Ontario, de nombreux paramètres extra-scolaires et
financiers sont pris en compte : autres facteurs de sélection ! (Marie Meyers).
On constate ainsi que de nouvelles catégories des classes moyennes se détour-
nent de la voie universitaire et s’orientent plus volontiers vers les filières profes-
sionnelles et technologiques du supérieur, mieux adaptées à affronter les réalités
de l’emploi.
Les modalités pratiques de déroulement des examens pourraient
sembler mineures auprès de ces considérations. Elles révèlent pourtant la
26
culture de l’éducation et la philosophie du passage initiatique en fin de secon-
daire propres à chaque pays. Entre l’épreuve écrite, chère aux Français et le
contrôle continu plutôt anglo-saxon, entre l’épreuve de dissertation et le QCM,
les différences sont suffisamment importantes pour caractériser un examen. La
part faite à l’expérience personnelle, au dossier de recherche, au travail d’intérêt
communautaire, introduisent des variables qui donnent à chaque système son
caractère. Ici l’anonymat semble garant de l’équité, là on estime que la connais-
sance de l’élève est nécessaire à une juste appréciation de son travail. Pourtant,
aucune de ces formules ne renferme de solution radicale à l’inégalité scolaire 4;
l’objectivité des corrections, des appréciations, les écarts constatés entre les
provinces, les établissements, les correcteurs, posent toujours problème (Marc
Fort). En fait qu’évalue-t-on ? Les critères des examinateurs oscillent entre vali-
dation des acquis scolaires et des compétences présentes et appréciation des
aptitudes futures. Résoudre le dilemme de la subjectivité permettrait de faire un
pas de plus vers plus d’équité. L’élaboration des épreuves, des sujets, des correc-
tions, entièrement aux mains des enseignants, participe de ce pouvoir que
donne la maîtrise d’un examen, de l’influence qui peut s’exercer sur son dérou-
lement, son évolution ou au contraire son immobilisme. Confier ces procédures
à des organismes extérieurs revient à remettre en cause ce pouvoir au profit
4. « Inégalités scolaires, inégalités sociales », symposium francophone d'éducation comparée, La Havane, 2004.
27
N° 37 - décembre 2004
dossier
Les bouleversements
de la certification
dans le secondaire
Le cas de la Pologne
Jan Kuriata
La réforme
de l’enseignement
secondaire polonais
La réforme de l’enseignement secondaire polonais a débuté en 1999 et
a connu de nombreux avatars. La réduction de la durée de la scolarisation 29
primaire, ramenée à six années (de six ou sept ans jusqu’à l’âge de douze ans)
a laissé la place à la création d’un premier cycle du secondaire. Le premier cycle
du secondaire prend place dans un établissement baptisé gimnzajum, plus ou
moins proche du collège français. Ce cycle se termine par un examen sur lequel
nous reviendrons plus loin. Le lycée d’enseignement général garde le nom de
liceum. La scolarité y est ramenée à trois années. Les autres établissements pren-
nent le nom de leur spécialité professionnelle, mais ils seront prochainement
remplacés par un seul établissement, le liceum porofilowane, probablement à
l’horizon de 2006. Le technikum devrait voir ses études réduites à trois années
menant à la matura comme dans le liceum, suivies d’une année supplémentaire
d’études professionnelles aboutissant à un examen et un diplôme profession-
nels.
Organisation
Le système éducatif polonais a hérité de plusieurs systèmes eux-mêmes
issus des différents régimes politiques qu’a connus le pays, notamment du
système soviétique. Ces systèmes se juxtaposent parfois au prix de nombreux
compromis et dérogations. Ainsi, le primaire dure six années, mais avec la
1. « La réforme de la matura en Pologne », Gauthier P-L., Kuriata J., Revue internationale d’éducation de Sèvres
n° 32, 2003.
N° 37 - décembre 2004
possibilité de scolariser les enfants dès l’âge de six ans dans des classes « zéro »,
opportunité que saisissent 90 % des familles.
C’est donc au bout de sept années que la majorité des élèves accèdent
au secondaire après avoir réussi un test « de compétence ». Ce test est obliga-
toire à la fin de l’école primaire mais son rôle se limite à une évaluation forma-
tive sans avoir de caractère certificatif ni sommatif. Les élèves qui n’ont pas
réussi à obtenir le minimum de points prévus sont malgré tout admis au collège
si leurs notes finales se situent entre 2 et 6 alors que la grille d’évaluation se
situe entre 0 et 6.
Les études au collège durent trois années et les classes sont appelées :
première, deuxième et troisième alors qu’à l’école primaire les enfants fréquen-
taient également la première, la deuxième … jusqu’à la sixième. L’exercice de
numération devient délicat !
Les collégiens, à la fin de leurs études comme à la fin du primaire,
passent un test « de compétence » qui porte sur des éléments de langue polo-
naise, mathématiques, histoire, géographie ou sciences naturelles… Ce test,
comme celui de l’école primaire, n’a pas de caractère certificatif ni sommatif
mais les résultats sont pris en considération par les lycées au moment du recru-
tement et décident pratiquement de l’admission. Ainsi, certains élèves peuvent
30 se voir refusés par tel ou tel lycée si le nombre de points obtenus au test n’est
pas assez élevé ; ceci est particulièrement vrai pour les lycées qui disposent de
plus de candidats que de places disponibles.
Le test de compétence joue le rôle d’un examen final sans l’être réelle-
ment car les directions des lycées, outre les résultats des tests, sont assez libres
dans le choix des épreuves et des concours à prendre en considération et qui
peuvent augmenter le nombre de points des candidats. Sont ainsi pris en consi-
dération les résultats obtenus aux différents concours spécialisés par matières,
comme les olympiades de mathématiques par exemple.
Il convient de souligner que les deux tests sont des examens « externes »
car leurs contenus sont élaborés par une commission indépendante des écoles
et leurs corrections réalisées par les experts indépendants. Nous apporterons
plus de précisions concernant les commissions et les experts dans la suite du
présent article.
Les études secondaires de ce qu’on pourrait appeler « le deuxième
cycle » durent trois années. Les filières principales sont au nombre de cinq :
– le lycée général (liceum ogolnoksztalcace) et le lycée technique (liceum
techniczne) : ces deux établissements comportent les classes I à III (seize à dix-
neuf ans). En matière de certification, une attestation de scolarité mentionne les
disciplines et les notes obtenues lors de la dernière année. Il n’y a pas d’examen
final.
La NOWA MATURA :
une expertise externe ?
L’examen terminal de l’enseignement secondaire, la matura, subit
évidemment les contrecoups de cette réforme. La principale innovation est que
la nouvelle matura devient un examen externe. En fait, avec cet art du
compromis où excellent les autorités polonaises, l’examen revêt encore deux
formes : 31
– une procédure interne est gérée par les établissements sans interven-
tion de l’extérieur ; elle consiste en des épreuves orales concernant la langue
polonaise et une langue vivante (y compris les langues des minorités ethniques
du pays).
– une procédure externe est mise en œuvre par un organisme nommé
« Centralna Komisja Egzaminacyjna », qu’on peut traduire par « commission
centrale d’examen » (CCE), qui est un organisme unique et centralisé pour toute
la Pologne. Cette commission est structurée dans les régions en « commissions
régionales d’examen » (CRE) au nombre de huit pour tout le pays, donc infé-
rieur au nombre de voiévodies 2. La partie externe de l’examen se compose
d’épreuves écrites au niveau « basique » et au niveau « élargi ».
Le niveau basique comprend la langue polonaise, une langue vivante
(anglais, allemand, russe, français, espagnol) – la même qui était choisie en
partie orale –, une épreuve de mathématiques, une matière à option (biologie,
chimie, physique, astronomie, géographie, histoire, informatique, langue
vivante supplémentaire, latin, grec, éducation civique, danses, histoire de l’art,
mathématiques). Les élèves sont obligés de choisir la langue polonaise et une
langue vivante ainsi qu’une matière parmi celles que nous venons de citer.
2. Circonscriptions administratives comparables aux régions en France. Il existe seize voiévodies en Pologne.
N° 37 - décembre 2004
Les matières proposées au niveau « élargi » sont uniquement les
suivantes : biologie, physique et astronomie, histoire, histoire de la musique,
histoire de l’art, langue grecque et culture antique, langue latine et culture
antique, langue vivante, éducation civique, langue d’une minorité ethnique,
savoir sur les danses, chimie, géographie, informatique, mathématiques. Les
élèves peuvent choisir une, deux ou trois matières afin de pouvoir préparer une
intervention au cours des épreuves de matura. Les élèves la préparent seuls mais
ils peuvent réclamer quelques aides de la part des enseignants de leurs écoles,
l’objectif étant d’élaborer un document prouvant le degré d’autonomie de
l’élève.
La CCE et les CRE sont des organismes indépendants chargés de prépa-
rer et gérer les examens pour l’ensemble de l’enseignement primaire et
secondaire. L’objectif est d’évaluer de manière indépendante et objective la
qualité de l’enseignement et d’estimer les niveaux exigibles pour les passages du
primaire au gimnzajun, puis au secondaire « deuxième cycle » (Le « deuxième
cycle » est pourtant absent dans la nomenclature officielle du MENiS).
Actuellement, les membres des commissions sont désignés et en cours
de formation. Ils ont recruté et formé dans chaque région des « leaders » pour
chaque discipline, chargés à leur tour de former les enseignants à ces nouvelles
procédures. Parallèlement sont actuellement formés des experts ou examina-
teurs dont la compétence sera validée par le ministère de l’Éducation nationale
32
et du Sport (MENiS) en qualité de membres des jurys d’examen.
La matura ainsi prise en charge par les commissions nationales et
régionales a donc radicalement changé de visage. Les questions, les sujets
d’examen, les règlements sont préparés désormais à ce niveau en privant de ces
compétences les enseignants des écoles secondaires responsables jusqu’à présent
à la fois de la formation et de la certification ! On peut facilement deviner que
ce bouleversement a profondément heurté la plupart des enseignants habitués à
ne pas être soumis aux évaluations extérieures.
L’échelle de notation est remplacée par un système de points à acquérir
(crédits). C’est un changement fondamental qui bouscule la mentalité tradi-
tionnelle polonaise attachée aux anciens examens de maturité. Il est difficile de
prévoir les réactions des élèves et de leurs parents lorsqu’ils connaîtront les
résultats des épreuves organisées « autrement ». La structure de la nouvelle
matura occupe une grande place dans les médias en Pologne qui s’efforcent
d’expliquer aux parents le nouveau système, système qui semble être bien
compliqué pour des personnes étrangères au système éducatif polonais.
La nowa matura
et les universités
La précision et la rigueur qui semblent présider à cette mise en place
de la nouvelle matura incitent les universités à inscrire directement les titulaires
de la matura sur les listes d’étudiants. Mais il est difficile de préciser quelle sera
l’attitude ou plutôt les attitudes que vont adopter les établissements supérieurs
face à la nouvelle matura. L’ensemble des établissements supérieurs n’a pas
encore élaboré une position officielle claire et précise. Vu le statut des univer-
sités en Pologne, aucune loi ne peut les obliger à adopter une attitude ou une
autre par rapport à la matura qui reste toujours un examen « non-universitaire »
bien qu’il soit externe à l’école secondaire. Les universités sont censées ne pas
organiser des examens comportant des matières présentes dans la nouvelle
matura. Dans les cas où les examens universitaires ne comprendraient que des
matières présentes à la matura, le classement des candidats se ferait alors selon
le nombre de points acquis à la nouvelle matura.
N
La mise en marche du nouveau système des examens clôturant la
formation secondaire en Pologne est un fait. Nous devons souligner la longueur
du processus d’élaboration de la nouvelle matura par rapport aux projets
d’origine. Les obstacles étaient multiples et de diverses origines. Tout d’abord,
pour le milieu enseignant les examens « externes » bouleversaient les habitudes
professionnelles existant en Pologne « depuis toujours ». Les partis politiques et
le syndicat des enseignants polonais (le ZNP) craignaient de perdre ainsi leur
33
clientèle qui ne souhaitait pas de changements. Les parents craignaient des diffi-
cultés dans l’organisation des examens et surtout, on prévoit des problèmes
dans l’accès aux établissements supérieurs. Ces craintes n’ont pas disparu car le
printemps 2005 est devant nous et il est difficile d’estimer si la bataille est
gagnée...
N° 37 - décembre 2004
dossier
La certification
dans le second degré
au Royaume-Uni
Margaret B. Sutherland
Contrastes et controverses
Au Royaume-Uni, on admet la nécessité d’effectuer des réformes
concernant la certification dans le second degré. Ces réformes provoquent des
discussions très vives sur la politique à suivre, discussions d’autant plus inté-
ressantes qu’elles se concentrent sur des situations différentes d’un pays à
l’autre dans le Royaume-Uni. Depuis longtemps on constate surtout de grandes
différences entre l’enseignement secondaire en Angleterre et en Écosse, tant au
niveau de la fin de scolarité obligatoire qu’à celui de la fin de l’enseignement
scolaire. Récemment, on a introduit des changements dans les deux systèmes,
aux deux niveaux. L’Écosse a même pu commencer à faire l’évaluation des
changements mis en oeuvre tandis qu’en Angleterre, le rapport préliminaire 35
d’un groupe de travail a proposé des changements encore plus radicaux dans la
certification. Dans une certaine mesure, les deux systèmes se rapprochent : en
général, on est d’accord sur les principes qui doivent déterminer les réformes
car, dans tout le Royaume-Uni, on veut offrir à tous les jeunes la possibilité de
profiter d’une bonne éducation secondaire et d’accéder ensuite à l’enseignement
supérieur ; on veut en même temps accroître le prestige des études profession-
nelles et faire reconnaître la valeur de ces compétences.
Au cours de ces dernières années, on a reconnu en Angleterre et en
Écosse des défauts dans l’enseignement secondaire, mais des défauts d’ordre
différent. En Angleterre où les élèves passaient l’examen A-level dans deux ou
trois matières après six ans d’études secondaires, on a estimé qu’ils se concen-
traient sur un secteur trop étroit : leur choix se bornait exclusivement aux arts
ou exclusivement aux sciences – ainsi l’éducation reçue manquait-elle d’équi-
libre, l’humaniste ignorant toute étude scientifique, l’élève doué en sciences ne
s’occupant plus de littérature. (Il est vrai que la possibilité de suivre un cours
de General Studies pouvait élargir le champ des intérêts des candidats ; d’autre
part, beaucoup d’écoles offraient des activités « extra-curriculaires » qui rédui-
saient les risques d’une spécialisation trop étroite). Mais en même temps, le
niveau trop élevé des A-levels était contesté, certaines écoles ayant la réputation
de proposer des études de niveau universitaire. Mais on chérissait ces études.
Les A-levels représentaient l’étalon-or du système d’éducation anglais. À
N° 37 - décembre 2004
plusieurs reprises au cours du XXe siècle, on avait proposé des réformes ; mais
en fin de compte, on n’avait pas osé attaquer ce monstre sacré.
En Écosse en revanche, où les élèves se présentaient à l’examen Highers
(Higher Certificate of Education) après cinq ans d’études secondaires, on esti-
mait que les élèves qui étudiaient quatre ou cinq matières à ce niveau recevaient
une formation mieux équilibrée qu’en Angleterre. Mais en même temps, on
trouvait que des élèves qui pouvaient ainsi obtenir le certificat d’entrée en
université à l’âge de dix-sept ans étaient vraiment trop jeunes (surtout s’ils se
trouvaient dans les mêmes classes que des étudiants qui avaient profité des
études A-level en Angleterre). De plus, puisque les examens Highers avaient lieu
deux trimestres après les examens de la fin de scolarité obligatoire (à seize ans),
les écoles n’avaient guère le temps de faire approfondir les matières étudiées. On
avait bien introduit un Certificate of Sixth Year Studies (CSYS) pour encourager
les élèves à passer encore une année à l’école après avoir réussi le Highers
Certificate, afin de se spécialiser dans une ou deux matières préférées, mais ce
certificat n’avait pas été très bien accueilli.
Dans ces conditions, quels changements a-t-on introduits ? Quel est le
système actuel de certification dans les deux pays ?
La certification
36
en Angleterre
À seize ans, les élèves passent les examens GCSE (General Certificate of
Secondary Education) dans plusieurs matières. La plupart essaieront huit ou
neuf examens mais ils peuvent en tenter un plus petit ou plus grand nombre ;
dans certaines matières on a aussi le choix entre plusieurs niveaux de difficulté.
Les examens sont organisés par trois organismes, les Examining Boards.
Ces examens sont en effet de création assez récente ; on les a créés en 1988
pour remplacer deux autres examens, le GCE O-level (General Certificate of
Education, Ordinary Level) et le CSE (Certificate of Secondary Education). Les
O-levels étaient les examens traditionnels pour les élèves qui suivaient des cours
d’enseignement général ; mais puisqu’on voulait encourager des élèves moins
doués à poursuivre l’enseignement secondaire on avait introduit ce GCSE en
expérimentant en même temps des méthodes d’évaluation moins traditionnelles,
le contrôle continu, par exemple. Un autre changement assez important : il n’était
plus désormais obligatoire pour un élève d’être reçu dans un groupe de matières
et il pouvait recevoir le certificat après avoir été reçu dans une seule matière.
La grande majorité des jeunes passent ces examens GCSE. (On constate
que généralement les jeunes filles réussissent un peu mieux que les garçons).
Certains candidats veulent avoir le certificat pour trouver un bon emploi ;
d’autres veulent entrer dans un collège où ils pourront suivre des cours d’ensei-
gnement professionnel et d’autres veulent avoir un bon certificat pour démon-
trer qu’ils sont capables de suivre les cours au niveau plus avancé des A-levels,
soit dans la même école, soit dans un Sixth Form College (établissement qui
offre aussi des cours A-level.) Normalement, ceux qui entrent au Sixth Form
(section où l’on passe deux ans à préparer les examens A-level) doivent avoir
réussi le GCSE avec au moins la note C dans au moins cinq matières. On
observe cependant que certaines écoles (des écoles privées peut-être) n’accep-
tent dans leur Sixth Form que les meilleurs élèves, qui auront obtenu des notes
A ou au moins des notes B : c’est que ces écoles ont le souci de la publication
des league tables (des palmarès), quand les journaux publient les pourcentages
d’élèves qui ont obtenu des A-levels au niveau A.
À ce niveau, des changements très importants ont été apportés en 2000.
