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L'abbaye de Cluny est une abbaye bénédictine située dans le département français de Saône-et-Loire en région Bourgogne-Franche-
Comté.
Abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul de Cluny
Département Saône-et-Loire
Commune Cluny
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Fondée le 2 septembre 909[n 1] ou 910 par le duc d'Aquitaine et comte d'Auvergne Guillaume Ier, devenue le symbole du renouveau
monastique en Occident, Cluny fut un foyer de réforme de la règle bénédictine et un centre intellectuel de premier plan au Moyen Âge
classique.
Il ne subsiste aujourd'hui qu'une partie des bâtiments, faisant l'objet de protections au titre des Monuments historiques[1] et gérés par le
Centre des monuments nationaux. L'ancienne abbaye dispose du Label du patrimoine européen. Les bâtiments de l'abbaye abritent
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depuis la fin du siècle l'un des huit centres de l'école des Arts et Métiers, grande école d'ingénieurs française.
Fondation
Vers 900, la France était dirigée par la dynastie carolingienne ; mais sous la pression des attaques des Vikings et des Sarrasins, l'autorité
royale s'était fortement affaiblie, et les princes territoriaux et les seigneurs avaient pris leur indépendance de fait. L'effacement du pouvoir
royal était particulièrement prononcé au sud[2]. Dans le Mâconnais, où se trouve le site de Cluny, les seigneurs châtelains et immunistes
contestèrent le pouvoir et choisirent les prélats[3]. L'Église fut prise dans le système féodal et dans l'affrontement entre les abbés et les
évêques au sujet des dîmes. Le clergé régulier fut particulièrement touché par la crise : de nombreux monastères furent victimes des
raids scandinaves et de l'accaparement des aristocrates. La crise était aussi morale puisque la règle de Benoît de Nursie n'était plus
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respectée à la lettre. Écrite au siècle, la règle bénédictine prévoyait que les moines fussent dirigés par un abbé et qu'ils partageassent
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leur temps entre la prière et le travail manuel. Au début du siècle, Benoît d'Aniane tenta de la diffuser dans tous les monastères de
l'Empire carolingien. Mais le travail manuel fut délaissé au profit de la prière. Les laïcs nommèrent des abbés qui leur furent fidèles et
contrôlèrent ainsi les domaines fonciers des établissements réguliers.
L'abbaye fut fondée dans ce contexte, et sur le modèle de celle d'Aurillac, par une charte rédigée à Bourges le 11 septembre 909 ou 910[4],
par le comte de Mâcon, Guillaume Ier, duc d'Aquitaine et comte d'Auvergne, qui la plaça sous l'autorité immédiate du pape[5]. Le comte
octroya une villa située près de Mâcon à Bernon, abbé de Baume-les-Messieurs et de plusieurs monastères dans la région. Ce fut ce
dernier qui choisit le site de Cluny et construisit les premiers bâtiments conventuels avec l'aide de douze moines des abbayes de Gigny
et de Baume[6],[n 2]. L'abbaye fut reconnue comme chef d'ordre par le pape Jean XI, sous l'abbatiat d'Odon en 931.
Guillaume renonça à tous ses droits sur Cluny et permit à l'abbé d'être choisi par les moines. Il plaça la communauté monastique sous le
patronage des apôtres Pierre et Paul de Tarse ; Cluny passa désormais sous la protection directe du pape, sous le pontificat de Serge III.
Ce fut une abbaye immunitaire, c'est-à-dire qu'elle était indépendante à la fois de l'évêque et des seigneurs de la région, et elle ne devait
obéissance qu'au pape. Cet élément joua un grand rôle dans le développement de l'abbaye.
Lors de la fondation, le comte imposa enfin le respect de la règle bénédictine et attendit que les moines priassent pour son salut :
« Je fais ce don stipulant qu'un monastère régulier devra être construit à Cluny […], dont les moines vivront
en communauté selon la règle du bienheureux Benoît. […] Que soit ainsi établi en cet endroit un asile de
prières où s'accompliront fidèlement les vœux et les oraisons. Que soit ainsi recherché et poursuivi, avec une
volonté profonde et une ardeur totale, le dialogue avec le ciel. Que des prières, des demandes et des
supplications y soient sans cesse adressées au Seigneur tant pour moi que pour tous ceux dont j'ai
précédemment évoqué la mémoire[5]. »
Construction de l'abbaye
L'abbaye de Cluny fut construite en plusieurs étapes, numérotées par K.-J. Conant.
