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Les qualités

organoleptiques
de la viande bovine
Bases scientifiques
pour une bonne
utilisation culinaire
Cahiers

Sécurité
des
Aliments

- CIV Décembre 2004

Cahiers

Sécurité
des
Aliments
Avant-propos S ommaire
Première partie : Les différentes étapes
Avec ce quatrième fascicule de la Collection “ Cahiers Sécurité des Aliments ”, de l'obtention de la viande
le Centre d’Information des Viandes vous propose une information facilement  1. De l’élevage à l’abattoir ——————————————————————————————————————————————————————————————— 2
accessible sur les qualités organoleptiques de la viande bovine, fondée sur des  1.1. L’élevage : la diversité du cheptel bovin français —————————————————————————— 2
 1.2. La préparation de la carcasse ———————————————————————————————————————————————— 3
données scientifiques.  1.3. A l’abattoir, une première évaluation qualitative de la carcasse ————————— 3
 2. La transformation du muscle en viande —————————————————————————————————————————————— 4
Les qualités organoleptiques recouvrent les propriétés sensorielles des viandes,
 2.1. Le muscle ——————————————————————————————————————————————————————————————————————— 4
qui sont à l’origine des sensations de plaisir associées à leur consommation :  2.2. L'évolution du muscle après l’abattage : la maturation de la viande ————— 6
la couleur, la flaveur, la jutosité et la tendreté. Deuxième partie : Les qualités organoleptiques
Nous détaillons, dans la première partie du Cahier, les étapes successives
de la viande bovine
 1. La couleur de la viande ———————————————————————————————————————————————————————————————— 8
qui conduisent du muscle à la viande, et nous décrivons comment la structure et
 1.1. Les bases structurales de la couleur ———————————————————————————————————————— 8
la composition du muscle conditionnent les qualités organoleptiques de la viande  1.2. Les facteurs de variation liés à l’animal et le rôle de l'éleveur ——————————— 9
bovine.  1.3. Les techniques mises en œuvre par les professionnels ——————————————————— 10
 1.4. La cuisson : ultime modification de la couleur de la viande —————————————— 10
Dans une deuxième partie, nous montrons que les qualités organoleptiques  2. La flaveur de la viande ————————————————————————————————————————————————————————————————— 11
de la viande bovine dépendent de la conjonction de nombreux facteurs, impliquant  2.1. Les bases structurales de la flaveur ———————————————————————————————————————— 11
à la fois la rigueur et le savoir-faire de l’éleveur, de l’abatteur, du transformateur  2.2. Les facteurs de variation liés à l’animal et le rôle de l'éleveur ——————————— 11
 2.3. Les techniques mises en œuvre par les professionnels ——————————————————— 11
et du boucher, et, bien entendu, le talent du cuisinier.  2.4. La cuisson : étape indispensable à l'expression de la flaveur ———————————— 12
 3. La jutosité de la viande ———————————————————————————————————————————————————————————————— 12
Enfin, en troisième partie du Cahier, quelques conseils de cuisson et préparation
 3.1. Les bases structurales de la jutosité ———————————————————————————————————————— 12
culinaire des différents morceaux permettront au consommateur de savourer  3.2. Les facteurs de variation liés à l’animal et le rôle de l'éleveur ——————————— 12
une viande bovine dont il aura su préserver, voire bonifier, les qualités  3.3. Les techniques mises en œuvre par les professionnels ——————————————————— 12
organoleptiques.  3.4. La cuisson : éviter l’assèchement de la viande ———————————————————————————— 12
 4. La tendreté de la viande ——————————————————————————————————————————————————————————————— 13
 4.1. Les bases structurales de la tendreté ——————————————————————————————————————— 13
 4.2. Les facteurs de variation liés à l’animal ———————————————————————————————————— 13
 4.3. Les techniques mises en œuvre par les professionnels ——————————————————— 14
Déjà parus dans la collection “Cahiers Sécurité des Aliments” :
 4.4. La cuisson : deux façons de révéler la tendreté ———————————————————————————— 14
 Micro-organismes et parasites des viandes. Les connaître pour les maîtriser. CIV. 2002 ;
 Encéphalopathies spongiformes des ruminants et santé publique. CIV. 2002 ;
Troisième partie : Quelques conseils pour apprécier
 Maîtrise de l’hygiène dans la filière viande. De l’éleveur au consommateur. CIV. 2003. les qualités gustatives de la viande bovine
 1. Bien choisir son morceau et son mode de cuisson ————————————————————————————————— 16
 2. Les différents modes de cuissons : principes et conseils ————————————————————————— 17
 2.1. Les cuissons rapides —————————————————————————————————————————————————————————— 17
Nous remercions les membres du Conseil scientifique du Centre d’Information des Viandes pour leurs avis et  2.2. Les cuissons lentes ——————————————————————————————————————————————————————————— 18
commentaires.
Sites Web utiles ——————————————————————————————————————————————————————————————————————————————— 19
Glossaire ——————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————— 19
Bibliographie —————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————— 20
Les qualités organoleptiques de la viande bovine - Bases scientifiques pour une bonne utilisation culinaire
Les différentes étapes de l’obte ntion de la viande
En France, l’élevage bovin compte plus de 250 000 éleveurs pour le plus grand cheptel 1.2. LA PRÉPARATION graisses externes, afin d’améliorer la rature inférieure ou égale à 7°C à
DE LA CARCASSE présentation de la carcasse : c’est cœur est ensuite maintenue tout au
européen : près de 20,5 millions d’animaux. Avec une consommation moyenne estimée à l’émoussage. long du stockage des carcasses.
15,4 kilogrammes par habitant et par an (source OFIVAL, statistiques 2003), la viande bovine • Avant l’abattage Toutes ces opérations se font sous le
est la favorite des Français. Les animaux, propres et en bonne contrôle continu des agents des
santé, sont transportés vers l’abattoir. Services vétérinaires. L’équipe 1.3. A L’ABATTOIR, UNE
Cette première partie présente les étapes successives de la préparation de la carcasse puis Embarquement, transport, débarque- d’inspection des Services vétérinaires PREMIÈRE ÉVALUATION
de l’évolution du muscle et sa transformation en viande. Après l’abattage, le muscle est le ment et attente dans les étables de est présente tout au long des périodes QUALITATIVE DE LA
l’abattoir peuvent être des sources de de travail pour, d’une part, contrôler
siège de phénomènes physico-chimiques qui vont progressivement modifier ses propriétés et CARCASSE
stress pour les animaux, qui nuiraient les bonnes conditions d’hygiène de
plus particulièrement ses qualités organoleptiques. à leur bien-être et pourraient avoir l’abattage, et, d’autre part, assurer une À la fin des opérations d’abattage,
des conséquences défavorables sur inspection sanitaire systématique avant d’être dirigées vers la chambre
la qualité de la viande. C’est pourquoi froide de ressuage, les carcasses
1. De l’élevage à l’abattoir une réglementation très stricte encadre
des animaux avant l’abattage et de
chaque carcasse et des viscères reconnues salubres par les agents
des Services vétérinaires sont pesées
toutes ces étapes et chaque partenaire correspondant à la fin des opérations
1.1. L’ÉLEVAGE : regroupent de nombreux produits de la filière viande (éleveur, marchand d’abattage. Le respect des mesures puis classées et marquées par des
provenant de différentes catégories 1 de bestiaux, transporteur, abatteur, de lutte contre l’ESB est de même agents qualifiés. Ces derniers sont
LA DIVERSITÉ inscrits sur une liste d’aptitude tenue
d’animaux en fonction de leur âge et …) veille à ce qu’elles se déroulent continuellement contrôlé (voir le n°3
DU CHEPTEL BOVIN de leur sexe, et de différents types LES TROIS dans les meilleures conditions de la collection “Cahiers sécurité des à jour par l’Ofival et bénéficient d’une
FRANÇAIS raciaux (voir encadré 1). GRANDS TYPES possibles, conformément aux textes Aliments” du Centre d’Information formation continue pour éviter toute
Dans le langage courant, on parle RACIAUX CHEZ réglementaires en vigueur et aux des Viandes “Maîtrise de l’hygiène divergence entre abattoirs. Ces opéra-
souvent de viande de “bœuf”, mais LES BOVINS accords interprofessionnels sur le dans la filière viande. De l’éleveur au tions peuvent également être réalisées
les viandes bovines commercialisées respect du bien-être des animaux : consommateur”.). à l’aide d’un appareil de mesure ou
• les races à viande, dont le durée du transport, densité de d’une machine à classer agréée par
Illustration 1 lait des mères est unique- chargement, aménagement des • Le ressuage le ministère de l’agriculture.
Les catégories de bovins ment destiné à la croissance camions (voir le dossier édité par le Le refroidissement des carcasses, Cette procédure est standardisée à
Age à l’abattage de leur veau, et qui sont Centre d’Information des Viandes : appelé ressuage, est effectué immé- l’échelon communautaire, et 3 critères
sélectionnées pour leur qua- Transport et bien-être des ruminants). diatement après l’abattage. Il consiste sont retenus pour juger de la qualité
< 6 mois* lités bouchères. Exemples : A leur arrivée à l’abattoir, les animaux à amener les carcasses à une tempé- des carcasses qui seront commercia-
la Charolaise, la Limousine, sont déchargés et placés en bouverie rature à cœur inférieure ou égale à lisées :
VEAU DE BOUCHERIE la Blonde d’Aquitaine ou • leur poids,
Mâle ou femelle
pour une période de repos où ils sont 7°C, température réglementaire au-
encore la Salers, la abreuvés à volonté. dessus de laquelle ces dernières ne • leur conformation,
Gasconne, l’Aubrac, … • leur état d’engraissement.
peuvent pas quitter l’abattoir pour
• les races laitières, sélec- • L’abattage être transportées vers un atelier de
18 à 24 mois
tionnées pour leur production L’abattage des bovins commence par découpe ou un lieu de commercia- • Le poids de la carcasse
de lait qui est essentiellement l’immobilisation pour éviter toute lisation. Le poids de la carcasse après réfrigé-
JEUNE BOVIN
Mâle non castré destiné à la consommation blessure, puis l’animal est insensibilisé Le refroidissement des carcasses est ration est calculé en enlevant 2% au
humaine. Exemples : la avant d’être saigné, ce qui rend l’opéra- obligatoire pour des raisons sanitaires, poids mesuré avant le ressuage pour
GENISSE Prim’Holstein, la Jersiaise et tion indolore. car le froid permet d’inhiber la multi- tenir compte des pertes d’eau par
36 mois Femelle n’ayant
la Bretonne Pie Noire. évaporation au cours du refroidisse-
pas vêlé La carcasse est ensuite préparée sur plication des micro-organismes. Il doit
• les races dites “mixtes”, la chaîne d’abattage : les opérateurs pour cela être réalisé suffisamment ment. Le poids de la carcasse froide
BŒUF GROS BOVINS
Mâle castré sélectionnées pour les deux procèdent à l’arrachage du cuir, puis rapidement, mais, pour ne pas risquer représente en moyenne 55% du poids
critères à la fois, elles sont retirent les autres parties de l’animal d’altérer la tendreté de la viande, la de l’animal vivant, encore appelé poids
aussi réputées pour leur qui ne sont pas consommables. chute de la température ne doit pas vif : c’est le rendement à l’abattage.
TAUREAU 5 à 10 ans VACHE production de lait que pour Après ouverture des cavités abdo- être trop brutale. Aussi, la descente
Mâle non castré
en moyenne Femelle leur viande. Exemples : la minales et thoraciques, ils effectuent en température des carcasses est • La conformation de la carcasse
Agé de + de 24 mois ayant vêlé
Normande, la Montbéliarde, l’éviscération, c’est-à-dire le retrait des donc finement pilotée afin de maîtriser Evaluer la conformation de la carcasse
… différents viscères. la qualité bactériologique de la viande consiste à décrire son aspect extérieur
2