Autrefois les élèves passaient les examens A-level dans deux ou trois matières
après deux ans d’études. Mais la réforme a créé des cours à deux niveaux, AS
(Advanced Subsidiary) en première année et puis A2 (Advanced level 2), l’année
suivante. Ainsi les élèves peuvent-ils passer des examens au niveau AS à la fin
de la première année dans quatre ou cinq matières ; ils peuvent ensuite conti-
nuer à étudier trois ou quatre matières au niveau A2 et abandonner les matières
dans lesquelles ils ne souhaitent pas se spécialiser. (On peut combiner les notes
reçues aux deux niveaux dans une certaine matière ou compter séparément les
notes AS et les notes A2.) De cette façon, le réformateur a voulu éviter de
proposer des choix trop étroits, en offrant aux jeunes de s’intéresser à un choix 37
plus large de matières – et en même temps en permettant aux étudiants
d’atteindre pendant leur première année le niveau requis et d’éviter ainsi aux
moins doués de passer deux ans à suivre un cours qui dépasse leurs compé-
tences. Naturellement, il y a des enseignants qui se plaignent de ce que les cours
AS n’atteignent pas un niveau digne des certificats A-level.
Les résultats en 2004 ont semblé bons. Ils ont pourtant suscité des
controverses entre ceux qui félicitent les élèves et les enseignants pour le progrès
accompli et ceux qui trouvent qu’au contraire on a baissé le niveau et que les
élèves qui obtiennent aujourd’hui des notes A ou même A* auraient obtenu de
moins bonnes notes s’ils avaient passé les examens il y a dix ans.
D’un autre point de vue, ces excellents résultats posent des problèmes
aux universités. Normalement, les candidats s’adressent à l’université de leur
choix avant de connaître les résultats des examens ; leurs écoles font une
estimation des notes qu’ils obtiendront – naturellement, ces prévisions ne sont
pas toujours exactes – et l’université fait alors une offre « conditionnelle » dont
l’issue dépendra des notes finalement obtenues. Par exemple, si un candidat sait
qu’il aurait une place s’il gagnait trois notes A, il pourrait être accepté dans une
autre université peut-être avec AAB, ou ABC. Quand les résultats sont
excellents, le nombre de candidats qui doivent être admis surpasse les capacités
d’accueil des universités. De plus, les universités les plus prestigieuses devront
choisir entre plusieurs candidats qui auront obtenu des résultats vraiment
N° 37 - décembre 2004
extraordinaires, par exemple, A*A*AA. Dans certains cas, la sélection est
effectuée par entretiens – mais cette méthode entraîne parfois des accusations
de discrimination sociale. Ainsi, certaines universités ont commencé à
demander aux Examining Boards de leur fournir non simplement les notes A-E,
mais aussi les points ou pourcentages obtenus dans chaque élément des
examens.
Jusqu’ici, on ne peut pas savoir si les réformes ont vraiment eu les
résultats voulus. Il semblerait que le choix de matières ne s’est pas beaucoup
élargi ; on a tendance à ajouter au niveau AS (Advanced Subsidiary) des études
complémentaires plutôt que de diversifier les contenus. Il semble que moins
d’élèves choisissent maintenant les cours de General Studies. Certaines écoles se
plaignent également du fait qu’il y a maintenant moins de temps à consacrer
aux activités extra-curriculaires. Le rapport du comité présidé par Mike
Tomlinson, publié le 18 octobre 2004 (www.14-19reform.gov.uk) recommande
une réforme radicale de l’éducation de quatorze à dix-neuf ans en Angleterre.
La certification actuelle serait remplacée par un diplôme accessible à quatre
niveaux. Chaque élève devrait maîtriser des compétences de base en anglais, en
mathématiques, en informatique, évaluées par une agence centrale, et des
compétences générales incluant l’éducation civique, sociale, religieuse, évaluées
à l’école. De plus, chaque élève devrait développer un projet personnel adapté à
son propre niveau. On diminuerait ainsi la charge des enseignants en réduisant
38
le nombre d’examens et de tests. On souligne la nécessité d’améliorer les cours
professionnels et d’en faciliter le choix dès quatorze ans. Pour les autres
matières, des cours du type GCSE et A-level, seront offerts au niveau avancé,
avec des définitions plus fines de l’excellence. Le gouvernement décidera en
2005 mais on sait que la réforme complète prendrait plusieurs années.
La certification en Écosse
En Écosse aussi, la certification a été réformée à partir de 1986 : on a
remplacé les O-grades (qui étaient à peu près équivalents aux O-levels anglais)
par des Standard Grades, certificats qui semblaient mieux adaptés à une
population scolaire souhaitant, dans sa majorité, obtenir un certificat
d’éducation secondaire. Normalement, les élèves commencent les études
Standard Grade en S3 (la troisième année de l’école secondaire en Écosse) et
passent les examens à la fin de l’année S4. (On ajoute à l’évaluation de modules
par contrôle continu le résultat d’un examen écrit à la fin de l’année.) La
plupart des candidats se présentent dans sept ou huit matières et il y a des
examens à trois niveaux : Foundation, General, Credit. Les élèves se présentent
normalement à deux niveaux (ce qui offre une sorte de filet de protection pour
les candidats dont les compétences sont difficiles à évaluer précisément).
D’après les résultats obtenus aux examens Standard Grade, l’élève peut savoir à
quel niveau il lui sera possible de poursuivre ses études. À peu près 70 % de la
Les cours Access s’adressent aux élèves qui auront passé les Standard
Grades au niveau Foundation ; les cours Intermediate s’adressent à ceux qui
auront réussi au niveau General, et les Higher et Advanced Higher sont destinés
aux candidats qui auront réussi au niveau Credit. Evidemment, au lieu de viser
le CSYS désormais supprimé, les élèves les plus doués peuvent approfondir leurs 39
connaissances dans les cours Advanced Higher.
On espérait donc introduire à l’âge de seize ans aussi bien qu’à l’âge de
dix-huit ans un système qui correspondrait mieux aux divers niveaux de
compétence des élèves mais malheureusement, cette réforme a commencé par
un désastre d’ordre pratique en 2000. Cet été-là, beaucoup de candidats n’ont
pas reçu leurs résultats à la date prévue – ou ont reçu des renseignements
erronés. Cette débâcle a eu plusieurs causes : d’une part, les examens ont eu lieu
plus tard qu’auparavant, et le temps consacré à la correction des copies a donc
été plus court. D’autre part, une instance nouvelle est devenue responsable de
l’organisation de l’examen, la SQA (Scottish Qualifications Authority) qui a été
constituée en 1997 par la fusion du SEB (Scottish Examinations Board, qui
jusque-là organisait l’examen) avec le SCOTVEC (Scottish Vocational Education
Council). La SQA n’a pas eu assez de temps pour s’adapter aux nouvelles dispo-
sitions : ce n’était pas un début idéal pour le nouveau système.
N° 37 - décembre 2004
Quelle place pour le contrôle
continu ?
Au-delà des examens externes, la question se pose toujours de la place
à donner au contrôle continu. On estime peut-être plus juste d’évaluer le travail
que fait l’élève dans des conditions normales, de lui offrir la possibilité de faire
un travail individuel, et même de refaire un exercice pour l’améliorer (et
apprendre de cette façon) ; on a reconnu que l’examen de fin d’année ne permet
pas toujours une évaluation juste des compétences des candidats. Mais d’autre
part, les enseignants se plaignent du temps qu’il faut accorder à la correction –
ils se trouvent surchargés – surtout si l’élève peut refaire le travail ; savoir si l’on
a bien jugé, si l’on a donné la note juste, est quelquefois très difficile. En outre,
dans beaucoup de cas, on ne peut pas savoir quelle a été la contribution des
parents d’élèves, ou des camarades, et pour l’autorité centrale qui reçoit les
évaluations de contrôle continu, il est difficile de savoir quelle a été la contri-
bution de l’enseignant. Ainsi, même si nos systèmes acceptent beaucoup de
modules dont l’évaluation se fait dans l’école (contrôle continu), il semble que
pour se rassurer sur la valeur des certificats, les enseignants préfèrent toujours
l’examen externe.
Remarquons aussi que même si, dans les deux pays, les certificats
s’obtiennent normalement à l’âge de seize ou dix-huit ans, certaines écoles
40 jugent préférable de présenter certains élèves à l’avance, en leur permettant de
sauter le GCSE ou le Standard Grade pour commencer l’étude de cours plus
avancés. (Certaines universités permettraient à certains élèves A-level de
commencer à suivre un cours universitaire.)
La certification
au Pays de Galles
Les systèmes d’éducation en Angleterre et en Écosse sont indépendants
l’un de l’autre depuis le XIXe siècle. Le système de l’Irlande du Nord dépend
aussi d’une législature parlementaire indépendante ; mais l’éducation au Pays de
Galles s’est trouvée étroitement liée au système anglais depuis bien longtemps.
Quand on pense aux lois sur l’éducation formulées à Londres, on a l’habitude
de supposer sans hésiter qu’elles s’appliquent à l’Angleterre et au Pays de Galles,
comme si tous deux formaient une seule entité. Et cependant les Gallois croient
se différencier des Anglais en ce qui concerne les traditions religieuses, aussi
bien que par des attitudes plus démocratiques dans la gestion des écoles ; et
d’ailleurs ils ont deux langues (à peu près 22 % des habitants du pays connais-
sent la langue galloise) ; on a donc accueilli favorablement la création, en 1999,
de la Welsh National Assembly (Assemblée nationale galloise).
Mais cette relation du Pays de Galles avec l’Angleterre avait commencé
à se distendre avant même la création de cette Assemblée nationale.
L’Assemblée n’a pas tous les pouvoirs d’un parlement, mais elle a le pouvoir
d’effectuer de grands changements dans l’administration du système d’éduca-
tion – par exemple, elle a supprimé les tests nationaux à sept ans et à onze ans.
En 1994, on avait établi la Curriculum and Assessment Authority for Wales (en
gallois ACAC) ; et la loi (Education Reform Act) qui, en 1988, a déterminé le
curriculum national pour l’Angleterre et le Pays de Galles a souligné l’impor-
tance de la langue galloise en accordant une place privilégiée à cette langue
parmi les matières fondamentales du curriculum, ainsi qu’en la faisant ensei-
gner à tous les élèves des écoles du Pays de Galles.
Jusqu’ici, les écoles de ce pays ont continué à suivre le même dévelop-
pement de certification que l’Angleterre, c’est-à-dire qu’on offre les certificats
GCSE et A-level (aux niveaux AS et A2). Évidemment, la langue galloise se
trouve parmi les matières qu’on examine. On l’offre à deux niveaux : un examen
pour les candidats dont c’est la langue maternelle, un autre pour ceux qui l’ont
apprise comme langue étrangère. Une difficulté s’est présentée : certains candi-
dats dont le gallois est la langue maternelle se présentent à l’autre examen,
évidemment beaucoup plus facile pour eux, et les autres candidats se plaignent
que cette participation risque de rehausser le niveau ; mais certains enseignants
trouvent que les candidats ont bien le droit de se présenter à l’examen où ils ont
la plus grande possibilité d’obtenir de bonnes notes.
41
Le baccalauréat gallois
Le Pays de Galles expérimente aussi la création d’un certificat nouveau
du second degré, le baccalauréat gallois. On offrira ce certificat aux deux
niveaux, à seize ans et à dix-huit ans. Cette certification comporte plusieurs
éléments : l’étude du Pays de Galles, de l’Europe et du monde ; un projet de
recherche individuel ; un module de langue moderne ; l’éducation sociale et
personnelle ; les services rendus à la communauté ; une étude relative au marché
du travail et une expérience de travail.
Les compétences essentielles (Key Skills) seront intégrées dans ces
études. Pour les autres matières du curriculum il y aura, comme à présent, des
cours GCSE et A-level.
En 2003, dix-neuf écoles et collèges du Pays de Galles ont commencé
cette expérience du baccalauréat gallois.
Mais des critiques se sont élevées, de la part de ceux, en particulier, qui
auraient voulu voir adapter plutôt le baccalauréat international ; n’appréciant
pas les éléments traditionnels, les GCSE et A-levels, ils auraient souhaité l’intro-
duction de plus grandes innovations. Mais la ministre de l’Éducation à
l’Assemblée galloise a expliqué qu’elle ne voulait pas mettre en place un certi-
ficat qui ne serait approprié qu’aux élèves doués. Elle a affirmé qu’il convient
de développer une certification qui attirera tous les jeunes, sera facile à
comprendre et bien acceptée à la fois par les employeurs et par les universités.
N° 37 - décembre 2004
La certification
professionnelle
Dans les pays du Royaume-Uni, on a voulu rompre avec la tradition
d’avoir deux voies séparées dans les systèmes d’éducation ; on cherche à
accorder aux études professionnelles autant de respect qu’aux études acadé-
miques – et surtout on ne veut pas continuer à les séparer. Le désir d’intégra-
tion a été démontré par la fusion en Angleterre, en 1997, du NCVQ (National
Council for Vocational Education) et de la SCAA (School Curriculum and
Assessment Authority) pour former la QCA (Qualifications and Curriculum
Authority). Au Pays de Galles, on a créé la ACCAC, en Irlande du Nord, la
CCEA et en Écosse, comme on l’a déjà noté, la SQA. ; et l’on avait espéré que la
création de certificats de qualification professionnelle au niveau national dans
les deux pays permettrait d’accroître le respect pour les études professionnelles.
Mais la complexité des cours d’enseignement professionnel – offerts
par les écoles secondaires ou par les Colleges of Further Education ou même sur
le lieu de travail – et les différents modes d’évaluation de cet enseignement,
rendent difficile l’équivalence entre les deux voies de formation. La structure
des cours d’enseignement général et leur évaluation sont beaucoup plus simples
– il est vrai que l’on peut ajouter des modules assez courts aux programmes des
élèves, mais le système d’évaluation reste clair.
42
En Angleterre, on avait espéré que la réforme de la structure des
programmes de l’ACVQ, (Advanced Certificate of Vocational Qualification) en
parallèle avec les changements dans les A-levels académiques servirait à encou-
rager les élèves. Mais ces A-levels professionnels n’ont pas bénéficié d’une
première année au niveau AS : ils étaient plutôt difficiles et les résultats n’ont
pas été encourageants. Au niveau moins avancé d’ailleurs, on a préféré
remplacer les cours du NCVQ (National Certificate of Vocational Qualification)
par des cours GCSE.
Dans les deux voies, il y a aussi des problèmes d’évaluation des Key
Skills qu’on vient de définir en Angleterre et en Écosse comme compétences
essentielles des jeunes. On reconnaît les compétences suivantes : communica-
tion ; capacités de calcul ; informatique ; capacité de résoudre les problèmes ;
capacité de coopérer avec les autres. On y ajoute quelquefois, la capacité
d’améliorer sa performance et ses méthodes d’apprentissage.
Il est possible d’évaluer au moins les compétences pratiques par des
tests. Ainsi, certaines autorités professionnelles offrent des certificats de Key
Skills. Mais très souvent, on décide dans les écoles secondaires que ces compé-
tences se trouvent intégrées à d’autres matières et qu’elles seront donc
comprises dans la performance des GCSE et des Standard Grades ; ainsi on ne
fait pas de tests indépendants. Ce qui constitue une difficulté supplémentaire
quand on veut établir l’équivalence entre les deux voies ou les intégrer.
N
En Grande-Bretagne, les réformes de la certification des écoles secon-
daires pendant les premières années de ce siècle ont témoigné du désir de mieux
adapter l’enseignement aux capacités et aux intérêts des élèves, de mieux faire
comprendre les choix qu’ils peuvent faire et d’intégrer les études générales et
professionnelles. Jusqu’ici, les changements n’ont pas permis d’accomplir tout
ce qu’on espérait, même si l’on constate certaines améliorations. En Angleterre,
le rapport Tomlinson propose des innovations importantes ainsi que de
nouvelles réformes que, dans tous les pays du Royaume-Uni, les enseignants
43
attendent sans aucun doute avec impatience.
bibliographie
DAVIDSON J. (2002) : « Welsh bac is several steps forward », The Times
Educational Supplement, 3 May 2002, p.21.
DE LUCA C. (2003) : « SQA Findings on Scottish Achievements », Scottish
Education, eds. T.G.K. Bryce, W.M. Humes, Edinburgh University Press,
pp. 777-794.
HODGSON B., HOWIESON C., RAFFE D., SPOURS K., TINKLIN T. (2004) :
« Post-16 Curriculum and Reform in England and in Scotland ; Lessons from
Home International Comparisons », Centre for Educational Sociology,
University of Edinburgh.
JONES G.E., RODERICK G.W. (2003) A History of Education in Wales,
University of Wales Press, Cardiff.
RAFFED D., HOWIESON C., TINKLIN T. (2004). « The Introduction of a
Unified System of Post-Compulsory Education in Scotland, Working Paper
8 », Centre for Educational Sociology, University of Edinburgh.
www.uknrp.org.uk/Pages/UK_Voc_Quals
www.dfes.gov.uk
www.14-19reform.gov.uk
N° 37 - décembre 2004
dossier
Deux examens
du secondaire
en France
Marc Fort
Le baccalauréat :
un même vocable,
des examens différents 45
Il existe trois types de baccalauréat, suivant le lycée fréquenté par le
candidat. Le baccalauréat général pour les élèves des lycées d’enseignement
général (organisé depuis 1993 en trois séries : économique et social (ES), litté-
raire (L) et scientifique (S), le baccalauréat technologique pour les élèves de
lycées technologiques (organisé suivant huit séries : sciences et techniques
industrielles (STI), sciences et technologie de laboratoire (STL), sciences
médico-sociales (SMS), sciences et technologies tertiaires (STT), musique et
danse (TMD) ; hôtellerie (HOT), sciences et techniques agricoles et environne-
mentales (STAE) et sciences et techniques de l’agronomie et de l’environnement
(STPA)) et enfin le baccalauréat professionnel (créé en 1985) pour les élèves de
lycée professionnel (organisé en trois grands secteurs : production, services,
services agricoles).
À la session 2004, les 602 300 candidats qui se sont présentés se répar-
tissaient de la manière suivante :
– baccalauréat général, 306 959 élèves soit 51 % ;
– baccalauréat technologique, 178 872 élèves soit 30 % ;
– baccalauréat professionnel, 116 479 soit 19 %.
1. « Résultats provisoires du baccalauréat, France métropolitaine, session 2004 » Note d’information DEP, ministère
de l’Éducation nationale, 04-19 juillet 2004.
N° 37 - décembre 2004
Ces données varient peu d’une année sur l’autre :
L’archétype de l’examen
français
« Le baccalauréat est un monument national ». Cette phrase a été
prononcée par un ministre il y a quelques années à la suite des réactions provo-
quées par l’évocation de quelques réformes de cet examen. Elle résume parfai-
tement la situation : la puissance symbolique de cet examen dans la société
française est telle qu’il est toléré « d’entretenir le monument » mais qu’il est hors
de question de le modifier car il ne correspondrait plus à l’image mythique qu’il
a dans la société française.