Cluny I
L'abbé Bernon, premier abbé de Cluny, commença la construction de l'abbatiale Cluny I en 910. Cluny I fut terminée sous son successeur
Odon et dédicacée avant 927[7]. L’église préexistante de Cluny fut alors convertie en chapelle dédiée à la Vierge Marie[8]. Aujourd'hui, il ne
reste plus rien de Cluny I, qui fut détruite pour laisser place aux édifices de l’abbaye de Cluny II. Des vestiges trouvés en fouilles sous le
bâtiment du XVIIIe pourrait correspondre à la crypte d'un édifice antérieur à Cluny II, difficile à dater. La découverte d'un sarcophage
mérovingien donne peu d'information, dans la mesure où il n'est pas possible de conclure s'il est in-situ ou remployé[9].
Cluny II
Le complexe monastique de Cluny II est connu grâce aux descriptions du Liber Tramitis, un coutumier des années 1035-1040[10]. Le
quatrième abbé de Cluny (954-994), Maïeul de Cluny, construit Cluny II à partir de 963, pour remplacer l'édifice précédent, devenu trop
étroit ; l'église abbatiale fut consacrée en 981[11]. Cluny II se caractérise par un chevet complexe avec plusieurs absidioles et une galilée
(avant-nef), située à l'ouest. Le développement du chevet témoigne de l'essor de la liturgie et des pèlerinages. À la croisée du transept
(étroit) et du vaisseau central (large), s'élevait un haut clocher, du type de celui qui subsiste à Chapaize. Cette disposition du clocher au-
dessus de la croisée devint la règle quasiment absolue pour toutes les églises romanes de la région.
Deux autres sanctuaires furent élevés dans son voisinage. Un petit édifice tréflé était la chapelle cémétériale, sous le vocable de Notre-
Dame du cimetière, ou bien du Saint-Sépulcre. Communiquant au chapitre, une grande chapelle (40m de long) était aussi dédiée à la
Vierge, cette fois-ci pour les dévotions de la communauté et pour les infirmes. Elle fut probablement construite autour de 1080-1090[9].
Cluny III
Article détaillé : Cluny III.
La construction de Cluny III débuta vers 1080 sous l'abbatiat de Hugues de Semur. L'expansion de l'Ordre, le nombre de moines sans
cesse croissant assistant aux offices, et les chantiers imposants ouverts dans toutes les abbayes rivales, voire de simples prieurés,
rendirent obsolète l'abbatiale de Maïeul, décrite comme « bergerie étroite et vétuste » dans la Vie de saint Hugues par Geilon vers 1115.
En 1088 eut lieu la pose symbolique d'une première pierre. En 1095, le pape Urbain II consacra deux pierres d'autel et trois chapelles au
milieu du chantier. La nef fut fermée et dédicacée en 1130, mais l'édifice était loin d'être achevé : le bras nord du transept, les tours et
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l'avant-nef furent, au mieux, commencés à cette date. Interrompu au cours de la deuxième moitié du siècle, le chantier reprit au début
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du siècle et vit l'achèvement de l'immense avant-nef en 1220 par l'abbé Rolland I de Hainaut, de style gothique. L'abbatiale devint
alors, pour trois siècles, le plus grand édifice religieux d'Occident (187 mètres de long[13]), jusqu'à la reconstruction de la basilique Saint-
Pierre de Rome en 1506.
Le plan de l'édifice est en forme de croix archiépiscopale : il y a deux transepts. Le grand transept, dont un bras subsiste aux trois quarts,
était long à lui seul comme une petite cathédrale. Il était surmonté de trois clochers : le « clocher de l'Eau bénite » surplombe toujours le
bras sud, le « clocher des Bisans » surplombait le bras nord, et enfin le « clocher du Chœur », le plus imposant de tout l'édifice, couronnait
la croisée centrale. Plus loin vers l'est, au milieu du chœur, se trouvait un petit transept, appelé « transept matutinal », qui subsiste aussi
en partie. Son croisillon central était surmonté d'une tour, dite « Tour des lampes », dont la fonction est mal définie : elle comportait en
effet un tambour octogonal sans aucune ouverture, surmonté d'une flèche[14].