3
* conformément aux cahiers des charges en vigueur en France Enfin, ils enlèvent une partie des sans nuire à sa tendreté. Une tempé- pour définir l’importance relative des
Les qualités organoleptiques de la viande bovine - Bases scientifiques pour une bonne utilisation culinaire
Illustration 2 chiffre) est obligatoire par marquage externe autour du muscle, appelée Illustration 3
de la carcasse sur chacun des quartiers : aponévrose, que le boucher enlève
Le rendement de l’abattage et de la découpe de la carcasse soit par estampillage à l’encre alimen- lorsqu’il pare la viande achetée par le Structure du muscle
taire, soit par des étiquettes inviolables consommateur. Cette enveloppe
muscles : 70 % muscle tissu conjonctif (1er niveau)
et solidement attachées. En France, s’épaissit aux extrémités du muscle pour
une structure interprofessionnelle, former les tendons qui le rattachent tissu conjonctif (2ème niveau)
55 % Normabev, est chargée depuis juin aux os. Le tissu conjonctif constitue
Animal Carcasse os 2003 du contrôle de la présentation, ainsi une véritable armature interne
de la pesée, du classement et du et externe qui confère au muscle une fibres
marquage des carcasses de gros certaine résistance. musculaires
graisses de découpe bovins dans tous les abattoirs. Le tissu conjonctif est essentiellement
constitué de collagène, une protéine
déchets (tendons, En fonction du marché, un prix au fibreuse qui joue un rôle important
aponévroses...) kilogramme est déterminé pour dans l’évolution de la tendreté des
chaque classe. Poids et critères de viandes après leur cuisson. Une
qualité ont donc essentiellement une cuisson rapide et sèche, sur le gril
masses musculaires par rapport au de la carcasse importance économique car c’est par exemple, provoque sa contrac- myofibrille
squelette. La conformation donne L’état d’engraissement de la carcasse d’eux que dépend la rémunération de tion et donc un “durcissement” de la
donc une assez bonne estimation du s’évalue d’après la quantité de graisse l’éleveur, mais ils ne permettent que viande, tandis qu’une cuisson lente
rendement en viande de la carcasse. externe déposée sous la peau, appelée très peu de préjuger des qualités et humide, en pot-au-feu par exemple,
Les profils musculaires (profils “gras de couverture”, et la quantité de organoleptiques finales de la viande le solubilise en gélatine. On comprend filaments épais
rebondis, rectilignes ou concaves, graisse interne, à l’intérieur des cavités destinée au consommateur. aisément que la teneur et le degré de de myosine
selon le cas) et l’épaisseur des abdominales et thoraciques. Ce critère Cependant, il existe un lien entre l’état solubilité du collagène déterminent les
masses musculaires de la cuisse, du donne indirectement une information sur d’engraissement de la carcasse et la catégories de muscles (voir deuxième
dos et de l’épaule sont appréciés, ce le rendement en viande. Comme pour la teneur en lipides de certains muscles, partie chapitre 4).
qui permet le classement de la conformation, il existe une grille commu- teneur qui peut influencer des qualités Le tissu conjonctif contient également
carcasse selon une grille communau- nautaire de classement des carcasses organoleptiques comme la flaveur ou des adipocytes, cellules qui stockent
taire avec attribution d’une lettre. selon leur état d’engraissement avec encore la jutosité de la viande. De plus, les lipides. C’est dans le tissu
attribution d’un chiffre de 1 à 5. il semblerait que les animaux de très conjonctif, entre les faisceaux et/ou
bonne conformation fournissent une entre les fibres musculaires, que se
filaments minces d’actine
Tableau 1 : Tableau 2 : viande plus tendre que les autres. dépose le gras musculaire au cours
Classes de conformation Classes d’état d’engraissement de l’engraissement de l’animal.
Conformation classe Etat d’engraissement classe Illustration 4
Excellente E Très faible 1 • Mécanisme de contraction
La contraction du muscle résulte Le mécanisme de contraction à l’échelle moléculaire
Très bonne U Faible 2 d’une interaction entre l’actine et la
Bonne R Moyen 3 myosine de façon coordonnée dans Tête de myosine
• L’état d’engraissement
Assez bonne O Fort 4 chacune de ces fibres musculaires,
Médiocre P Très fort 5 avec glissement des filaments d’actine
L’indication du classement (lettre + par rapport aux filaments de myosine, 1. La tête de myosine se lie
ce qui conduit à un raccourcissement au myofilament d’actine.

2. La transformation du muscle en viande des myofibrilles. La contraction du


muscle, suivie de sa relaxation,
Filament d’actine

demande une consommation impor-


2.1. LE MUSCLE Les fibres musculaires, longues pigment rouge de nature protéique
tante d’énergie dans les cellules
cellules dotées d’une activité comprenant un atome de fer. Ce Filament de myosine
Pour bien comprendre l’évolution du contractile, sont regroupées en pigment assure le stockage et le musculaires. L’énergie nécessaire
muscle après l’abattage, il nous faut provient de la dégradation du glucose 4. La tête de myosine est 2. Phase active : la tête de myosine
faisceaux de taille variable. Chaque transport de l’oxygène au sein de la mise sous tension. pivote et se replie en tirant le filament
rapidement décrire sa structure et sa fibre présente de nombreux brins, cellule musculaire. et/ou du glycogène (polymère de d’actine.
composition, et le mécanisme de sa appelés myofibrilles, constitués Le tissu conjonctif assure le soutien glucose, molécule de réserve), soit
contraction du vivant de l’animal. essentiellement de deux types de de la structure du muscle en enrobant par voie oxydative aérobie (utilisation Tête de myosine
filaments protéiques : les filaments chaque fibre musculaire, chaque d’oxygène), soit par voie anaérobie.
• Description fins d’actine et les filaments épais de faisceau de fibres, et l’ensemble des
Le muscle possède plusieurs niveaux myosine. Les cellules musculaires faisceaux, c'est-à-dire le muscle 3. La tête de myosine se détache.
4