Cette difficulté à réformer le baccalauréat a deux conséquences.
Il est impossible de supprimer des épreuves alors que le nombre 47
d’épreuves augmente régulièrement, rendant l’organisation de plus en plus
lourde. Par exemple, pour la session 2004, le baccalauréat a commencé le
10 juin pour se terminer le 10 juillet : environ un mois ! Pendant cette période,
candidats, professeurs, encadrement des établissements se consacrent essentiel-
lement à cette tâche alors que les travaux docimologiques montrent que le
nombre d’épreuves pourrait être réduit et qu’ainsi, les élèves pourraient consa-
crer un peu plus de temps à apprendre.
Cette lourdeur grandissante de l’examen multiplie les risques d’erreurs.
Un sursis à été donné par l’informatisation de certaines tâches, ce qui, para-
doxalement a permis de rendre cet examen encore plus compliqué ! On relira
avec amusement le livre du Guy Bourgeois Le baccalauréat n’aura pas lieu 2 où,
dans un scénario catastrophe, l’auteur met bout à bout tous les incidents qui ne
manquent pas de se produire chaque année.
La deuxième conséquence de cette impuissance à réformer fait que la
modalité dominante d’évaluation, l’épreuve écrite ponctuelle finale, n’est pas
toujours la mieux adaptée aux nouvelles compétences que l’on attend des élèves.
Proposer d’autres modalités est quelquefois considéré comme un geste icono-
claste.
N° 37 - décembre 2004
Examinons dans un premier temps ce qui caractérise cet examen : il est
national, anonyme (donc équitable) et c’est le premier diplôme de l’enseigne-
ment supérieur.
Paradoxes du baccalauréat
Les épreuves sont nationales et en référence à des programmes natio-
naux. On peut donc admettre qu’il est national dans sa conception. Mais l’est-
il dans son déroulement et ses résultats ? Les différences entre taux de réussite
d’une académie à l’autre s’expliquent-elles uniquement par la qualité des ensei-
gnements dispensés ?
La plus grande partie des épreuves étant des épreuves écrites ponc-
tuelles finales rendues anonymes, le baccalauréat est un examen anonyme. Cet
anonymat est, pour l’opinion, une garantie du caractère équitable de cet
examen. Les tentatives d’introduction de nouvelles modalités d’examen risquant
de briser cet anonymat sont systématiquement critiquées au nom de ce principe.
Cependant, dans d’autres pays, il paraîtrait inconcevable de porter un
jugement sur les compétences d’un élève sans le connaître. Qui a tort, qui a
raison ?
Pour l’opinion, le caractère national et anonyme de l’examen garantit
le fait qu’il est équitable. La disparité des taux de réussite d’une académie à
l’autre devrait pourtant nous inciter à une certaine prudence vis-à-vis de cette
48
affirmation. Mais, au sein d’une même académie, il peut y avoir aussi des dispa-
rités dues au grand nombre des jurys et à la faiblesse des dispositifs de régula-
tion. L’informatisation du processus permet de disposer des séries de notes
données par les différents jurys, une étude scientifique de leur répartition ne
manquerait pas de surprendre.
Le premier diplôme
de l’enseignement supérieur
Tout bachelier, qu’il soit titulaire d’un baccalauréat général, technolo-
gique ou professionnel a le droit de s’inscrire à l’université. De fait, l’admission
dans un certain nombre de filières post-bac (classes préparatoires aux grandes
écoles, DUT, BTS, certaines filières universitaires) se fait avant le baccalauréat,
qui devient alors une simple formalité à accomplir pour intégrer ces formations.
Il y a ainsi deux voies post-bac, celle sélective où l’étudiant est inscrit sur
dossier avant l’obtention de l’examen, et celles où tout bachelier peut s’inscrire
dans le cadre de numerus clausus plus ou moins maîtrisés.
Qu’évalue-t-on au moment
du baccalauréat ?
C’est une lapalissade que d’écrire qu’on n’évalue lors d’un examen que
ce qu’on peut évaluer selon les modalités de cet examen. Il est évident qu’une
épreuve ponctuelle finale ne permet pas de vérifier des compétences comme
Le diplôme national
du brevet
Le brevet d’études du premier cycle (BEPC), créé en 1948 pour sanc-
tionner les études suivies dans les cours complémentaires et dans le premier
cycle des collèges, a été remplacé par le brevet des collèges, puis en 1987 par le
diplôme national du brevet. Celui-ci sanctionne la formation secondaire au
terme des classes de troisième.
N° 37 - décembre 2004
de fiabilité) ainsi que sur la base des résultats acquis en cours de formation dans
les classes de quatrième et de troisième.
Actuellement le brevet comporte trois séries (collège, technologique et
professionnelle) qui sont adaptées à la formation donnée dans les classes de
troisième ouvertes dans les collèges et les lycées professionnels.
Pour Michel Salines et Pierre Vrignaud 3, dans leur rapport au Haut
Conseil d’évaluation de l’école, « le brevet est pleinement l’affaire de l’inspec-
teur d’académie qui en assume personnellement et très activement la responsa-
bilité, pour ce qui touche à l’organisation ; la composition du jury ; la gestion
des résultats et des décisions de repêchage ; la centralisation des notes, les
synthèses, l’exploitation des résultats. »
Délivré par le jury, le brevet est un diplôme qui atteste de l’acquisition
de compétences générales au terme du collège. Mais le brevet ne donne pas accès
à une classe supérieure en fin de troisième. Les deux décisions, attribution du
diplôme et orientation, sont dissociées. La décision d’orientation prend en
compte les capacités spécifiques et les goûts des élèves pour la poursuite
d’études. Elle est le résultat d’une négociation entre l’élève sa famille et l’équipe
éducative. Les textes de 1987 et 1989 définissant l’examen du brevet ne prévoient
aucune stratégie de mise en œuvre ou de suivi de leur application dans les acadé-
mies, aucune remontée nationale des sujets des épreuves et des résultats chiffrés.
Le contrôle continu est ainsi mal régulé, dans un contexte où les ensei-
50
gnants des disciplines générales ont peu de pratique dans ce domaine. Aucune
action de formation continue n’avait été prévue dans les textes au moment de
la mise en place de cet examen.
La place du brevet dans la société française est de nature différente de
celle du baccalauréat. Situé en fin de collège au terme de la classe de troisième,
il est formellement indépendant de l’orientation de l’élève après cette classe et,
en particulier, il ne conditionne pas le passage en classe de seconde.
4. Ibid.
N° 37 - décembre 2004
lité des résultats, la faiblesse de la régulation entre disciplines au sein d’un
même établissement, entre établissements, aussi bien au niveau départemental
qu’au niveau académique, contribuent certainement à ces dysfonctionnements.
Les résultats des élèves au brevet ont peu d’intérêt en eux-mêmes, mais
rapportés à d’autres indicateurs comme les catégories socio-professionnelles, les
résultats à l’évaluation sixième en français et en mathématiques, ils peuvent
contribuer au pilotage à tous les niveaux. Cela commence à être pratiqué, mais
pourrait être développé et affiné. En tous les cas, ces pratiques sont loin encore
d’être habituelles.
N
Le brevet des collèges et le baccalauréat sont deux examens parfaite-
ment rôdés, inscrits dans une longue tradition, soixante ans pour le brevet,
presque deux siècles pour le baccalauréat. L’analyse de leur fonctionnement
montre cependant, que cette tradition gêne une évolution qui permettrait une
meilleure prise en compte des objectifs de l’éducation. À ceci se rajoute un
manque cruel de formation des enseignants dans le domaine de l’évaluation des
élèves.
52 bibliographie
« L’évaluation des acquis des élèves à la fin des cycles des apprentissages »,
Rapport de l’inspection générale de l’Éducation nationale, 1991.
Mutation de l’examen
de fin de collège en
Afrique subsaharienne
Jean-Marc Bernard
François Robert
Un point de rencontre
des tensions
N° 37 - décembre 2004
En 2001, le directeur du collège de Tamchekett obtient de son minis-
tère à Nouakchott le droit (concédé à mi-voix) d’ouvrir une classe de seconde,
c’est à dire de lycée, pour accueillir les jeunes lauréats locaux du brevet du
premier cycle secondaire (ils sont une quarantaine), auxquels aucune autre
solution ne peut être proposée. Simplement, cette classe devra fonctionner sans
moyens additionnels par rapport à ceux alloués au collège. Disons que cette
discrète ouverture d’un lycée s’est opérée sinon par distraction, du moins par
défaut d’une gestion réfléchie et anticipée des flux. Disons encore que cette
demi-décision est sans doute l’une des pires que l’on pouvait souhaiter pour le
système éducatif mauritanien – du moins si elle devait être multipliée par le
nombre de bourgades que compte le pays.
En effet, soit les moyens n’arriveront jamais vers ce lycée, et les condi-
tions n’y mèneront à aucun apprentissage sérieux, soit ils y arrivent, mais alors
au détriment d’autres emplois, comme le développement des écoles primaires,
dont la dernière classe n’est encore fréquentée que par à peine plus d’un enfant
sur deux de ce pays. Dans chacun des deux cas d’ailleurs, il faut encore craindre
que Tamchekett n’ait que faire de bacheliers férus en culture classique (histoire
et poésie), ne seraient-ils qu’une vingtaine par an, et que par conséquent
l’opération n’ait produit finalement que des frustrations.
Le collège-lycée de Tamchekett offre une image complète des enjeux
qui pèsent sur le développement de l’école moyenne en Afrique subsaharienne.
54
Au cœur de cette figure, nous trouvons l’examen sanctionnant la fin du collège
et commandant l’accès aux parcours scolaires supérieurs, examen chargé
aujourd’hui de toutes les contradictions des systèmes en expansion.
Un dilemme
En termes de flux, la situation de l’école moyenne en Afrique sub-saha-
rienne est aujourd’hui à la fois heureuse et malheureuse. C’est une situation de
transition dont nul ne voit hélas encore le terme.
Les engagements en faveur de l’éducation pour tous pris à plusieurs
reprises, à Jomtien (1990), puis à Dakar (2000) et à des dates diverses par les
États semblent enfin, dans de nombreux cas, porter des fruits : l’accès à l’école
primaire et l’achèvement du cycle se développent, même dans les pays les moins
scolarisés. Des enfants de douze ans environ se présentent donc aujourd’hui en
nombre bien plus considérable que dans les années quatre-vingt-dix à la porte
de l’enseignement secondaire. La difficulté tient à l’étroitesse des capacités
d’accueil de l’enseignement secondaire, voué jusque-là à la formation d’une
élite confidentielle et qui voit en quelques années ses effectifs augmenter dans
des proportions bien supérieures à celles que connaît l’école primaire ! Même
dans les situations où l’essentiel des politiques scolaires est accaparé par
l’objectif d’achèvement universel du cycle primaire, les plans stratégiques en
cours prennent acte de l’augmentation massive des flux qui en résultera pour
1. V. Bernard (J.-M.) et Robert (F.), « Quel modèle pour l’école moyenne africaine dans les années à venir ? », Banque
Mondiale, communication à la 1re conférence SEIA, Kampala, juin 2003, en ligne sur le site de la Banque Mondiale,
rubrique Secondary Education in Africa.
N° 37 - décembre 2004
Cet examen est bien le point focal de toutes ces contradictions. C’est
lui qui éclairera de façon très crue le fait que le développement des scolarités,
même s’il est d’abord souhaité pour le primaire, s’opère aussi dans le même
temps, par progression mécanique, vers les niveaux plus élevés, jusqu’à un
certain niveau où, en raison de la rareté des ressources, il sera jugé préférable
d’y mettre un frein. Or c’est précisément à l’examen et à aucun autre dispositif
qu’échoit ce triste rôle de régulation. Dans la réalité d’ailleurs, on peut souvent
regretter que les systèmes se régulent principalement par les abandons qui ne
coïncident pas forcément avec des situations d’échec et font donc apparaître de
ce point de vue un grand manque d’équité.
Quelles solutions ?
Ce problème appartient à la catégorie de ceux que l’on résout
difficilement. Comme c’est fréquemment le cas en pédagogie ou dans la gestion des
systèmes éducatifs, il résulte d’une tension à laquelle le système doit s’accommoder.
Les autorités éducatives mauritaniennes ont cependant, en élaborant
un mécanisme de certification nouveau et original, opté pour une approche
La solution mauritanienne
Depuis cinq ans, le système éducatif mauritanien est entré dans une
phase de réformes profondes. Unification linguistique, efforts importants pour
atteindre des taux d’achèvement convenables pour la scolarité primaire, aggior-
namento des méthodes de gestion, maîtrise des flux dans les échelons élevés des
scolarités et l’enseignement supérieur. Pour ce dernier point, le plan national de
développement du système éducatif est même allé jusqu’à contenir un engage-
ment des autorités à diminuer en valeur absolue le nombre des entrées au lycée,
en faisant porter l’essentiel des efforts sur le développement des scolarités
primaires et de collège. Les faibles résultats de ce dernier ont par ailleurs amené
les autorités à décider de la création d’une quatrième année d’études en collège,
au lieu des trois que le pays avait toujours connues, amenant ainsi la scolarité de
base à un ensemble de dix années. L’insertion d’une année nouvelle au milieu
d’un cursus n’est pas sans poser de redoutables problèmes aux gestionnaires,
mais elle a dans notre cas été aussi porteuse d’un atout essentiel pour la gestion
des examens, victime de la tension suivante sur les flux : pour cinq enfants qui
entrent au collège, un seulement au maximum pourra poursuivre au lycée. 57
Le dispositif retenu est le suivant. L’examen traditionnel du brevet, en
fin de troisième année de collège, est maintenu à ce stade ; son rôle est de certi-
fier les acquis scolaires des enfants. On attend de cet examen qu’il valide sans
parcimonie des études menées avec profit jusqu’à ce stade. La quatrième année
nouvellement créée l’est avec un profil un peu particulier. Il s’agit en fait d’une
année préparatoire au lycée, accessible à tous les titulaires du brevet mais qu’il
est exclu de redoubler (de façon à éviter la création d’une file d’attente en fin
de cycle), et s’achevant sur un concours d’accès au lycée. Ce concours, création
nouvelle, a pour mandat de vérifier non des acquis mais des aptitudes à des
études longues, les baccalauréats (principalement classiques en Mauritanie)
ayant pour vocation principale la poursuite d’études dans l’enseignement supé-
rieur. La vocation principale et affichée du concours est bien la gestion des flux
et l’on en attend des résultats tout à fait sélectifs pendant toute la (malheureu-
sement longue) période où la plus grande part des ressources du pays consa-
crées à l’éducation devront être affectées au développement et à la généra-
lisation des scolarités de base.
La solution trouvée en Mauritanie présente un caractère de rationalité
très affirmé ainsi qu’un caractère de publicité tout à fait nouveau. En effet, il est
clairement dit aux jeunes qu’on attend d’eux qu’ils poursuivent sans entrave
leur scolarité jusqu’au terme du collège, vers l’âge de leurs seize ans environ,
mais que le pays ne pourra promouvoir qu’une petite minorité d’entre eux vers
N° 37 - décembre 2004
des études ultérieures : la réussite de la scolarité de base, même poussée à son
achèvement, n’est pas donnée comme un gage d’accès au niveau supérieur.
Autres pistes
À défaut d’une solution aussi radicale (qui n’est pas sans coût et sans
difficultés d’explications), des voies acceptables permettant de desserrer les
tensions qui pèsent sur l’examen de fin d’école moyenne peuvent être recher-
chées par la combinaison de mesures déjà connues ou de diverses modalités de
certification.
En premier lieu, la possibilité de découpler la certification de fin de
cycle d’une année scolaire particulière existe et peut se montrer prometteuse. Par
exemple, l’examen serait accessible indifféremment à la fin de chacune des deux
dernières années de collège et de la première année de lycée. Cette disposition,
rendue possible si les programmes scolaires connaissent une progression concen-
trique, a le grand mérite de délier la promotion dans les échelons supérieurs et
la réussite à l’examen. Ce mérite s’associe à une sorte de « droit à la lenteur »
consenti aux élèves les moins brillants. En revanche, cela ne résout pas la gestion
des flux vers l’aval, pour laquelle l’administration scolaire n’a le support que de
sa propre autorité et des notes obtenues en cours d’année, de sorte que seule une
58 administration scolaire solide et incontestée sera à même de pratiquer sur cette
base la nécessaire gestion limitée des entrées au lycée. En revanche, si l’adminis-
tration scolaire n’est pas en mesure, pour diverses raisons, de garantir de façon
crédible un minimum de transparence et d’harmonisation des pratiques des
différents établissements, on peut redouter ce type de solution.
On peut également remettre au goût du jour la pratique éprouvée (elle
l’est généralement pour la transition primaire-premier cycle secondaire) de
l’« examen-concours », dans laquelle un jeu unique d’épreuves sert à certifier
l’amont et à commander l’accès à l’aval. Cette solution a pour elle la légèreté du
coût mais on sait qu’elle n’a jamais permis d’éviter la constitution d’embou-
teillages de fin de cycle constitués en grande partie par des enfants qui, reçus à
l’examen, redoublent pour l’obtention du concours, en organisant ainsi un
certain gaspillage de ressources et en érodant le barrage disposé pour gérer les
flux. Sur le plan pédagogique, la pratique de l’examen-concours encourt égale-
ment le reproche de tenir pour identiques les compétences acquises au cycle
d’amont et celles qui seront nécessaires au cycle d’aval, alors que tout porte à
croire qu’elles diffèrent sensiblement.
Le contrôle continu peut également être appelé à la rescousse – par
exemple pour constituer tout ou partie de l’évaluation sommative de fin de
cycle, avec les avantages de coût et d’organisation qui lui sont associés. Il faut
cependant que la population l’accepte comme pouvant fonder un diplôme.
Certaines sociétés y sont habituées, d’autres non. Le contrôle continu est par
Bibliographie
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Recueil de données mondiales sur l’éducation 2003, ISU/UNESCO, Montréal,
2003.