La nef était encadrée par quatre collatéraux et la voûte s'élevait à 33 mètres au-dessus du sol[13].
Histoire de l'abbaye
L'apogée ( e – e
siècles)
Article détaillé : Ordre de Cluny.
Pendant l'abbatiat d'Odon de Cluny (927-942), Cluny obtient le droit de battre monnaie et un grand nombre de monastères bénédictins se
rassemblent sous son autorité[15]. Odon met en place la bibliothèque et l'école. De son temps, les donations sont quasiment multipliées
par quatre (21 donations sous l’abbé Bernon, 82 sous Odon) et leur accroissement continue sous Mayeul (620 donations), Odilon (613
donations) et Hugues (786 donations). Une part importante de ces donations concerne des moulins, outils de production générateurs de
revenus notables et sûrs, qui font l'objet de 44 % des donations entre 910 et 1156[16],[n 3].
Pendant les quarante années d'abbatiat de saint Mayeul, ses liens avec le Saint-Empire favorisent l'extension de l’Ecclesia cluniacensis
vers l'est. Mayeul est certainement l'un des conseillers écoutés d'Hugues Capet, duc puis roi des Francs, ce qui lui permet de réformer
des monastères et d'y placer des abbés réguliers. Enfin, il poursuit les relations qu'Odon avait nouées avec la papauté.
Sous l'abbatiat d'Odilon de Mercœur (994-1049), Cluny devient un seigneur et obtient un privilège d’exemption octroyé par le pape
Grégoire V en 998. Ce privilège, qui permet à l'abbaye d'être indépendante de l'évêque de Mâcon, est prolongé par Jean XIX en 1024.
L'abbatiat de Pons de Melgueil (1109-1122) est marqué par les crises internes de l'ordre clunisien, dues à la concurrence de l'érémitisme
et de nouveaux ordres (cisterciens et chartreux).
Le 6 mars 1058, le pape Étienne IX confirme le privilège monétaire de Cluny. Les statuts d'Hugues V de Cluny (1199-1207) organisent un
chapitre généralement annuel. L'ordre clunisien était structuré en un réseau de « provinces ». À son apogée, l'Église de Cluny compte
environ 10 000 moines répartis dans 1 200 établissements[17] répandus depuis le nord de l’Angleterre jusqu'à l’Espagne, en passant par
l'Italie et le Saint-Empire romain germanique.
Le 25 octobre 1095 fut solennellement proclamé le ban sacré de l'abbaye de Cluny, par le pape Urbain II. À la demande de l'abbé Hugues
de Semur, le pape assigna autour de l'abbaye un espace de paix auquel il donna le nom de ban sacré, dont le contour s'appuyait sur dix
points caractéristiques de l'environnement (espace inviolable intégrant plusieurs doyennés)[18].
Le succès de Cluny, qui essaima dans toute la chrétienté latine, était dû à son émancipation du pouvoir seigneurial et épiscopal, mais
aussi à l'action de ses abbés, qui connurent une longévité exceptionnelle. Sa situation géographique, à la charnière entre Europe du Nord
et du Sud, entre royaume de France et Empire, était également favorable.
L'abbaye s'enrichit rapidement grâce aux dons des fidèles. Elle est un lieu de pèlerinage important, avec plus de mille reliques
vénérées[19]. Alphonse VI octroie une rente annuelle de 100 000 deniers clunisiens vers 1077[20]. Les autres revenus de l'abbaye
proviennent des droits seigneuriaux et banaux qu'elle prélève et des sommes versées par ses prieurés.
Son réseau de prieurés, doyennés et granges assure le maillage de ses importants domaines, et est à l'origine d'un important patrimoine
bâti, dont il subsiste encore de nombreux édifices qui témoignent de l'organisation économique médiéval. Ces structures domaniales se
mettent en place dès le XIe siècle, et sont mentionnées dans les coutumes : le decannus (doyenné) se situe jusqu'à une demi-journée de
marche de Cluny, et dépendent directement du grand-prieur de l'abbaye. La plupart de ces sites se situaient de part et d'autre de la
Grosne[21].