5
d’organisation (voir illustration 3). renferment de la myoglobine, un lui-même. Il forme une enveloppe
Les qualités organoleptiques de la viande bovine - Bases scientifiques pour une bonne utilisation culinaire
2.2. L’ÉVOLUTION des cellules musculaires par voie une acidification normale du muscle. Au cours de la conservation, le durcis- L’acidification du muscle est une libérées permettent un attendrissement
DU MUSCLE anaérobie avec production d’acide Aussi, durant la période précédant sement du muscle est ensuite suivi étape préalable à la maturation. La musculaire progressif par dégradation
lactique. Le métabolisme musculaire l’abattage, les professionnels mettent-ils d’un long processus d’attendrissement chute du pH entraîne la libération des protéines myofibrillaires.
APRÈS L’ABATTAGE : se poursuit après la mort de l’animal, tout en œuvre pour réduire les naturel : cette période est appelée la d’enzymes dans le cytoplasme des
LA MATURATION mais, après la saignée, le muscle dépenses physiques et les stress maturation. fibres musculaires. Les enzymes
DE LA VIANDE n’est plus approvisionné en oxygène. responsables de la diminution en gly-
Après l’abattage, le muscle est le La production de l’énergie nécessaire cogène musculaire et ainsi éviter une
siège de phénomènes physico- aux contractions et à la relaxation mauvaise évolution du muscle et de 2
chimiques qui vont modifier sa des cellules musculaires ne peut se la qualité de la viande. LA MATURATION DE LA VIANDE :
structure, sa composition et ses faire que par voie anaérobie, en UNE ÉTAPE INCONTOURNABLE
propriétés, dont tout particulièrement dégradant le glycogène musculaire • L’évolution de la dureté :
ses qualités organoleptiques. Sa en acide lactique. Dans le même temps, Après l’abattage, la plasticité du
transformation en viande, encore l’acide lactique produit s’accumule muscle change : le muscle perd son
dans le muscle, provoquant son acidi- élasticité et se rigidifie progressivement Qu’est-ce que la maturation ?
appelée la maturation, est essentiel-
lement le résultat de la variation du fication progressive. jusqu’à un stade de raidissement La maturation est un processus d’attendrissement naturel de la viande. Elle résulte de phénomènes
pH et de la plasticité du muscle. maximal appelé rigidité cadavérique enzymatiques qui dégradent progressivement les myofibrilles (sans modification du collagène). La viande
Après une courte phase de pantelance Figure 2 : ou rigor mortis, atteint environ 24 s’attendrit d’autant plus que la maturation dure longtemps.
où les fibres musculaires se contractent Le processus heures après l’abattage.
C’est également au cours de cette période que se forment les précurseurs des arômes et de la saveur
de façon désordonnée, entraînant un d’acidification du muscle Lors de la contraction du muscle, la de la viande. La maturation de la viande améliore donc à la fois sa tendreté et ses propriétés gustatives.
épuisement de leurs réserves énergé- myosine, en hydrolysant l’ATP, subit
tiques, le muscle se rigidifie et entre un changement de conformation : sa
dans la phase de rigidité cadavé- Comment est-elle conduite ?
tête pivote en déplaçant le filament
rique. Ensuite, progressivement, sous Glycogène musculaire d’actine auquel elle s’est liée. Pour Pour les carcasses correctement refroidies à une température inférieure ou égale à 7°C, la maturation
= réserves en sucre
l’effet de différentes enzymes tissu- assurer la relaxation du muscle, il débute dans les 24 à 48 heures après l’abattage. Selon la précocité des opérations de découpe et de
laires, le muscle va se transformer en accumulé ENERGIE faut une nouvelle consommation travail de la viande, on distingue deux modes de conduite de la maturation :
viande aux qualités organoleptiques dans le muscle (ATP)
d’énergie pour que la myosine retrouve
appréciées : c’est la phase de matu- Acide lactique sa conformation initiale et se détache • La maturation “sur os” :
ration proprement dite. du filament d’actine (voir illustration 4).
La carcasse est conservée en chambre froide pendant une à trois semaines. La maturation a lieu pendant
Or, après l’abattage de l’animal, les
• L’évolution du pH : réserves de glycogène s’épuisent et ce stockage. Après cette période, la carcasse est découpée, la viande travaillée, conditionnée, puis
Le pH musculaire, ou degré d’acidité La bonne acidification du muscle est commercialisée.
la production d’énergie devient
du muscle, chute dans les 24 à 48 essentielle pour la qualité de la viande,
insuffisante ; il n’y a plus assez d’ATP
heures après la mort de l’animal : il d’une part, en ralentissant la multi-
disponible pour permettre le relâche- • La maturation sous-vide :
passe d’une valeur proche de la plication des micro-organismes et
ment entre les molécules de myosine et Le transformateur découpe la carcasse et travaille la viande rapidement après l’abattage (après le
neutralité, de l’ordre de 7, dans le favorisant la bonne conservation de
d’actine. D’où une perte des propriétés
muscle vivant, à 5,5/5,7 environ, 24 la viande, d’autre part, en permettant ressuage plus précisément). La viande ainsi découpée et travaillée est plus sensible aux altérations ;
élastiques du muscle, qui se rigidifie
à 48 heures après l’abattage. une bonne maturation de la viande une maturation suffisamment longue ne peut alors s’envisager que sous-vide. La viande réfrigérée est
progressivement jusqu’au stade de
et l’acquisition des qualités organo- donc conditionnée immédiatement après la découpe. Le conditionnement sous-vide permet d’allonger
rigor mortis.
Figure 1 : leptiques recherchées : couleur,
les durées de conservation, et donc de maturation, jusqu’à 1 ou 2 mois.
jutosité, flaveur et tendreté. Pour
Evolution du pH musculaire cela, les réserves en glycogène du Figure 3 :
après l’abattage muscle doivent être suffisantes au Evolution de la dureté
pH moment de l’abattage. du muscle après l’abattage
7.0 Un muscle qui s’acidifierait mal, dont Dureté
le pH resterait supérieur ou égal à 6 Rigidité cadavérique
6.5
pH initial pH 24h après l’abattage, donnerait une viande
6.0
collante et sombre, du fait d’une
5.5 capacité de rétention d’eau anorma- Maturation
Temps lement élevée. On appelle ces viandes
246 20 24 (heures)
des “viandes à coupe sombre”.
Abattage
Ce phénomène peut se produire
Temps
lorsque les réserves en glycogène de 2 7 10 (jours)
Cette acidification provient de l’utilisa- l’animal au moment de l’abattage (température de conservation de la carcasse ≤ 7°C)
6

7
tion des réserves en sucre (glycogène) sont insuffisantes pour permettre
Les qualités organoleptiques de la viande bovine - Bases scientifiques pour une bonne utilisation culinaire
Les qualités organoleptiques de la viande bovine
Cette deuxième partie détaille les critères de qualité de la viande bovine recherchés par le 3 1.2. LES FACTEURS DE
consommateur. Ce sont essentiellement ses qualités organoleptiques, qualités perçues par POURQUOI LA VIANDE FINIT-ELLE VARIATIONS LIÉS À
nos sens, mais aussi ses qualités culinaires, caractérisant l’aptitude de la viande à être L’ANIMAL ET LE RÔLE
PAR “BRUNIR” ? DE L’ÉLEVEUR
préparée et cuisinée.
• La nature même de l’animal ou du
Quatre principaux critères définissent les qualités organoleptiques de la viande bovine : il muscle
La myoglobine peut prendre trois formes chimiques, selon son
s’agit de la couleur, de la flaveur, de la jutosité et de la tendreté. C’est l’âge de l’animal qui détermine
état d’oxydo-réduction (état de l’atome de fer) et d’oxygénation la quantité de pigment musculaire :
Différents facteurs, à différentes étapes de la filière, sont susceptibles d’influencer ces (fixation ou non d’oxygène). celle-ci augmente avec l’âge et la
critères : précocité (c’est-à-dire l’aptitude à
• Une viande de bœuf fraîche présente en surface une belle atteindre rapidement l’âge adulte,
• des facteurs biologiques : ce sont les caractéristiques de l’animal et caractéristique qui dépend notam-
couleur rouge vif qui est celle du pigment oxygénée :
du muscle lui-même ; ment du sexe du bovin et de sa race).
l’oxymyoglobine.
En effet, plus l’animal est précoce,
• des facteurs zootechniques : il s’agit des pratiques d’élevage ; • Au cœur du morceau, il n’y a pas d’oxygène : la myoglobine plus il atteint rapidement sa pigmen-
• des facteurs technologiques : ce sont les transformations conduites après est sous forme réduite et la viande présente une couleur tation définitive, donc plus la pigmen-
rouge sombre, pourpre. tation de ses muscles est intense à
l’abattage ;
• Enfin, quelques millimètres sous la surface, la pression partielle un âge donné.
• des facteurs culinaires : il s’agit des modalités de préparation et de cuisson en oxygène est faible, mais non nulle. La myoglobine est La pigmentation des muscles dépend
de la viande. également de la nature du muscle.
alors sous forme oxydée, de couleur brune, appelée
Elle est donc variable d’un muscle à
metmyoglobine. Pratiquement invisible sur la viande fraîche, l’autre. Le rumsteck et la bavette sont,
1. La couleur de la viande cette mince couche brune tend à se développer au fil de la
conservation par oxydation progressive du pigment.
par exemple, plus pigmentés que le
faux-filet et le rond de gîte.
La préservation d’une belle couleur rouge durant la conservation est primordiale pour la La quantité de pigment musculaire
Le passage de la forme oxygénée à la forme réduite est totalement dépend exclusivement de ces facteurs
viande bovine car elle est fortement liée à la notion de fraîcheur du morceau. biologiques. Elle est donc définiti-
réversible : il dépend uniquement de la présence ou de l’absence
vement fixée au moment de l’abat-
1.1. LES BASES Illustration 5 d’oxygène au contact de la myoglobine. tage, et les opérations effectuées en
STRUCTURALES aval dans la filière n’auront aucune
Qu’est-ce qui détermine la couleur du muscle ?
DE LA COULEUR répercussion sur ce paramètre.
COULEUR observe, au cours de sa conser- fortement la lumière, ce qui lui
Trois principaux facteurs physico- vation, l’apparition progressive confère une couleur rouge sombre. • L’alimentation
chimiques déterminent la couleur de d’un brunissement à sa surface. Lorsque le pH diminue, le muscle L’éleveur ne peut pas modifier la
la viande : Cette altération naturelle de la réfléchit plus la lumière, ce qui lui quantité de pigment musculaire par
• La quantité de myoglobine présente couleur au cours du temps est due confère une couleur plus claire. le biais de l’alimentation donnée aux
dans le muscle : Structure physique à un changement de forme chimique C’est pour cette raison que dans bovins. En revanche, selon certains
Myoglobine (Mb)
La myoglobine est le pigment qui du muscle (liée au pH) du pigment : c’est le phénomène les heures qui suivent l’abattage, le travaux scientifiques, une alimentation
assure le stockage et le transport d’oxydation de la myoglobine (voir muscle, en s’acidifiant, passe du riche en vitamine E, une vitamine
de l’oxygène dans les cellules mus- Quantité encadré 3). rouge sombre au rouge clair. antioxydante, permettrait de limiter
culaires. Elle est à l’origine de la Forme chimique l’oxydation ultérieure de la myoglobine
couleur rouge du muscle : plus il y oxygénation • La structure physique du muscle : et d’augmenter ainsi la stabilité de la
Mb Mb
a de myoglobine dans le muscle, réduite Elle détermine sa capacité à absorber couleur de la viande.
oxygénée
plus le rouge est intense. (pourpre) (rouge vif) et à réfléchir la lumière. Cette • La phase de pré-abattage
ox