Le baccalauréat,
pivot du système
éducatif chinois
Wang Xiaohui
Du mandarinisme
au concours national 1
Le mandarinisme était un système d’examen destiné à sélectionner les
fonctionnaires appelés à détenir un office en Chine ancienne. Le mandarinisme
s’exprime en chinois par deux caractères : Ke, qui signifie « domaine » et Ju, qui 61
signifie « choisir ». Le mandarinisme, selon le Dictionnaire Général (1999), « est
un système de choix des fonctionnaires par les examens sur des domaines
précis, dans les dynasties féodales à partir de la dynastie de Sui ». D’après le
Dictionnaire Lexis, le mandarinisme était le système d’épreuves auxquelles
étaient soumis, en Chine, les futurs mandarins. Ce terme vient de « mandarin »,
mot portugais, dérivé du sanskrit « mantrinah », lui-même altération du malais
« mandari », qui signifie « conseiller ».
Le mandarinisme a été en usage pendant plus de mille trois cents
années et a subi de nombreux changements tout au long de son histoire. Il a eu
une grande influence dans les domaines de l’éducation, de la culture et de la
politique en Chine et en Asie.
Avant l’introduction du mandarinisme, le recrutement des fonction-
naires se faisait principalement sur recommandation et sur des critères extra-
scolaires, la naissance, les distinctions obtenues sur les champs de bataille, les
manifestations spectaculaires de vertu civique tenant une place prépondérante.
En réalité, les meilleurs talents étaient souvent absents de la liste de recom-
mandation. Une ballade de l’époque dit : « … un lettré choisi, ne sait pas lire ;
un fils pieux, à peine nommé, chasse son père… ».
N° 37 - décembre 2004
À la période de désunion des Seize Royaumes et des Cinq Dynasties
(IIIe-VIe siècles après J.C.), on a adopté le régime des « Neuf Degrés » pour
choisir les fonctionnaires. Chaque province nommait un jury qui recrutait les
candidats selon neuf degrés. Les trois degrés supérieurs étaient réservés aux
nobles, ils occupaient toujours les meilleures places des futurs fonctionnaires.
Les candidats issus des classes populaires ne pouvaient jamais atteindre les rangs
les plus avancés quels que soient leurs mérites.
Pour obtenir les meilleurs talents et renforcer la gouvernance politique,
un système d’épreuves fut introduit par les dynasties de Sui et des Tang (581-
907). Ce système se perfectionna sans cesse jusqu’aux dynasties de Qing (1616-
1911).
Plusieurs niveaux d’épreuves furent ainsi établis au fil des siècles :
– Tongshi, l’examen primaire, comprenait trois stades sous la prési-
dence du chef de district. Ceux qui étaient reçus pouvaient être diplômés Xiucai
(talent distingué) et obtenir la qualification pour entrer à l’école locale.
– Au cours du Suishi, examen annuel, un inspecteur départemental
examinait tous les étudiants des écoles qu’il dirigeait.
– Keshi désigne l’examen triennal pour obtenir une qualification au
niveau de la province.
– Xiangshi veut dire l’examen provincial. Ceux qui étaient reçus
62 pouvaient être nommés Juren (« homme choisi »).
– Huishi signifie « l’examen à la capitale ». Les diplômés Juren de toutes
les provinces se réunissaient à la capitale pour passer cet examen qui avait lieu
quelques mois plus tard. Les candidats qui terminaient avec un bon classement
étaient autorisés à se présenter à l’examen ultime.
– Dianshi désigne « l’examen au palais ». Cet examen était présidé par
l’empereur en personne et représentait l’ultime niveau du mandarinisme.
L’empereur choisissait les trois premiers parmi les dix meilleures copies jugées
par huit correcteurs. Suivant leur rang de sortie, les diplômés recevaient une
nomination dans l’un des nombreux services du gouvernement central ou dans
une préfecture.
Dès sa naissance, le mandarinisme se caractérise par quatre points.
C’était un concours ouvert à toutes les personnes qui, sans distinction d’origine
noble ou populaire, riche ou pauvre, pouvaient se présenter. Un dicton disait
alors, « qui travaillait au champ comme paysan le matin, se montra dans le
palais impérial le soir ».
C’était un examen national, surtout pendant les Huishi et Dianshi. Les
candidats se réunissaient à la capitale, subissant au même titre les épreuves, avec
les mêmes critères de sélection.
Le déroulement des épreuves suivait un processus rigoureux. Par
exemple, au cours du Xiangshi, les candidats entraient dans la salle d’examen à
l’aube. Au crépuscule, on donnait trois bougies aux candidats. Dès que la
dernière bougie s’éteignait, tous les candidats devaient sortir en remettant aux
surveillants leurs copies numérotées. Les copies étaient retranscrites à l’encre
rouge par des scribes professionnels avant d’être communiquées aux examina-
teurs. Ceux-ci choisissaient les meilleures copies et les présentaient à leur chef
qui déterminait ceux qui étaient reçus aux examens.
Le mandarinisme orientait automatiquement l’éducation. Bien qu’il
n’existât pas un système de l’éducation dans la société ancienne, le contenu de
l’enseignement était toujours centré autour des « Quatre Livres » (Entretiens,
Mencius, Invariable milieu, Grande étude) et des « Cinq Classiques » (Livre des
mutations, Livre des odes, Canon des documents, Mémoires sur les rites, Les
Printemps et les automnes). Le contenu des épreuves était toujours choisi dans
ces œuvres classiques.
« Étudier pour devenir un mandarin » était une maxime en vogue dans
la société ancienne. On affirmait que « toutes les occupations sont viles, seule
l’étude des livres a de la valeur ». Beaucoup d’enfants lisaient avec acharnement
jusqu’à avoir des cheveux blancs. On raconte qu’un homme suspendit sa natte
de cheveux à une poutre et qu’un autre se piquait la cuisse pour s’empêcher de
tomber de fatigue sur les livres. Certains devenaient d’illustres savants, mais la
plupart perdaient leur temps au milieu des livres ou bien devenaient tout au
plus des cuistres.
Lorsque le monde est entré dans le XXe siècle, la Chine connaissait peu
63
de chose sur les sciences et les techniques, car l’éducation dans la Chine
ancienne se limitait toujours aux livres classiques. Vers la fin du XIXe siècle, la
première promotion d’étudiants chinois a été envoyée à l’étranger par le
gouvernement Qing. Grâce à ces étudiants et à d’autres intellectuels progres-
sistes, le mouvement en faveur des sciences et des systèmes scolaires occiden-
taux s’est amplifié.
Au cours des réformes politiques qui ont suivi, le mandarinisme a été
aboli en 1905, quelques années avant la révolution de 1911.
Ensuite, pendant plusieurs décennies, les établissements de l’enseigne-
ment supérieur recrutèrent les étudiants d’après leurs propres critères. En 1951,
la Chine nouvelle instaurait pour la première fois le système de l’examen
national pour sélectionner les futurs étudiants. Mais ce système n’avait plus la
seule fonction de choisir les fonctionnaires.
Un domaine équitable
de la société chinoise 2
Le système de l’examen national d’accès à l’enseignement supérieur
continue de se baser sur le principe de l’équité. Il permet à tous de se présenter
à l’examen, sans distinction de nationalités, de classes sociales, de sexe, lieux de
N° 37 - décembre 2004
résidence ou d’origine. En fait, depuis son instauration, ce système a favorisé
plutôt les ouvriers et les paysans afin de leur permettre d’accéder plus facile-
ment à l’université.
Selon un règlement gouvernemental de 1953, les ouvriers et paysans
diplômés du lycée, les ouvriers industriels, les cadres dans les gouvernements
ont une priorité pour le recrutement s’ils ont eu les notes minimales.
L’Université du Peuple de Chine a été créée spécialement pour accueillir des
étudiants ouvriers et paysans. En 1953, les étudiants d’origine ouvrière et
paysanne, ou les étudiants eux-mêmes ouvriers et paysans, représentaient
27,39 % du total des nouveaux inscrits à l’enseignement supérieur ; en 1958, le
chiffre était de 55,28 %, en 1965, de 71,2 % 3. On voit bien les résultats de cette
discrimination positive.
Au cours de la Révolution culturelle (1966-1976), le SENES a été inter-
rompu pendant onze années. En 1972, une méthode de « recommandation et
sélection » a été mise en pratique pour recruter les étudiants. On eut alors
l’impression que le régime des « Neuf Degrés » appliqué 1400 ans auparavant
ressuscitait. Profitant de leurs relations, certains entraient facilement à l’univer-
sité. Le niveau culturel des étudiants de l’époque était globalement très bas,
mais surtout les étudiants étaient très hétérogènes. De plus, une atmosphère
culturelle et sociale détestable créée par le « piston », (on disait en Chine :
« entrer par la petite porte »), se généralisait. On était en train de sombrer dans
64
un abîme sans culture.
Si la recommandation des étudiants s’était poursuivie, les universités
n’auraient plus fonctionné. En 1977, le SENES a été rétabli. On estime mainte-
nant que ce rétablissement a été un événement important qui a sauvé la nation
et le pays.
En réalité, la Chine possède une longue tradition de « sentiment huma-
niste », parfois poussée à l’extrême, et on disait souvent que « le sentiment
humain est plus important que le ciel », ou que « le sentiment humain est plus
important que la loi ». En fait, derrière ces paroles se cachaient hypocritement
le pouvoir, l’argent ou d’autres avantages matériels.
Pour protéger l’égalité et l’équité, l’organisation du SENES était très
stricte. Les questions de l’examen étaient préparées par des spécialistes qui
travaillaient dans un lieu fermé au public avant et durant toute la période de
l’examen. La transmission des questions de l’examen était accompagnée par des
personnels de sécurité. Les salles d’examen étaient strictement surveillées. La
correction des copies de l’examen était numérotée et les copies rendues
anonymes ou mises en ligne sur les réseaux internes depuis quelques années.
D’après le classement des notes des candidats, divisé en échelons de dix points,
l’établissement d’enseignement supérieur choisit les candidats inscrits dans son
Le « juillet noir » 4
Dès le rétablissement du SENES en 1977, l’examen comprenait deux
séries principales : lettres et sciences. La série littéraire comprenait cinq
épreuves : politique, langue chinoise, mathématiques, histoire – géographie,
langue étrangère. La série scientifique comprenait également cinq épreuves :
politique, langue chinoise, mathématiques, physique – chimie, langue étrangère.
Les épreuves se déroulaient sur trois jours. Les journées d’examen avaient lieu
généralement au mois de juillet 5.
Considérant l’examen comme déterminant pour leur avenir, les jeunes
consacrent tous leurs efforts pour obtenir les meilleurs résultats. En réalité, non
seulement une partie des candidats sera éliminée, mais beaucoup d’étudiants
4. Heise de qiyue.
5. En raison du climat trop chaud au mois de juillet dans la plus grande partie du pays, ces journées ont été dépla-
cées au mois de juin à partir de 2004.
N° 37 - décembre 2004
n’atteindront pas le niveau de l’université à laquelle ils souhaitaient accéder. On
résume cette compétition par une phrase : « une armée puissante traverse en
même temps une passerelle étroite ». Les jours de l’examen constituent vraiment
un carrefour pour les jeunes Chinois.
Avant ces journées, on utilise souvent un petit panneau pour compter
les jours à rebours dans la salle de classe ou devant sa table à la maison, on
planifie les travaux de préparation pour l’examen, on travaille du petit matin à
minuit. D’une part, les parents s’inquiètent que leur enfant soit trop fatigué,
mais ils craignent aussi qu’il ne travaille pas assez. Certains demandent à des
précepteurs de donner des cours de rattrapage ou de perfectionnement à leur
enfant.
Pendant ces jours terribles, les candidats se préparent à l’examen
comme à un combat. Les parents préparent la nourriture la mieux adaptée,
réservent un taxi longtemps à l’avance si leur maison est loin du lieu de
l’examen. Les policiers en service sont plus nombreux pour faciliter la circula-
tion, les chantiers de construction trop bruyants sont arrêtés. Par contre, les
hôtels, les restaurants et les magasins autour du lieu de l’examen, affichent
souvent complets.
Après les épreuves, tous se sentent délivrés d’un lourd fardeau. Certains
sont ravis et d’autres sont dans un grand état de chagrin, sanglotent et pleurent.
66 Parfois même, des pathologies, psychose ou suicide, surviennent chez les
enfants. C’est ainsi qu’on a nommé la période des examens le « juillet noir ».
Pour alléger la lourdeur du fardeau de l’examen tout en évitant une
lacune dans les connaissances disciplinaires, une réforme s’est mise en place
progressivement.
En 1987, la municipalité de Shanghai proposait une mesure « 3+1 ». Le
« 3 » signifie trois matières de base : la langue chinoise, les mathématiques, la
langue étrangère. Le « 1 » signifie une matière de plus, demandée par l’établis-
sement de l’enseignement supérieur.
En 1999, la province de Guangdong a mis en pratique une réforme
« 3+X ». Le « 3 » désigne toujours la langue chinoise, les mathématiques, la
langue étrangère. Le « X » introduit un choix parmi les six autres épreuves : poli-
tique, physique, chimie, biologie, histoire et géographie. Ce choix peut être une
épreuve ou deux épreuves ou plus.
Certaines autres provinces proposent également des réformes « 3+X ».
Le « 3 » conserve la même signification, le « X » présente une épreuve synthé-
tique de sciences ou une épreuve synthétique de lettres.
La réforme « 3+X » pourrait avoir des effets positifs sur l’enseignement.
En premier lieu, il semble que les charges des élèves ont diminué, puisque 95 %
des candidats ont choisi les trois épreuves de base et une épreuve optionnelle.
En second lieu, les élèves ont plus d’autonomie dans leurs études : ils peuvent
choisir les matières. En troisième lieu, en s’appuyant sur des connaissances de
La double fonction
de l’examen
Un examen qui se situe entre la fin de l’enseignement secondaire et
l’entrée de l’enseignement supérieur devrait avoir une double fonction : attester
du niveau de l’enseignement secondaire et autoriser l’accès à l’enseignement
supérieur. Le SENES a réuni ces deux fonctions en un seul processus, et par ce
mécanisme, il renforce trop la compétition. Si l’accès à l’enseignement supé-
rieur n’était pas lié à l’examen, les élèves seraient plus à l’aise et par conséquent
il y aurait moins de pathologies causées par l’examen.
6. Les municipalités sont des entités administratives autonomes concernant les grandes agglomérations comme
Beijing, Tienjin ou Shanghaï (N.D.L.R.).
7. Mianxiang xuexi shehui.
N° 37 - décembre 2004
L’examen national d’accès à l’enseignement supérieur est en effet un
concours et le taux d’échec y est très fort. En 2003, 6,2 millions d’élèves se sont
présentés à l’examen, 3,82 millions ont été admis, 38 % des élèves ont été
éliminés. Pour ces élèves éliminés, il est certes possible de se réinscrire dans une
école secondaire et de repasser l’examen l’année suivante. Dans ce cas-là, il faut
non seulement payer une grosse somme suivant le type de scolarisation, mais
ces élèves subissent en outre les effets d’une certaine discrimination de la part
de leurs condisciples.
Par contre, si l’examen concurrent se transformait en un examen à
niveau, ceux qui ont obtenu une mention moyenne ou suffisante, seraient défi-
nitivement admis à l’examen. On pourrait garder cette qualification et choisir à
son gré un moment favorable pour l’accès à l’enseignement supérieur.
Bien que le gouvernement central ait permis à une vingtaine d’univer-
sités de recruter les étudiants dans un cadre limité ces dernières années, cette
réforme devrait s’appliquer à tous les établissements de l’enseignement supé-
rieur. Il serait souhaitable que les universités puissent choisir librement leurs
étudiants, selon leurs propres critères, en suivant l’admission de l’examen
national d’accès à l’enseignement supérieur.
Dans la société du savoir, l’apprentissage devrait exister tout au long de
la vie. Il devrait permettre à toutes les personnes capables d’accéder à l’ensei-
gnement supérieur par un moyen ou un autre. Il est important de donner une
68
chance aux gens qui n’ont pas eu la possibilité d’aller à l’université au moment
de leur jeunesse. L’examen national d’accès à l’enseignement supérieur sous une
forme unique serait mieux adapté à la société future. Il est donc nécessaire de
mettre en place une validation des expériences professionnelles personnelles.
N
Eu égard aux inconvénients de l’examen national d’accès à l’enseigne-
ment supérieur, certaines personnes ont proposé de le supprimer 8. Pourtant,
l’examen national d’accès à l’enseignement supérieur dans la Chine actuelle,
comme le mandarinisme dans la Chine ancienne, constitue l’un des domaines
des plus équitables de la société. À l’exception de cet examen, on ne trouve pas
d’autre système aussi rigoureux et aussi ouvert pour garantir une égalité sociale.
Avec son origine historique ancienne, le SENES peut être considéré comme le
régime éducatif le plus adapté. Il devrait conserver une valeur permanente dans
la société chinoise.
Bibliographie
N° 37 - décembre 2004
dossier
La certification
et l’insertion
professionnelle
Le cas du Japon
Daïsuké Sonoyama
N° 37 - décembre 2004
mouvement de réaction contre la « société des diplômes », l’assouplissement de
la politique scolaire. Dans l’enseignement secondaire supérieur, quatre mesures
étaient particulièrement attendues : la mise en place d’établissements secondaires
unifiés pour les six années, du collège au lycée ; la mise en place d’unités de
valeur ; la recherche de plus de souplesse pour la scolarisation au lycée au-delà
de trois années réglementaires ; la diversification des concours d’entrée au lycée.
Ces attentes ont été prises en compte dans le rapport du quatorzième
Conseil central de l’éducation de 1991. Ainsi, la première expérience d’ensei-
gnement secondaire unifié a été mise en place dès 1994 par la préfecture de
Miyazaki. Il existe actuellement 88 établissements de ce type (2003). Pour la
deuxième mesure, on compte actuellement, depuis sa mise en place dans un
lycée de la préfecture de Iwaté en 1988, 423 établissements à plein-temps et
241 lycées à mi-temps (2003). De plus, depuis 1993, dans beaucoup de ces
établissements qui ont introduit les unités de valeur, a été créée la section poly-
valente (Sougougakka). La section polyvalente existe dans 191 lycées (2003).
Cette deuxième réforme a été lancée pour combattre les problèmes nés
de la « maladie scolaire » des années quatre-vingts, c’est-à-dire les pathologies
scolaires générant le suicide, le bizutage des élèves (et parfois des professeurs),
la violence verbale ou physique, ou encore l’absentéisme et le décrochage
scolaire du fait de la rude compétition et de la hiérarchisation par la « valeur de
déviation » 1, par rapport à la moyenne, des élèves et des établissements.
72
Il faut ajouter à cela que sur le marché de l’emploi au Japon, la valori-
sation des personnes se fait en fonction du nom de l’établissement du lycée et
de l’université. Chaque établissement a sa valeur de déviation propre qui donne
une valeur ajoutée à sa renommée historique telle que nous l’avons abordée
auparavant.