[24]
des œuvres patristiques et des maîtres carolingiens, parmi lesquels Jean Scot Erigène . Sous l'abbatiat de Pierre le Vénérable qui fait
agrandir l'hospice et l'infirmerie[25], elle est plus importante que celle de l'abbaye du Mont-Cassin en Italie[26]. On pouvait y trouver des
textes latins (Tite-Live, Ovide, Cicéron), mais aussi des livres de médecine ou de musique.
C'est à Cluny que Raoul Glaber rédige la plus grande partie de ses Histoires à partir de 1031. Les abbés sont aussi des auteurs. Odon de
Cluny produit une Vie de Géraud d’Aurillac. Les moines clunisiens écrivent aussi des récits hagiographiques. La chancellerie de l'abbaye
produit plusieurs cartulaires ainsi que les coutumes de l'établissement. Le Guide du pèlerin a sans doute été écrit par Aymeri Picaud à
Cluny au siècle[27].
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Cluny est aussi un centre d'études de premier ordre. Le droit romain est resté vivant par l'étude de fragments de textes juridiques datant
du règne de Justinien Ier[28]. Les thèses néoplatoniciennes y survivent et nourrissent la réflexion sur l'organisation de la société. Les
chapiteaux du déambulatoire de l'abbatiale de Cluny III figurent les arts libéraux, autrement dit les disciplines enseignées au Moyen Âge.
Enfin de l'abbaye sortent des personnages éminents tels que le pape Urbain II.
Hôtes illustres
Gélase II
Eugène III
Abélard
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Du siècle à la Révolution
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À partir du siècle, Cluny connut des difficultés financières importantes, provoquées en grande partie par la construction de la
troisième abbatiale. La charité aux pauvres augmenta les dépenses. Le rayonnement de l'abbaye s'affaiblit progressivement devant la
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montée d'autres ordres religieux (cisterciens, puis mendiants au siècle). La mauvaise gestion des terres, la réticence des filiales à
payer le cens annuel furent autant de sources de revenus en moins. L'établissement leva des emprunts et finit par s'endetter auprès de
ses créanciers, marchands de Cluny ou Juifs de Mâcon[29]. Les conflits avec les prieurés se multiplièrent et l'autorité du pape devint plus
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pesante. Au siècle, le pape nommait fréquemment les abbés. Les crises de la fin du Moyen Âge et les guerres de religion au
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siècle affaiblirent un peu plus l'abbaye. Les moines vivaient dans le luxe et ne furent plus qu'une soixantaine au milieu du
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siècle[30]. À partir du concordat de Bologne en 1516, le roi choisit l'abbé de Cluny.
En 1789, l’abbaye devint bien national à la suite du décret du 2 novembre 1789 qui mit les biens de l’Église à la disposition de la Nation.
La période révolutionnaire fut fatale à l'ensemble des édifices monastiques et à son église. Les révolutionnaires détruisirent l'édifice qui
était en bon état à l'aide de mines dès 1791 en ayant préalablement vendu les tapisseries et le mobilier, ainsi que les objets du
culte [réf. nécessaire]. Les archives furent brûlées en 1793 et l'église fut livrée aux pillages. Le domaine de l'abbaye fut vendu en 1798 pour
2,14 millions de francs. En dépit de diverses initiatives lancées pour protéger l'abbaye de la destruction[n 4], son abbatiale fut peu à peu
démolie. Le 8 mai 1810, on fit exploser la façade et le grand portail. L'abbaye servit de carrière de pierres jusqu'en 1813 pour les maisons
du bourg. Il ne reste plus, de nos jours, que 8 % de l'édifice initial.
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Le siècle
Dans les années 1860, à l'initiative du ministre de l'Instruction publique Victor Duruy, Cluny fut dotée d'une école normale spéciale, qui
s'installa dans les édifices de l'ancienne abbaye et dont la première rentrée eut lieu le 1er novembre 1866[31].
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Le siècle
Le 11 août 1944, la ville est bombardée et une bombe dégage la place devant l'avant-nef[32].