• La forme chimique de la
tio

structure dépend du pH dans le


y

Si les étapes précédant l’abattage ne


da

da

myoglobine : Lumière +/-


tio

muscle. Ainsi, lorsque le pH du


ox

faisaient pas l’objet d’une attention


n

Alors que la viande fraîche est absorbée / réfléchie


muscle est proche de la neutralité, toute particulière de la part des
8

9
d’une couleur rouge uniforme, on Mb oxydée (brune) sa structure est telle qu’il absorbe opérateurs, elles pourraient être
Les qualités organoleptiques de la viande bovine - Bases scientifiques pour une bonne utilisation culinaire
préjudiciables à la couleur de la viande.
En effet, comme nous l’avons vu
préparation des pièces de viandes est
détaillée dans le n°3 de la collection
à l’air libre, elle retrouve naturellement
sa belle couleur rouge vif d’origine en 2. La flaveur de la viande
ci-dessus, le transport et les manipu- “Cahiers Sécurité des Aliments” du quelques minutes, la myoglobine
lations des bovins depuis leur départ Centre d’Information des Viandes : retrouvant sa forme oxygénée.
La perception de la flaveur met en jeu le goût et l’odorat. La flaveur est un ensemble
de l’élevage jusqu’à l’abattoir peuvent “Maîtrise de l’hygiène dans la filière - Donner la priorité à la couleur de complexe de sensations, formé des saveurs perçues par les papilles de la langue et des
conduire à une diminution de leurs viande. De l’éleveur au consommateur”. la viande : arômes perçus par voie rétro-nasale lorsque le morceau de viande est en bouche.
réserves en glycogène musculaire, le Ces bonnes pratiques d’hygiène Certains conditionnements exploitent
glycogène étant mobilisé lors de permettent de limiter au maximum la la présence d’oxygène pour que la 2.1. LES BASES - Chez un bovin, les dépôts de graisses 2.3. LES TECHNIQUES
l’activité physique et sous l’action de contamination bactérienne de la couleur de la viande soit optimale au ne se répartissent pas uniformément
certaines hormones sécrétées en viande et d’assurer de ce fait la moment de l’achat : c’est le cas du
STRUCTURALES MISES EN ŒUVRE PAR
entre les muscles : certains muscles
réponse au stress. stabilité de sa couleur. conditionnement sous film étirable, DE LA FLAVEUR deviennent plus facilement gras,
LES PROFESSIONNELS
Pour que l’évolution des viandes Lors du travail de la viande, ses qui conserve à la viande sa couleur La flaveur est essentiellement liée au d’autres restent toujours maigres. • Une conservation qui favorise la
après l’abattage ne soit pas altérée, protections naturelles que constituent rouge vif puisqu’elle est au contact gras présent dans le morceau de viande, - D’un bovin à l’autre et pour un maturation
les professionnels prennent un la graisse et le tissu conjonctif sont de l’oxygène de l’air. C’est aussi le et en particulier au gras intramusculaire. même état d’engraissement, la Les professionnels veillent à ce que
ensemble de précautions qui limitent retirées lors du parage. Le muscle cas du conditionnement sous Les graisses comprennent des composés teneur en graisse d’un muscle la maturation dure suffisamment
les perturbations émotionnelles ainsi mis “à nu” est plus sensible à atmosphère protectrice avec oxygè- qui évoluent lors de la conservation de donné peut varier. longtemps car elle est essentielle
(stress, peur…) de même que les l’oxydation et risque de s’assombrir. ne, qui exacerbe la couleur rouge vif la viande et se transforment au cours La teneur en gras du muscle augmente pour le développement de la flaveur.
dépenses physiques des animaux : Par conséquent, la viande travaillée de la viande car la forte teneur en oxy- de la cuisson pour donner à la viande avec le degré de maturité de l’animal C’est au cours de cette étape que les
chargement et débarquement des doit être conditionnée rapidement de gène augmente la stabilité du pig- sa flaveur caractéristique. Plus la teneur car la graisse musculaire se dépose composés précurseurs de la flaveur
animaux dans le calme, qualité de la manière à la protéger de l’oxydation. ment. La durée de conservation de en graisses dans le muscle est impor- tardivement. Les bovins les plus âgés se forment par dégradation progressive
conduite des bétaillères, repos et ces viandes est cependant inférieure tante, plus la flaveur de la viande est présentent donc les muscles les plus des constituants de la graisse de la
abreuvement à volonté des animaux • Une conservation au froid à celle des viandes conditionnées intense. Cela est vrai jusqu’à un seuil “persillés”. Le persillé représente la viande.
en étable à leur arrivée à l’abattoir. Tout au long de la conservation, la sous-vide. de dix pour cent au-delà duquel la partie visible de la graisse intramus- Le maintien correct de la chaîne du
Ces mesures permettent à la fois température de la viande est mainte- flaveur n’évolue plus. culaire de la viande. Une viande froid, à chaque étape, par l’ensemble
d’assurer le respect du bien-être de nue la plus proche possible de 0°C 1.4. LA CUISSON : La fraîcheur des graisses est aussi persillée est donc une viande parsemée des intervenants de la filière viande,
l’animal et d’obtenir les qualités (entre 0 et 5°C) afin de ralentir ULTIME MODIFICATION déterminante pour la flaveur car de minces filets de graisse. Les muscles permet de ralentir l’oxydation des
organoleptiques de la viande, recher- l’oxydation du pigment et la multipli- l’oxydation des lipides au cours de la des femelles sont aussi plus persillées graisses, phénomène qui conduit à
chées par le consommateur. cation des bactéries.
DE LA COULEUR
conservation de la viande peut provoquer que ceux des mâles car elles sont l’apparition de flaveurs désagréables
DE LA VIANDE l’apparition de mauvais goûts comme plus précoces. (les acides gras insaturés y sont
1.3. LES TECHNIQUES MISES • Différents types de conditionnement La coloration de la viande est modifiée un goût de rance par exemple. A noter que l’âge de l’animal a une particulièrement sensibles).
EN ŒUVRE PAR LES Pour le choix du conditionnement, à partir d’une température de 45°C. A noter également que la composition influence sur la composition en acides Enfin, le conditionnement sous-vide
les professionnels doivent mettre en Au cours de la cuisson de la viande, en acides gras (mono/poly insaturés) gras des graisses déposées : la est particulièrement intéressant pour
PROFESSIONNELS balance deux paramètres : l’oxygène l’élévation de la température engendre des graisses influence la flaveur : les teneur en acides gras poly-insaturés le développement de la flaveur.
La qualité bactériologique de la viande confère à la viande fraîche sa belle une dénaturation de ses protéines, acides gras poly-insaturés conféreraient augmenterait avec l’âge. D’une part, il prolonge la durée de
influence sa coloration car le phéno- couleur rouge, attrayante, mais, en c’est-à-dire une modification de leur une flaveur plus marquée à la viande. conservation donc la durée de matu-
mène d’oxydation de la myoglobine contrepartie, réduit sa durée de structure. La myoglobine subit cette Enfin, au cours de la maturation de la • L’alimentation et la finition des ration de la viande, d’autre part il
(donc de brunissement) est accéléré conservation en favorisant les dénaturation et précipite avec d’autres viande, des composés précurseurs animaux évite l’oxydation des graisses.
lorsque des bactéries se développent oxydations et les altérations bacté- protéines dénaturées pour former les d’arôme sont formés lors de l’évolution L’éleveur peut augmenter l’état
à la surface de la viande. riennes. pigments bruns caractéristiques de la d’autres molécules du muscle comme d’engraissement du bovin en assurant • Le travail du boucher
En protégeant les morceaux de viande - Donner la priorité à la durée de viande cuite. les protéines ou encore les nucléotides. une “finition” suffisante des animaux, Même si c’est essentiellement la
de l’oxygène et en limitant le dévelop- conservation : Lorsque la température de cuisson est c’est-à-dire en leur apportant des graisse intramusculaire qui confère à
pement des micro-organismes, les Le conditionnement sous-vide protège supérieure à 90°C, d’autres réactions 2.2. LES FACTEURS rations riches en énergie pendant la la viande sa flaveur, la présence de
techniques mises en œuvre par les la viande de l’oxydation par l’absence chimiques comme la caramélisation période au cours de laquelle les graisse intermusculaire l’accentue.
professionnels de la filière ralentissent
DE VARIATIONS LIÉS À
d’oxygène, ce qui augmente considé- des sucres et les réactions de Maillard dépôts de graisses sont les plus Le boucher effectue donc un parage
l’oxydation du pigment de la viande rablement la durée de conservation (réactions entre sucres réducteurs et
L’ANIMAL ET LE RÔLE importants. limité des viandes provenant d’animaux
et retardent son brunissement. La du produit. Mais en l’absence d’oxygène, fonctions amines libres) interviennent DE L’ÉLEVEUR L’éleveur peut également modifier la plus maigres afin de préserver la
stabilité de la couleur de la viande la myoglobine se trouve à l’état dans l’accentuation du phénomène de • L’état d’engraissement de l’animal composition des graisses du bovin graisse intermusculaire.
est ainsi assurée au cours de sa réduit, et la viande conditionnée brunissement de la viande. et la nature du muscle par la maîtrise de l’alimentation.
conservation. sous-vide prend une couleur rouge En général, la quantité de graisse Chez les animaux jeunes, les phases
sombre. Cette couleur peut surprendre intramusculaire augmente avec l’état de pâturage ou l’apport de rations
• Découpe et travail de la viande le consommateur, mais il faut savoir d’engraissement global de l’animal. pauvres en énergie permettraient
La maîtrise de l’hygiène par les que ce phénomène est totalement Cette relation est en fait plus subtile, d’augmenter la quantité d’acides
professionnels au cours de la découpe, réversible. Après ouverture de la tout dépend du type de muscle et de gras poly-insaturés et d’intensifier
10