Contrôle continu
et sélection
Les lycées généraux accueillent 72,8 % des élèves ; 2,8 % sont inscrits dans
les lycées où il existe une section polyvalente. Les sections spécialisées qui dépen-
dent en majorité des lycées professionnels représentent un quart des lycéens. Les
différentes sections des lycées professionnels sont les suivantes : agriculture
(2,8 %), industrie (8,7 %), commerce (7,8 %), industrie de la pêche (0,3 %), éco-
nomie domestique (1,6 %), santé (0,4 %), social (0,1 %), autres (2,8 %).
L’évaluation des élèves au Japon consiste en un contrôle continu et un
examen interne de fin de trimestre. La notation par bulletins de notes qui était
jusqu’à présent une évaluation relative devient absolue. Les contrôles sont effec-
tués par les professeurs de l’établissement eux-mêmes. En fait de certification
externe, le pays adopte le concours d’entrée dès le lycée ou même dès l’école
maternelle pour le secteur privé. Il faut savoir que dans les grandes villes
comme Tokyo, ce secteur privé est important dans le système éducatif japonais,
puisqu’à Tokyo près de deux tiers des lycéens sont dans le privé.
En ce qui concerne la nature de la certification, elle est basée sur le
contrôle continu et ne comporte pas d’examen de fin d’études. Cela signifie que
le niveau varie d’une façon très importante d’un lycée à l’autre. Ce qui donne
de l’importance au nom de l’établissement où l’élève a étudié. On peut même
en résumé dire que : l’entrée dans tel lycée garantit la sortie puisque la sélection
est déjà faite à l’entrée par le concours du lycée. En plus, il n’existe ni redou-
blement, ni examen national équivalent au baccalauréat français. La sanction à
la sortie de l’enseignement secondaire consiste en un certificat de fin d’études
délivré par l’établissement.
Le concours d’entrée dans un lycée public est organisé par l’établisse-
ment lui-même et par les professeurs de ce même établissement, de même que
la correction. L’orientation est faite à la fin du collège par le professeur prin-
cipal de la classe qui se réfère alors au contrôle continu et aux examens blancs,
ce qui donne une valeur de déviation précise et conduit souvent à un lycée du
quartier ou de la ville. Même démarche et mécanisme pour l’orientation vers
l’enseignement supérieur. Il existe alors un concours d’entrée à l’université
appelé « Center Nyushi ». Ce concours, contrairement aux examens du secon-
daire, est national.
73
Évolution de la certification
L’insertion professionnelle a connu des difficultés depuis les années
soixante-dix : une chute brutale entre 1970 (58,2 %) et 1975 (44,6 %). Depuis,
ce chiffre ne cesse de chuter et il est actuellement de 16,6 % (en 2003). Même
chose pour les sortants des universités courtes : en 1990, ils représentaient
80,7 % mais 59,7 % en 2003. Pour les licenciés, après la crise économique de
1995, leur proportion a baissé de 12 %, ce qui veut dire qu’un licencié sur deux
a du mal à trouver un emploi.
Du coup, le nombre de jeunes de quinze à trente-quatre ans qui
travaillent à mi-temps ou temporairement, les « freeters » (de « free arbeiter »),
est en augmentation constante ces dernières années. Ils étaient 50 000 en 1982,
ils ont dépassé le chiffre de deux millions en 2002. Ces jeunes sont différents des
chômeurs puisqu’ils ont choisi ce statut précaire par préférence, ne voulant pas
ou n’ayant pas pu décider, après leurs études, de travailler à vie pour une société
ou encore refusant d’assumer les responsabilités du travail. Le chômage atteint
plus de 3,2 millions de la population active (5 % en moyenne nationale) et a
doublé en dix ans pour les jeunes entre quinze et vingt-quatre ans (10,1 % en
2003).
Pour expliquer ce phénomène, on peut donner deux raisons. L’une
provient d’une part du changement structurel de l’économie : l’enseignement
N° 37 - décembre 2004
secondaire supérieur avait pour fonction de former la main-d’œuvre dont les
entreprises avaient besoin. Il a bien répondu à cette fonction jusqu’à la fin des
années quatre-vingt. De ce fait, l’insertion sociale au monde du travail fonc-
tionnait et constituait la force économique et la réussite du système éducatif
japonais. Au moment de la réforme de l’enseignement secondaire, l’inflation
des diplômes et la stagnation économique constituaient déjà un problème
complexe. Nous savons d’après un économiste (Hashimoto) que tous les
sortants du lycée connaissent des difficultés à s’insérer puisque le marché est
limité et qu’ils sont souvent en concurrence indépendamment du secteur
d’origine de leur lycée. Il existe un décalage entre ce qu’ils apprennent au lycée
et ce qu’on attend d’eux au moment de l’embauche. La majorité de ces lycéens
sont employés dans le secteur tertiaire (Mimizuka : 1996)
La deuxième raison est l’arrivée de la « nouvelle génération occidentali-
sée », c’est-à-dire ayant un mode de vie libéral, individualiste, consommateur.
Cette nouvelle mentalité engendre le déclin des valeurs japonaises traditionnelles
comme l’assiduité, le conformisme, la recherche du consensus, le respect des
anciens, des valeurs et coutumes traditionnelles, le contrat à vie dans l’entreprise,
etc. Cela dévalorise la scolarisation et affaiblit le lien entre l’école et la société. Ce
manque de motivation de la part des élèves en général et cet affaiblissement de
l’aspiration sociale et parentale ont été fatals à la création de nouvelles sections
74 (polyvalentes) ou filières (informatique ou langue vivante), car si certaines ont
réussi, la grande majorité accueillait plutôt les couches défavorisées de la société.
Cela été à l’origine des critiques de certains sociologues (Mimizuka, Kariya), et la
création de ce secteur très stigmatisé a été un échec politique. Plus grave encore,
le nouveau gouvernement de ce début de siècle creuse l’écart entre la classe popu-
laire et la classe favorisée. En effet, le gouvernement néo-libéral met en place des
établissements tournés vers les sciences, les mathématiques ou les langues
vivantes, avec des moyens supplémentaires. Quant aux établissements populaires
(et non à proprement parler défavorisés), ils verront dans les années à venir une
réduction du budget de l’enseignement obligatoire puisque la subvention de l’État
va diminuer dans le cadre de la décentralisation. Nous savons déjà d’après des
études détaillées de Kariya (2001) que l’écart entre les deux populations s’est
encore creusé pendant cette dernière décennie et le mythe de la réussite sociale
par la réussite scolaire est en train de disparaître au sein du peuple japonais. Ces
jeunes qui ne veulent plus travailler assidûment à vie pour la société caractérisent
bien la nouvelle vague de la société japonaise du XXIe siècle.
Bibliographie
N° 37 - décembre 2004
KARIYA (2001) : Kaisouka Nippon to kyouikukiki (Education in crisis and
stratified Japan) Tokyo University Press.
OOTA & URANO (s. dir) (2004) : Koukoukyouikukaikaku ni idomu (Un défi
à la réforme du lycée) Fukinotoushobou.
76
Égalité d’accès
aux études supérieures
au Canada ?
Marie J. Myers
Un système de diplômes
de fin d’études secondaires
très diversifié
L’enseignement n’est pas national au Canada. Au moment de la créa-
tion de la confédération canadienne en 1867, les provinces ont opté en faveur
de systèmes éducatifs totalement indépendants. Il en résulte que les particula-
rités provinciales ont pu être maintenues, les provinces subvenant aux besoins
scolaires et non le gouvernement fédéral. Ainsi, il y avait sept confessions en
Terre-Neuve, chacune ayant son propre système éducatif, et ces écoles existent
N° 37 - décembre 2004
toujours, en plus du système d’éducation public, grâce à la charte canadienne
qui leur permet de perdurer.
Les écoles francophones ainsi que les écoles d’immersion françaises
occupent également une place de choix dans le système canadien, grâce au
statut national du bilinguisme. Outre les subventions provinciales, ces écoles
reçoivent des subventions fédérales. Des écoles francophones peuvent être
ouvertes partout si un nombre suffisant d’enfants de parents francophones en
fait la demande. Toutes ces écoles privées ont droit aux subventions provin-
ciales tout comme les écoles publiques. Dans la plupart des provinces, il s’agit
d’écoles catholiques et publiques sous l’égide d’un ministère de l’Éducation
provincial. Il existe également des écoles privées non subventionnées. Le public
opte de plus en plus pour cette solution ; elles sont souvent créées par des ensei-
gnants mécontents des institutions scolaires locales.
Il en résulte un système de contrôle très diversifié. Les diplômes de fin
d’études secondaires ne reflètent que ce que l’école secondaire locale a décidé
d’instituer. De prime abord, ceci peut sembler très favorable à l’élève car on
tient compte de ses besoins et des besoins locaux.
Chaque province a également ses propres critères pour l’entrée à
l’université. Les seules exceptions concernent les établissements d’enseignement
supérieur qui donnent accès aux professions libérales. Ces établissements sont
régulièrement évalués par des conseils nationaux ou provinciaux d’accréditation
78
(par exemple en éducation) et soumis à une évaluation professionnelle. Les
diplômés sortant de ces écoles doivent également se soumettre à un examen de
qualification.
À la fin du second degré, les candidats qui se destinent à ces professions
doivent passer des examens de contrôle comme le MCAT américain (test mesu-
rant l’aptitude médicale). Les étudiants visant des formations en droit et en
génie civil ne passent pas d’examen à l’entrée mais à l’issue de leurs études et
devant leurs corps professionnels respectifs. Les futurs enseignants doivent
également depuis peu passer un examen devant leur corps professionnel.
Pour garantir l’accès à l’université de leurs enfants dans le pays, les
familles suivent toute une série de méandres et les jeunes empruntent plusieurs
détours pour déjouer les contrôles et atteindre leurs buts.
Nous cantonnerons notre analyse au système en vigueur dans la
province de l’Ontario. L’enseignement secondaire s’étend de la neuvième année
à la douzième année 1. L’accès à l’université se fait en général sur dossier et les
critères d’admissibilité varient en fonction de l’université pour la plupart des
programmes.
Examens et contrôles
dans le secondaire
en Ontario
Dans l’ensemble, le système est assez souple. Il n’y a pas d’examen
général à la fin du second degré. Si l’on a suivi le nombre de cours requis, on
obtient le diplôme de fin d’études secondaires de son école. Si l’on obtient une
moyenne de plus de 80 % dans cinq matières, on reçoit le certificat du Mérite
scolaire de l’Ontario 2.
Le ministère de l’Éducation distribue des livrets définissant les aspects
du curriculum à couvrir dans chaque discipline. Ces livrets contiennent la liste
détaillée des attentes et des objectifs pour chaque niveau. Le programme choisi
doit inclure deux cours de service à la communauté locale qui consistent en un
travail non rémunéré pour lequel l’élève obtient une note qu’on inclut dans sa
moyenne. Ces notes sont très élevées habituellement. Les autres notes dépen-
dent essentiellement du professeur et du niveau de difficulté du cours. La popu-
larité des cours peut dépendre de la facilité avec laquelle les enseignants
donnent de bonnes notes. Sous un autre angle, les élèves peuvent choisir l’ensei-
gnant en fonction du style d’enseignement qui leur convient le mieux. On peut
choisir un cours dans une autre école ou suivre des cours par correspondance
ou d’éducation continue le soir, si l’on pense pouvoir ainsi augmenter ses
chances d’obtenir une note supérieure. Cela requiert une lettre spéciale du 79
conseiller pédagogique. Il y a là toute une culture de contournement avec
laquelle il faut se familiariser.
En Ontario, les cours se déroulent par concentration semestrielle alors
que dans d’autres provinces, ils s’étalent sur toute l’année. Il y a une évaluation
formative et une évaluation sommative pour chaque cours. L’évaluation
sommative est faite au cours d’un examen final. Le pourcentage attribué à
l’examen peut varier de 15 à 40 % de la note finale. Les examens sont toujours
donnés en fin de cours. Parfois, les questions d’examen sont données à l’avance
pour permettre aux élèves de les préparer, parfois encore les examens ont lieu à
livres ouverts.
L’évaluation formative doit se faire à l’aide de grilles dont la sélection
de critères devrait se faire d’un commun accord entre l’enseignant et sa classe
pour chaque production ou travail évalué 3. Selon les éléments qu’ils incluent
dans leurs travaux, tels qu’ils sont décrits dans la grille d’évaluation, les élèves
savent en principe à quelle note ils ont droit. Il faut noter que ces productions
peuvent consister en des travaux écrits ou oraux. On encourage les enseignants
à inclure un nombre égal d’évaluations orales et écrites. L’objectif était
d’éliminer un certain degré de subjectivité dans l’exercice d’évaluation, grâce à
2. www.edu.gov.on.ca/extra/fre/ppm/53f.html
3. Voir les tableaux en fin d’article.
N° 37 - décembre 2004
quatre niveaux possibles de performance. On espérait peut-être amener ainsi les
enseignants à attribuer plus de bonnes notes et on en attendait une meilleure
harmonisation entre les résultats des écoles rurales et urbaines. Mais on observe
une tendance à éviter de donner des notes élevées.
Parmi les documents récents du ministère figurent les livrets fournis-
sant des « modèles » de travaux d’élèves suivis de leur évaluation selon les
barèmes mis en place, étoffés d’explications des enseignants ayant procédé à
l’évaluation. Certains de ces modèles d’évaluation sont plus ou moins heureux.
Ils constituent néanmoins un point de départ et montrent aussi la part de
subjectivité, presque incontrôlable et certainement inconsciente, de la part des
enseignants.
Le test de niveau linguistique est le seul obstacle incontournable. On ne
peut obtenir le diplôme de fin d’études du second degré sans avoir réussi le test
en langue anglaise du niveau de la dixième année, c’est-à-dire au niveau de la
seconde en France. Ce test peut être passé plusieurs fois jusqu’à la réussite.
L’élève a donc trois ans pour le réussir. En cas d’échecs répétés, l’élève ne peut
recevoir son diplôme d’études secondaires de l’Ontario et ne peut espérer
obtenir un emploi autre qu’un emploi manuel faiblement rémunéré. Ce test de
niveau linguistique est récent et source de nombreuses controverses compte
tenu de son faible taux de réussite, jusqu’à aujourd’hui, aux différents niveaux
en classe de troisième (CM2 en France), septième (cinquième en France), et
80
dixième (seconde en France).
Il n’existe aucun autre obstacle au passage du second degré à un
programme supérieur. On observe depuis quelques années un certain manque
de motivation des jeunes pour les études supérieures à cause du financement.
Le seul problème est que ceux qui n’obtiennent pas les meilleures notes
n’auront accès qu’à des professions de techniciens. Toutefois, ces écoles profes-
sionnelles, qui offrent des formations en deux ans, sont de plus en plus prisées
car elles préparent directement au monde du travail grâce à un stage en entre-
prise qui débouche bien souvent sur une offre d’emploi.
Un accès difficile
au post-secondaire
Il est de bon ton de pouvoir dire qu’on a fait des études post-secon-
daires, qu’on les ait terminées ou non. Certains jeunes ont du mal à le faire.
Pour ceux qui décrochent au niveau du secondaire, il existe des programmes
parascolaires permettant d’obtenir leur diplôme à leur propre rythme.
Le système d’éducation secondaire canadien présente de nombreux
avantages. Mais ces systèmes d’éducation provinciaux ne parient pas sur le long
terme et les jeunes en pâtissent. Quand un nouveau gouvernement provincial
prend le pouvoir, ce qui est assez fréquent, l’un de ses objectifs consiste souvent
à réformer le système éducatif, sans nul doute pour l’améliorer, que ce soit
N° 37 - décembre 2004
des circonstances atténuantes comme une crise familiale, un problème de santé
ou encore des difficultés financières qui n’ont pas permis de consacrer aux
études le temps désirable.
Il est donc d’une importance cruciale d’accumuler toutes ces expé-
riences et d’avoir des justificatifs bien avant la dernière année du secondaire. Il
faut que le conseiller pédagogique de l’élève signe le document pour confirmer
la véracité de ses dires. Il faut donc aussi le tenir au courant des activités de
l’élève bien avant le dernier moment.
D’autres démarches requièrent plus de courage et d’audace mais
permettent d’obtenir d’autres avantages. Il est possible de passer les examens à
un niveau plus avancé que la première année, ce qui permet de réduire le coût
des études de façon significative. Ce programme est offert par les universités
américaines dans lesquelles s’inscrivent quelques jeunes Canadiens.
Enfin, il faut ajouter que les statistiques figurant dans les articles
comparant les notes d’admission moyennes aux universités de l’Ontario doivent
être situées dans les contextes adéquats. Bien souvent, une note est attribuée à
la lettre de motivation et on ne tient compte de la moyenne des notes que
jusqu’à un certain point. Il s’agit plus d’une demande de renseignements que
d’une épreuve de sélection.
Dans leur course aux bonnes notes, certains élèves suivent le même
cours pendant plusieurs étés afin d’améliorer la note qui figurera sur leur relevé.
82
D’une certaine façon, c’est le résultat de cette course contre la montre et la
capacité à éviter les obstacles qui constituent de fait les contrôles.
Les démarches à faire pour être accepté dans un collège technique
requièrent seulement un peu d’organisation personnelle. Il s’agit de remplir les
fiches de demandes à tous les établissements choisis. Vu le faible nombre de
demandes d’inscription, il est sans doute assez facile d’être accepté quelque part.
Difficultés et avantages
de certaines catégories
L’effort d’ouverture d’accès aux études est tout à fait louable et semble
vouloir donner des chances égales à tous. La question est de savoir à quel prix.
Les jeunes Canadiens ont dans l’ensemble un emploi à temps partiel à raison de
vingt heures par semaine car ils essaient d’économiser l’argent nécessaire pour
couvrir les frais de leurs études post-secondaires. De nombreux jeunes quittent
aussi le foyer familial pendant leurs études secondaires et doivent subvenir à
leurs besoins.
Combien d’heures reste-t-il à consacrer aux études ? Dans bien des cas,
ils ne peuvent suivre les cours requis pour l’obtention du diplôme de fin
d’études secondaires à l’âge de dix-huit ans, âge moyen de passage du secon-
daire au post-secondaire.
Les enfants de familles d’immigrés doivent faire face à de grandes diffi-
cultés. En effet, les programmes d’anglais langue seconde ne conviennent
souvent pas à ces jeunes, car il faudrait commencer par un programme d’anglais
langue étrangère intensif pour les amener au niveau requis et leur permettre de
suivre les cours dans les autres matières d’enseignement. Ces jeunes dont
l’anglais n’est pas fluide doivent souvent se soumettre à l’examen du TOEFL 4 et
obtenir un minimum de 550 pour être admissibles à l’université. Or les
programmes d’anglais proposés dans les écoles ne les préparent pas en ce sens.