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Aujourd'hui, il ne reste que des édifices construits aux et siècles, notamment un cloître, ainsi qu'une petite partie de l'abbatiale
dite Cluny III. De cette dernière ne subsistent que les bras sud du grand et du petit transept, ainsi que le clocher de l'Eau bénite, qui coiffe
le croisillon sud du grand transept. On peut voir aussi les restes des tours des Barabans, qui encadraient le portail, et les parties basses
de l'avant-nef. Tout cela représente moins de 10 % de la surface de Cluny III qui fut la plus grande église de l'Occident jusqu'à la
construction de Saint-Pierre de Rome, cinq siècles plus tard. L'abbaye abrite depuis 1901 un centre Arts et Métiers ParisTech
(anciennement ENSAM) formant des ingénieurs des arts et métiers.
En 1926, l'archéologue américain Kenneth John Conant commence ses recherches sur l'abbatiale. À partir de 1927, il reprend les fouilles
menées avant la Première Guerre mondiale par Edmond Malo, architecte en chef des Monuments historiques pour la Bourgogne. Ses
fouilles se poursuivirent jusqu'en 1950, financées par la Medieval Academy of America[34]. Conant publia sa monographie avec les
dessins de restitutions en 1968. À propos de cet édifice, il écrivit que « c'était un témoin de l'art roman supérieur à tout autre »[35]. Dès
1938-1940, une maquette est réalisée à partir des hypothèses de Conant : les parties disparues sont restituées en volume au moyen
d'une armature métallique. Cette maquette est exposée à la Cité de l'architecture et du patrimoine, dans la section consacrée à la
Bourgogne romane.
De nouvelles fouilles, menées en 1991-1992, furent effectuées dans des cours intérieures (Galilée, chapelle de la congrégation) et
permirent de dégager des élévations encore importantes de structures secondaires liées aux abbatiales de Cluny II et III. Des sépultures
modernes ont aussi été trouvées. Le résultat de ces fouilles a contribué à une meilleure compréhension des circulation monastiques,
mais aussi des processus de construction des chantiers des deux dernières abbatiales[36].
Reconstitutions en 3D
L'abbaye de Cluny dispose d'une riche histoire de reconstitutions en images de synthèse, en premier lieu avec le programme Cluny IV,
initié par une équipe allemande qui dès 1990-1991 a produit une cartographie en trois dimensions de l'abbaye qui s'appuyait sur le plan
de fouille de 1968, tandis que deux étudiants ingénieurs des Arts et métiers, à l'aide de simples ordinateurs Atari, s'engageaient dans le
même travail. Ces étudiants s'intéressaient non seulement au plan de l'abbaye mais aux matières. Leurs moyens informatiques ne
permettaient pas d'atteindre leurs ambitions alors ils se sont rapidement tournés vers IBM qui les a accompagnés afin de produire des
représentations animées en images de synthèses, sur ordinateurs IBM RS6000 et à l'aide des logiciels IBM CAD, CATIA et TDImage. Le
résultat a été présenté dès juin 1992 au musée Ochier à Cluny, puis en 1993 au musée de Cluny à Paris[37].
En 2009, les Arts et Métiers ParisTech entreprennent une campagne de numérisation de Cluny III dans le cadre du projet Gunzo[38]. Cela a
abouti à une reconstitution virtuelle en 3D de l’ensemble de l'édifice. En 2012, une exposition au musée du Moyen Âge, « Cluny 1120 au
seuil de la major ecclesia », est consacré à ce travail[39].
L'ancienne abbaye fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862[1]. Il s'agit d'un classement très
vaste, comprenant de nombreux éléments architecturaux (dépendances, palais, tours, murs d'enceinte, édifices communs, écuries, etc.).
L'ensemble est un site archéologique inscrit le 25 mars 1941[40]. La tour Fabri fait l’objet d’un classement au titre des monuments
historiques depuis le 29 janvier 1902[1]. Enfin, le terrain près de la tour des Fromages fait l’objet d’un classement au titre des monuments
historiques depuis le 5 septembre 1960.
Manuscrit et trésor
À la Révolution, en 1798, l'abbaye fut vendue pour servir de carrière de pierres, ses archives furent brûlées et la bibliothèque inestimable
des moines bénédictins fut saccagée. Avec les autres manuscrits, le traité de l'organisation monastique De Institutis coenobiorum,
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recopié d'après un texte du siècle du moine Jean Cassien, fut confié au collège de la ville, puis disparut. Tout au long du siècle, la
BnF racheta ce qu'elle put sur le marché. Un maigre extrait de quatre pages se trouve en la possession de la bibliothèque municipale de
Mâcon. Mais le texte principal est introuvable.