11
du désossage de la carcasse et de la barquette, lorsque la viande est remise l’animal : ainsi la flaveur de la viande.
Les qualités organoleptiques de la viande bovine - Bases scientifiques pour une bonne utilisation culinaire
2.4. LA CUISSON :
ÉTAPE INDISPENSABLE
lors de la cuisson, les composés
précurseurs formés au cours de la
rôle dans le développement de la
flaveur : d’une part, elle “fournit” des 4. La tendreté de la viande
maturation se transforment en acides gras précurseurs qui, en s’oxy-
À L’EXPRESSION composés non volatils responsables dant au cours de la cuisson, seront à La tendreté est la facilité avec laquelle la viande est découpée, déchirée et broyée pendant
DE LA FLAVEUR de la saveur et en composés volatils l’origine de molécules aromatiques et la mastication.
à l’origine des arômes. Les conditions sapides, d’autre part, elle accentue
La viande crue n’a qu’une flaveur 4.1. LES BASES
peu prononcée, liée à la présence de
de cuisson, la température et la durée la flaveur de la viande en piégeant 4
sels minéraux et d’éléments dissous.
du traitement thermique modifient la certains composés volatils libérés à STRUCTURALES LE COLLAGÈNE, RESPONSABLE
nature et la concentration des composés la cuisson, jouant ainsi le rôle de
Pour donner à la viande sa flaveur, DE LA TENDRETÉ
volatils. La graisse joue un double solvant. DE LA DURETÉ DU MUSCLE
La tendreté de la viande dépend de
Figure 4 : Processus de développement de la flaveur deux éléments constitutifs du muscle :
- Le collagène : constituant essentiel
composés du tissu conjonctif, cette protéine Le collagène est une protéine de structure fibreuse, qui possède
volatils odeur
CUISSON très résistante confère au muscle sa plusieurs niveaux d’organisation : une fibre de collagène est un
MATURATION réaction de Maillard + dureté de base. Le morceau est faisceau de fibrilles, chacune de ces fibrilles étant elle-même
précurseurs nouveaux
oxydation des lipides + d’autant plus dur que la quantité de un faisceau de microfibrilles constituées d’un grand nombre
de la flaveur précurseurs composés non volatils collagène est importante et que ce d’unités de tropocollagène. Chaque unité de tropocollagène est
ou saveur
composés volatils piégés collagène est insoluble (voir
elle-même composée de trois chaînes polypeptidiques torsadées.
par la graisse encadré 4).
- Les myofibrilles : elles subissent, au On peut comparer ces enroulements successifs d’hélices aux
cours de la maturation de la viande, ficelles d’un cordage, et cette structure explique que les fibres

3. La jutosité de la viande une désagrégation naturelle sous


l’effet des enzymes libérées et activées
de collagène présentent une grande résistance à la tension.

Illustration 6
par l’acidification du muscle, ce qui
La jutosité de la viande est une caractéristique perçue lors de sa mastication. provoque un attendrissement du
3.1. LES BASES nature du muscle et la catégorie de est réalisée en milieu sec pour les muscle (voir première partie 2.2). La
STRUCTURALES bovin. L’état d’engraissement dépend, morceaux à cuisson rapide : un allon- maturation est une étape essentielle fibrille
entre autres, du degré de maturité de gement de la durée et/ou une augmen- pour révéler la tendreté des muscles
DE LA JUTOSITÉ l’animal. C’est pour cela que la viande tation de la température de cuisson pauvres en collagène. Au contraire, elle
On distingue la jutosité initiale ou de veau peut quelquefois paraître un conduisent non seulement à un n’attendrit que très peu les muscles microfibrille
première jutosité, quantité de suc peu sèche en bouche car elle provient durcissement mais aussi à un assè- riches en collagène, puisque la
musculaire qui s’écoule dans la bou- d’animaux jeunes. chement du morceau par accentuation dégradation enzymatique touche les
che aux premières mastications, et la du phénomène d’exsudation de la protéines des myofibrilles et non
jutosité finale ou seconde jutosité, • L’alimentation et la finition des viande. En pratique, on constate que celles du tissu conjonctif.
engendrée par la salivation. La première animaux les pertes de jus sont faibles lorsque Ainsi, plus les muscles sont riches en
jutosité dépend de la teneur en eau Un état d’engraissement suffisant la température de la viande à cœur collagène plus ils sont durs. A contrario,
doit être recherché pour diminuer le hélice de
de la viande et plus particulièrement est comprise entre 40°C et 50°C, plus les muscles sont pauvres en fibre de collagène tropocollagène
de l’eau dite “liée” aux protéines risque de produire des viandes sèches. alors qu’elles sont nettement plus collagène plus ils sont tendres, à
musculaires qui demeure dans le marquées au-delà de 60°C. condition qu’ils subissent une
produit aussi bien après hachage 3.3. LES TECHNIQUES Afin de préserver la jutosité d’une maturation suffisante.
La structure fibreuse, mais aussi la triple localisation du collagène
qu’après cuisson. C’est le gras intra- MISES EN ŒUVRE PAR viande, sa cuisson en milieu sec doit
musculaire qui est essentiellement donc être modérée et rapide. On peut 4.2. LES FACTEURS (il entoure chaque fibre musculaire, chaque faisceau de fibres
LES PROFESSIONNELS
impliqué dans la seconde jutosité, par cependant conseiller d’appliquer une DE VARIATION LIÉS et le muscle tout entier), confèrent au muscle sa résistance et
son action stimulante de la sécrétion Le boucher effectue un parage limité forte chaleur en tout début de cuisson,
À L’ANIMAL sa dureté. Plus le muscle est riche en collagène, plus il est dur.
salivaire. des viandes provenant des bovins les pour favoriser la formation d’une
plus maigres afin de préserver un La dureté du muscle dépend également de la solubilité du
croûte à la surface de la viande par La quantité de collagène dans le
peu de graisse intermusculaire, collagène. Cette solubilité est déterminée par le degré de
coagulation des protéines superfi- muscle permet de distinguer des
3.2. LES FACTEURS bénéfique pour la jutosité. cielles. Cette “croûte” permet ensuite muscles pauvres en collagène, réticulation du collagène et du nombre et de la nature des liaisons
DE VARIATION LIÉS À de limiter l’exsudation pendant une essentiellement situés sur l’arrière intra et intermoléculaires qui se créent. Plus la cohésion est
L’ANIMAL ET LE RÔLE 3.4. LA CUISSON : cuisson plus longue à température de la carcasse, et des muscles plus forte entre les fibrilles et entre les fibres, c’est-à-dire plus le
DE L’ÉLEVEUR ÉVITER L’ASSÈCHEMENT modérée. riches en collagène, plutôt situés sur degré de réticulation est important, moins le collagène est soluble
DE LA VIANDE l’avant. De plus, la tendreté de la viande et moins la viande sera tendre.
• L’état d’engraissement dépend de facteurs biologiques tels
12