Certains, très bien notés en mathématiques et en sciences, ne réussissent pas à
surmonter leurs difficultés en anglais.
Un grand nombre d’élèves s’inscrivent dans les écoles d’immersion en
français au Canada qui ont la réputation d’offrir de meilleurs programmes. Le
bilinguisme, s’il est effectif chez les jeunes, leur permet également d’obtenir des
emplois de fonctionnaires du gouvernement fédéral. Ces écoles d’immersion
reçoivent des subventions supplémentaires, comme nous l’avons mentionné, ce
qui permet d’avoir un effectif réduit par classe et constitue un avantage certain
pour l’apprentissage. Cette réputation de supériorité des programmes rejaillit
sur les élèves eux-mêmes : leurs demandes d’admission dans l’enseignement
supérieur sont souvent prises en compte avec clémence. On peut dire que les
jeunes Canadiens rencontrent des difficultés d’ordre académique moindres que
leurs camarades français. Mais par contre, ils se heurtent à des obstacles finan-
ciers qui sont souvent dissuasifs.
N° 37 - décembre 2004
jeunes étudiants y sont certainement pour beaucoup. Soit leur éducation du
second degré les a préparés à examiner d’un oeil critique l’enseignement
dispensé à l’université, soit ils ont développé un esprit entreprenarial et dans ce
cas ils en veulent pour leur argent. On exige des critères plus contraignants pour
l’accès aux études supérieures et le contenu des cours.
Mais là n’est pas le vrai problème. Le rendement des établissements
post-secondaires fait l’objet d’évaluations. Dans le village global, l’esprit est à la
compétition. Les pays sont comparés sur le plan international. Les institutions
tentent de se placer aux premiers rangs dans les tests mondiaux et se concen-
trent essentiellement sur les résultats aux tests internationaux au lieu de se
préoccuper de la formation des élèves et des étudiants. La réputation du pays
est en jeu ! C’est sur la base de cette réputation que s’inscrivent des étudiants
venus de partout. Les jeunes Canadiens issus du secondaire sont alors
confrontés, à l’université, à d’autres jeunes ainsi qu’à des programmes d’études
bien plus rigoureux. Ils éprouvent alors de réelles difficultés.
L’un des critères de rendement retenus dans l’évaluation des institu-
tions post-secondaires est celui de l’insertion professionnelle des étudiants. Il
faut donc que les étudiants bien notés à l’université possèdent en outre l’agres-
sivité et le savoir-faire requis pour décrocher un emploi et se maintenir aux
meilleurs postes. De façon un peu sournoise, on en tient compte dans le recru-
tement des étudiants à l’université. Mais les apparences sont respectées car les
84
notes moyennes d’acceptation à l’université sont toujours très élevées.
Il faudrait pouvoir mettre les établissements scolaires sur un pied
d’égalité et assurer un financement des études à tous ceux qui en montrent
l’aptitude. La seule façon de réduire ces inégalités dans le système fédéral du
Canada serait de proposer un amendement à la Constitution : il faudrait
l’accord de neuf provinces sur dix. Un tel accord est pratiquement impossible à
envisager car certaines provinces ne voudront pas renoncer aux traitements
préférentiels dont elles bénéficient.
Bibliographie
NB : l’élève qui obtient moins de 50 % à la fin d’un cours ne reçoit pas de certificat pour ce cours.
1. Le ministère de l’Éducation remercie toutes les personnes, les groupes et les organismes qui ont participé à l’éla-
boration et à la révision de ce document. Imprimeur de la Reine pour l’Ontario, 2000.
2. Réflexion : pensée critique et pensée créative (évaluation de la situation par des simulations et études de cas,
analyse des données financières, résolution de problème et prise de décision dans le contexte des affaires).
Compétences de recherche : création d’idées ; formulation de questions ; planification ; choix de stratégies et de res-
sources ; analyse, interprétation et évaluation de l’information ; formulation de conclusions.
N° 37 - décembre 2004
dossier
Références
bibliographiques
Prunelle Charvet
Cette bibliographie, non exhaustive, recense des documents ayant comme champ
d’investigation les modalités et les fonctions des examens, contrôles et validation des
connaissances dans le second degré. Après des études transnationales sur les certifications de
l’enseignement secondaire, elle propose des références bibliographiques traitant de la
reconnaissance des diplômes en Europe. Enfin, des ouvrages présentant plus particulièrement
les dispositifs français pour l’enseignement général et l’enseignement technique sont cités. Les
documents faisant référence à la reconnaissance des diplômes en Europe sont postérieurs à
1992, date de la signature du traité de Maastricht sur l’Union européenne qui, reconnaissant
notamment le droit de circuler et de résider librement dans les pays de la Communauté, a
constitué une nouvelle étape dans la réflexion menée à ce sujet.
La majorité des documents mentionnés sont consultables au centre de ressources du Centre
international d’études pédagogiques ou sont en ligne sur Internet. Bibliographie arrêtée le
30 septembre 2004.
Les systèmes 87
de certification :
études transnationales
BAKKER Steven, WOLF Alison, Upper secondary examinations and entry to
university : the school-university transition in an age of mass higher educa-
tion, Assessment in Education : Principles, Policy & Practice, 2001, Vol. 8, nº 3,
pp. 285-408
Cet article soulève différentes questions liées à la massification de l’éducation dans les pays de
l’OCDE telles que l’influence des développements de l’éducation sur les examens et les tests
d’entrée à l’université et les facteurs qui influent sur la nature des examens de premier cycle
de l’enseignement secondaire.
N° 37 - décembre 2004
CAVDAR Tomris, Analyse comparative des systèmes de contrôle des connais-
sances, d’évaluation et de certification français, allemand et turc, Formation
professionnelle, avril 2001, n° 22, p. 51-58
Cet article présente une analyse comparative des systèmes de contrôle des connaissances,
d’évaluation et de certification français, allemand et turc.
ECKSTEIN Max A., NOAH Harold J., Examinations : comparative and inter-
national studies, Pergamon Press/Oxford, 1992, 179 p., index, (Pergamon compa-
rative and international education series)
Dans une perspective comparative, l’ouvrage offre un aperçu des systèmes d’examens du
Japon, de la Chine, de l’Europe de l’Ouest, des Etats-Unis et des pays du tiers monde. Il
analyse notamment les fonctions des examens de sortie de l’enseignement secondaire dans les
88 sociétés respectives de chacun de ces pays.
voire impossible, de définir objectivement les niveaux en éducation. Ils analysent le rôle des
systèmes publics d’examens et les différents moyens qui permettent de mesurer les niveaux.
La reconnaissance
des diplômes
en Europe
EURYDICE : Réseau d’information sur l’éducation dans l’Union européenne et les
pays de l’AELE-EEE, LAFONTAINE Annette coord., LAFONTAINE Dominique
coord., et al., Les conditions d’accès à l’enseignement supérieur dans la
Communauté européenne, EURYDICE/Bruxelles, 1993, 71 p.
Le document informe sur les conditions d’accès à l’enseignement supérieur dans la
Communauté européenne, les exigences linguistiques, les formalités d’inscription et de séjour,
et notamment la reconnaissance des diplômes. Il est constitué de deux parties : le premier
N° 37 - décembre 2004
volet est une comparaison par thème, le second volet traite le sujet sous forme de fiches
synthétiques par pays.
Les systèmes
de certification français
Les certifications
d’enseignement général
91
BELHOSTE Bruno dir., CASPARD Pierre, TOUSSAINT Daniel, et al., L’examen :
évaluer sélectionner, certifier XVIe-XXe siècles, Histoire de l’éducation, mai
2002, n° 94, 230 p.
Après avoir posé quelques pistes de réflexion sur le thème de l’examen scolaire, ce numéro
retrace l’historique et décrit l’organisation de différents types d’examens : certificat de fin
d’études, brevet de capacité de l’instruction primaire, baccalauréat, concours d’admission à
l’École polytechnique. Il traite également des origines de la « science des examens » et des
conditions de collecte et de conservation des copies d’examen.
N° 37 - décembre 2004
BRIFFAUX Amélie, Résultats définitifs de la session 2003 du baccalauréat, Note
d’information - DEP, mars 2004, n° 04.07, 6 p. téléchargées du site : http://www.
education.gouv.fr
Cette note offre un éclairage statistique sur l’obtention du baccalauréat selon les filières, le sexe
et la génération ainsi que sur les bacheliers admis avec mention.
CLAVAL Bruno, SABOULIN Michel de, Le diplôme d’accès aux études univer-
sitaires Note d’information - DEP, juin 2000, n° 00.17, 5 p.
Cette note d’information présente de manière synthétique le fonctionnement du DAEU
(diplôme d’accès aux études universitaires) et en offre un aperçu historique à travers les diffé-
rents dispositifs qui l’ont précédé. Elle met en évidence les principales tendances qui ressor-
tent de l’analyse des statistiques : les options choisies par les candidats, la proportion
d’hommes et de femmes inscrits…
N° 37 - décembre 2004
Les certifications
de l’enseignement technique
AFPA : Association nationale pour la formation professionnelle des adultes,
Recueil de textes officiels : vocabulaire n° spécial : certification, AFPA/
Montreuil/France, mars 2003, n° spécial, 78 p.
Ensemble des textes - lois, décrets, arrêtés et circulaires - portant sur la certification profes-
sionnelle : délivrance de diplôme, congé pour validation des acquis, informations sur la vali-
dation des acquis de l’expérience (VAE). Dans une deuxième partie, un lexique permet de
faire le point sur l’ensemble du vocabulaire qui concerne la certification.
COUPPIÉ Thomas, LOPEZ Alberto, Quelle utilité les CAP et BEP tertiaires ont-
ils aujourd’hui ?, Bref, avril 2003, n° 196, 4 p. téléchargées du site : http://www.cereq.fr
Ce document met en évidence les difficultés rencontrées par les jeunes titulaires de CAP et de
BEP tertiaires face à la concurrence des plus diplômés. Il interroge sur la valeur de ces
diplômes sur le marché du travail et fait le point sur les familles d’emplois qui leur sont
ouvertes ou fermées.
N° 37 - décembre 2004
VUILLET Claudie, SICILIANO Dominique, Qu’évalue-t-on avec les épreuves du
baccalauréat professionnel ?, n° 10, novembre 2003, 56 p. téléchargées du site :
http://cisad.adc.education.fr/hcee
Après avoir retracé l’évolution du baccalauréat professionnel, ce rapport fait le point sur les
compétences et les connaissances qui sont évaluées par les épreuves de ce diplôme. Ce dernier
est ensuite examiné au regard de sa double finalité : l’insertion professionnelle ou la poursuite
d’études.
96
Abstracts
Traduction anglaise
de Margaret Sutherland
N° 37 - décembre 2004
Secondary certification and entry to the labour market
The case of Japan p. 71
Daisuke Sonoyama
The vigorous evolution of the Japanese economy brings about important developments in society
which have repercussions in schools. The requirements concerning the system of education bear
especially on the demand for efficient vocational streams. Secondary school evaluation must take
into account the incessantly renewed demands of the labour market as well as the developments in
society. How will the Japanese secondary school respond to this challenge?
Equal access to higher education in Canada? p. 77
Marie J. Myers
The controls of secondary education in Canada mirror a flexible system of education which gives a
special place to individual differences. Yet other constraints must be taken into account. Our
discussion will undertake the examination of the systems which have been established and of their
apparent transparency, and will also bring into prominence aspects implied in individual pathways
towards higher education.
98
Resúmenes
Traduction espagnole de Patricia Roche
N° 37 - décembre 2004
Es recién en 1951 que China instaura un sistema de examen nacional para seleccionar a los futuros
estudiantes, éste va a favorecer a los obreros y a los campesinos. Puesto en tela de juicio entre 1966
y 1976, este sistema nacional de acceso a la enseñanza superior ha sido reestablecido con la fina-
lidad de preservar la igualdad y la equidad. Con la finalidad de alivianar el examen, se ha puesto en
marcha una reforma. La preocupación es evitar lagunas de verificación de conocimientos discipli-
narios. Las primeras constataciones han sido positivas
La certificación en la enseñanza secundaria y la inserción profesional en el Japon p. 71
Daïsuké Sonoyama
La evolución de la economía japonesa lleva implícita cambios profundos en la sociedad que reper-
cuten en la escuela. Las exigencias concernientes al sistema educativo tiene como finalidad priori-
taria dar respuesta a la demanda de las filiales profesionales calificadas. La validación secundaria
debe tener en cuenta además la demanda de calificación que se renueva en forma permanente en el
mercado de trabajo, dados los grandes cambios que se producen en la sociedad. ¿De qué manera
puede responder el sistema de enseñanza secundaria japonés a este desafío?
¿Igualdad en el acceso a los estudios superiores en el Canada ? p. 77
Marie J. Myers
Los controles evaluativos en el sistema educativo secundario en Canadá reflejan un sistema de
educación maleable, que da lugar a la posibilidad de tener en cuenta las diferencias individuales. Sin
embargo hay otros condicionamientos. Nuestra discusión abordará el análisis de los sistemas
puestos en práctica y su transparencia, pondrá de relieve los aspectos implícitos en el proceso indi-
vidual que apunta a los estudios superiores.
100
r
Repères
N° 37 - décembre 2004
Répartition par réseau des populations scolaires (fondamental et secondaire) en 1996/1997
catholique compétent pour toute négo- figée qui n’a été modifiée qu’en 2001. A
ciation avec la Communauté française. la différence de la Communauté fla-
On observe le plus fort taux d’élèves mande, qui dispose de sources de finan-
dans l’enseignement libre 12 en Commu- cement plus larges du fait de la fusion au
nauté flamande. niveau institutionnel des organes repré-
Du fait de cette organisation en sentatifs de la communauté et de la
réseaux, le ministre de l’Éducation de région, la Communauté française n’a
chaque communauté a une double fonc- pas de moyens propres et dépend de la
tion : il est à la fois pouvoir organisateur dotation de l’État fédéral.
pour les écoles de type «enseignement Les communautés accordent des
officiel» et ministre de tutelle par rapport subventions publiques aux différents
aux écoles des autres réseaux. Cette réseaux lorsque les établissements satis-
répartition des établissements en réseaux font aux exigences des ministères de
et l’autonomie institutionnelle des pou- chaque communauté. Ces exigences
voirs organisateurs ont poussé le législa- concernent l’organisation des études et
teur à créer des instances de recours ou l’application des lois linguistiques. Les
de régulation. La Cour d’arbitrage, ins- subventions publiques sont alors d’une
tance nationale, règle les litiges entre les triple nature : des subventions de traite-
différentes autorités, État fédéral, com- ment pour le personnel, des subven-
munauté et région. Elle est composée à tions de fonctionnement et des subven-
proportion égale de francophones et de tions pour la construction des locaux.
flamands et détermine les compétences
respectives de chacun. La commission L’organisation de la scolarité 103
d’homologation reconnaît la validité des
études en homologuant les diplômes du Un cadre commun
secondaire au supérieur. La commission Bien que l’organisation des systèmes
de planification se prononce sur les scolaires ait tendance à se différencier
demandes de création ou de subvention- depuis la Communautarisation, la
nement d’un établissement. structure générale est identique dans
chaque Communauté.
Le financement de l’enseignement L’enseignement obligatoire dure
La fédéralisation de l’enseignement douze ans, de six à dix-huit ans. Après
belge en 1989 a donné lieu à une loi l’enseignement fondamental, composé
de financement dans les communautés de l’enseignement maternel et primaire,
et les régions. Pour ce qui concerne l’enseignement secondaire se divise en
l’enseignement, il a été procédé à un trois niveaux de deux années chacun. Le
partage au prorata du nombre d’élèves. premier niveau est un tronc commun à
C’est ainsi qu’a été déterminée pour la la fin duquel les élèves peuvent choisir
Communauté française une dotation 13 entre quatre filières : générale, profes-
sionnelle, technique et artistique. Ceux
qui ont achevé au moins les deux pre-
12. À titre de comparaison, en France, 21 % de la
population scolaire fréquente des établissements mières années de l’enseignement secon-
privés sous contrat, et seulement 1 % en Finlande. daire et qui ne désirent pas continuer à
Martine Vandermeulebroucke, « La liberté scolaire
temps plein jusqu’à dix-huit ans peu-
crée des inégalités », Le Soir, 21 juin 2003.
13. Élisabeth Thuriet, « L’école en Belgique » in Les
vent alors suivre une formation obliga-
cahiers pédagogiques, n° 425, juin 2004, p. 52. toire à temps partiel. Les élèves des trois
N° 37 - décembre 2004
communautés ayant réussi leur scolarité d’apprentissage. Ainsi, les six ans de
reçoivent un certificat de l’enseigne- l’école primaire sont divisés en trois
ment secondaire 14. Toutes les certifica- cycles de deux années chacun pour
tions sont délivrées au niveau des éta- lesquels ont été définis des socles de
blissements par les enseignants qui compétences à acquérir. Durant toute la
jugent leurs élèves sur la base de leur durée du cycle, l’évaluation est continue
évaluation 15. et formative, un examen ayant lieu à la
En ce qui concerne la formation des fin de chaque cycle pour vérifier que les
enseignants, il n’existe pas de concours compétences ont bien été assimilées.
de recrutement des enseignants qui Des commissions de pilotage sont
doivent chercher un poste dès l’obten- chargées de coordonner et de contrô-
tion de leur diplôme à l’université. Les ler l’élaboration de ces socles, des
pouvoirs organisateurs disposent d’une programmes, tout en respectant les
grande liberté pour choisir leurs ensei- méthodes pédagogiques des PO.
gnants alors que le réseau officiel est En Communauté flamande, la
soumis en matière de recrutement à notion de compétence, Eindtermen,
plus de contraintes administratives16. existe depuis 1996 sous une forme diffé-
Pour essayer d’enrayer la pénurie rente à chaque niveau d’enseignement.
d’enseignants, les compétences acquises Cependant, plus qu’en Flandre peut-
dans d’autres professions sont désor- être, cette réforme a eu comme objectif
mais prises en compte pour autoriser premier de faire des économies budgé-
quelqu’un à enseigner. taires en diminuant les coûts et en
104 réduisant le nombre d’échecs par la pra-
Diversité du fonctionnement tique du non redoublement.