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En avril 2008, dans un catalogue de l'hôtel Drouot, une pièce présentée comme datant du siècle et sans origine géographique fut
mise en vente et repérée par un ancien conservateur général des manuscrits de la BnF. Après une rapide enquête sur les bases de
données du ministère de la Culture, notamment la « Base enluminures » et le catalogue général des manuscrits des bibliothèques
publiques, le spécialiste acquit la conviction qu'il s'agissait du fameux manuscrit. Alors qu'il allait être acheté par un acquéreur privé pour
53 000 euros, l'État parvient in extremis à faire jouer son droit de préemption[41].
Neuf cents ans après avoir été écrit, ce manuscrit disparu depuis plus de deux siècles, produit par un moine copiste de l'abbaye de Cluny
entre 1075 et 1100, a rejoint les collections de la BnF[42].
Dans le cadre d'une opération de fouille, plus de 2 200 deniers et oboles en argent, 21 dinars d'or almoravides appelés marabotins, un
anneau sigillaire et d'autres éléments en or ont été découverts sur le site de l'abbaye en septembre 2017[43],[44]. Il s'agit d'une découverte
majeure, car c'est la première fois qu'on retrouve un tel trésor réuni dans un même ensemble clos.
Héraldique
Armes de l'abbaye de Cluny : « de gueules, à deux clefs d'or en sautoir, traversées d'une épée en pal, à lame d'argent, la poignée d'or en
pointe. » La clef et l'épée font référence respectivement à saint Pierre et à saint Paul, auxquels l'abbaye est consacrée. Les clefs en
sautoir seraient une faveur papale.
Geoffroy II de Semur ou III, frère d'Hugues : Il fonda en 1056 le monastère de Marcigny avec son frère Hugues et, en 1060, figure avec
son jeune fils dans la charte de fondation de l'abbaye de Saint-Rigaud. Il se retira, après le décès de son épouse en 1088, à l'abbaye de
Cluny et reçut l'habit de l'ordre des mains de son frère. Il est le père de Raingarde de Semur. Il meurt à l'abbaye le 24 mai 1123.
Pierre le Vénérable (1092-1156), abbé dès 1122, réforme les finances de l'abbaye. Il est considéré comme le dernier des grands abbés
de Cluny.
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Abbayes
abbaye de Charlieu, avec ses dépendances en 932 (930), devenue prieuré en 1040, confirmée par une bulle de Pascal II de 1100[45].
abbaye de Mozac depuis 1095, avec sa quarantaine de prieurés dans le diocèse de Clermont.
Abbaye Sainte-Marie-et-Saint-Michel de Goudargues de 1065 à 1095. C'est le comte Raymond de Saint-Gilles qui donne cette abbaye à
Cluny, mais en 1095 il la donne à l'abbaye de la Chaise-Dieu. Les moines de l'abbaye d'Aniane qui en sont les fondateurs et les
propriétaires porte l'affaire devant le pape Pascal II qui confirmera les droits d'Aniane en 1113, mais la Chaise-Dieu revendiquera à son
tour en 1119 : peine perdue, puisque le nouveau souverain pontife Calixte II maintiendra la décision de son prédécesseur[46].
Prieurés
Ainsi que :
prieuré de Paray-le-Monial, le 5 mai 999, donation de Hugues de Chalon, comte de Chalon et évêque d'Auxerre ;
Vues de l'abbaye
Galerie : Voir ici toutes les photos de l'abbaye de Cluny sur wikimedia commons (https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Abbay
e_de_Cluny?uselang=fr)
Le clocher de l'abbaye.
Le clocher de l'abbaye.
Clochers de Cluny.
La voûte du clocher.
[48]
Bande dessinée
Helen C.White To the End of the World 1939 (U. of Wisconsin 1940 Macmillan) Fine historical novel on the period preceding 1789
Alcante, Luca Malisan, Paolo Francescutto, La Conjuration de Cluny, 2010, Glénat/Les éditions du patrimoine. Thriller médiéval au sein
e
de Cluny au siècle.