13
La seconde jutosité de la viande est La cuisson doit faire l’objet de toutes que l’âge et le sexe de l’animal.
liée à son persillé, qui varie avec la les attentions, notamment lorsqu’elle
Les qualités organoleptiques de la viande bovine - Bases scientifiques pour une bonne utilisation culinaire
La solubilité du collagène diminue avec la carcasse sans altérer la tendreté de - Les muscles particulièrement riches • Pour les muscles riches en colla- de la viande doit dépasser 80°C à “gélatinise”. La présence d’eau est
l’âge car, lorsque le bovin vieillit, le la viande, ils appliquent au préalable en collagène sont quant à eux gène : une cuisson prolongée cœur. indispensable à la gélatinisation du
degré de réticulation de son collagène une stimulation électrique à la carcasse. destinés à une cuisson lente en Pour attendrir les morceaux riches en Ceci trouve sa justification dans le fait collagène et l’attendrissement de la
augmente (voir encadré 4), et les Cette stimulation accélère l’épuisement milieu liquide, comme par exemple collagène, leur cuisson doit être longue, qu’à partir de 80/90°C, le collagène viande est d’autant plus important
muscles, surtout ceux riches en des réserves glucidiques du muscle le pot-au-feu. à l’eau ou à la vapeur. La température est dénaturé, se solubilise et se que la cuisson est longue.
collagène, deviennent plus durs. et par conséquent la chute du pH.
D’autre part, les femelles fournissent De plus, le savoir-faire du boucher
en moyenne une viande plus tendre • Une conservation qui favorise la est primordial pour augmenter la
que les mâles, les bœufs occupant maturation tendreté d’une viande : Figure 5 : Maîtrise de la tendreté : les principaux facteurs déterminants
logiquement une position intermédiaire. La norme NF V 46-001 définit des - Quelle que soit la nature du muscle,
durées minimales de maturation à le boucher pare le morceau : pour
maturation cuisson rapide
4.3. LES TECHNIQUES respecter afin de valoriser la tendreté cela il retire le collagène qui le
et modérée
MISES EN ŒUVRE PAR des viandes bovines : recouvre sous forme d’aponévroses
(T°C < 60°C)
- Si la maturation s’effectue “sur os”, de couleur blanc nacré.
LES PROFESSIONNELS c’est-à-dire sous forme de carcasses - Par la technique dite de “l’affranchi”, Muscle pauvre
La teneur en collagène du muscle ou demi-carcasses conservées dans le boucher isole la partie centrale améliore préserve
en collagène
caractérise le potentiel de tendreté des chambres froides de l’abattoir, du muscle, moins riche en collagène
de la viande. Les transformations elle dure au minimum une semaine que le reste du muscle, pour mieux
technologiques mises en œuvre par (mais n’excède pas 3 semaines en la valoriser. Il différencie les “zones” TENDRETÉ
les professionnels visent donc à : général). tendres du muscle des “zones”
- préserver la tendreté des muscles - Si la carcasse est découpée rapi- plus dures par simple pression du
pauvres en collagène, en veillant au dement après l’abattage (2 ou 3 pouce.
bon déroulement de la maturation, jours après), la viande est immé-
- améliorer la tendreté des muscles diatement conditionnée sous vide, 4.4. LA CUISSON : DEUX préparation cuisson longue
riches en collagène. puis conservée au froid, pour une FAÇONS DE RÉVÉLER de la viande en milieu humide
maturation minimum de 10 jours.
• La conduite du ressuage Le conditionnement sous-vide est
LA TENDRETÉ (T°C > 80°C)
Certes, à l’abattoir lors du ressuage, particulièrement intéressant pour • Pour les muscles pauvres en Muscle riche améliore améliore
le refroidissement des carcasses doit l’expression de la tendreté : en collagène : une cuisson rapide et en collagène
être suffisamment rapide pour des augmentant considérablement la modérée
raisons sanitaires. Cependant une durée de bonne conservation de la Pour préserver la tendreté des
réfrigération trop brutale est tout aussi viande, il permet de prolonger la morceaux pauvres en collagène, leur TENDRETÉ
préjudiciable et les professionnels maturation. cuisson doit être rapide et la tempé-
veillent à ne pas abaisser la tempé- rature de la viande ne doit pas
rature de la carcasse en dessous de • Le travail des viandes dépasser 60°C à cœur.
10°C pendant les 10 premières heures Le travail des viandes au cours du Ceci trouve sa justification dans le
qui suivent l’abattage. En effet, un désossage et de la découpe permet fait qu’au cours de la cuisson, la
refroidissement trop rapide pourrait de séparer les muscles ou groupes dureté de la viande augmente légère-
entraîner un durcissement des muscles de muscles en plusieurs catégories, ment à partir de 40°C et de façon
appelé une “contracture au froid”, en fonction de leur teneur en tissu significative au-delà de 60°C. Ce
“cryochoc” ou encore “cold shortening”. conjonctif et en collagène et donc en durcissement s’explique par deux
Ce phénomène se produit lorsque la fonction de leur destination culinaire : phénomènes :
température du muscle descend en - Les muscles peu riches en collagène - La résistance des myofibrilles, qui
dessous de 10°C alors que le pH est peuvent être soumis à une cuisson est très faible dans la viande crue,
encore supérieur à 6. Cela conduit à rapide, soit une grillade, soit un augmente au cours de la cuisson.
une entrée en rigidité cadavérique rôtissage. Les fibres diminuent de diamètre
des muscles à l’état hyper-contracté. - Les muscles plus riches en collagène et se raccourcissent lorsque la
Par la suite, la maturation ne permet sont, soit destinés à une cuisson température augmente : la viande
pas d’obtenir un attendrissement plus lente en atmosphère humide durcit. Ce phénomène est cependant
satisfaisant de ces viandes. Leur comme le braisage qui permet la moins marqué lorsque la viande
potentiel de tendreté est altéré de solubilisation du collagène, soit uti- est bien maturée.
manière irréversible. lisés après un attendrissage méca- - Une rétraction du collagène se pro-
Lorsque les opérateurs souhaitent nique comme le hachage ou le duit entre 55°C et 70°C.
14