En dépit de ce cadre commun aux
trois communautés, c’est la diversité qui L’enseignement supérieur
prime au sein des communautés en L’enseignement supérieur de type
matière de fonctionnement des établis- universitaire est dispensé dans seize
sements. Les PO sont souverains et établissements : six universités et dix
fixent par exemple le calendrier scolaire établissements assimilés 17. L’enseigne-
et la répartition de l’enseignement des ment s’articule en trois cycles appelés
disciplines. En Communauté franco- respectivement la candidature, la
phone, le décret-mission du 24 juillet licence et le doctorat. L’enseignement
1997 a fixé les missions prioritaires de supérieur non universitaire, qui repré-
l’enseignement fondamental et secon- sente un taux très élevé de diplômés 18,
daire par le biais de l’élaboration d’un peut être court ou long en fonction des
socle commun de règles identiques pour années d’étude et couvre huit filières (en
tous les établissements de chaque Communauté française) et onze disci-
réseau. Il organise l’enseignement en plines (en Communauté flamande). La
cycles orientés par des compétences Communauté germanophone ne dis-
pose que d’un enseignement supérieur
14. Francine Vaniscotte, Les écoles de l’Europe : sys-
de type court. Les étudiants effectuent
tèmes éducatifs et dimension européenne, 1996,
p. 149.
15. Élisabeth Thuriet, « L’école en Belgique », in Les 17. Francine Vaniscotte, p. 150
cahiers pédagogiques, n° 425, juin 2004, p. 49. 18. Élisabeth Thuriet, « L’école en Belgique » in Les
16. idem. cahiers pédagogiques, n° 425, juin 2004, p. 53.
leurs études dans une des deux autres comme langue seconde. Or les franco-
communautés de la Belgique ou en phones de Bruxelles acceptent difficile-
Allemagne. La majorité opte pour la ment qu’on leur impose ce bilinguisme
Communauté française de Belgique. et remettent en cause l’enseignement
Le système d’accès à l’enseignement du néerlandais arguant du manque de
supérieur n’est pas limitatif, les élèves débouchés internationaux du néerlan-
ayant achevé avec succès leurs études dais, contrairement au français. Les
secondaires supérieures peuvent accé- Flamands, déjà minoritaires, y voient
der à l’enseignement supérieur qu’il soit une volonté de suprématie des franco-
universitaire ou non. L’absence de phones et une atteinte à leur identité.
numerus clausus, de tests d’entrée ou de
systèmes d’orientation, permet à l’étu- La liberté d’enseignement
diant de choisir sa filière mais entraîne en Belgique :
un taux d’échec très lourd à la fin de la un principe fondateur
première année. En dépit d’une organisation diffé-
renciée en réseaux, l’enseignement en
L’enseignement des langues
Belgique s’enracine dans un principe
L’enseignement des langues étran- commun impliquant toute l’organisa-
gères est très complexe en Belgique. tion générale du système éducatif belge.
Pour les trois communautés, la langue Evoquée pour la première fois dans
d’enseignement doit être celle de la la Constitution belge lorsque le pays
région linguistique où se trouve l’école. accède à l’indépendance en 1830, la
Il est possible d’organiser dès l’enseigne- liberté de l’enseignement est, à l’époque, 105
ment primaire l’enseignement de la un compromis entre les partisans de la
seconde langue qui est, en vertu de la loi primauté de l’enseignement de l’État et
linguistique du 30 juillet 1963 relative ceux qui prônent sa non intervention 20.
au régime linguistique de l’enseigne- Ce principe organise, de fait, la libre
ment, le français en Communauté fla- concurrence en matière d’enseigne-
mande et germanophone et le néerlan- ment. En 1959, la loi sur le Pacte scolaire
dais en Communauté française. Dans apporte une nouvelle évolution à ce
la région de Bruxelles capitale, franco- principe en consacrant le pluralisme des
phones et néerlandophones s’affron- institutions. Ainsi tout pouvoir organi-
tent. En effet la ville de Bruxelles, offi- sateur, qu’il fasse partie des pouvoirs
ciellement bilingue, est majoritairement publics ou non, est libre de créer son
peuplée de francophones 19 et enclavée école moyennant le respect de certaines
dans le territoire flamand. D’après le conditions. En outre, les parents ont le
« Pacte de courtoisie », signé par les res- droit de choisir l’éducation qu’ils veu-
ponsables politiques, il existe un ensei- lent pour leurs enfants, ce qui implique
gnement réciproque des deux langues la possibilité de trouver, à une distance
officielles dans les écoles, c’est-à-dire convenable, une école correspondant à
que les écoles flamandes enseignent le leur choix, confessionnel ou non. D’un
français en langue seconde et les écoles point de vue financier, tous les établis-
francophones enseignent le flamand
N° 37 - décembre 2004
sements d’enseignement reconnus giques. Dans ce contexte, les établisse-
viables obtiennent des subventions. ments évoluent dans un climat de
Actuellement, en vertu du respect du concurrence accrue qui provoque de
libre choix des parents, chaque commu- grandes disparités entre eux, non seule-
nauté a le droit de créer ou d’organiser ment au sein des communautés mais
des établissements, mais elle peut égale- aussi dans les réseaux eux-mêmes 22.
ment en subventionner d’autres recon-
nus viables. En outre, elle est obligée Une plus grande rationalisation
d’organiser ou de subventionner un Les trois communautés ont vite été
enseignement non confessionnel dans le confrontées aux difficultés liées à cette
cas où il n’en existerait pas à une distance autonomie des pouvoirs organisateurs
convenable. Ainsi la liberté d’enseigne- sans pilotage de l’ensemble. La multipli-
ment en Belgique implique la liberté de cation des établissements scolaires au
création des écoles, la liberté de choix des sein des trois communautés et la disper-
parents et la liberté pédagogique au sion des responsabilités entre les diffé-
sein des établissements, à condition de rents pouvoirs organisateurs ont rendu
respecter le socle minimal prévu par difficile un contrôle national global
la loi. Chaque pouvoir organisateur comme celui de l’obligation scolaire.
peut déterminer ses programmes, sous Elle a entraîné également une situation
réserve de les soumettre à l’approbation coûteuse et difficilement maîtrisable
ministérielle, évaluer et certifier ses concernant l’offre d’options par les dif-
élèves, définir un projet éducatif et péda- férentes écoles23, chaque école faisant de
106 gogique et recruter ses enseignants. Ce la surenchère pour rallier un plus grand
pacte consacre en outre le libre choix nombre d’élèves. Le manque de moyens
entre morale non confessionnelle et reli- en Communauté française 24 empêche
gion dans le système officiel ainsi que la la mise en place de correctifs dans cet
gratuité de l’enseignement obligatoire environnement concurrentiel et pro-
pour tous les établissements. voque cette importante différence de
performances entre établissements sou-
Évolution
lignée par l’enquête PISA 25.
À l’origine, la liberté d’enseigne-
ment est d’ordre philosophique 21 et Un contrôle renforcé
vise à légitimer la présence de plusieurs Devant ces difficultés, les pouvoirs
communautés dans le domaine éduca- publics ont soutenu une politique de
tif. Or ce principe évolue de plus en rationalisation et une logique de concer-
plus vers celui d’une liberté de marché tation entre les différents acteurs éduca-
avec un mécanisme de concurrence. tifs susceptibles d’atténuer la concur-
Actuellement, les membres des
communautés se positionnent en 22. Michel Crahay, http://www.wallonie-en-
usagers de services évalués du point ligne.net/wallonie-education/index.htm.
de vue de leurs qualités intrinsèques 23. « En 1992, il existait dans la Communauté fran-
çaise 6000 options comptant entre 1 et 5 élèves » En
plutôt qu’en fonction de choix idéolo- direct de Bruxelles, In JDI : Journal des Instituteurs
p. 63.
24. Élisabeth Thuriet, « L’école en Belgique », in Les
21. Maroy Christian, Dupriez Vincent, « La régulation Cahiers pédagogiques, n° 425, juin 2004, p. 52.
dans les systèmes scolaires », in Revue française de 25. PISA : Program for International Student Asses-
pédagogie, janvier-février-mars 2000, n° 130, p. 81. ment.
N° 37 - décembre 2004
Belgique France
Territoire 32 545 km2 547 026 km2
Population 10,3 Millions d’habitants 59 238 000 (2001)
Densité 107,9 hab/km2
Langues nationales 58 % de néerlandophones Langue française
32 % de francophones
0,7 % de germanophones
9,3 % de bilingues dans
l’agglomération bruxelloise
Nature de l’Etat Monarchie constitutionnelle République
parlementaire
PIB par habitant 25 000 (en 2000) 22 897 dollars
Dépense en éducation (en % PIB) 5,9 5,8
N° 37 - décembre 2004
L’année 2002 a vu l’introduction primaires et secondaires du premier
d’un nouveau système de financement cycle du secteur public sont gratuites.
des écoles d’enseignement général. Les parents peuvent inscrire leurs
Celui-ci prévoit que le budget des écoles enfants dans l’école de leur choix. Les
d’enseignement général est pris en gimnazija définissent leurs propres cri-
charge sur la base d’un crédit global par tères d’admission. Lorsque la capacité
élève auquel s’ajoutent des crédits desti- d’accueil de l’établissement est limitée,
nés à la vie scolaire, à la mise en place de on organise une sélection basée sur une
projets, les ressources de mécénat, etc. évaluation des pré-requis. Dans les cas
Ces crédits sont attribués aux municipa- extrêmes, des examens d’entrée sont
lités pour rémunérer le personnel ensei- organisés.
gnant et non enseignant, acheter les L’année scolaire des classes 1 à 5
manuels et autres ressources éducatives (enseignement primaire et début de
et mettre en œuvre la politique de for- l’enseignement secondaire du pre-
mation continue des enseignants. mier cycle) comprend au minimum 170
En ce qui concerne l’administration jours d’enseignement, alors que l’année
et l’organisation du système éducatif, scolaire du reste de l’enseignement
les responsabilités sont assumées par le secondaire en comprend au minimum
gouvernement central, les autorités 195. Les disciplines sont réparties sur
éducatives régionales ou locales et les cinq jours par semaine dans le primaire
corps administratifs des établissements et au début du secondaire (vingt-deux
concernés. L’inspection et le contrôle de leçons de trente-cinq minutes en pre-
110 l’activité pédagogique sont coordonnés mière année d’école primaire et vingt-
par le MES à des niveaux administratifs sept leçons de quarante-cinq minutes
différents, selon le type d’établissement lors de la première année du premier
concerné. cycle de l’enseignement secondaire). Le
nombre minimal d’heures d’enseigne-
L’enseignement pré-scolaire ment annuel est de 436,3 pour l’ensei-
Les enfants âgés de 18 mois à six ou gnement primaire et de 688,5 pour
sept ans peuvent recevoir un enseigne- l’enseignement secondaire du premier
ment pré-scolaire. L’inscription y est cycle.
facultative (elle était d’environ 45 % fin En 2002/03, le nombre d’élèves par
2002) et les frais de scolarité sont fixés enseignant était de 12,2 en primaire, 9,6
par le directeur. En outre, il existe des en secondaire premier cycle et 13,1 en
structures préparatoires dans les jardins second cycle. Le nombre d’élèves par
d’enfants ainsi que dans les écoles classe était en moyenne de 19,6 (24,4
maternelles ouvertes aux enfants qui dans les villes, 12,1 dans les zones
n’ont pas fréquenté auparavant un éta- rurales). La loi fixe le nombre maxi-
blissement. En 2002/03, le taux de fré- mum d’élèves par classe à 24 dans
quentation de ces structures était de l’enseignement primaire et 30 dans le
84 % des enfants âgés de cinq à six ans. premier cycle secondaire. Les classes
sont mixtes et constituées d’élèves du
La scolarité obligatoire même âge. Dans les écoles primaires, les
Les enfants peuvent entamer leur classes sont confiées à un seul ensei-
scolarité obligatoire à l’âge de sept ans gnant (lorsque la possibilité existe, un
(ou plus tôt, s’ils y sont prêts). Les écoles enseignant spécialisé peut enseigner la
religion, les langues étrangères, l’éduca- cycle technique se fait avec le certificat
tion physique, l’art ou la musique). de fin d’études secondaires second cycle
Dans le secondaire, au premier cycle, (Brandos atestatas).
chaque discipline relève d’un ensei- Les programmes de l’enseignement
gnant spécialisé. secondaire général sont définis au
Dans les écoles primaires, toutes les niveau national. Les matières obliga-
matières sont obligatoires et sont les toires sont les mêmes pour tous les
mêmes pour tous les élèves sauf pour élèves. Avec l’introduction de quatre
l’éducation morale. Les parents peuvent types de filières (lettres, mathématiques
choisir pour leur enfant une instruction et sciences naturelles, art, technologie)
religieuse en accord avec leur confession le nombre d’heures d’enseignement par
ou des leçons de morale. Des enseigne- matière dépend du cursus choisi par
ments spéciaux sont proposés : enseigne- l’élève.
ment précoce d’une langue étrangère, Les écoles techniques établissent
éducation artistique et enseignement ap- leurs propres programmes à partir des
profondi d’autres matières. Dans le se- directives du MES et les professeurs sont
condaire, d’autres disciplines sont propo- libres de choisir leurs méthodes d’ensei-
sées. Les professeurs sont libres d’utiliser gnement et leurs manuels à partir d’une
les méthodes et manuels de leur choix, liste approuvée par le ministère.
dans une liste approuvée par le MES.
À la fin du second cycle d’enseigne-
Dans le premier cycle de l’enseignement
ment général, l’examen final établi par
secondaire, dix-sept matières obligatoires
le ministère est obligatoire pour tous les
sont étudiées par tous les élèves, mais le
élèves. Le certificat attestant la réussite à
111
nombre de cours peut varier. Selon la dé-
cet examen donne accès à l’enseigne-
cision de chaque établissement, les élèves
ment supérieur général et technique.
peuvent suivre un programme plus inten-
sif en langues étrangères, art, musique et Les étudiants peuvent obtenir le cer-
éducation physique. tificat de qualification technique ou le
Les élèves sont soumis au contrôle diplôme d’ouvrier qualifié. À la fin de
continu et leurs résultats sont commu- l’enseignement supérieur technique,
niqués aux parents. On peut faire les étudiants obtiennent le diplôme
redoubler les élèves en difficulté. À la fin d’études universitaires. Ces diplômes
de l’école primaire, les élèves passent permettent de postuler à un emploi.
automatiquement au niveau suivant
sans examen terminal et obtiennent un L’enseignement supérieur
certificat de fin d’études primaires. Le Les cours sont dispensés à trois
certificat de fin d’études obligatoires niveaux : licence, maîtrise et doctorat.
donne aux élèves accès à l’enseignement Un secteur non universitaire a été ins-
secondaire, second cycle. tauré en 2000 après l’adoption d’une loi
sur l’enseignement supérieur. Ces éta-
L’enseignement secondaire blissements d’enseignement supérieur
Le certificat de fin d’études obliga- non universitaires (quatre publics et
toires est réclamé pour l’enseignement trois privés) portent le nom de Kolegija.
secondaire général et technique. Les Début 2002/03, on comptait quinze éta-
élèves peuvent postuler pour l’école de blissements d’enseignement supérieur
leur choix et l’admission en troisième publics et neuf non universitaires privés.
N° 37 - décembre 2004
Le certificat de fin d’études secon- spécialisées et banales. La structure de
daires du second cycle du second degré ces écoles spécialisées est très semblable
est exigé par tous les établissements à celle des établissements ordinaires.
d’enseignement supérieur. L’admission 1,1 % des élèves y sont accueillis.
se fait sur concours, selon un classement
déterminé par résultats aux examens de Les enseignants
fin de second cycle et les notes aux exa- La profession d’enseignant est régle-
mens d’entrée dans les établissements mentée par l’État. Le nombre d’étu-
d’enseignement supérieur. diants inscrits en formation initiale est
Dans l’enseignement non universi- fixé par le ministère chaque année. Les
taire, la sélection se fait sur les résultats enseignants en maternelle, primaire et
aux examens de fin de second cycle. Un premier cycle reçoivent une formation
Kolegijos peut établir des critères spéci- professionnelle et pratique à l’université
fiques d’admission. Pour les formations pendant trois ou quatre ans. Les ensei-
qui demandent des compétences plus gnants de second cycle (spécialistes) sui-
spécifiques (peinture, journalisme, archi- vent une formation dans des établisse-
tecture ou dans le domaine de la commu- ments supérieurs universitaires (quatre
nication et de l’information), des exa- années minimum). Dans certaines uni-
mens d’admission peuvent être organisés. versités, les élèves enseignants suivent
Les cours font l’objet d’examens ter- une année supplémentaire.
minaux et/ou d’une soutenance de Entre 1998 et 2002, le statut des
mémoire. Pour l’évaluation finale, un enseignants a changé : selon la nouvelle
112 étudiant doit prouver qu’il a acquis les loi sur le service public, ils n’ont plus le
connaissances, les compétences et les statut de fonctionnaires.
capacités définies par les objectifs. La réforme du système éducatif a
À la fin des études universitaires, entraîné une réévaluation de la qualité
les étudiants obtiennent la licence de l’enseignement et de l’apprentissage.
(Bakalauro laipsnis) et/ou un diplôme De nouvelles conditions et de nouvelles
de qualification professionnelle (de exigences en vue de la modernisation de
professeur, d’ingénieur, d’artiste, etc.). la profession d’enseignant ont été fixées.
Les étudiants diplômés peuvent pour- Pour contrôler la qualité de l’enseigne-
suivre leurs études jusqu’à la maîtrise ment et actualiser les compétences des
puis au troisième cycle en s’inscrivant à enseignants en fonction des besoins de
des cours de doctorat ou des études l’école, un système d’évaluation des
supérieures d’art. À la fin du pro- enseignants a été introduit en 1995.
gramme les étudiants obtiennent un La formation initiale des ensei-
doctorat ou le titre d’artiste qualifié. gnants restait un des secteurs du sys-
Les cours de formation profession- tème éducatif ayant subi le moins de
nelle comprennent des cours généraux réformes. Les changements des conte-
et spécialisés (médecine, études vétéri- nus des programmes étaient ralentis car
naires, odontologie, pharmacie, droit les enseignants n’avaient pas été suffi-
et agriculture). samment formés pour répondre aux
défis de ce processus de changement.