Notes et références
Notes
1. L'abbaye est fondée le 2 septembre 909, selon la date proposée par le grand historien de Cluny Guy de Valous, dans Histoire de la
Bourgogne, Collectif sous la direction de Jean Richard, Privat, 1978. [lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=7ulnAAAAMAAJ&p
g=PA123) [archive]].
2. Au sujet des voies qui, aux siècles ultérieurs, relièrent Cluny à ses « origines jurassiennes » (monastères de Baume-les-Messieurs et de
Gigny), lire : « Cluny : 1 100 ans. Les chemins du Jura à Cluny », article d'Alain Dessertenne paru dans la revue « Images de Saône-et-
Loire » no 161 de mars 2010 (pages 3 à 8).
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3. Entre le et le siècle, l’abbaye acquiert 137 moulins (en propriété entière) et reçoit 13 donations de parts de moulins (propriété
partielle, correspondant à 1/8, 1/4, 1/3, la moitié ou tout autre division des parts).
4. En particulier du chimiste Jean-Antoine Chaptal, ministre de l'Intérieur sous le Consulat (de 1801 à 1804). À ce sujet, consulter l'article
d'Alain Dessertenne, « Cluny 2010 : quand Chaptal voulait sauver l'abbaye », revue « Images de Saône-et-Loire » no 163, septembre 2010,
p. 2.
Références
1. Notice no PA00113220 (http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA001
13220) [archive], base Mérimée, ministère français de la Culture.
2. Robert Delort, La France de l’An Mil, Seuil, coll. « Points Histoire », 1990, p. 248.
3. Delort 1990, p. 249.
5. Acte de fondation de Cluny le 11 septembre 909, par Guillaume d'Aquitaine. Voir A. Bernard et A. Bruel 1876, t. 1, p. 124-128 ; Texte latin
(http://fruehmittelalter.uni-muenster.de/cce/php/view.php?bb=0112) [archive].
7. Ghislain Brunel et Élisabeth Lalou, Sources d'histoire médiévale, Paris, Larousse, 1992 (ISBN 2037410042), p. 106.
9. Neil Stratford, « Les bâtiments de l'abbaye de Cluny à l'époque médiévale. État des questions. », Bulletin Monumental, vol. 150, no 4,
1992, p. 383-411 (lire en ligne (https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1992_num_150_4_4491) [archive]).
10. Dom Anselme Davril, Éric Pallazo, La vie des moines au temps des grandes abbayes, Hachette, 2000, (ISBN 2012354505), p. 236.
16. État de l’équipement en moulins du monastère de Cluny pendant le Moyen Âge (http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=l
yon2.2010.rollier_g&part=364362) [archive]. Thèse, Lyon II, 2010.
18. « Itinérances autour des doyennés clunisiens et du ban sacré », livret édité par la FAPPAH, juin 2016, introduction de Jean-Denis
Salvèque (ISBN 978-2-9556826-0-9).
21. Pierre Garrigou Grandchamp, Alain Guerreau, Jean-Denis Salvèque, Edward Impey, « Doyennés et granges de l'abbaye de Cluny.
Exploitations domaniales et résidences seigneuriales monastiques en Clunisois du XIe au XIVe siècles. », Bulletin Monumental,
vol. 157, no 1, 1999, p. 71-113 (lire en ligne (https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1999_num_157_1_2268) [archive]).
23. Dom Anselme Davril, Éric Pallazo, La vie des moines au temps des grandes abbayes, Hachette, 2000, (ISBN 2012354505), p. 187.
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Voir aussi
Sources et bibliographie
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Bruno Marguery, La destruction de l'abbaye de Cluny, 1789-1823, Centre d'études clunisiennes, 1984 (rééd. 2010, 2011).
Articles connexes
Cluny III Liste des abbayes et monastères
Liens externes
(fr), (en), (es) Site officiel (http://www.cluny-abbaye.fr/) [archive], Centre des monuments nationaux.
Site du projet Gunzo : Cluny s'exprime à travers les nouvelles technologies (http://cluny-numerique.fr/) [archive].
(fr), (de), (it), (es) Projets de recherche, bibliographie, sources sur l'histoire de l'ordre de Cluny (http://www.uni-muenster.de/Fruehmit
telalter/Projekte/Cluny/Welcome-f.htm) [archive]. Site très complet de l'université de Muenster en Allemagne.