15
effectuer une réfrigération rapide de broyage.
Les qualités organoleptiques de la viande bovine - Bases scientifiques pour une bonne utilisation culinaire
Quelques conseils pour appréci er les qualités gustatives
de la viande bovine
1. Bien choisir son morceau et son mode 2. Les différents types de cuissons :
de cuisson principes et conseils
La grande diversité des morceaux de viande bovine permet de varier les plaisirs. Tous ces conseils culinaires pratiques reposent sur des bases scientifiques rigoureuses et
Comme nous l’avons expliqué ci-dessus, pour bien savourer un morceau, il convient de sur une connaissance précise des facteurs qui influencent la tendreté de la viande, sa
choisir le mode de cuisson qui lui est le plus adapté en fonction de sa richesse en flaveur et sa jutosité lors de sa cuisson.
collagène.
• Les morceaux peu riches en collagène (morceaux essentiellement situés sur les parties 2.1. LES CUISSONS température est ici plus progressive rapidement par coagulation des
RAPIDES à cœur, ce mode de cuisson est protéines superficielles lorsque l’on
arrières de la carcasse) exigent une cuisson rapide afin de préserver leur tendreté : ce adapté aux morceaux de viandes saisit la viande, réduit les pertes
sont des morceaux “à griller”, “à poêler” ou “à rôtir”. Ce mode de cuisson convient aux plus épais. d’eau au cours de la cuisson, ce qui
• Les morceaux riches en collagène (plutôt situés sur les parties avant de la carcasse) morceaux potentiellement tendres. préserve la jutosité de la viande.
Les cuissons rapides s’effectuent en Qu’il s’agisse d’une grillade ou d’un Il convient ensuite de préserver la
requièrent en revanche une cuisson prolongée pour exprimer leur tendreté par chaleur sèche, sans ajout d’eau, et rôti, on commence toujours par “saisir” tendreté et la jutosité de la viande en
solubilisation et transformation en gélatine du collagène : ce sont des morceaux on distingue : le morceau, la poêle étant préchauffée baissant le feu et en poursuivant par
“à braiser” ou “à bouillir”. • Le grillage à feu vif, ou le four préchauffé à 250- une cuisson modérée et rapide qui
Il soumet la viande à des chaleurs 300°C. Cette étape est très importante permet de maintenir une température
▼ à griller ou poêler vives sans utilisation de matières car lorsqu’on saisit le morceau, il brunit inférieure à 60°C au cœur du morceau.
Illustration 7
◆ à rôtir grasses et provoque une coagulation en surface ce qui permet le dévelop- En effet, au-delà d’une température
Morceaux repérables sur la silhouette d’un bovin ● à braiser rapide et une coloration des protéines pement de la flaveur. En effet, une de 60°C, la viande durcit en raison
(faces externes de la carcasse) ■ à bouillir
de surface, puis une coagulation à température élevée à la surface de la d’une rétraction du collagène et d’un
1. collier ● ■ 17. mouvant ▼ cœur en fonction des temps d’exposi- viande déclenche les réactions de raccourcissement des fibres muscu-
2. basses côtes ▼ ● 18. jarret (gîte de tion à la chaleur.
3. côte ▼ derrière ● ■ Maillard, à l’origine du changement laires. C’est également au-delà de
4. entrecôte ▼ 19. aiguillette • Le poêlage de couleur et de la formation des cette température que les pertes de
5. faux-filet ▼ ◆ baronne ▼ ◆ Il consiste à cuire la viande dans une molécules aromatiques et sapides jus de la viande sont les plus impor-
6. filet ▼ ◆ 20. onglet ▼ poêle ou sur une plaque chauffante
7. rumsteck ▼ ◆ 21. hampe ▼ de la viande. tantes, ce que l’on constate pour les
8. queue ● ■ 22. bavette d'aloyau ▼ (entre 100°C et 150°C), par contact De plus, la croûte qui se forme viandes “bien cuites”.
9. rond de gîte ◆ ● 23. bavette avec un corps gras, la plaque ou la
10. tende de tranche ◆ de flanchet ▼ poêle étant huilée. Ce mode de cuisson
aloyau 11. poire ▼ 24. flanchet ■
est particulièrement bien adapté aux
5
12. merlan ▼ 25. plat-de-côtes ■
cuisse 13. gîte à la noix ◆ ● 26. tendron ■ steaks. QUELQUES CONSEILS POUR
14. araignée ▼
15. plat de tranche ▼ ◆
27. milieu de poitrine ■
28. gros bout
LES CUISSONS RAPIDES
avant
16. rond de tranche ▼ ◆ de poitrine ■ Avec le gril ou la poêle, la température
obtenue à cœur du morceau à l’issue • Toujours bien préchauffer le gril, la poêle ou le four.
Morceaux repérables sur la face interne de la cuisson en définit le degré de • Ne pas piquer la viande pendant qu’elle cuit pour éviter une
d’une demi-carcasse, après la fente de la carcasse cuisson : 45°C (bleu), entre 50°C et perte de jus.
morceaux 54°C (saignant), entre 55°C et 60°C • Arroser fréquemment un rôti avec son jus pendant la cuisson,
indiqués sur la 14 toutes les 5 minutes environ (ne pas ajouter d’eau).
5 3-4 2 1 (à point), au-delà de 62°C (bien cuit).
silhouette • Ne saler qu’à partir de la mi-cuisson pour préserver une bonne
29. macreuse à bifteck ▼ ◆ ●
10 11 6
20 jutosité de la viande.
30. paleron ● ■ 12 • Le rôtissage
18 • Laisser reposer la viande après cuisson (quelques minutes
31. jumeau à bifteck ▼ 21 Rôtir la viande consiste à la cuire
32. macreuse à pot-au-feu ● ■ 28
pour un steak, 15 minutes au moins pour un rôti) pour
33. jumeau à pot-au-feu ■ morceaux de la face interne
dans un four par contact avec l’air à permettre à la viande de se décontracter, les fibres musculaires
34. jarret (gîte de devant) ● ■ de la cuisse 34 des températures comprises entre s’étant contractées au cours de la cuisson, et d’améliorer ainsi
16

17
morceaux de l’intérieur de la carcasse
220°C et 250°C. La montée de la sa tendreté.
Sites Web utiles

Les qualités organoleptiques de la viande bovine - Bases scientifiques pour une bonne utilisation culinaire
Association nationale interprofessionnelle du bétail
et des viandes (Interbev)
www.interbev.asso.fr
2.2. LES CUISSONS LENTES On conseille souvent de placer le En pratique, on commence par faire
morceau de viande dans l’eau revenir la viande à feu vif afin que Centre d’Information des Viandes (CIV)
Traditionnellement, les morceaux seulement quand elle est bouillante, s’opère le brunissement de surface www.civ-viande.org
riches en collagène font l’objet d’une plutôt que de l’immerger dès le permettant la formation des arômes
cuisson lente et plus longue. Qu’il Institut national de la recherche agronomique (INRA)
départ dans l’eau froide. Cette par réactions de Maillard. www.inra.fr
s’agisse d’une blanquette, d’un bœuf pratique permet en effet aux protéines Puis, on associe divers ingrédients
bourguignon ou d’un pot-au-feu, le superficielles de la viande de coaguler dans la braisière, en y ajoutant par Office national interprofessionnel des viandes, de l’élevage
principe de la cuisson est le même : et de l’aviculture (Ofival)
plus rapidement, ce qui limite la exemple des épices et des aromates,

G lossaire
on laisse mijoter longtemps à feu www.ofival.fr
diffusion de ses molécules aromatiques des légumes et une faible quantité
moyen le morceau de viande en dans le bouillon. En revanche, si de liquide (jus de viande, vin blanc…).
présence d’une quantité plus ou l’objectif est d’obtenir un bouillon riche La cuisson très lente s’effectue alors
moins importante de liquide pour le et savoureux, il est alors recommandé à feu doux. Notons que l’acidification
rendre moelleux. de plonger la viande dans l’eau froide que permet l’ajout de vin ou de certains
Ces cuissons prolongées attendrissent pour favoriser la diffusion. légumes comme des tomates favorise
les morceaux de viande car, dans la la solubilisation du collagène et sa
vapeur d’eau ou dans l’eau en ébulli- Il existe également des cuissons
transformation en gélatine. Affranchi : travail consistant à éliminer les parties les plus dures d’un morceau de viande (souvent distales).
tion, le collagène résistant se solubilise traditionnelles plus élaborées, qui
Le braisage préserve et enrichit la Carcasse : corps entier d’un animal de boucherie après saignée, éviscération, ablation des extrémités des
progressivement et est réorganisé en permettent à la viande de s’attendrir
saveur de la viande pour plusieurs membres au niveau du carpe et du tarse, de la tête, de la queue et de la mamelle, et en outre, pour les
un réseau de courts peptides : la tout en conservant sa saveur :
raisons : comme le jus dans lequel bovins, les ovins, les caprins et les solipèdes, après dépouillement.
gélatine. Cette conversion se fait par • La cuisson à l’étouffée baigne la viande est concentré, les Collagène : protéine constituant l’élément principal du tissu conjonctif qui forme l’armature externe et interne
hydrolyse de certaines liaisons Elle consiste à cuire la viande dans molécules aromatiques des légumes des muscles. Il offre une grande résistance et confère à la viande sa dureté de base, donc sa destination culinaire.
covalentes du collagène. La cuisson une atmosphère saturée en vapeur et des herbes diffusent dans la viande. Conformation : caractérisation des profils (de très convexes à très concaves) d’un animal vif ou d’une carcasse.
prolongée entraîne une température d’eau. Contracture au froid : réaction des muscles après abattage sous l’action du froid, pouvant entraîner un
de la viande à cœur supérieure à On commence par faire revenir la durcissement irréversible de la viande.
80/90°C nécessaire à la gélatinisation Cryochoc : voir contracture au froid.
viande à feu vif afin que les réactions Quel que soit le mode de cuisson,
du collagène. Emoussage : pratique consistant à éliminer une partie des gras de couverture des carcasses sur la ligne d’abattage.
de brunissement (réactions de Maillard) le plaisir du consommateur est entier, Etat d’engraissement : quantité de gras externe, interne, intermusculaire et intramusculaire.
La viande, ainsi attendrie, conserve engendrent la formation des arômes grâce à l'expertise des opérateurs, Sur la carcasse, elle est appréciée selon une grille standardisée (classement EUROP) comprenant 5 classes,
toutefois sa texture fibreuse car les caractéristiques de viande grillée. qui permet de préserver et mettre en allant de 1 (très faible) à 5 (très fort).
protéines des fibres musculaires, La viande est ensuite placée en hauteur valeur les qualités organoleptiques Fibre musculaire : unité de base constituant le muscle ; c’est une cellule contenant un dispositif capable de
contrairement au collagène, coagulent dans le panier d’une cocotte au fond de la viande bovine. se contracter et de se relâcher (myofibrilles). De l’évolution des fibres après la mort dépend une partie de la
et sont insolubles. de laquelle on met de l’eau et un tendreté de la viande (maturation).
bouquet garni. La cuisson se faisant Flaveur : ensemble complexe de sensations olfactives et gustatives perçues au cours de la dégustation.
• Le bouilli Elle est couramment assimilée au goût.
à la vapeur, on évite la perte de
Ce mode de cuisson par pochage Gras (= graisse) : tissu de l’organisme spécialisé dans le stockage de l’énergie. On distingue plusieurs types
saveur par diffusion des composés
consiste à faire mijoter la viande à de gras selon leur localisation anatomique.
aromatiques et sapides de la viande.
feu moyen dans un grand volume Gras de couverture : gras sous-cutané.
Au contraire, la saveur de la viande
d’eau à ébullition à peine perceptible, Lipides : composés insolubles dans l’eau ; ce sont les constituants essentiels des gras.
s’enrichit car la vapeur d’eau extrait Maturation : ensemble de phénomènes qui, postérieurement à l’établissement de la rigidité cadavérique,
généralement en présence de légumes
les composés aromatiques du bouquet conduisent à un attendrissement progressif de la viande.
et d’aromates, comme par exemple
garni et ces composés imprègnent Parage : travail sur un morceau de viande, consistant à éliminer les aponévroses et du gras en vue de la
pour le pot-au-feu.
progressivement le morceau. vente au consommateur.
La viande cuite dans un bouillon est
Persillé : partie visible des gras intramusculaires dans la viande.
attendrie, mais elle perd de sa saveur. • Le braisage
pH : état d’acidité d’un produit aqueux ou semi-aqueux, se mesurant sur une échelle de 1 (très acide) à 14
Cela s’explique tout simplement par Contrairement à la viande bouillie qui (très basique). Le pH de la viande décroît de 7 à environ 5,5 au cours des 48 premières heures suivant l’abattage.
le principe physique suivant : dans cuit dans un grand volume de liquide, Pouvoir de rétention d’eau : aptitude de la viande à retenir son eau de constitution.
un milieu donné, les molécules ont le braisage consiste à faire mijoter la Qualités organoleptiques : ensemble des caractéristiques perçues par les sens. Elles comprennent
tendance à migrer, des zones où leur viande dans une faible quantité de notamment les qualités perçues en bouche.
concentration est élevée vers les liquide, dans un récipient clos, à des Ressuage : première phase de la réfrigération, qui a pour but de ramener la température des carcasses et
zones où leur concentration est plus températures de 90°C et au-dessus, abats de 35-38°C (température en fin de ligne d’abattage) à une température inférieure ou égale à 7°C à
faible, jusqu’à ce qu’il y ait équilibre jusqu’à 220°C par exemple en cocotte- cœur pour les carcasses et 3°C pour les abats, pour limiter la prolifération bactérienne.
des concentrations entre les différents minute. Toute sa réussite repose sur Rigidité cadavérique (= rigor mortis) : ensemble de phénomènes qui, au cours des 24 premières heures
“compartiments”. Le bouillon étant peu la réalisation d’un jus de cuisson après l’abattage de l’animal, conduisent à une perte définitive de l’élasticité du muscle et à sa rigidification.
concentré, les molécules aromatiques riche et corsé qui “nourrit” la viande Tendreté : aptitude de la viande à se laisser découper et mastiquer.
Tissu conjonctif : enveloppes externe entourant le muscle (aponévroses) et interne délimitant des groupes
et sapides de la viande qui se sont tout au long de la cuisson. On parle
de fibres (faisceaux musculaires).
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formées au cours de la cuisson vont aussi d’une cuisson en ragoût, comme Viande à coupe sombre : viande caractérisée par un pH élevé (supérieur à 6,0), une couleur rouge sombre
diffuser dans le bouillon. par exemple pour un bourguignon. et un pouvoir de rétention d’eau important.
B ibliographie Le Centre