L’enseignement spécialisé Les centres de formation des maîtres
Les enfants nécessitant un enseigne- introduisirent timidement de nouveaux
ment spécialisé fréquentent des écoles modèles d’enseignement tels qu’ils
étaient définis dans la loi de 1992 : des Les changements de ces dix der-
stratégies d’enseignement innovantes et nières années ont fondamentalement
une approche centrée sur l’enfant. modifié l’éducation nationale en
Pour définir précisément les qualifi- Lituanie : les contenus d’enseignement
cations requises pour enseigner, la loi ont été renouvelés, de nouvelles possibi-
sur l’éducation a été révisée en 1998 lités d’études existent. Cependant, la
comme suit : formation des enseignants est toujours
– au moins trois années d’étude dans incapable de s’adapter aux réalités chan-
un établissement d’enseignement supé- geantes dans l’enseignement, à l’écono-
rieur ou un IUFM ; mie de marché, de prendre en compte
les besoins d’une société cultivée, d’une
– une formation professionnelle (réus-
économie basée sur la connaissance et
site du cycle d’études) ;
un apprentissage continu.
– une qualification professionnelle à Pour rendre la formation plus pro-
l’issue de la formation. fessionnelle et plus en accord avec les
Du fait de la baisse de la natalité changements du système éducatif, la
depuis 1991 et des restrictions budgé- réforme de la formation initiale des
taires, les réformes successives ont fait enseignants a été préparée en 2000. La
monter la tension chez les professeurs nouvelle approche prévoyait des pro-
qui risquent de perdre leur emploi pour grammes basés sur des critères approu-
certains, alors que d’autres devront vés par l’État et listait les compétences
acquérir des qualifications supplémen- requises. Mais le secteur de l’enseigne-
taires ou suivre une formation conti- ment a été cette année-là touché par de 113
nue. très nombreuses grèves.
La « Résolution pour l’amélioration Le ministère a cherché à garantir aux
du système de formation » stipule que : enseignants de meilleures conditions de
« la création d’établissements de forma- travail à l’avenir, à améliorer le droit
tion des enseignants sera encouragée des syndicats à participer aux décisions
dans toutes les régions de Lituanie ; pour résoudre les conflits et à éviter des
les directeurs des établissements démissions massives d’enseignants et
seront tenus pour responsables des des plans de licenciement. Les accords
compétences professionnelles de leur signés en 2001 stipulaient que le minis-
personnel ». tère s’engageait à :
Définissant le statut des professeurs, – assurer la participation de représen-
améliorant la sécurité de leur emploi, tants syndicaux aux prises de décisions
rendant la profession d’enseignant sur l’emploi, l’organisation et la rémuné-
plus attrayante, la loi sur la fonction ration du travail et fournir des garanties
publique fut adoptée le 8 juillet 1998. légales aux militants syndicaux ;
Jusque-là, l’emploi des professeurs rele- – essayer de trouver des accords collec-
vait de la loi applicable à toutes les pro- tifs dans tous les établissements d’ensei-
fessions. En 1998 les professeurs furent gnement ;
considérés comme des fonctionnaires et – essayer de réformer le système de
recrutés sur concours. Mais, suite à la loi rémunération des enseignants.
sur la fonction publique de juillet 2002, Les accords de 2001 calmèrent l’agi-
les enseignants sont à nouveau sous le tation. Bien qu’ils soient plus une décla-
régime général. ration d’intentions que la mise en
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œuvre d’une action concrète, ils offrent – la poursuite de la recherche d’une
aux syndicats plus de possibilités pour meilleure cohérence de structure et de
influencer la prise de décisions gouver- fonctionnement du système éducatif.
nementales et une possibilité d’impact Introduisant un système binaire
sur les salaires et les conditions de d’enseignement supérieur, en particu-
travail. lier pour la formation des professeurs, la
loi sur l’enseignement supérieur adop-
Réformes et débats en cours tée le 21 mars 2000 a clarifié le rôle, les
objectifs et l’autorité des facultés aussi
Depuis 1991, les principaux objec- bien dans les universités que dans les
tifs des réformes ont été : collèges techniques. Les enseignants
– en matière de développement des peuvent maintenant être formés dans
programmes dans les écoles d’ensei- des universités, des instituts ou collèges
gnement général : remplacer tous les technologiques.
manuels de l’ère soviétique par des ma- Depuis 1998, les conditions d’accès à
nuels occidentaux originaux ou traduits l’enseignement supérieur ont été modi-
ou adaptés, correspondant aux besoins fiées. Les universités commencent à
de la réforme nationale ; prendre en compte les résultats des exa-
– en ce qui concerne les élèves : s’atta- mens de fin d’enseignement de second
cher à ce que tous les élèves jusqu’à l’âge cycle plutôt que leurs propres examens
de seize ans acquièrent un diplôme de de sélection.
formation, qu’un nombre toujours En 2001, le MES a préparé le
114 croissant d’élèves aient accès à l’ensei- Programme gouvernemental pour la
gnement de second cycle ; restructuration du réseau des établisse-
– en ce qui concerne les enseignants ments scolaires de Lituanie et leur rénova-
dans les écoles d’enseignement général : tion. Il a adopté une approche globale
veiller à ce que tous les professeurs soient pour la modernisation des écoles élé-
évalués dans les cinq ans ; mentaires, qui vise à améliorer la qualité
– en ce qui concerne les étudiants : s’as- de leur financement et de leur environ-
surer que tous ceux qui le désirent puis- nement. La mise en œuvre de ce pro-
sent acquérir une profession dans des gramme requiert un prêt de la Banque
écoles techniques et que tous ceux qui en mondiale, dont 26 % sont destinés à
sont capables puissent obtenir une qua- améliorer la qualité de l’enseignement
lification dans les établissements univer- et de l’apprentissage dans les écoles élé-
sitaires ou non universitaires. mentaires. Il comporte des projets pour
la formation des équipes pédagogiques
Plusieurs objectifs mis en place pour la encouragées à développer de nouvelles
première phase de la réforme de l’ensei- méthodes d’enseignement, d’apprentis-
gnement ayant été atteints, une deuxiè- sage et d’étude ainsi que des projets de
me phase de la réforme a été lancée. Elle création de centres d’apprentissage.
porte sur : À l’initiative du Président de la
– la modernisation et l’assurance de la République de Lituanie, un Projet de
qualité de l’enseignement et des études ; directives à long terme sur l’éducation
– l’amélioration des conditions de vie (2003-2012) a été soumis à discussion. Il
des enseignants, de leur formation ini- s’agit d’une tentative de planification
tiale et de leurs études ; des stratégies nécessaires pour que la
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Une grande rigueur ne peut pas être valide s’il n’est pas
dans les processus d’élaboration fidèle. La validité est la qualité qui fait
L’évaluation en langue est devenue qu’un test mesure bien ce qu’il est censé
un marché économique important 5. mesurer.
De nombreux organismes et institu- Les organismes certificateurs
tions élaborent aujourd’hui des tests de
En tant que membres du groupe
langue. Ces tests sont payants. La vitesse
ALTE, les organismes producteurs 8 des
à laquelle ils se développent montre
tests décrits ci-après adhèrent à une
l’importance que le public leur donne.
charte de qualité dont l’objectif est de
Le mot «test», apparu en 1895,
respecter les standards formels d’élabo-
désigne une épreuve de mesure, de vérifi-
ration de tests de langue. Les membres
cation. Pichot 6 le définit ainsi : «Situa-
de ALTE, en adoptant le Code de pra-
tion standardisée servant de stimulus à
tique de cette association, se sont enga-
un comportement qui est évalué par la
gés à expliciter ces standards, de façon à
comparaison avec celui d’individus
faire connaître et reconnaître la qualité
placés dans la même situation, afin de
de leurs tests, tant auprès des produc-
classer le sujet, soit quantitativement,
teurs d’examens que des utilisateurs.
soit typologiquement. » Gilbert de
Seul l’ETS (Educational testing ser-
Landsheere 7 ajoute que «pour mériter le
vice), producteur américain du TOEFL,
nom de test, un examen doit être stan-
n’appartient pas au groupe ALTE. Les
dardisé, fidèle, valide et étalonné».
procédures d’élaboration de ce test
La standardisation vise à rendre les
répondent cependant aux standards
116 conditions de passation comparables
internationaux.
d’une session à une autre et porte sur le
matériel du test, la situation de passation, Des contenus communicatifs
les consignes et les modalités de correc- L’évaluation des langues n’est plus
tion. L’étalonnage fait d’un test un instru- dominée par l’évaluation des structures
ment de mesure qui permet de situer un linguistiques placées hors de tout
individu par rapport aux autres. contexte. Depuis la publication du
La sensibilité, ou finesse discrimina- Niveau Seuil (1975 pour l’anglais, 1976
tive, est une qualité du test qui renvoie à pour le français), on évalue la capacité
son pouvoir classant : mettre en évi- des individus à être autonomes dans
dence des différences, même faibles, leur pratique de la langue. Cette auto-
entre les individus. Par la suite, il est nomie doit leur permettre de lier des
nécessaire de s’assurer que les diffé- relations avec les personnes dont ils
rences observées sont stables : c’est ce apprennent la langue : échanger des
qu’on nomme la « fidélité » du test. On informations, donner son opinion,
ne s’intéresse à la troisième qualité, la raconter ses expériences, convaincre,
validité, que si le test est fidèle : un test argumenter, nuancer sa pensée.
Le Cadre européen commun de réfé-
5. À titre indicatif, chaque année, plus d’un million rence, adoptant les recherches des lin-
de candidats passent les tests de l’université de
Cambridge. Le TCF, lancé en janvier 2002, a déjà été
présenté par plus de 50 000 candidats. 8. Cambridge-ESOL pour le test IELTS ; les universi-
6. Dictionnaire de l’évaluation et de la recherche en tés allemandes pour le test TestDaf ; le Centre inter-
éducation, p. 295. national d’études pédagogiques (CIEP) pour le test
7. id. TCF.
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quatre heures pour la version informati- TOEFL CBT est de 213 points sur de
sée (trente minutes d’instructions pour 300, score augmenté à 250 points dans
l’utilisation de l’ordinateur). certaines universités prestigieuses. Pour
Le TOEFL assisté par ordinateur la version papier, le score minimum
(TOEFL Computer Based Test) com- exigé est de 550 points sur un total de
porte quatre sections obligatoires. Il 677. Aucune indication de niveau n’est
n’évalue pas l’expression orale. précisée, seul le score donne une infor-
Compréhension orale : capacité à mation au candidat.
comprendre les idées principales et L’attestation du TOEFL est valable
secondaires de documents en anglais deux ans.
d’Amérique du Nord. Les questions Bruno Mègre
sont orales et écrites. trente à quarante-
neuf questions, durée entre quarante et
soixante minutes. L’IELTS : International English
Structures : reconnaître les struc- language testing service
tures correctes d’un anglais écrit stan- L’IELTS a été développé en 1989 et
dard. Vingt à vingt-cinq questions, est géré conjointement par l’UCLES,
durée entre quinze et vingt minutes. le British Council et l’IDP Education
Compréhension écrite : comprendre Australia 10. L’IELTS est reconnu par
de courts documents, dans différents toutes les universités en Grande
niveaux de langues, dont ceux rencon- Bretagne, Australie et Nouvelle
trés dans les universités américaines. Zélande, la plupart des universités du
118 Quarante-quatre à cinquante-cinq Canada, de France ou d’Afrique du Sud
questions, durée entre soixante-dix et ainsi que par de nombreuses universités
quatre-vingt-dix minutes. européennes.
Expression écrite : rédiger en anglais Il est reconnu dans le secteur profes-
à partir d’un sujet imposé tiré au sort. sionnel par plus de mille deux cents ins-
Trente minutes. titutions professionnelles ou gouverne-
Le TOEFL sur version papier ne mentales.
comporte que trois sections : compré- Il existe trois cents centres répartis
hension orale ; structures et expression dans cent cinquante pays : quarante-
écrite ; compréhension écrite. huit dates de passation sont proposées
Le TOEFL version papier peut être dans l’année.
accompagné d’un test d’expression Il est destiné à toute personne ayant
écrite : le Test of Written English (TWE). à étudier ou travailler dans un lieu où
Le TWE, d’une durée de trente minutes, l’anglais est langue de communication
sert à compléter les résultats au TOEFL et existe en deux formats : général (tout
pour les candidats désirant poursuivre public) ou académique (inscription
leurs études dans une université améri- dans une université anglophone).
caine, voire canadienne. Il évalue la Les procédures d’élaboration de
capacité à organiser ses idées, argumen- l’IELTS consistent en cinq grandes
ter, utiliser un anglais écrit standard. étapes : commande d’items, sélection,
prétest, analyses des résultats pour la
Les niveaux et les résultats
Pour une inscription dans une uni- 10. International Development program of Australian
versité américaine, le niveau requis au universities and colleges.
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Le TestDaF est l’examen de réfé- Les niveaux du TestDaF
rence pour la langue allemande. Il est et les résultats
destiné à tous ceux qui, disposant déjà Le TestDaF intègre les niveaux allant
de bonnes connaissances de l’allemand, de B 2.1 à C1.2 de l’échelle établie par le
sont désireux de les faire évaluer à des Conseil de l’Europe. Il est recommandé
fins professionnelles, personnelles ou aux candidats d’avoir suivi un appren-
universitaires. Le TestDaF est requis tissage correspondant environ à 700
pour l’inscription dans un établisse- heures de cours d’allemand avant de
ment d’enseignement supérieur. s’inscrire. Le candidat a la possibilité de
L’élaboration des épreuves, l’expéri- se représenter à l’examen autant de fois
mentation et les corrections sont cen- qu’il le souhaite.
tralisées à l’Institut TestDaF. Le contenu Les compétences sanctionnées cor-
fait l’objet d’un réexamen perpétuel en respondent à trois niveaux : TestDaF -
fonction des acquis théoriques en niveau 5 (TDN 5), TestDaF - niveau 4
méthodologie de l’évaluation en langue. (TDN 4), TestDaF - niveau 3 (TDN 3).
L’Institut TestDaF est chargé de la Pour accéder à des études supé-
gestion des centres agréés TestDaF rieures l’étudiant devra obtenir le
(soixante-cinq pays). TDN 5. En deçà de ce niveau, le candidat
Les quatre types de compétence lin- pourra être admis à poursuivre des
guistique sont évalués : compréhension études supérieures sous condition de
et expression écrites et orales. Ces participation à des cours de langue alle-
quatre compétences font chacune mande.
120 l’objet d’un examen distinct, afin d’éta- À un niveau inférieur au TDN 3, le
blir un profil de compétences linguis- TestDaF ne procède plus à une évalua-
tiques différencié. tion différenciée, mais constate simple-
La compréhension écrite : capacité ment que le candidat n’a pas atteint le
du candidat à comprendre des textes niveau minimum requis pour entre-
rencontrés dans le domaine universi- prendre des études supérieures dispen-
taire. Trois exercices, durée soixante sées en allemand.
minutes. Le résultat obtenu à chacune des
La compréhension orale : capacité quatre épreuves correspondantes se
du candidat à comprendre le contenu trouve mentionné séparément sur le
d’énoncés sonores extraits du monde certificat obtenu par le candidat. Le
universitaire. Trois exercices, quarante niveau global apparaît également.
minutes. Dorothée Dupleix
L’expression écrite : capacité du can-
didat à s’exprimer par écrit de manière Le TCF : Test de connaissance
structurée : décrire un document (gra- du français
phique, tableaux, diagrammes) et argu- Le Centre international d’études
menter, soixante minutes. pédagogiques (CIEP), répondant à la
L’expression orale : capacité du can- demande du ministère de l’Éducation
didat à s’exprimer dans diverses situa- nationale, de l’Enseignement supérieur
tions de communication typiques du et de la Recherche, a mis au point un
contexte universitaire. Quatre parties, outil d’évaluation rigoureux, simple et
trente minutes. rapide d’utilisation, qui répond d’une
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les auteurs
Les auteurs
Dossier
Marc Fort
Inspecteur général de l’Education nationale. [marc.fort@education.gouv.fr]
Pierre-Louis Gauthier
Inspecteur d’académie (H), membre de l’association francophone d’éducation comparée.
[afec.bureau@club-internet.fr]
Jan Kuriata
Directeur de l’Institut franco-polonais de Koszalin, Pologne.
Marie J. Myers
Professeur à la Faculté d’éducation de l’université Queen’s, Canada. [myersmj@educ.queensu.ca]
Margaret Sutherland
Professor émérite, university de Leeds, Royaume-Uni. [mb.sutherland@virgin.net]
Daïsuke Sonoyama
Professeur à l’université de Oïta, Japon. [sonoyama@cc.oita-u.ac.jp]
Xiaohui Wang
Professeur à la Beijing Normal University, International and Comparative Education Research Institute.
[wang_education@sina.com]
Repères
Cecile De Bary
Université de Nice. [cecile@debary.nom.fr]
Cécile de Bouttemont
Centre de ressources documentaires du CIEP. [bouttemont@ciep.fr]
N° 37 - décembre 2004
numéros disponibles
◗ NUMÉROS ANCIENS (1 À 28) : à commander directement au CIEP, 1 avenue Léon Journault, 92 318 Sèvres cedex.
Prix : 12,20 € par numéro (frais d'envoi compris). Bon de commande téléchargeable sur le site : http://www.ciep.fr/ries.
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Établissement ................................................................................ Votre n° de téléphone (obligatoire) si envoi à votre adresse
n° - rue (mention obligatoire)......................................................... personnelle en France : I_I_I_I_I_I_I_I_I_I_I
......................................................................................................
2005
n° 38 : L’orientation (avril) 47 2906 7 13,50 €
n° 39 : La formation des élites (septembre) 47 2907 5 13,50 €
n° 40 : L’éducation dans le monde. Bilans, débats, perspectives (décembre) 47 2908 3 13,50 €
Frais d’envoi France et DOM-TOM par numéro 3,00 €
Frais d’envoi à l’étranger par numéro 7,00 €
TOTAL
Règlement joint par : ■ bon administratif pour paiement par l’établissement
■ chèque ■ carte bancaire à réception de facture
n° I—I—I—I—I I—I—I—I—I I—I—I—I—I I—I—I—I—I cachet de l’organisme payeur :
Sur le site Internet du CIEP, le CRD diffuse des ressources et des produits
documentaires
• Une base de données bibliographique http://www.ciep.fr/bdd de 22 000 no-
tices interrogeable selon différents critères : auteur, titre, mot-clé, support et
langue.
• Un service de réponse en doc@ciep.fr
• La « sélection du mois » qui recense les ouvrages reçus dernièrement et les
articles de revues
• Des bibliographies thématiques http://www.ciep.fr/bibliographie (évaluation
des systèmes et des structures, chef d’établissement, pédagogie du projet,
système éducatif chinois) et des sitographies.
Conception graphique, mise en page et impression
bialec, nancy (France)
Dépôt légal n° 61485 - décembre 2004