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Saint-Germain de Faucon 

:
de la villa romaine au prieuré médiéval

En 1989, une ancienne ferme située dans le vallon du Gournier sur la commune de
Faucon est achetée en vue d’une réhabilitation. Les nouveaux propriétaires ne tardèrent pas à
mesurer qu’ils s’étaient rendus acquéreurs d’un site historique et archéologique important.
Ayant prévenu les autorités compétentes, les propriétaires participèrent à plusieurs
interventions archéologiques qui eurent lieu de 1989 à 1993, le site ayant même fait l’objet
d’un « chantier-école » pour les étudiants de l’université d’Aix-en-Provence1. Le prieuré a
ensuite été acquis par N. Masson-Regnault qui a réalisé la restauration actuelle, en accord
avec les Monuments Historiques. Il faut d’ailleurs souligner que c’est une réussite :
l’inscription de l’édifice dans le paysage a été respectée et la promenade autour du site est
toujours aussi magique …
Les fouilles archéologiques ont permis de mettre en évidence une longue occupation
du site, dès l’époque gallo-romaine, par ce qu’il faut sans doute identifier comme une villa,
malgré une conservation inégale des vestiges et une fouille non exhaustive, essentiellement
limitée aux abords de l’église médiévale. On restitue un grand bâtiment rectangulaire, disposé
sur deux niveaux en terrasse. La partie occidentale regroupe trois salles appartenant à un
ancien balnéaire (petits thermes) ; d’autres pièces s’organisent à l’est, autour d’une cour
intérieure, de dimensions modestes.
Après un hiatus, dont la durée reste mal définie, les ruines des bâtiments antiques sont
réoccupées par une nécropole. Certains murs sont intentionnellement arasés à cette période
alors que d’autres sont réutilisés comme enclos funéraires. Une dizaine de sépultures ont été
mises au jour. Les individus sont inhumés dans des coffrages de pierre, de forme trapézoïdale,
plus étroits dans la partie orientale, et comportant à l’ouest une encoche céphalique, liée à la
maçonnerie du coffre. Plusieurs datations C14 réalisées sur les ossements témoigneraient
d’une utilisation de la nécropole entre la seconde moitié du VIIe siècle et la première moitié
du IXe siècle.
Dans un second temps, une petite église est construite, réemployant les murs de la villa
antique. Elle comporte une nef unique courte et se termine par un chevet rectangulaire. Il
s’agit de l’une des rares églises du haut Moyen Age qui a été découverte dans cette région. Au
milieu du XIe siècle, le site est totalement remanié. Une église plus importante est édifiée
avec des bâtiments résidentiels : cette phase de construction correspond peut-être au
changement de statut du lieu qui devient un prieuré de l’abbaye bourguignonne de Saint-
Philibert de Tournus. L’église est presque entièrement conservée en élévation mais son
réaménagement, à la fin du XVIIIe siècle, en habitation privée limite la lecture des élévations
et la restitution des volumes d’origine. L’édifice roman comprend une nef centrale courte qui
se termine par un chevet rectangulaire ; le vaisseau est flanqué de deux chapelles annexes
munies d’absidioles. Les voûtes de la nef et de la chapelle méridionale (surmontée d’une tour)
sont encore préservées. L’église est entourée de sa nécropole au sein de laquelle plusieurs
pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle ont été inhumés : des coquilles Saint-Jacques
percées étaient placées sur les vêtements des défunts dans la tombe.
Deux autres églises dépendaient aussi de l’abbaye de Tournus, il s’agit de l’église
paroissiale Saint-Pierre de Faucon et l’église Sainte-Marie de Mérindol-les-Oliviers qui
marquent les pointes d’un triangle dans ce haut vallon du Gournier où volent encore parfois
quelques faucons.
I. Cartron
1
Ce fut le début d’une amitié et d’une aventure avec Gérard et Véronique Olivet que je remercie encore pour
leur disponibilité et leur curiosité.

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