Cahiers
d'Information Sécurité
Accord interprofessionnel sur le contrôle de la présentation et de la pesée, le classement et le marquage
des carcasses de gros bovins. (17 septembre 2002). Interbev, Paris.
des Viandes Aliments
des

ANONYME (2002). Guide illustré des conditions de travail des viandes (parage et affranchi) décrites
dans les cahiers des charges des démarches interprofessionnelles. Institut de l’Elevage, Interbev, Paris.
Arrêté du 12 novembre 1985 réglementant l’hygiène de la préparation des viandes attendries destinées
à la consommation humaine.

L
e Centre d’Information des Viandes (CIV) est une association de loi 1901.
Arrêté du 26 décembre 2000 relatif à la pesée et à la présentation des carcasses de bovins Plate-forme d'échanges et d’information, il se situe au carrefour des
(J.O. du 29 décembre 2000).
professionnels, des pouvoirs publics et des consommateurs. Il doit sa création, en
C.N.E.R.N.A. Commission “Viandes et produits carnés”. Hygiène et technologie de la viande fraîche. Editions du
centre national de la recherche scientifique. 1982. 1987, à l’Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes (INTERBEV)
CIV. Encéphalopathies spongiformes et santé publique. Coll. Cahiers Sécurité des Aliments. 2002. ainsi qu’à l’Office national interprofessionnel des viandes, de l’élevage et de l’aviculture
CIV. Micro-orgnanismes et parasites des viandes. Les connaître pour les maîtriser. Coll. Cahiers Sécurité des
(OFIVAL). Il a pour mission principale de contribuer à ce que tous les publics aient une
Aliments. 2002. meilleure connaissance des viandes bovine, ovine, porcine et chevaline, de leurs
CIV. Maîtrise de l’hygiène dans la filière viande. De l’éleveur au consommateur. Coll. Cahiers Sécurité des Aliments. produits tripiers et des métiers qui s’y rattachent.
2003.
Décret n°94-808 du 12 septembre 1994 portant application du code de la consommation et relatif à la présentation,
à la pesée, à la classification et au marquage des carcasses des espèces bovine, ovine et porcine Une meilleure information sur la viande est en effet indispensable. Afin de définir la
(J. O. du 17 septembre 1994). nature de cette information, le CIV s’est doté d’un Conseil Scientifique, d’un Conseil
Directive 91/268/CEE du Conseil, du 19 novembre 1991, relative à la protection des animaux en cours de transport Consommateurs et d’un Comité Ethique, constitués de personnes indépendantes de la
et modifiant les directive 91/425/CEE et 91/496/CEE. Journal officiel, L 340 du 11/12/91, 0017-0027.
filière viande et dont la consultation régulière permet d’appliquer une procédure
Directive 95/29/CE du Conseil, du 29 juin 1995, modifiant la directive 91/628/CEE relative à la protection des
animaux en cours de transport. Journal officiel, L 148 du 30/06/095, 0052-0063. rigoureuse de validation des informations diffusées.
Equipe “carcasse et viande” de l’ITEB (1983). Dossier La qualité des carcasses et des viandes. Réussir, 40, 11-40.
FOSTIER B. (1992). Le point sur… la tendreté de la viande de bœuf. Collection Interbev, 1/1992. Institut de l’Elevage, Consommateurs, mais aussi médecins, enseignants, restaurateurs, journalistes sont
Interbev, Paris.
les interlocuteurs du CIV et destinataires, à ce titre, de ses nombreuses actions :
FRENCIA J.-P. (1993). Le point sur… Le froid et la viande. Collection Interbev, 2/1993. ADIV, Clermont-Ferrand ; l’édition de documents scientifiques et grand public sur la viande et ses qualités
Interbev, Paris.
nutritionnelles, sanitaires et gastronomiques, ainsi que sur la réglementation qui
GEB (2002). Productions bovines – Lait et viande – Chiffres clés. Institut de l’Elevage, Paris.
l’entoure ; la réalisation de campagnes de presse d’information ; la mise en place
GENEIX C. (1988). La cuisson de la viande. “Quand les restaurateurs se mettent à table”. Rapport d’études 1987.
ITEB, Villers-Bocage, Interbev, Paris. d’animations pédagogiques et d’actions de proximité pour aller à la rencontre des
GENEIX C., CARTIER P. (1989). La cuisson de la viande rouge : “Quand les restaurateurs se mettent à table”. V.P.C., consommateurs ; la diffusion d’informations lors de conférences, congrès, salons ou de
10(6), 199-202. manifestations grand public …
Grille communautaire de classement des carcasses de gros bovins. Ofival, Paris. Pour en savoir plus et pour découvrir les nombreux documents d’information du CIV,
GRIVEAU E. (1989). La cuisson de la viande. Intensité de la cuisson rendez-vous sur le site Internet : www.civ-viande.org.
LANDRIEU F. (2003) Saveurs de France – La viande, bœuf, veau, agneau et produits tripiers. Editions Herscher,
collection Secrets de dégustation, 287 pages.
LAROCHE M. (1984). Modifications liées au chauffage de la viande. V.P.C., 5(6), 229-234.
Ministère de l’agriculture. Les viandes Hygiène-Technologie. Informations techniques des services vétérinaires. 1984.
Norme française NF V 46-001 (décembre 1996). Viandes de gros bovins. Conditions de valorisation du potentiel de
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QUILICHINI Y. (1990). L’appréciation des carcasses et des viandes par les professionnels - La qualité et les
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Règlement (CEE) n°1208/81 du Conseil du 28 avril 1981, modifié par le règlement n°1026/91 en date du 22 avril
1991, établissant la grille communautaire de classement des carcasses de gros bovins.

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