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Reportage
AU BÉNIN
Au Bénin, les activités agricoles contribuent à juguler le chômage. Les autorités l’ont bien compris. Elles ont
octroyé quatre-vingt hectares à 240 maraîchers et maraîchères dans la petite ville de Sèmè-Kpodji, à seize
kilomètres de Cotonou. Reportage chez ces forçats de l’arrosage et de la culture du choux et autres grandes
morelles.
Situé à seize kilomètres de Cotonou, la capitale du Bénin, la commune de Sèmè-Kpodji s’illustre par de denses
activités maraîchères. Un domaine d’environ 80 hectares, octroyé par le gouvernement, encadré par la voie
internationale Cotonou-Kraké et la mer, abrite, depuis plus de dix ans, le village maraîcher de Sèmè-Kpodji
(Vimas). Cette cité grouille d’activités. 240 personnes - 180 hommes et 60 femmes - s’activent à plein-temps
pour tirer leur pitance d’un sol sablonneux, peu riche en matières organiques.
Après quelques mois en tant qu’ouvrier, Brice se met à son propre compte. « Mes premières économies sont
investies dans la terre, pour la réalisation et l’entretien de mon potager », révèle-t-il. En quelques mois, Brice a
déjà à son actif une petite cabane, une moto et une économie de 500 000 F CFA (762 €) : « C’est un travail dur.
Mais, avec courage et persévérance, on réussit ! »
Accès à l’eau, conseils techniques, manque de crédits et de moyens de conservation… Les
atouts et contraintes de Sèmè-Kpodji
à en croire les maraîchers, le site de Sèmè présente des atouts encourageants telle la relative facilité d’avoir
une eau, d’assez bonne qualité : la nappe phréatique est à moins de 10 mètres. Aussi, l’arrosage est
mécanisé et se fait à l’aide de tourniquets ou de raccords. L’accès facile au site par les usagers, les conseils
agricoles prodigués par les agents vulgarisateurs du Centre régional de promotion agricole (Cerpa) et
quelques organisations non gouvernementales (ONG) sont d’autres atouts. Ainsi que la proximité de grands
centres tels Cotonou, Porto-Novo, et le Nigeria voisin pour l’écoulement des produits. Le voisinage d’un
énorme marché à bétail facilite aussi l’approvisionnement en fientes, utilisées comme engrais en
complément des engrais chimiques plus chers. « Par contre, dit-il, l’accès à la terre est plus ou moins aisé en
tant que producteur. » En dépit des avantages précités, les maraîchers de Sèmè évoquent quelques
contraintes qui entravent leur plein épanouissement. Ils citent pêle-mêle, la mévente en cas d’excès de
produits sur le marché, l’absence de moyens de conservation et de transformation de la production, la rareté
et la cherté de la main-d’œuvre, l’utilisation de semences de mauvaise qualité et l’insuffisance de variétés
adaptées aux conditions agro-écologiques. Viennent ensuite, les difficultés d’approvisionnement en intrants,
la pression parasitaire très importante, l’accès difficile aux matériels appropriés, la maîtrise partielle des
techniques culturales, particulièrement la préparation des sols, la fertilisation et la lutte contre les principaux
ravageurs. À tout ceci, s’ajoutent l’insuffisance, voire l’inexistence de crédit et le faible niveau d’organisation
des acteurs de la filière.